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Le paganisme de l’Église catholique



Ne suivez pas les préceptes de vos pères, n’observez pas leurs coutumes,
et ne vous souillez pas par leurs idoles! Je suis l’Eternel, votre Dieu. (Ézéchiel 20: 18-19)


Nos pères n’ont hérité que le mensonge, de vaines idoles, qui ne servent à rien.
L’homme peut-il se faire des dieux, qui ne sont pas des dieux?
C’est pourquoi voici, je leur fais connaître, cette fois, je leur fais connaître ma puissance et ma force;
et ils sauront que mon nom est l’Eternel. (Jér. 16: 19b-21)





Paul Gosselin, anthropologue (2019)
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Le culte marial
Le dicton dit parfois : « Pour tordre le bras du père, allez voir la mère »… On entend souvent des expressions de ce genre dans la bouche des catholiques lorsqu’ils défendent la prière à Marie. « Si Dieu le père ne veut pas répondre à vos prières, alors il vous faut passer par la porte arrière, passez par la mère… ELLE arrangera tout. » Il faut reconnaître qu'un tel enseignement exprime (pas très subtilement) un manque de foi, un doute que Dieu puisse vraiment s'occuper de nous. Cela dit, il faut constater que dans le polythéisme des Grecs de l’Antiquité, cette même logique est présente et bien enracinée. Le chant I de l’Illiade d’Homère[1] signale que la source du pouvoir de Héra, épouse de Zeus et reine des dieux sur Zeus, roi des dieux, est dû au fait que Héra a un jour sauvé Zeus d’un sérieux problème.

Ainsi, tout puissant qu’il est, Zeus est endetté envers Héra. Cela met donc Héra en position de force pour les négociations avec son époux… Et un des titres connus d’Héra est « Reine des Cieux ».[2] Plus loin dans le récit de l’Illiade, au Chant XIV, des Grecs invoquent Héra afin qu’elle exerce son influence sur Zeus dans le but d’obtenir la victoire dans leur guerre contre les Troyens. Et aussitôt dit, aussitôt fait. Voilà le truc. Héra s’arrange pour coucher avec Zeus et l’endormir, afin de déjouer son attention et en même temps avancer ses propres objectifs. Homère relate (Chant XIV):

Le Sommeil vole au camp des Grecs, et porte à Poséidon cette heureuse nouvelle : « Dieu des mers, lui dit-il, va prêter aux Grecs ton appui. Qu'ils triomphent pendant les courts instans que Zeus sommeille. Héra l'a séduit par l'attrait des plaisirs. Moi, j'ai fermé ses paupières, et versé dans son âme la langueur et l'oubli. » Il dit, et va dans d'autres climats répandre ses pavots.

Par ailleurs on voit des parallèles dans les prières des catholiques à Marie dans la prière faite à Héra par le héros Achille (Illiade, Chant I) :

«  O ma mère, aie pitié de ton fils  ! Monte dans l'Olympe, & si jamais par tes actions, par tes discours, tu acquis des droits sur Zeus, implore en ma faveur le pouvoir de ce Dieu. Souvent, il m'en souvient, tu nous racontais avec complaisance, dans le palais de mon père, que toi seule tu avois sauvé le monarque des cieux, quand Héra, Athéna & Poséidon tentèrent de l'enchaîner : tu appelas, pour le défendre, le géant aux cent bras. Briarée, plus redoutable que son père, s'assit auprès de Zeus, & les Dieux conjurés tremblèrent à son aspect. O ma mère  ! rappelle-lui ce bienfait, embrasse ses genoux, conjure-le de seconder les efforts des Troyens ; qu'ils fondent sur les Grecs, qu'ils les mettent en fuite & les égorgent au milieu de leurs vaisseaux. Que ces malheureux expirants jouissent de la sagesse de leur roi  ! Que le puissant Atride gémisse d'avoir outragé le Héros de la Grèce  !

Une des choses pour laquelle les Grecs invoquent Héra est pour un heureux accouchement. Cela fera également partie du folklore entourant la Marie catholique comme le démontre Warner (1976 : 283) :

The quickening and obstetric functions of the classical goddesses like Hera and Demeter have been taken over by the Virgin in Catholic cult, not only in the iconography of sacred images and their use of symbols, but also in the emotive folklore and usages of her following. Thomas of Celano, for instance, reported that a woman of Arezzo, who had been a week in labour and was turning black in agony, was told by St. Francis to recite the Salve Regina. Immediately the pain ceased and she was safely delivered of a handsome son.

On voit bien que tous les principes de la théologie mariale des catholiques s’enracinent dans les concepts véhiculés par le polythéisme païen des Grecs de l’Antiquité (qui seront largement copiés/collés par les Romains). Pour le reste, il suffit de changer les noms (Héra = Marie) et le tour est joué. D’autres parallèles entre le culte de Marie et des divinités païennes peuvent être faites avec la divinité maternelle grecque, soit Démeter (Cérès chez les Romains) et aussi avec une autre divinité maternelle d’origine égyptienne très populaire à l’époque romaine, soit Isis, épouse d’Osiris et mère d’Horus. Il faut noter un élément significatif du culte d’Isis, soit de petites statuettes représentant Isis allaitant son fils Horus assis sur ses genoux, motif très largement repris dans le culte marial.

Mais comment en est-on arrivé là  ? Le site de BBC fit une série d’articles sur la religion romaine et signale que la fusion/confusion et l’amalgame de divinités de religions différentes était une pratique bien ancrée dans le polythéisme gréco-romain (Nigel Pollard 2003)

Finally, very commonly all over the empire, we see Roman gods twinned ('syncretised') with local gods, just as the Romans had twinned their gods with Greek equivalents. For example, at Bath (Roman Aquae Sulis) in England, we see the worship of Sulis-Minerva, a goddess with twin Celtic (Sulis) and Roman (Minerva) identities. She was worshipped at a temple built near a thermal spring that had been the focus of a pre-Roman cult.

Il faut noter par ailleurs que la Marie véritable, la Marie des Évangiles, était Juive et elle eut été horrifiée de toutes ces statues, icônes et idoles qu’on a érigées en son honneur. Cette Marie savait que la loi de Moïse affirme clairement que ces choses attirent le jugement de Dieu.

Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu dévorant, un Dieu jaloux. Lorsque tu auras des enfants, et des enfants de tes enfants, et que vous serez depuis longtemps dans le pays, si vous vous corrompez, si vous faites des images taillées, des représentations de quoi que ce soit, si vous faites ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, votre Dieu, pour l’irriter, j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre, vous disparaîtrez par une mort rapide du pays dont vous allez prendre possession au-delà du Jourdain, vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. (Deut 4 : 24-26)
Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu’il veut. Leurs idoles sont de l’argent et de l’or, elles sont l’ouvrage de la main des hommes. Elles ont une bouche et ne parlent point, elles ont des yeux et ne voient point, elles ont des oreilles et n’entendent point, elles ont un nez et ne sentent point, elles ont des mains et ne touchent point, des pieds et ne marchent point, elles ne produisent aucun son dans leur gosier. Ils leur ressemblent, ceux qui les fabriquent, tous ceux qui se confient en elles. (Ps. 115 : 3-8)
C’est sur une montagne haute et élevée que tu dresses ta couche; C’est aussi là que tu montes pour offrir des sacrifices. Tu mets ton souvenir derrière la porte et les poteaux; Car, loin de moi, tu lèves la couverture et tu montes, tu élargis ta couche, et tu traites alliance avec eux, tu aimes leur commerce, tu choisis une place. Tu vas auprès du roi avec de l’huile, Tu multiplies tes aromates, tu envoies au loin tes messagers, Tu t’abaisses jusqu’au séjour des morts. A force de marcher tu te fatigues, et tu ne dis pas: J’y renonce! Tu trouves encore de la vigueur dans ta main: Aussi n’es-tu pas dans l’abattement. Et qui redoutais-tu, qui craignais-tu, pour être infidèle, pour ne pas te souvenir, te soucier de moi? Est-ce que je ne garde pas le silence, et depuis longtemps? C’est pourquoi tu ne me crains pas. Je vais publier ta droiture, et tes oeuvres ne te profiteront pas. Quand tu crieras, la foule de tes idoles te délivrera-t-elle? Le vent les emportera toutes, un souffle les enlèvera. Mais celui qui se confie en moi héritera le pays, et possédera ma montagne sainte. (Ésaïe 57 : 7-13)

Et à ceux qui auraient tent d’iriger un culte en son honneur, la Marie véritable, une vraie juive, aurait sans doute répliqué à une telle suggestion de la même manière que l’ange à répliqué à l’apôtre Jean :

C’est moi Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et quand j’eus entendu et vu, je tombai aux pieds de l’ange qui me les montrait, pour l’adorer. Mais il me dit: Garde-toi de le faire! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères les prophètes, et de ceux qui gardent les paroles de ce livre. Adore Dieu. (Apoc. 22 : 8-9)

Évidemment le premier des dix commandements dit

Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude. Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi. Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent. (Exode 20 : 2-5)

La Vierge ouvrante, 15e s. - FranceLes catéchismes catholiques rendent parfois ce commandement en disant « Un seul Dieu tu adoreras ». Mais face à la contradiction flagrante entre ce commandement et le culte catholique rendu à Marie et aux saints, les théologiens catholiques répliquent par un jeu de mots hypocrite, c'est-à-dire affirmant que les catholiques n’adorent pas Marie ou les saints, mais ne font que les vénérer…  Mais il est clair que le premier commandement exclut accorder un attribut à un être humain qui est un attribut de Dieu seul ou offrir une attention à un être humain qui n’est dû qu’à Dieu lui-même. Les paroles de Christ lui-même soulignent clairement la chose : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi; » (Mt 10: 37)

Certes, au cours de leur histoire les juifs ont amplement fait connaissance avec le culte de « la Reine du Ciel », divinité qui a porté plusieurs noms dans le monde ancien ; Astartée/Ashérah/Ishtar. Le prophète Jérémie en parle (7: 18). Mais c'est au Moyen Âge que le culte de Marie atteindra son sommet en Europe. Une des manifestations de ce phénomène se sont les objets liturgiques qu'on appel « Vierges ouvrantes », un genre de sculpture connu partout au Moyen Âge en Europe. Comme on le voit dans cette image, cette sculpture présente (pas très subtilement) Dieu le Père et Jésus Christ comme subordonnées à Marie. Il est significatif que l'église catholique ait largement toléré l'hérésie de tels objets liturgiques. Sans doute on chercherait vainement une répudiation claire de tels objets par les autorités catholiques. Il y a lieu de penser que depuis le début, le culte marial a été moussé par des motifs économiques, puisque facilitant l'admission des populations païennes de l'Europe (adorant déjà des divinités féminines) dans l'église catholique. Et si ces objets ont persisté jusqu'à ce jour, c'est que autorités catholiques ont jugé que dans l'ensemble le culte marial (malgré les hérésies patentes qu'elle implique) était rentable pour l'église catholique...

Un concept colporté par le culte Marie chez les catholiques est l’affirmation assez largement répandue que Marie soit « corédemptrice avec Christ ». J’avais cru comprendre initialement que cette affirmation ait sa source chez les visionnaires de Fatima (1917 Portugal), mais il semble que ce ne soit pas le cas. Mais comme le souligne un vieil article (1953) par le théologien catholique Jean Plagnieux, examinant plusieurs ouvrages de dévotion mariale, Plagnieux démontre que ce concept est largement répandu chez les dévots catholiques de Marie (1953 : 54)

Le P. J .-B. CAROL a écrit une Disquisitio positiva : De Coredemptione B. M. V., Civitas Vaticana, 1950, 18X25,5, 639 p. Sa prodigieuse enquête suit le progrès de la doctrine à travers les âges, les différents pays et aussi les divers ordres religieux. Quelque trois cents auteurs, numérotés en marge, sont ainsi examinés, avec de très larges citations - polyglottes - à l'appui. Un conspectus systematicus coordonne les résultats de cette recherche historique. L'état actuel de la question est abordé de façon très pratique : enquêtes, pétitions, statistiques ; et aussi sous forme d'un référendum organisé par l'auteur lui-même: Le P. Carol - ici l'historien devient promoteur - cite les réponses obtenues de la part de plus de trois cents évêques du monde entier auxquels il avait fait envoi d'une prière à Marie corédemptrice, composée par lui-même. Le résultat n'était guère douteux.

Mais conscient que le concept de « Marie, corédemptrice avec Christ » est controversé (du moins ne sera jamais accepté des protestants[3]) Plagnieux expose quelques pirouettes hypocrites et amusantes des théologiens catholiques, tentant de sauver les apparences de l’orthodoxie tout en maintenant ce concept hérétique (1953 : 56)

Ces constatations n'empêchent pas l'auteur de mesurer avec beaucoup de détachement les chances du terme qui a prévalu. Il ne majore pas les expressions du magistère (1). (Sait-on d'ailleurs que Pie XII, au moins depuis qu'il est pape, n'a jamais eu recours à l'expression de corédemptrice, encore que les occasions ne lui en aient pas manqué ?) Selon lui, le terme ne serait pas acclimaté de façon définitive. La preuve en est que beaucoup d'auteurs même « partisans d'une participation de Marie à la rédemption objective », préfèrent à ce titre qui les gêne le fardeau de circonlocutions même dépourvues d'élégance. Autre indice qui n'est guère plus favorable: l'extension abusive de ce titre à tous les chrétiens a pour effet de le dévaluer; c'était la tactique naguère employée par les adversaires de la doctrine. - En résumé: question de fond d'abord: on ne saurait trop répéter qu' « il n'y a pas un corédempteur et une corédemptrice, mais un Rédempteur et une corédemptrice »[4], et cela devrait enlever presque tout sens à l'objection. Question de terminologie: « il est certain que l'emploi de corédemptrice est dès maintenant légitime[5] ». «Employé ou couvert par deux papes, même dans l'exercice le plus humble de leur suprême magistère, le terme requiert désormais notre respect ». Mais « il serait inexact de dire que Rome en conseille ou encourage positivement l'usage ». « Reste à savoir si ce terme est appelé à devenir comme le veulent certains le centre de la doctrine, ou s'il restera un de ces mots dont l'usage doit être réglé par la sobriété et la circonspection ».

En somme, selon Plagnieux si l’affirmation « Marie, corédemptrice avec Christ » n’est pas une doctrine officielle de l’église catholique, elle est certainement tolérée et TRÈS répandue. Et n'a jamais été condamnée par les autorités catholiques... Mais pour revenir à Fatima, si la Marie des visionnaires n’emploie pas explicitement l’expression « Marie, corédemptrice avec Christ » dans ses messages[6] elle communique un concept tout à fait équivalent. Dans les mémoires de la visionnaire, Lucia dos Santos publié par le prêtre Louis Kondor, lors de l’apparition du 13 juin 1916[7], Marie, dit à une des enfants visionnaires, Lucia, « Are your suffering a great deal  ? Don’t lose heart. I will never forsake you. My Immaculate Heart will be your refuge and the way that will lead you to God. »[8] Dans ce même livre, Marie ajoute encore « You have seen Hell where the souls of poor sinners go. To save them, God wishes to establish in the world devotion to my Immaculate Heart. »[9] Il va sans dire que de telles affirmations contredisent directement ces paroles de Christ : « Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14: 6) La conclusion s’impose. Ce message est faux et mensonger, car cela revient à faire de Marie égale à Dieu, il en découle alors que ces apparitions ont nécessairement une source démoniaque[10]. Dans la Cité de Dieu (Livre X, chap 16) Augustin remet en question l'argument des philosophes païens voulant qu'il y a de bons démons (ou de bons diables selon l'expression québécoise):

En résumé, s'il y a des anges qui demandent le sacrifice pour eux-mêmes, il faut leur préférer ceux qui ne le réclament que pour le Dieu qu'ils servent et qui a créé l'univers; ces derniers, en effet, font bien voir de quel sincère amour ils nous aiment, puisqu'au lieu de nous soumettre à leur propre empire, ils ne cherchent qu'à nous faire parvenir vers l'être dont la contemplation leur promet à eux-mêmes une félicité inébranlable. En second lieu, s'il y a des anges qui, sans vouloir qu'on leur sacrifie, ordonnent qu'on sacrifie à plusieurs dieux dont ils sont les anges, il faut encore leur préférer ceux qui sont les anges d'un seul Dieu et qui nous défendent de sacrifier à tout autre qu'à lui, tandis que les autres n'interdisent pas de sacrifier à ce Dieu-là. Enfin, si ceux qui veulent qu'on leur sacrifie ne sont ni de bons anges, ni les anges de bonnes divinités, mais de mauvais démons, comme le prouvent leurs impostures et leur orgueil, à quelle protection plus puissante avoir recours contre eux qu'à celle du Dieu unique et véritable que servent les anges, ces bons anges qui ne demandent pas nos sacrifices pour eux, mais pour celui dont nous devons nous-mêmes être le sacrifice?

Manifestement, l'argument d'Augustin ici vaut aussi pour les déclarations hérétiques des visionnaires de Fatima qui cherchent à établir un culte à un autre qu'à Dieu lui-même. Évidemment l'affirmation que les apparitions de Marie à Fatima puissent être d'origine démoniaque fera sursauter et choquera profondément plus d'un catholique, car plus d'un catholique aura tendance d’affirmer en toute sincérité que « Marie ne pourrait jamais nous tromper  ! ». Mais il faut compter que Christ lui-même a affirmé « qu'il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus. » (Mt 24: 24) Alors si, sur le plan logique, le démon peut proposer des faux Christs, alors inévitablement il peut aussi présenter des faux-Maries (capables de faire de grands prodiges et des miracles). [11] Ainsi, une Marie proclamée « co-rédemptrice avec Christ »est clairement un autre Évangile. C’est un message de salut qui n’est PAS enseigné par le Nouveau Testament. Et les Écritures nous servent un avertissement TRÈS solennel (et répété) de ne pas donner crédit à un autre Évangile[12].

Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure: si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! (Gal 1: 8-9)

Mais pour éviter la remise en question de l’adoration des statues (de Marie ou des autres saints), les théologiens catholiques offrent de petits jeux de mots hypocrites. On nous affirme que les catholiques n’adorent pas les statues ou images, mais les vénèrent[13]… À ces théologiens, on peut leur recommander de vérifier dans un dictionnaire la signification du mot « synonyme »…

Pour revenir à l’influence que les catholiques prétendent que Marie peut avoir sur Dieu (justifiant la prière à Marie), notons que dans l’Évangile de Jean on rencontre justement un épisode où Marie a tenté de s’imposer (en tant que mère) sur Christ. Il est clair pour tous, sauf pour les théologiens catholiques, que Christ a rejeté cette tentative.

Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n’ont plus de vin. Jésus lui répondit: Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue. Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu’il vous dira. (Jean 2 : 1-5)

Et si seulement les catholiques pouvaient écouter ce conseil de Marie. En somme, Marie vous dit que si vous voulez quelque chose de Dieu, elle n’a AUCUN pouvoir et il vous faut aller DIRECTEMENT à Christ. Oubliez Marie. Notez bien qu’ici Christ adresse Marie en l’appelant simplement « femme » et non « mère ». Il ignore délibérément son rôle de mère… Et dans l’Évangile de Mathieu, on relate une autre tentative de Marie de s’imposer sur Christ et qui aboutit au même résultat :

Survinrent sa mère et ses frères, qui, se tenant dehors, l’envoyèrent appeler. La foule était assise autour de lui, et on lui dit: Voici, ta mère et tes frères sont dehors et te demandent. Et il répondit: Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui: Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, et ma mère. (Matt 12: 46-50)

Manifestement c’est le rejet catégorique d’un statut particulier pour Marie. Il semble clair que le Concile d’Éphèse en 431, convoqué par l'empereur romain de Constantinople Théodose II, a été un point de bascule, car c’est à ce moment que les évêques réunis firent déclarer Marie Theotokos ou Mère de Dieu. De l’avis de Micheal P. Caroll, c’est à partir de ce moment que la dévotion (multiforme) à Marie prendra de l’ampleur (1986 : 4-5)

But even Graef, along with most other Catholic commentators (see, for instance, Hirn, 1957 119-121: 188-189; Laurentin, 1965: 4 I; Greeley, I977: 95) seems willing to admit that popular devotion to Mary did not become widespread until the latter part of the fifth century. Almost invariably, these Catholic commentators see this increase in Marian devotion as an aftermath of the Council of Ephesus (A.D. 431), at which Mary was proclaimed to be the Theotokos. Literally, this term means "God-bearer" but it is usually translated these day as "Mother of God."

