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Samizdat

 


Le film:

La communauté de l'Anneau.


      Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
      Romains 12: 2

Le Seigneur des Anneaux: La communauté de l'anneau
Peter Jackson, Directeur
New Line Cinema
2001, 2 hres. 58 min.

Compte rendu par Zoltan Horvath

Il y a beaucoup de choses que l'on peut apprécier dans ce film, mais un autre commentaire sur le réalisme de la Comté serait inutile. Je vais plutôt adresser les changements que le film a apporté à la grande histoire épique de Tolkien. Il a écrit cette fantaisie épique à partir d'un point d'une vision du monde chrétienne. Bien que l'histoire ne soit pas une allégorie, Tolkien utilisa abondamment des images et des thèmes chrétiens dans la création à la fois du déroulement de l'histoire et des personnages.

FrodonPeter Jackson et ses collaborateurs, pour créer le film, amènent leurs propres visions globales dans leur version de l'histoire. Le résultat montre des changements significatifs, par exemple, aux personnages de Frodo et Aragorn; changements qui n'ont rien à voir avec les contraintes pouvant être présentent par le médium cinématographique. La transmutation du livre au film a nécessité de la rédaction massive, mais les altérations amenées par Jackson trahissent malheureusement l'essence même des personnages de Tolkien. Ces changements mènent à définitivement à un éloignement du point de vue global chrétien.

Le personnage de Frodo/Frodon a été grandement modifié. Le Frodo de Jackson est jeune, ce qui convient à une société idolâtrant la jeunesse. Sa décision soudaine de quitter le comté reflète bien une impétuosité de jeunesse. Âgé de 50 ans, le Frodo de Tolkien est plus vieux, plus sage et moins précipité — caractéristiques peu estimées aujourd'hui.

Il y a des scènes dans le film qui auraient dû démontrer le courage de Frodo mais qui au contraire le dépeignent comme étant faible et passif. Lorsque les Cavaliers Noirs encerclent les hobbits au Mont Venteux, Frodo enfile l'Anneau. Le chef se penche sur un Frodo écrasé au sol. Dans le livre, Frodo se rue vers l'avant et a la présence d'esprit de planter son épée dans le pied de l'imposant Cavalier Noir avant d'être poignardé à son tour. Le Frodo du film échappe son épée, terrifié, trébuche vers l'arrière, met l'Anneau à son doigt et est ensuite poignardé.

ArwenDans la scène suivante, le Frodo du film demeure passif tandis que celui du livre est encore courageux. Une partie de la lame de Morgul du Cavalier Noir est demeurée en lui. Dans le livre, il porte la blessure 17 jours, ce qui montre selon Gandalf bien plus de résistance que bien des hommes. Les Cavaliers Noirs le poursuivent. Glorfindel et son cheval aident Frodo, mais il monte seul pendant la poursuite. Il résiste aux Cavaliers Noirs jusqu'au bout, malgré la douleur et le pouvoir maléfique de la lame de Morgul attaquant toute sa volonté. Dans cet acte de bravoure et de courage comme dans bien d'autres situations, qui sont effacées ou transformées dans le film, il obtient beaucoup de respect.

On observe un fort contraste dans ce film, lorsque Arwen transporte un Frodo à demi évanoui sur son cheval. Frodo devant seulement s'accrocher à la vie. La poursuite arrive rapidement. Le tout converge vers un Frodo blessé qui est immédiatement conduit à l'hôpital par Arwen la brave para-médique. Bien peu d'épreuves envers son personnage sont rencontrées.

Le personnage d'Aragorn a aussi été fondamentalement changé. Dans le livre, il accepte son héritage bien qu'il ne se précipite pas pour le saisir, mais d'abord grandi en sagesse, agilité, et courage. Sa stature s'accentue, bien qu'il ne révèle pas immédiatement son identité. Au moment approprié il poursuit sa couronne comme Roi du Gondor. Il est inquiet par le mal qui gagne du terrain, mais il n'est jamais en doute de sa propre identité. Il sait sagement que l'Anneau est maléfique et ne va donc jamais la toucher. Il n'est même jamais tenté par l'Anneau.

