Ellen Myers
Voici l'épreuve de notre qualification pour entrer dans la vie éternelle que nous donne Jésus-Christ Lui-même: 'Comme vous l'avez fait pour les moindres de mes frères, vous l'avez fait pour moi.' (Matt. 25:40). Le poète chrétien John Donne nous donne ces mots fameux: 'Ne demande pas pour qui sonne le glas; il sonne pour toi[2].'
Je propose que les gens handicapés sont parmi 'les moindres' de nos frères et soeurs en Christ. Je propose que lorsque nous les considérons superflus - des 'mangeurs bons à rien' selon Hitler - nous nous mettons en péril mortel, car ce qui est fait contre eux lorsqu'on leur dénie des droits humains égaux peut être fait ensuite contre nous.
J'établirai cette affirmation au moyen (1) des évidences de l'histoire; (2) le traitement ambigu des handicapés aux États-Unis aujourd'hui; et (3) par mon expérience personnelle.
L'histoire montre que le traitement des handicapés physiques et mentaux a été généralement hostile. Dans les sociétés païennes, y compris l'ancienne Grèce dite éclairée, et à Rome, les enfants handicapés furent tués en les laissant exposés aux éléments[3]. C'était seulement avec l'ascendance de la christianisme que les handicapés furent considérés comme des êtres de valeur absolue et inviolable, car seulement la christianisme biblique et le judaïsme orthodoxe enseignent que tous les êtres humains sont descendus d'un seul couple humain originel crée à l'image du Dieu personnel de la Bible, et que par conséquent tous les êtres humains sont doués par Dieu du droit absolu à la vie et à l'amour. Ce fait est confirmé dans un éditorial dans le journal 'California Medicine', Vol. 113, No. 3, Septembre 1970, duquel je cite:
"L'éthique traditionnelle de l'Ouest a toujours insisté sur la valeur intrinsèque et égale de chaque vie humaine sans égard à son développement ou à sa condition. Cette éthique a été un lègue de l'héritage judéo-chrétien.
Même sous le règne du christianisme les soins pour les handicapés étaient souvent réduit au minimum; toutefois, l'obligation morale de les soigner était reconnue. Mais aujourd'hui tandis que le consensus chrétien est largement détruit, et par conséquent les handicapés sont de nouveau souvent, comme sous les païens, considérés propres seulement a être extermines.
Considérons l'Allemagne des Nazis, 1933 a 1945, où je grandis comme 'demi-juive.' Les handicapés allemands furent les premiers à être exterminés de manière prémédité par les Nazis. Beaucoup d'allemands partageaient la position nazie, étant fiers de leur éducation supérieure et de leur intelligence. Ceci est documenté dans un rapport par le Dr. Leo Alexander, observateur aux procès des crimes de guerre de Nuremberg, publié dans le journal NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE 231 (1949), pp. 39-47. Je cite brièvement le Dr. Alexander: 'Vers 1936 l'extermination des handicapés physiques ou sociaux était ... acceptée.' Le Dr. Fredric Wertham, M. D., décrit les méthodes utilisées par les Nazis et leur assistants médicaux dans son rapport documentaire effrayant sur la violence humaine, A SIGN FOR CAIN, publié en 1966, Chapitre 9.
Les méthodes étaient: faire mourir de faim, des injections, et des expériences d'exécution par gazes. Les infâmes cristaux de cyanure, le Zyklon B', employés plus tard pour tuer des millions de Juifs européens, furent d'abord utilisés dans des asiles allemands contre les handicapés, comme c'était le cas par exemple à Hadamar. Ce qui était fait d'abord aux handicapés innocents et sans défense était bientôt fait à d'autres gens sans défense désignés 'sous-humains' ou 'mangeurs bons a rien.' Comme l'écrit Robert H. Jackson, ancien juge de la Cour Suprême des États Unis, et le juge en chef des États Unis pendant les procès de Nuremberg, dans THE HADAMAR TRIAL (Hodge & Co., Ltd., 1949) p. ii:
'Dés que les scrupules et les inhibitions contre le meurtre furent supprimés... naturellement l'indifférence suivait en décidant quelles vies seraient terminées.'
Très peu de porte-parole chrétiens courageux ont osé protester.
