Ministre de l'Éducation
Sujet: Élimination des écoles franco-protestantes. (ACSFPQ vs Gouv. Qc + Canada)
Date: juil 2001
Je m'appelle Paul Gosselin. Je suis un évangélique intéressé par la question de l'existence des écoles franco-protestantes et la cause qui oppose l'Association des communautés scolaires franco-protestantes du Québec et les gouvernements du Québec et du Canada et qui, d'ici peu sera entendu en appel à la cours suprème du Canada. J'ai une maîtrise en anthropologie sociale (Univ. Laval 1986) et je suis le père de deux enfants en bas âge dont je souhaiterais qu'ils aient l'opportunité d'assister un jour à des écoles franco-protestantes au Québec.
Étant donnée mon domaine de formation, j'ai une perspective qui peut apporter une lumière différente sur la question qui est actuellement plaidé devant les juges. Cette cause est largement ignoré du grand publique mais pour les évangéliques il en est tout autre.
Les écoles évangéliques sont des écoles modernes, mais elles ont une philosophie de l'éducation qui place la Bible et la vision du monde judéo-chrétienne au centre de leurs programmes. On n'y parle pas que de théologie, mais la Bible est leur source d'inspiration plutôt que les idéologies "politically correct" de nos élites qui ont cours ailleurs. Ces écoles fonctionnent dans certains cas depuis plus de vingt ans et rencontrent toutes les normes du Ministère de l'Éducation du Québec. Certaines d'entre elles se sont placées parmi les meilleures écoles de la province où la moyenne des notes est la plus élevée et où le taux d'échec ou d'abandons scolaires est le plus bas. Du côté des parents, ils ont eu la cote car plusieurs dentre elles ont eu une augmentation annuelle des inscriptions de jusquà 10%. C'est assez éloquent. Si on mesure la réussite et l'efficacité d'une école par l'ambiance sereine qu'on y retrouve les écoles franco-protestantes battraient des records. Régulièrement les membres du personnel de ces écoles se font demander par des gens de l'extérieur (visiteurs, intervenants, superviseurs de stagiaires...) si ces écoles ont quelque chose de spécial, parce qu'on sent un différence, au niveau de la joie, du respect, de la sérénité, etc. qui y règne.
Certains diront sans doute "Mais pourquoi, au 3e millénaire, s'acharner à maintenir des écoles confessionnelles puisque plus personne ne pratique la religion ?" À ceci il faut répondre quelle religion ? Effectivement la grande majorité des québécois (et nos élites en particulier) ont abandonné la religion québecoise traditionnelle, le catholicisme, mais comme nous le verrons plus tard cela ne veut pas dire qu'ils ne pratiquent aucune religion
Monsieur Legault, dans le texte qui suit je vais réagis aux documents que j'ai en main, c'est-à-dire surtout le Rapport Proulx. J'ai, pour l'essentiel, deux observations à faire:
1) Le rapport Proulx, qui semble le document principal qui motive les actions du gouvernement du Québec[1], présuppose que des écoles laïques seront neutres sur le plan religieux ou idéologique et par ce fait sont satisfaisantes pour la majorité des parents québécois. D'une perspective anthropologique c'est complètement faux.
2) Si on rejette la neutralité idéologique des écoles laïques alors cela met l'État québécois en situation de monopole idéologique (puisqu'on écarte l'influence de toute autre institution idéologico-religieux).
Observation1) impossibilité d'écoles (laïques) strictement neutres sur le plan religieux ou idéologique.
Le Rapport Proulx s'objecte aux écoles confessionnelles de manière générale (1999: 50)
"Dans le contexte des sociétés modernes, démocratiques et pluralistes, une religion ne peut plus prétendre fonder les identités nationales, « normer » la vie sociale, ni définir les institutions. Lorsqu’elle désire maintenir un tel rôle, elle ne peut le faire sans exclure, ne serait-ce que symboliquement, tout citoyen qui ne partage pas sa vision du monde."
Le point 4 des conclusions de ce rapport vise en particulier toutes les écoles à projet particulier basé sur des valeurs religieuses. Il indique (1999: 230)
"4- Nous recommandons que la Loi sur l’instruction publique précise que les valeurs et les croyances propres aux confessions religieuses[2] ne peuvent servir de critères pour l’établissement d’une école à projet particulier."
Une des anthropologues les plus renommées du 20e siècle, Margaret Mead, a noté ce qui suit touchant l'éducation (1978: 1)
"In its broadest sense, education is the cultural process, the way in which each newborn human infant, born with a potentiality for learning greater than that of any other mammal, is transformed into a full member of a specific human society, sharing with the other members a specific human culture. From this point of view we can place side by side the newborn child in a modern city and the savage infant born into some primitive South Sea tribe. Both have everything to learn. Both depend for that learning upon the help and example, the care and tutelage, of the elders of their societies."
