Paul Gosselin (auteur de Fuite de l'Absolu, volume 2)
En Occident, le mâle typique, lorsqu'il fait des recherches en vue de l'achat d'une auto, prend le temps de lire des critiques des modèles qui l'intéressent, discute avec des copains et visite des concessionnaires, mais souvent le moment critique de la décision se fait lors de l'essai routier. Peu importe si les critiques sont les meilleures, si ça ne répond pas aux attentes lorsque ce gars est derrière le volant, alors il y a de bonnes chances que le beau bolide ne trouve pas preneur.
Dans le domaine de la science, il est de même. On peut construire de grandes théories, ériger de grands principes, mais, en sciences, il faut pouvoir les appliquer sur des phénomènes précis, circonscrits. Cette théorie nous permet-elle de déterminer la distance Terre – Lune afin d'y envoyer un vaisseau spatial et qu'il puisse revenir? Permet-elle de comprendre le comportement d'une molécule organique précise, administré d'une manière précise chez un patient avec des symptômes bien particuliers? Permet-elle d'établir la quantité d'information que l'on peut transmettre au moyen d'un laser ayant telles ou telles caractéristiques? Une théorie scientifique véritable permet une rencontre avec le monde réel et permet aussi l'étude de situations très circonscrites.
La théorie de l'évolution, pour sa part, s'intéresse à un phénomène qui n'est pas du tout circonscrit, c'est-à-dire à l'origine de la vie sur Terre et à sa diversification. Darwin l'a bien exprimé dans le titre de son livre bien connu : L'Origine des espèces. Le phénomène est donc grandiose, très peu circonscrit et impossible à cerner en laboratoire en tout cas[1].
Mais on peut tout de même proposer une expérience scientifique assez simple qui permettrait, non pas de prouver la vérité de l'évolution, ce que Karl Popper nous affirme qu'une théorie scientifique ne peut faire de toute manière, mais au moins qu'elle puisse être considéré comme une hypothèse scientifique réfutable[2]. Voici l'expérience :
Au terme de 5 milliards d'années, il reste à vérifier le résultat de notre expérience. Si on constate une diversité de formes de vie égale ou supérieure à celle observée sur Terre on pourra alors affirmer que l'évolution est bien une hypothèse scientifique. Par contre, si l'expérience échoue et qu'aucune forme de vie n'est apparue, alors les évolutionnistes devront accepter d'admettre que leur théorie soit rejetée de manière définitive. On a tout de même appliqué à la lettre la recette évolutionniste pour la vie.
Si on veut malgré tout insister sur le caractère scientifique de l'évolution, il faut alors dépasser les paroles et passer aux actes. L'expérience proposée ci-dessus est simple (pas facile à réaliser), mais simple à comprendre.
Évidemment, on trouvera des évolutionnistes pour rejeter les exigences de cette expérience et qui les considéreront grandioses, ridicules ou exagérées, mais il faut souligner que les exigences de cette expérience sont simplement proportionnelles aux prétentions explicatives de la théorie de l'évolution. Et dans les faits, ces exigences sont plutôt modestes en comparaison des prétentions sans limites des évolutionnistes. Il est chose commune chez les évolutionnistes de faire de leur théorie non seulement une explication de la vie et de sa diversification, mais aussi de l'univers. Le généticien, Theodosius Dobzhansky la décrit de la façon suivante[5] :
L'évolution inclut tous les stades du développement de l'univers, le cosmique, le biologique tout aussi bien que les développements de l'homo sapiens et la culture. Tenter de réduire l'évolution à un concept biologique est tout à fait arbitraire. La vie est le produit de l'évolution de la nature inorganique et l'homme est le produit de l'évolution de la vie.*
L'expérience proposée ici se contente d'examiner les prétentions faites qu'à l'égard de la vie et de son origine. L'origine de l'univers pourra être l'objet d'une autre expérience... Et si les évolutionnistes n'admettent pas qu'une telle expérience puisse réfuter leur théorie, cela constitue une démonstration claire que l'évolution n'a aucun rapport avec le monde empirique de la science véritable[6].
Alors les évolutionnistes vont-ils tenter cet essai routier? Vont-ils oser? Est-ce que le bolide évolutionniste tient la route ou faut-il plutôt l'envoyer à la ferraille?
[1] - Bien que ce soit contraire à la propagande évolutionniste, leur théorie ne contribue même pas au progrès de la science. Dans une note parue dans la revue de recherche prestigieuse BioEssays le généticien britannique, Adam S. Wilkins, démolit le lien essentiel entre évolution et science. De manière subliminale, il souligne son importance idéologique (2000: 1051):
Le sujet de l'évolution occupe une place particulière et paradoxale dans l'ensemble de la biologie. Tandis qu'il est probable que la grande majorité des biologistes admettraient l'affirmation de Dobzhansky qu'en biologie rien ne peut se comprendre sans la lumière de la théorie de l'évolution, la majorité fait son travail sans se référer particulièrement aux concepts évolutionnistes. La notion d'évolution serait donc, à la fois, un concept unificateur indispensable et un concept tout à fait superflu.
WILKINS, Adam S. (2000) Intro (issue on Evolutionary Processes) pp. 1051-1052 BioEssays vol. 22 no.12 December
[2] - Pour sa part, Popper rejeta l'idée que la science apporte la Vérité ou peut l'atteindre. De l'avis de Popper, elle ne peut vérifier ses hypothèses ou les prouver, mais seulement les réfuter. Il nota (1973/1998: 41) :
Or, je prétends que les théories scientifiques ne peuvent jamais être tout à fait justifiées ou vérifiées, mais qu'elles peuvent néanmoins être soumises à des tests. Je dirai donc que l'objectivité des énoncés scientifiques réside dans le fait qu'ils peuvent être inter-subjectivement soumis à des tests.
POPPER, Karl R. (1973/1998) La connaissance objective. (traduction intégrale de l'anglais et préfacé par Jean-Jacque Rosat, coll. Champs 405) Flammarion Paris 578 p.
[3] - Une étoile comparable au Soleil fera l'affaire, mais une source d'énergie volcanique, radioactive ou chimique fera également l'affaire.
[4] - Car après tout la théorie de l'évolution prétend expliquer non seulement la diversification de la vie, mais aussi son origine.
[5] - Dobzhansky, Theodosius (1967) Changing Man. Science vol.155 no. 3761 p.40
[6] - Il est vrai que les évolutionnistes peuvent discuter de choses observables comme le Red-Shift ou encore les variations de la taille du bec chez le pinson des Galapagos ou de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries, mais l'illusion est de laisser entendre que ces choses sont identiques au Big-Bang ou à l'évolution. Si un vendeur d'auto vous propose une Ferrari rouge pour 5,000$, mais qu'à la livraison cela s'avère uniquement un bidon de peinture rouge (certifiée Ferrari), seriez-vous satisfait de la transaction? Considériez-vous qu'on a livré la marchandise?