Plan Cosmos Arts Engin de recherches Plan du site

Samizdat

L'enjeu du combat: l'âme d'un peuple
Efforts du gouvernement athée de Tchécoslovaquie.




Prof. Dr Anton HLINKA[1]


Dans la Tchécoslovaquie actuelle, le combat impitoyable et sans exemple dans l'histoire du pays, est mené pour s'emparer de l'âme du peuple et de chaque citoyen en particulier. Un infime nombre d'idéologues, animés d'un zèle qui n'a pas d'explication naturelle, essayent par tous les moyens mis à leur disposition par un régime totalitaire, de forcer l'écrasante majorité des gens, à accepter une vision du monde qui va à tous~points de vue à l'encontre de la leur.

Le marxisme a le profil d'une religion avec une profession de foi, des dogmes, des rites, des dieux et la révélation d'une sagesse supérieure dont les porteurs sont curieusement toujours les chefs politiques du moment. Et c'est ainsi qu'en une Europe sécularisée et "démythologisée" surgit une "théocratie" tout à fait unique sur ce continent. Le climat dans lequel se déroule ce drame moral collectif peut se décrire par ce simple mot: la peur.

On n'évalue pas clairement quel en est le résultat. On pourrait à peu près le décrire de la façon suivante.

Très peu de gens sont devenus des athées convaincus. D'autres ont été fortifiés dans leur foi par ce combat, mais la plus grande partie de la population est sur une défensive très négative sous cet assaut communiste. Extérieurement, ils se soumettent aux exigences de la couche dominatrice, mais au fond d'eux-mêmes, ils tâchent de préserver leur façon de penser.

Pourtant, lorsqu'on prend conscience qu'il est impossible de vivre constamment en contradiction avec soi-même, on se dit que ces gens devront tôt ou tard faire un choix consciemment ou non. Comment le feront-ils ? Cela reste impossible à prévoir. Un élément de réponse nous est fourni parmi un sondage de l'Institut sociologique de Bratislava. D'après ces statistiques, 72 % de la population de toute la Slovaquie, se disent croyants, 12,1 % athées et les autres évitèrent de répondre à la question.

Nous n'avons pas de statistiques sur les régions tchèques. Nous savons néanmoins que là-bas les chances de l'Église sont bien moindres. Certains spécialistes prétendent qu'il n'existe qu'une forte minorité de chrétiens convaincus et décidés (environ 5 % de la population) face à une grande masse d'indifférents, ce qui augmente ici le pourcentage des athées par rapport à la Slovaquie. Il n'est donc pas surprenant d'apprendre que le centre de gravité de l’offensive athée se trouve en Slovaquie.

Soutenus par un déferlement ininterrompu d'assauts organisés systématiquement par tous les mass-médias, on développe des cercles athées, des cours de formation, des expositions, bref, tout ce qui est susceptible d'entraîner cette région un peu plus loin dans l'impiété.

L'objectif principal des campagnes sous l'égide de l'athéisme, ce sont les écoles et les villages. En effet, d'après les statistiques, une grande partie de la population de la campagne slovaque s'est déclarée croyante. Et pour réussir dans cette entreprise, on essaie de supprimer l'influence des dirigeants des églises, catholiques ou protestantes par différentes méthodes: isolation, intimidation, compromis, licenciements, élimination, traitement psychiatrique ou physique.

Par ces moyens, on réduit les pasteurs au rôle d'ermites ou d'êtres asociaux, en espérant que cela les coupera des réalités quotidiennes. On leur défend tout contact avec la population, en particulier avec les jeunes. On a strictement limité leur rayon d'action à l'Église et à ses fonctions liturgiques. On espère ainsi cantonner l'Église dans le rôle d'un musée.

