La condition de l'artiste chrétien: une réaction.

Annie Morris

Ayant lu et ce à plusieurs reprises, le texte de M. Gunderson (La condition de l'artiste chrétien), car, ayant moi-même travaillé à la traduction de celui-ci, j’aimerais examiner quelques points qui me semblent plutôt faibles dans ce texte qui traite de la condition de l’artiste chrétien.

J'aimerais pour commencer, souligner le fait que M. Van Gogh avait été retiré de son ministère selon l'article de M. Gunderson à cause de son apparence, de sa tenue vestimentaire et non pas parce qu'il était un artiste. Pourtant M. Gunderson semble s'attarder au fait que Van Gogh était un artiste et qu'indirectement il aurait été rejeté du ministère pour cette raison, ce n'est pourtant pas la raison évoquée. Ne méprenez pas mes propos, je ne dis pas que l'église n'a pas une part de responsabilité dans cette histoire. Je suis d'accord avec M. Gunderson lorsqu'il dit que l'église devrait aider et guider ces gens, mais pour cela, il faut être prêt à vouloir être guidé.

J'ai lu dans le site : “L'encyclopédie de l'Agora Van Gogh[1] ” que Vincent Van Gogh voulait se faire pasteur à sa manière et qu'il n'admettait comme guide que ses impressions personnelles. Il existe également une multitude de sites Internet sur l'artiste Vincent Van Gogh, j'en ai visité une bonne vingtaine. Selon ces sites, il est clair et net que l'église a repoussé Van Gogh du ministère, mais il serait bon que tous connaissent vraiment ce personnage, tous ces sites en parlent chacun à leur manière et à leur façon. Certains sites diront qu'il a été rejeté à cause de son zèle[2], d'autres à cause de son fanatisme[3]. Un autre site dit que le conseil de famille décida que Vincent devrait essayer de devenir prédicateur laïque[4], autrement dit que ce ne serait même pas son propre choix. Il y a aussi un site avec un index chronologique[5] vraiment bien fait et précis qui parle vraiment de sa vie personnelle et de sa personnalité. Selon ce site, il semblerait qu'avant même de penser étudier ou devenir pasteur i.e. en 1875, il avait des obsessions et un mauvais caractère. Le 15 mai de cette même année, il aurait été dans un état dépressif. En 1876 il écrivit des lettres morbides à son frère Théo et cette même année tomba dans une profonde dépression. J'attire ici votre attention, à savoir qu'avant même de s'impliquer dans le ministère M. Van Gogh était semble-t-il prédisposé à la dépression. J'ai lu dans un autre site qu'on le soupçonnait d'être atteint de bipolarité[6]. Continuons avec l'index chronologique, le 17 avril 1879, pendant qu'il occupait le poste de pasteur auprès des miniers, afin d'aider ceux-ci, Vincent se dépouille de ses vêtements, de son argent et vit en extrême pauvreté. Il quitte son logement chez le boulanger Denis pour s'installer dans une cabane humide où il risquera de mourir. Il commence à dessiner. Il ne prêche plus, ne donne plus d'enseignement, a l'allure d'un mendiant.

Autoportrait de Vincent Van Gogh avec l'oreille coupée (1889)

Autoportrait de Vincent Van Gogh avec l'oreille coupée (1889)

Cette dernière phrase m'a vraiment éclairé, elle m'a fait comprendre que Van Gogh était probablement trop ébranlé par la situation des mineurs et n'était plus capable de vraiment accomplir son ministère, que sa santé psychologique précaire l'en empêchait. Ce n'était pas parce qu'il était un artiste, mais bien parce qu'il était prédisposé aux dépressions et à cause de celles-ci, il était incapable de remplir son ministère, puisqu'Il ne prêchait plus et ne donnait plus d'enseignement. On parle d'ailleurs également dans plusieurs sites de ses états dépressifs et de ses troubles psychologiques. Un jour, lors d'une prise de bec avec Paul Gauguin, Vincent se mit à courir après celui-ci avec un rasoir, ne pouvant l'atteindre il finit par se couper l'une de ses propres oreilles2. Puis, il l'enveloppe dans un papier journal et l'offre à une prostituée dans un bordel qu'il fréquentait. Il sera par la suite hospitalisé.

Est-il vraiment approprié de parler de Vincent Van Gogh pour défendre la cause des artistes au sein de l'église? Personnellement, après étude de cet artiste, ma réponse serait négative. Cet homme semblait avoir beaucoup de problèmes psychologiques dans sa vie et son talent d'artiste n'était nullement en cause quant aux problèmes reliés avec son église et son ministère.

Parlons maintenant de ce que dit M. Gunderson au sujet de la danse, il dit qu'elle est une autre forme de créativité qui a pour but la communication. Personnellement, je ne vois pas ce que les danses actuelles peuvent communiquer pour la gloire de Dieu. J'ai pourtant moi-même dansé du ballet classique pendant à peu près 8 ans et du ballet jazz pendant 4 ans. Puis, j'ai passé mes nuits à danser les danses modernes dans les discothèques et j'en passe. Je connais très bien les danses d'aujourd'hui qui sont disons-le très, très sensuelles et je ne vois pas de quelle façon celles-ci peuvent glorifier Dieu. En fait, ce qu'elles communiquent, c'est la sensualité du corps et rehausse l'égocentrisme d'une personne, le moi. Les danses juives de l'époque qui étaient utilisées pour glorifier Dieu étaient sûrement différentes de celles-ci.