Bon, donc, l'éducation c'est la transmission, à une nouvelle génération de la culture d'une société. Ça va, et tous peuvent bien s'entendre là-dessus sans doute. Mais qu'est-ce au juste que cette "culture" ? Est-il possible que la "culture" puissent être vraiment neutre sur le plan idéologique ou religieux ? En anthropologie, on considère de plus en plus la culture elle-même comme une manifestation d'une religion ou encore une vision du monde. Il s'agit bien sûr d'une manifestation spécifique dans le temps (une époque historique en particulier) et l'espace (dans un lieu géographique particulier) et porté par des individus dotés d'une langue particulière. Marc Augé, un anthropologue français, discutant des pratiques symboliques en Occident, a émis des commentaires laissant sous-entendre l'identité de la religion et de la culture. (1982: 320)
"Sans doute serait-il très difficile, mais non entièrement vain, de chercher à mettre en évidence les liaisons subtiles entre les divers pratiques symboliques parcellaires qui constituent pour une partie importante des sociétés modernes une manière de religion sans foi ni culte unifié. Un projet de ce genre impliquerait une démarche inverse de celle de l'anthropologie religieuse, notamment telle que la définit une de ses théoriciens les plus avertis, Clifford Geertz: "The anthropological study of religion is therefore a two-stage operation: first an analysis of the system of meanings embodied in the symbols which make up the religion proper, and, second, the relating of these systems to social-structural and psychological processes." (Geertz 1966, p.42). Car ce serait alors moins la religion qu'il s'agirait de définir comme un système culturel que la culture, appréhendée dans ses manifestations les plus contrastées, qu'il faudrait tenter de cerner comme un ensemble virtuellement systématique et implicitement religieux."
Si tel est le cas, et qu'un des objectifs de l'école est de communiquer aux étudiants une culture générale, comment peut-on considérer qu'il puisse exister des écoles neutres sur le plan idéologique ? L'école laïque, non-religieuse est donc strictement impossible. L'apport d'une religion ou une vision du monde dans un contexte scolaire est inévitable. Il va de soi, par exemple, qu'aucune école ne peut éviter de transmettre des systèmes de valeurs, et ces systèmes de valeurs sont inévitablement liés à une religion. Il est assez surprenant de constater que les auteurs du rapport Proulx, dont certains ont fait des études en sciences sociales se complaisent à utiliser une conception aussi populaire, aussi médiatique et aussi biaisée de la religion. Choix stratégique ? C'est une question qui se pose...
Monsieur Legault, dans ce contexte, il n'est pas inutile de noter que sur le plan historique le système scolaire dont nous bénéficions actuellement n'est pas apparu, le fruit du hasard. Dans la très grande majorité des cas, les grandes institutions du savoir (universités) et les diverses autres institutions d'enseignement ont été fondées par des individus motivés par des convictions judéo-chrétiennes, si ce n'est carrément par des organismes religieux catholiques ou protestants. À l'origine, l'ensemble de leur curriculum était motivé par des convictions judéo-chrétiennes. Évidemment, aujourd'hui, presque toutes ces institutions ont été récupérées par les élites séculières mais le fait de leur origine religieuse demeure.
D'autre part, on ignore généralement que la méthode scientifique, lieu de pèlerinage par excellence du discours laïque, n'est pas neutre sur le plan idéologique car il est issue directement de la vision du monde judéo-chrétienne. Dans un essai publié initialement en 1925, Alfred North Whitehead, un mathématicien anglais, a fait les remarques suivantes touchant les origines de la science (1967: 12-13)
"Je ne pense pas, cependant, avoir mis en évidence la plus grande contribution du moyen âge au développement du mouvement scientifique. Il s'agit de la croyance profondément enraciné que le moindre événement peut être mis en relation avec ses antécédents d'une manière parfaitement définie, révélant des principes généraux. Si on élimine cette croyance, les travaux incroyables des scientifiques seraient futiles. C'est cette conviction instinctive, maintenue précisément devant l'esprit, qui est le puissant motif de recherche: "Il y a un secret qui peut être dévoilé". Comment se fait-il que cette conviction ait été imprimé de manière si vive sur l'esprit collectif européen ? Quand nous comparons l'attitude de la pensée européenne avec l'attitude d'autres civilisations lorsque laissées à elles-mêmes, il semble qu'elle ne peut avoir qu'une source. Elle doit tirer sa source de l'insistance médiévale sur le rationalité de Dieu, conçu avec l'énergie personnelle de Yahvé et la rationalité d'un philosophe Grec. Chaque détail était surveillé et ordonné: les recherches sur le monde naturel pourraient seulement résulter dans la justification de la foi dans la rationalité. Il faut se rappeler que je ne parle pas des croyances explicites d'un petit groupe d'individus. Ce dont il est question ici est l'impression laissée sur l'esprit européen par une foi millénaire. J'entends par ceci une tournure instinctive de la pensée et non pas un credo composé de lettres mortes.