Ainsi il est assez manifeste que le culte de Marie est tardif sur le plan historique, c'est-à-dire qu’il n’a pas été pratiqué par les premiers chrétiens. Comme on le voit ci-dessus, même la théologienne catholique (et partisane du culte de Marie), Hilda Graef, concède que les premières évidences du culte de Marie apparaissent à la fin du 5e siècle, pas avant. F. Marsault est aussi d’avis que depuis l’admission de la formule Theotokos au Concile d’Éphèse (431 ap. J-C), désormais les vannes sont ouvertes pour le culte de Marie (1947/1984 : 35) :

Depuis lors le culte de Marie prend racine et se propage. Cependant, d'après Mabillon, la Vierge n'avait pas encore de fête à la fin du 5e siècle dans le calendrier des Églises d'Afrique. En 606 le Panthéon (temple païen de Rome destiné à recevoir les statues de tous les dieux) lui est consacré ainsi qu'à tous les saints [pour devenir la basilique Santa Maria ad Martyres[14]]. Désormais le chemin est largement frayé et le culte de la Vierge se développe sans obstacle. Ses images et ses reliques se multiplient dans les églises. On en vient à l'invoquer comme la reine du ciel, comme la médiatrice toute-puissante auprès du Christ. La dévotion superstitieuse des masses se porte de plus en plus vers elle, tandis que le Christ, toujours représenté comme un petit enfant dans les bras de sa mère, rentre en même temps dans l'ombre obscure, où il disparaît complètement aujourd'hui. Que voyons-nous en effet à l'heure actuelle  ? — A Marie, tous les honneurs, toutes les gloires  ! C'est une véritable idolâtrie ou mariolâtrie, comme on voudra.

Il est utile de noter que dans son introduction aux évangiles apocryphes, France Quéré souligne l’importance de ces écrits imprégnés de gnosticisme dans l’inspiration des cultes marials (1983: 14):

Mais surtout, ces écrits [apocryphes] ont façonné, quoi qu’on dise, l’essentiel de la piété mariale. Nulle part ailleurs ne se racontent l’enfance de Marie, la vie de ses parents Joachim et Anne, la représentation au temple, la virginité perpétuelle.

On peut noter qu’aujourd’hui certains théologiens catholiques admettent donc (discrètement) ce lien entre le culte marial et les écrits des hérétiques gnostiques. Un autre auteur explorant ce créneau est le théologien catholique Christophe Guignard. Dans un compte rendu d’un livre par Stephen J. Shoemaker sur les origines du culte mariale, Guignard ne peut éviter de souligner les sources suspectes/hérétiques de cette dévotion (2019) :

Pour expliquer ce mystère, l’A.[uteur] avance deux hypothèses. La première prend appui sur un facteur sous-estimé jusqu’ici : l’importance de la figure de Marie dans des milieux gnostiques (ou, pour employer une désignation qu’il emploie plus volontiers, ésotériques) : « Se pourrait-il qu’avant le IVe siècle la dévotion à la mère de Jésus et la prière pour demander son intercession fussent plus répandues dans les communautés chrétiennes ésotériques que parmi les proto-orthodoxes  ? On ne peut que spéculer, mais les données disponibles pourraient certainement être interprétées comme allant dans ce sens. Et si la dévotion mariale était essentiellement associée avec des groupes chrétiens anciens que les Pères de l’Église considéraient comme hérétiques, il est peut-être possible de comprendre leur manque d’intérêt pour ce sujet » (p. 237). Une telle explication est stimulante et ne saurait être écartée a priori.

On peut entretenir quelques doutes qu’on discute de tels faits à Lourdes, Fatima, Medugorje ou Ste-Anne de Beaupré… Après tout, le culte de Marie[15] reste assez bon pour le business de l’église catholique. En terminant cette section, méditons un moment ces paroles d’Évangile :

Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit: Heureux le sein qui t’a porté! heureuses les mamelles qui t’ont allaité! Et il répondit: Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent! (Luc 11 : 27-28)



Culte des saints (et leurs reliques)
Les intellectuels ou historiens parlent souvent à la légère de l’Occident chrétien, mais en oubliant que les systèmes de croyances gréco-romains, avec les courants idéologico-religieux parallèles du polythéisme et de la philosophie déiste de Platon, ont des racines plus profondes en Occident que le christianisme. Ainsi lorsqu’on examine l’origine du culte des saints chez les orthodoxes grecs ou chez les catholiques romains, il est nécessaire de tenir compte de ce fait.

Dans la religion de la Grèce antique, le héros est un individu qui, ayant fait des exploits de son vivant, se voit divinisé après son décès (apothéose). Dans la République (Livre V), Platon expose la logique derrière ce culte (qui est finalement ce que le Nouveau Testament considère "un autre Évangile", c'est-à-dire un moyen d'aller au ciel).

Pour ceux qui auront succombé après avoir combattu vaillamment, ne dirons-nous pas d'abord qu'ils sont de la race d'or?
Assurément.
Ensuite ne croirons-nous pas avec Hésiode qu'après leur trépas, les hommes de cette race
Deviennent des génies purs dont le séjour est sur la terre, Génies excellents, bienfaisants, et protecteurs de la race humaine ?
Oui.
Nous consulterons l'oracle sur les funérailles qu'on doit faire à ces hommes supérieurs et divins et sur les honneurs privilégiés qui leur sont dus, et nous réglerons les cérémonies d'après la réponse du dieu.

Foucart observe (1922 : 144, 148-49) que souvent le culte d’un héros est initié par la proclamation d’un décret civil. Chez les catholiques, la divinisation d’un saint (ou béatification) est également le résultat d’un décret, c'est-à-dire une déclaration par décret pontifical. Un article wiki sur le culte des héros chez les Grecs observe que ce culte impliquait la construction de chapelles ou temples dédiés aux héros et ces temples sont associés au corps du héros, c'est-à-dire son tombeau.

Un héros est vénéré à l'emplacement de sa tombe (réelle ou supposée). Le sanctuaire d'un héros est appelé hérôon, tandis que le sanctuaire d'une divinité est appelé hiéron. De très nombreux héros ne sont connus et honorés que dans de petites communautés, villages ou régions : c'est par exemple le cas des héros éponymes des tribus et des dèmes à Athènes à l'époque classique. Seuls quelques héros sont honorés dans toute la Grèce, le plus fameux étant Héraclès : on parle alors de culte panhellénique. Entre ces deux extrêmes, de nombreux héros légendaires comme Achille ou Ménélas ont reçu un culte héroïque, de même que des fondateurs de cités, comme Thésée ou encore Érichthonios (à Athènes). Le hérôon est un sanctuaire privé ou improvisé en hommage à un héros ou un dieu (…) D'un point de vue historique, le culte héroïque est attesté dès les siècles dits « obscurs » et se développe au VIIIe siècle : les tombes mycéniennes reçoivent des offrandes de vases ou de statuettes en terre cuite, généralement les bras levés au ciel, peut-être en signe d'apothéose. Elles deviennent également le théâtre de sacrifices. Au même moment, les épopées homériques se diffusent. Les céramiques prouvent que les potiers-décorateurs connaissaient bien le cycle troyen.

Voici une liste de sites en Grèce où on avait érigé des temples ou chapelles en honneur des héros (Wiki anglais 2019)

Some of the earliest hero and heroine cults well attested by archaeological evidence in mainland Greece include the Menelaion dedicated to Menelaus and Helen at Therapne near Sparta, a shrine at Mycenae dedicated to Agamemnon and Cassandra, another at Amyklai dedicated to Alexandra, and another in Ithaca's Polis Bay dedicated to Odysseus. These all seem to date to the 8th century BC.[12] The cult of Pelops at Olympia dates from the Archaic period.

Il est bien clair également que chez les Grecs polythéistes de l’Antiquité, le culte des héros nécessitait le support de reliques, soit des restes de son corps, sinon des objets usuels ayant appartenus au héros. D’après l’historien grec Hérodote (Histoires 1.68) un oracle delphique fit savoir que les ossements d’Orestes étaient nécessaires afin que les Spartaites puissent vaincre la ville de Tégée en Arcadie. Les Spartaites ont donc volé ces reliques afin d’assurer leur victoire sur Tégée. À Athènes, on rendait aux restes d'Œdipe et de Thésée des honneurs qu'il est difficile de distinguer d'un culte. Le corps supposé de Thésée avait été triomphalement rapporté à Athènes par Cimon en 475 avant Jésus-Christ après la conquête de Skyros. À Epidaure on rendait un culte à la dépouille d'Esculape et en Macédoine on vénérait de même les restes de Perdiccas Ier.

La page wiki anglaise [notice : Relic - In classical antiquity] nous fournit quelques autres exemples de vénération de reliques de héros

The head of the poet-prophet Orpheus was supposed to have been transported to Lesbos, where it was enshrined and visited as an oracle.[10] The 2nd-century geographer Pausanias reported that the bones of Orpheus were kept in a stone vase displayed on a pillar near Dion, his place of death and a major religious center. These too were regarded as having oracular power, which might be accessed through dreaming in a ritual of incubation.

La page wiki française sur les reliques chez les Grecs païens observe :

Le monde gréco-romain connaissait déjà une certaine forme de tourisme mi-religieux mi-culturel dont le réseau des sanctuaires chrétiens [catholiques] ne sera qu'une continuation, et de même pour la tradition des cabinets de curiosité. On le voit par exemple à une période de transition, à l'époque de saint Jérôme, qui signale en Palestine simultanément des lieux de mémoire païens et chrétiens.

Une des lettres de Pline le Jeune (61-115 ap. J-C, fonctionnaire Romain et Stoïcien) nous donne un aperçu de l'attitude qui nourrit le culte des héros chez les polythéistes romains (Livre IX: XIX, épitre à Cremutius Ruso):

À mon avis, tous ceux qui ont accompli quelque grande action, digne de mémoire, me paraissent non seulement très excusables, mais tout à fait louables, s'ils recherchent l'immortalité, qu'ils ont méritée, et s'ils s'efforcent d'assurer une longue gloire à un nom qui ne doit pas périr, même par des inscriptions funéraires.

Ainsi, chez les Grecs et les Romains, la recherche d'exploits (surtout militaires) donnant lieu aux louanges et la gloire est en somme un plan de salut païen, un autre Évangile, un autre chemin pour atteindre la vie éternelle. D'ailleurs, Augustin d'Hippone en discute assez longuement de cette quête d'honneurs chez les Romains païens dans sa Cité de Dieu (Livre V, chapitres 13-14). Mais évidemment Augustin ne songe pas examiner à quel point cette logique a pu nourrir le culte des saints chez les catholiques (romains)… Plus loin dans ce même livre, Augustin rejette l'avis des philosophes affirmant qu'il est légitime d'adorer des êtres ou choses créés. (Cité de Dieu, Livre VII, chap 27) :

Mais, d'abord, c'est déjà un crime d'adorer le corps ou l'âme à la place du vrai Dieu, qui seul peut donner à l'âme où il habite la félicité; combien donc est-il plus criminel encore de leur offrir un culte qui ne contribue ni au salut, ni même à l'honneur de celui qui le rend? Que des temples, des prêches, des sacrifices, que tous ces tributs, qui ne sont dus qu'au vrai Dieu, soient consacrés à quelque élément du monde ou à quelque esprit créé, ne fût-il d'ailleurs ni impur ni méchant, c'est un mal, sans aucun doute; non que le mal se trouve dans les objets employés à ce culte, mais parce qu'ils ne doivent servir qu'à honorer celui à qui ce culte est dû. Que si l'on prétend adorer le Vrai Dieu, c'est-à-dire le Créateur de toute âme et de tout corps, par des statues ridicules ou monstrueuses, par des couronnes déposées sur des organes honteux, par des prix décernés à l'impudicité, par des incisions et des mutilations cruelles, par la consécration d'hommes énervés, par des spectacles impurs et scandaleux, c'est encore un grand mal, non qu'on ne doive adorer celui qu'on adore ainsi, mais parce que ce n'est pas ainsi qu'on le doit adorer. Mais d'adorer une créature quelle qu'elle soit, même la plus pure, soit âme, soit corps, soit âme et corps tout ensemble, et de l'adorer par ce culte infâme et détestable, c'est pécher doublement contre Dieu, en ce qu'on adore, au lieu de lui, ce qui n'est pas lui, et en ce qu'on lui offre un culte qui ne doit être offert ni à lui, ni à ce qui n'est pas lui. Pour le culte des païens, il est aisé de voir combien il est honteux et abominable; mais on ne s'expliquerait pas suffisamment l'origine et l'objet de ce culte, si les propres historiens du paganisme ne nous apprenaient que ce sont les dieux eux-mêmes qui, sous de terribles menaces, ont imposé ce culte à leurs adorateurs. Concluons donc sans hésiter, que toute cette théologie civile se réduit à attirer les esprits de malice et d'impureté sous de stupides simulacres pour s'emparer du coeur insensé des hommes.

Quelle ironie, car la même logique s'applique tout à fait au culte que rendent les catholiques à Marie et aux saints. Et touchant les prières que les catholiques adressent à Marie et aux saints, voici qu'Augustin expose un principe mensonger du paganisme de sa génération (en particulier chez les disciples de Platon), principe qui est solidement ancré au coeur du culte catholique de Marie et des saints (Cité de Dieu, Livre VIII, chap 20):

Il y a, suivant eux, une raison pressante et impérieuse qui fait que les démons sont les médiateurs nécessaires entre les dieux et les hommes. Voyons cette raison, cette prétendue nécessité. C'est, disent-ils, qu'aucun dieu ne communique avec l'homme. Voilà une étrange idée de la sainteté divine ! elle empêche Dieu de communiquer avec l'homme suppliant, et le fait entrer en commerce avec le démon superbe ! Ainsi, Dieu ne communique pas avec l'homme pénitent, et il communique avec le démon séducteur; il ne communique pas avec l'homme qui invoque la Divinité, et il communique avec le démon qui l'usurpe ; il ne communique pas avec l'homme implorant l'indulgence, et il communique avec le démon conseillant l'iniquité ; il ne communique pas avec l'homme qui, éclairé par les livres des philosophes, chasse les poètes d'un État bien réglé, et il communique avec le démon, qui exige du sénat et des pontifes qu'on représente sur la scène les folles imaginations des poètes ; il ne communique pas avec l'homme qui interdit d'imputer aux dieux des crimes fantastiques, et il communique avec le démon qui se complaît à voir ces crimes donnés en spectacle; il ne communique pas avec l'homme qui punit par de justes lois les pratiques des magiciens, et il communique avec le démon qui enseigne et exerce la magie; il ne communique pas avec l'homme qui fuit les oeuvres des démons, et il communique avec le démon qui tend des pièges à la faiblesse de l'homme.

En effet, le culte de Marie et des saints repose sur le mensonge que Dieu n'est pas vraiment intéressé à nous et n'écouteras pas nos prières et c'est ce qui explique pourquoi il est nécessaire de passer par ces intermédiaires plus attentionnés et serviables. C'est donc ce mensonge du supposé indifférence divine qui assure le prestige et l'importance de Marie et des saints. Une autre ironie c'est qu'Augustin semble avoir été confronté à l'accusation de la part de philosophes païens que le culte catholique des martyres (à l'époque d'Augustin cela consiste surtout par de petites chapelles situées sur le site du tombeau d'un martyr) n'est qu'une imitation par les catholiques du culte païen des héros (Cité de Dieu, Livre VIII, chap 26):

Mais le véritable sujet de sa douleur, c'est qu'il prévoyait sans doute que les monuments de nos martyrs devaient succéder à leurs temples et à leurs autels ; et peut-être, en lisant ceci, nos adversaires vont-ils se persuader, dans leur aversion pour les chrétiens et dans leur perversité, que nous adorons les morts dans les tombeaux comme les païens adoraient leurs dieux dans les temples. Car tel est l'aveuglement de ces impies, qu'ils se heurtent, pour ainsi dire, contre des mensonges, et ne veulent pas voir des choses qui leur crèvent les yeux. Ils ne considèrent pas que, de tous les dieux dont il est parlé dans les livres des païens, à peine s'en trouve-t-il qui n'aient été des hommes, ce qui ne les empêche pas de leur rendre les honneurs divins.

Augustin revient plus loin (Livre VIII, chap 27) sur cette accusation, mais la renvoie du revers de la main, sans l'examiner en détail comme il aurait dû... Autre détail, il est manifeste que le culte des héros chez les Grecs polythéistes fut lié au culte de leurs reliques. Touchant le culte des héros chez les Celtes, les ancêtres lointains des Français, la notice wiki.fr note (2019)

Vers le milieu du IIe siècle av. J.-C., Nicandre de Colophon note que les Celtes (païens) recueillent des oracles auprès des tombes de leurs guerriers défunts[16], où ils passent des nuits entières. Dans le Midi de la France, toute une statuaire en pierre retrouvée dans des sanctuaires montre le développement de l'ancien culte du héros guerrier (déjà répandu au VIe siècle av. J.-C., comme le laisse supposer la stèle de Hirschlanden).

Comme on l’a noté, la condition pour atteindre le statut de héros est d’avoir fait des exploits au cours de sa vie. Cette attitude influencera fortement le culte des martyres et sera alliée à des concepts platoniciens du mépris du corps, ce corps qui est une entrave pour parvenir au spirituel. Évidemment le geste suprême de mépris du corps est le martyre. Le résultat  ? Des individus qui recherchent et glorifient le martyre… Ainsi, par son mépris du corps, le martyre devient le nouveau superhéros chrétien. Par exemple, les Actes du martyre de Cyprien de Carthage (200-258 ap. J-C) relatent que lors de son procès pour sacrilège [contre les divinités romaines], Cyprien refusa d'offrir le sacrifice aux idoles exigé par le proconsul romain Galerius Maximus et fut condamné à la décapitation par l'épée. Entendant la sentence, Cyprien s'écria : "Grâce soit rendue à Dieu !". Tout le peuple cria d'une voix : "laissez-nous aussi être décapités avec lui !" au moment de l’exécution, les chrétiens placèrent des tissus et des draps en face de lui pour récolter le sang du martyr. (Chenu 1988 : 95-98) Thomas Hobbes, dans son œuvre célèbre le Leviathan (1651) fit ces commentaires sur l'infiltration de coutumes païennes (précisément le culte idoles et d'images) chez les chrétiens d'Europe dans l'époque post-constantinienne (ch. 45).

La cause de cela était l'estime et le prix démesurés accordés à l'exécution de ces œuvres, ce qui fit que leurs propriétaires, quoiqu'ayant abandonné par leur conversion le culte qu'ils leur avaient rendu comme à des démons, les conservèrent dans leurs maisons, sous prétexte de faire cela en l'honneur du Christ, de la Vierge Marie, des apôtres, et d'autres pasteurs de l'Église primitive. Il était en effet facile, en leur donnant de nouveaux noms, de faire une image de la Vierge Marie et de son fils notre Sauveur de ce qui, peut-être, avant, était appelé l'image de Vénus et de Cupidon, et, de la même façon, faire de Jupiter un Barnabé ou de Mercure un Paul, etc. Et comme l'ambition mondaine se glissa par degrés chez les pasteurs, elle les amena à s'efforcer de plaire aux nouveaux Chrétiens, et aussi à aimer cette sorte d'honneur qu'ils pouvaient aussi espérer après leur mort, aussi bien que ceux qui l'avaient déjà obtenu, le culte des images du Christ et de ses apôtres devint de plus en plus idolâtre, si ce n'est peu après l'époque de Constantin, où divers empereurs, évêques, et conciles généraux remarquèrent que ce culte était illégitime, et s'y opposèrent, mais trop tard et trop faiblement.

L’historien anglican Henry Chadwick signale que tout comme c’est le cas du culte des héros chez les païens de l’antiquité, le culte des saints adhère à ce prototype et est intimement lié au culte des reliques (1955 : 44) :

The impulse behind the cultus of saints and martyrs was in large part dominanted from the third century on by belief in the supreme value of veneration in proximity to the dead body. No body, no cult.