On défend aux prêtres de visiter les familles, les malades et les personnes âgées, de s'occuper des jeunes, de tenir des réunions bibliques ou d'organiser des retraites spirituelles. S'ils enfreignent ces règlements, ils sont relevés de leur fonction. Voilà deux exemples typiques parus dans la presse allemande:

Un tribunal a relevé le pasteur Trstensky de Stara Lubovna de ses fonctions parce qu'il avait inquiété la population par ses allusions au jugement de Dieu, parce qu'il avait chanté des cantiques avec les enfants et apporté des cadeaux de Noël aux personnes âgées et aux malades, faisant ainsi de la propagande anti-communiste, enfin parce qu'il avait engagé deux sœurs au service de l'église.

Le pasteur Gazda a été condamné à deux mois de prison pour avoir enseigné les principes de la foi aux enfants de son frère et de son voisin, alors qu'on lui avait déjà interdit de fonctionner comme pasteur. Il a aussi tenu des cultes en dehors de l'église officielle.

Ces exemples sont nombreux et se multiplient chaque jour.

Les activités, les voyages et les relations de chaque pasteur sont soigneusement notés. On connait le profil psychologique de chacun. Les prédicateurs sont continuellement espionnés. Quelques-uns sont devenus si nerveux par les visites continuelles de la police secrète et par les avertissements et les menaces des autorités, qu’ıls deviennent excessivement prudents et même un peu malades mentalement. Beaucoup d'entre eux préfèrent faire des compromis pour pouvoir continuer leur ministère plutôt que de priver la communauté d'un pasteur. Il existe malheureusement beaucoup d'ecclésiastiques que la peur et les nombreuses pressions exercées sur eux, ont transformés en exécutants des décisions du parti. On tâche d'atteindre ce but en forçant des prêtres très capables à entrer dans le mouvement "Pacem in terris", souvent manipulé pour la propagande communiste à l’intérieur et à l'extérieur du pays.

Les croyants acceptent les actes liturgiques des prêtres du Mouvement de la paix, mais ils n'ont aucune considération pour eux.

Quelques mauvais prêtres sont source de grande contrariété pour les croyants. Mais l'évêque n'a pas le droit de les déposer, bien au contraire ! Certains obtiennent les plus grandes paroisses, en particulier dans les grandes villes. L'exemple suivant montre à quel point les prêtres se laissent entraîner dans une collaboration étroite avec la police secrète (il est douloureux de devoir le dire, mais nous ne pouvons savoir combien de détresse personnelle se cache derrière ces faits !)

Le père du séminariste Vrba avait protesté vivement contre la décision des responsables du séminaire, qui refusaient la consécration de son fils. On lui répondit que le manque de piété de son fils l'empêchait d'être consacré.

« Je m'étonne » dit le père « que vous n'ayez remarqué cela qu'à la fin du 10 ème semestre. Je connais mon fils, et je sais qu'il est pieux. Je vous souhaite d'avoir autant de piété que lui. Manifestement, une autre raison joue ici un rôle primordial: mon fils n'a pas participé à la conférence de "Pacem in terris". Je suis fier qu'il ait refusé d'y participer ! »

Quelques jours plus tard, le père fut congédié de son lieu de travail sur ordre ministériel. La dénonciation ne pouvait venir que d'un membre du séminaire, qui était donc devenu, selon toute vraisemblance, un serviteur obéissant du parti. (Un des professeurs, avait dit peu de temps avant, que Vrba avait été l'étudiant-le plus doué qu'on ait jamais vu à cette faculté).

C'est là une mesure extrême contre les pasteurs. Mais durant ces dernières années, beaucoup de paroisses ont ainsi perdu leur père spirituel. Tous étaient des hommes zélés, ayant une excellente formation, profondément spirituels et très efficaces dans leur travail pastoral. L'État s'est donné les moyens pour relever quelqu'un de ses fonctions: pour chaque activité pastorale, si petite soit-elle, il faut une autorisation spéciale du gouvernement. Or, il n'existe aucune loi définissant les conditions d'accès à un poste de père spirituel, ce qui rend impossible de s'appuyer sur une loi pour réagir au refus ou au retrait d'un poste.

Les différentes agences de presse occidentales relataient il y a peu de temps, l'exemple de plusieurs prêtres, toujours en Slovaquie, qui ont été attaqués et battus par des inconnus dans leur paroisse.

