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Samizdat

Interprétations de
Matthieu 16:13-20*






Raymond Boivin

L'homme est une étrange créature. Il ne se contente pas de manger, boire et dormir; il recherche des choses aussi impalpables que sa raison d'être dans l'univers ou sa destinée éternelle. Pour le chrétien, la réponse à ces questions et à bien d'autres se trouve dans la Bible qu'il qualifie être la Parole de Dieu. Mais peut-on raisonnablement baser toute notre vie sur un livre qui semble, au premier abord, être la source de nombreux conflits? En effet, la multitude de sectes et de dénominations chrétiennes existantes donne à penser que l'on peut faire dire ce que l'on veut à ce livre. Mais en est-il vraiment ainsi?

Si Dieu a voulu que son message pour l'humanité soit écrit, c'est donc qu'il a voulu qu'il soit compris. C'est pourquoi l'homme recherche depuis longtemps le sens exact des paroles divines contenues dans la Bible. Certains pigèrent à droite et à gauche des miettes de connaissance et établirent ainsi leur doctrine personnelle. D'autres, plus systématiques, fouillèrent et cherchèrent afin de donner à leur compréhension du texte une base plus solide. C'est ainsi qu'avec les siècles, l'art et la science d'interpréter les Ecritures, l'herméneutique, s'est développée.

Dans le présent travail, nous allons donc considérer les méthodes d'interprétation que certains théologiens utilisèrent. Pour ce faire, une portion des Écritures a été choisie comme base de comparaison, en l'occurrernce la déclaration de Pierre à Jésus telle que rapportée en Mt 16.13-20. Dans un premier temps, nous présenterons diverses interprétations non-évangéliques qui ont déjà été proposées pour ce passage. Ensuite, nous produirons une évaluation des interprétations présentées en expliquant les raisons motivant nos désaccords, s'il y a lieu. Et finalement, nous offrirons une alternative conservatrice / évangélique.

Puisse ce travail nous aider à comprendre comment interpréter les Écritures et par le fait même, recevoir de Dieu le message qu'il a pour nous.

DIVERSES INTERPRÉTATIONS NON-ÉVANGÉLIQUES

Le passage que nous avons choisi a été, dès les premiers temps du christianisme, l'objet de nombreuses interprétations. Il faut cependant faire une mise en garde en partant: même si une interprétation est clairement identifiée à un groupe religieux, on ne doit pas en conclure qu'elle est unique pour celui-ci. En effet, et tout particulièrement pour ce passage, il peut y avoir divergences d'opinion dans le sein même du groupe en question. C'est pourquoi nous identifierons les diverses interprétations que nous étudirons à une personne en particulier. Lorsque cela sera possible, nous donnerons l'allégeance religieuse de ceete personne de façon à orienter notre compréhension des présuppositions possibles.

De plus, nous indiquerons pour chaque interprétation le texte biblique retenu par l'interprète, ceci étant très important pour comprendre sa pensée. En effet, les mots utilisés ainsi que la grammaire font intrinsèquement partie du sens qui est donné. Pour faciliter les références aux sources utiliées, l'ouvrage principal de consultation sera indiqué au début de chaque interprétation. Sauf indications, c'est à cet ouvrage que nous ferons généralement référence.

A. Jean Chrysostome, une interprétation en Orient
Jean Chrysostome était le plus grand théologien de l'école d'Antioche à la fin du 4ème siècle.(Nicole, 51). Son interprétation est tirée des Oeuvres complètes de S. Jean Chrysostome.

Jésus amène ses disciples à Césarée de Philippe pour les éloigner des juifs. De cette façon, ils pourront vraiment dire ce qu'ils pensent de lui. Il leur pose alors une question qui a pour but d'en préparer une autre, pour ainsi passer d'un niveau inférieur de pensée à un niveau supérieur. Il leur demande ce que les gens (non ses adversaires) pensent de lui, le Fils de l'homme. Ce titre est choisi pour amener les disciples à éventuellement confesser sa divinité dans son incarnation. “Fils de l'homme” désigne souvent ailleurs sa divinité (Jn 3.13, Jn 6.63) (379).

Le peuple voyait que Jésus faisait “des miracles au-dessus de la puissance des hommes” (Chrysostome, Enseignements pratiques 411). Il était donc un grand homme, mais sans plus.

Vous s'adresse à ces disciples qui avaient été constamment avec lui, témoins de ses prodiges et qui en avaient eux-mêmes opérer (380).

Pierre , la bouche des apôtres répond :” Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant.”

Pierre a confessé la filiation divine de Jésus, non pas comme ceux qui, dans la barque disaient: “Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu”. Ceux-là ne furent pas déclarés bienheureux. Ils considéraient Jésus comme ayant été élevé à ce titre. Pierre, lui, déclare le Fils comme étant de la même substance que le Père (380).