Discutant du culte offert aux reliques de St-Martin en France, l'historien britannique Tom Holland offre ces observations (2019: 127):

Stories like these, told by people proud of the might of the dead in their midst, had a venerable pedigree. In Greece, the bones of heroes - readily distinguishable by their colossal size - had long been prized as trophies. It was not unknown for entire skeletons to be chiselled out of rock and abducted. Tombs as well, great mounds of earth raised over the ashes of fallen heroes, had for a millennium been sites of pilgrimage. Julian, even before becoming emperor, and making public his devotion to the ancient gods, had made a point of visiting Troy. There, he had been shown the tombs of Homer's heroes, and the temples raised to them, by none other than the local bishop. Seeing Julian's raised eyebrow, the bishop had only shrugged. 'Is it not a natural that people should worship a brave man who was their fellow citizen?' Pride in ancestral warriors ran very deep.

La page wiki française sur les reliques observe ce qui suit sur la période de transition du paganisme préchrétien au catholicisme (2019)

D'un autre côté, le monde barbare celtique et germanique faisait grand usage de talismans qui seront progressivement remplacés, pendant la période mérovingienne, par les reliques. Ainsi la célèbre phrase de saint Remi, évêque de Reims, à Clovis lors de son baptême, longtemps rendue à tort par « Courbe la tête, fier Sicambre » (Depone colla Sicambe) doit en fait se traduire par « Enlève tes colliers », c'est-à-dire « tes talismans ». Cependant ces talismans ne seront pas purement et simplement supprimés. Ils seront tout d'abord, et pendant une longue période, seulement remplacés par des talismans chrétiens souvent d'origine très douteuse. Ainsi la Chanson de Roland, au milieu du XIe siècle, rapporte que Durandal, l'épée de Roland (personnage du VIIIe siècle), épée qui ne doit surtout pas tomber aux mains des infidèles, contient dans son pommeau d'or : « une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile, et des cheveux de monseigneur saint Denis, et du vêtement de sainte Marie » (laisse 173)

Et encore de nos jours les talismans des germains et celtes païens ont été remplacés chez les catholiques par les scapulaires… On me dit d’ailleurs que tout autel romain doit avoir incrusté quelque part d'une relique. Sans cela la messe ne serait pas valide ! Discutant du culte fait aux apôtres Pierre et Paul et des monuments érigés en leur honneur à Rome, l’historien français Charles Pietri souligne, sans doute involontairement, un lien entre ce culte et les cultes païens des héros (1961 : 319-320)

Dans l'arx reposent leur corps, «sacratissima corpora» : l'homélie ignore la topographie de manière significative; les Romains ont élevé aux deux apôtres du herôa, des monuments funéraires qui sont en même temps des temples où se perpétue le souvenir de héros; ceux-ci se dressent hors de la Ville ; mais, par un artifice de langage, l'orateur transporte au centre de l'Urbe, comme il convient à des fondateurs, le souvenir des deux apôtres. Car leur sang a racheté le sang du meurtre[17]: la nouvelle ville est, elle aussi, fondée dans le sang, mais dans le sang des deux martyrs.

L’apôtre Paul semble avoir prévu (par le Saint-Esprit) le culte des saints et l’a rejeté comme on le voit ici.

Car, mes frères, j’ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu’il y a des disputes au milieu de vous. Je veux dire que chacun de vous parle ainsi: Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Je rends grâces à Dieu de ce que je n’ai baptisé aucun de vous, excepté Crispus et Gaïus, afin que personne ne dise que vous avez été baptisés en mon nom. (1Cor. 1 : 11-15)

Dans le livre des Actes, à la suite d'un miracle, on voit la logique du culte des héros s’exprimer lors du ministère de l’apôtre Paul. Lors de ces événements, on a justement tenté de lui faire des honneurs divins. Voyez sa réaction :

Paul et Barnabas, en ayant eu connaissance, se réfugièrent dans les villes de la Lycaonie, à Lystre et à Derbe, et dans la contrée d’alentour. Et ils y annoncèrent la bonne nouvelle. À Lystre, se tenait assis un homme impotent des pieds, boiteux de naissance, et qui n’avait jamais marché. Il écoutait parler Paul. Et Paul, fixant les regards sur lui et voyant qu’il avait la foi pour être guéri, dit d’une voix forte: Lève-toi droit sur tes pieds. Et il se leva d’un bond et marcha. À la vue de ce que Paul avait fait, la foule éleva la voix, et dit en langue lycaonienne: Les dieux sous une forme humaine sont descendus vers nous. Ils appelaient Barnabas Jupiter, et Paul Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole. Le prêtre de Jupiter, dont le temple était à l’entrée de la ville, amena des taureaux avec des bandelettes vers les portes, et voulait, de même que la foule, offrir un sacrifice. Les apôtres Barnabas et Paul, ayant appris cela, déchirèrent leurs vêtements, et se précipitèrent au milieu de la foule, en s’écriant: Ô hommes, pourquoi agissez-vous de la sorte ? Nous aussi, nous sommes des hommes de la même nature que vous; et, vous apportant une bonne nouvelle, nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve. Ce Dieu, dans les âges passés, a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies, quoiqu’il n’ait cessé de rendre témoignage de ce qu’il est, en faisant du bien, en vous dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous donnant la nourriture avec abondance et en remplissant vos coeurs de joie. À peine purent-ils, par ces paroles, empêcher la foule de leur offrir un sacrifice. (Actes 14 : 6-18)

Il est clair que l’apôtre Paul a complètement rejeté ce réflexe païen de diviniser sa personne (et d’inaugurer un culte à son égard). De l’époque d’Augustin d’Hippone (354-430 ap. J-C), le culte des martyrs avait gagné les chrétiens romains. Dans ses Confessions (Livre VI, ch. 2), Augustin fournit un exemple de ce culte. Comme on le voit ci-dessous, Augustin relate que sa mère, Monique, non seulement visitait les tombeaux des martyrs, mais y apportait une offrande de pain, de vin et de gâteaux de riz.

Ma mère ayant apporté aux tombeaux des martyrs, selon l’usage de l’Afrique, du pain, du vin et des gâteaux de riz, le portier de l’église lui opposa la défense de l’évêque; elle reçut cet ordre avec une pieuse soumission, et je l’admirai si prompte à condamner sa coutume plutôt qu’à discuter la défense (Saint Augustin, devenu évêque, imita saint Ambroise et attaqua cette coutume dont abusait l’intempérance. (Voir lett. 22 à Aurélien de Carthage, et lett. 29 à Alypius.). L’intempérance ne livrait aucun assaut à son esprit, et l’amour du vin ne l’excitait pas à la haine de la vérité, comme tant de personnes, hommes (406) et femmes, pour qui les chansons de sobriété sont le verre d’eau qui donne des nausées à l’ivrogne. Lorsqu’elle apportait sa corbeille remplie des offrandes funèbres, elle en goûtait et distribuait le reste, ne se réservant que quelques gouttes de vin, autant que l’honneur des saintes mémoires en pouvait demander à son extrême sobriété. Si le même jour célébrait plus d’un pieux anniversaire, elle portait sur tous les monuments un seul petit flacon de vin trempé et tiède, qu’elle partageait avec les siens en petites libations; car elle satisfaisait à sa piété et non à son plaisir.

Sitôt qu’elle eut appris que le saint évêque, le grand prédicateur de votre parole, avait défendu cette pratique même aux plus sobres observateurs, pour refuser aux ivrognes toute occasion de se gorger d’intempérance dans ces nouveaux banquets funèbres trop semblables à la superstition païenne, elle y renonça de grand coeur, et au lieu d’une corbeille garnie de terrestres offrandes, elle sut apporter aux tombeaux des martyrs une âme pleine des voeux les plus épurés; se réservant de donner aux pauvres selon son pouvoir, il lui suffit de participer, dans ces saints lieux, à la communion du corps du Seigneur, dont les membres, imitateurs de sa croix, ont reçu la couronne du martyre.

Il me semble toutefois, Seigneur mon Dieu, et tel est le sentiment de mon coeur en votre présence, qu’il n’eût pas été facile d’obtenir de ma mère le retranchement de cette pratique, si la défense en eût été portée par un autre moins aimé d’elle qu’Ambroise, qu’elle chérissait comme l’instrument de mon salut; et lui l’aimait pour sa vie exemplaire, son assiduité à l’église, sa ferveur spirituelle dans l’exercice des bonnes oeuvres; il ne pouvait se taire de ses louanges en me voyant, et me félicitait d’avoir une telle mère. Il ne savait pas quel fils elle avait en moi, qui doutais de toutes ces grandes vérités, et ne croyais pas qu’on pût trouver le chemin de la vie.

On voit bien que ce culte semble provoquer quelques réserves chez les dirigeants chrétiens de l’époque. Quant à Augustin, il semble avoir condamné de telles offrandes, non pas sur le principe même (c'est-à-dire parce que ce culte constitue dans les faits une forme d’idolâtrie, une infiltration du paganisme gréco-romain), mais parce que ces rites avaient tendance à tourner en beuveries. C’est cela qui choque Augustin et qu’il n’approuve pas. Il semble incapable de remettre en question le principe même du culte des martyrs (faisant un lien trop explicite avec les cultes païens).

Dans un article publié dans la revue Jésuite Traditio, John G. Prendiville expose un autre aspect de la pénétration d’influences polythéistes dans le christianisme du 5e siècle. Prendiville relate qu’Augustin réprimandait les chrétiens sous sa gouverne au sujet des beuveries associés aux fêtes des martyres et expose le lien entre culte des héros et culte des martyres (1972 : 62) :

There was murmuring in the streets against this, but eventually the people came to see his point of view. Augustine explained to them how these abuses had come into being, and why they had been tolerated for so long. The chief things that held pagans back from the Church, Augustine explains, was that they had been accustomed to celebrate the feasts of their idols with heavy eating and drinking, and they felt that they could not deny themselves this indulgence. For this reason the bishops considered it right for a time to make allowances for this weakness, and to permit them to celebrate feasts in honor of the martyrs in place of those they were giving up. These feasts, though not marked by actual sacrilege, nevertheless had a certain similarity with the pagan festivals because of the riotous conduct which accompanied them. His words make us realize how close to paganism in both time and mentality his people still were.

Il est donc manifeste qu’Augustin était bien conscient de la pénétration d’influences païennes dans l’église romaine. Le clergé romain de l’époque, semble avoir fait un calcul business et admis que de tels compromis étaient le prix à payer pour élargir leur cercle d’influence (et sources de revenus). Une lettre adressée à l’abbé Mellitus par le Pape Grégoire le Grand (en 601 ap. J-C) entre dans cette logique. Dans cette lettre, qui nous parvient grâce à Bède le Vénérable, Grégoire offre les conseils suivants à Mellitus comment procéder pour faciliter la conversion des paien Saxons (731/1907 : 66-67)

Howbeit, when Almighty God has led you to the most reverend Bishop Augustine, our brother, tell him what I have long been considering [pg 067] in my own mind concerning the matter of the English people; to wit, that the temples of the idols in that nation ought not to be destroyed; but let the idols that are in them be destroyed; let water be consecrated and sprinkled in the said temples, let altars be erected, and relics placed there. For if those temples are well built, it is requisite that they be converted from the worship of devils to the service of the true God; that the nation, seeing that their temples are not destroyed, may remove error from their hearts, and knowing and adoring the true God, may the more freely resort to the places to which they have been accustomed. And because they are used to slaughter many oxen in sacrifice to devils, some solemnity must be given them in exchange for this, as that on the day of the dedication, or the nativities of the holy martyrs, whose relics are there deposited, they should build themselves huts of the boughs of trees about those churches which have been turned to that use from being temples, and celebrate the solemnity with religious feasting, and no more offer animals to the Devil, but kill cattle and glorify God in their feast, and return thanks to the Giver of all things for their abundance; to the end that, whilst some outward gratifications are retained, they may the more easily consent to the inward joys. For there is no doubt that it is impossible to cut off every thing at once from their rude natures; because he who endeavours to ascend to the highest place rises by degrees or steps, and not by leaps.

Évidemment Grégoire s’empresse d’offrir des justifications nobles pour son compromis, mais manifestement tout ce qui compte pour lui ce n’est pas la Vérité, mais l’expansion du pouvoir territorial et économique de son église. Et si cela devait se faire en introduisant des masses de païens très superficiellement christianisés, pourquoi pas?[17a] En dépit du fait que l’historien anglican Henry Chadwick a un regard sympathique sur le culte des images et statues chez les chrétiens, touchant la controverse des iconoclastes au 8e siècle, il admet tout de même au sujet des images devenues associés au culte chrétien que (1967/1990: 283) :

images were associated with the idolatry Christianity had come to destroy, and that the representations of Christ, the Virgin, and the saints, owed too much to pagan precedents. In this instinct there was a measure of truth. The representation of Christ as the Almighty Lord on his judgement throne owed something to pictures of Zeus. Portraits of the Mother of God were not wholly independent of a pagan past of venerated mother-goddesses. In the popular mind the saints had come to fill a role that had been played by local heroes and deities.

L’histoire du 4e siècle est marqué par la conversion de l’empereur Constantin en 313 ap. J-C (mais baptisé sur son lit de mort en 337) qui mettra fin aux persécutions des chrétiens et fera des dons importants aux ecclésiastiques et fera construire plusieurs églises. Mais de quel type de chrétien fut Constantin ? Chadwick nous en donne une petite idée (1967/1990 : 127)

When in obedience to a divinely granted dream, he decided to found a new capital for the eastern half of the empire at the magnificent strategic site of Byzantium on the Bosporus. He intended it to be a new Rome. Providing it with two noble churches dedicated to the apostles and to peace. But he also placed in the forum a statue of the sun god bearing his own features and even found room for a statue of the mother goddess Cybele. The genius of the city he solemnly invoked for the celebration conducted by Christian clergy on the 11th of May in the year 330.

D’autre part, Chadwick nous livre un exemple de la tradition vivante du culte des héros. Discutant de Julien l’Apostat, le dernier empereur païen et un fervent propagandiste pour le paganisme romain, Chadwick mentionne (1967/1990 : 159) qu’après la mort de Julien, son ami Libanius affirma lors d’un discours mémorial (en 356) que Julien avait désormais eu son apothéose (était divinisé) et que déjà des païens dévots avaient eu des réponses à des prières qui lui avaient été adressées. Dans son Histoire des francs, Grégoire de Tours défend le culte des reliques, supposément dotées de pouvoirs miraculeux, en alléguant que le principe était accepté dans l’Ancien Testament, notamment dans l’épisode du mort ramené à la vie en touchant les ossements du prophète Élisée (2Rois 13: 21). Mais Grégoire omet de mentionner que les Juifs n’ont JAMAIS établi de culte à ce sujet. Et dans quelques cas où des objets associés à un juif fameux sont devenus l’objet d’un culte, cette pratique est clairement CONDAMNÉE par l’Ancien Testament. C’est le cas du serpent d’airain fabriqué par Moise lui-même (Nom 21:9), et, bien des années plus tard, ce même serpent sera détruit par le roi Osée après qu’il soit devenu le centre d’un culte superstitieux (2Rois 18: 4). Il en est de même de l’éphod, un mémorial en or fabriqué par le juge Gédéon, commémorant une victoire militaire, qui deviendra aussi un objet de culte condamné par les Écritures (Juges 8: 27).

Chez les juifs, Abraham et Moïse sont des personnages très importants, dominant leur histoire, mais pourtant on ne voit jamais un Juif prier Abraham ou Moïse pour quoi que ce soit. Ça ne leur viendrait jamais à l'esprit. Le Juif ne prie qu'à Dieu. Le philosophe politique français Alexis de Tocqueville, pourtant catholique, a fait le commentaire suivant touchant le christianisme à la fin de l’Empire romain et admet, à mots voilés, l’infiltration du paganisme chez les chrétiens romains (1840 : vol 2 - 1e partie, ch. v):

Le monde romain s'étant alors brisé, pour ainsi dire, en mille éclats, chaque nation en revint à son individualité première. Bientôt, dans l'intérieur de ces nations, les rangs se graduèrent à l'infini; les races se marquèrent, les castes partagèrent chaque nation en plusieurs peuples. Au milieu de cet effort commun qui semblait porter les sociétés humaines à se subdiviser elles-mêmes en autant de fragments qu'il était possible de le concevoir, le christianisme ne perdit point de vue les principales idées générales qu'il avait mises en lumière. Mais il parut néanmoins se prêter, autant qu'il était en lui, aux tendances nouvelles que le fractionnement de l'espèce humaine faisait naître. Les hommes continuèrent à n'adorer qu'un seul Dieu créateur et conservateur de toutes choses; mais chaque peuple, chaque cité, et, pour ainsi dire, chaque homme, crut pouvoir obtenir quelque privilège à part et se créer des protecteurs particuliers auprès du souverain maître. Ne pouvant diviser la Divinité, l'on multiplia du moins et l'on grandit outre mesure ses agents; l'hommage dû aux anges et aux saints devint, pour la plupart des chrétiens, un culte presque idolâtre, et l'on put craindre un moment que la religion chrétienne ne rétrogradât vers les religions qu'elle avait vaincues.

Discutant du culte (préchrétien) des morts au Mexique, l’anthropologue Hugo Gino Nutini expose les nombreux liens entre le paganisme pré-chrétien et le catholicisme, d’abord en Europe et plus tard au Mexique (1988: 8-9) :

In the folk Catholicism of rural Tlaxcala, and of many other regions of Mesoamerica, the saints and the souls of the dead have essentially the same structural and functional positions: they are objects of propitiation and supplication as intermediaries between individuals and the community on the one hand and the Christian God and other high supernatural powers in the universe on the other. The people approach, worship, and pray to the saints and the souls of the dead in the same fashion, and essentially no distinction emerges between the cult of the saints and the cult of the dead: the latter is a manifestation of the former, since saints are much more numerous than the different kinds of dead souls. In other words, in the folk Catholicism of rural Tlaxcala, structurally and behaviorally, the cult of the saints and the cult of the dead constitute a single, undifferentiated system.
The origin of this phenomenon is rooted in the confluence of the pre-Hispanic polytheistic conception of the gods and the ultimate destination of the dead, on the one hand, and the Christian conception of the saints and the souls of the dead as performing basically the same functions, on the other. ln the pre-Hispanic system, the dead become essentially deified as they join the supernatural domain of the gods under whose tutelary patronage they left earthly existence; while in the Christian (particularly Catholic) system as it emerged from the Dark Ages, the souls of the dead (both of those who go directly to heaven and those who make the detour through purgatory) join the saints in the celestial court as acolytes or underlings of God. In other words, the cult of the dead and the cult of the saints in many regions of Mesoamerica are the product of two syncretic syntheses: first, the confluence of Judaic monotheism and lndo-European polytheism, and second, that of sixteenth-century Spanish Catholicism and pre-Hispanic polytheism.

Il faut constater qu’au cours des siècles la doctrine catholique, c'est-à-dire ce qui est admis officiellement par la hiérarchie catholique, a toujours été une entité très élastique. Et dans ce contexte la question « Est-ce que cette nouvelle croyance/pratique sera rentable pour la business de l’église catholique ? » devient déterminante en dernière instance. L’admission d’une nouvelle divinité païenne sud-américaine (Notre Dame de l’Amazone) par le pape Francis I n’est que le dernier ajout à une très longue liste, élargissant le très ample panthéon catholique.[17b] On voit parfois des théologiens catholiques défendant le culte des saints et martyrs en alléguant que certains Pères de l’église, même avant la conversion de l’empereur Constantin, y réfèrent. Tertullien (150-220 ap. J-C), par exemple, dans son texte De la couronne du soldat, note (III)

Nous faisons annuellement des oblations pour les défunts et pour les nativités des martyrs.

Mais une telle référence est une démonstration du caractère inévitablement arbitraire de la référence par les catholiques à ce qu’on appelle les Pères de l’Église et aussi à la Tradition. Ces mêmes catholiques ne citeront PAS Tertullien qui, dans son Traité du baptême (XVIII), rejette le pædobaptisme, c'est-à-dire la pratique du baptême d’enfants avant l’âge de la raison :

"Bien sûr, le Seigneur a dit : Laissez venir à moi les enfants [Mt 19, 14]. Oui, qu'ils viennent, mais quand ils seront plus grands, qu'ils viennent quand ils seront en âge d’êtres instruits, quand ils auront appris à connaître celui vers qui ils viennent. Qu'ils deviennent chrétiens quand ils seront capables de connaître le Christ."