En Asie, les conceptions de Dieu étaient d'un être ou bien trop arbitraire ou trop impersonnel pour que de telles idées aient eu un impact sur les habitudes instinctives de l'esprit. Tout incident particulier pourrait être dû à la volonté d'un despote irrationnel, ou pourrait émaner d'une origine des choses impersonnelles et mystérieuses. On n'y retrouvait pas la même confiance comme dans le cas d'un être personnel rationnel et intelligent.[3]"
Il faut aussi noter qu'aux 16e et 17e siècles, lorsque la science est née en Europe, elle était liée de manière initime à la vision du monde judéo-chrétienne. Dans la citation qui suit l'historien John Durant décrit la montée, l'apogée et le déclin de cette symbiose entre la vision du monde judéo-chrétienne et la science (1987: 15)
"Throughout the seventeenth and eighteenth centuries in Europe, the study of life was intimately interwined with religious, and more particularly with Christian beliefs about the inter-relationships between God, nature, human nature, and human society. In this period, there was fashioned a broad synthesis of natural history and religion which, albeit in many different forms, was every bit as powerful as the synthesis of Aristotelian cosmology and Christian theology in the medieval period. This synthesis is to be found in embryo in the work of the seventeenth century English naturalist John Ray, in vigorous youth in the ideas of the eighteenth century Swedish taxonomist Carolus Linnaeus, in subtle maturity in the writings of the French comparative anatomist Georges Cuvier and the German polymath Johann Wolfgang von Goethe, and in advanced and somewhat decrepit old age in the publications of the Swiss-American palaeontologist Louis Agassiz and the English comparative anatomist Richard Owen."
Monsieur Legault, il serait possible de vous entretenir longuement de ce sujet mais dans le contexte actuel, je crois qu'il vaut mieux que je m'en abstienne. Mais si par hasard la chose a piqué votre attention, j'ai un article sur le web portant le titre "La cosmologie judéo-chrétienne et les origines de science." qui pourrait vous fournir de plus amples détails à ce sujet.
Dans un contexte où le culte de la science (comme autorité épistémologique) est toujours peu remis en question (et surtout dans les médias), la science reste toujours liée à un discours idéologique, mais il ne répond plus aux évêques et aux archevêques mais aux convictions et à la vision du monde des gurus scientifiques qui disent bien ce que veulent entendre les médias.
Lorsque le rapport Proulx recommande, au points 5 à 9 des conclusions (p. 230), le développement d'un "enseignement culturel des religions obligatoire pour tous" cela semble un compromis raisonnable. Les franco-protestants n'ont plus aucune raison de protester, puisque leurs "droits" sont respectés ! Mais qu'en est-il au juste ? Éliminer toute mention de la religion serait trop brutal, trop maladroit. Les gens comprendraient... Il suffit alors leur offrir un petit cours bidon et on s'arrange pour qu'il soit déjà très marginalisé dans le temps disponible à l'horaire par rapport au reste du curriculum et le tour est joué. On ne le dira à personne, mais ce cours est aussi très marginalisé sur le plan du contenu, car rien ne semble empêcher l'engagement d'un professeur pour enseigner un cours de religion dont le contenu (catholique ou protestant) n'aurait aucun rapport avec les convictions personnelles de l'enseignant. Gaspillage de temps et d'argent pour tous les individus impliqués dans un tel processus (étudiants d'abord, mais parents et professeurs aussi). Seul, peut être, le gouvernement y trouve son compte... Son contenu idéologie est passé et c'est sans doute tout ce qui compte depuis le début.
Mais la question de la balance des préjudices que doivent examiner les juges porte sur l'ensemble du programme scolaire où le contenu idéologique sera contrôlé par le gouvernement et non sur l'unique cours de "religion". Nous y reviendrons. Pour le moment, il faut éclaircir certains points.
La dichotomie laïque / religieux.
