Le cheminement spirituel de Bruce Cockburn.
Paul Gosselin (2009)
Bruce Cockburn est un chanteur canadien. Il a construit sa carrière
sur une fondation folk, mais, avec les années, y a ajouté
des influences rock et jazz. Au cours des années 60, Cockburn
a partagé la scène avec Jimi Hendrix et Wilson Pickett.
Lorsque Neil Young a cancellé son engagement au Festival Folk
à Mariposa (Manitoba, Canada) pour se joindre à Crosby,
Stills, & Nash à Woodstock en août 1969, cela a fourni
l'occasion à Cockburn de se produire comme artiste principal.
Son premier album est sorti en 1970. À cette époque, on
notait beaucoup d'influence chrétienne voir biblique dans ses
albums. Une des pièces de Cockburn, "Lord of the Starfields[1]",
est un superbe chant de louange au Créateur... Toute une génération
d'évangéliques en a été impressionnée.
Pour les francophones, il faut noter que Cockburn a l'heureuse habitude
de traduire toutes ses pièces en français. Peu d'artistes
anglophones se donnent cette peine.
Suite à un voyage en Amérique du sud au début
des années 80, Cockburn s'est beaucoup intéressé
à la politique et cela s'est reflété dans sa musique,
entre autres dans la pièce "If I Had A Rocket Launcher,"
de l'album Stealing Fire (1984). Par ailleurs Cockburn s'est
aussi intéressé aux droits des amérindiens, à
l'environnement, les mines anti-personnel, et, plus récemment,
la guerre en Iraq. Évidemment de l'avis de bien des fans évangéliques
de Cockburn de la première heure, s'intéresser à
ces questions pouvait sembler, au premier abord, un indice d'un éloignement
de questions spirituelles plus importantes, mais avec le temps plusieurs
évangéliques admettent maintenant que le chrétien
doit se concevoir non pas uniquement comme le porte-parole d'une vérité
et d'un salut uniquement spirituel, mais aussi qu'il doit jouer
le rôle de sel de la terre dans sa génération, dans
tous les champs d'activité[2].
Dans bon nombre de ses albums l'influence des Écritures peut
être décelé. J'admire sa poésie extraordinaire,
sa créativité ainsi que la profondeur de sa réflexion
sur certaines questions. Les paroles de plusieurs pièces m'ont
d'ailleurs impressionné au point d'obtenir la permission de sa
compagnie de disques de les citer dans deux de mes livres. Mais comme
mon pasteur favori, avec le passage du temps, j'ai noté des points
de désaccord avec certaines de ses prises de position. Il m'a
semblé parfois trop attiré par le "politiquement
correct". Comme bien des artistes chrétiens en vue, on peut
aussi noter des indices d'un manque d'ancrage dans une assemblée
locale solide.
Scandales et pierres d'achoppement
Dans une interview avec Bob Gersztyn, Cockburn relate son expérience
de jeune chrétien dans les années 70 ainsi que les épreuves
et déceptions qu'il a traversé (Gersztyn 2007: 12)
Une des choses qui m'emmerdait au sujet des chrétiens, à
l'époque où je tentais essayer d'être un chrétien
zélé – c'est-à-dire dans la période
des années 70, au moment d'écrire "Lord of the
Star Fields"- est la suivante: je voyais ces gens à la
télévision disant, “ Ma vie était
un gâchis, j'étais un alcoolique. J'ai perdu mon emploi,
ma femme me quittait et allait prendre les enfants. Mais j'ai rencontré
Jésus et tous ces problèmes sont disparus. Maintenant,
mon épouse est de retour, les enfants sont heureux et j'ai
trouvé un excellent travail, blah, blah, blah. ”
À la fin des années 70, lorsque j'ai été
divorcé, tout en étant très dévoué
et explorant avec sérieux ce que signifie croire en Dieu et
d'avoir une relation d'amour avec Dieu, je pouvais rester là,
regarder ces gens à la télé et j'aurais pu me
lever et dire, “ Ouais, je suis devenu chrétien
et mon mariage s'est brisé, et maintenant, je bois et je fume
(ce que je ne faisait pas avant), et tout s'est passé exactement
le contraire pour moi.[3] ”
J'ai beaucoup d'empathie pour ce que Cockburn exprime ici, car moi-même
je me suis converti en 1975 et peu d'années plus tard dans mon
assemblée, on se gavait justement de ces mêmes prédicateurs
superficiels promettant, guérison, prospérité,
bénédictions et le paradis sur terre aux jeunes
chrétiens qui nous étions. Ce discours nous affirmait
en somme, “ Eh oui, deviens chrétien et tous tes problèmes
seront finis! Suffit de crier Alléluia et désormais c'est
le paradis sur terre. Tu
as le droit d'être heureux! ” Et dans cette période
où mon assemblée se gavait de prédicateurs superficiels
et de pushers de camelote spirituel[4],
j'ai traversé une des périodes les plus noir de ma vie;
difficultés relationnelles et épreuves dans mes études
universitaires. Et dans ces épreuves, la prédication dans
mon assemblée ne m'était d'aucun secours. Comme Cockburn,
avant ma conversion, à bien des égards ma vie baignait
dans l'huile et ce n'est qu'après ma conversion que les tuiles
se sont mise à tomber... Tout le contraire du message de ces
prédicateurs de théologie superficielle. Et dans un tel
contexte, cette théologie fait souffrir d'avantage celui ou celle
qui souffrent déjà, car de manière subliminale
elle suggère que si on est dans une telle situation c'est qu'on
a sans doute manqué de foi... Alors non seulement on souffre,
mais on se culpabilise de souffrir car, au fond, c'est de notre faute
si on est dans la merde... Si j'ai survécu spirituellement cette
période, à bien des points de vue, c'est en dépit
de ce qui était prêché dans mon assemblée[5].