D'autre part, dans son Apologétique (XVIII) Tertullien ajoute « On ne naît pas chrétien, on le devient ».  Il est donc clair que Tertullien rejette le baptême des nouveaux nés, tel que pratiqué par les catholiques et anglicans. En somme, l’attitude catholique à l’égard des Pères de l’Église est de piger dans ce corpus, un peu comme le ferait un enfant dans un grand contenant de biscuits, retirant uniquement les biscuits qu’il aime et délaissant les autres. Ainsi les théologiens catholiques s’appuient sur les Pères uniquement dans la mesure où les Pères confirment leur perspective actuelle du christianisme. Le reste ne les intéresse pas.  Il est clair que la Tradition est une cible qui bouge. On en fait ce que l’on veut. Si on veut s’appuyer sur un guide sûr et non-arbitraire pour la pratique et la doctrine, il faut s’appuyer sur les Écritures seules. À la fin, le culte de Marie et des saints est un rejet de cette parole de Christ (car ce culte implique que Christ est insuffisant et a besoin d'aide pour secourir ses enfants) :

Jésus leur dit: Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. (Jean 6: 35)


Terres consacrées et sites de pèlerinages
Au hasard de mes lectures d'été, j'ai lu (en traduction anglaise) la Correspondance (Epistulae) de l'homme d'État et historien roman, Pline le Jeune. Ces lettres exposent ce que pouvait être la vie à l'époque romaine, mais évidemment celle que pouvaient connaître les classes aristocratiques, avec leurs villas cossues et leurs esclaves... Mais au-delà de cet aperçu de la vie des hautes classes romaines, Pline le Jeune nous donne un témoignage oculaire de l'éruption du mont Vésuve en 79 apr. J.-C., éruption qui a enseveli les villes de Pompéi et Herculanum. D'ailleurs en tentant de porter secours à des gens d'une de ces villes, l'oncle de Pline le Jeune y mourra. Il va sans dire que Pline fut un païen romain, un polythéiste qui observe les sacrifices aux dieux et a financé la construction de temples. Pline y relate aussi quelques anecdotes de suicides, justifiés de manière tout à fait comparable à celle que nous proposent les élites postmodernes en Occident.

Mais ce ne sont pas ces détails qui ont attiré mon attention, mais un certain nombre d'échanges qu'a eu Pline avec l'empereur Trajan après que Pline fut nommé gouverneur de la province romaine de Bithynie et Pont (le nord de la Turquie actuelle). Dans ces lettres souvent Pline demanda l'avis de l'empereur sur certaines procédures administratives ou son conseil pour la réalisation de travaux publics.

Entre autres, Pline expose un fait intéressant, c'est-à-dire que le concept catholique de terre consacrée, appliqué aux sites d’églises, de monastères, de centres de pèlerinages ou de cimetières catholiques, n’est qu’un emprunt d’une pratique païenne bien établie chez les Romains polythéistes. Il en est question, par exemple, dans une lettre de Pline à Romanus (Livre VIII) où on fait allusion à des chapelles dédiées à divers dieux et aussi au Livre X, dans un échange avec l’empereur Trajan au sujet d’un bain public à construire à la ville de Pruse[18], l’empereur note qu’un emplacement visé serait finalement inutilisable dans ce but, car déjà consacré à un empereur précédant.

L’historien Foucart expose le fait que chez les Grecs antiques, le concept de terre consacré est bien présent et précise que les revenus provenant d’une telle terre doivent servir au culte du héros ou de la divinité approprié (1922 : 157)

Une autre inscription de Cos[19], qui n'est pas une fondation testamentaire comme les précédentes, mais une enseigne posée sur un terrain pour en désigner le propriétaire, contient en abrégé tous les éléments des communautés constituées par Epicléta et Diomédon : « Ce terrain et la maison qui est sur le terrain, les jardins et les maisons qui sont dans les jardins sont la propriété sacrée des Douze Dieux et de Charmylos, le Héros des Charmyléens(1). » Charmylos a le titre de Héros. Il est associé aux Douze Dieux. Héros et dieux possèdent en commun des immeubles dont le revenu subvient aux frais de leur culte.

Tout comme ce sera le cas des chapelles dédiées aux saints et saintes catholiques, chez les Grecs préoccupés du culte d’un héros, certaines considérations économiques doivent être réglées (1922 : 154) :

C'est là, comme nous le verrons par des inscriptions assez nombreuses, la grande préoccupation des particuliers: fonder le culte de leur Héros et en assurer la perpétuité, en subvenant aux frais nécessaires. Ils y pourvoient par une disposition testamentaire ou par une donation entre vifs, en affectant soit un capital, soit des immeubles de rapport ou encore une rente sur des fonds frappés d'hypothèque, le tout inaliénable à perpétuité. Ils fondent une communauté, composée d'ordinaire de membres de la famille; celle-ci, en retour de certains avantages, a pour objet d'assurer la célébration du culte et d'administrer les revenus de la fondation; les associés prennent à ce sujet des engagements dont la loi civile reconnaît la validité et garantit l'exécution.

Dans le Nouveau Testament, la situation est tout autre. Il est clair que l’enseignement de Christ abolit de telles pratiques (l’établissement de sites sacrés), car dans l’Évangile de Jean il dit à la Samaritaine

Nos pères ont adoré sur cette montagne; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. (Jean 4 : 20-24)


Le purgatoire
Ceux qui connaissent bien la culture et la mythologie païenne de l'Antiquité savent que le récit héroïque de l'Odyssée par le païen grec, Homère, comporte déjà (au Chant XI, la visite d’Ulysse chez les morts) le concept du purgatoire, c'est-à-dire un lieu où on garde les morts, mais dont le sort peut être amélioré par les interventions (sacrifices) des vivants... Et Homère, c'est des centaines d'années AVANT le christianisme (8e siècle av J-C)... Le concept catholique du purgatoire n’a donc aucun fondement dans les Écritures, mais s’enracine dans le paganisme ancien. Il va sans dire que la vente de messes pour les morts a toujours été une doctrine rentable pour l’église de Rome. Au moyen âge c’était l’objet de la TRÈS lucrative vente d’indulgences. Aujourd’hui la vente de messes en faveur des morts, génère tout de même un peu d’argent de poche (sans impôts  ?) pour les prêtres...

À vrai dire, depuis Vatican II, l’église catholique avait, pendant un moment, discrètement mis de côté la doctrine du purgatoire (et la doctrine des indulgences), mais depuis quelques années on s’est remis à en faire la promotion... On en parle dans un article de Paul Vitello paru dans le New York Times[20].


Centralisme (et soif de pouvoir) de l’église romaine
Les catholiques romains aiment justifier la centralisation du pouvoir à Rome en faisant référence aux visites légendaires de l’apôtre Pierre à Rome. Il faut comprendre que ces récits copient et s’inspirent d’un autre récit mythique, soit le récit païen de la fondation de Rome apporté par Virgile dans son Énéide. Dans ce récit, le héros, Énée, qui est un étranger, un Troyen prestigieux, de race royale, vient fonder le glorieux Empire romain. Le récit (extrabiblique) de la visite l’apôtre Pierre à Rome (en particulier le texte apocryphe du 2e s., Actes de Pierre), copie ce modèle païen, mais dans le but de fournir un récit fondant désormais l’empire chrétienne romaine…

Mais il y a lieu de penser que le motif et la source véritable de cette centralisation soit tout simplement l’orgueil romain. Habitués depuis des centaines d’années à diriger le monde politique et militaire de l’époque, les chrétiens de Rome tinrent donc pour acquis qu’il leur revenait de droit de diriger le monde chrétien. Chose curieuse, même au Moyen Âge certains, comme Saint Bernard de Clairvaux, ont fait ce rapprochement entre la papauté et l'empire romain.[20a] Dans une lettre au Pape Eugène III peu de temps après son élection, Bernard lui fit les commentaires suivants

L'Église exulte et glorifie le Seigneur de votre élection, mais au sein de l'Église la joie est plus grande encore dans cette communauté dont vous avez été l'enfant, dont vous avez sucé les mamelles. Quoi donc ? J'exulte moi aussi et pourtant je l'avoue j'ai peur. Ma joie est mêlée de crainte et de tremblements… Je vois la dignité où vous êtes élevé et de quelle hauteur maintenant vous pouvez tomber. » II – « À voir la pompe qui t'entoure on te prendrait plutôt pour le successeur de Constantin que pour le successeur de saint Pierre. (...) IV - Tu n'es pas le souverain des Évêques, mais l'un d'entre eux, le frère de ceux qui aiment Dieu, le compagnon de ceux qui le craignent.

Il est manifeste que Bernard rejette le concept du pape tel qu'il est compris par l'église catholique actuel. La meilleure preuve de cette hypothèse du motif politique du centralisme romain est que lorsque l’Empire romain se scindera en empires de l’Est et de l’Ouest, alors les villes de Rome et de Constantinople vont désormais rivaliser pour le contrôle du monde chrétien. À la fin, cette rivalité politique aboutira à des papes romains et patriarches orthodoxes qui s’excommunient mutuellement (entre autres, au 11e siècle), faute de soumettre son adversaire à son autorité… Et ces deux rivalités restent vivantes encore aujourd’hui (sujettes à certaines ententes plus ou moins cordiales). Chadwick relate une anecdote du 4e siècle au sujet des prétentions de l’église de Rome à la primauté sur les autres églises qui est révélatrice des arguments spécieux proposés (1955: 36):

The ninety-seven bishops who assembled on 6 January 34I for the dedication of the great church at Antioch, in the presence of the emperor Constantius, made the point quite clear in their letter to [pope] Julius of Rome, as that is preserved in the précis of Sabinus of Heraclea. For the see of Rome, they declared, they had indeed profound, respect as a centre of apostolic teaching and of orthodoxy from the beginning; but the bishop of Rome should remember that St. Peter and St. Paul had gone to Rome from Antioch whence they were now writing. The implication was evident: Had not the East a senior cathedra apostolorum ? Was St. Peter's authority any more transmissible to Rome than to Antioch ? Or did Julius really think that the dignity of his see was determined by the secular importance of his city ? The Roman answer to these formidable questions was evidently to base the claim to primacy not upon the fact of the apostles' residence in Rome and alleged foundation of the church there, but upon the fact of their martyrdom in the city. The unique authority of the Roman see was sealed by the apostles' blood; it depended upon their death rather than upon their life.

Dans cette réplique romaine à cette controverse, là encore on reste dans une logique païenne. Ainsi les exploits héroïques des apôtres (leur martyre) servent de prétexte pour justifier les prétentions autoritaires de l’église de Rome. En tout cas RIEN dans le Nouveau Testament ne justifie cette logique.

Par ailleurs, au cours des siècles il y a d’abondants exemples de l’église de Rome imitant les méthodes de gestion militaires des Romains païens (faisant des conquêtes et mater des insurrections). Le plus frappant est l’Inquisition, mais il y a un cas moins connu, celui du massacre de Bangor (pays de Galles, Angleterre) en 601 commandé par le délégué du Pape Grégoire, soit Augustin de Cantorbéry. Les Anglais de souche étaient chrétiens bien avant que le pouvoir de Rome s’accroisse et au 7e siècle, Rome convoitait l’Angleterre et envoya Augustin de Cantorbéry pour soumettre les chrétiens anglais au pouvoir de Rome. Ils refusèrent cet envoyé du pape arrogant. Pour “régler” la question, Augustin s’arrangea pour que lors d’une bataille à Bangor, qu’un roi saxon fit massacrer les clercs britanniques qui avaient refusé la soumission. Une autre “victoire” pour l’Empire (catholique) romain...[21]

Discutant de l'expansion de l'église de Rome en Angleterre au 7e siècle, l'historien irlandais, Thomas Cahill, relate que le litige entre les chrétiens anglais et irlandais de souche et l'église de Rome était lié à l'acceptation des rituels catholiques, en particulier la célébration de la fête de Pâques selon la méthode de calcul romain. Cahill observe que les chrétiens anglais et irlandais finirent par se soumettre et met en lumière la logique qui servait de cadre à ces discussions théologiques (1995: 201):

As it happened, the Irish party gave in with a few holdouts who came over in time. They agreed, however reluctantly, that their father in God, Columcille, whose name was invoked in all their customs, took second place to Peter, the prince of the Lord's apostles, in whose name the Roman party made its argument. The solution, like the problem, was a simpleminded one: our relics the bones of our founder are holier than yours, so Rome is greater than lona, and thus we've got right on our side.

Une fois fait le constat de l’impérialisme de l’église de Rome, il y a lieu de se demander si cette attitude (conquêtes de territoires et ajout d’âmes fidèles à Rome) ne nourrit pas l’attitude syncrétique décrite ci-dessus par Hugo Nutini (1988) dans le culte des morts au Mexique. Ainsi, si l’expansion territoriale et démographique de l’empire catholique a la priorité, on comprend mieux l’acceptation (implicite) par le clergé romain du syncrétisme de croyances préchrétiennes et catholiques. Cela permet d’assurer de nouvelles conquêtes et la cohérence et la vérité des croyances des croyants passent en deuxième place…

massacre de la Saint-BarthélemyIl faut noter qu'au Moyen Âge les papes ordonnaient des croisades par les chevaliers Teutons contre des peuples non encore soumis à l'église catholique. Par exemple, après la prise de la forteresse de Medvėgalis en Lituanie en 1329 par les chevaliers Teutons, on a baptisé de force 6,000 résidents (sinon ils se voyaient déportés en esclavage). Et du 12e au 14e siècle, les vaudois (Pauvres de Lyon) seront persécutés par l’église catholique, eux qui ne cherchaient qu’à vivre l’Évangile et appliquer la Bible dans leurs vies (ils avaient traduit la Bible en Provençal). Mais évidemment leur péché mortel a été de rejeter l’autorité du pape... Et avec la Réforme, on a répété ce scénario avec le massacre des huguenots lors de la Saint-Barthélémy en août 1572. À cette époque, les huguenots s’approchaient de manière “intolérable” du pouvoir royal et il fallait donc les éliminer... À la fin, les huguenots seront persécutés en France pendant plus de 250 ans, jusqu’à la Révolution.

Toutes ces initiatives sont contraires à l’esprit des Évangiles, car les apôtres repoussés par les Samaritains ont eu des envies semblables. Voyez la réaction de Jésus.

Il envoya devant lui des messagers, qui se mirent en route et entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement. Mais on ne le reçut pas, parce qu’il se dirigeait sur Jérusalem. Les disciples Jacques et Jean, voyant cela, dirent: Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ? Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. Et ils allèrent dans un autre bourg. (Luc 9: 52-56)

La soif de pouvoir politique (tous soumis à Rome) a parfois des échos dans des commentaires fondamentalement hypocrites (et culpabilisants) que font des catholiques aux protestants : “Ah toutes ces divisions, ces dénominations chez les protestants, quelle honte, quel scandale ! !”[22]

Mais, si on regarde les choses en face, est-ce que les catholiques sont si unis que ça  ? Que penser alors des catholiques avec leurs Carmélites, Rédemptoristes, Oblats, Armée de Marie, Franciscains, Jésuites, Dominicains, Frères des écoles chrétiennes, moines Augustins, Bénédictins, Capucins, Chartreux, Cisterciens, Trappistes, Frères de Saint Vincent de Paul, Frères maristes, Chevaliers de Colomb, les visionnaires de Fatima (ou Medjugorje), Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Société des missions étrangères catholiques d'Amérique, Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, Petites Sœurs de Jésus, Récollets, Sœurs Blanches, Sœurs de Saint-André, Ursulines, l’Opus Dei et bien d’autres encore  ? Mais quel scandale ! L'église catholique est toute divisée en sectes...

Manifestement l’église catholique est toute aussi divisée que les protestants et chacun tire la couverte de son bord pour gagner de l’influence (et ressources économiques). Ainsi j’aurais donc une question à poser à tout catholique qui a déjà fait de tels commentaires condescendants sur les divisions chez les protestants. Si tu te soucies vraiment de l’unité des chrétiens alors il faudrait que tu te mettes à la tâche pour éliminer et abolir toutes ces divisions honteuses chez les catholiques. C’est pour bientôt  ? Mais si tu n’es pas disposé à t’attaquer aux divisions chez les catholiques alors stp laisse tomber le petit discours moralisateur sur l’unité des chrétiens, car ton inaction est une démonstration assez claire que tu ne te soucies pas vraiment des divisions chez les chrétiens et que tout ce qui t’intéresse vraiment c’est la soumission à Rome. Et par ailleurs lorsque vient le moment de désigner un nouveau pape, les cliques chez les cardinaux (ou divisions) ça ne manque pas non plus (Italiens vs Européens vs Nord Américains vs Africains vs Asiatiques...). Dans les faits “l’unité catholique” est avant tout une unité POLITIQUE, qui consiste en la soumission au Pape et à son enseignement (accompagné de centralisation économique)... Mais l’unité véritable des chrétiens n’a jamais été politique ou liée à l’appartenance à une organisation visible, mais se retrouve dans l’unité spirituelle de ceux qui ont accepté l’Évangile et marchent dans la Vérité. Ceux-là savent se reconnaître. L’unité d’organisation/hiérarchique est une chose TRÈS secondaire. Mais l’église catholique a placé la pensée des hommes (sa Tradition) au-dessus de la Parole de Dieu.

Mais s’il fallait absolument que l’Église chrétienne (universelle) soit dirigée à partir d’UNE ville, pourquoi pas Jérusalem où Christ à fait son ministère ou encore la ville d’Antioche où les chrétiens ont reçu ce nom pour la première fois ? Dans les faits, Rome devrait être assez loin au bas de la liste des villes admissibles à cette fin. Il faut préciser l’idée que l’Église devrait être gérée à partir de Rome est ABSOLUEMENT sans fondement dans le Nouveau Testament. Ce n’est qu’une ville parmi tant d’autres qu’un apôtre a visité, rien de plus. Le livre des Actes nous fournit une longue liste de villes visitées par un apôtre AVANT que Rome ait été visité...

Et même le concept de Pape, n’a aucune justification dans toutes les épîtres (où bien des questions pratico-pratiques de la vie de l’église sont abordées). Le Nouveau Testament ne justifie aucunement qu’il doit y avoir une lignée continue de successeurs de Pierre. Sur ce point aussi, les Romains catholiques se sont inspirés avant tout par le concept païen de la lignée impériale des Césars... Il faut noter que dans leurs rapports œcuméniques avec les protestants, le clergé catholique invite souvent les protestants (individuellement et corporativement) à revenir à la Mère l’Église… Hmm… voilà une autre idole à adorer  ? Mais à la fin, si on exprimait cette invitation de manière plus honnête (et moins manipulateur/culpabilisateur) la Mère l’Église =soumission à Rome… Loraine Boettner, une autorité évangélique reconnue en matière de doctrine catholique romaine, a examiné de façon approfondie les documents de Vatican II et dans la préface de la cinquième édition de son livre Roman Catholicism il écrit (1987):

The Constitution on the Church makes it abundantly clear that Rome has no intention of revising any of her basic doctrine, but only of updating her methods and techniques for more efficient administration and to present a more attractive appearance. This is designed to make it easier for the Eastern Orthodox, Anglican, and Protestant churches to return to her fold. There is no indication that she has any intentions of entering into genuine give-and-take church unity negotiations. Her purpose is not union, but absorption. Church union with Rome is strictly a one-way street. The age-old danger that Protestantism has faced from the Roman Church has not diminished; in fact, it may well have increased. For through this less offensive posture and this superficial ecumenicism, Rome is much better situated to carry out her program of eliminating opposition and moving into a position of world dominance. An infallible church simply cannot repent.

L’historien franco-américain, Jacques Barzun, donne un bon aperçu de ce que pouvait représenter au moyen âge, le lourd pendant économique de l’empire catholique (2000 : 21-22) :

The good Christian [catholic] must give alms regularly and pay for votive candles or special masses for the sick or the dead. Then would come the "Gatherer of Peter's Pence," to help the pope rebuild St. Peter's in Rome; and next, the begging friar knocking at the door. To carry a body across town to the cemetery the fee was one noble (about six shillings), the price of 20 prayers for the departed. In certain predicaments a dispensation was required, an expensive necessity. It was galling, too, to see one's tithes (the 10 percent church tax on land) going not to the poor parish priest but to the prosperous monks nearby, who did little or nothing toward saving the souls of the taxpayers.

