m. Descôteaux,
Voici une note envoyée le 5/12/06 à m. Bernard Descôteaux l'éditeur en chef du Devoir sur la question du mariage gai. Une lettre semblable a été envoyée à l'éditeur du Soleil.
Éditeur en chef du Devoir
Comme c'est devenu la tradition dans la presse francophone, dans les pages du Soleil (dimanche du 3/12/06 pages A10-A11) s'est fait le devoir de servir de tribune pour la propagande gaie en nous affirmant la "normalité" du mariage gai. Entre autres, on nous y fait le commentaire suivant (citant la sociologue A-M Ambert):
"Les gens pensent que la famille traditionnelle (...) est la recette idéale, souhaitable au développement harmonieux de l'enfant, notamment sur le pan de son identité sexuelle" explique-t-elle, or il semble bien que cette croyance gagerait à être actualisé".
Par la force des choses, cette perception des choses devient le discours "officiel" en milieu francophone. Un discours qui ne saurait souffrir aucune critique, aucune remise en question sérieuse dans notre presse si “ objective ”. Ils prennent leur Ritalin de manière tout à fait obéissante. Faut pas trop s'énnerver après tout. J'ai peu de raisons de croire que cet état des choses soit différent au Devoir.
Le terme "actualisé" utilisé ci-dessus est fort intéressant. En tant qu'anthropologue, je peux vous affirmer que les questions des rapports entre les sexes et de la sexualité en général sont toujours liées à la cosmologie d'une civilisation et la cosmologie, à son tour, est toujours liée à une religion. La question se pose donc si on veut "actualiser" les opinions du "bon peuple", à quel système idéologico-religieux veut-on qu'ils se convertissent? Si on peut fermer la porte au Témoin de Jéhovah qui veut nous vendre sa salade le samedi matin, peut-on remettre en question la salade que veulent nous vendre les élites gaies?
Il serait grand temps de donner à vos lecteurs un autre son de cloche sur ce débat, question d'intégrité journalistique.
Oseriez-vous allez vous publier un article (sans manipulations éditoriales ou censure) de l'activiste promariage m. Louis De Serres (http://www.preservemarriage.ca/fr) par exemple sur la question qui traite de la réalité de la vie des enfants de couples gais? Sinon oseriez-vous allez vous donner un droit de parole à quelqu'un de l'envergure de Denise Bombardier sur cette question ? Ou faut-il que le "bon peuple" se contente toujours de la pensée unique "politiquement correct"? Est-ce possible que nos élites puissent faire preuve de tolérance lorsqu'il est question de positions non-"politiquement corrects" ou se peut-il que ce droit soit réservé uniquement à ceux et celles qui chantent le refrain de l'idéologie gaie...?
Oseriez-vous signaler dans vos pages par exemple que la loi canadienne C38 (29 juin 2005) viole le droit des enfants d'avoir un père et une mère et trahis la signature du Canada à la Convention des Droits de l'Enfant de 1989 à l'ONU, qui affirme que "L'enfant a le droit de connaître, et d'être élevé par ses parents naturels" (art. 7)? Bof, les enfants, ça ne compte pas faut croire...
Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas la première société à expérimenter une "ouverture" à l'égard du comportement gai. Dans l'Antiquité, chez les grecs et les romains, le comportement gai était ouvertement admis. Mais une question attira mon attention. J'ai posé la question suivante à un prof d'histoire, spécialiste de ces civilisations, la question suivante: "Connaissez-vous des sociétés de l'Antiquité qui ont admis le mariage entre partenaires du même sexe?"
La réponse était simplement non... Pour les grecs, il a répondu ce qui suit:
"Il n'y a aucune source attestant des mariages gais dans l'Antiquité grecque, et ce, depuis l'époque archaïque (800-500 av. J.-C.) jusqu'à la fin de l'époque hellénistique (31 av.J.-C.). Dans l'esprit grec, cela était absolument inconcevable, car l'un des devoirs fondamentaux du citoyen grec était de participer au renouvellement du corps civique, au sein de la cité. Le mariage entre citoyen et citoyenne était considéré comme le seul garant de la continuité de la société."
Cela ne devrait-il pas nous faire poser des questions avant d'endosser aveuglement les exigences des élites gaie? Ne vaut-il mieux pas réfléchir un tout petit peu avant de se lancer dans une telle aventure? Même la France, pays si "politiquement correct" a rejeté le concept du mariage gai (et de l'adoption d'enfants par des couples gais qui en est la suite logique). 'Angleterre a fait de même...
Et ce prof m'as demandé de taire son nom. Ce n'est pas un hasard. Faut croire que les élites gaies peuvent exercer des pressions jusqu'en milieu universitaire...