AragornL'Aragorn du film doute de son identité et déplore la faiblesse de son sang. Il se demande s'il va vraiment pouvoir renverser l'erreur de ses ancêtres et détruire l'Anneau. Il a “choisi” l'exile et refusé sa couronne. Il décide d'aller en Gondor seulement lorsque Boromir approuve sa Royauté. Comme représentant du peuple, Il “vote” Aragorn pour la présidence. Dans le livre, sa Royauté ne dépend d'aucun homme. Sa quête vers sa couronne est ni sentimentale ni pragmatique. L'Aragorn du film laisse volontairement aller Frodo seul en Mordor car il craint ne pas pouvoir résister à l'Anneau. L'Aragorn du livre n'abandonne pas volontairement Frodo, voyant un tel acte comme une “trahison”. La différence distinctive principale est que l'Aragorn du livre se demande comment il va vaincre les forces de Sauron pendant que l'Aragorn du film se demande comment il dominera sur sa propre personne et sa faiblesse.

Pourquoi est-ce si important? Pourquoi ces différences sont si importantes? La réponse se trouve dans l'histoire chrétienne, qui est la méta-histoire de toutes les grandes histoires. À partir de l'histoire chrétienne, on découvre qu'il existe un mal absolu et qu'il corrompt quiconque étant suffisamment fou pour penser pouvoir l'utiliser pour “ faire le bien ”. Nous apprenons qu'un grand prix est payé pour vaincre le mal. Un tel prix ne peut être porté par n'importe qui; Christ l'a porté et a vaincu le mal par qui il était.

Dans l'histoire de Tolkien l'on voit des figures de Christ en Frodo et Aragorn. Comment un simple Hobbit peut porter le grand fardeau de cet Anneau maléfique? Par la vertu de sa personnalité extraordinaire. Il n'a pas accompli ce qu'il a fait par un coup de chance, mais par force, courage et sagesse. Il a prévalu par la nature de qui il était. Le Frodo du film est faible. Il ne démontre pratiquement aucun courage, ce qui nous mène à nous demander comment il accomplira quoi que ce soit. En contrepartie, il n'est maintenu debout pratiquement que par les plus grands êtres qui l'entourent, comme les magiciens, les elfes et les guerriers, par force brute et magie.

De la même manière, l'incertitude d'Aragorn face à son identité laisse aussi entrevoir un doute par rapport à sa réussite d'atteindre la majesté grandiose s'il vacille à une étape si fondamentale. Dans l'histoire Chrétienne, Christ est notre Roi comme Aragorn était un Roi que nous le reconnaissons ou pas. Il règne selon Sa volonté et n'a pas besoin de l'homme pour le choisir. Comme Aragorn, Il s'humilie premièrement puis endure plusieurs épreuves. Sa Royauté n'est pas quelque chose à laquelle il doit s'agripper, mais il vient d'abord en serviteur. Il est certain de son Héritage. Le parallèle avec le Aragorn de Tolkien est frappant car c'est là la nature de la vraie Royauté. Dans notre société démocratique, nous pensons que nous établissons nos propres dirigeants et notre propre Dieu. Ce point de vue global empêche une véritable compréhension de la Royauté et de Dieu. Cela mène à une fausse conception que tous peuvent accomplir de grandes choses peu importe qui ils sont; que malgré des failles significatives de caractère, nous pouvons tout de même nous délivrer nous-même.

Dans l'histoire de Dieu, notre caractère est fondamentalement transformé par Christ. Cela veut nécessairement dire que nous pouvons tout faire à cause de notre identité en Christ. En littérature, cela est démontré par des figures de Christ qui se tiennent au-dessus de leur entourage grâce à leur personnalité; la délivrance vient à cause de qui ils sont. Notre société tente de divorcer qui nous sommes du fruit que nous portons. Le film de Peter Jackson diminue des personnages clés, mais prétend être fidèle à l'histoire de Tolkien. Si Christ est diminué, l'histoire entière du monde en est changée.

Notes

[1] - Avec permission, publié dans la revue Uturn magazine. vol 8 no. 1 Spring 2002. Traduction de Francis Leblanc et Paul Gosselin.

La communauté de l'anneau

Touchant les nombreux changements imposés par Jackson sur le récit de Tolkien, voir cette analyse détaillée:
"THE FELLOWSHIP OF THE RING": Differences Between The Movie And The Book. Gary Appenzeller