The demands on time and effort included confession, fast days, and taking part in processions on the many holidays. Some of the pious rich might feel obliged to establish a chantry, an endowment for singing masses in perpetuity for the dead. Others, at death's door, would bequeath their goods and land to the church, thus depriving their heirs and shrinking the supply on the market.

These good deeds created the clerical interest—and the anti-clerical opposition. Princes saw their territories nibbled away when large estates were handed over to bishops already heads of provinces. Merchants and artisans in the free cities lost gainful working days as more and more saints' days were declared feast days. And since bishops had to pay their first year's revenue to the pope, while the people's pence took the same route, secular rulers felt alarm at the drainage of coin Romewards.

À mon avis, si les juifs avaient maintenu leur présence dans l’Église au cours des siècles, il est possible que des voix se soient fait entendre pour s’opposer au centralisme hiérarchique romain et on aurait vu une Église gérée par collégialité plutôt que dans les centres de pouvoir païen, c'est-à-dire Rome (ou Constantinople). Nous nageons dans la spéculation bien sûr, mais sur le plan politique, si les juifs avaient gardé une présence influente dans l’Église, il est pensable que les choses aient été bien différentes.


Le pape
Dans le cadre logique de cette soif de pouvoir centralisé chez les catholiques, il en découle que la fonction de Pape n’est qu’une reprise (christianisée) de la fonction de l‘Empereur romain. Peu de gens savent d’ailleurs qu’un des titres du pape, celle de pontifex maximus, est dans les faits le calque direct d’un des titres des empereurs romains (pris d’abord par César Auguste) et donc, tiré de l’ancienne religion païenne romaine. Par ailleurs, le terme cardinal était déjà en usage sous l’empereur Théodose (347-395 apr. J.-C.), désignant ses principaux ministres. Il faut noter que l’apôtre Pierre, celui que les catholiques désignent comme le premier pape, ne s’est jamais donné un tel titre. Au début de sa première épître, il se donne simplement le titre « Apôtre de Christ » (1Pierre 1 :1) et vers la fin de cette même épître, en s’adressant aux anciens, il ajoute « moi ancien comme eux » (1Pierre 5 : 1) et quelques versets plus loin, Pierre établie clairement qui est le chef de l’Église : « Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire. » (1Pierre 5 : 4) Manifestement, il ne parle pas de lui-même… Ainsi, le chef de l’Église, ça ne peut être que Christ lui-même. Aucun homme ne peut usurper ce rôle.[23]

Mais jusqu’où peut aller la soif du pouvoir catholique, personnifié dans la fonction du pape  ? Voici un exemple tiré d’un catéchisme américain (Hardon 1981 : 247)

Hence we declare, affirm, define and pronounce that it is altogether necessary for the salvation of every creature to be subject to the Roman Pontiff.

Il faut préciser que cette affirmation ne date pas du 19e siècle ou du Moyen Âge, mais de 1981  ! D’après ce catéchisme il est impossible d’être sauvé sans être soumis au Pape. Évidemment RIEN dans les Évangiles ne confirme la chose… Et ça, c’est un détail TRÈS significatif, car les Écritures nous avertissent solennellement :

Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure: si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! (Galates 1: 8-9)

Et chose encore plus curieuse, l’église catholique n’a érigé en dogme l’infaillibilité pontificale qu’en 1870[24] et s’est passée de cette doctrine pendant la majorité de son histoire. Ainsi l’histoire de l’église catholique elle-même témoigne contre l’importance de cette doctrine… Cela dit, certains catholiques traditionalistes peuvent tout de même se permettre des réserves importantes à l’égard d’un pape en fonction[25].

Et pour faire le point sur la question, voici quelques commentaires TRÈS pertinents de Christ lui-même sur la soif d’autorité et de suprématie dans l’Église.

Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places; et il leur dit: Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi, et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire: Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place. Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise: Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. (Luc 14 :7-11)

Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire une demande. Il lui dit: Que veux-tu ? Ordonne, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. Jésus répondit: Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ? Nous le pouvons, dirent-ils. Et il leur répondit: Il est vrai que vous boirez ma coupe; mais pour ce qui est d’être assis à ma droite et à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a réservé. Les dix, ayant entendu cela, furent indignés contre les deux frères. Jésus les appela, et dit: Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. (Matt. 20 : 20-27)

Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent; mais n’agissez pas selon leurs oeuvres. Car ils disent, et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements; ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues; ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi. Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ. (Matt 23 : 2-10)


Platonisme catholique
Le concept platonicien d'un monde spirituel survalorisé et d'un monde physique corrompu et méprisable a donc pénétré le christianisme, inspiré l'ascétisme, les monastères, les ordres religieux non mariés et un grand nombre de tabous à l'égard de la sexualité. Discutant des attitudes touchant la sexualité dans la théologie du Moyen Âge, C.S. Lewis fit ces observations qui exposent le lien entre les attitudes catholiques vis-à-vis la sexualité et leurs sources païennes (1936/1958: 15):

Peter Lombard was much more coherent. He located the evil in the desire and said that it was not a moral evil, but a punishment for the Fall. Thus the [sexual] act, though not free from evil, may be free from moral evil or sin, but only if it is “excused by the good ends of marriage.” [procreation] He quotes with approval from a supposedly Pythagorean source a sentence which is all-important for the historian of courtly love—omnis ardentior amator propriae uxoris adulter est, passionate love of a man’s own wife is adultery.

Comme on peut le voir dans la citation qui suit, l'ascétisme monastique du Moyen Âge a copié-collé les vertus philosophiques des Stoïciens et leur a donné un emballage chrétien. Chez les Stoïciens, le mépris du corps est adulé en parallèle avec le développement des vertus philosophiques (disciplines de la pensée). Dans une lettre à Julius Genitor, voici comment Pline le jeune décrit le comportement et l'attitude d'un homme vertueux, un vrai philosophe (Épitres, Livre 3).

dès le temps que j'étais tribun dans l'armée de Syrie. C'est la première marque que j'aie donnée d'un naturel heureux, de montrer du goût pour un sage, ou du moins pour un homme qui ressemble si fort a ceux que l'on honore de ce nom : car en vérité, entre tous ceux que l'on appelle philosophes, vous en trouverez difficilement un ou deux aussi sincères, aussi vrais que lui. Je ne vous parle point de son courage à supporter la rigueur des saisons : je ne vous dis point qu'il est infatigable dans les plus rudes travaux; que les plaisirs de la table lui sont inconnus, et qu'il donne aussi peu de licence à ses désirs qu'à ses yeux. Ces qualités pourraient briller dans un autre : chez lui, elles sont obscurcies par ses autres vertus. Il leur doit la préférence que Musonius lui donna sur des rivaux de tous états, lorsqu'il le choisit pour gendre.

Évidemment de telles attitudes ont pu former la base sur laquelle s'est érigé la poussée pour le célibat des prêtres dans l'église catholique. La philosophie platonicienne explique d'autre part l'adulation du martyre dans l'Église antique. Chez un bon nombre de philosophes grecs, le corps est au fond une prison, une entrave à la réflexion philosophique. Ainsi si le philosophe virtueux peut se doter d'esclaves pour se libérer des besoins terrestres/matériels afin de se consacrer à la réflexion philosophique c'est une libération; mais se débarrasser complètement du corps pour parvenir au niveau supérieur, spirituel est perçu comme une voie supérieure à toutes les autres. Pour le chrétien de l'Antiquité subissant cette influence, le martyr est donc celui qui méprise le corps et recherche par-dessus tout le spirituel. Il est donc un genre de superhéros platonicien. Il existe évidemment des thèmes ascétiques dans l'Ancien Testament. On peut penser aux Nazaréens dont les vœux sont décrits au chapitre VI du livre des Nombres. On décrit ainsi les exigences du vœu de naziréat:

Parle aux enfants d'Israël, et tu leur diras: Lorsqu'un homme ou une femme se séparera des autres en faisant vœu de naziréat, pour se consacrer à l'Éternel, il s'abstiendra de vin et de boisson enivrante; il ne boira ni vinaigre fait avec du vin, ni vinaigre fait avec une boisson enivrante; il ne boira d'aucune liqueur tirée des raisins, et il ne mangera point de raisins frais ni de raisins secs. Pendant tout le temps de son naziréat, il ne mangera rien de ce qui provient de la vigne, depuis les pépins jusqu'à la peau du raisin. Pendant tout le temps de son naziréat, le rasoir ne passera point sur sa tête; jusqu'à l'accomplissement des jours pour lesquels il s'est consacré à l'Éternel, il sera saint, il laissera croître librement ses cheveux. Pendant tout le temps qu'il a voué à l'Éternel, il ne s'approchera point d'une personne morte; il ne se souillera point à la mort de son père, de sa mère, de son frère ou de sa sœur, car il porte sur sa tête la consécration de son Dieu. (Nom. 6: 2-7):

Il faut noter ici la présence de plusieurs exigences d'abstinence, mais si on regarde la chose d'un point de vue platonicien, il manque certainement un élément très important, l'abstinence de toute activité sexuelle. Il faut certes constater que le Nazaréen le plus renommé de l'Ancien Testament, c'est-à-dire Samson, n'était pas très lié par des tabous sur ce plan. Il faut constater que le vœu de naziréat était fréquemment un état temporaire, avec l'objectif de se rapprocher de Dieu. Le concept que la souffrance puisse devenir un moyen de salut en soi est absent des abstinences juives. Le naziréat juif n'est donc pas motivé par une attitude anti-corporelle ou antisexuelle comme on le voit chez les catholiques (le prêtre, et la sœur dans le couvent doivent rester célibataires).

Le constat de l'influence platonicienne sur le christianisme explique aussi pourquoi, dans la théologie catholique, Marie doit rester vierge (malgré le fait que Matt 3 : 31-35 mentionne « les frères » de Jésus) et Pierre, le premier pape, devait être célibataire (malgré Matthieu 8: 14-15). L'influence platonicienne explique aussi l'importance de la souffrance dans la théologie ascétique (souffrir c'est mépriser et maîtriser le corps) longtemps développée et promue par le catholicisme. C’est aussi ce concept qui explique que, chez les gnostiques, le Christ, lorsqu'il se retrouve sur la croix, ne peut vraiment souffrir et demeure impassible et ne meurt pas dans les faits, car les anges viennent l’emporter avant le moment fatidique.

Origène, un théologien du IIIe siècle influencé par la gnose affirmait que le corps du Christ ressuscité était fait d'air, un corps spirituel. Un corps de chair eut été indigne du Christ ressuscité. D'ailleurs l'approche des Écritures que l’on rencontre chez les hérétiques gnostiques reflète ce mépris du monde physique, car ils refusaient catégoriquement une interprétation littérale ou normale des récits rencontrés, en particulier ceux de la Genèse. À leur avis une lecture littérale des Écritures était erronée, car le message véritable des Écritures devait être acquis par une lecture à un autre niveau. Tout devait être interprété de manière allégorique, de manière spirituelle. À leur avis, toute vérité était symbolique. Les gnostiques enseignaient que le monde physique avait été créé par un éon déchu ou un démiurge mauvais. Pour les gnostiques, le salut se trouvait dans l'acquisition de savoirs secrets, la gnose. Et pour atteindre ce savoir secret, la prière et des initiations, au moyen de toutes sortes de disciplines ascétiques, étaient nécessaires.

Dans la théologie des Églises orthodoxes (Grecs et Russes), l'influence du platonisme s'est également fait sentir de manière importante. Discutant de la théologie orthodoxe, l’historien d’art russe Evgeny Barabanov remarque (1975: 184);

Ces deux aspects de l'attitude chrétienne envers le monde — participation active à sa transfiguration et renoncement à ses tentations — ont toujours été difficilement conciliables. On aspire fréquemment au ciel en maudissant la terre. Trop souvent, l'idéal du salut se fonde sur un refus inexorable des choses d'ici-bas, le salut étant compris comme une fuite hors du monde de la matière dans le monde de l'esprit. D'où cette aversion de la chair, ce besoin de minimiser la nature créatrice de l'homme, et, conséquence inéluctable de tout ceci, un individualisme religieux d'un type particulier. Jusqu'à présent, ces tendances demeurent pour certains les seuls signes de la vie chrétienne.

Puisque les gnostiques (à la suite de Platon) considéraient le monde physique comme un lieu de malédiction pour des esprits qui habitaient autrefois un monde spirituel, l'Incarnation de la théologie chrétienne, c'est-à-dire que le Créateur lui-même soit apparu dans le corps d'un homme, constitue à leur point de vue une idée déraisonnée et inadmissible. Chez les chrétiens de l'Église primitive, il est significatif de noter que l'acceptation de l'Incarnation (Dieu, venu dans la chair) est d'ailleurs devenue un test dans la confession de foi permettant de distinguer entre hérétiques et chrétiens véritables.

Celui qu’on appelle Saint Augustin (354-430 apr. J.-C.) est resté imprégné, même après sa conversion, par la philosophie de son époque, particulièrement le platonisme. On voit l'influence du platonisme chez Augustin particulièrement dans ses conceptions de la sexualité et des arts. Puisque ces choses font partie du monde matériel, ils sont moins dignes d'attention que les choses que les platoniciens considèrent "spirituelles". Cette influence marquera TRÈS profondément l'église catholique et le concept du célibat du clergé en découle (comme étape nécessaire pour vraiment s’approcher de Dieu)...

Augustin, qui avait été manichéen (une forme de gnose) avant sa conversion, a été un de ceux qui introduisirent dans le monde chrétien de telles idées. Et même après sa conversion au christianisme, il resta fortement influencé par le platonisme. Sous cette influence, Augustin était d'avis que tout ce qui provient de cette terre, en termes de talents et moyens d'expression humaine, est peu digne d’être valorisé et éternellement suspect. Tout plaisir des sens ainsi que l’émotion même est aussi éternellement suspect. Voyez dans quel embarras cette attitude place Augustin dans ses Confessions lorsqu'il réfléchit à la place qu'il faut accorder au chant dans les Églises (1936 vol. 14: 229-233 [Confessions livre X, chap. xxxIii]):

À présent, les chants dont tes paroles sont l'âme, exécutés par une voix agréable et exercée, m'inspirent, je l'avoue, quelque satisfaction ; ce n'est pas, il est vrai, au point d'être cloué sur place: je me lève quand je veux. Toutefois ces chants, pour être admis en moi avec les pensées qui les font vivre, cherchent dans mon cœur une place assez honorable, et j'ai peine à leur offrir juste celle qui leur revient. Parfois, en effet, je leur accorde, me semble-t-il, plus d'honneur qu'il ne convient: les paroles saintes elles-mêmes, je le sens, émeuvent nos esprits et les enflamment de piété avec plus d'ardeur religieuse, lorsqu'elles sont ainsi chantées, que si elles n'étaient pas ainsi chantées; et tous les sentiments de notre âme, selon leur diversité, trouvent dans la voix et le chant les modes qui leur conviennent et je ne sais quelle affinité secrète qui les excite.

Mais la délectation de ma chair , à laquelle il ne faut pas permettre de briser le nerf de l'esprit, me trompe souvent: le sens alors n'accompagne pas la raison en se résignant à rester derrière elle, mais simplement parce qu'il a mérité d'être admis à cause d'elle, il va jusqu'à prétendre la précéder et la conduire. Voilà comment je pèche en cette matière, sans me rendre compte; c'est après coup que je me rends compte.

Parfois aussi je dépasse la mesure, pour me garder de cette duperie même, et je m'égare par un excès de sévérité ; mais je vais si loin, par moments, que pensant à toutes les mélodies et suaves cantilènes qui accompagnent les Psaumes de David, je voudrais les écarter de mes oreilles et celles de l'Église elle-même. Alors il me paraît plus sûr la pratique de l'évêque d'Alexandrie, Athanase; on m'a dit souvent, je m'en souviens, qu'il faisait prononcer le lecteur du psaume avec une flexion si légère de la voix que c'était plus près de la récitation que du chant .

Cependant, lorsque je me souviens de mes larmes, que j'ai versées aux chants de l'Église dans les premiers temps de ma foi recouvrée; lorsque, aujourd'hui encore, je me sens ému, non par le chant, mais par les choses que l'on chante, si c'est d'une voix limpide et sur un rythme bien approprié qu'on les chante; alors la grande utilité de cette institution s'impose de nouveau à mon esprit.

Je flotte ainsi, partagé entre le danger du plaisir et la constatation d'un effet salutaire. J'incline plutôt, sans émettre toutefois un avis irrévocable, à approuver la coutume du chant dans l'Église, afin que, par les délices de l'oreille, l'esprit encore trop faible puisse s'élever jusqu'au sentiment de la piété. Mais, quand il m'arrive de trouver plus d'émotion dans le chant que dans ce que l'on chante, je commets un péché qui mérite punition, je le confesse; et j'aimerais mieux alors ne pas entendre chanter.

Voilà où j'en suis ! Pleurez avec moi et pleurez pour moi, vous qui avez en vous-mêmes, au-dedans, quelque souci du bien, souci d'où sortent les actes; car, si vous ne l'avez pas, tout ceci ne vous touche pas. Mais toi, Seigneur, mon Dieu, entends, regarde, vois aie pitié, guéris-moi, toi sous les yeux de qui je suis devenu pour moi-même un problème ! Et voilà bien mon mal !

Pauvre, pitoyable Augustin ! Que de tourments et de scrupules inutiles et vains… Avec ses présupposés platoniciens, il lui est très difficile d’intégrer tous les éléments du puzzle; corps et esprit, émotion et raison, rationnel et irrationnel. On voit que d'après Augustin l'admission des chants dans les Églises est, au fond, un compromis ! On sent qu'à son avis si l'Église était plus forte, sur le plan spirituel, elle pourrait très bien s'en passer ! Mais rien de tout ça chez les Juifs. Lorsque l’arche de l’alliance rentre à Jérusalem, le roi David danse sans gêne devant la procession (2Sam. 6 : 15-23). Et même la sexualité humaine est célébrée de manière magistrale par Salomon dans son Cantique des Cantiques. Dans son étude The Pursuit of God, A. W. Tozer, offre une perspective biblique sur l'attitude vers le corps (1948: 120)

Cette haine du corps (typique du mouvement monastique), qui figure de façon si évidente dans les œuvres de certains des premiers écrivains dévotionnels, est totalement sans fondement dans la Parole de Dieu. Il est vrai que la modestie commune se trouve dans les Saintes Écritures, mais jamais la pruderie ou un faux sentiment de honte. Le Nouveau Testament accepte comme une évidence que, dans son incarnation, notre Seigneur a pris sur lui un corps humain véritable et aucun effort n'est fait pour éviter les implications directes d'un tel fait. Il a vécu dans ce corps, ici parmi les hommes et n'a jamais accompli un acte non sacré. Sa présence dans la chair humaine balaie à jamais la notion perverse selon laquelle il y a dans le corps humain quelque chose d'intrinsèquement offensant pour la divinité. Dieu a créé nos corps, et nous ne l'offensons pas en plaçant la responsabilité là où elle doit l'être. Il n'a pas honte du travail de ses propres mains.*


Paganisme intellectuel
Touchant la question des origines, et l’attitude de la hiérarchie de l’église catholique vis-à-vis de la théorie de l’évolution, c’est que cette hiérarchie vit toujours en réaction à son rôle dans l’Inquisition et surtout dans l’affaire Galilée. Cet épisode provoqua une crise de marketing et d’image. L’église catholique s’est retrouvée dans cette situation seulement parce qu’elle s’était auparavant assujettie à la pensée cosmologique grecque, plus particulièrement les conceptions de Ptolémée (qui faisait de la Terre le centre de son système cosmique). Plutôt que la conception simpliste d’un “christianisme”, s’opposant à la “science”, il y avait, lors de l’affaire Galilée, là deux théories scientifiques en concurrence et l’église catholique a gagé sur le perdant, dont la source était un grec païen... Elle a donc été le pion de scientifiques exploitant l’Église catholique à la recherche de prestige et exploitant son pouvoir séculier afin de marginaliser et faire taire leurs adversaires.[26]

Depuis ces événements, sur la question des origines, l’église catholique est restée sur la défensive et, afin de maintenir sa crédibilité et son image de marque, la hiérarchie catholique se montre prête, à la première occasion, d’abandonner toute distance critique vis-à-vis tout ce qu’on appelle la « science » de l’évolution. Cet épisode a marqué l’église catholique à tel point que, de crainte de paraître « anti-progressistes », les hautes instances du clergé catholique sont prêtes à toutes les courbettes et bassesses devant les bonzes de la science. Le marketing, le marketing…

Par exemple, le 22 octobre 1996, le pape Jean-Paul II fit une intervention devant l'Académie pontificale des sciences « La vérité ne peut contredire la vérité. ». Dans ce texte, le pape a défendu à la fois les preuves de l'évolution et la compatibilité de la théorie avec la doctrine religieuse catholique. Il affirma : « Dans son encyclique Humani generis (1950), mon prédécesseur Pie XII avait déjà affirmé qu’il n’y avait pas d’opposition entre l’évolution et la doctrine de la foi sur l’homme et sur sa vocation, à condition de ne pas perdre de vue quelques points fermes. (…) Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse ». Par ailleurs, on peut noter qu’au début du XXe siècle, le jésuite, Pierre Theihard de Chardin, offrait une fusion de la théologie chrétienne avec l’évolutionnisme dans son ouvrage Le phénomène humain (1955). Si, à l’époque, de Chardin était jugé suspect par le Vatican, aujourd’hui il est plus prisé. Plus récemment, le prêtre, George Coyne, un astronome dirigeant l'Observatoire du Vatican, est apparu comme un adversaire déterminé du Dessein intelligent, décrivant cette théorie comme un « mouvement religieux » plutôt qu’une théorie scientifique. Le professeur de biologie moléculaire et catholique, Kenneth Miller est aussi évolutionniste et un adversaire acharné des créationnistes et du mouvement du DI. Évidemment chez les protestants, la majorité du clergé libéral appuie aussi la théorie de l’évolution comme la méthode que Dieu a utilisée pour créer le monde biologique. Et l’institut BioLogos met beaucoup de fric sur la table pour vendre la salade évolutionniste, tant au clergé catholique que protestant...

