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Samizdat

Au-delà du sexe et de la violence:
Le rachat[1] au cinéma

Première partie[2]



Brian Godawa

"Il ne s'agit que d'un film". "Il ne faut pas prendre ça trop au sérieux." "Je veux juste m'amuser." Ce sont les réponses typiques de ceux qui préfèrent ne pas analyser les films au-delà de leur valeur de divertissement. Bon nombre de cinéphiles veulent uniquement s'évader, s'amuser dans un autre monde pendant deux heures. Lorsqu'on les met au défie de discerner le message d'un film, ils hésitent à prendre une telle approche en prétextant qu'elle est trop analytique ou trop subjective. Et bon nombre de producteurs de films affirment tout haut leur accord avec cet avis.

Il y a un dicton à Hollywood, "Si vous désirez envoyer un message, faites appel aux services de Western Telegram[3]". Ce dicton signifie évidemment que le cinéma a pour seul but le divertissement et non la transmission de propagande, de perspectives religieuses, sociologiques ou politiques personnelles. L'auteur de scénarios renommé William Goldman (auteur de Butch Cassidy et le Kid, Princess Bride et Misery) a affirmé, "L'essence d'un film est son récit. Le récit est donc central, crucial. Tout est dans le récit[4]."

Cowboys- Illustration par Brian Godawa

Peu importe la sagesse conventionnelle et les gourous de l'heure, de telles affirmations ne sont manifestement que des demi-vérités. Bien qu'il soit vrai que le récit est la fondation d'un bon film, un examen du métier scénariste et de la structure du récit révèle que l'attrait du cinéma n'est pas lié simplement à de bonnes histoires, dans un sens que personne ne peut définir, mais réside dans le fait que la thématique du cinéma tourne autour du concept de rachat, de la rédemption. Le rachat est la découverte de quelque chose qui a été perdue, la réalisation d'un désire ou la satisfaction d'un besoin. Et la perception d'un individu de la notion de rachat est le reflet de ses valeurs. Sa perception de la manière que les gens doivent ou ne pas doivent pas vivre et se comporter dans ce monde. Il se peut que le corollaire de la thèse de Goldman compléterait sa pensée avec plus de précision: L'essence d'un film est son concept de rachat. Le concept de rachat véhiculé par un film est donc central, crucial.


Ne pas faire les naïfs...
Nous sommes tous conscients de la vieille question; Est que l'art est le reflet ou est-ce qu'il influence la société? De grands érudits ont pris position des deux côtés de la question. Et ce débat fera probablement rage jusqu'à l'Apocalypse. Dans son livre, Hollywood Versus America, le critique de film et fléau d'Hollywood, Michael Medved a documenté de manière convaincante le fait que les producteurs de films cherchent à influencer, et dans les faits, influencent le public par les valeurs et les personnages qu'ils dépeignent à la télévision et dans les films. Son œuvre, très bien documentée, présente des statistiques, des études, anecdotes et exemples démontrant que bien qu'on ne puisse pas faire du cinéma la source unique tous les comportements destructifs en Amérique, il l'encourage certainement et l'exacerbe. Au sens large, le milieu culturel créé par l'industrie du divertissement renforce souvent certaines valeurs au détriment d'autres, en particulier en réfléchissant les tendances actuelles de la communauté créative.

Mais Medved lance un appel positif, un retour aux valeurs qui ont fait la force de l'Amérique. Il expose l'hypocrisie crasse d'individus dans l'industrie du rêve qui affirment que le cinéma n'influence pas les croyances ou les comportements tout en chargeant des frais de centaines de milliers de dollars pour la mise en valeur de produits et de la publicité dans un film, et recevant des prix et le prestige pour la promotion médiatique de programmes sociaux à la mode. Medved affirme que puisqu'un grand nombre de films ne reflètent pas les valeurs dominantes du public Américain, on doit considérer qu'il s'agit une tentative intentionnelle, par les personnes impliquées, pour influencer l'opinion publique, bien qu'il s'agisse d'une tentative plutôt désastreuse sur le plan financier comme revenus au guichet l'attestent.

Nous admettons donc ici l'idée que le septième art est à la fois le reflet de la société et une influence sur celle-ci. Un film tel que JFK par Oliver Stone (ou, à vrai dire, tout autre film d'Oliver Stone) peut être explicite dans son intention d'influencer les engagements politiques des masses, mais le fait qu'il s'agit de la propagande ne diminue pas la qualité du récit. Par ailleurs, une comédie légère comme Forrest Gump n'est pas neutre sur le plan idéologique ou des valeurs sociales simplement dû au fait qu'il est drôle et divertissant.

