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Samizdat

Les trois mousquetaires de la Bible

ou
un plan du Salut habilement caché.





Auteur: Christian Bourgeois (© mars 2010)


Vingt ans après avoir croisé le chemin de ceux qui furent l'objet de ma première prédication, voilà que de nouveau ils se présentent à moi.

Nabuchodonosor
Une gravure de Nabuchodonosor II
Tels les héros d'Alexandre Dumas, ils ne semblent pas avoir pris une ride et comme d'eux, il émane un mystère que j'aimerais, avec vous peut-être, essayer de percer.

L'action se passe six cents ans avant Jésus-Christ lorsque Nabuchodonosor vient assiéger Jérusalem avec le succès que l'on connaît.

Songez que Bouddha a environ soixante ans et que Confucius naîtra dans à peu près trente ans.

Le roi de Babylone ne revient pas les mains vides et il amène avec lui ceux que l'on nomme les déportés de Juda.

Pas n'importe quels déportés.

Des fils de sang royal, des nobles de l'aristocratie d'Israël, des garçons beaux à voir, instruits en toute sagesse et experts en savoir, mais pas seulement. Ces jeunes gens doivent aussi être plein de vigueur et en bonne santé.

De tous, le prévôt du roi en retient quatre: Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria.

Loin de leur pays et de leurs familles, les quatre jeunes se voient aussi dépossédés de leur nom Hébreu.

C'est ainsi que Daniel devient Beltshassar, Hananya devient Shadrack, Mishaël devient Méshak et Azaria, Abed-Négo.

Quoique déportés loin de chez eux, le quator ne se résigne pas à se souiller avec les mets du roi (probablement sacrifiés aux idoles) et propose, mais j'ai envie d'écrire: impose, au prévôt de leur servir à table des menus à base de légumes et d'eau pendant dix jours. Celui-ci jugera alors si ce menu leur convient (N'oublions pas qu'en cas d'échec le brave homme risque sa tête!).

Le test est probant au grand soulagement du prévôt et les quatre jeunes gens sont mis à part des autres.

Mis à part ou sanctifiés, je dirais que les deux termes sont étrangement synonymes.

Toujours est-il que Dieu donne à ces garçons la science et les instruit en toute littérature et sagesse (Chapitre 1 v 17).

Déjà, l'auteur du Livre de Daniel nous place devant une étrange situation.

N'est-ce pas Nabuchodonosor qui a voulu mettre à part des jeunes gens pour son service en les instruisant de toute la science Chaldéenne (Chap 1 v 4)?

Et alors que le roi pense avoir pris une entière autorité sur nos mousquetaires en changeant jusqu'à leurs noms, voilà que déjà il semble qu'il soit dépossédé de son pouvoir sur eux.

Il n'est plus dit que c'est le roi qui instruit les jeunes gens, mais que c'est Dieu.

Quatre Israélites choisis par Dieu pour être au service du pire ennemi d'Israël et le faire prospérer, voilà de quoi interpeler le plus distrait d'entre nous, et l'un de ces quatre sera l'un des plus grands prophètes de l'histoire d'Israël!

Mais Nabuchodonodor est un roi à l'esprit anxieux et après avoir passé une très mauvaise nuit, le monarque très soupe-au-lait décide de faire tuer tous les sages de Babylone s'ils ne lui révèlent pas le mystère qui se présente à lui.

L'habile D'Artagnan-Daniel sort tout le monde de ce délicat pétrin et donne au roi l'explication de ce songe qui le perturbe tant.

Si le propos n'est pas de parler ni du rêve ni de son interprétation, il n'est pas possible de passer sous silence la façon dont Dieu conduit les choses.

En effet, qui d'autre que Lui aurait pu avoir l'idée d'inspirer au roi une méfiance aussi extraordinaire (Et unique dans toutes les histoires qui traitent de ces sujets!) envers ces propres devins au point de leur demander non pas l'interprétation du songe mais de le raconter!

Impossible, n'est-ce pas?

Pour Daniel aussi, la chose est impossible.

Mais il a ses amis auxquels il demande d'intercéder en sa faveur. Qui sait si l'affaire ne vient pas de Dieu lui-même et si ses aptitudes à comprendre les songes et les visions ne pourront pas servir la cause du roi et des autres mages par la même occasion?

Qu'elle est vraie cette devise: "Un pour tous, tous pour Un!"

Daniel qui reçoit de Dieu l'extarordinaire révélation du songe du roi est propulsé premier personnage du royaume et ses amis sont préposés à l'administration de la province de Babylone.

Mais Nabuchodonosor est orgueilleux.

Quoi de plus normal en fait lorsque l'on est le roi le plus puissant du monde connu et que l'on a droit de vie et de mort sur tous les êtres humains en fonction des caprices du moment?