Dans son essai Nonoverlapping Magisteria (1997), le paléontologue athée Stephen Jay Gould, relate une anecdote savoureuse au sujet d’une rencontre au Vatican qui expose le désir, chez le clergé catholique de très haut niveau, de surmonter le discrédit de l’affaire Galilée. Comme on peut le voir, ce souci de l’image de marque de l’église catholique aboutit à la recherche de l’imprimatur du monde scientifique et, finalement, à l’ouverture au compromis sur la question des origines:

Incongruous places often inspire anomalous stories. In early 1984, I spent several nights at the Vatican housed in a hotel built for itinerant priests. While pondering over such puzzling issues as the intended function of the bidets in each bathroom, and hungering for something other than plum jam on my breakfast rolls (why did the basket only contain hundreds of identical plum packets and not a one of, say, strawberry ?), I encountered yet another among the innumerable issues of contrasting cultures that can make life so interesting. Our crowd (present in Rome for a meeting on nuclear winter sponsored by the Pontifical Academy of Sciences) shared the hotel with a group of French and Italian Jesuit priests who were also professional scientists.

At lunch, the priests called me over to their table to pose a problem that had been troubling them. What, they wanted to know, was going on in America with all this talk about "scientific creationism" ? One asked me: "Is evolution really in some kind of trouble and if so, what could such trouble be ? I have always been taught that no doctrinal conflict exists between evolution and Catholic faith, and the evidence for evolution seems both entirely satisfactory and utterly overwhelming. Have I missed something ?"

A lively pastiche of French, Italian, and English conversation then ensued for half an hour or so, but the priests all seemed reassured by my general answer: Evolution has encountered no intellectual trouble; no new arguments have been offered. Creationism is a homegrown phenomenon of American sociocultural history—a splinter movement (unfortunately rather more of a beam these days) of Protestant fundamentalists who believe that every word of the Bible must be literally true, whatever such a claim might mean. We all left satisfied, but I certainly felt bemused by the anomaly of my role as a Jewish agnostic, trying to reassure a group of Catholic priests that evolution remained both true and entirely consistent with religious belief.

Je sais, je sais, on peut trouver, ici et là des catholiques critiques de l’évolution, mais ils sont marginaux, tolérés par les autorités catholiques, mais sans plus... Sauf de très rares exceptions (le géologue catholique Guy Berthault) en général, les créationnistes catholiques sont à la remorque des recherches faites par les créationnistes évangéliques (matériel qu’ils filtrent et recyclent pour leurs lecteurs catholiques) et ne contribuent rien de très original au débat. Et à la fin, un organisme catholique qui défendrait trop l’autorité des Écritures pourrait devenir un problème pour l'hiérarchie catholique. Il me semble donc inévitable que les rares catholiques critiques de l’évolution et défendant un créationnisme jeune Terre resteront marginaux dans ce système.


Conclusion

Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez; car on donnera à celui qui a, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il croit avoir. La mère et les frères de Jésus vinrent le trouver; mais ils ne purent l’aborder, à cause de la foule. On lui dit: Ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir. Mais il répondit: Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. (Luc 8: 18-21)

La question fondamentale ici n'est donc pas liée à l'imposition d'un point de vue catholique, protestant ou évangélique, mais simplement le constat qu'un Jour viendra où toutes les questions de politique ecclésiastique (à quelle église appartenir  ?) seront réduites à néant et que tous (catholiques, orthodoxes, protestants et évangéliques) auront enfin des comptes à rendre devant Dieu sur ce qu'on aura fait avec la Vérité qu'il nous a laissée. Si des océans d’encre ont été dépensés aux débats entre catholiques et protestants, à la fin tous ces débats se réduisent à une question essentielle, c'est-à-dire ont leur source dans LA question du magistère. Posée en termes simples, cela revient à demander : Où est la VÉRITÉ ? Chez les catholiques la réponse est la Tradition[27] et la Bible (dans cet ordre), chez les protestants, la réponse est la Bible, tout court. Tout le reste des prises de position, de part et d’autre, en découle. Christ lui-même, est celui qui dit « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matt 24: 35) et il nous avertit par la parabole des deux maisons (Matt 7 : 21-27), que la maison qui n’est pas construite sur la seule fondation solide, la Parole de Dieu, tombera au jour du jugement. Ailleurs dans les Saintes Écritures on nous avertit :

Toute parole de Dieu est éprouvée. Il est un bouclier pour ceux qui cherchent en lui un refuge. N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur. (Prov. 30 : 5-6)

Et dans l’Évangile de Jean, Christ dit :

Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. (Jean 8 : 31-32)

Et l'Apôtre averti

Je vous rappelle, frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain. (1Cor. 15: 1-2)

Et l’Apocalypse renchérit :

Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre; et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. (Apoc. 22 : 18-19)

Mais l’orgueil de l’église catholique consiste en grande partie dans la fierté de ses siècles d’existence. Et cet orgueil est parfois nourri par l’affirmation extraordinaire que c’est l’église (elle) qui a établi (plutôt que reconnu…) le canon des Écritures, ce qui place l’église catholique au-dessus des Écritures, car ainsi c’est ELLE qui interprète et juge les Écritures. En réalité c’est tout le contraire, car de tout temps c’est la Parole de Dieu qui interprète et juge l’Église et non l’inverse. De ce fait, l’église catholique place sa Tradition [paroles d’hommes] au-dessus des Écritures (la Parole de Dieu). À la fin, pour la hiérarchie catholique, les Écritures doivent être passées au crible de la Tradition catholique et on ne retient des Écritures que ce qui est jugé utile pour appuyer et cautionner cette Tradition. Mais dans les faits, la Parole de Dieu est toujours au-dessus de la Parole des hommes… Évidemment tant que dure cet orgueil, il a donc peu de chances de voir la repentance de l’église catholique, reconnaissant ses erreurs et péchés. Mais le Christ de l’Apocalypse appelle solennellement à la repentance, sinon le juste jugement viendra, sans la main d’un homme.

Écrits à l’ange de l’Église de Sardes: Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles: Je connais tes oeuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort. Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir; car je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu. Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi. (Apoc. 3 : 1-3)
Parce que tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime. Aie donc du zèle, et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises ! (Apoc. 3 17-22)

Pour ma part, je prends appui (sur toute question de doctrine) sur la Parole de Dieu, celle qui est AU-DESSUS de toute église et toute autorité, tradition humaine, pasteur, prêtre, cardinal, intellectuel ou pape, c'est-à-dire la parole de Celui qui a dit: “Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.” (Matt. 24: 35) Construire une église sur toute autre fondation n’est que l’attente d’un jugement :

C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison: elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc. Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison: elle est tombée, et sa ruine a été grande. (Matt 7 : 24-27)

Voici une prophétie qui, autrefois, s’est réalisée pour le peuple d’Israël (après qu’il a vécu un temps d’humiliation).

Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j’ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères; vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. Je vous délivrerai de toutes vos souillures. J’appellerai le blé, et je le multiplierai; je ne vous enverrai plus la famine. Je multiplierai le fruit des arbres et le produit des champs, afin que vous n’ayez plus l’opprobre de la famine parmi les nations. Alors vous vous souviendrez de votre conduite qui était mauvaise, et de vos actions qui n’étaient pas bonnes; vous vous prendrez vous-mêmes en dégoût, à cause de vos iniquités et de vos abominations. Ce n’est pas à cause de vous que j’agis de la sorte, dit le Seigneur, l’Eternel, sachez-le ! Ayez honte et rougissez de votre conduite, maison d’Israël ! (Ézéchiel 36 : 25-32)

Qui sait si cela pourrait se réaliser également pour des catholiques  ?[28] Dieu seul le sait…



Post-scriptum pour dirigeants évangéliques
Par expérience je sais qu’un examen sérieux des erreurs de doctrine catholiques fera réagir plusieurs dirigeants évangéliques. Pour plusieurs de telles discussions sont inutiles, dépassées. Parfois le silence du leadership évangélique de cette génération au sujet des erreurs de doctrine catholiques est défendu au moyen d’un petit mensonge complaisant: c'est-à-dire que « Mais les catholiques ont changé ! Ils s’approchent de la Parole. » Mais si on examine de près cette affirmation (que “Les catholiques ont changé !”), on constate qu’elle est déficiente, et ce pour deux raisons.

1) Elle néglige le phénomène inverse, c'est-à-dire celui de ces évangéliques qui se rapprochent des catholiques. Par exemple, il y a le philosophe Peter Kreeft, autrefois évangélique, qui s’est maintenant fait catholique. Et il y eut aussi en 2014 le cas d’un pasteur d’une méga-church évangélique suédoise, Ulf Ekman, qui s’est converti au catholicisme. D’autre part, il y a le fils du célèbre intellectuel évangélique Francis Schaeffer, Franky, qui s’est converti à l’église orthodoxe. Il est donc tout à fait probable que dans la hiérarchie catholique on peut rencontrer des évêques se réconfortent de la même manière que nos dirigeants évangéliques en disant que: « Voyez, ces évangéliques se rapprochent de nous... »

En somme, les deux phénomènes de “rapprochement” (ou de désabusement) s’annulent...

2) Cette affirmation que "les catholiques ont changé  !" est déficiente[29] sur un autre plan (et c’est plus important), car il semble délibérément fermer les yeux sur ce que les Américains appelleraient “the elephant in the living room” (où l’éléphant dans le salon), c’est-à-dire que si on met de côté des phénomènes très secondaires, comme quelques individus catholiques qui osent lire leur Bible de temps en temps (il faut les féliciter), il reste une chose énorme, c'est-à-dire que l’église catholique comme telle n’a pas bougé d’un iota sur les questions de doctrines, ni reconnu ses erreurs. Et chez tous ces catholiques que certains évangéliques disent certainement sauvés, si on demande quelles sont les erreurs de doctrine catholique que ces catholiques sauvés rejettent publiquement ? Combien d’entre eux osent en parler à d’autres catholiques ? On n’en entend jamais parler…

À la fin, je dois avouer que dans la bouche de pasteurs évangéliques l’affirmation que “Les catholiques ont changé !” ou “les catholiques se rapprochent” me semble avant tout un “petit” mensonge que l’on se raconte pour se donner bonne conscience pour leur manque de courage apologétique, car si dans les siècles passés les catholiques ont persécuté (ici et là, même au Québec) les évangéliques et puis après, pendant longtemps, ont dédaigneusement ignoré les évangéliques, maintenant nos leaders évangéliques sont tous flattés qu’aujourd’hui la hiérarchie catholique leur sourie et daigne même leur parler à l’occasion de projets de « collaboration » (par exemple les programmes d’études gradués offerts aux pasteurs évangéliques dans des départements de théologie catholique[30], phénomène qui existe tant au Québec qu’en Europe francophone). WOW, quel changement  ! C’est évident, les catholiques ont changé  ! Ils reconnaissent qu’on existe ! Quelle révélation extraordinaire  ! Quelle merveille  !

Mais il faut tout de même s’ouvrir les yeux ! Ce ne sont que des manœuvres politiques utiles aux yeux des catholiques, car cela permet de placer les évangéliques dans une position de clients, subalternes et dépendants, pour acheter leur silence[31]. Il y a un parallèle trop fort entre cette situation et celle d’Ésaü dans le livre de la Genèse qui vendit son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. Dans un contexte où la hiérarchie catholique n’a fait AUCUNE concession sur les questions fondamentales de doctrine, il faut constater que les « initiatives de dialogue » catholiques ne signifient absolument RIEN. Cela expose le fait que l’étalon qu’utilisent bien des leaders évangéliques pour juger du “rapprochement” des catholiques est strictement politique ou économique (c'est-à-dire est-ce que ces rapprochements favorisent la « business » de mon église ou association d’églises  ?). Se fermer les yeux là-dessus, revient à mettre la politique ou la business (ecclésiastique) avant la VÉRITÉ.

À la fin, je pense qu’on peut même tirer la conclusion opposée : « Ah, les évangéliques ont changé  ! »…

Un pasteur me fit un jour le commentaire suivant (sans doute partagé par beaucoup de pasteurs évangéliques de cette génération) au sujet d’un article soulignant quelques erreurs catholiques :

En enseignant ce qu'enseigne l'Écriture, je me trouve à corriger bien des erreurs de compréhension, protestantes ou catholiques. Je n'ai pas besoin de donner des cours sur les erreurs du catholicisme, de l'anglicanisme, de la théologie réformée, etc. Nous ne sommes plus dans une société dominée par le catholicisme. Tout cela est bien loin pour ceux et celles qui fréquentent nos églises. Les plus âgés s'en souviennent, mais ça fait longtemps que la question est réglée pour eux. Quant aux plus jeunes, je ne les embête pas avec ça.[32]

Faut-il conclure que le catholicisme n’a plus AUCUNE influence au Québec (ou ailleurs dans le monde francophone)  ? ? Il est vrai qu’au Québec depuis la Révolution Tranquille des années 1960, l’église catholique a perdu beaucoup de son pouvoir INSTITUTIONNEL dans la société québécoise (éducation, hôpitaux, médias)[33], mais il me semble malhonnête de ne pas reconnaître que lorsque la majorité des Québécois (même séculiers) pensent au christianisme ou qu’ils en parlent, ils n’ont guère d’autre point de repère que l’église catholique et ses enseignements. Les évangéliques ne leur sont pas connus, sinon par les stéréotypes méprisants diffusés par une émission comme les Simpsons… Il en découle de ce manque de distance critique des évangéliques francophones, qu’on se retrouve avec une influence éclipsée dans la société québécoise. Il est possible que certains de mes lecteurs ont vu le documentaire québécois l’Heureux Naufrage, l’ère du vide d’une société post-chrétienne (2014), qui examine le désabusement d’une petite part de nos élites françaises et québécoises face à l’érosion des idéologies matérialistes issues des Lumières, idéologies si répandues dans nos systèmes d’éducation et médias francophones. Mais combien de ces intellos désabusés du matérialisme se rapprochent spontanément des églises évangéliques  ? Je vous laisse deviner… Est-ce une démonstration du proverbe : « lorsque le sel perd sa saveur, il n’est bon que pour… »  ?

Je dois avouer l’affirmation qu’au sujet des différents évangéliques/catholiques tout est réglé, tout ça est du passé, me semble une réaction qui est le fruit d’une génération de chrétiens à qui on a longuement prêché un évangile confortable, sans prédication sur le jugement de Dieu, ni de discussions sérieuses sur la repentance d’œuvres mortes. C’est un indice de plus de la pénétration de la pensée mondaine chez le leadership évangélique, où on a plié le genou devant le mantra postmoderne qu’il ne faut pas juger et qu’à la fin la Vérité dans les doctrines enseignées dans une église a peu d’importance. Et au bout de cette logique, ce qui compte vraiment c’est le business d’église. Mais qui sait si un jour notre Seigneur ne viendra pas renverser les tables des vendeurs dans son temple?

Merci à Jean-Marc Berthoud, historien, pour sa collaboration.



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Annexe
Theotokos, Marie, mère de Dieu : sujet de dissention au 5e siècle.


Si la formule théologique grecque Theotokos, « Marie, mère de Dieu » fut, pour la première fois, sujet d’une déclaration dogmatique au Concile d’Éphèse en 431 son origine remonte au moins cent ans auparavant. Ainsi au 5e siècle, de plus en plus de chrétiens en faisaient usage.

Devant cette montée, Nestorius, patriarche de Constantinople (381-451 apr. J.-C.), s’est opposé à cette formule, car à son avis cela faisait de Marie une divinité. Vers 428, Nestorius prêcha un sermon contre la formule Theotokos. Nestorius affirmait plutôt qu’il fallait parler de Marie en termes de Christotokos, c'est-à-dire « mère du Christ ». Ce sermon provoqua un scandale et lui attira des ennemies dont Cyrille d’Alexandrie devint le plus ardent. Mais la Marielâtrie était déjà populaire dans le clergé romain et pour avoir osé faire cette critique, Nestorius fut convoqué au Concile d’Éphèse en 431, démis de son poste, déclaré hérétique et mourut exilé en Égypte. Mais chose curieuse, il s’avère que l’empereur convoqua le Concile à Éphèse, justement une ville où la formule Theotokos était populaire. Et cette même ville, il ne faut pas oublier que quelques années auparavant, était le centre d’une dévotion zélé à la divinité païenne Diane (on peut penser aux émeutes violentes décrites dans Actes 19)…

Puisque d’après wiki la formule Theotokos a été proposée par Alexandre d’Alexandrie en 325[34a] (plus de cent ans avant le Concile d’Éphèse... ), il est clair que Nestorius réagit à des affirmations faites par d’autres. Les tentatives pour mousser le statut de Marie étaient donc déclenchées même avant la naissance de Nestorius... Cet article par Eirini Artemi signale que la formule Theotokos était en utilisation bien avant Nestorius. (2012 : 135)

Had Nestorius been more prudent he would have realized that the term Theotokos had a comparatively long usage — it had been used by Origen, by Alexander of Alexandria, by Eusebius of Caesarea, Cyril of Jerusalem, Athanasius, Gregory of Nazianzus, Gregory of Nyssa, and Cyril of Alexandria. In the Latin West Tertullian had used the term Dei Mater in De patientia 3, and Ambrose also used it in his Hexaemeron V, 65 (Patrologia Latina. 14, 248A).

Daniel Audette examine les erreurs que l’on reprochait à Nestorius (2004) :

Au Concile d’Éphèse, c’est à Nestorius (mort en 451), consacré patriarche de Constantinople en 428, et lui aussi fervent défenseur de la divinité (Nicée) et de l’humanité (Constantinople) de Jésus-Christ, qu’on reprochait directement la christologie. La christologie de Nestorius, par opposition à la christologie « unitaire », qui ne voyait dans le Christ qu’un seul principe d’activité, le Logos, était une christologie dite « dualiste » : dans son étude du Christ, cette christologie partait des deux natures complètes (Homme-Dieu). En cela, Nestorius était l’héritier de la christologie antiochienne. En effet, les Antiochiens distinguaient clairement les deux natures, la nature divine étant impassible et immuable, et la nature humaine sujette à la souffrance et à la mort.