En anthropologie des religions, la notion de religion[4] dans son sens populaire a été abandonné depuis un bon moment et on considère sur un même pied les idéologies [politiques] et religions. Toutes ont comme fonction de fournir un cadre conceptuel qui donne un sens au monde et des stratégies pour tenter de diminuer le sentiment d'aliénation qui frappe, sous une forme ou un autre, tous les humains qui vivent dans le monde déchu. Dans le cas des idéologies matérialistes, il faut constater que le cadre conceptuel est plus étroit et moins riche mais pour ses adeptes, il sert tout de même à fournir le sens de leur existence. Le cadre conceptuel sert justement de point de repère pour répondre aux grandes questions "Qu'est-ce que je fais ici ? Comment se fait-il que les choses sont comme ça ?" Dès que la question des origines (de la vie ou du cosmos) est abordée par exemple, l'intervention d'un mythe d'origine sous une forme ou une autre devient inévitable[5]. On utilise de manière interchangeable, en anthropologie des religions, les termes "idéologie", "religion" ou simplement "système de croyances". Dans ce champ d'études on considère simplement que la religion est universelle. Il est illusoire de croire qu'une société peut s'en passer. Thomas Luckmann, auteur du livre The Invisible Religion, note à ce sujet: (1970: 78)
"The statement that religion is present in non-specific form in all societies and in all "normal" (socialized) individuals is, therefore, axiomatic. It specifies a religious dimension in the "definition" of individual and society, but is empty of specific empirical content."
Donc toute société comporte une religion ou système de croyances sous une forme ou une autre. La religion est donc universelle, inévitable. L'Occident post-moderne n'y fait pas exception et que l'on prenne conscience ou non de ce fait n'y change rien. Évidemment dans les médias populaires, le terme "religion" (dans son sens habituel, ce qui sert à identifier les grandes religions mondiales) reste en usage mais il faut se demander si c'est le cas, à qui cela peut servir ? À qui ce terme peut être "utile" sur le plan idéologique? Est-ce pour masquer certaines choses et mieux se positionner...
Touchant un point qui est généralement ignoré, Luckmann note que le processus, par lequel on forme nos identités individuelles et collectives est, par ailleurs, fondamentalement religieux. Il l'explique comme suit: (1970: 70)
"The personal identity of a historical individual is, thus, the subjective expression of the objective significance of a historical world view. Earlier we defined the world view as a universal form of religion. Correspondingly, we may now define personal identity as a universal form of individual religiousity."
Touchant ce processus l'anthropologue canadien KOL Burridge note (1979: 36)
"To most Westerners, conception, like birth, is an animal event. But it is neither clearly observable nor regular, predictable, ordered. Inferences and assumptions about its occurrence and significance in relation to the social order form a rich matrix of science, dogma, and mystical lore. Biological and cultural continuities are involved. Why am I here, and why should I be here ? If by design, whose design, and what am I supposed to do with this gift of life ? If by accident - implying design elsewhere - or simply existentially, what can be done with life? Most people look to the cultural categories for their answers. And since for the vast majority the answers have been supplied before the questions are put, they accept and conform with them."
Berger et Luckmann sont d'avis qu'il faut reconnaître l'identité fonctionnelle des cosmologies qui fondent les conceptions de l'homme dans les mythes religieux et les théories psychologiques modernes. (Berger et Luckmann 1980: 160-161)
"If theories about [personal - P.G.] identity are always imbedded in more comprehensive theories about reality, this must be understood in terms of the logic underlying the latter. For example, a psychology interpreting certain empirical phenomena as possession by demoniacal beings has as its matrix a mythological theory of the cosmos, and it is inappropriate to interpret it in a non-mythological framework. Similarly, a psychology interpreting the same phenomena in terms of electrical distubances of the brain has as its background an overall scientific theory of reality, both human and non-human, and derives its consistency from the logic underlying this theory. Put simply, psychology [and, conceivably, all other fields of social research-P.G.] always presupposes cosmology." (souligné par moi-même)
Il va de soi que les écoles sont intimement liées à ce processus de constitution de l'identité personnelle, sur des questions d'attitudes sexuelles, identités sexuelles, des relations interpersonnelles, attitudes vis-à-vis les groupes ethniques ou raciaux, etc. Il est assez évident que les questions que soulèvent ce processus sont inévitablement idéologiques ou religieuses. Le sociologue américain Jerry Bergman remarque sur la position des organismes qui défendent les écoles laïques comporte ce que les érudits post-modernes appellent un "méta-discours" vis-à-vis les religions traditionnelles et la vision du monde judéo-chrétienne en particulier (1979: 27)
"The fact is, it is impossible not to teach about religion in the schools. Even by scrupulously avoiding all references to religion, religious beliefs, and religious events, one is teaching something very definite about religion, i.e., it is not important, it has had a negligible influence on society both historically and currently, and that to some degree it is not necessary. If students spend 12 years learning history, science, sociology, psychology, and geography and rarely encounter religious beliefs, happenings, events, and ideas, they will probably develop very definite conclusions — essentially that religion is not important."