Jésus appelle Simon fils de Jona pour “déclarer qu'il était aussi réellement Fils de Dieu que Pierre était fils de Jona” (381). De plus, ce n'est pas son affection ou un sentiment de prévenance adulatrice qui a amené Pierre à faire cette confession. C'est le Père qui lui a dicté son langage, faisant de cette déclaration un dogme divin.

Sur la foi de la confession de Pierre (sur cette pierre), un grand nombre d'hommes croiront un jour. Il fait de Pierre un pasteur (382).

Contre l'Église (382).

Ces clefs sont le pouvoir de lier et de délier dont on peut voir l'interprétation ci-dessous (382).

Il lui promet deux choses: “l'une de remettre les péchés, l'autre de rendre son Église immobile au milieu de tant de flots, et de faire voir dans un simple pêcheur une fermeté plus solide que n'est celle de la pierre lorsque tout le monde se soulèverait contre lui et lui déclarerait une guerre ouverte” (Chrysostome, Enseignements pratiques 414-415). Il rend ainsi Pierre, un homme mortel, maître de tout ce qui est dans les cieux.

Jésus leur fit cette injonction d'abord pour que la croix ne soit pas un obstacle à leur prédication si elle avait été trop hative. Ensuite, il fallait que la résurrection vienne corroborer cette prédication avec puissance. (383)

B. Jérome, une interprétation en Occident

Jérome est un érudit de la fin du 4 ème siècle de l'Église d'Occident. Il s'est fait particulièrement remarqué par sa traduction de l'Ancien-Testament qu'on nomma la Vulgate (Nicole, 61-62). Son interprétation est tirée du livre Commentaire sur S.Matthieu.

Or Jésus vint dans la région de Césarée de Philippe.

C'est une ville située dans la province de Phénicie.

Et il demandait à ses disciples: “Au dire des hommes, qui est le Fils de l'homme?”

Jésus utilise le terme “Fils de l'homme” pour ne pas paraître vaniteux. Partout dans l'Ancien Testament, là où on lit “Fils de l'homme, l'hébreu dit “Fils d'Adam”. C'est donc un terme qui décrit l'humanité. Pour cette raison. Jésus demande ce que les hommes disent de cet homme. Car ceux qui déclarent sa divinité ne sont plus des hommes mais des dieux (13).

Ici, Jérome spécifie qu'il est hasardeux de vouloir, comme d'autres commentateurs l'on fait, expliquer chaque erreur (13)

“Mais vous” est en opposition à “Au dire des hommes”. On doit donc comprendre “Mais vous qui êtes des dieux”. Pierre répond alors au nom de tous les apôtres. Il qualifie son Dieu de “vivant” en opposition aus idoles païennes qui sont mortes (15).

En réponse, Jésus lui déclara: “Heureux es-tu, Simon Barjona, parce que ce n'est ni la chair ni le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux.”

Puisque c'est la grâce de l'Esprit-Saint qui lui a révélé cela, alors Pierre en est le fils. Il recoit donc le nom de Barjona qui veut dire “fils de la colombe”. De plus, dans le récit de l'Apôtre, l'expression “je n'ai point pris conseil de la chair et du sang” désigne les juifs. En conséquence, ce n'est point la doctrine des Pharisiens qui a été la source de la révélation (15,17).

Ceci n'est pas une parole vaine. Ce que Dieu dit, il le fait (17).

Puisque Simon a cru en la pierre qu'est le Seigneur, Jésus lui a accordé le nom de Pierre. Et c'est sur lui qu'il bâtira son Église (17).

Les portes de l'enfer correspondent aux vices et aux péchés, ou aux doctrines hérétiques qui conduisents les hommes en enfer (17).

À l'instar des prêtres de l'Ancien Testament qui déclare pur ou impur un lépreux, l'évêque ou le prêtre du Nouveau Testament peut condamner ou absoudre le pécheur selon ce qu'il a entendu des péchés (17,19).

Il est inutile de prêcher un Christ qui bientôt va souffrir. Ceci ne peut apporter que confusion. Il faut donc attendre la Passion et la Résurrection pour que le message soit complet et compris.


C. Wolfgang Trilling, une interprétation catholique romaine

Cette interprétation est tirée du livre L'Évangile selon Matthieu.

L'expression Fils de l'homme est une périphrase araméenne qui signifie l'homme. Donc, que pensent-ils de moi. On ne parle pas ici des adversaires de Jésus. Par l'énumération qui est faite, on voit que l'opinion qu'on a de Jésus est très élevée. En fait, seul le titre de Messie de Dieu est supérieur aux noms proposés. Cette question a pour but de faire réfléchir les disciples sur la personnalité de Jésus. Ceci est d'une importance capitale car comme le dit Trilling: “C'est la réponse à cette question qui comporte en fait la décision pour ou contre le royaume de Dieu” (173).

Pierre exprime l'opinion de tous les disciples et non pas seulement sa confession personnelle. L'essentiel de cette confession est le titre de Messie accordé à Jésus, le Messie étant le plénipotentiaire de Dieu. Il est le dernier envoyé, le signe final de la fin des temps.