En distinguant aussi nettement les natures, Nestorius n’entendait pas pour autant les séparer. Il est certes exact d’affirmer que sa christologie souffrait d’une insuffisance réelle dans le choix du vocabulaire (l’idée que le Christ n’est qu’une conjonction de deux êtres, l’homme et le Verbe, qui n’ont en commun qu’une « unité de volonté, d’opération et de seigneurie », n’est pas tout à fait suffisante). Mais sa doctrine du Christ manifestait néanmoins un effort véritable dans la direction d’une union des deux natures. Comme le déclarait lui-même Nestorius : « Nous ne connaissons pas deux Christs ou deux Fils, ou Monogènes, ou Seigneurs (…). » Dans certaines occasions, il affirmait même un seul prosôpon (personne) comme résultat de l’union des deux natures.

Ce langage, bien qu’il semble se rapprocher favorablement de l’orthodoxie, ne l’atteint pourtant pas. Comme l’explique en effet Aloys Grillmeier, au fond de la christologie nestorienne subsiste toujours l’idée de deux prosôpa (personnes) : « L’unité du prosôpon est basée sur le fait que le prosôpon du Logos fait usage du prosôpon de l’humanité du Christ comme d’un instrument, d’un organon. » Le théologien anglican G. L. Prestige, en des termes quelque peu différents de ceux de Grillmeier, caractérise le point faible de la christologie de Nestorius de la façon suivante : « Nestorius est incapable de ramener à une unique personnalité clairement conçue les deux natures du Christ qu’il distinguait avec un si admirable réalisme. »

Le Concile d’Éphèse avait avant tout comme but de trancher sur les propositions de Nestorius, patriarche de Constantinople qui affirmait que Celui qui se trouvait dans le sein de Marie n’était qu’un simple homme, qui fut plus tard adopté par le Fils de Dieu descendu sur terre[35]. Il semble que Nestorius affirmait, entre autres, « Je refuse de voir un Dieu formé dans le sein d'une femme  ! » Et dans ce rejet par Nestorius de l’union d’un Dieu avec la pleine réalité charnelle de la vie humaine, nous voyons un effet de l’influence platonicienne[36] si dominante dans ces siècles, influence dont nous voyons un écho dans la réaction des philosophes grecs lors du discours de Paul à l’Aréopage d’Athènes, épisode que nous relate le livre des Actes 17 : 32 :

Lorsqu’ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, et les autres dirent: Nous t’entendrons là-dessus une autre fois.

Pour ces philosophes grecs imprégnés de platonisme, il était inconcevable (et ridicule) d’affirmer qu’une divinité s’intéresse aux corps morts (et putréfiés) des humains. Il semble manifeste que Nestorius ait absorbé de cette influence lorsqu’il considère la réalité de l’incarnation.

Ainsi si le Concile d’Éphèse se devait de trancher sur les propositions de Nestorius remettant en question la divinité permanente de Christ, il me semble que plusieurs autres formules auraient pu régler la question de manière plus nette, «Christ est éternel» par exemple. Mais le choix de la formule Theotokos proposée par Alexandre d’Alexandrie en 325 (même si on rejette la traduction du grec, «Marie, mère de Dieu» pour préférer «Marie, porteuse de Dieu») plus de cent ans avant le Concile d’Éphèse, me semble pernicieux à la fin, car la divinité de Christ ne dépend d’aucune manière de Marie. Ainsi il me semble que l’introduction de Marie dans cette formule a avant tout objectif de mousser le statut de Marie. Cette formule n’est donc pas neutre sur le plan théologique. Que Marie ait été choisie pour être la mère de l’homme-Messie est une grâce et rien d’autre. Et cette grâce, comme toutes les autres grâces divines, est tout entier une faveur imméritée. Dieu ne devait RIEN à Marie...

À mon sens donc, la formule Theotokos a avant tout comme fonction d’attirer l’attention sur Marie et de la glorifier. Voici où aboutit un des partisans enthousiastes du XXIe siècle de cette formule (Artemi 2012 : 145)

For every Christian, Theotokos Mary is not only the mother of God but his mother too. For this reason Christians beg her with tears into their eyes to help them:
O all-praised Mother Who didst bear the Word, holiest of all the saints, accept now our offering, and deliver us from all misfortune, and rescue from the torment to come those that cry to Thee: Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !

Aucun évangélique ne peut endosser de telles affirmations blasphématoires. Il semble clair que la formule Theotokos n’est PAS neutre, même sur le plan christologique... La pertinence christologique de cette formule (débattu au Concile d’Éphèse) reste très marginale et d’autres formules christologiques, ne faisant aucune allusion à Marie, auraient pu être proposées afin de trancher le débat avec Nestorius.

D’autre part, en fouillant mes archives, je suis tombé sur un bref article (Aux origines de la Vierge Marie) discutant du culte de Marie. Il semble clair que l’auteur anonyme est athée sinon un postmoderne déguisé en chrétien. Mais certaines de ses affirmations (en gras) me semblent pertinentes et exposent le fait que Nestorius était bel et bien entaché de pensée platonicienne/gnostique. Ainsi, il semble juste de faire des reproches à Nestorius pour cette raison. Mais il est clair que Cyrille a obtenu la condamnation de Nestorius lors du Concile d’Éphèse grâce à des passe-passes indignes et malhonnêtes[37], car il a demandé le vote sur la condamnation de Nestorius avant l’arrivée des évêques de l’Orient, qui justement s’opposaient à la formule du Theotokos, tout comme Nestorius.

L'apôtre Paul, venu prêcher dans l’amphithéâtre d’Éphèse, doit reculer devant la grande déesse Artémis, encore prédominante en ce premier siècle de notre ère. Trois siècles plus tard, la situation a bien changé, le temple d'Artemis a été détruit. Au Concile d'Éphèse se disputent deux fractions sur la signification de Marie: est-elle theotokos ou christotokos ? Est-elle la mère de Dieu ou seulement la mère du Christ ? Dans les croyances populaires, Marie a repris la fonction d'Artémis en la ville d'Éphèse, ce qu'un certain nombre de chrétiens voient d'un très mauvais œil. Nestorius de Constantinople se bat avec véhémence pour que Marie ne soit que christokos, son adversaire, Cyrille d'Alexandrie veut à tout prix qu'elle devienne Theotokos. Nestorius s'indigne dans une lettre contre lui: «Tu oses dire que le fils de dieu a été porté dans le sein, qu'il grossissait puis qu'il a été allaité, langé  ? Cela suffit ! Ne retourne pas aux mythologies païennes.» Pour Nestorius, le fils de Dieu est venu s'installer dans l'enfant naissant sans subir le processus "indigne" de la gestation[38].

Cyrille gagne par une intrigue, en laissant voter tandis que les sympathisants de Nestorius ne sont pas encore arrivés et en payant des pots-de-vin considérables. Nestorius est excommunié. Pourtant Cyrille n'est ni un féministe ni un homme favorable aux femmes pour autant. Au contraire ! ! Il est responsable de la lapidation à mort d'Hypathie, mathématicienne, astronome, philosophe, car cette femme avait osé aller contre "le commandement de dieu" et enseigner à des hommes... On peut donc penser que ce titre décerné à Marie servait surtout à combattre son rival Nestorius.

Ainsi Nestorius, sous l’influence de concepts platoniciens qu’il a absorbé, semble avoir de la peine à digérer certains aspects de l’Incarnation et trouve intolérable la pensée que Christ a vécu TOUTE la réalité humaine, incluant la gestation dans le ventre de sa mère. Pourtant c’est bien ce qu’enseignent les Écritures. Par exemple :

Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. (Jean 1 : 14)

mais, lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, (Gal. 4: 4)
Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. (Phil 2: 5-8)

Ainsi, si Christ n’a pas subi la gestation avant sa naissance comme tous les hommes, comme l’affirme Nestorius, alors l’Incarnation ne serait que partielle[39]...

Je pense que, touchant la formule du Theotokos, il est essentiel de faire abstraction de l’argumentaire mal construit de Nestorius et examiner EN SOI, la formule Theotokos et déterminer ce qui a pu motiver ceux qui l’ont proposé initialement et déterminer si EN SOI cette formule est justifiée et nécessaire sur le plan théologique. J’ai de GROS doutes que sa proposition n’avait RIEN à voir avec des débats christologiques. Pour l’immédiat, il semble qu’Alexandre d’Alexandrie soit la source originale en 325. À l’époque de Nestorius, la formule du Theotokos avait donc depuis un bon moment le vent dans les voiles...

Et sur le plan stratégique, il reste que la condamnation de Nestorius a dû être TRÈS commode pour les partisans de la formule Theotokos, car désormais tous ceux qui auraient pu penser s’opposer à cette formule peuvent maintenant s’attendre à se faire mettre à la porte ET condamné pour hérésie... Rejeter la formule du Theotokos c’est se faire hérétique. C’est un dissuasif très puissant pour mettre fin à tout débat... Et la manœuvre de Cyrille, qui a consisté à faire l’amalgame du débat christologique et de la formule du Theotokos, a été TRÈS efficace... On peut d’ailleurs se demander que serait-il arrivé si, au Concile à Éphèse, on avait complètement écarté la question de la formule du Theotokos et on s’était contenté de demander à Nestorius s’il adhérait au credo du Concile de Nicée, le seul concile christologique en force à l’époque  ?

Il faut noter que les Évangiles n’accordent aucun titre à Marie, on se contente d’affirmer le fait qu’elle fut la mère de Jésus de Nazareth. Cela suffit amplement. Devant toute la propagande mariale, la Marie véritable aurait probablement eu l’attitude de Jean-Baptiste : « Il faut qu’il croisse, et que je diminue. » (Jean 3: 30). Faisant face à des questions théologiques aussi sérieuses et aussi lourdes, là encore il faut rappeler cette parole solennelle de Christ :

« Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre; et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. » (Apoc. 22 : 18-19)

En terminant, mettons les points sur les is. Je ne suis pas historien de l’église et je ne lis pas le grec, la langue dans laquelle s’est déroulé le débat sur la formule du Theotokos. Mais avec les données que j’ai actuellement sous la main, ce sont mes conclusions à ce sujet.



Notes

[1] - Poète grec du 8e siècle avant Jésus-Christ.

[2] - Que les catholiques donnent ensuite à Marie ce même titre de « Reine des Cieux est significatif et reste dans cette logique païenne… Le prophète Jérémie parle d’ailleurs d’une autre divinité païenne portant le titre « Reine des cieux » (Jér. 7 :16-18 et 44 : 15-19) et à laquelle les Juifs furent inféodés pendant un long moment. Voyez la malédiction que prononce Jérémie sur celles et ceux (la Reine des cieux était une divinité favorite des femmes) qui insistent à adorer cette divinité.

Tous les hommes qui savaient que leurs femmes offraient de l’encens à d’autres dieux, toutes les femmes qui se trouvaient là en grand nombre, et tout le peuple qui demeurait au pays d’Egypte, à Pathros, répondirent ainsi à Jérémie: Nous ne t’obéirons en rien de ce que tu nous as dit au nom de l’Eternel. Mais nous voulons agir comme l’a déclaré notre bouche, offrir de l’encens à la reine du ciel, et lui faire des libations, comme nous l’avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos chefs, dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem. Alors nous avions du pain pour nous rassasier, nous étions heureux, et nous n’éprouvions point de malheur. Et depuis que nous avons cessé d’offrir de l’encens à la reine du ciel et de lui faire des libations, nous avons manqué de tout, et nous avons été consumés par l’épée et par la famine... D’ailleurs, lorsque nous offrons de l’encens à la reine du ciel et que nous lui faisons des libations, est-ce sans la volonté de nos maris que nous lui préparons des gâteaux pour l’honorer et que nous lui faisons des libations? Jérémie dit encore à tout le peuple et à toutes les femmes: Écoutez la parole de l’Éternel, vous tous de Juda, qui êtes au pays d’Égypte! Ainsi parle l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël: Vous et vos femmes, vous avez déclaré de vos bouches et exécuté de vos mains ce que vous dites: Nous voulons accomplir les voeux que nous avons faits, offrir de l’encens à la reine du ciel, et lui faire des libations. Maintenant que vous avez accompli vos voeux, exécuté vos promesses, écoutez la parole de l’Éternel, vous tous de Juda, qui demeurez au pays d’Égypte! Voici, je le jure par mon grand nom, dit l’Eternel, mon nom ne sera plus invoqué par la bouche d’aucun homme de Juda, et dans tout le pays d’Égypte aucun ne dira: Le Seigneur, l’Éternel est vivant! Voici, je veillerai sur eux pour faire du mal et non du bien; et tous les hommes de Juda qui sont dans le pays d’Égypte seront consumés par l’épée et par la famine, jusqu’à ce qu’ils soient anéantis. Ceux, en petit nombre, qui échapperont à l’épée, retourneront du pays d’Égypte au pays de Juda. Mais tout le reste de Juda, tous ceux qui sont venus au pays d’Égypte pour y demeurer, sauront si ce sera ma parole ou la leur qui s’accomplira. Et voici, dit l’Éternel, un signe auquel vous connaîtrez que je vous châtierai dans ce lieu, afin que vous sachiez que mes paroles s’accompliront sur vous pour votre malheur. Ainsi parle l’Éternel: Voici, je livrerai Pharaon Hophra, roi d’Égypte, entre les mains de ses ennemis, entre les mains de ceux qui en veulent à sa vie, comme j’ai livré Sédécias, roi de Juda, entre les mains de Nebucadnetsar, roi de Babylone, son ennemi, qui en voulait à sa vie. (Jér. 44 : 15-30)

Jérémie discute ailleurs de la Reine des cieux (Jér. 7: 17-20), soulignant le caractère familial de ce culte. Il est fort probable que la Reine des cieux à laquelle fait allusion Jérémie ci-dessus peut être confondue à la déesse sumérienne, Ashera. Plusieurs passages des Écritures référent à Ashera, dont Deut 16:21 ; Juges 6: 25 ; 1Rois 15: 13 ; 1Rois 18: 19 ; 2Rois 17: 16 ; 2Rois 21: 3 ; 2Rois 21:7 ; 2Rois 23:6 ; 2Chron 15: 16. Plus tard l’auteur romain (et païen) d’origine berbère, Apulée (125-170 ap. J-C) dans son roman L'Âne d'or (Livre IX, chap 47) décrit un de ses personnages priant la Reine des Cieux. Il est par ailleurs curieux que les traductions anglaises de l’Illiade appliquent régulièrement l’épithète « Queen of Heaven » à Héra, épouse de Jupiter, mais les traductions françaises du même œuvre l’omettent…

[3] - Sinon par des anglicans High-Church

[4] - Et c’est l’emploi de majuscules qui fait TOUTE la différence… Passez, rien à voir ici…

[5] - Cela dit, on trouve tout de même quelques catholiques traditionalistes qui rejettent cette affirmation. Par exemple :

- (2016) Qu’a-t-on de meilleur à présenter pour réfuter ceux qui disent que Marie est « Co-Rédemptrice »  ? (Monastère de la Très Sainte Famille)

[6] - On peut se demander si tout le floue longuement entretenu autour des messages des apparitions est délibéré. On se retrouve avec une cible qui bouge toujours... Certains messages sont contestés, non autorisés, d’autres admis et approuvés. Et les messages secrets ? S’agit-il à la fin de trucs ouvertement hérétiques ou juste embarrassants pour le haut clergé catholique  ? On ne nous le dira pas. À contraster avec Christ qui dit : « J’ai parlé ouvertement au monde; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. » (Jean 18: 20)

[7] - Date signalée à la page p. 67 de Fatima in Lucia’s Own Words : Sister Lucia’s Memoirs. Ce livre porte une imprimatur du 13 mai 1976, Albertus, Episc. Leir.

[8] - p. 69 (Kondor 1963).

[9] - p. 108 (Kondor 1963). Un exemple d’approbation des messages de la Marie des apparitions de Fatima de la part d’un pape, soit Pie XII, suffit d’établir l’acceptation très large dans la hiérarchie catholique des messages de Fatima. Dans le livre de dévoué aux apparitions de Fatima par John Mathias Haffert (qui comporte un imprimatur de John Venancio, évêque de Leria, Portugal) on relate l’anecdote suivante (1961: 146-147) :

In May, 1946, the Pontiff [Pie XII] sent a Cardinal Legate a latere (a personal representative) to crown an image [of Mary] at the place of the apparitions. Speaking by short wave radio to the world as the Cardinal Legate placed the crown, the Holy Father proclaimed Our Lady of Fatima, Queen of the Universe.

Haffert, John Mathias (1961) Meet the Witnesses. Ave Maria Institute International Press Fatima, Portugal/Washington NJ 160 p.

[10] - Et deux des trois petits enfants visionnaires (François et Jacinthe) mourront très jeunes, suivant une prophétie de Marie… D’autre part la Marie des apparitions demande (bizarrement) aux enfants de ne pas révéler ses messages, même à leurs parents… Autre fait bizarre, Lucia relate un rêve où le Diable se moque d’elle pour l’avoir trompé avec ces apparitions (Kondor 1963 : 71) :

While in this state of mind, I had a dream which only increased the darkness of my spirit. I saw the devil laughing at having deceived me, as he tried to drag me down to hell. On finding myself in his clutches, I began to scream so loudly and call on our Lady for help that I awakened my mother.

[11] - Et qu’il y ait eu en effet des miracles à Fatima (ou ailleurs) n’y change rien, car les Écritures nous avertissent que les démons peuvent être la source de miracles. Le surnaturel n’est PAS une preuve certaine et absolue de l’approbation de Dieu. Voici un texte de l’Apocalypse qui décrit le bras droit de l’Antéchrist, le faux prophète et ses pouvoirs :

Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un dragon. Elle exerçait toute l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. Elle opérait de grands prodiges, même jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. (Apoc. 13 : 11-13)

[12] - Et le salut par les bonnes œuvres, un autre faux évangile largement diffusé par l’église catholique fut appuyé dans une apparition à Fatima du 13 mai 1917. Une des visionnaires, Jacinta, relate cette affirmation de la Marie des apparitions (Kondor 1963: 29) « That Lady told us to say the Rosary and to make sacrifices for the conversion of sinners. So from now on, when we say the Rosary we must say the whole Hail Mary and the whole Our Father. Right away Francisco thought of a good sacrifice. “Lets give our lunch to the sheep, and make the sacrifice of doing without it.”» Il se peut d’ailleurs que les sacrifices de ces petits enfants, dont des jeûnes intenses au plus fort de l’été aient contribués à leur mort si jeune… Une autre vision d’un ange (du Portugal) en 1916 relaté par Lucia (Kondor 1963 : 64) réaffirme la nécessité des sacrifices offerts par des êtres humains pour le salut des âmes.

[13] - À ce titre, on n’a qu’à penser à la statue en bronze de St-Pierre érigée dans la basilique du même nom à Rome et dont les pieds ont été usés par les pèlerins tant ils l’ont baisé au cours des siècles ! ! ! Évidemment tous ces pèlerins n’ont fait que vénérer cette statue, en aucun cas il s’agit d’adoration… Passez, passez, rien à voir ici… Enfin, que vienne le jour où les catholiques puissent faire sienne ces versets:

Revenez à celui dont on s’est profondément détourné, Enfants d’Israël! En ce jour, chacun rejettera ses idoles d’argent et ses idoles d’or, que vous vous êtes fabriquées de vos mains criminelles. (És. 31: 6-7)

Voici un argument subtil que l’on entend parfois de la bouche de catholiques cherchant à justifier le culte des statues/icônes.

Les icônes : Je te le répète, le temple d’adoration de Salomon était rempli d’iconographies d’anges partout sur les murs du Temple (1 Rois 6:29,32,34-35) avec 2 grosses statues de chérubins dans le lieu très saint ou l’expiation des péchés se faisait par le grand prêtre lui-même. Le Temple était le seul lieu sur terre ou dieu manifestait visiblement sa gloire shikana alors il semble qu’il n’avait pas de problème avec l’iconographie. (...) La vénération de Marie et des Saints : Le premier commandement interdit la fabrication d’idoles représentent des divinités. Marie et les Saints n’ont jamais été considérés comme des dieux et ne sont pas adorés de la sorte dans l’église catholique et orthodoxe. La vénération qu’on leur donne devraient se traduire donner respect et honneur de manière similaire a ce qu’on donnerait a un roi sur terre.