La neutralité religieuse des écoles n'est donc qu'un leurre. Dans la théorie de la communication, élaborée par l'ingénieur Claude Shannon après la deuxième guerre mondiale, on considère que dans un système de communication lorsque la seule réponse à une question est un silence, cela doit être considéré comme tout aussi significatif qu'un oui ou un non explicite. Il y a plusieurs manières de communiquer...
Le rapport Proulx (p. 50) mentionne le processus de "sécularisation" qui a frappé l'Occident et le Québec en particulier depuis les années 60 mais il donne la version "officielle", qui néglige de souligner le caractère idéologique de ce processus. Luckmann souligne que ce processus n'est pas neutre (1970: 91)
"What are usually taken as symptoms of the decline of traditional Christianity may be symptoms of a more revolutionary change: the replacement of the institutional specialization of religion by a new social form of religion."
""Secularization" in its early phases was not a process in which traditional sacred values simply faded away. It was a process in which autonomous institutional "ideologies" replaced, within their own domain, an overarching and transcendent universe of norms."
Le processus de la sécularisation en Occident, et au Québec en particulier, ne consiste donc pas simplement dans une diminution de l'influence des religions judéo-chrétiennes traditionnelles institutionnalisées[6] face aux progrès de la science comme on l'entend généralement, mais coïncide avec l'expansion d'autres institutions (politiques, économiques, scientifiques, etc.), chacune produisant et transmettant un "système de sens ultime" et des valeurs entrant en compétition avec les anciens systèmes de croyances des religions traditionnelles. Règle générale, ces idéologies sont matérialistes (c'est-à-dire qui rejettent la pertinence du concept de divinité).
L'ensemble de ces nouvelles institutions constitue une Église invisible qui propage, selon l'expression de Luckmann, une religion invisible. Quelle est cette nouvelle religion - idéologie? Quelles sont ces dogmes ?
Puisque cette religion est invisible, elle n'a pas de nom. Pour les besoins de la cause ici, on pourrait l'appeler la religion "politically correct" (ou religion pc). Cette religion est d'abord caractérisée par le rejet des grandes religions monothéistes (lorsqu'elles affirment représenter la Vérité), soit l'islam, le christianisme ou le judaïsme. D'autre part, dans la religion pc, il y a une vieille garde matérialiste (qui a régné presque sans opposition pendant la majorité du 20e siècle) et une nouvelle garde montante qui prend une position plus "ouverte" à la religion de manière générale[7]. La position matérialiste de la vieille garde considère que ce qui dépasse le monde observable n'a pas de signification. Elle est fortement identifiée à la Science comme discours porteur de Vérité. C'est ce qu'on appelle le scientisme. Touchant le rôle idéologique du scientisme, Lévy-Leblond et Jaubert remarquent (1975: 41):
"Les gens en général, bien qu'on leur enseigne certains des plus grossiers et des plus anciens résultats de la science, ont toujours eu peu ou pas de compréhension de ce qu'est réellement la science en tant que méthode. Cette ignorance a été perpétuée par tout l'enseignement primaire, secondaire, et même par l'importante partie de l'enseignement universitaire qui ne constitue pas une préparation à la recherche: la science y est enseignée dogmatiquement, comme une vérité révélée. Aussi, le pouvoir du mot «science» sur l'esprit du grand public est-il d'essence quasi mystique et certainement irrationnelle. La science est, pour le grand public et même pour beaucoup de scientifiques, comme une magie noire, et son autorité est à la fois indiscutable et incompréhensible. Ceci rend compte de certaines des caractéristiques du scientisme comme religion[8]."
La nouvelle garde pc qui a été mentionné ci-dessus rejette ce dogme que Science = Vérité. Cette nouvelle garde[9] considère que la science est un discours parmi tant d'autres et ouvre la porte à un syncrétisme tous azimuts, où toutes les religions de l'orient, l'horoscope, les cristaux du Nouvel Âge, le néo-paganisme européen (druides et sorcières) et le chamanisme amérindien peuvent trouver leur place. Rien n'est exclu, sauf les grandes religions monothéistes[10] et le concept d'une Vérité absolue. Ça, la religion pc (nouvelle ou vieille garde) si "tolérante" ne peut le tolérer...
Au delà des quelques principes fondateurs, la religion pc est caractérisée par un foisonnement étourdissant de "sectes" de la droite et de la gauche et tout le spectre des croyances post-modernes et post-humains. Comme le dit Dostoïevski[11] "Tout est permis, un point c'est tout !"