Par contre, lorsque Pierre déclare que Jésus est le Fils du Dieu vivant, il ne fait qu'officialiser une confession qui a déjà été faite lorsque Jésus marcha sur les eaux (Mt 14.33) (173).

Mais Jésus lui répondit: Tu es bienheureux, Simon, Bar-Jona, car cela ne t'a pas été révélé par “la chair et le sang”, mais par mon Père qui est au ciel. Et je te dis: Tu es Pierre, et sur ce roc je veux édifier mon Église, et les portes de l'enfer ne l'emporteront pas sur elle.

Même si Pierre a parlé au nom de tous les disciples, il est remarquable que lui seul soit déclaré bienheureux et recoive les promesses. C'est la parole qu'il a dite qui lui a valu cela. Cette parole ne provient pas de ses capacités purement terrestres mais de la part de Dieu.

“Tu es Pierre” n'est pas l'attribution d'un nouveau nom mais plutôt d'une fonction: il devra être, à l'instar de Dieu, un roc pour les autres. En effet, Jésus a choisi ce rocher pour construire son Église dessus, de même qu'il a choisi le mont Sion pour y faire construire le temple sacré. Ce nouveau temple sera un édifice fait d'hommes vivants: l'ekklèsia. Ce terme est la traduction du vocable kébreu kahal qui nous parle de la communauté de ceux qui croient en Dieu.

Jésus parle de mon Église. Ce qui différencie cette communauté de celle de Yahvé, ce sont les critères pour en faire partie: on devra confesser que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu.

Les portes de l'enfer, c'est-à-dire la puissance de la mort, ne pourront jamais abattre cette communauté. En effet, la mort est la conséquence du péché mais celui-ci est vaincu définitivement par le sang de Jésus (177).

Maintenant, Jésus parle du royaume de Dieu dont les portes peuvent être ouvertes ou fermées à l'aide de clés. Ces clés sont confiées à un portier ou gérant qui est Pierre. On voit ici l'importance nouvelle que Dieu donne à l'homme dans l'oeuvre du salut. Les clés sont donc la sainte plénitude des pouvoirs accordée à Pierre qui sont décrits par l'expression lier et délier. Dans le vocabulaire traditionnel des rabbins, lier et délier identifie le pouvoir de déclarer juste ou non un enseignement. Il implique aussi le pouvoir d'inclure ou d'exclure quelqu'un de la communauté. Les mêmes pouvoirs sont donc accordés à Pierre[1]. Tout ce qu'il décidera sera immédiatement ratifié au ciel, aux yeux de Dieu. Il faut remarquer que la promesse de lier et délier est aussi faite aux autres disciples en Mt 18.18. Ceci n'est cependant pas une contradiction lorsque l'on comprend que Pierre est le premier parmi les autres. Ce pouvoir est donc transmis à tous de la même façon que la fonction spéciale de Pierre sera transmise à ses successeurs.

La messianité de Jésus est un secret. Parce qu'ils avaient la foi, les disciples ont eu cette révélation. La foi ne vient pas de la révélation. On doit donc comprendre les signes des temps, recevoir la parole et alors on comprendra qui est vraiment Jésus.



D. Georges Gander, une interprétation de l'église évangélique réformée

Cette interprétation est tirée du livre L'Évangile de l'Église.

À cause de la distance de 130 km entre Meguiddo et Césarée de Philippe et de la proximité du tétrarque Hérode-Philippe, il est impossible que Jésus soit allé à cet endroit. Le nom de Philippe a donc soit été ajouté par des rédacteurs postérieurs, ou ceux-ci ont mal lu les consonnes. La proximité de Césarée de Palestine en fait un endroit potentiellement plus réaliste pour l'histoire qui est relatée (213).

Cette question a la forme d'une réflexion désabusée interrogative. Elle sous-entend que la réponse attendue est non, il ne peut être le Fils de l'homme. Le Fils de l'homme fait référence à la messianité de la personne concernée (214).

Comme les musulmans aujourd'hui, Jésus n'était considéré à son époque que comme un précurseur (214).

Encore ici, la forme du verbe implique une réponse plutôt négative. Approchant de sa mort, Jésus donne ainsi une mise en demeure à ses disciples pour qu'ils soient convaincus de sa messianité divine et salvatrice (214).

Christos est la traduction du mot araméen “meschichâ” signifiant “oint” ou “sacré”. Ce titre étant trop vague, Pierre a dû spécifier de quel oint il s'agit. La nature de ce Oint est divine, il est né de Dieu. Et finalement, le terme vivant que l'on retrouve dans plusieurs manuscrits est une deuxième apposition explicative au terme Oint. Donner la vie identifie ici le Sauveur.

Simon est un mot araméen qui signifie “qui écoute” et Jonas, “la colombe” qui est l'emblème de l'Esprit. Ce nom était porté par Pierre avant qu'il soit rebaptisé par Jésus (215).