Nous pouvons citer l'exemple du prêtre Alois Tkac, des pasteurs Antoine Srholec de Pernek et MichaLk de Precin, et de bien d'autres encore... Certains ont même payé de leur vie de n'avoir pas abandonné leur foi ou accepté des compromis avec la police secrète.

Et il ne manque pas d'exemples où des prêtres tel Josef Mrovcak ont été convoqués pour un examen psychiatrique ou ont même été internés dans un asile.

C'est pourquoi, nous pouvons nous résumer en affirmant que le but du gouvernement communiste est d'éloigner les bons prêtres capables de leur travail pastoral, et de n'y laisser entrer les séminaristes qu'au prix de nombreuses difficultés ou pas du tout.

Une fois l'influence du clergé affaiblie ou même éliminée, le parti espère pouvoir contrôler plus facilement la jeunesse et la population campagnarde, car qui tient la jeunesse, tient l'avenir !!

Depuis bien des années, I'État tente son possible pour gagner le cœur de la jeune génération. On ne peut pas s'imaginer dans le monde libre, à quel point on compte sur les éducateurs et les enseignants pour qu'ils donnent une éducation athée, qui détourne les enfants définitivement de Dieu. On n'est pas prêt de comprendre que ceux qui y réussissent le mieux, jouissent de la plus grande considération et des meilleures rémunérations.

Selon un ordre ministériel, il incombe aux instituteurs d'empêcher le plus d'élèves possible d'assister à l'enseignement religieux. Ils y réussissent en menaçant la vie même des parents et en les rendant attentifs au fait que leurs enfants ne pourront pas entreprendre d'études supérieures. Beaucoup de parents ont déjà payé par la perte de leur propre emploi, l'enseignement religieux et la fréquentation de l'église de leurs enfants.

Les enfants sont évidemment lésés, eux aussi: on leur refuse l'accès au lycée ou aux écoles supérieures, même s'ils sont des élèves exceptionnellement doués. Le trait significatif, c'est qu'on leur a froidement avoué la cause de leur refoulement: « tare religieuse ».

Et pourtant, il y a encore des parents qui relèvent le défi du gouvernement, car rien que dans le fait d'envoyer leurs enfants aux cours de religion, ils voient une occasion de témoigner de leur foi et de leur fidélité envers Dieu.

A toutes ces difficultés, s'ajoute encore l'ordre donné aux maîtres de saboter l'enseignement. Ces cours se situent toujours à la fin de l'emploi du temps quand les enfants sont fatigués. De plus, on regroupe les enfants d'âges différents. Ce qui a pour conséquence de rendre l'enseignement assez inefficace, d'autant plus que des instituteurs-espions assistent au cours.

Mais cela ne suffit pas. On surveille également les enfants qui n'assistent pas à l'enseignement religieux. On veut être sûr que leurs parents ne leur donnent pas malgré tout un enseignement religieux et qu'ils ne vont pas à l'église. Dans l'affirmative, on ferait immédiatement de grosses difficultés aux élèves et aux parents.

Un autre devoir des enseignants est d'insister dans toutes les matières sur chaque élément susceptible de renforcer une vision athée des choses. On se moque des élèves qui ne sont pas d'accord avec ces idées. Parce qu'ils croient à ce qu'ils entendent à l'église ou à l'instruction religieuse, les maîtres les ridiculisent, les persécutent, leur donnent de mauvaises notes, et cela leur vaut de réels traumatismes psychologiques.

Quelques agences de presse ont parlé, il y a quelque temps, d'un garçon de 12 ans, Vladimir Slamena, qui habitait dans un village en Slovaquie du Sud. Sa maîtresse l'avait promené à travers les classes de son école en le faisant passer pour un débile et détraqué mental, alors dans un moment de désarroi, il s'est pendu. Cela n'a évidemment pas fait perdre son poste à l'institutrice.