Dans le contexte des guerres d'idées sur la place publique le fait de promouvoir une religion invisible garde un avantage notable. Lors d'une intervention les disciples de la religion invisible ne ressentent jamais le besoin d'identifier leur motivations idéologiques. Le chrétien, par contre, est immédiatement repéré et ses motivations exposés afin que tous puissent les examiner et critiquer.
Le monopole idéologique du gouvernement: Une nouvelle alliance État - Église ?
Évidemment dans le contexte actuel, si on rejette le concept d'écoles neutres sur le plan idéologique ou religieux (agrémentés d'un "bonbon" factice d'un cours de religion qu'on jette aux parents avec des convictions religieuses traditionnelles) le gouvernement se trouve alors en situation de monopole religieux. Les cours de religion ne sont qu'un leurre pour satisfaire les dupes. Dans les faits, le gouvernement contrôle le reste du curriculum et garde la part du lion.
Est-ce vraiment le rôle du gouvernement d'imposer ses croyances sur l'ensemble de la population et ce en contradiction avec les désirs manifestés lors des commissions parlementaires? Mais lorsqu'on est au pouvoir on peut ignorer la volonté du peuple, suffit que les médias aient les même intérêts et ignorent aussi la question et le tour est joué. Est-ce le rôle du gouvernement d'établir une identification à une religion comme ce fut le cas en Europe depuis le moyen âge jusqu'au 19e siècle lorsque presque tous les États européens se lièrent à une église, soit catholique ou protestante? Avec le passage du temps, dans ces états, la religion officielle est devenue généralement sclérosée, méprisée et délaissée. Que les promoteurs gouvernementaux de la religion pc en prennent note...
Ce qu'il y a de particulier au Québec c'est qu'il s'agit d'une société qui, avant la Révolution Tranquille, était dominée dans presque tous les aspects de sa vie sociale par l'Église catholique. Aujourd'hui dans notre société québécoise décléricalisée, c'est l'État qui joue ce rôle. Elle continue de jouer son rôle traditionnel de gestionnaire des divers services publiques (voirie, protection publique, impôts, ordre public, ressources naturelles, etc.[12]), mais à ces services traditionnelles s'est greffé toute une panoplie de services au caractère beaucoup plus idéologique. Le budget et les effectifs gouvernementaux ont évidemment été augmentés en conséquence. C'est à lui qu'affluent les activistes "politically correct" qui veulent changer les attitudes (l'avortement dans les années 70-80, aujourd'hui l'euthanasie, les gaies et lesbiennes, demain les activistes pour les droits des animaux?). Plutôt que de discuter sur la place publique et tenter de convaincre les esprits, il suffit de bons appuis politiques, juridiques et médiatiques. Inutile de convaincre lorsqu'on peut simplement dire aux gens comment et quoi penser. Évidemment, d'un partie politique à un autre, l'accent change mais par rapport à la vision du monde judéo-chrétienne, c'est pratiquement sans conséquences. Mais au niveau de l'éducation par exemple, l'État partage son rôle idéologique avec les hautes instances syndicales des milieux éducationnels, qui jouent un rôle parallèle aux ordres séculiers dans l'Église catholique.
Commentaires sur la balance des préjudices.
Monsieur Legault, dans la balance des préjudices que les juges devront peser, il est évident que le gouvernement du Québec a tout intérêt à isoler l'ACSFPQ de l'ensemble des parents qui ont protesté la liquidation des écoles confessionnelles de manière à rendre leurs préjudices insignifiants par rapport à l'ensemble de la population québécoise. Déjà le préjudice au niveau des choix éducationnels que peuvent exercer les parents de l'ensemble du Québec est grand. Faut-il en rajouter en éliminant ce petit reste ?
Un petit "village" insignifiant de frustres et ignorants qui résiste encore au vainqueur ? S'ils sont isolés de l'ensemble du Québec (et si les médias ne s'intéressent pas à eux), on les écrasera d'autant plus facilement...
En admettant de manière générale le caractère idéologico-religieux des écoles "laïques" que propose le rapport Proulx, il faut alors retourner le commentaire de ce rapport en le paraphrasant afin de mieux voir le dommage qui est fait aux parents des écoles (1999: 50)
"Dans le contexte des sociétés modernes, démocratiques et pluralistes, une religion [politically correct, même prônée par le gouvernement du Québec] ne peut plus prétendre fonder les identités nationales, « normer » la vie sociale, ni définir les institutions [surtout si le peuple québécois ne l'a pas mandaté pour imposer, avec le poids de sa bureaucratie gouvernementale, un tel point de vue idéologico-religieux]. Lorsqu’elle désire maintenir un tel rôle, elle ne peut le faire sans exclure, ne serait-ce que symboliquement, tout citoyen qui ne partage pas sa vision du monde."