Plus d'une fois, l'Ennemi est venu chuchoter "Met fin à
tout ça. Pourquoi faire le maso? Pourquoi continuer dans cette
merde?" Avec la cosmologie dominante qui nous affirme de toutes
parts: "Tu viens du néant et tu t'en vas vers le néant!"
il est facile de succomber. Et plus on est éduqué, plus
on a été exposé à cette philosophie... Mais
j'ai rejeté l'offre de l'Ennemi et j'ai décidé
de confier mon petit cœur à Christ malgré le fait
que je ne comprenais rien à tout ce qui m'arrivait et à
tous ces trucs qui me tombaient sur la tête. J'ai accepté
l'humiliation de mes projets et l'anéantissement de mes attentes
d'alors. Sans avoir subit un divorce comme Cockburn, j'ai traversé
la destruction de bon nombre de mes attentes et projets. Et dans cette
génération de chrétiens dont la théologie
superficielle a gavé d'attentes irréalistes, la déception
de ces attentes aboutie à un résultat presque inévitable;
l'amertume. Pour ma part, j'ai fait ma thérapie et en quelque
sorte exorcisé ces démons dans l'article (assez
décousu, il faut admettre) Attentes
déçues. Mais j'ai vu le scénario décrit
par la vie de Cockburn répété des centaines de
fois dans la vie d'autres chrétiens.
Et à ces prédicateurs de théologie superficielle
qui ne tiens pas ses promesses, les Écritures avertissent :
“ Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient
en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son
cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer. ”
(Mt 18:6) Et il y a des milliers de “ ces petits ”
comme Cockburn qui ont été scandalisés. On a semé
dans l'église de l'ivraie et l'on a récolté des
tas de chrétiens mal préparés aux épreuves
de la vie si ce n'est des chrétiens superficiels qui tournent
4-5 ans max dans un église et ensuite disparaissent pour chercher
quelque chose de plus intéressant. Combien de naufrages
dans la foi? Combien de divorces? Combien de suicides sont liés
à cette vague de théologie superficielle? Chose certaine;
à ceux qui ont prêché un tel message dans une église,
un jour vous aurez des comptes à rendre devant Dieu de votre
enseignement[6]. À ces prédicateurs
de théologie superficielle, il est encore temps de se repentir
en publique[7] de leur péché
et de l'influence néfaste qu'ils ont pu avoir dans la vie de
toute une génération de jeunes chrétiens. Ce n'est
pas la place pour examiner à fond cette doctrine (avec ses variantes
Baptistes ou Pentecôtistes), mais on peut noter deux problèmes
majeurs :
- Cette théologie évite les questions de péché
et de repentance. L'évangélisation se réduit
à la recette, Viens à Jésus et il te bénira...
- Cette théologie promet le paradis ici-bas et donc
ne prépare d'aucune manière les chrétiens à
faire face au fait que le chrétien aussi vit dans un monde
déchu. De telles attentes seront inévitablement déçues...
Dans ses Pensées, le mathématicien et philosophe français
Blaise Pascal a exprimé
une vérité sur le christianisme qui échappe à
beaucoup de chrétiens ainsi qu'à plusieurs grands prédicateurs
à la théologie superficielle de notre génération.
Voilà ce que c’est que de connaître
Dieu en Chrétien. Mais pour le connaître de cette manière,
il faut connaître en même temps sa misère, son
indignité, et le besoin qu’on a d’un médiateur
pour se rapprocher de Dieu, et pour s’unir à lui. Il
ne faut point séparer ces connaissances?; parce qu’étant
séparées, elles sont non seulement inutiles, mais nuisibles.
La connaissance de Dieu sans celle de notre misère fait
l’orgueil. La connaissance de notre misère sans celle
de JÉSUS-CHRIST fait le désespoir. Mais la connaissance
de Jésus-Christ nous exempte et de l’orgueil, et du désespoir;
parce que nous y trouvons Dieu, nôtre misère, et la voie
unique de la réparer.
Et de cette théologie superficielle on a souvent[8]
fait des convertis sans repentance, cherchant leurs intérêts
propres, leur épanouissement, mais ayant assimilés
le langage et la culture évangélique. Dans son interview
Cockburn, laisse entendre qu'il a dépassé et surmonté
les déceptions et épreuves du passé et même
qu'il en a profité pour y apprendre bien des choses utiles, entre
autres, que nos conceptions de Dieu doivent souvent être dérangées
ou déstabilisées (Gersztyn 2007: 12):
Il n'y a pas de raison de supposer que ces transformations fréquentes
ne viennent pas de Dieu. Cela fait partie de la vie et Dieu s'intéresse
à toute la vie, il me semble. Et si vous devenez tout amer
à ce sujet et refusez d'apprendre quelque chose [de l'expérience],
alors ce sera perdu. Mais toutes ces choses qui nous arrivent constituent
des occasions d'apprendre et de grandir.[9]
Il est tout à fait vrai que certaines de nos conceptions de
Dieu doivent basculer, car elles ne sont pas véritablement fondées
dans la vérité. C'est un peu d'ailleurs la conclusion
du livre de Job. Mais les Écritures doivent toujours rester juge
de ce processus, sinon tous les dérapages sont possibles. Et
dans cette citation que nous venons de lire Cockburn laisse échapper
ici un très gros mot: amer[tume]. Oui il laisse entendre
ci-dessus que dans son cas particulier tout est réglé,
qu'il a dépassé cette étape de sa vie et
qu'il est désormais zen. Mais si on juge par son comportement
et ses déclarations dans cette même entrevue, l'amertume
montre clairement son visage ici et là. Par exemple, dans la
citation qui suit, Cockburn déballe, sans trop de fard, son amertume
vis-à-vis le mainstream évangélique (Gersztyn 2007:
13):
J'ai entendu un type l'autre jour. Je ne me rappelle pas de son nom
maintenant. Il s'agissait de l'une de ces grands gueules célèbres
de la droite chrétienne aux États-Unis et il a dit...
bien, j'ai oublié ce que c'était. Je ne peux même
pas me rappeler ce dont il était question, quelque chose ou
d'autres qui l'irritait et il en a fait “ une insulte à
Dieu ”. À mon avis c'est exactement le langage des
ayatollahs. C'est exactement ce que l'ayatollah Khomeiny a dit à
propos de telle ou telle chose, et c'est exactement ce que les dirigeants
fondamentalistes affirment partout dans le monde, dans chaque foi.
Il me semble, que toute personne qui pense comprendre ce qui insulte
Dieu a sérieusement laissé son ego obscurcir toute la
compréhension de Dieu qu'ils ont pu avoir[10].