J'aimerais également répondre à la question suivante de M. Gunderson ; “ Pourquoi est-ce que la danse est approuvé en bas âge mais est attaqué par le diable à un âge plus avancé? ” Les danses que les petits enfants en bas âges exécutent ne sont surtout pas sensuelles et provocantes. Tandis que celles qui ne sont pas exécutées par de jeunes enfants, sont souvent produites par des danseurs(ses) portant des vêtements très moulants et bien souvent très provocants et comme je l'ai dit auparavant, ces danses sont, pour la plupart, très sensuelles. Les danses populaires de nos jours ne sont pas telles des danses folkloriques, qui sont en général plus décentes et moins sensuelles. Si l'on présentait ce genre de danse, je crois que celles-ci seraient bien plus acceptées. Je ne crois pas que la danse soit attaquée par le diable, mais bien que le chrétien se doit d'avoir une bonne conduite pour Dieu et de s'abstenir de la sensualité et de la provocation.

“ Mais comme celui qui vous a appelés, est Saint, soyez vous-mêmes saints dans toute votre conduite ”. (1 Pierre 1 :15)

La sensualité est à éviter car regardons ce qu'il est écrit en Jude 1 : 17 à 19 :

“ Mais vous, bien-aimés, souvenez-vous des choses qui ont été prédites par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ; Qui vous disaient que dans les derniers temps, il y aurait des moqueurs, qui marcheraient suivant leurs convoitises impies. Ce sont des hommes qui se séparent eux-mêmes, gens sensuels, n'ayant pas l'Esprit. ”

Puis, d'un autre point de vue, on peut dire que oui, la danse a été attaquée par le diable, dans le sens qu'elle n'est en général plus décente du tout et pas chaste.

Lorsque M. Gunderson parle d'un couple de danseur qui serait, selon lui habileté pour enseigner des gens, qu'entend-il vraiment par cela. Est-ce uniquement parce que ceux-ci sont des artistes, ou sont-il vraiment habileté à enseigner la parole de Dieu. Danser tout comme les juifs, peindre, chanter, etc. peut définitivement louer Dieu, mais n'enseigne pas nécessairement. Je connais un artiste de la craie qui crée devant assistance, une œuvre, qui une fois terminée lui permet d'enseigner la parole de Dieu. C'est son ministère et lui est soutenu financièrement, car il enseigne vraiment la parole de Dieu, il ne fait pas que dessiner ou danser.

M. Gunderson dit qu'il est aussi impératif que les artistes n'aient pas besoin d'apposer un verset biblique sur tout ce qu'ils font dans une tentative malencontreuse et seulement pour donner une certaine légitimité à leurs expressions. Il dit également de donner de la place à l'artiste et du temps pour mûrir et perfectionner son talent. Qu'aimablement et patiemment on doit leur donner la liberté de faire des erreurs. Et pourtant au tout début de son texte, il dit que Van Gogh aurait dû, plutôt que d'être repoussé, être guidé. Si je comprends bien, guider ne veut surtout pas dire, laisser libre. Nous devons excuser les erreurs, il est certain, mais je crois que nous avons tous besoin dans n'importe quel ministère d'être guidé. Je crois également qu'il est important en tant que chrétien de faire passer le message de Dieu dans tout ce que l'on fait, ou en fait le plus possible, puisque c'est notre tâche de porter la bonne nouvelle. Il est certain qu'en tant qu'artiste moi-même, lorsque que je dois décorer une maison, je ne vais pas apposer des versets sur les murs de tous le monde, par contre lorsque mes talents sont mis à contributions pour un ministère, je ferai de mon mieux pour qu'il y ait un message Biblique quelconque. Lorsqu'à l'église on me demande de monter des pièces de théâtre, je m'applique de mon mieux à faire passer un message Biblique ainsi que des versets car c'est là le but ultime de ma création pour Dieu, porter sa parole et sa bonne nouvelle qui est d'une valeur inestimable. Je ne suis qu'un outil entre ces mains.

“ Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. ” (1 Corinthiens 10 :31)

Il serait important de souligner que je considère mon travail d'artiste très différent de mon ministère d'artiste.

Voilà ce que je voulais apporter comme nuance au texte de M. Gunderson. Oui, il faut laisser de la place à l'artiste, mais lui à son tour doit se laisser guider, être prêt à se soumettre à l'autorité Divine afin dis-je de pouvoir représenter celle-ci de la bonne façon, humblement, pas sensuellement, pas de façon provocante, mais de façon à louer Dieu.

“ De même, jeunes gens, soyez soumis aux anciens, et vous soumettant tous les uns aux autres, revêtez-vous d'humilité; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. ” (1 Pierre 5 :5)

Dieu mérite ce qu'il y a de meilleur et laissons enseigner ceux qui connaissent vraiment la parole de Dieu. Je ne crois pas que parce que quelqu'un est un artiste, qu'il puisse automatiquement pouvoir enseigner. Étant moi-même une artiste, (chanteuse, dessinatrice, décoratrice, mise en scène, auteur de pièce, etc....) je puis dire qu'il est vrai que nous avons une sensibilité et une vision des choses qui des fois ne sont pas visibles à l'œil nu d'autres chrétiens, mais pour autant, toute la place ne nous revient pas dans l'église. Et je ne prétends surtout pas être un prophète pour autant, ni l'Ultime Créateur. L'enseignement doit se donner par l'enseignant et nos œuvres pour le ministère se doivent d'honorer Dieu. Une église peut soutenir un artiste, si elle en a vraiment les moyens, mais se doit de rencontrer toutes ces autres obligations auparavant. Je crois également qu'un tel artiste, s'il est soutenu par une église devra considérer ses œuvres en rapport avec celle-ci.

Puisse Dieu nous aider nous les artistes à nous soumettre à Sa volonté, ensuite l'Église pourra vraiment nous utiliser.

La condition de l'artiste chrétien: une réaction.

Autoportrait de Vincent Van Gogh avec l'oreille coupée (1889)

Notes