Bien qu'il soit vrai que certains films peuvent avoir des objectifs plus pédagogiques que d'autres, il est essentiel que les cinéphiles comprennent ce qu'ils voient et la nature de leur divertissement. Il n'est pas sans un soupçon d'ironie que le mot amuser[5] signifie sans la pensée. (Son sens originel signifiait tromper ou abuser). Malheureusement, c'est trop souvent ce qui arrive quand les lumières s'atténuent et que les rideaux se lèvent. Nous mettons de côté notre incrédulité et, de ce pas, nos facultés critiques.

Ayant acquis quelques connaissances des types de contes, de leur structure et nature, le cinéphile moyen serait moins enclin à aborder les sorties de cinéma comme un simple divertissement et les voir plutôt pour ce qu'il sont: un moyen de communiquer les valeurs du cinéaste et sa conception du rachat. Et il n'est pas nécessaire que cette connaissance exclue le plaisir du divertissement. Il peut approfondir notre appréciation de l'art en plus d'aiguiser notre discernement.

Bien, le voici, l'appréciation de l'art, les confessions d'un scénariste: comment l'art du récit peut vous influencer, vous le spectateur.


Baisers passionnés et coups de feu...
La préoccupation principale des critiques culturelles et des enmerdeurs médiatiques est la question de la moralité, notamment, l'obsession que démontrent beaucoup de films avec le sexe et la violence. Il serait inutile de débiter la liste de toutes les études qui ont établi, de manière définitive, un lien entre la consommation de la culture populaire et les comportements sociaux déviants. On peut aussi penser aux statistiques touchant les milliers d'actes de violence, de sexualité réprouvée et les injures qui saturent les esprits des Américains à chaque année, voir chaque semaine. Tandis que ces faits font certainement partie du problème, ils ont déjà été examinés de manière systématique par Medved et d'autres. Par ailleurs, un aspect de la question qui n'est pas habituellement adressée est le problème de contexte et la philosophie qui est la source de la fascination avec la brutalité et la promiscuité. Et c'est sur ce plan que les pires dégâts ou les effets les plus bénéfiques peuvent êtres faits à la conscience individuelle et collective.

Homme et femme - Illustration par Brian GodawaLes descriptions de la sexualité ou de la violence ne sont pas à proscrire a priori. Le contexte de ces actes et la signification qui leur est donnée déterminera surtout leur nature destructive. Ce n'est pas autant des actes individuels de violence dépeints dans les séries d'horreur pour ados comme Vendredi 13 ou le Les griffes de la nuit[6] qui les rend préjudiciables pour la jeunesse. Le danger est lié au fait que ces actes existent dans un vision du monde nihiliste où ce qui compte c'est la survie du plus fort et où l'on voit le meurtre réhabilité par le biais de détails diaboliques et où on établi un lien existentiel entre le sexe et la mort. La vie humaine est dévaluée tout en utilisant des actes pervers comme divertissement. Par contre, un film comme La liste de Schindler dépeint la brutalité avec force détails, mais son contexte crée une répugnance chez l'assistance devant la brutalité d'êtres humains envers leurs semblables. On voit donc des descriptions très dures de la violence dans les deux cas, mais des contextes différents ainsi que des résultats contraires.

Le point de repère ultime d'un grand nombre des censeurs médiatiques sur la question de la violence et du sexe est la Bible. Et c'est tout à fait normal car sans sa définition d'une moralité universelle transcendant et limitant le choix de l'individu, sur le plan social nous aurions aucun point de référence absolu de la vérité. Il nous ne reste alors rien d'autre qu'un marécage de perspectives relatives qui abouti, en toute logique, à la violence de volontés personnelles en conflit, le fruit éthique de la lutte pour la survie. Sans Dieu et sa loi qui définissent le bien et le mal, il est impossible de d'établir une distinction entre le comportement de Jeffrey Dahmer[7] et le comportement de Mère Theresa. Les sentiments subjectifs et personnels ne peuvent aboutir à des normes morales objectives sans faire appel à une norme au-dessus de tous, une norme absolue. Et c'est la Bible seule qui fournit une norme significative et rationnelle permettant d'établir des jugements moraux qui transcendent l'arbitraire des opinions personnelles.