Et les églises évangéliques ne sont certes pas
au-dessus de toute critique. Je ne saurai pas lancer la pierre à
Cockburn sur ce plan en tout cas. Il faut parfois justement remettre
en question certaines attitudes ou comportements, mais la reste, critique
t-on de l'intérieure ou de l'extérieure, pour la rejeter
en bloc? Et ici, Cockburn laisse échapper quelques sous-entendus
peu flatteurs au sujet de ceux qui n'adhèrent pas à sa
conception de la vie chrétienne (Gersztyn 2007: 13):
Je ressens Dieu. J'ai l'impression que Dieu est dans ma vie, mais
jusqu'ici Il n'a pas eu de propension à me dire d'aller tuer
quelqu'un en son nom ou recueillir des fonds en son nom ou des choses
de ce genre[11].
Cockburn semble préférer son sentiment de Dieu
au Dieu objectif (et plus difficilement manipulable) que nous rencontrons
dans les Écritures. Rien dans son discours ne laisse entendre
que son concept de Dieu dépasse vraiment ce sentiment [inévitablement
subjectif] de Dieu. Si on s'oppose à la conception cockburnienne
de Dieu, cela implique que... Tiens, pour ma part l'idée ne m'est
jamais venu des faire des levés de fonds marketing ou d'embaucher
des tueurs à gages. Mais je constate que bien des évangéliques,
éduqués et critiques, convertis dans cette génération,
gavés de la théologie superficielle des années
70 et 80[12] et ayant traversés
des épreuves semblables, se retrouvent comme Cockburn isolés
de toute assemblée et aliénés du mouvement évangélique
de manière générale. Et, comme Cockburn, ils nieront
haut et fort toute amertume de leur part. Mais il suffit d'examiner
leur comportement et leur discours pour voir qu'il n'en est rien. Avec
le temps, ils sont devenus inconscients de leur amertume, mais il est
là malgré tout... Abordez avec eux la possibilité
d'une implication personnelle avec une église locale concrète
et le venin dans leur discours à l'égard du mouvement
évangélique mainstream deviendra rapidement manifeste.
Et, il va sans dire que souvent cette réaction sera motivée
par des événements tout à fait réels. Il
en résulte que pour bon nombre d'entre eux, le mot évangélique
ou born-again est devenu presque une insulte. Et la question
d'une orthodoxie, d'une vérité, leur pue au nez et les
étouffe comme une camisole de force. Certains auront peut-être
le courage d'admettre que l'attitude méprisante à l'égard
des évangéliques que l'on retrouve dans l'émission
de dessins animés Simpson's leur convient parfaitement. S'identifier
au mouvement évangélique ou encore à une église
locale leur est devenu impossible, sinon sujet à des contraintes
et exigences irréalistes. Cela est manifeste chez Cockburn, car
lorsqu'on lui demande (indirectement) quelle relation entretient-il
avec l'église, il répond (Gersztyn 2007: 12-13):
DOOR: Avez-vous des leaders religieux que vous respectez ou que vous
écoutez ce qu'ils disent?
COCKBURN: j'écoute beaucoup de ce que plusieurs gens disent
et j'essaie d'en tirer de ce qui me semble utile - ou ce dont
je peux saisir. (...) J'ai un mentor, dont j'estime les avis, avec
qui je suis engagé dans une sorte de travail d'analyse de rêve
Jungien. C'est ce qui s'approche le plus d'un chef spirituel dans
ma vie actuellement. Dans le passé, je ne pense pas que
j'en aie eu du tout. En quelque sorte j'ai fait confiance à
Dieu de me conduire là où j'avais besoin d'aller[13]
- et je continue de le faire[14].
Tout ça est exprimé avec grande noblesse, mais il n'est
donc pas question d'adhérence à une église locale
et il semble qu'il n'en a pas été question depuis fort
longtemps [15]. Et ce qui importe dans
tout ça ce n'est pas la recherche de la vérité,
mais plutôt mes besoins et aspirations. Dans une interview
avec Morton, Cockburn commenta sur sa relation avec tout ce qui est
corporatif/l'Église (Morton 1994) :
J'ai toujours été conscient de l'aspect spirituel de
la vie, et parfois cette sensibilité a été très
concrète et vivante. Mais c'est une chose d'avoir l'expérience
directe de contact avec quelque chose qui semble être au centre
de l'existence, mais ensuite il y a tous ces uniformes que les gens
portent et les coutumes qu'ils adoptent. Pour moi, une partie du parcours
a été de décider où je dois m'intégrer.
À la fin, j'ai décidé que je ne suis pas apte
à m'intégrer nulle part. Le bon endroit pour moi, c'est
en dehors de tous ces groupes[16].
Évidemment, bien souvent on justifie sa coupure avec le Corps
du Christ à l'aide de l'alibi tout usage : les scandales
divers commis par les leaders évangéliques. Évidemment
ces scandales existent bel et bien et trop souvent leurs auteurs ne
démontrent pas le moindre indice de reconnaître leur péché
ou chercher à s'en repentir[17].
Cela aboutit chez Cockburn et à bien d'autres à une attitude
de mépris à l'égard du Corps du Christ. Les Écritures
expliquent cette tentation de la manière suivante:
L'oeil ne peut pas dire à la main: Je n'ai pas besoin de toi;
ni la tête dire aux pieds: Je n'ai pas besoin de vous. Mais
bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être
les plus faibles sont nécessaires; (1Cor. 12 : 21-22)
Ce n'est pas pour rien que les Écritures émettent l'avertissement
qui suit:
N'abandonnons pas notre assemblée, comme c'est la coutume
de quelques-uns; mais exhortons-nous réciproquement, et cela
d'autant plus que vous voyez s'approcher le jour. (Heb 10: 25)
Si on se coupe de l'église locale, on n'a pas que perdu un abonnement
à un club social un peu vieux jeu, on se coupe d'un canal de
grâce important. Malgré tous ses défauts manifestes,
tout chrétien a besoin de l'Église, même les grands
artistes. Il reste, tout au plus, à des chrétiens tels
que Cockburn, quelque respect pour l'aspect social/entraide des églises
évangéliques, mais lorsqu'on laisse entrer l'amertume
dans notre cœur, il suffit de l'entretenir quelques années
afin qu'elle commence à éroder, comme de l'acide sulfurique,
toutes sortes d'aspects de la vie du chrétien. L'amertume ne
fait pas que marginaliser son sujet du Corps du Christ, mais il poursuit
son travail et pousse ses racines jusqu'à attaquer les convictions
fondamentales du chrétien. Comme c'est le cas de Cockburn, pour
ces chrétiens désormais la saine doctrine leur pue au
nez. À leur avis, c'est un truc qui intéresse uniquement
les gens bornés et manquant d'assurance ou de maturité[18].