On exerce une forte pression sur les élèves de l'école primaire ou secondaire, mais l'enseignement athée est encore bien plus poussé à l'université, surtout si les étudiants se dirigent vers une profession dans laquelle ils auront des contacts permanents avec d'autres personnes, telle celle de médecin, d'enseignant, d'artiste ou d'expert agronome.

La pression exercée sur les enseignants a atteint en Tchécoslovaquie une puissance inouïe jusqu'alors. Si l'on apprend qu'ils sont croyants, ils sont immédiatement congédiés, sauf s'il est difficile de les remplacer immédiatement, à cause de leur compétence professionnelle exceptionnelle.

Voici un exemple parmi beaucoup d'autres:

Le Dr Rodolphe Fibi, assistant à l'Institut de Mathématiques de la Faculté de Sciences de Bratislava a été congédié. La raison de son licenciement a été la suivante:

En lui faisant remplir des formulaires, on voulait l'obliger à se ranger pour l'idéologie marxiste-scientifique. Il raya le mot marxiste, voulant dire par là qu'il reconnaissait les principes scientifiques, mais qu'il n'assumait pas ceux du marxisme - donc de l'athéisme.

Le Dr Fibi remit alors l'affaire aux mains de la justice. Mais on refusa sa plainte en déclarant que tout enseignement dans toute école devait avoir une base marxiste. De plus, on lui reprochait d'aller à l'église, et que ses étudiants suivaient son exemple. Tout cela, dit-on, n'est pas compatible avec les idéaux de l'université.

L'athéisme est devenu une matière obligatoire dans toutes les écoles, et soumis à examen.

On pourrait en dire long encore sur les problèmes de la Tchécoslovaquie et la propagation de l'athéisme dans ce pays, mais il vaut mieux s'arrêter là... C'est en tout cas un pressant appel pour nous autres, occidentaux, à garder les yeux ouverts sur la détresse des chrétiens dans ce pays. Ils ont besoin de notre aide, et nous pouvons la leur apporter, jusqu'à un certain point.

Il y a différentes possibilités de les soutenir. Je ne voudrais ici en souligner qu'une: la parole. I1 est vrai que notre amour pour nos frères et sœurs ne doit pas seulement se manifester en paroles, mais si nous élevons nos voix en faveur de ces chrétiens persécutés, la parole écrite et parlée ne pourra que gagner en impact.

Nous n'avons pas le droit de nous taire, car l'expérience montre que si nous ne disons rien, la peine de nos frères et sœurs à l'Est augmente.

C'est pourquoi, faisons connaître leur détresse et unissons nous aussi en pensée à ceux qui sont dans les liens !!

 


Notes

[1] - Ce texte, tiré d'un recueil (Au-delà des frontières et autres extraits des périodiques "Nos frères de l'Est") publié en 1985 avec textes rassemblés par Günther Lange, mais probablement publié initalement dans les années 60 ou 70... Il est possible que ce texte fut tiré d'un autre texte de Hlinka, soit: Sila slabých a slabosť silných. Diskusia na tému: Cirkev na Slovensku v rokoch 1945 – 1989, 1982. [ou La force du faible et la faiblesse du fort. Discussion sur le thème : Église en Slovaquie dans les années 1945 – 1989, 1982]



Postface du webmestre

L'article par Anton HLINKA offre une analyse TRES intéressante des moyens mis en place par les états totalitaires pour museler la liberté d'expression, étouffer ou corrompre les églises... Beaucoup de points notés par l'auteur sont tout à fait pertinents dans notre contexte. Il faut comprendre que l'article par HLINKA a été publié à l’époque où le régime communiste en URSS était à son apogée. Ainsi, s'il existe plusieurs parallèles entre le totalitarisme soviétique et le néo-totalitarisme postmoderne, il existe aussi des différences de stratégie qu'il est nécessaire de comprendre, car les élites postmodernes (classe dirigeante actuelle) ont appris des leçons importantes des événements du 20e siècle.