Peut-être pensez-vous que cette atrocité des Nazis dans les années 1930 ne nous concerne plus maintenant en 1980. Vous avez tort. Le Dr. C. Everett Koop, un chirurgien d'enfants renommé mondialement et maintenant le Chirurgien Général des États-Unis, a lutté contre des tendances similaires dans les États-Unis depuis beaucoup d'années. Dans son livre 'Le droit de vivre, le droit de mourir' (The Right to Life, the Right to Die) publié en 1976, il raconte un exemple parmi d'autres: le cas de 1975 d'un bébé avec le syndrome 'Down' (une forme de déficience) et une obstruction dans l'intestine, facile à corriger, à l'hôpital renommé John Hopkins à Baltimore, Maryland. Le bébé fut 'traité' pour l'obstruction par être abandonne à mourir de faim, un processus nécessitant quinze jours. Un film, 'Qui Survivra?' a été fait de cet événement et a été montré à bien des endroits; je l'ai vu. Dans ce film pas un seul porte-parole ne s'oppose absolument à ce qui a été fait. Enfin, en avril 1982 un bébé né avec le syndrome de 'Down' à Bloomington, Indiana, a reçu un 'traitement médicale' pour un mal-fonctionnement de son oesophage, non pas par le biais d'une chirurgie corrective mais en l'abandonnant à mourir de faim. C'était la première fois dans l'histoire des États-Unis que la mort préméditée par la faim fut imposée avec l'approbation officielle d'une cour de district des États-Unis (et ce, tandis que plusieurs parents prêts à adopter le bébé attendaient).
Voici un paradoxe: les gens handicapés que l'on permet de vivre dans notre pays reçoivent peut-être un traitement plus humain que jamais auparavant. Un interview avec Ms. Melinda Jones, professeur d'éducation spéciale à l'école primaire Fabrique a Wichita, Kansas, donna l'information suivante:
Ms. Jones est le professeur de ma fille, et je n'ai que de bonnes choses à dire du programme d'éducation spéciale de Wichita. Des efforts privés ont établi beaucoup de bonnes institutions pour les handicapés en mémoire de la soeur attardée Rosemary du Président John F. Kennedy. Il y a des abris pour les handicapés qui n'ont pas de familles et qui ont besoin d'aide dans une institution spéciale. Aujourd'hui on reconnaît que la plupart des gens attardées sont entièrement sans malice et capables d'avoir une place dans la société normale. Pourtant la perception des handicapés comme 'sous-humains' domine encore ceux qui sont mal informés, et cette perception est répandue par certains penseurs élitistes qui veulent que nous croyions que la qualité de vie dépend avant tout de l'intelligence ou la productivité d'une personne.
Par exemple, le Dr. Joseph Fletcher, le père de l'éthique relativiste que l'on nomme 'Situation Ethics', veut que nous mettons fin à la vie de tous les individus avec une mesure d'intelligence (Q.I.= 'quotient d'intelligence') de moins de 20, et que ceux avec un 'Q.I.' d'environ 40 soient dans une catégorie douteuse. Permettez-moi de m'opposer à la position de Dr. Fletcher. Je suis la mère d'une fille avec le syndrome de Down, qui a un 'Q.I.' d'environ 40. Ma Becky, douce et joyeuse, m'a enseigné d'abandonner mes propres préjugés vis-à-vis le Q.I. Elle a une grande joie de vivre, et un grand amour de la beauté, de la musique, du chant, de la danse et de la natation. Elle contribue à son support et à ma vie par m'aidant avec bonne volonté et avec utilité dans le foyer et le jardin. Avant tout elle abonde de cet amour intuitif du prochain et de cet nature affectueuse qui est caractéristique des enfants manifestant le syndrome Down. J'ai appris dans mon vécu qu'un score 'Q.I.' inférieur n'est pas du tout un handicap dans les relations interpersonnelles aimantes!
J'ai parlé en défense de nos prochains handicapés en montrant de l'expérience sous les Nazis - et j'etais là! - que ce qui est fait à eux est un présage pour ce qui pourrait être fait à vous et à moi. J'ai montré le traitement ambigu de nos frères et nos soeurs handicapés en Occident aujourd'hui, et m'a montré de ma propre expérience qu'une personne ou un bébé handicapé entrant dans nos vies n'est pas 'un mangeur bon a rien' mais plutôt une bénédiction potentielle d'amour partagé, de chaleur et de beauté dans les vies humaines entièrement libres du fétiche élitiste du 'quotient intellectuelle'.
Je termine comme j'ai commencé, avec les mots de John Donne: 'Ne demande pas pour qui sonne le glas; il sonne pour toi,' et avec les mots de mon Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ: 'Comme vous l'avez fait aux moindres de mes frères, vous l'avez fait a moi.'
[1]- traduction d'un article paru dans la CSSH Quarterly, "The Mentally Retarded" vol. VII, no. 1 - Fall 1984. Ce texte fut préparé comme une allocution persuasive dans le cadre d'un cours universitaire gradué. Traduction par Ellen Myers & Paul Gosselin
[2]- NdT. Ce qui fait référence, dans la culture anglophone, aux cloches qui sonnent lors d'un service funéraire.
[3]- NdT. Dévorés par les chiens errants, généralement.