Exprimée selon les règles de l'art politiquement correcte,
Cockburn relate ainsi son évolution spirituelle plus récente
(Gersztyn 2007: 12):
Et comment les choses ont changés depuis ? Et bien, ça
a été un processus de croissance continu, et au fil
du temps, j'ai appris autant de choses à propos de Dieu
de la part d'hindous, et de Sufis que de la part des chrétiens,
voir même des expériences de la vie, dans tous les lieux
différents que j'ai vus et les paysages différents où
je me suis retrouvé. On constate que ce n'est pas aussi simple
que les livres le disent, et c'est la raison pour laquelle mon coeur
me dit que Dieu est trop grand pour se tenir dans un livre[19].
Ces quelques phrases en disent très long... La Bible ne suffit
plus. Et la vérité? oubliez ça. Il faut élargir
ses horizons[20]. Et il
y a une demi-vérité perverse dans l'affirmation de Cockburn.
Tout chrétien peut admettre que Dieu ne se réduit pas
à la Bible, mais dans le contexte de l'interview, l'affirmation
de Cockburn laisse clairement entendre que la Bible ne suffit plus comme
révélation sur Dieu et qu'il est nécessaire de
chercher de la sagesse ailleurs[21].
Logiquement Cockburn rejetterait comme trop étroit l'affirmation
de Jésus : “ Je suis le chemin, la vérité,
et la vie. Nul ne vient au Père que par moi! ” (Jean
14:6) Mais en cela Cockburn ne fait que se conformer aux conceptions
postmodernes qui dominent tant en Occident, particulièrement
dans les milieux artistiques. Karen Armstrong, autrefois une sœur
catholique, écrit maintenant des livres sur la religion et ses
conceptions sont complètement dominées par la perspective
postmoderne. Elle affirme (dans Neuhaus 2006) :
Je me décris généralement comme
une monothéiste libre de tout port d'attache. Je m'inspire des
trois courants de pensée issue d'Abraham. Je ne peux concevoir
que l'un d'entre eux puisse avoir un monopole de la vérité
ou que l'un d'entre eux puisse être supérieur. Tous ont
leur génie particulier et leurs défauts et lacunes. Récemment
j'ai rédigé une brève biographie de la vie de Bouddha
et j'ai été captivée par ce qu'il a dit sur la
spiritualité, sur l'ultime, sur la compassion et la nécessité
de la perte de soi avant la rencontre du divin. À mon avis, toutes
les grandes traditions religieuses disent la même chose et de
la même manière, malgré leurs différences
superficielles.
Voici un autre exemple. Il y a quelque temps la revue culturelle québécoise
Voir[22] a interviewé le chanteur
Jon Anderson du groupe rock Yes. Le journaliste nota que “ la
spiritualité a toujours été au cœur de l'œuvre
d'Anderson. ” mais Anderson s'empressa d'ajouter “ Je
suis un vieux hippie incorrigible et je ne changerai pas (...) Mais
je ne suis pas porteur de vérité ”. Anderson
aussi est donc un postmoderne qui s'ignore. Il aime la “ spiritualité ”
comme il dit, mais la vérité... Le postmoderne DÉTESTE
le concept de jugement, tout aussi bien que le concept de vérité.
Le postmoderne affirme plutôt que “ chacun a sa vérité ”.
Pour le postmoderne, l'individu est le seul point de repère
absolu qui subsiste. Il rejette tout autre autorité. Le postmoderne
ne peut tolérer se sentir attaché, privé
de sa marge de manœuvre. Il rejette donc l'idée que
Quelque Chose ou Quelqu'un puisse avoir un mot à dire sur ses
attitudes et son comportement. Le postmoderne rejette toute limite,
toute contrainte et, surtout, tout autorité.
Devant la religion, le postmoderne adopte une perspective de consommateur.
C'est un peu comme lorsque vous allez au restaurant-buffet. Vous
prenez un plateau, vous prenez une assiette et vous vous dites :
Hmm, ce soir, un peu de chinois serait bon, tiens un taco, ça
me tente aussi. Ah, une pointe de pizza, pourquoi pas ! Et un peu
de poutine[23] avec ça... Et
le postmoderne aborde la religion exactement de la même manière
pour se faire une religion sur mesure. Il rejettera complètement
l'idée qu'un autre puisse déterminer ce qu'est la vérité
pour lui...Cela implique que l'on peut être postmoderne à
saveur Nouvelle Âge, postmoderne à saveur catholique, postmoderne
à saveur musulmane et, sans aucun doute, postmoderne à
saveur évangélique... C'est une question qui mérite
une réflexion sérieuse.
Si on laisse croître l'amertume dans nos cœurs, cela nous
pousse d'abord dans l'isolation sur le plan social et nous éloigne,
lentement, mais sûrement, de l'église, de Dieu et parfois
de notre conjoint si on est marié. Évidemment Cockburn,
et bien d'autres dans de telles situations, affirmeront haut et fort
qu'ils se sentent près de Dieu, mais de quel Dieu au juste?
That is the question... Et cet isolement de l'église locale
nous place dans une situation de grande vulnérabilité.
La Parole nous avertit solennellement:
"Veillez à ce qui nul ne se prive de la grâce de
Dieu; à ce qu'aucune racine d'amertume, poussant des rejetons,
ne produise du trouble, et que plusieurs soient infectés;"
(Heb. 12: 15)
Les Écritures disent encore: "N'attristez pas le Saint-Esprit
de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour
le jour de la rédemption. Que tout amertume, toute colère,
toute calomnie, et toute espèce de méchanceté,
disparaissent au milieu de vous. Soyez bons les uns envers les autres,
compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous
a pardonné en Christ." (Éph. 4: 30-32) Il ne faut
en aucun cas sous-estimer le pouvoir destructeur de l'amertume
dans la vie du chrétien. Mais chez les artistes et gens créatifs
de manière générale, il leur est souvent difficile
de s'identifier à une église locale. Ils s'y sentent incompris,
quelquefois rejetés. Dans les années 70 et 80, sur le
plan culturel, bien des églises évangéliques sont
restés en 1950, si ce n'est en 1850...