Il était impossible pour l'entendement humain de reconnaître le divin Messie, Sauveur du monde en Jésus, le fils de Marie et Joseph. Parce que Pierre avait été sauvé de la noyade d'une façon miraculeuse par Jésus marchant sur les eaux, il lui était possible de faire cette confession (215).

Ceci est un baptême apostolique, ni plus ni moins. Ce n'est pas une désignation épiscopale, encore moins papale. Simon est officiellement consacré apôtre, le premier des douze. Mais pourquoi le nom de Pierre? En fait, on surnomme souvent quelqu'un par le nom qu'il a toujours dans la bouche. Si quelqu'un dit souvent Enfin!, on le surnommera alors Enfin!. D'autres qui confessèrent Christ furent appelés chrétiens. Simon avait souvent le nom de Jésus, la pierre angulaire , à la bouche. Alors, on l'a surnommé Pierre. Il est important de noter que “le porteur du nom de quelqu'un n'est point cette personne elle-même” (216).

En araméen, le mot pierre est traité au masculin (hou képhâ) lorsqu'il désigne le nom de l'apôtre et au féminin (hodê képhâ) lorsqu'il traite du nom métaphorique du Seigneur, la pierre angulaire. Cette distinction est encore mieux rendue en grec avec l'usage respectif des masculin et féminin Pétros et pétra. Le Seigneur se serait donc montré lui-même par un geste en disant cette parole. Ce n'est donc pas l'apôtre qui est la pierre angulaire (216,217).

Le verbe utilisé pour j'édifierai comprend souvent de façon implicite l'idée de répétition. Le contexte détermine si cela doit être. Or l'Église n'a pas été fondée à la Pentecôte mais au début même du ministère publique de Jésus. On doit donner au mot Église le sens rabbinique de Maison (baytâ). Jésus fit comme les grands rabbins qui réunissaient autour d'eux des disciples pour les instruire et les former. Les rabbins parlaient alors de leur Maison. La formulation originale araméenne est donc baytâ (maison) et a été traduite en grec par ekklésia (217-219).

Or cette Maison sera abattu pour un peu de temps à la crucifixion de Jésus, les disciples se dispersant. Les portes du Scheôl est une expression parabolique faisant référence à la maison du Scheôl, donc à la mort. Cette mort est en l'occurrence celle de Jésus. À la résurrection de Jésus, sa Maison sera alors réédifiée, les disciples se regroupant à nouveau (220,221).

Le pronom te est à la 2e pers. du sing. collectif. Donc Jésus parle à l'ensemble des disciples réunis devant lui, donc à sa Maison. Il leur promet qu'il leur donnera les clefs du royaume des cieux.

Le royaume est une façon d'indiquer par un objet la personne. On doit donc comprendre le roi des Cieux. Or puisque les clefs sont un symbole de puissance qui ouvre ou ferme, ce qui est promis aux disciples est la puissance du roi des cieux, le St-Esprit. On parle de quelque chose de charismatique. Le St-Esprit sera donné privément au noyau de la Maison à Pâques (Jn 20.22-23), publiquement à la Pentecôte pour le reste de la Maison et ensuite sans cesse pour tous les vrais chrétiens (221-223).

L'expression lier et délier faisait allusion au pouvoir religieux des rabbi de permettre ou d'interdire. Les pouvoirs religieux authentiques ou divins font donc référence dans le cadre de la Maison de Jésus à la puissance du St-Esprit. Ceci est particulièrement bien démontré lors de guérison divine ou miraculeuse, la personne étant divinement déliée. On voit donc que lier et délier est une expression parallèle aux clefs. “C'est un pouvoir charismatique, non de gouvernement, mais d'édification ou de réédification pour le salut final des victimes de Satan” (224).

La divulgation prématurée de la messianité de Jésus l'aurait possiblement empêché de poursuivre son ministère, tant les persécutions auraient été grandes. De plus, sa résurrection sera l'élément de conviction ultime pour amener les gens à croire en lui. Il fallait donc attendre ce moment (224-225).


ÉVALUATION DES INTERPRÉTATIONS PRÉSENTÉES

La présentation des diverses interprétations précédentes démontrent de singulières différences entre elles. Il y a tout lieu de croire que les méthodes utilisées par chacun des interprètes ont divergé passablement. Nous essaierons donc d'évaluer la pertinence des méthodes utilisées et par le fait même, la valeur des interprétations proposées.

A. Évaluation de l'interprétation de Jean Chrysostome
Comme le dit Nicole, “les théologiens de l'école d'Antioche sont surtout les héritiers du rationalisme d'Origène. Ils interprètent les Écritures dans son sens littéral” (51). Ceci se vérifie effectivement dans les grandes lignes de l'interprétation de Jean Chrysostome.