Mais nous devons prendre garde en faisant appel aux Écritures pour justifier la condamnation morale de certains récits. Car dans ses pages sont décrits des comptes-rendus et descriptions de chaque acte immoral connu de l'homme. Une liste brève des atrocités dépeintes inclut :

et ainsi de suite. On trouve même dans les Écritures la mise en scène dramatique de la sexualité légitime. Un livre au complet de la Bible, le Cantique des cantiques de Salomon, de manière subtile, mais tout de même sans ambiguïté, dépeint la stimulation visuelle érotique, la séduction verbale et la consommation physique de l'acte par un couple marié.

Et pour ceux qui seraient tentés de justifier ces exemples en prétextant qu'il s'agit simplement de récits historiques, il faut noter que l'emploi allégorique de bagarres, de meurtres, de démembrements et la torture sont le point culminant de bon nombre des paraboles de Jésus (Matthieu 22:1-13; 33-43; 18:23-35; 24:45-51; 25:14-30). Le Maître lui-même a fait appel à des noyades de type mafioso et l'écartèlement pour illustrer la gravité des conséquences du péché (Matthieu 18: 6, 18: 8-9), ou encore la destruction de la propriété privée comme une analogie fictive de la désobéissance (Matthieu 7:26).

Et qui peut ignorer le festin du sang et de la brutalité dépeint dans le livre de l'Apocalypse? Dans cette vision, nous sommes conduits, par le biais d'effets spéciaux qui surclassent Industrial Light and Magic[8] et l'imagerie d'horreur qui tourne au ridicule les cauchemars de Stephen King. (King et autres fabricants de contes d'horreur tirent effectivement une bonne part de leur imagination fantastique des images spirituelles judéo-chrétiennes). Jésus lui-même donne à l'apôtre Jean une allégorie épique dont le point fort est un spectacle démoniaque grandiose où des monstres modifiés sur le plan génétique chassent et tourmentent des gens effrayés (9:1-11); des armées de ces bêtes bizarres semant la mort et la destruction parmi les masses (9:13-18); un dragon démoniaque poursuit une femme avec l'intention de dévorer son enfant (12:3-4); on traîne des cadavres en décomposition dans les rues tandis que gens font la fête en célébration (11:7-13); des oiseaux mangeant la chair de cadavres humains (19:17-18); Une courtisane faisant commerce avec des rois et des marchants (17:1-5); et bien sûr, gens morts réanimés et jetés vivants dans un lac de feu pour êtres tourmentés à jamais (20:13-14). Peu importe l'école de pensée à laquelle on adhère en rapport avec l'interprétation du livre de l'Apocalypse, une chose est incontestable, la littérature apocalyptique communique la vérité éternelle par le biais d'images fantastiques et de métaphores.

Maintenant que peut-on penser de cette coupe qui déborde de sexe et violence et qui définit pourtant les normes morales de la civilisation occidentale? Est-ce de l'hypocrisie ou une contradiction fatale ? Est-ce qu'un tel exposé du côté plus sombre de notre humanité pourrait justifier l'exploitation de nos instincts les plus pervers? Non, au contraire ! Ayant admis que l'on puisse décrire la dépravation humaine, nous devons préciser de quelle manière l'on puisse procéder ainsi car tout est lié au contexte. C'est le contexte qui détermine le sens. Les récits d'actes dépravés proposés dans la Bible comportent plusieurs éléments qui les différencient de la célébration lubrique de la méchanceté que l'on trouve dans bon nombre de films de notre époque. Il s'agit de la distinction entre l'exhortation morale d'une part et, de l'autre, l'exploitation immorale.

Premièrement, le récit biblique constitue du journalisme historique de première ordre. Le narrateur ne peut faire cesser le mal que font les hommes, mais il peut employer ce mal contre eux par le biais de comptes-rendus de témoins oculaires et de témoignages écrits. L'écrivain expose ainsi la méchanceté humaine dans le but de transmettre une instruction morale.