Une église locale est souvent une chose étrange. C'est
un peu comme si on prend, au hasard, un autobus pleine de gens et on
décide, comme ça, d'en faire une communauté. Et
c'est ainsi que Dieu semble agir parfois, en mettant ensemble des gens
de niveaux d'éducation, d'arrière-plans culturels et points
de vue politiques différents pour en faire une communauté.
Rien ne semble vraiment les lier ensemble sauf leur décision
de mettre en pratique dans leur vie les enseignements de Christ. Dieu
semble avoir un sens d'humour assez étrange parfois. Il faut
bien s'entendre, l'appartenance à une église locale n'est
pas le salut. On peut trouver des prisonniers et des gens isolés
dans des hôpitaux qui soient de bons chrétiens et qui n'ont
pas d'église locale, mais ce n'est pas par choix. Mais si l'appartenance
à une église locale n'est pas le salut, cela reste que
c'est une chose TRES utile et nécessaire pour la vie du chrétien
malgré tout. Mais je ne vais pas en discuter plus longuement
ici, car j'en ai longuement discuté au chapitre 7 dans mon livre
Hors du ghetto.
Un évangélique à la dérive
Et le rejet de la vérité dans la vie de Bruce Cockburn
a ouvert la porte à des choses insolites, des choses interdites.
Dans l'interview avec Bob Gersztyn, Cockburn fait le commentaire suivant
sur l'exploitation de drogues pour aider la créativité
ainsi qu'une certaine visite chez un chaman amérindien (Gersztyn
2006):
FW: Tandis qu'on discute de LSD, j'ai une question à vous
poser. Les vers de la pièce "Mystery" qui disent
"Je me suis tenu devant le chaman et j'ai vu l'espace parsemé
d'étoiles, derrière les orbites de ses yeux", ça
me fait penser à une sorte de vision peyotl. Que pensez-vous
de l'utilisation de substances comme ça [drogues] pour accroître
la créativité?
BC: Je pense que c'est bien, si c'est dirigé et conscient.
Beaucoup de gens prennent ce genre de choses juste pour s'intoxiquer,
pour se défoncer. À l'époque, j'ai expérimenté
avec le LSD, mais pas à l'occasion auquel fait référence
la chanson. J'étais totalement sobre, c'était au milieu
de l'après-midi. (...) Nous sommes allés à son
appartement, du moins à un appartement à Toronto où
il séjournent temporairement. À un moment donné,
au cours de la conversation avec lui, j'ai eu cette vive... Je regardais
son visage, et nous parlions de thé ou quelque chose sans conséquences
et j'observais son visage et j'ai eu cette expérience où
je voyais les orbites de ses yeux comme des fenêtres laissant
voir l'espace [interstellaire] et ça m'a fait paniquer et je
n'ai rien dit, mais il a dû me voir réagir. Il a dû
voir une réaction à mon visage, je crois, et il m'a
fait un sourire subtil et n'a rien dit. C'était le regard de
celui qui a tout compris et ça c'est limité à
ça, mais cette expérience m'a secouée. J'ai dû
admettre que c'était quelque chose de réel, car je n'avais
rien pris[24].
L'ouverture de Cockburn à l'utilisation des drogues est certes
décevante, mais c'est un indice clair du manque de discernement
de sa part qu'il ne sache même pas reconnaître une manifestation
occulte, chose interdite dans les Écritures (Deut. 18 :
10-14; Actes 19 : 19). Il est assez évident que Cockburn
n'a pas rejeté cette expérience, mais il semble en avoir
été impressionné au point de l'inclure dans
une chanson paru dans l'album Life
Short Call Now (2006). Et chez Cockburn, comme chez bien d'autres
touchés par l'évangile dans cette génération,
les épreuves sont devenus des pierres d'achoppement. Et nourrissant
leur amertume, cela les a conduit à jeter le bébé
avec l'eau du bain, c'est-à-dire à l'abandon de la vérité
comme le laisse entendre la citation qui suit (Gersztyn 2007: 12):
COCKBURN: La rupture de mon mariage a été un moment
de découverte. Ce fut clair pour moi que, malgré la
douleur et le traumatisme, que cet événement a été
une grande opportunité d'apprentissage et la chose la plus
importante à en tirer est que vous pouvez essayer tant que
vous voulez d'imposer votre point de vue sur le monde, mais un de
ces jours, un grand vent va venir et tout démolir et vous laisser
là en disant: “ Qu'est-ce qui n'allait pas avec
la façon dont je voyais les choses? ”. Ce que j'ai
appris à ce moment-là est de ne pas trop s'attacher
à ma perception des choses, car nous les êtres humains
avons une perspective très étroite et elle est assujettie
à de transmutations fréquentes[25].
Chose certaine, on trouve effectivement une influence chrétienne
dans bon nombre d'albums de Cockburn, mais on retrouve bien d'autres
influences aussi. Il ne faut pas être dupes. Mais pour être
équitable, il faut aussi noter que même proposer le contenu
chrétien dilué chez Cockburn exige un courage réel
dans le contexte culturel si anti-chrétien[26].
Le fait de trouver, chez un artiste (que l'on aime bien) une influence
chrétienne n'en fait pas un chrétien. Si on fait le
naïf et l'on néglige tout effort de discernement, alors
ça impliquerait que si la chanteuse pop Madonna porte une croix
au cou, cela suffit pour faire d'elle une chrétienne...
Il faut avoir un peu de discernement tout de même. Cela n'exclut
pas, à mon avis, acheter à l'occasion des CDs d'un artiste
qui ne fait que montrer des traces d'influence chrétienne, mais
il ne faut pas se faire d'illusions, ni laisser un tel artiste avoir
trop d'influence sur nous. Il faut garder une distance critique. Et
pourquoi ne pas appuyer des artistes évangéliques qui
n'ont pas coupé avec la vie de l'église ou flirté
avec des croyances postmodernes?
Évidemment cela va sans doute choquer quelques artistes qu'on
ose les JUGER ou poser des limites sur leur créativité.