Généralement, Chrysostome lie son interprétation au contexte immédiat: la première question de Jésus est une préparation pour la seconde; les gens dont Jésus parlent ne sont pas ses adversaires, comme en témoigne la réponse des disciples. La pertinence des parallèles apportés de l'extérieur du contexte immédiat est tout aussi valable: la confession des disciples dans la barque n'a pas la même valeur que celle de Pierre à Césarée.

Cependant, il faut noter que certaines conclusions, sans être carrément mauvaises, gagneraient à être étoffer, ou du moins considérées comme des possibilités plutôt que comme des faits prouvés. Ainsi, lorsqu'il est dit que Jésus appelle Simon fils de Jona pour “déclarer qu'il était aussi réellement Fils de Dieu que Pierre était fils de Jona” (381), on peut considérer ceci comme simple spéculation. Ce n'est pas nécessairement mauvais mais ce doit être présenté comme tel. Il en est de même lorsqu'il dit que sur cette pierre signifie la confession de Pierre. On ne peut même pas discuter cette proposition puisqu'il n'y a aucun argument apporté en sa faveur. Assurément, ces arguments existent dans l'esprit de l'interprète, mais encore faut-il qu'ils soient présentés.

Une erreur plus grande consiste à laisser notre théologie influencer notre herméneutique, ce qui amène invariablement un élément de subjectivité. En ce qui concerne Jean Chrysostome, ceci se manifeste particulièrement dans le lier et délier de Mt 16.19. La capacité de remettre les péchés et le fait de rendre Pierre, un homme mortel, maître de tout ce qui est dans les cieux provient de l'arrière-plan de cette époque. En effet, la séparation entre le clergé et les laïcs est de plus en plus grande. On accorde alors de plus en plus d'importance au rôle des prêtres et des évêques. D'où cette interprétation biaisée qui ne tient plus compte du contexte de la déclaration qui s'inscrit dans la confession de la messianité et de la divinité de Jésus.

Dans l'ensemble donc, on reconnait ici une interprétation assez solide.


B. Évaluation de l'interprétation de Jérome
Jérome a possiblement été influencé par Origène pour qui il avait une grande admiration. Celui-ci interprétait les Écritures en leur accordant trois sens différents: littéral, moral et allégorique (Nicole, 32). De plus, le fait que Jérome ait vécu retiré du monde comme moine à Bethléhem durant un grande période de sa vie a peut-être altéré sa vision du monde. Nonobstant ces considérations, on peut constater que l'interprétation de Jérome est sans contredit teintée de mysticisme.

Ainsi. il accorde le titre de dieux à ceux qui reconnaissent la divinité de Jésus. Ceci est basé non pas sur ce que la Bible dit mais sur ce qu'elle ne dit pas: “Il n'a pas dit: “au dire des hommes qui suis-je?”, mais “qui est le Fils de l'homme?”” (13). Cette façon d'interpréter les Écritures est tout à fait inadéquate car le champs de ce qui n'est pas dit n'est limité que par notre imagination. Un autre exemple de mysticisme concerne le sens qui est donné à l'expression Simon Barjona qui signifie fils de la colombe. Donc Pierre est le fils du St-Esprit. Ceci fait fi du sens courant donné à l'expression dans le contexte historique. On voit ici une tendance malsaine à l'allégorisation à outrance.

Par contre, la signification que Jérome donne à l'expression Fils de l'homme: Fils d'Adam (humanité) , est assez conforme à l'usage de cette époque. Il ne va pas jusqu'à accorder une valeur messianique à cette expression. D. E. Aune souscrit d'ailleurs à cette idée en décrivant l'usage de cette expression pour remplacer je et moi: “These variations suggest that Matthew did not regard Son of man as a messianic title, but as a self-designation of Jésus” (577). Qu'on soit en accord ou non avec cette interprétation, on peut au moins accorder à Jérome qu'il n'a pas fait d'extrapolation. On peut même dire qu'il pèche par abus lorsqu'il interprète les portes de l'enfer comme étant les vices et les péchés ou les hérésies. Ceci vient du refus d'associer cette expression à la mort, craignant que ce faisant, on l'accuse d'enseigner que les apôtres ne devaient pas mourrir. Dans ce cas-ci, il s'abstient d'accorder au mot Église un sens plus vaste que la manifestation visible et immédiate des apôtres. Cette façon un peu simpliste d'interpréter sans égard aux concepts est peut-être la raison pour laquelle Jérome considère que Jésus bâtira son Église sur Pierre. Non pas qu'il n'y aurait aucun d'argument en faveur d'une telle position; mais Jérome présente ceci comme venant de soi, sans jamais étayer ses dires.

Et finalement, on peut souligner l'utilisation de parallèles tout à fait hors contexte. Dire que la chair et le sang signifie la doctrine des pharisiens démontre le peu de cas que Jérome fait du contexte immédiat.

En résumé, on a ici une interprétation qui manque totalement de cohérence. On saute d'une allégorisation à l'extrême à un sens littéral déplacé.