Deuxièmement, bien que le mal soit dépeint, on ne le glorifié pas par la présentation de détails intimes. Tandis que le texte n'évite pas de divulguer l'adultère de David avec Bath-Schéba ou le viol de Dina par Sichem, il évite tout de même la description voyeuriste de crevasses corporelles et des parties intimes frémissant dans la douleur ou l'extase sexuelle. Coitus exploitatis. Lorsque David tranche la tête de Goliath, on ne nous sert pas un gros plan, au ralenti, de l'épée transperçant le cou ou de l'artère carotide jaillissant le sang tandis que les yeux sortent de leurs orbites et la chair... bon, vous comprenez... La violence comme pornographie. La nature de la littérature permet le mystère et laisse place à l'imagination qui évite l'exploitation, ce qui est un objectif plus difficile à atteindre lorsqu'il s'agit d'images visuelles. Bien que ce ne soit certainement pas impossible. Rappelez-vous le fade out qui suivait toujours le baiser dans les vieux films? Alfred Hitchcock était célèbre pour ses contes moraux pleins de suspense et pourtant dépourvus de boucherie cinématographique. Ce sont des classiques du cinéma et ils sont toujours intéressants à regarder.

Troisièmement, les actes immoraux sont toujours présentés dans leur contexte comme immoral. Le péché conduit à la destruction et non à la liberté sans contrainte morale. Les tromperies de Jacob conduisent à la paranoïa et se retournent contre lui. Sodome et Gomorrhe aboutissent au jugement par le soufre et le feu. L'adultère de David conduit à la perte d'un fils. On est très loin de la propagande de films comme Philadelphie ou La lettre écarlate qui tentent de légitimer des comportements sexuel destructeurs en prétextant qu'il s'agit "modes de vie alternatives" et en dépeignant leurs déviants comme de pauvres victimes d'une oppression puritaine.

Dernièrement, et c'est le point le plus important, la dépravation décrite dans la Bible ne déshumanise jamais. Le mal lui-même n'est pas célébré comme un moyen de divertissement. Il y a toujours un appel au salut, au changement, l'espoir pour une vie meilleure. On y rencontre pas l'attitude nihiliste affirmant: "C'est la vie bébé! Faut s'y habituer". On n'établi jamais de lien entre violence et catharsis. On n'y avance pas le raisonnement ridicule, qui est parfois employé par certains artistes pour justifier leur obsession morbide avec la brutalité et mal, qui affirme qu'en faisant un rituel virtuel de la violence, on se purge du mal. Le directeur infâme Martin Scorsese a révélé des intentions aussi sombres, "Peut-être nous avons-nous besoin de la catharsis, de l'effusion du sang et de la décapitation tout comme en avait besoin les Romains de l'Antiquité, du moins comme rituel et non de manière réel comme dans les cirques romains[9]."

Par des mises en contexte, la Bible maintient son statut comme étalon suprême de comportement sans compromettre sa franchise touchant la condition humaine.

Femme au mirroir1 - Illustration par Brian Godawa


La nature du récit: Le cinéma comme mythe moderne
Tout comme le contexte de la violence et de la sexualité détermine le statut moral du film, il faut noter que la philosophie derrière le film a plus d'importance que les détails techniques. Et la philosophie ou vision du monde est communiquée par le film à bien des égards de la même manière que les mythes de l'Antiquité transmettaient les valeurs et les croyances d'une société. Dans un sens, les films sont les mythes nouveaux de la culture américaine. Leur structure très narrative matérialise des valeurs et incarne des mythes.

Afin de comprendre ce signifie le mot "mythe", Chris Vogler, un éducateur accompli d'écrivains et disciple de Joseph Campbell, l'érudit célèbre, explique aux écrivains:

L'excellente série télévisée, Le Pouvoir du mythe[11], réalisée par PBS nous livre un indice de la part du vieil homme lui-même sur ce qu'est l'essence d'un récit:

Depuis le début des temps, les hommes ont utilisé les contes et histoires afin transmettre le sens et le but de la vie. Sous divers formes, le mythe, la fable, les paraboles, l'allégorie et dans son évolution de la tradition orale à la codification, l'art du récit, au-delà des millénaires, a été au cœur des civilisations. Il nourrit le rituel, organise les croyances et enseigne les dogmes. Dans son essence, le récit incarne les mythes et les valeurs d'une culture, avec l'intention de perpétuer ces derniers. Le Pentateuque, de Moïse, raconte l'histoire du rachat des Hébreux, L'épopée babylonienne de Gilgamesh décrit le rachat héroïque de son personnage principal, Gilgamesh; l'Odyssée, le poème épique d'Homère, est le récit des voyages de rédemption d'Odyssée.

