Christian Bourgeois
Je regarde avec mon épouse un DVD qu'on lui a prêté. Sur fond d'épuration éthnique, ce film nous parle de l' extraction d'une femme médecin (jouée par Monica Bellucci) par un groupe de militaires (dont Bruce Willis).
Bien sûr, les problèmes ne manquent pas de s'accumuler pour ce capitaine qui a pour mission de ne sauver que le médecin et son mari (malheureusement décédé), ce qui n'est pas du goût de celle-ci qui veut emmener avec elle un groupe d'africains dont elle craint pour leur vie.
La méfiance entre elle et ce capitaine s'installe rapidement tant les enjeux sont opposés.
Cette méfiance, justifiée ou non - il faut attendre un peu pour le savoir, blesse un tant soit peu notre capitaine venu risquer sa vie et celle de ses hommes pour sauver cette femme dont l'entêtement (ou la détermination selon le point de vue) n'arrange pas les choses.
Si dans certains films, il y a une scène ou un dialogue, ou même encore une petite phrase qui sort de l'ensemble, c'est bien pour moi la réponse de Bruce Willis à Monica Bellucci face à son insultante méfiance :
“ Mais qu'est-ce qu'il faudra que l'on fasse pour vous, pour que vous ayez enfin confiance ? ”
Il risque sa vie en territoire ennemi et celle de ses hommes sans aucun espoir d'aide, alors que peut-il faire de plus ?
Malgré cela, la femme médecin ne le croit pas.
Le but de ce commentaire n'est pas de développer une philosophie quelconque sur les enjeux du film, on l'a compris, mais de s'en servir, comme on se sert d'une parabole pour expliquer, afin de mieux comprendre, quelque chose de fondamental qui ne saute pas d'entrée aux yeux. Car c'est volontairement que j'ai gardé le mystère du “ pourquoi écrire cela ? ” jusqu'à ce moment précis. Et du titre du film pour la fin.
Le Fils de Dieu, Jésus-Christ est sur Terre pour nous révéler l'Amour du Père. Qu'on soit d'accord ou pas, qu'on en ait conscience ou pas, c'est un fait. Plus que cela, c'est sa divine mission.
Alors, revenons si vous le voulez bien quelques milliards (ou millions), peu 'importe, dannées en arrière, bien avant la création de l'univers.
Dans un temple immense, magnifique, des milliers d'anges jouent une musique extraordinaire, inimitable. C'est une période importante durant laquelle sont écrits tous les évènements qui doivent arriver sur Terre, y compris, les naissances des uns et des autres (donc la votre), etc...
Soudain, la musique change. Elle devient encore plus éclatante ! Je ne sais pas si c'est de la musique classique ou du reggae ou même du jazz ; un peu de tout peut-être. En fait aucun mot humain ne peut, à proprement parler, définir le style de cette musique, et à vrai dire, ce n'est pas la préoccupation du moment, car le Fils de Dieu entre dans le temple.
Le Père fait un signe et les anges quittent un à un, à regret, l'immense salle des louanges. Ne restent ensemble que Lui, le Fils et Lucifer (mais est-ce vraiment son nom ?), le chef de la louange.
Qu'ont-ils donc de si important à partager qu'aucun ange ne peut ni ne doit entendre ?
Des paroles secrètes, des choses bien supérieures aux anges eux-mêmes et à toute la magnificence qui les entoure. Ils commencent à parler.
Soudain, le Père regarde Lucifer et lui demande de partir, de le laisser dans la plus stricte intimité avec son Fils.
A regret il sort. Derrière lui les portes se referment et des chérubins viennent se placer entre lui et la porte. Il ne peut écouter le mystérieux échange que vont avoir le Père et le Fils auxquels s'est joint (fruit de la communion entre les deux selon une réflexion de C.S Lewis) le Saint-Esprit. Nous en aurons, nous, quelques bribes, mais bien plus tard.
Le Père donne à Jésus les Paroles mêmes que celui-ci aura à nous transmettre lorsqu'Il sera sur Terre. Lorsque que par la foi d'une jeune fille il pourra naître et grandir grâce aussi à la foi de son époux, première préfiguration prophétique des derniers temps, de l'Alliance éternelle entre le Fils et l' Epouse.
Mais Dieu fait les choses à sa façon, et la première mission d'éveiller le cœur des hommes à la Parole de Vie, n'est pas donnée directement à Jésus mais au Saint-Esprit qui va se choisir des hommes pour parler par eux.
Pour n'en citer que quelques uns, nommons Adam, Noé, Abraham, Moïse, Esaïe, David, Jérémie, Zacharie, Sarah, Esther ...dont certains seront mis à mort pour avoir apporté cette Parole.
La discussion au sommet est sur le point de s'achever lorsque Jésus pose la question fatidique, celle qui est au cœur de cette étude :
“ Quel sera le signe que tu accorderas aux hommes pour qu'ils croient en Ta Parole ? ”
La réponse se fait attendre. Heureusement, il n'y a pas de pendule dans le temple de Dieu. Enfin, le Père regarde son Fils droit dans les yeux et parle :
“ N'es-tu pas Toi la Parole Vivante ? A ce moment-là, je n'aurai d'autre signe plus précieux à mes yeux à donner aux hommes pour qu'ils croient que...Toi.”
Notons qu'il n'est pas question ici d'un arc-en-ciel, ou d'une arche.
Pendant ce temps, Lucifer qui n'accepte pas d'avoir été mis à l'écart rejoint d'autres anges, des chefs très puissants qui lui sont fidèles. Un complot se forme.