Mais qu'est-ce que ce "bonbon" que le gouvernement du Québec lance aux communautés francophones protestantes ? Le point 5 des recommandations du Rapport Parent indique (1999: 230)
"Nous recommandons que les régimes pédagogiques de l'enseignement primaire et secondaire prévoient, en lieu et place des enseignements religieux catholique et protestant, un enseignement culturel des religions obligatoire pour tous."
Et bien "un enseignement culturel des religions"? Mais oui, on enseigne la religion comme on montre les statues et autres vestiges de civilisations mortes dans un musée. (Message subliminale: "Ce sont des artefacts, sans intérêt pour la vie moderne...") De plus, on exige alors que les parents aux convictions chrétiennes se contentent du petit ghetto qu'on appelle "enseignement culturel des religions". Ils doivent se contenter de vivre leur foi dans un petit compartiment politically correct et ne pas déranger le statut quo pc. On veut repousser les évangéliques dans un joli petit ghetto idéologique que notre gouvernement attentionné a préparé juste pour eux.
Les politiciens sont d'ailleurs habitués depuis longtemps à de tels arrangements, pourquoi pas les évangéliques? Si un journaliste futé pose une question d'ordre morale à un politicien, celui-ci devra certes répondre "Personnellement je suis contre, mais..." ce qui implique (lorsqu'on décode le message) que dans sa vie privée il a X convictions (religieuses) mais dans sa vie professionnelle ce sont des convictions pc qui s'imposent. Une espèce de schizophrénie religieuse qui s'harmonise bien avec la religion pc et son monopole sur le discours publique.
La chose est fort courante dans notre monde post-moderne et le sociologue John Schmalzbauer fait les remarques qui suivent touchant l'impact de l'idéologie pc et le lien entre le scientisme et le concept d'objectivité dans la profession journalistique (1996)
"Kenneth Burke (1989) argues that scientistic accounts of the world, including the ideology of journalistic objectivity, narrow what he calls the "circumference" of reality to the naturalistic world, excluding supernatural or moral explanations. It is rooted in a scientistic discourse which can be traced back to the enlightenment. Max Weber (1946 [1918]) argued that the expression of political, normative, or religious concerns in the professions would (and should) become increasingly uncommon. Through the process of rationalization and the "disenchantment of the world," the ideals of value-neutrality and objectivity would be enshrined, and the normative withdrawn from the realm of professional expertise. Following up on Weberian themes, the Frankfurt school argued that professionals tend to divorce the scientific from the ethical, the true from the good, and the empirical from the normative (Held 1980; Marcuse 1964)."
"In the sociology of journalism, objectivity is a boundary-demarcating ideology, used to dramatize the autonomy of journalism from the popular will, the market, morality, political ideologies, and the personal values of the journalist (Schudson 1978). Gans (1979) argues that journalists today practice "value exclusion" and embrace a form of positivism, while Tuchman (1972) sees objectivity as a "credibility enhancing" ritual used to defend journalists' from outside critics. Finally, Michael Schudson (1990) contends that objectivity is ultimately a "moral philosophy" and "declaration of what kind of thinking one should engage in making moral decisions," arguing that under the influence of objectivity, "the world changed from one seen as God-ordained and ethically oriented to one regarded as 'causal mechanism.'"
Malcom Muggeridge, un des journalistes anglais les plus renommés du 20e siècle, est aussi d'avis que le conformisme des médias est indicatif d'un train de pensée ou une idéologie et ce conformisme tend à rendre le discours médiatique homogène et parfaitement prévisible (1978: 91)
"There is something, to me, very sinister about this emergence of a weird kind of conformity, or orthodoxy, particularly among the people who operate the media, so that you can tell in advance exactly what they will say and think about anything[13]. It is true that so far they have not got an Inquisition to enforce their orthodoxy, but they have ways of enforcing it which makes the old thumbscrews and racks seem quite paltry."
Dans la vision du monde pc, le christianisme (et toute autre religion) reste tout à fait admissible dans le domaine de la "vie privée" mais, s'il s'affirme sur la place publique, c'est autre chose. Faut pas mélanger les deux... Et il ne faut surtout pas remettre en question le monopole idéologique pc sur la place publique. Ça, jamais! Alors dans ce contexte il est tout à fait compréhensible que le gouvernement du Québec soit étonné que le bon peuple ne soit tout frémissant de gratitude vis-à-vis de ses "largesses". Mais les évangéliques n'en veulent pas de la "petite boîte" du gouvernement ni de la religion colonisée qu'il implique.