C. Évaluation de l'interprétation de Wolfgang Trilling
L'interprétation de Trilling est en général très intéressante, même surprenante à certains égards. Il rattache assez bien le sens des passages qu'il étudie au contexte immédiat. Ainsi il déduit que les gens dont parle Jésus ne sont pas ses adversaires du fait de la réponse de ses disciples. Aussi, lorsque Pierre répond à Jésus, Trilling accepte le fait que Pierre exprime l'opinion de tous les disciples puisque Jésus posa sa question à tous. Le plus étonnant peut-être, c'est le fait qu'il accorde à la confession des disciples sur l'identité de Jésus une haute valeur sotériologique. C'est aller à contre-courant de la doctrine du salut par les oeuvres prônée par l'église catholique romaine que présente ici John P. Meir: “The power of the keys is therefore the power to teach the right way to enter the Kingdom, the authority to teach correctly the way “to do the will of God,” to “do justice” -- a burning concern of Matthew” (113).

Il n'y a cependant pas que du bon dans cette interprétation. Un premier point à souligner est cette tendance à présenter des théories pour des faits, des hypothèses pour des conclusions. Ainsi, Trilling déclare que derrière telle traduction grecque, c'est tel terme araméen qui a réellement été dit, alors que ceci n'est que conjoncture. Ailleurs, lorsqu'il déclare que la confession de Pierre est l'opinion de tous les disciples, ceci est présenté comme un fait. Cette hypothèse est comme nous l'avons dit très valable, mais elle n'en demeure pas moins une hypothèse. Ce manque de nuance dans ses propos est donc à blâmer.

Un autre aspect troublant concerne le peu de valeur qu'il accorde à l'expression Fils du Dieu vivant sur le seul fait que cette expression ait déjà été “confessée” dans un tout autre contexte. Il y a pourtant plusieurs éléments qui peuvent être apportés pouvant atténuer l'impact de cette dernière confession. Sachant cela, Trilling aurait dû mieux étoffer sa proposition.

Finalement, l'attribution à Pierre des fonctions sacerdotales de l'Ancien Testament est basée sur des déductions qui ne tiennent pas compte du contexte de la métaphore. Trilling assume que ces fonctions sont rattachées historiquement au lier et délier qui est tiré du vocabulaire traditionnel des rabbins. Or dans le contexte, ce qui a déclenché l'apophtegme de Jésus, c'est la confession de Pierre. On peut donc logiquement rattacher ce lier et délier à cette confession. De plus, il est fort périlleux de développer une telle doctrine sur la base d'un seul passage des Écritures, qui plus est, se présente dans un style métaphorique. Il est fort probable que des présuppositions d'ordre théologique aient influencé l'interprétation de Trilling.

D. Évaluation de l'interprétation de Georges Gander
L'interprétation de Georges Gander montre des faiblesses évidentes, pour ne pas dire choquantes. Il est difficile de prioriser ses erreurs d'interprétation, tant elles sont sérieuses. Tout d'abord, le raisonnement sur lequel il se base pour situer le récit est purement spéculatif: Césarée de Philippe est à une trop grande distance; donc, on devrait corriger le texte biblique pour inclure cette donnée! C'est faire peu de cas de la valeur intrinsèque des Écritures et/ou de leur transmission.

Ensuite, malgré une apparence de grande érudition dans l'usage d'éthymologies hébraïque et araméenne, il semble ne pas faire la distinction entre ces dernières et l'usage courant de certains mots à l'époque de Jésus. Ainsi, il accorde de l'importance au mot colombe qui est dans l'éthymologie de Jonas alors que le sens naturel porte vers un simple qualificatif. Ailleurs, Fils du Dieu vivant devient né de Dieu pour sauver les âmes. Il n'est pas du tout certain que dans l'esprit de Pierre, toute cette sotériologie était clairement définie à ce moment-là. En fait, c'est fort peu probable.

Un autre point très négatif de son interprétation est cette tendance à romancer le récit historique. Ainsi, il semble que Jésus se soit montré lui-même par un geste de la main lorsqu'il disait “sur cette pierre”. Ou encore, Simon avait souvent le nom de Jésus, la pierre angulaire, à la bouche. Il a donc été surnommé Pierre. Tout ceci frise le fantasme.

En ce qui concerne la confession de Pierre, Gander explique cette dernière par le fait que Pierre a été miraculeusement sauvé de la noyade par Jésus marchant sur les eaux. C'est accordé à cet événement une valeur disproportionnée lorsqu'on sait toute la progression de pensée que les disciples ont vécu tout au long de leur marche avec Jésus. Ceci démontre une ignorance, voulue ou non, de la situation de vie des personnages en cause dans l'histoire.

Pour ce qui est de la réédification de l'Église, toute cette herméneutique est bâtie autour de la présupposition que l'Église a débuté avec le ministère terrestre de Jésus. Cette présupposition est tout à fait évidente lorsqu'on voit Gander affirmer que le mot édifier peut avoir le sens de réédifier, selon le contexte. Et le contexte qu'il choisit est sa présupposition.