Nous faut-il donc tous réciter en choeur le catéchisme de l'idéologie gai que veulent nous imposer les intégristes "politiquement corrects"? Est-ce que la liberté de parole va se réduire à réciter le refrain de nos élites postmodernes? Déjà en 1958, l'écrivain Aldous Huxley prévoyait, avec une précision extraordinaire, notre situation actuelle dans le Retour au Meilleur des mondes (1958/1990: 144):
"Sous l'impitoyable poussée d'une surpopulation qui s'accélère, d'une organisation dont les excès vont s'aggravant et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques — élections, parlements, hautes cours de justice — demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle forme de totalitarisme non violent. Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu'ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusés et de tous les éditoriaux — mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme. Entre-temps, l'oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera."
Il est assez étonnant de constater que déjà au XIXe siècle de Tocqueville a bien compris certains aspects d'une telle situation. Il affirme (1840: 4e partie, ch. v):
Je ne crains pas non plus d'avancer que, chez presque toutes les nations chrétiennes de nos jours, les catholiques aussi bien que les protestantes, la religion est menacée de tomber dans les mains du gouvernement. Ce n'est pas que les souverains se montrent fort jaloux de fixer eux-mêmes le dogme; mais ils s'emparent de plus en plus des volontés de celui qui l'explique: ils ôtent au clergé ses propriétés, lui assignent un salaire, détournent et utilisent à leur seul profit l'influence que le prêtre possède; ils en font un de leurs fonctionnaires et souvent un de leurs serviteurs, et ils pénètrent avec lui jusqu'au plus profond de l'âme de chaque homme.
Mais nous sommes bien au-delà d'une telle situation, car on voit couramment, État, instances médiatiques, et élites juridiques qui redéfinissent le bien et le mal et nous dictent le dogme d'une manière que de Tocqueville n'aurait jamais imaginé...
portez-vous bien
Paul Gosselin
Auteur de Fuite de l'Absolu (2006)
HUXLEY, Aldous (1958/1990) Retour au meilleur des mondes. Plon [Paris] 155 p.
TOCQUEVILLE, Alexis de (1840) De la démocratie en Amérique. vol. II
Certains vont peut-être se moquer du manque de courage du professeur d'histoire de prendre position publiquement sur la question du mariage gai, mais il faut noter que les élites "politiquement correct" ont accès à une arme redoutable pour étouffer toute critique de leur idéologie. Il s'agit de l'accusation de homophobie, qui comporte l'affirmation implicite que l'accusé est, d'une certaine manière, “ raciste ” et qu'il tient un discours dite "haineux". Lorsqu'on y regarde de plus près, ça ne contient que de l'air, mais pour le moment, ce genre d'accusation est une matraque extraordinairement efficace pour faire taire toute critique sérieuse de la part d'intellectuels ou de journalistes[1]. Très peu de professeurs d'université (même agrégés) ou de journalistes dont le travail est sûr oseront courir le risque de se faire coller cette étiquette. Cela peut avoir des conséquences sérieuses sur la carrière. Denise Bombardier, par exemple, qui travailla longtemps comme journaliste à Radio-Canada[2] a été le sujet de plaintes et a subi (en 2003) la perte de deux émissions après avoir prise position contre le mariage gai[3]. Il est pensable aussi que sa migration vers la chaîne TVA soit liée à ce litige aussi. Dans l'Occident postmoderne, l'accusation d'homophobie vaut presque l'accusation d'hérésie au Moyen-Âge, sauf que dans ce cas-ci on ne cherche pas la destruction ou l'exile de l'hérétique, mais tout simplement le voir discrédité sur la place publique. On cherche donc à détruire son INFLUENCE, son droit d'être entendu devant la collectivité. Pour un examen critique de ce concept d'homophobie, jetez un coup d'œil au texte qui suit:
Homophobie: déconstruction du concept. Paul Gosselin
[1] - Comme on a pu le voir dans le cas de Denise Bombardier, autrefois jouranliste à Radio-Canada. Voir la prise de position de Mme Bombardier :
L'animatrice Denise Bombardier anime un premier débat sur la question du mariage gai à Radio-Canada
Voir à ce sujet un point de vue gai : Sauvons La Bombardier ! par : Denis-Daniel Boullé
On le voit bien sur ce site, toute remise en question sérieuse de l'idéologie gaie est donc considérée un discours homophobe.
[2] - Michelle Coudé-Lord (18/02/2004) Bombardier: “flushée” par courriel.
[3] - Entrevue de Denise Bombardier dans l'affaire du mariage gai : le Conseil de presse du Québec blâme Radio-Canada - La Fondation Émergence salue la décision.