Mais devant Dieu, eux aussi, tout comme les télé évangélistes
qu'ils méprisent tant, ils auront des comptes à rendre
un jour sur la vision du monde et la perspective qu'ils auront communiquée
à leur public[27]. À
mon avis, les versets qui suivent ne s'appliquent pas qu'aux dirigeants
religieux officiels : “ Mes frères, qu'il n'y
ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à
enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. ”
(Jacques 3:1)
Conclusion
C'est pourquoi nous devons d'autant plus nous attacher aux choses
que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés
loin d'elles. Car, si la parole annoncée par des anges a eu
son effet, et si toute transgression et toute désobéissance
a reçu une juste rétribution, comment échapperons-nous
en négligeant un si grand salut, qui, annoncé d'abord
par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux
qui l'ont entendu. (Heb 2: 1-3)
Il faut bien comprendre que le but de cet article n'est pas de s'amuser,
aux dépens de Cockburn, à répandre des cancans
sur une célébrité chrétienne. Si
tel avait été le but, j'aurais perdu mon temps à
écrire ce texte et le lecteur aurait perdu son temps à
lire jusqu'ici. L'intérêt du cas de Cockburn est bien plus
large, car il est représentatif de l'expérience de toute
une génération d'évangéliques et constitue
en quelque sorte, un archétype du cheminement de milliers de
convertis des années 70 et 80 et dont une bonne part vit, aujourd'hui,
en marge de la vie de l'église et, c'est plus pénible
à dire, en marge de la saine doctrine biblique. Dans bien des
cas, si on pousse trop loin les questions avec eux sur ce qu'ils
croient maintenant (en contraste à ce qu'ils croyaient,
il y a bien des années lorsque jeunes chrétiens), très
souvent cela provoque des réactions émotives très
fortes, car ces questions exposent à la lumière du jour
le fait pénible de leur dérive spirituelle et à
quel point ils se sont éloignés de leurs convictions d'autrefois
et de la saine doctrine. Et le masque de "bon chrétien"
tombe à terre. Souvent le mot “ vérité ”
provoque, au mieux, de leur part, un sourire cynique, mais cela peut
aller jusqu'à un sermon postmoderne sur l'étroitesse
d'esprit et la nécessité d'atteindre l'illumination
de l'ouverture... Et dans ces sermons, le mot “ vérité ”
sera considéré uniquement sous l'angle d'une chose/abstraction[28]
qu'une personne imbue d'elle-même prétend posséder,
plutôt que la perspective biblique d'une Personne[29]
qui ne peut être la possédé par personne,
mais à qui l'on peut décider d'appartenir... Et dans la
théologie actuelle de Cockburn (et de bon nombre de ses semblables),
si le mot repentance existe toujours cela s'applique exclusivement
aux fascistes, aux méchants capitalistes, aux télé
évangélistes véreux, aux autres... La repentance
n'est plus une exigence pour tout le monde ou pour soi-même...
Et peut-il y avoir des gens dans l'église, et même des
dirigeants, qui ont pu adopter des conceptions postmodernes telles que
celles promues par Cockburn? Dans certains cas, eux aussi ont vécu
leurs déceptions, mais pour diverses raisons ont trouvé
avantage (financier ou social?) à rester dans l'église,
mais chez eux également l'amertume a fait son chemin et a érodé
leurs convictions d'alors. Parfois ces personnes peuvent occuper des
postes importants dans nos églises. Cela n'a rien d'étonnant,
car les conceptions postmodernes sont actuellement diffusées
de manière très puissante dans la culture populaire et
dans le système d'éducation. Rien n'exclut non plus que
des versions évangéliques s'infiltrent dans les
collèges bibliques et les milieux pastoraux pour ensuite atteindre
l'église. Un des moyens d'accès, ce sont les pasteurs
qui font des études graduées en milieu universitaire séculier
sans être bien armé sur des questions d'apologétique.
Dans les générations récentes, bien d'autres trucs
néfastes ont déjà fait leur entrée dans
les églises évangéliques, sans que les chiens de
garde se soient réveillés pour sonner l'alarme alors pourquoi
en serait-il autrement maintenant? Il y a un esprit de séduction
très fort dans notre génération pour nous éloigner
de la vérité. Saurons-nous y résister? Mais Bruce
n'as pas terminé son cheminement spirituel, et nous non plus.
Que la grâce de Dieu nous garde et nous secours dans notre marche
et nous aide à marcher dans toute la lumière de sa Parole
et non pas seulement à la lumière de ces quelques versets
qui nous plaisent!
Jérémie a bien décrit notre génération,
il me semble...
Pourquoi donc ce peuple de Jérusalem s'abandonne-t-il à
de perpétuels égarements? Ils persistent dans la tromperie,
Ils refusent de se convertir. Je suis attentif, et j'écoute:
Ils ne parlent pas comme ils devraient; Aucun ne se repent de sa méchanceté,
Et ne dit: Qu'ai-je fait? Tous reprennent leur course, Comme un cheval
qui s'élance au combat. Même la cigogne connaît
dans les cieux sa saison; La tourterelle, l'hirondelle et la grue
observent le temps de leur arrivée; Mais mon peuple ne connaît
pas la loi de l'Éternel. Comment pouvez-vous dire: Nous sommes
sages, la loi de l'Éternel est avec nous? C'est bien en vain
que s'est mise à l'oeuvre la plume mensongère des scribes.
Les sages sont confondus, ils sont consternés, ils sont pris;
Voici, ils ont méprisé la parole de l'Éternel,
et quelle sagesse ont-ils? C'est pourquoi je donnerai leurs femmes
à d'autres, et leurs champs à ceux qui les déposséderont.
Car depuis le plus petit jusqu'au plus grand, tous sont avides de
gain; Depuis le prophète jusqu'au sacrificateur, tous usent
de tromperie. Ils pansent à la légère la plaie
de la fille de mon peuple: Paix! paix! disent-ils. Et il n'y a point
de paix. (Jér. 8 : 5-11)
Peut être qu'un jour le verdicte qui tombera sur notre génération
sera celle-ci:
Toutefois, de même que le serpent séduisit Eve par sa
ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent
de la simplicité à l'égard de Christ. Car, si
quelqu'un vient vous prêcher un autre Jésus que celui
que nous avons prêché, ou si vous recevez un autre Esprit
que celui que vous avez reçu, ou un autre Évangile que
celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien.