Je pense utile de dresser un contraste entre régimes totalitaires coercitifs et régimes totalitaires manipulatifs. Le 20e siècle a mis à l’avant-plan des régimes totalitaires coercitifs, notamment le communisme sous Staline et le nazisme sous Hitler. Et si nous voyons encore un vestige de ce type de régimes totalitaires coercitifs avec le régime communiste en Chine, il y a lieu de penser que le 21e siècle est désormais massivement sous le pouvoir de régimes totalitaires manipulateurs.

Au 20e siècle, les idéologies modernes, le nazisme et le communisme ont exploité à fond des moyens brutaux et coercitifs (violence ouverte) pour imposer leur système de croyances et pour faire fléchir l’opposition. Mais les élites postmodernes en Occident ont tiré une leçon importante de cette expérience. Ils ont constaté que les méthodes brutales et coercitives jettent les cartes sur table, exposant le visage véritable du pouvoir et vous attirent des ennemis déterminés. La situation devient alors trop claire pour toutes les parties concernées. Ainsi nos élites postmodernes ont mis de côté la violence ouverte et s’appuient avant tout sur les mesures administratives anonymes et la manipulation de la pensée (médias et système d’éducation). Ils sont bien plus subtils, plus marketing que les nazis ne l'ont jamais été.

Un autre point où nos élites postmodernes divergent assez radicalement des totalitaires du 20e siècle est au sujet de leur visage public. À la fin du 19e et au début du 20e siècle, tous les mouvements idéologiques issus des Lumières émettaient des programmes explicites, mettant sur papier leurs convictions et projets. Cela est vrai autant des divers mouvements marxistes, des communistes soviétiques, des nazis et autres mouvements fascistes. Chez les nazis, il y a évidemment Mein Kampf et chez les communistes, Das KapitalLe Manifeste du parti communiste (ou encore Le petit livre rouge de Mao). Et généralement ces divers mouvements ajoutèrent à cela, la face publique d'un leader adulé. Chez les Soviétiques le visage humain représentant ces mouvements furent Lénine et Staline et le Ché, chez les fascistes, Hitler ou Mussolini. Mais le système idéologico-religieux postmoderne est plus hypocrite et ne joue jamais cartes sur table. Chez eux, il serait impensable de publier un programme, et mettre sur papier leurs convictions et projets de société afin que tous puissent les examiner (et critiquer). La stratégie postmoderne est TRÈS efficace, c'est-à-dire d’imposer leur vision du monde dans les divers cercles de pouvoir et d'influence en Occident, le tout derrière une façade de neutralité et d’anonymat. La normalité au 21e siècle, c'est eux qui la définissent. Faire du porte-à-porte pour faire des convertis ne leur convient pas du tout (trop fastidieux). Ils préfèrent imposer leur vision du monde d'en haut. Et pour pousser le troupeau dans la bonne direction, on exploite à fond le langage manipulateur en les faisant valoir qu’il faut être progressistes, ouverts, tolérants, bla, bla, bla, bla… Les postmodernes sont extraordinairement créatifs pour débiter un nuage de conneries verbales afin d’ériger une aura de neutralité autour de leur système de croyances, écartant ainsi les regards indiscrets. À la fin, les nazis furent au moins plus honnêtes sur leurs convictions et projets de société que ne le sont les postmodernes.

Par ailleurs je pense qu’il faut faire un contraste additionnel entre régimes totalitaires coercitifs et dictatures manipulatrices. Dans les régimes totalitaires coercitifs du 20e siècle presque TOUT le pouvoir est concentré dans l’État. Dans le cas des régimes totalitaires manipulatrices postmodernes on brouille les cartes et ce n’est plus le cas, car à mon avis le pouvoir n’est plus centralisé, mais diffusé dans plusieurs grandes institutions, qui pour le moment se contentent de faire de la collection massive de données personnelles et surveiller les masses et (lorsque l’occasion se présente) pousser discrètement les opinions dans une certaine direction... À ce titre on peut penser à Google/Android, Apple, Amazon, FaceBook, Twitter, etc...