L'orgueil qui a déjà envahi le cœur de celui qui est le plus beau et le plus grand de tous les anges, le chef de toutes les musiques du Ciel vient de se marier avec dame Jalousie.
Jésus s'est détourné du regard du Père. Il réfléchit.
Le Père continue et pose les bases :
“ Tu feras comme tu le veux. A l'heure ultime où le châtiment pour les fautes des hommes tombera sur toi, si tu refuses ce moment, rien dans mon Amour pour Toi ne sera altéré. Libre tu es de choisir, libre tu le restes de renoncer. Tous les anges du Ciel te serviront. ”
Jésus attend. Au Ciel, personne n'est jamais pressé de répondre. D'ailleurs le temps n'existe pas.
Il se retourne enfin. Aucune impatience de la part du Père ni du Saint-Esprit.
Devant le Père, dans un acte ultime d'Amour, il s'agenouille.
“ J'accepte d'être ce signe. Je dirai tes Paroles et je ferai les œuvres que tu me montreras.”
Le Père étend alors ses mains et une vaste tenture s'ouvre montrant une Arche d'Alliance autour de laquelle vole une colombe et se promène un agneau sur fond d'arc en ciel. Des chérubins entrent portant plusieurs rouleaux dans leurs mains.
L'un d'eux plus important que les autres porte le rouleau du Livre de Vie scellé tandis qu'un autre s'approche de Jésus devant lequel il s'incline et lui remet des rouleaux sur lesquels son nom est marqué.
Jésus les prend et s'approche du Père devant lequel à son tour il s'incline.
Puis, deux femmes, du Haut Conseil s'approchent, l'air grave. Ce sont Justice et Vérité qui se placent à droite et à gauche du Père.
Soudain, les portes du temple s'ouvrent et les anges, Lucifer en tête entrent dans un concert magnifique d'une musique jamais encore entendue au Ciel.
Vérité étend ses mains. La musique s'arrête.
Elle se tourne vers le Père et dit :
“ Maintenant le temps vient, et il est là où l'abomination a été consommée. ”
Justice renchérit :
“ Maintenant, est venu le temps où ce qui est écrit doit s'accomplir ”
Elle regarde Lucifer et les anges avec lesquels il s'est allié puis se tourne vers le Père qui étend sa main.
Des chérubins entourent le chef de la musique ainsi qu'un tiers des anges du Ciel et les escortent hors de la salle.
La réflexion de ce militaire à ce médecin a donné libre cours à mon imagination sans m'entraîner pour autant dans ce qui n'aurait put être qu'une rêverie dénuée de sens. En fait, je n'ai rien ajouté, dans le fond, à ce que nous enseignent les Ecritures. Je n'ai fait qu'en adapter une forme sans y attacher la moindre valeur de vérité, mais cela, évidemment, vous l'aviez déjà compris.
S'il y a un défi que les chrétiens de tous les siècles et plus particulièrement du nôtre, le XXI: ème doivent relever, c'est bien celui de croire dans les paroles de Jésus, mais au delà de ses paroles, c'est de croire, en réponse à Son invitation d'ailleurs, dans Celui qui l'a envoyé, le Juge Suprême de toutes choses, qui n'ayant pu jurer par plus grand que lui, nous est-il dit dans “ Hébreux 6: 13 ” , jura par lui-même et donc, ce qui revient au même, par ce qu'il a de plus précieux, son propre Fils.
Quand je dis croire, c'est mettre sa foi et toute sa vie dans l'espérance que nous donnent ses promesses.
Car, ainsi le Seigneur enseigne ses disciples :
“ Celui qui vous accueille m'accueille moi-même et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé (Le Père) ” Mattieu 10: 40 . Ultime bonheur par lequel la vie chrétienne devrait s'accomplir.
Mais aussi :
“ Qui vous écoute, m'écoute, et qui vous repousse me repousse ; mais qui me repousse repousse Celui qui m'a envoyé (Le Père) ” Luc 10: 16 . Erreur fatale ? L'avenir le dira.
Revenons à la réflexion, désabusée, de Bruce Willis qui, bien qu'il risque sa vie et celle de ses hommes dans des conditions de violence extrême, ne rencontre de la part de celle qu'ils sont venus sauver que méfiance et mépris. Je me répète, pardonnez-moi, mais c'est tellement important.
En serait-il ainsi pour nous qui, parce que nous n'expérimentons pas (ou si peu) de quel Amour le Père, Un avec le Fils, nous a aimé, méprisons trop souvent des promesses qu'il ne pouvait sceller par plus grand que Lui ?
Incrédulité, méfiance, auto-suffisance qui combinées les unes aux autres attirent de la bouche même de Dieu cette réflexion désabusée : “ En vous donnant mon Fils, mon Unique, je ne peux donner de gage plus grand de ma bonne foi et de la pureté de mes intentions en votre faveur ”.
Je l'avoue, je ne pourrais dire que, quelque part, le Saint-Esprit n'alerte pas mon esprit pour qu'enfin, contrairement à cette femme médecin dans notre film, j'accepte de croire inconditionnellement dans toutes les promesses de Dieu, non parce qu'elle sont séduisantes comme s'Il voulait nous attirer dans un piège, mais parce qu'Il nous a tant aimé qu'Il a donné son Fils, son Unique pour attester de l'authenticité de sa bienveillance, et par là de l'Amour dont Son cœur est rempli pour nous.
(1 Jean 1: 3 ).
Ce film avec Bruce Willis s'appelle : “ Les larmes du soleil ”.