(2Cor. 11: 3-4)
Références
Cockburn, Bruce (1994) Faith
in Practice : Holding on to the Mystery of Love. (as told to
Cole Morton). Third Way, September, p. 15 Middlesex Great Britain
Cockburn, Bruce (1988) Singer in a Dangerous Time: A Canadian Poet's
Journey in Faith and Politics. An Interview with Bruce Cockburn with
Vicki Kemper C Sojourners January
Gersztyn, Bob (2006)
Interview With Bruce Cockburn. FolkWax Ezine (March)
Gersztyn, Bob (2007) Life
Short, Call Now: The Wittenburg Door Interview. pp. 8-13 The Wittenburg
Door no. 210 March/April
Gosselin, Paul (1992) Ruminations
hétéroclites sur le suicide, l'amertume, le divorce et
la souffrance en milieu évangélique: Épître
de décembre
Gosselin, Paul (2001) J'ai
le droit d'être heureux(se)!
Gosselin, Paul (2006) L'absorption
des croyances dans une culture postmoderne.
Neuhaus, Richard John (2006) While We're At It. (The Public Square)
pp. 59-76 First Things 164 (June/July)
Autres articles sur Cockburn
Notes
[1] - Tiré de l'album In
The Falling Dark (1976). Et la chanson Creation
Dream (Album: Dancing In The Dragon's Jaws - 1979) n'est pas sans
rappeler des scènes de la création du monde de Narnia
par Aslan dans le roman Le neveu du magicien, Chronique des Narnia par
CS Lewis.
[2] - On n'a qu'à penser au Notre
Père “ Que ton règne vienne; que ta volonté
soit faite sur la terre comme au ciel. ” (Mt 6:10)
Et il n'y a aucun doute que Dieu s'intéresse à la justice
sociale. Dans Ésaïe 10 : 1-4 on avertit :
“ Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances
iniques, et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes,
pour refuser justice aux pauvres, Et ravir leur droit aux malheureux
de mon peuple, Pour faire des veuves leur proie, Et des orphelins
leur butin! Que ferez-vous au jour du châtiment, Et de la ruine
qui du lointain fondra sur vous? Vers qui fuirez-vous, pour avoir
du secours, Et où laisserez-vous votre gloire? Les uns seront
courbés parmi les captifs, Les autres tomberont parmi les morts.
Malgré tout cela, sa colère ne s'apaise point, Et sa
main est encore étendue. ”
[3] - Texte original :
One of the things that used to bug me, about some Christians, back
when I was trying to be a "By-the-Book-Christian" - which
is in that period of the '70s when I wrote "Lord of the Star
Fields" - is this: I'd see these people on TV saying, "My
life was a mess. I was an alcoholic. I lost my job. My wife was leaving
me and taking the kids. But I found Jesus and it turned everything
around. Now my wife is back, the kids are happy and I've got this
great job, blah, blah, blah."
By the end of the '70s, when I was divorced, and had been pretty devoted,
and seriously exploring what it meant to believe in God, and to have
a loving relationship with that God, I could stand there, I could
watch these people on TV, and I could stand up and say, "Yeah
and I became a Christian and my marriage broke up, and now I drink
and smoke and I didn't used to, and everything was exactly the opposite
for me."
[4] - Dans cette catégorie, on
peut mettre bon nombre de prédicateurs du mouvement Word-Faith,
l'Évangile de la prospérité et bien d'autres.
[5] - Mais la présence de copains
chrétiens intègres dans mon entourage faisant montre de
compassion a certes été un facteur important dans ma survie.
[6] - Dans l'épître de
Jacques (3:1) on déclare: "Mes frères, qu'il n'y
ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à
enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement."
[7] - Car leur prédication s'est
bien faite en publique.
[8] - Mais pas toujours évidemment.
Malgré notre incompétence, la grâce de Dieu peut
agir et toucher les cœurs à la lecture de la Parole de Dieu.
Mais cela soulève la question capitale, sur quelle fondation
construit-on l'Église? La construit-on sur le Roc, comme
dans le parabole des deux maisons (Matt 7 : 24-27), ou faisons-nous
des compromis marketing pour le rendre plus populaire auprès
de la génération qui nous entoure? Il ne faut pas oublié
que ceux qui font de telles choses auront un jour des comptes à
rendre devant leur Créateur:
Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été
posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu'un bâtit
sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses,
du bois, du foin, du chaume, l'oeuvre de chacun sera manifestée;
car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révèlera
dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'oeuvre de chacun.
Si l'oeuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il
recevra une récompense. Si l'oeuvre de quelqu'un est consumée,
il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais
comme au travers du feu. (1Cor 3 : 13-15)
[9] - Texte original :
There's no reason to assume that that frequent modification doesn't
come from God. It's part of life, which is what God is all about,
it seems to me. If you get all bitter about it and don't learn
anything, then it's wasted. But all of these things that happen to
us are opportunities to learn and grow.
[10] - Texte original :
I heard this guy the other day. I don't know who it was now. It was
one of the sort of high-profile loudmouths of the Christian right
in the U.S. and he was quoted as saying... well, I forget what it
was. I can't even remember what the issue was-something or other that
he didn't care for-was "an insult to God." Which to me is
exactly the language of the Ayatollahs. It's exactly what Ayatollah
Khomeini said about this or that or the other thing, and exactly what
fundamentalist leaders like to say all around the world, in every
faith. It seems to me, anybody who thinks that they understand what
insults God has seriously let their ego come between them and any
understanding of God that they might have.
[11] - Texte original :
I feel God. I feel like God is in my life, but He, so far, hasn't
any inclination to go and tell me to go and kill anybody on His behalf,
or go and raise money on His behalf, for that matter, or any of that
stuff.
[12] - Et il ne faut pas se tromper
cette influence reste toujours présent dans les églises
évangéliques à ce jour sauf qu'elle est devenue
un peu moins à la mode.
[13] - Ou encore, je voulais
aller...?
[14] - Texte original :
DOOR: Do you have any particular religious leaders that you respect,
or listen to what they say?