Il est utile de prendre conscience que si les régimes totalitaires manipulatrices postmodernes de l'Occident du 21e siècle mettent de côté la coercition, ce n'est PAS par un principe moral bien fondé, mais uniquement par un opportunisme stratégique. RIEN dans le système de croyances postmoderne n'exclut l'usage de la coercition, la torture ou l'oppression. Si un jour nos élites postmodernes déterminent qu'ils sont près des buts sociaux ou politiques qu'ils se sont fixés alors là, les masques risquent de tomber et on fera alors appel à la force sans le moindre remords de conscience... Les opposants l'auront mérité après tout…

Pour mesurer la distance parcourue entre l' époque de la Guerre Froide où le texte de Hlinka a été rédigé et 2023, voyons cette note par le politicologue français Jean-François Revel tiré de son livre Comment les démocraties finissent (1983), livre qui examine les illusions entretenues par l'Occident démocratique au sujet de ses rapports avec le bloc communiste. Dans cette note Revel compare les ressources disponibles dans les régimes totalitaires aux ressources disponibles dans les régimes démocratiques pour combattre le terrorisme (ou la dissidence). (1983: 196):

Mais le terrorisme y est facile parce que les démocraties sont également les seuls régimes qui ne sauraient se permettre, sans se détruire, de recourir au quadrillage policier et aux méthodes expéditives qui seules peuvent en général, hélas! prévenir ou extirper le mal. Une démocratie ne peut pas employer un citoyen sur cinq dans la police, fermer les frontières, restreindre la circulation des personnes à l'intérieur, déporter, au besoin, en partie, la population d'une ville, avoir l'œil sur tous les hôtels, tous les logements, dans chaque immeuble, à chaque étage, fouiller minutieusement pendant des heures et sans aucune exception tous les voyageurs, leurs voitures et leurs bagages. Si les démocraties pouvaient se livrer à ces pratiques totalitaires, elles parviendraient rapidement à réprimer leur propre terrorisme et à intercepter les aides que celui-ci reçoit de l'étranger.

Avec le recul on voit Revel, un peu naïvement, affirmer que les régimes démocratiques d'Occident ne pourraient jamais songer à employer les méthodes des régimes totalitaires pour étouffer des attaques violentes (ou la dissidence?) Que dirait-il aujourd'hui? On peut bien se le demander, car pendant la crise du Covid, les régimes démocratiques de l'Occident ont employé presque toutes les mesures répréssives décrites ci-dessus...

Il est manifeste que les régimes politiques en Occident, dirigés par les pions de Davos (et leurs nombreux complices serviles dans le système policier, juridique, scientifique et médiatique) ne hésitent pas à employer des méthodes dignes de l'époque soviétique. En France il y a un cas spectaculaire, soit le professeur Jean-Bernard Fourtillan (Phd et ingénieur chimiste, pharmacien), qui a participé au tournage du film documentaire Hold-Up qui a été interné le 10 décembre 2020 à l'hôpital psychiatrique Le Mas Careiron, de la ville d'Uzès, sur ordre du préfet du Gard. Il semble que le fait de se retrouver étiqueté complotiste justifie n'importe quelle démarche illégale… Il faut prendre conscience que de telles démarches ont été communément exploitées par le KGB à l'époque soviétique… Beaucoup de scientifiques ont vu leurs réputations attaquées ou encore des médecins qui ont vu leur licence de pratique médicale révoquée. Ce sont des mesures tout à fait comparables à celles décrites par Hlinka. Évidemment de telles mesures exemplaires sont garanties d'obtenir le silence de la majorité. Les camionneurs canadiens avec leur Convoi de la Liberté en 2022 ont vu leurs droits piétinés et ont été la cible de mesures répressives lorsque Justin Trudeau a invoqué contre eux la Loi des mesures de guerre/mesures d'urgence.