Le détail que cet argument néglige c’est que ces objets du temple dans l’Ancien Testament n’ont jamais été “vénérés” comme les catholiques “vénèrent” leurs statues ou comme les orthodoxes “vénèrent” leurs icônes. Ces objets du Temple avaient une fonction décorative, point à la ligne. Et lorsque de telles pratiques païennes se sont effectivement infiltrées (vénération), les Juifs ont été TRES impitoyables. Voici ce que fit Ezéchias, roi de Juda:

Il fit disparaître les hauts lieux, brisa les statues, abattit les idoles, et mit en pièces le serpent d’airain que Moïse avait fait, car les enfants d’Israël avaient jusqu’alors brûlé des parfums devant lui: on l’appelait Nehuschtan. (2Rois 18:4)

Et il faut préciser que cet objet était TRES prestigieux, car fait par Moïse lui-même. Il est TRES clair ici que pour Ezéchias la vénération de statues, d’idoles et du serpent d’airain étaient TOUS considérés répréhensibles exactement au même titre.

Je me demande si un défenseur du catholicisme pourrait trouver UN seul cas où l’église catholique aurait réprimé de manière claire cette idolâtrie catholique si répandue. Et à titre de comparaison, il faudrait que ce soit un objet consacré par un pape, soit une église ou chapelle abritant une relique ou statue miraculeuse. Peux-t-on avancer UN seul cas où les autorités catholiques auraient mis fin clairement à de tels abus?? Le truc c’est que les reliques et statues miraculeuses (ainsi que les églises qui les abritent) sont des sources de revenues importants, un peu l’équivalent de franchises MacDo (en temps normal). Il est donc impensable que l’église catholique réprime clairement de telles pratiques. Et c’est ce refus de repentance à ce sujet qui explique la nécessité et l’intérêt de l’argument défendant la vénération de Marie, des saints, des statues, icônes et de tous ces objets pitoyables qu’on appel reliques. C’est un argument fondamentalement malhonnête et hypocrite. Mais comme on le constate en lisant La cité de Dieu par Augustin d’Hippone (que les catholiques respectent tant) ce texte expose une source païenne possible pour l’argument que la vénération de statues ou d’icônes ne constitue pas une adoration, car ces artéfacts ne sont que des symboles des saints. Augustin a rédigé son livre en partie en réaction à des Romains païens qui ont laissé entendre que la chute de Rome en 412 était due à la colère des dieux suite à la montée du christianisme (et la cessation des cultes polythéistes traditionnels). Augustin réplique en exposant toutes les catastrophes tombées sur les Romains avant l’arrivée de Christ. Dans l’anecdote suivante, on voit bien que l’argument que les statues et images de dieux ne sont que des symboles était connu d’Augustin (attribué aux Romains païens) et possiblement emprunté d’eux...

Alors le pontife Métellus, sans s’inquiéter de son propre salut, se jeta à travers les flammes et parvint à en tirer l’idole, étant lui-même à demi brûlé, car le feu ne sut pas le reconnaître. Étrange divinité, qui n’a seulement pas la force de s’enfuir, de sorte qu’un homme se montre plus capable de courir au secours d’une déesse que la déesse ne l’est d’aller au sien. Aussi bien si ces dieux ne savaient pas se défendre eux-mêmes du feu, comment en auraient-ils garanti la ville placée sous leur protection? et en effet il parut bien qu’ils n’y pouvaient rien du tout.  Nous ne parlerions pas ainsi à nos adversaires, s’ils disaient que leurs idoles sont les symboles des biens éternels et non les gages des biens terrestres, et qu’ainsi, quand ces symboles viennent à périr, comme toutes les choses visibles et corporelles, l’objet du culte subsiste et le dommage matériel peut toujours être réparé. (La cité de Dieu - Livre III: chap. 18)

[14] - Voir la page wiki du Panthéon.

[15] - En particulier les grands centres de pèlerinages mariaux.

[16] - Ce qui trouvera son parallèle dans le culte bien connu du guerrier, Saint Georges (4e siècle).

[17] - On fait allusion ici au meurtre de Rémus par Romulus, fondateur légendaire de la ville de Rome.

[17a] - Cela fait référence à l’installation par le pape en 2019 de statuettes amazoniennes de la “Pachamama” à l’église de la Vierge du Carmel de la Traspontina à Rome. Manifestement certains catholiques ont déduit que le pape allait trop loin dans cette affaire, car plus tard ces statuettes ont été volées et jetées dans le Tibre... À ce sujet, voir les articles de Guilbault, Bourdin et FSSPX.News dans la bibliographie (et, pour une perspective protestante, l'article de Pulpit and Pen).

[17b] - J’ai entendu un catholique traditionaliste remettre en question la signification de ce communiqué de Grégoire le Grand en observant « qu’un pape n'est infaillible que lorsqu'il s'exprime sur la Foi ou les moeurs. Ainsi, puisque la lettre de Grégoire à Mellitus n'appartient pas au Magistère de l'Eglise elle est donc sans signification. » Merveilleux… Mais il faut avouer que c’est assez extraordinairement hypocrite comme porte de sortie pour éviter d’admettre qu’un pape a fait des compromis TRÈS clairs avec le paganisme préchrétien, et ce dans le but manifeste d’élargir le pouvoir temporel et économique de l’église. Ainsi ce genre d’affirmation laisse entendre qu’une lettre émanant d’un pape en fonction soit sans influence ou sans effet a l’intérieure de l’église catholique. C’est ridicule, surtout émanant d’un pape aussi coté que Grégoire le Grand (à qui on doit le chant grégorien...). D’ailleurs réfléchissons un peu aux siècles accumulés du droit canon catholique qui gère aussi bien la formation des prêtres que tout le fonctionnement de l’église catholique et il y a lieu de penser que rien dans ça n’émane de bulles ex cathedra rédigés par un pape. Et pourtant tout ça a force de loi dans la gestion de cette église. Alors si on veut regarder honnêtement ce qu’est et ce qu’enseigne l’église catholique, il faut regarder TOUT... Pour être cohérent dans ce que me dis ce catholique traditionaliste, cela impliquerait que lorsqu’un pape en fonction parle ou émet des recommandations, TOUT catholique peut ignorer allégrement ce que dis ce pape sous prétexte que ces directives ou recommandations n’ont PAS été faites sous forme de prononciation ex cathedra... Et si les catholiques (du cardinal jusqu’au petit paysan) se comportaient de la sorte, on peut se douter que ce pape s’énerverait “un peu” d’un tel comportement?

[18] - Située dans la région d’Anatolie en Turquie, maintenant connue sous le vocable Bursa.

[19] - Île grecque dans la mer Égée.

[20] - Consultez la bibliographie.

[20a] -

[21] - Ce récit est relaté par l’historien gallois Theophilus Evans (1834). Mais il semble bien que la semence de l’Inquisition ait été semée des siècles auparavant par Augustin d’Hippone dans son Épître à Vincentius lors qu’il évoque la formule célèbre, soit : Compelle intrare, c'est-à-dire (en parlant des hérétiques) contraints les d’entrer. Si cette épître fait allusion au parabole du grand festin de noces où le maître ordonne « Et le maître dit au serviteur: Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie. » (Luc 14 : 23) Mais l’interprétation d’Augustin fait fit du fait que tout le reste du Nouveau Testament ne justifie en aucun cas l’usage de la violence pour mâter ceux qui rejettent l’Évangile. Au bout du compte, l’avis exprimé d’Augustin sera la semence d’où naîtra l’inquiisition au Moyen Âge, avec ses tortures, exécutions et guerres saintes.

[22] - Sans doute que toutes ces divisions chez les protestants, ça complique les projets d’expansion oecuméniques des catholiques.

[23] - Mais pour ce qui est de la définition et des fonctions du clergé de l’église de Rome, le paganisme n’est pas la seule influence. L’église de Rome a aussi tenté d’accaparer le prestige du judaïsme. Jean-Marc Berthoud propose plusieurs points de contact (2019) :

Le pape comme Souverain Sacrificateur ; jusqu’à récemment les 70 cardinaux, singeant les 70 membres du Sanhédrin ; le sacrifice permanent de l’Église de Rome – celui de la messe – reprenant les sacrifices toujours répétés du Temple ; le rôle du prêtre comme sacrificateur, le salut par les œuvres de la Loi, thème central tant au Judaïsme qu’au Romanisme ; les Cathédrales comme imitations du Temple de Jérusalem ; la tradition juive des anciens jouant le même rôle, celui d’obscurcir les Écritures, que la tradition romaine autonome de la Bible reprend sans problème ; le pharisaïsme hypocrite, prototype de la casuistique jésuitique, âme du système romain ; (…) ; la casuistique du droit canon romain avec son modèle dans le Talmud anti-chrétien des Juifs.

[24] - Ce dogme fut proposé par le pape Pie IX, lors du concile œcuménique Vatican I à Rome. Il faut préciser que l’église de Rome a tendance à définir et ériger en dogme une croyance ou pratique romaine que lorsqu’il sera durement attaqué.

[25] - Voici un aveu intriguant justement de la part d’un catholique traditionaliste au sujet du pape actuel, François I:

Inversement, ce n'est pas parce qu'une personne est pape qu'elle a droit à plus de défense... au contraire même. Dans certains cas, une personne en autorité doit montrer une grande intégrité... C'est pour cette raison que j'ai de gros doutes sur ce pape... Mais comme je ne suis pas encore certain, j'attends d'autres signes et événements...

Ma réaction :

J’avoue c’est intriguant. COMMENT arrives-tu à cette conclusion ?

Est-ce un jugement strictement émotif ou subjectif (tu n’aimes pas la gueule de ce pape) ? Ou ce jugement est-ce enraciné dans quelque chose de plus fondamental et plus objectif ? Peut-être que dans ton évaluation tu fais appel à la Tradition catholique, mais à la fin ce pape actuel, que tu estimes assez peu, peut lui aussi se réclamer comme faisant partie de cette Tradition vivante et en mouvement. Te voilà désarmé... Pour le protestant qui s’appuie sur le Sola Scriptura, la question est vite réglée, car en TOUT temps ce sont les Écritures qui jugent et interprètent l’Église. De ce fait AUCUNE autorité chrétienne, peu importe son prestige, n’est au-dessus des remises en question de son enseignement ou de son comportement. Mais toi tu ne peux t’appuyer sur une telle position, car ça impliquerait nécessairement le rejet de la Tradition catholique et placerait TOUT l’enseignement catholique sous le regard des Écritures. Ça m’étonnerait que tu fasses ce pas. Dans le meilleur des cas tu peux peut-être remettre en question ce pape en alléguant un désordre dans son élection, mais ce serait TRES compliqué a exploiter comme stratégie puisque tout le processus de l’élection du pape est censé se passer à huis clos..

[26] - À ce sujet, l’article du scientifique américain Jerry Bergman (en bibliographie) peut intéresser.

[27] - Et cette Tradition inclut autant les décrets ex-cathedra des papes (même du pape en fonction) et les écrits de ceux qu’on appelle les Pères de l’Église. Voici un clin d’œil de l’attitude de Christ à l’égard de la tradition érigée par les hommes.

Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, s’assemblèrent auprès de Jésus. Ils virent quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains impures, c’est-à-dire, non lavées. Or, les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement les mains, conformément à la tradition des anciens; et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu’après s’être purifiés. Ils ont encore beaucoup d’autres observances traditionnelles, comme le lavage des coupes, des cruches et des vases d’airain. Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent: Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures? Jésus leur répondit: Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit: Ce peuple m’honore des lèvres, Mais son coeur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, En donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore: Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. Car Moïse a dit: Honore ton père et ta mère; et: Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort. Mais vous, vous dites: Si un homme dit à son père ou à sa mère: Ce dont j’aurais pu t’assister est corban, c’est-à-dire, une offrande à Dieu, vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère, annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. (Marc 7 : 1-13)

[28] - Il reste que, tant que l’Église romaine s’affirme infaillible, est-ce vraiment possible qu’elle se repente de ses erreurs passées  ? Il faut dire que l’histoire apporte d’abondantes preuves que la réponse est NON, mais il est possible que cela sous-estime le pouvoir de Dieu. Et si on avait demandé aux premiers chrétiens, avant la conversion de Saul de Tarse, ce qu’ils pensaient des possibilités de sa conversion, on peut supposer qu’on nous aurait fait de TRES gros yeux à une telle suggestion... Mais il reste que justement cette conversion de ce juif ZÉLÉ a passé par une humiliation, jeté à terre (Actes 9 : 1-9). Il en découle qu’une conversion authentique d’un catholique convaincu devra y passer aussi... À ça, il faut ajouter un bémol, c'est-à-dire que même si la conversion de Saul de Tarse a bien eu lieu, elle n’a PAS entraîné la conversion de tout le Sanhédrin. Et à vrai dire le Sanhédrin s’est endurci à répandre des mensonges au sujet de la résurrection de Christ (Matt. 28 : 11-15). À la fin, on peut avoir espoir pour la conversion d’individus catholiques, mais il y a TRES peu de raisons de s’attendre à un changement de cap important de l'hiérarchie catholique... Mais pour revenir à Saul de Tarse, non seulement il est tombé sur le chemin de Damas, mais il est également devenu aveugle. Je dois avouer qu’il m’est arrivé de penser que cet aveuglement physiologique de Saul avait pour but de le permettre de mieux visualiser son aveuglement spirituel…

[29] - Et généralement indémontrée.

[30] - Dans les faits on se trouve donc confier la formation de notre élite évangélique, ceux qui dans les années à venir seront placés dans des positions d’influence, à des gens pour qui le principe de la Sola Scriptura (l’inerrance des Écritures) est sans importance. Ceux qui dans le passé ont fondé nos collèges bibliques évangéliques francophones doivent bien se retourner dans leurs tombes. S’il est vrai que les chrétiens “ordinaires” n’ont pas à se préoccuper de combien de trombones on peut utiliser au collège biblique, ni de la couleur des cravates des professeurs, cependant, confier notre élite évangélique à une institution catholique (sans prendre de sérieuses précautions apologétiques) me semble simplement un comportement suicidaire à long terme, car nos croyances, nos convictions c’est le cœur de qui nous sommes. Et si s’élève une génération de pasteurs aux convictions compromises, une telle chose affecte TOUS les évangéliques ! On me dira peut-être, mais il nous FAUT un programme d’études graduées, car on n’a pas les ressources financières pour le faire de manière indépendante. Pour ma part je ne suis pas du tout convaincu qu’il “nous” FAUT des programmes d’études graduées pour nos pasteurs. On s’en est bien passé dans les années antérieures. Qui veut-on impressionner au juste avec ces beaux diplômes ? Ainsi, depuis les années 1990 où ces programmes de collaboration entre collèges bibliques et facultés de théologie catholiques ont été mis en place, on a vu s’élever une génération de pasteurs qui ont bien compris que discuter sérieusement des erreurs des catholiques, bas les pattes… Ça ne se fait pas… (car on ne peut risquer nos projets en collaboration. Sans doute que pour les catholiques il est fort rentable de maintenir les leaders évangéliques dans une position de clientélisme et de dépendance. Est-ce possible qu’on ait acheté à bon compte le silence des leaders évangéliques  ? Il nous FAUT bien peser ce que l’on gagne à court terme dans ces « projets de collaboration » avec les catholiques contre ce que l’on peut perdre...

[31] - Ce qui semble réussi.

[32] - Si on reste dans cette logique, sans doute dans un pays où règne l’islam, on n’oserait jamais remettre en question l’Islam ou le statut de prophète de Dieu de Mahomet. Il ne faudrait pas perdre la tête pour « si peu » de choses après tout… Et dans les premiers siècles où les chrétiens avaient le choix entre une pincée d’encens (offert au culte du divin César) ou dîner avec les lions. Mais les lions sont plutôt impolis à table, alors…

[33] - En France tout cela s’est fait plus tôt, lors de la Révolution et avec la loi des écoles, en 1905.

[34] - Autrefois sur hautetfort.com, l’article n’est plus en ligne.

[34a] -Et si le culte d’Isis est d’origine égyptienne, est-ce vraiment un hasard que les premiers chrétiens à mousser le culte de Marie via le concept de Theotokos, Alexandre et Cyrille, soient également égyptiens  ?

[35] - Mais même un prêtre catholique, François Nau, traducteur du Le Livre d'Héraclide de Damas attribué à Nestorius, rejette cette accusation et note (Nau, dans Nestorius 1925) :

It is certain that he himself [Nestorius] did not wish to teach what is known as 'Nestorianism'. His denunciations of Paul of Samosata and his followers show that he had no sympathy with those who think of the Incarnation on adoptionist lines, and when accused of 'Nestorianism', as on pages 19 and 47, he indignantly repudiates any such views. The intention of his doctrine is accurately summed up in the heading inserted by the Syriac translator to the fifty-fourth section of the first part of The Bazaar —'Concerning this: that God the Word became incarnate and there were not two sons but one by a union.'

[36] - Platon (428-348 av JC), un des philosophes grecs les plus renommés de l’Antiquité, enseignait une philosophie qui estimait par-dessus tout le spirituel, le rationnel (ou l’abstrait, telle la géométrie) et méprisait le terrestre, le corporel ou matériel (ce qui est perçu par les sens) et, par ricochet, la sexualité. D’après la mythologie avancée par Platon dans la première partie de la Timée, les êtres mortels, dont les humains, n’ont pas été créés par le Créateur, mais par des divinités inférieures. Le concept platonicien des deux mondes, le monde spirituel (supérieur) et le monde matériel (inférieur) a été exprimé de diverses manières, mais une des plus puissantes a été le concept dérivé des archétypes. Pour Platon, les choses que nous percevons avec nos sens ne sont que des copies inférieures des idées ou des formes célestes: les archétypes. Et dans la littérature païenne grecque, ceci donne naissance au symbolisme. Dans son Allegory of Love, C.S. Lewis fait un topo de l'influence très large de ces concepts au Moyen Âge catholique (1936/1958: 45-46) :

Symbolism comes to us from Greece. It makes its first effective appearance in European thought with the dialogues of Plato. The Sun is the copy of the Good. Time is the moving image of eternity. All visible things exist just in so far as they succeed in imitating the Forms. Neither the lack of manuscripts nor the poverty of Greek scholarship prevented the Middle Ages from absorbing this doctrine. It is not my business here to trace in detail the lines of its descent; and perhaps it would be idle to look for particular sources. The diffused Platonism, or Neoplatonism—if there is a difference—of Augustine, of the pseudo-Dionysius, of Macrobius, of the divine popularizer Boethius, provided the very atmosphere in which the new world awoke. How thoroughly the spirit of symbolism was absorbed by full-grown mediaeval thought may be seen in the writings of Hugo of St. Victor.

[37] - Un article par S. Ulrich fournit quelques autres détails des procédures (incluant des pots-de-vin très généreux) au Concile d’Ephèse et explique les retombés de ce Concile (2018) :

It was not until 435 that the matter was settled. After things had settled down in Constantinople, Theodoret came to Chalcedon presenting views not far from those of Nestorius and found a considerable amount of support. This may indicate that the support for Cyril's views may have been artificially contrived through political alliances with Empress Pulcheria and the wealth distributed by Cyril to members of the imperial court in the sum of 1400 pounds of gold shortly before the Council in 431. (Gregory 113)
The bribes of Cyril fit into a larger picture which are evidence that he was willing to dispense with the ontological truth concerning the heretical nature of Nestorius' teaching to achieve a political victory. He sacrificed principle for politics but history in the end gave him neither.

[38] - Et dans la traduction anglaise de la 2e lettre de Nestorius à Cyrille d’Alexandrie, Nestorius parle dans la même veine.

Holy scripture, wherever it recalls the Lord's economy, speaks of the birth and suffering not of the godhead but of the humanity of Christ, so that the holy virgin is more accurately termed mother of Christ than mother of God. (…) Ten thousand other expressions witness to the human race that they should not think that it was the godhead of the Son that was recently killed but the flesh which was joined to the nature of the godhead.

[39] - Et c’est une question importante, car devant l’influence platonicienne et gnostique si répandue dans le monde ancien, l’église primitive a justement fait de l’Incarnation un test de la pureté de la foi.

Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu (1Jean 4: 2)