D'où lui vient alors cette idée saugrenue que de se faire ériger une statue?

Quel autre besoin avait-il sinon celui de découvrir s'il en existe un plus grand que lui?

Un besoin en or de trente mètres de haut sur trois de large, environ?

Peut-être un doute s'est-il installé dans son esprit: " Ne serais-je pas un dieu moi aussi?"

En monarque absolu qui fait régner la terreur par sa folie furieuse, Nabuchodonosor oblige chacun et chacune à se prosterner devant elle, ou plutôt devant lui, sous peine d'une mort immédiate par le feu.

Mais on ne se prosterne pas devant les dieux faits de main d'homme quand on est Juif et nos trois mousquetaires incorruptibles refusent de se plier à ses ordres.

Il serait intéressant de décrire la scène un peu plus précisément. Je gage que certains Chaldéens (peut-être d'ailleurs ces mêmes Chaldéens sauvés d'une mort certaine par Daniel), parfaitement au courant des coutumes juives et surtout jaloux de la position des trois compagnons se sont empressés de les surveiller afin de mieux pouvoir les dénoncer - ne l'ont-ils pas fait pour Daniel plus tard?.

Le roi est furieux et fait amener les jeunes gens en sa présence.

Cependant, il n'est pas insensible à la prestance de Shadrack, Méshack et Abed-Négo ni oublieux des services rendus par eux mais aussi par Daniel, étrangement absent de cette séquence vu son rang.

Alors, le roi leur tend la perche, mais à la menace de mort s'ajoute le doute: "... Quel est le dieu qui vous délivrera de ma main?"

Ou plus subtilement: "... Quel dieu pourrait être aussi fort que moi?"

Voilà une réponse au doute qui s'est insinué: Non seulement Nabuchodonosor est un dieu, mais probablement le plus grand.

J'ai dit plus haut que Dieu avait dépossédé Nabuchodonosor de son autorité sur les jeunes gens. La réponse des trois mousquetaires est sans équivoque (Chapitre 3 v 16-17-18):

"Nous n'avons pas besoin de te répondre quoi que ce soit à ce sujet".

Quoi! Le plus dieu des dieux remis en question par des humains! Des humains qui, fort habilement placent le roi sur le terrain de la compétitivité.

De quoi plonger n'importe quel monarque dans la plus sombre des colères (Et pas qu'un monarque d'ailleurs).

Je dois m'arrêter sur le verset 18:

"Même s'il (Dieu) ne le fait pas (de nous délivrer de la fournaise...), sache bien, ô roi que nous ne servirons pas tes dieux et que nous n'adorerons pas la statue d'or que tu as dressée".

Dieu délivre! Alléluia!

Dieu est Sauveur, il est celui qui protège la veuve et l'orphelin, alors quoi de plus normal que ses serviteurs soient libérés de la terrible épreuve qui les attend?

Regardons d'un peu plus près.

Ils sont devant une foule immense et dans cette foule aux premiers rangs leurs principaux détracteurs.

Des Chaldéens, jaloux de ces Juifs qui leurs prennent la première place dans le royaume, eux qui ont bâti leurs vies sur un seul et unique désir: être le premier, après le roi s'entend, du royaume.

La convoitise ouvre la porte à bien des pensées perverses.

Alors, ils se tiennent là ces notables, l'air religieux, pensifs, attentifs aux moindres désirs du roi, et prêts comme jamais à répondre au moindre souhait de leur bien-aimé monarque.

Ils ne peuvent se retenir de se frotter les mains, ou de serrer les poings, et malgré tous leurs efforts pour rester dignes, une lueur de mépris et de mort traverse leur regard.

Les trois mousquetaires se regardent, indifférents à l'atmosphère pesante qui règne, sous le feu des projecteurs, pour parler moderne.

Car autour d'eux, les différents rois et chefs des provinces environnantes ainsi que leurs épouses, des gens de tous pays et toutes langues se sont massés.

Impossible dès lors pour Nabuchodonosor de subir cet affront devant tant de monde sans réagir.

Comment un monarque absolu pourrait-il accepter une telle humiliation?

Est-ce qu'un seul de nos dictateurs d'aujourd'hui accepterait cela?

Le temps s'est arrêté.

Shadrack, Méshak et Abed-Négo ont parlé d'une seule voix. Peu importe qui a ouvert la bouche, l'auteur ne le précise pas.

Et quelle importance d'ailleurs? Quand on est Un, on ne revendique pas une telle gloire et cela s'appelle l'humilité.

Quelle maturité chez ces trois hommes! J'y ai découvert l'essence même de ce que signifie: "être accompli".

Ils sont séparés, sanctifiés, apparemment abandonnés par ce Dieu qu'ils servent avec persévérance dans ce pays hostile, et pourtant.