Et les chrétiens n'ont pas été de reste, car au Canada on a vu des pasteurs sanctionnés par des contraventions extraordinaires, des arrestations et même la prison pour avoir simplement osé remettre en question les restrictions du Covid et avoir osé remplir leurs devoirs ordinaires de pasteurs et tenir des réunions. Il est essentiel pour les chrétiens de reconnaître que nous faisons face à un ensemble de régimes néo-totalitaires qui n'ont aucun respect pour les droits des citoyens, ni pour les droits religieux et que l'une des stratégies des élites postmodernes et non pas de faire des martyrs, elles cherchent d'abord à corrompre les églises... Si on regarde attentivement, il faut constater que cette stratégie semble avoir BEAUCOUP de succès...

Mais comment expliquer la servilité abjecte d'une part si large de la population face aux abus massifs de pouvoir de la part des pions de Davos pendant la crise du Covid? Là encore, Revel (toujours dans son Comment les démocraties finissent) apporte quelques éléments utiles du puzzle. Au chapitre 21, l'analyse de Revel touchant les incohérences de la politique du président français Charles de Gaulle à l'égard de l'OTAN est révélatrice et comporte quelques éléments parallèles avec le comportement d'une part très large de la population du monde sous la crise du Covid. Comme le note Revel, une partie du rejet de l'OTAN par Charles de Gaulle était lié au sentiment d'humiliation à reconnaître sa dette à l'égard de l'Angleterre et des États-Unis pour mettre fin à l'occupation nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi à l'humiliation de devoir s'appuyer sur les États-Unis pour sa défense après la Deuxième Guerre mondiale face à la menace de l'URSS. Comme le note encore Revel, de Gaulle avait une perception très naïve du régime soviétique, perception qui a influencé sa politique extérieure. Voici un petit extrait pour situer le lecture au sujet de la logique de de Gaulle (1983: 244):

(…) acceptation du fait accompli, refus d'envisager des sanctions pour un crime contre la liberté, alliance de facto avec l'impérialisme soviétique auquel on pardonne tout, méconnaissance du phénomène communiste, incompétence, pour tout dire, et confiance aveugle dans le désir et la capacité du gouvernement soviétique de s'intégrer à une Europe harmonieuse et homogène…

Et c'est sur ce plan qu'il existe un parallèle avec la crise du Covid. Tout comme de Gaulle croyait ardemment aux « bonnes intentions » des Soviétiques, sous la crise du Covid, une part très large de la population mondiale a cru mordicus aux « bonnes intentions » des technocrates gestionnaires de la crise (ainsi qu'aux intentions nobles des entreprises pharmaceutiques), malgré les preuves manifestes de violations massives des droits par ces parties. Ainsi l'attribution irrationnelle de « bonnes intentions » aux dirigeants permet d'éviter de prendre la mesure du danger, de fermer les yeux sur son ennemi déclaré et jeter un voile discret sur son propre manque de courage…


Bibliographie

REVEL, Jean-François (1983) Comment les démocraties finissent. Grasset Paris 332 p.


De plus en plus les États postmodernes violent impunément les droits des chrétiens.

Prayer Is Becoming Criminal In The U.K. (Elyssa Koren - The Federalist - 14/2/2023)

Priest Charged in Britain For Having THIS Bumper Sticker Near An Abortion Clinic. (Protestia - 9/2/2023)

Seattle Preacher Arrested During Pride Event Says 'Crime' Was Reading Bible In Park. (Hank Berrien - DailyWire - 1/7/2022)

State Controlled Sermons: Judge Orders Pastor to Preach Health Orders from Pulpit "They're telling me what I can and cannot preach," Pawlowski said. "They're telling me that every time I want to address the public, I have to spew their lie first in order for me to deliver my message. That's China. That's North Korea." (Caldron Pool - 18/10/2021) -> Canada

Stop picking on Christians: Anti-Christian sentiment is on the rise among certain sections of the British establishment. (Jamie Gillies - Spiked - 5/52021)

EN PRISON À CAUSE DE SON NOM ! Entrevue avec le Pasteur David Lynn. (TheoVox - 2021) -> Canada

Police handcuff and arrest black pastor for preaching plain gospel message. (Blog Winter Knight - 6/10/2019) -> Canada