COCKBURN: I listen to a lot of what a lot of people say and
try to take from it what is useful to me - or what I can grasp.
(...) I have a teacher, whose opinion I value, who I'm engaged in
a kind of Jungian dream analysis work with. That's kind of the
closest thing I have to a spiritual leader at the moment. In the past,
I don't think that I had one at all. I kind of just trusted God
to take me where I needed to go - and I still do that.
[15] - Et bien des gens voient Cockburn
comme une influence spirituelle majeure...
[16] - Texte original :
I've always been aware of the spiritual side to life, and that awareness
has sometimes been very tangible and vivid. But it's one thing to
have this direct experience of contact with something that appears
to be central to existence, but then there's all the uniforms people
wear and the customs they adopt. For me, part of the journey has been
deciding where I fit in. In the end, I've decided that I don't fit
in at all. The proper place for me is outside all the groups.
Cockburn semble fort éloigné des convictions exprimées
autrefois dans la chanson Gavin's
Woodpile (In The Falling Dark 1976)
“ But there's a narrow path to a life to come,
That explodes into sight with the power of the sun. ”
[17] - Un tel état des choses
contribue évidemment à l'aliénation ressentie par
des gens comme Cockburn.
[18] - À moins que, d'un autre
point de vue, l'insécurité véritable consiste à
résister de toutes ses forces l'idée qu'il soit nécessaire
de faire confiance à un Autre pour diriger sa vie?
[19] - Texte original :
And how it's changed since then, well, it's been an ongoing process
of growth, and over time I've learned as much about God from Hindus,
and Sufis as I have from Christians, and from just the experience
of life. In all the different places I've seen and the different landscapes
I've found myself in. You think it's not as simple as the books like
to say, and that's why it says in my heart that God is too big
to fit in a book.
[20] - Dans le langage technique de
l'anthropologie, on dirait que Cockburn a adopté une religion
syncrétique,
c'est-à-dire un système de croyances où tout peut
s'ajouter et rien n'est exclu priori.
[21] - Dans la chanson Maybe
the Poet (album : Stealing Fire 1984) Cockburn fait
l'apologétique de la sagesse venue d'ailleurs et de l'ouverture
postmoderne.
[22] - vol. 17 no. 11 - 13/3/2008
p. 14
[23] - Mets québécois
typique fait de frites, sauce à la viande et fromage en crottes.
Très lourd et très gras, pour estomacs blindés
et suicidaires seulement...
[24] - Texte original :
FW: Speaking of LSD, I have a question that I wanted to ask you.
The line in "Mystery" that goes "I stood before the
shaman, saw star-strewn space, behind the eyeholes in his face"
sounds to me kind of like a peyote vision. How do you feel about the
usage of substances like that for creative purposes?
BC: I think that it's perfectly fine, if it's directed and conscious.
A lot of people take those kinds of things just to get stoned. I did
my share of LSD back in the day, but not on the occasion that the
song refers to. I was totally straight, in the middle of an afternoon.
(...) We went to his apartment; well, at least to an apartment that
he was temporarily staying in, in Toronto. At one point during the
conversation with him I had this vivid... I was looking at his face
and we were talking about tea or something totally inconsequential,
and I'm looking in his face and I had that experience of where his
eyes were windows into space and it freaked me right out and I didn't
say anything, but he saw me react or something. He saw a look come
over my face I guess, and he kind of smiled and didn't say anything.
He kind of smiled a knowing smile and that was the extent of it, but
it was shocking. I had to assume it was something real because I wasn't
stoned.
[25] - Texte original :
COCKBURN: That was a moment of discovery when my marriage was breaking
up. was clear to me a that as painful as it was, and as traumatic
as it was, it was a grand learning opportunity, and the chief thing
to be learned was that you can try to impose your view on the world
all you want, but one of these days a big wind is going to come along
and blow it all away and you'll be left sitting there saying, "What
was wrong with the way I pictured things?" What I learned right
then was don't get too attached to your picture of things, because
it's a very narrow view that we have as human beings and it is subject
to frequent modification.
[26] - Cockburn s'en sort adroitement
en restant très politiquement correct sur un grand nombre de
questions. Par exemple, Cockburn
a appuyé l'avortement.
Written statement by BC in the program of a Voters for Choice Concert
at which he performed: "God has given us life, and has permitted
death in the world. The 'sanctity of life' therefore must refer not
to whether we die, but to the quality of what our lives contain. The
state has no more right to say people must be born than it does to
say they must be put to death."
S'il avait osé remettre en question le politiquement correct
dominant tant les médias et milieux artistiques, qu'en serait-il
de sa carrière?
[27] - Cockburn semble avoir été
tout à fait conscient de cette responsabilité. Il nota
en 1979.
Seems as though that I've always kind of felt that artists of any
kind were saddled with a fairly serious responsibility to be fairly
careful of what they put in their art in the sense that....it has
such a capacity for influencing people, in the subtle ways maybe not
in obvious ways, like you don't, you know, change the world by writing
songs or painting paintings but.... in a deep kind of subtle way it
has an effect on large numbers of people. And therefore, an artist,
especially an artist with religious convictions, has to pay kind of
close attention to what it is they are saying in their art. What they
are influencing people to do. The way that sort of manifests itself
in the writing of songs for me is it.....well one way anyway is that
I have to kind of look at the songs from the point of view, when they
are done, you know, from the point of view of whether or not that
what's being said is true. And true for me has a lot to do with whether
it coincides, you know, at least in some subtle way, with scripture.
I don't see myself as particularly involved with, writing gospel songs,
as such. But when I do write a song I kind of look at it and go "well
is that, it that right or isn't it".
-- transcribed
from a live taping of a concert in Hastings Lake, Alberta, Canada,
August 30, 1979. Transcribed by Doug Stacey.
[28] - Conception due aux philosophes
grecs à vrai dire. L'idée d'une Vérité incarnée
leur échappait...
[29] - Et lorsque Pilate a lancé
à Jésus sa question : Qu'est-ce que la vérité?,
j'ai toujours considérée que le silence de Jésus
dans cette situation n'était pas indicatif d'un refus de répondre
de la part de Jésus, mais plutôt qu'une réponse
verbale était superflue dans ce contexte, car la réponse
était déjà visible, en chair et en os, devant Pilate...
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