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Samizdat

France: La foi sous surveillance.

interview du pasteur de Mulhouse, Samuel Peterschmitt.



rapporté par «VoxDei» (2003)

Utilisant l'équivalent du FBI américain, la police secrète française a accru sa surveillance minutieuse de groupes minoritaires, à travers le pays.

Une des démocraties les plus vieilles d'Europe est accusée de violer les libertés religieuses. L'été dernier, la France a fait la une des journaux en prenant des décisions hardies en vue de contrôler les activités de certains groupes religieux et spirituels. En votant une loi anti-secte controversée, la France semble s'être embarquée, d'après ce que craignent certains, vers une surveillance et une limitation des mouvements religieux. Mais la France n'est pas la seule : plusieurs autres gouvernements européens ont exprimé leur intention d'adopter des lois similaires.

Des milliers de personnes se réunissent pour le culte du dimanche matin à Mulhouse: pour adorer, prier et recevoir des nouvelles de Dieu. C'est une scène familière, répétée chaque semaine à travers le pays et dans le monde entier. Mais dans ce pays, dont la Constitution déclare: "La France respectera toutes les croyances", des églises évangéliques comme celle-ci, sont dans le collimateur. De telles scènes de dévotion, agréables à Dieu, sont vues ici de plus en plus comme fanatiques et irrationnelles. Certains appellent même cette église, la plus grande église charismatique du pays, une secte.

Samuel PeterschmittPour le Pasteur Samuel Peterschmitt, c'est une raison de plus d'apporter l'Évangile jusqu'au bout du monde. "Maintenant en France, il est très difficile de prêcher l'Évangile, " déclare-t-il. Il est tout à fait conscient que les forces de sécurité françaises surveillent ses services religieux.

CBN News a interrogé cet homme sur le bien fondé des pratiques du gouvernement.

CBN News: (Les agents) se mélangent-ils à la foule ?
Samuel: Oui

CBN News: Et que font-ils ?
Samuel: Ils écoutent, prennent des notes.

CBN News: Ils prennent des informations?
Samuel : Absolument, ils prennent des informations et rien ne leur échappe.

CBN News: Ils veulent voir ce que vous faites?
Samuel : Exactement, ils veulent voir ce que nous faisons. L'église de Mulhouse n'est pas la seule dans ce cas. Utilisant l'équivalent du FBI américain, la police secrète française a étendu sa surveillance minutieuse à des groupes minoritaires à travers la France. Baptistes, Evangéliques et Protestants, mais aussi Mormons, Témoins de Jéhovah et l'Église de Scientologie, témoignent d'une croissance de l'intolérance et de la discrimination.

Pour légitimer ses mesures de répression, le gouvernement a équipé les juges d'une nouvelle arme très puissante. Il y a huit mois, l'Assemblée Nationale française a adopté une loi anti-secte pour lutter contre l'influence croissante des mouvements religieux. Catherine Picard, membre de l'Assemblée Nationale, a participé à la rédaction de cette nouvelle loi.

Mme Picard affirme fièrement que son but est d'empêcher les groupes "à caractère sectaire" d'utiliser la pression "psychologique et physique" pour recruter et garder des adeptes. "Avec cette nouvelle loi, il est désormais impossible de manipuler quelqu'un en le forçant à rejoindre un groupe," explique Mme Picard.

La Section I de la loi anti-secte fait de "la manipulation mentale" un crime. Mettre qui que ce soit dans «un état de soumission psychologique ou physique résultant de pressions sérieuses et répétées ou de techniques conçues pour altérer le jugement » est désormais un délit qui pourra entraîner pour son auteur un emprisonnement de cinq ans. Les tribunaux en outre peuvent dissoudre les groupes religieux et leur imposer des lourdes amendes. "Le but est de punir les pratiques religieuses illégales qui nuisent à la dignité de l'individu, " affirme Mme Picard.

Selon Joël Thorton, du Centre européen pour la Loi et la Justice (ECLJ ) basée à Strasbourg, «le but de cette loi est l'aboutissement de la Révolution française: l'éradication de la religion de la vie publique française et l'instauration d'une société purement laïque." L'ECLJ est le prolongement international du Centre américain pour la Loi et la Justice, basé en Virginie.

Thorton craint que la loi anti-secte puisse même criminaliser l'évangélisme, en le considérant comme une forme de "pression sérieuse et répétée."

"Cette loi stigmatise la personne qui a une croyance religieuse sincère, et qui est tenue de travailler à la conversion des autres à sa foi", fait-il remarquer." Il la met en désaccord avec le gouvernement, dès l'instant où elle commence à évangéliser les gens en public ou en privé."