Finalement, le sens qui est donné aux clés du royaume est pour le moins surprenant: c'est le St-Esprit. Ceci est déduit à partir d'un syllogisme vicieux: les clés représentent la puissance; la puissance est le trait dominant du St-Esprit; alors les clés représentent le St-Esprit. Ici, le contexte immédiat est complètement ignoré.

Comme on le voit, on ne peut guère priser une telle interprétation, sinon comme exemple de ce qui ne doit pas être fait.



UNE ALTERNATIVE CONSERVATRICE / ÉVANGÉLIQUE

L'alternative qui a été retenue est celle de M. D. A. Carson, professeur pour le Nouveau Testament au Trinity Evangelical Divinity School. Son interprétation a paru dans le volume 8 de la série The Expositor's Bible Commentary.

Jésus utilise l'expression Fils de l'homme à cause de son ambiguité: elle permet de cacher, comme elle permet de dissimuler. Les deux aspects de la personnalité de Jésus, à savoir sa messianité davidique et le serviteur souffrant, peuvent coexister dans le concept de Fils de l'homme, même en l'absence de compréhension des gens (212-213).

Plusieurs considéraient Jésus comme un précurseur du Messie, mais jamais comme le Messie lui-même. Des confessions comme en 9.27 (deux aveugles crient Fils de David) et en 15.22 (une femme cananéenne crie Fils de David) n'impliquent pas cette reconnaissance. Le désir de voir ses besoins rencontrés ont poussé ces gens à utiliser un titre, sans nécessairement avoir la conviction qui s'y rattache (365).

Jésus pose la question à tous. Donc au moins en partie, Pierre parle comme porte-parole pour les douze. Sa réponse est directe, You are the Christ. Il n'est pas certain que Pierre ait voulu parler de la nature divine de Jésus. Le titre de Son of the living God pouvait avoir dans son esprit une connotation purement messianique (365-366).

Simon est appelé son of Jonah. Puisqu'en Jn 1.42, Pierre est appelé fils de Jean, il est possible que Jonah soit un diminutif de Johanan.

En Mt 11.27, il est dit: “personne ne connaît le Fils si ce n'est le Père”. En conséquence, la connaissance que Pierre a eu du Fils vient du Père. Ce n'est pas la chair et le sang, une expression juive se référant à l'homme comme être mortel, qui lui ont révélé cela. Il ne faut cependant pas croire qu'il n'y avait chez les disciples aucun soupçon sur la messianité de Jésus. N'est-ce pas dans cet espoir qu'ils suivaient Jésus (Jn 1.41,45,49)? Malgré tout, on doit reconnaître que la compréhension de Pierre a été définitivement plus profonde à partir de cet instant (367).

Il n'est pas certain que Jésus ait donné le nom de Pierre à Simon ce jour-là. Il est possible qu'il n'ait voulu faire qu'un jeu de mots en préparation pour les métaphores à venir concernant l'enfer et l'Église. Même si le mot grec pour Pierre est Petros (petite pierre, au masculin), il ne faut pas sauter aux conclusions trop rapidement concernant des sens possibles aux deux mots pierre. En effet, le mot qui a possiblement été prononcé en araméen, kêpä, n'a pas cette connotation (367).

Le mot grec utilisé ici est petra (au féminin). On ne peut identifier ce roc à Jésus car alors, dans la même métaphore, Jésus aurait deux roles différents: bâtisseur et fondement. Pour ce qui est de la possibilité que ce roc soit la confession de Pierre, la formulation qu'on peut lire rend peu probable un tel sens. En conséquence, il est plus naturel de voir ce roc comme étant Pierre lui-même. Ceci n'implique pas de devoir accepter les vues catholiques romaines concernant les successeurs de Pierre, son infaillibilité ou son autorité absolue. Ces derniers points ne sont tout simplement pas traités dans le cadre de ces versets. En fait, Pierre est considéré comme le premier parmi des égaux (primus inter pares). Jésus veut donc construire son Église sur des hommes tels que Pierre (368).

Le mot Église dans ce verset ne porte pas de connotation d'institution ou d'organisation. Il est plutôt une réminiscence de la maison faite de gens que Dieu a voulu bâtir. Cette déclaration s'inscrit donc dans la continuité de l'Ancien Testament: “The “people of Yahweh” become the people of Messiah” (369).

L'Église ne sera jamais défaite par les armées des ténèbres (ne mourra jamais) (370).