En guise de conclusion il est bien ironique que le rapport Proulx mentionne dans la section "Conclusion et recommandations" (1999: 229)
"Les changements au contexte culturel et démographique ainsi que les problèmes concrets soulevés par la confessionnalité scolaire incitaient d'ailleurs d'ores et déjà à reprendre ce débat."
Si dans le contexte des écoles à projet particulier le gouvernement du Québec considère qu'il faut tenir compte de "changements au contexte culturel et démographique", il y a lieu de se demander comment se fait-il que ce même gouvernement n'ait pas songé à tenir compte de tels changements lorsqu'il propose des politiques et lois sur la langue de l'affichage commerciale ou encore sur la langue en milieu de travail (tandis que la proportion de francophones au Québec stagne ou diminue, sans parler de l'avortement)? Est-ce une question qui se pose ? Sans doute non...
Références
Augé, Marc Génie du Paganisme
Ed. Gallimard Paris 1982 336 p.
Berger, Peter et. The Social Construction of Reality
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[1]- En particulier le point 4 des conclusions (p. 230) qui stipule "Nous recommandons que la Loi sur l’instruction publique précise que les valeurs et les croyances propres aux confessions religieuses ne peuvent servir de critères pour l’établissement d’une école à projet particulier."
[2]- Ce point est assez vague et semble ouvrir une porte où l'on admettrait des écoles à projet particulier mais non-"religieux". Il faut alors se demander si le point 4 ne vise strictement que les grandes religions monothéistes ou est-ce que toute forme de religion ou idéologie serait sujet à censure ? Si tel est le cas ,quels sont les critères qui servent à identifier ces religions ou idéologies? Peut-on les rendre publiques afin que tous puissent les examiner et établir leur justesse ?
[3]- (Traduction de l'auteur) Immédiatement après cette phrase Whitehead 'atténue' ces affirmations en laissant planer un doute sur l'idée que la logique de la théologie judéo-chrétienne pouvait justifier la foi dans un monde ordonné et intelligible. Il est un peu difficile de déterminer ce qu'il veut dire au juste par ceci étant donné que ses propres affirmations (dans la citation) rendent très bien compte de l'intelligibilité de la nature en fonction de l'intelligibilité du Créateur... à moins de considérer la notion d'un Dieu omniscient et omnipotent comme étrangère à la cosmologie judéo-chrétienne ! Il semble que cette interrogation soit surtout une concession au positivisme régnant. Whitehead ne prend d'ailleurs même pas la peine de la justifier, du moins dans la dissertation sous la considération.
[4]- Lié généralement à l'existence d'êtres surnaturels.
[5]- Voir mon article: Mythe d'origines et théorie de l'évolution.
[6]- Qui ne sont remplacés par aucune religion.
[7]- Mais qui exclue toujours les prétentions à la Vérité des grandes religions monothéistes.
[8]- Le sympathique philosophe de la science Paul K. Feyerabend fait les remarques suivantes sur cette question (1979: 348):
"Une science qui se targue de posséder la seule méthode correcte et les seuls résultats acceptables est une idéologie, et doit être séparée de l'État [et de son support financier ?? - PG] et particulièrement de l'éducation. On peut l'enseigner, mais uniquement à ceux qui ont décidé d'adopter cette superstition particulière."
[9]- Qui comporte beaucoup de liens avec le discours post-moderne.
[10]- Par contre, dès que ces religions abandonnent leur concept de Vérité, alors elles sont évidemment les bienvenues aussi...
[11]- La citation complète est:
"(...) comme Dieu et l'immortalité n'existent pas, il est permis à l'homme nouveau de devenir un homme-dieu, fut-il seul au monde à vivre ainsi. Il pourrait désormais, d'un cœur léger, s'affranchir des règles de la morale traditionnelle, auxquelles l'homme était assujetti comme un esclave. Pour Dieu, il n'existe pas de loi. Partout où Dieu se trouve, il est à sa place ! Partout où je me trouverai, ce sera la première place... Tout est permis, un point c'est tout !..."
(Dostoïevski 1879/1973, II: 330-331)
[12]- Et le maintien de ces services est un excellent paravent pour masquer l'ensemble de l'implication idéologique du reste des services gouvernementaux. Puisque son pouvoir idéologique est largement fonction de son aura de "neutralité" elle résistera de toutes ses forces à admettre son rôle idéologique.
[13]- On peut penser aux perspectives admises sur des questions comme l'euthanasie, l'avortement, l'homosexualité, etc.
Le site de la Coalition Valeurs Éducation