Ironiquement, dans une nation qui vante les mérites de sa devise: "Liberté, Égalité, Fraternité," Mme Picard avertit ainsi les évangélistes: "La conversion n'est pas autorisée par le gouvernement français. Quand des groupes religieux parlent du droit de convertir, l'administration locale peut autoriser de telles activités mais en réalité de telles pratiques sont illégales."

Certains expliquent que le mouvement anti-secte en France s'est intensifié en 1995, après le suicide collectif massif des membres d'une secte hermétiste. Deux ans plus tard, une commission se formait pour examiner les mouvements sectaires en France. Elle a présenté au Parlement français une liste de 172 groupes considérés comme dangereux. Parmi ceux-ci, on trouvait des charismatiques, des Catholiques et des Evangéliques.

"Depuis ce jour nous avons été étiquetés comme secte," raconte le Pasteur Vincent Easterman, dont l'église évangélique à Paris faisait partie de la liste noire. "Après la parution de cette liste, il n'y a eu aucune possibilité de nous défendre, ou de faire appel.» Après six ans de combats légaux, Easterman a été forcé de changer le nom de son église «Vie Chrétienne» en «Union des Assemblées Protestantes.» Depuis lors, d'autres églises ont de même songé à retirer le mot "évangélique" de leur nom, de crainte d'attirer l'attention des médias, souvent mal intentionnés". "Il ne fait aucun doute, que dans les 10 dernières années, la France est devenue de plus en plus hostile à l'Évangile et nous avons dû nous adapter à une société en mutation, une société qui a peu de respect pour la Bible et les valeurs morales chrétiennes," note Easterman.

D'autres mesures dans cette nouvelle loi incluent l'interdiction de faire de la publicité ou d'ouvrir des centres religieux près des écoles, des hôpitaux ou des maisons de retraite. Les églises qui aident traditionnellement les plus démunis courent le risque de devenir criminelles. De même, chercher à toucher la jeunesse est illégal.

Des groupes internationaux de défense des droits de l'homme ont condamné cette loi, qu'ils jugent anti-démocratique et anti-religieuse. Cependant, le problème pourrait s'étendre.

Une douzaine de pays européens cherchent maintenant des mesures visant à contenir les groupes religieux. Et cela ne concerne pas seulement les Européens. Les leaders communistes de la Chine étudient également la rédaction de lois similaires et basées sur le modèle français, afin de contrôler les activités religieuses de leur pays. CBN News a demandé à Mme Picard: "Est-il vrai que les chinois sont entrés en contact avec vous?" Et celle-ci a répondu : "J'ai en effet rencontré le ministre chinois des affaires religieuses."

Mais comme le souligne Thorton, "ce n'est pas quelque chose dont ils " Vous ne souhaitez pas vous étendre sur ce point ou vous en vanter" déclare Thorton. En attendant, les législateurs français et européens sont soutenus par le ressentiment public croissant face à ce qui est perçu comme une intrusion des groupes religieux américains. "Une personne a même suggéré que "c'était la nouvelle méthode américaine pour envahir l'Europe et y exercer une influence impérialiste, au travers des sectes et des églises évangéliques," affirme Easterman.

"L'Europe est très pointilleuse sur la protection de ses démocraties," explique Picard. "Nous sommes totalement conscients que derrière tout ces mouvements religieux en vue, dont 90% viennent des Etats-Unis, il y a des plans cachés qui sont tournés contre les démocraties. "

Retour à Mulhouse, le Pasteur Peterschmitt est prêt pour une bataille judiciaire. Un ancien membre de l'église, armé de la nouvelle loi, a déposé plainte contre la congrégation. Si il est reconnu coupable, Peterschmitt pourrait être emprisonné. Son église serait fermée.

CBN News: avez-vous peur d'aller à la prison ?
Samuel : En aucune façon. Pourquoi devrais-je avoir peur ? Je ne peux pas dire que je serai heureux. Mais si je dois y aller parce que j'ai prêché la Parole de Dieu et parce que l'église veut faire la volonté de Dieu, ce sera alors une joie ! "

Il est trop tôt pour dire si la mise en application de cette loi anti-secte, acceptée ici par l'Assemblée Nationale française, deviendra la norme ou l'exception. En attendant, les Chrétiens de France et d'Europe sont fortifiés par ce qu'ils craignent être une vague croissante d'intolérance religieuse.




Texte paru d'abord sur le site de CBN