Il y a ici changement de métaphore du fait que Pierre change de role. De fondement qu'il était, il devient détenteur des clés du royaume. Pour comprendre ce passage, il est bon de le mettre en contraste avec Lc 11.52 où il est dit: “Malheur à vous, docteurs de la loi! Parce que vous avez enlevé la clef de la connaissance; vous n'êtes pas entrés vous-mêmes, et vous avez empêché d'entrer ceux qui le voulaient”. Ce qu'a connu Pierre par révélation, la messianité de Jésus, il doit l'annoncer pour ouvrir la porte du royaume à ceux qui le désirent. Ceux-ci seront déliés alors que ceux qui refuseront seront liés. Le témoignage pourra se faire avec autorité car le salut viendra d'abord du ciel. Remarquons que ces clés de la proclamation de la bonne nouvelle ne sont par réservé à Pierre seulement, même si celui-ci a un rôle particulier à remplir dans l'Église primitive. Tous les chrétiens sont appelés à user de ces clés (370-373).

Cet avertissement vise deux objectifs: D'abord, Jésus ne voulait pas que les gens se convertissent sur la base d'une ferveur nationaliste ou d'un messianisme mal compris. La foi, l'obéissance et la soumission était ce qu'il recherchait. Ensuite, il ne fallait pas que le chemin de la croix soit court-circuité par une divulgation prématurée (375).

Ceci finalise la présentation de l'alternative conservatrice / évangélique.



CONCLUSION

Au début de ce travail, nous nous sommes interrogés à savoir si l'on pouvait faire dire ce que l'on voulait à la Bible. Après avoir évalué les diverses interprétations proposées pour le passage de Mt 16.13-20, il semble qu'il y ait matière à réflexion. En effet, nous avons obtenu pour un même texte un éventail très varié d'interprétations qui étaient même parfois radicalement différentes. Donc, tout porterait à croire que l'herméneutique se rapproche plus de l'art que de la science. Mais il y a des raisons à cet état de fait.

Tout d'abord, soulignons l'aspect technique. Une méconnaissance des principes de base de l'interprétation d'un texte porte souvent l'interprète à sauter à des conclusions hâtives et erronées. Signalons particulièrement le manque d'égard pour le contexte immédiat, un usage abusif de l'éthymologie et une extrapolation indue de la métaphore. Ce dernier point a été particulièrement sensible dans notre étude. Il n'est pas facile en effet de donner une signification absolue à un texte dont la raison d'être est justement de ne pas se révéler aisément. Pourtant, plusieurs se sont avancés par des affirmations catégoriques. Il est à noter que l'interprétation conservatrice/évangélique se démarque agréablement sur ce plan. Elle a su démontrer une grande honnêteté par son exposition aux nuances nombreuses et très à-propos.

Le deuxième aspect concerne l'interprète lui-même. Tout son arrière-plan influence plus ou moins le sens qu'il donne au texte qu'il étudie. Certes, on peut difficilement lui demander de faire abstraction de tous les facteurs théologiques ou autres qui pourraient influencer son herméneutique. Cependant, il doit en être conscient. C'est à cette condition seulement que son interprétation pourra se dégager et refléter pour aujourd'hui le message d'hier.

Non, on ne peut pas faire dire à la Bible ce que l'on veut. Nous avons besoin de bonnes méthodes mais surtout: Que celui qui a des oreilles pour entendre entende!1


* Avec permission


ŒUVRES CITÉES



Aune, D.E.. International standard Bible encyclopedia / general editor, Geoffrey W. Bromiley...[et al.]. [Grand Rapids] : W. B. Eerdmans, 1988.

Carlson, Georges. The Expositor's Bible commentary : with the New international version of the Holy Bible / general editor, Frank E. Gaebelein ; associate editor, J. D. Douglas ; consulting editors Walter C. Kaiser, Jr. [et al.]. Grand Rapids : Zondervan Pub. House, 1984.

Gander, Georges. L'Évangile de l'Église : commentaire de l'Évangile selon Matthieu. Aix-en-Provence : Faculté libre de théologie prostestante d'Aix-en-Provence, 1970.

Jean Chrysostome, saint, m. 407. Enseignements pratiques de l'Évangile / avec une préface de S.G. Mgr Mermillod. Paris : V. Palmé, 1875.

Jean Chrysostome, saint, m. 407. Bareille, J.. Oeuvres complètes de S. Jean Chrysostome / traduction nouvelle par J. Bareille. Paris : L. Vivès, 1864.

Jérôme, saint, m. 419 ou 20.Bonnard, Émile. Commentaire sur S. Matthieu / Saint Jérôme ; texte latin, introduction, traduction et notes par Émile Bonnard. Paris : Éditions du Cerf, 1977.

Meier, John P. The vision of Matthew : Christ, church, and morality in the first Gospel / John P. Meier. New York : Paulist Press, c1979.

Nicole, J. M.. Précis d'histoire de l'Église .Nogent-sur-Marne, France: Éditions de l'Institut Biblique, 1972.

Trilling, Wolfgang. L'Evangile selon Matthieu / présenté et commenté par Wolfgang Trilling; version française de Carl de Nys. Paris : Desclée, 1974.




NOTES


[1]- Meir développe cette idée de la transmission du pouvoir des Rabbins d'une façon non équivoque: “Peter is to be the supreme rabbi for the new people of God, and is teaching will have the authority the Jewish magisterium lacked” (114).