Des tragédies grecques d'Euripide jusqu'aux comédies grivoises de Shakespeare, les écrivains classiques et anciens ne souffraient d'aucune honte à raconter une bonne histoire avec l'intention de communiquer un point ou illustrer la manière qu'ils croyaient que devons vivre dans ce monde. L'art du conte, dès ses débuts, impliquait l'attente d'être "plus qu'un divertissement." L'on s'attendait à ce qu'les premiers conteurs d'histoires, par le biais de leur art, enseignent comment vivre et se comporter dans le monde. Le rejet de "messages" dans les films comme constituant de la "propagande" est un phénomène récent, résultant d'une vision du monde cartésienne et dualiste, découpant la réalité en régions séculières- sacrées. Cette perspective renie l'existence intégrée de l'homme et implique un divorce gnostique entre l'esprit et le corps, entre le sens et le comportement. Est-ce vraiment possible qu'une histoire concernant des êtres humains en interaction puisse exister dans un vacuum, sans référence aux valeurs ou une vision du monde?

Joseph Campbell lui-même se faisait du souci concernant l'irresponsabilité irréfléchie des narrations modernes au cinéma puisque motivé par l'argent sans la conscience. Il réclamait que nos conteurs d'histoires réintègrent une des fonctions primaires de mythe, c'est-à-dire sa nature pédagogique, comment vivre une vie humaine dans toutes les circonstances[13]. Ce retour à la notion de l'art du conte comme prêtrise élevée est une reconnaissance du privilège et de la responsabilité que les conteurs d'histoires a dans "faisant et cassant des vies" par le biais du pouvoir du 7e art et son message[14].

Mais dans un sens, l'argument touchant l'existence de messages dans les films est un point secondaire. Indépendamment des démenties pitoyables des artisans des usines du rêve, affirmant l'existence du divertissement sans messages, la nature même de la production cinématographique (l'art du conte) et l'assistance à un film lui-même évoquent, à bien des égards, la transmission sacrée des mythes tout comme ce fut le cas pour les gens de l'Antiquité. C'est ce qu'examine l'auteur Geoffrey Hill dans sa dissertation sur le pouvoir mythique du cinéma, Illuminating Shadows:

Peut-être la thèse de Hill, de la transposition des narrations sacrées du passé dans le moyen d'expression séculier du cinéma actuel reflète le fait qu'aucun récit n'existe de manière neutre comme "divertissement brute", sans référence à des valeurs ou à une vision du monde. Notre désir obsessif d'entretenir une existence séculière dichotomique où le cinéma constitue un divertissement simple sans valeurs, constitue une tentative d'ignorer notre nature essentiel, c'est-à-dire des créatures fabricants de mythes, et d'ignorer l'influence que nos récits ont sur l'esprit humain, à la fois sur le plan collectif et individuel.

Dans la deuxième partie de cette série d'articles, nous examinerons en détail la démarche de l'art du conte afin de comprendre comment un film communique des notions de mythe et de rachat à l'assistance.

Femme au mirroir2 - Illustration par Brian Godawa

Brian Godawa est l'auteur du livre intitulé Hollywood Worldviews: Watching Films with Wisdom and Discernment. chez InterVarsity Press (2002). Pour le site web de Brian Godawa, cliquez ici.


Notes


[1] - NdT: on pourrais aussi utiliser le terme salut.

[2] - Avec permission. Titre original: "Beyond Sex &Violence: Redemption in the Movies", paru dans la revue Cornerstone vol 25, no. 110, 1997. traduction: Paul Gosselin.

[3] - NdT: Une grande firme américaine dans le domaine des télécommunications.

[4] - William Goldman, William Goldman: Four Screenplays, 1995 Applause Books, page 2.

[5] - NdT: Ceci vise le terme anglais amusement. La discussion qui suit n'est peut-être pas tout à fait juste pour les termes français évoqués ici.

[6] - NdT: En anglais: A Nightmare on Elm Street et la suite avec les Freddy.

[7] NdT: Un tueur en série et cannibal de Milwaukee aux États-Unnis.

[8] - NdT: Firme d'effets spéciaux appartenant à George Lucas.

[9] - Michael Medved, Hollywood Versus America, 1992, HarperCollins, p 199.

[10] - Christopher Vogler, The Writer's Journey, 1992, Michael Wiese Productions, p. vii.

[11] - NdT: En anglais: The Power of Myth.

[12] - Joseph Campbell, avec Bill Moyers, The Power of Myth, 1988, Doubleday, p. 4.

[13] - Campbell, p. 31.

[14] - Campbell, p. 8

[15] - Geoffrey HIll, Illuminating Shadows: the Mythic Power of Film, 1992, Shambhala Publications, p. 3.