Une étape est franchie: qu'importe Dieu: "Nous ne servirons pas tes dieux!

Nous sommes différents.

Ta statue est peut-être en or, mais elle ne te sera d'aucune utilité lorsque tous ces peuples qui t'admirent aujourd'hui t'abandonneront aux jours de ton déclin.

Qu'importe notre vie, nous ne la gâcherons pas en nous prosternant devant une statue muette".

Dans le désert qu'ils traversent, nos héros ne commettent pas l'erreur de se tourner vers le veau d'or.

Sur le lieu où la statue est érigée, un silence de plomb remplit l'atmosphère.

Soudain, face à cette foule immense, le roi a peur.

Peur de perdre sa notoriété, peur d'être humilié publiquement par ceux-là même qu'il désire dominer.

Alors sa fureur le submerge: il ordonne de chauffer la fournaise sept fois plus qu'il n'est possible et d'y précipiter les trois hommes.

La flamme est si puissante qu'elle tue les soldats qui hissent les victimes dans la fournaise. Les soldats, mais pas les jeunes gens.

Tout le monde retient son souffle.

Nabuchodonosor se lève d'un air victorieux. Son regard parcourt la foule de laquelle monte une véritable ovation.

D'un geste auguste il fait taire tout le monde puis se tourne lentement d'un air stupéfait.

Plus fort que le bruit du feu, un chant monte de la fournaise et remplit l'atmosphère.

Nabuchodonosor n'en revient pas.

Ce ne sont plus trois hommes qui sont dans la fournaise, mais quatre.

Quant au quatrième, son allure est telle qu'aux yeux du roi il ressemble à un fils des dieux.

À la demande du souverain, Shadrack, Méshak et Abed-Négo sortent de la fournaise sans ce fils des dieux.

Tout le monde en est témoin: le feu n'a eu aucune prise sur eux. C'est un miracle.

Je reviens un instant sur cette intervention divine.

Ce "fils des dieux" est probablement le Seigneur Jésus.

Ce qui me surprend, c'est qu'il ne parle pas avec Nabuchodonosor. Le dédaigne-t-il?

Le Roi des Cieux contre le roi de la Terre ou le pot de fer contre le pot de terre.

Il reste dans la fournaise de laquelle il disparaît comme il y est entré, mais de sa part, aucune mesure de rétorsion contre le roi, contre son orgueil de la part de ce Dieu.

Juste une étape de plus dans la révélation faite à Nabuchodonosor.

Alors, face à la foule, Nabuchodonosor proclame un oracle.

Le roi incontesté du monde connu reconnaît que oui, un autre dieu que lui peut délivrer de la fournaise ardente et que pour cela, ce Dieu peut aller là où lui-même ne pourrait aller

Il reconnaît qu'il vaut mieux transgresser ses ordres que de trahir sa foi envers le Dieu vivant et élève ces trois héros de la foi qu'il fait ensuite prospérer.

Curieusement, le roi n'a plus peur de subir une honte publique.

Shadrack, Méshak et Abed-Négo ne sont pas nommément cités dans la liste de Hébreux 11 et c'est presque dommage car ils sont de ceux qui ont écrit l'histoire du peuple de Dieu non sur de la pierre ou du papyrus mais dans les flammes de la persécution, précurseurs involontaires de ceux qui à cause de leur foi allaient subir de terribles châtiments.

Je pense à ces chrétiens qui sont descendus dans les arènes en chantant eux-aussi, mais pour y mourir, à tous ceux qui, ignorés de tous, ont payé de leur vie leur détermination à ne pas (se) trahir.

De ces trois hommes on ne parle guère dans les prédications et c'est une grave lacune car leur engagement est à la mesure de l'Amour de Dieu: inconditionnel.

Ils doivent être pour nous tous des exemples de ce que intégrité veut dire.

J'avoue que je n'avais pas pensé à cela en commençant cette étude, mais il y a dans la somme de toutes ces révélations, un formidable chemin pour Nabuchodonosor.

Il y a le songe de la statue, la vision dans la fournaise, le songe du grand arbre, cette terrible épreuve que doit subir le roi de Babylone durant sept périodes, toutes les révélations que lui apportent Daniel et ses amis, les Trois Mousquetaires mis au service d'un roi arrogant dans un seul but: ouvrir à Nabuchodonosor et à son peuple le chemin du Salut.

Trois Mousquetaires pour sauver un roi...

... Décidément, les pensées de Dieu ne sont pas les pensées des hommes.

Est-ce que nous n'avons pas, malheureusement trop succintement, suivi un court instant le chemin des Ecritures?

Quel chemin?


Apprendre de Dieu, tout simplement.


Bible de référence: TOB



Autre ressource

The heat is on - Daniel 3. (A sermon by Melvin Tinker from the morning service on 9th May 2010)