Paul Gosselin (2000)
Tous les scientifiques reconnaissent que la Lune s'éloigne de la terre de 3 à 5,8 cm par année et que la Terre ralenti graduellement . Les marées terrestres devancent légèrement la Lune dans son orbite et produisent un torque qui accélère la Lune (voir diagramme). L'énergie perdue par la Terre est gagneé par la Lune et celle-ci s'éloigne. Le phénomène est d'ailleurs connu depuis un bon moment. Au 18e siècle on s'y est intéressé et à la fin du 19e s. George H. Darwin (le fils de Charles) en a fait une étude classique.
Voici une illustration pour comprendre les forces en cause.
1 - L'attraction gravitationnelle de la lune soulève des marées sur la Terre. Ces marées affectent deux composants terrestres: les océans et la croûte terrestre. Puisque la Terre est plutôt rigide on peut supposer que les marées touchant la croûte terrestre soient petites, mais non négligeables semble-t-il lorsqu'on doit calculer la stabilité orbitale de satellites. 2 - La direction de l'orbite terrestre est la même que celle de l'orbite lunaire autour de la Terre. 3 - La Terre tourne quelque peu plus rapidement sur lui-même que tourne la lune autour de la Terre. 4 - Ce qui a comme effet que le renflement des marées sur Terre (soulevés par la Lune) sont entraînés "devant" la Lune (ou devant la ligne que l'on pourrait tracer entre les deux centres). 5 - Le renflement des marées sur Terre, précédant la Lune exerce une petite torque sur la Lune et l'accélère légèrement. 6 - Ce torque, étant exercé sur la Lune de manière continuelle a comme effet d'accélérer la Lune. Étant accéléré, la Lune tend à s'éloigner de la Terre. 7 - Il y a un effet de rétroaction: plus la Lune se trouve près de la Terre, plus grandes seront les marées, et plus grandes seront les marées, plus grand sera le torque des marées sur la Lune et plus grande sera la vitesse d'éloignement de la Lune.
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Mais de manière générale, quel est l'intérêt de la question de l'éloignement lunaire ? Les mêmes équations qui permettent de déterminer où sera situé la Lune dans 10 000 ans permettent aussi de remonter le temps et posent une limite pour l'âge du système Terre - Lune. Plus on remonte dans le temps, plus la Lune s'approche de la Terre. D'autre part plus on remonte dans le temps plus la Terre devait tourner rapidement et, par conséquence, les journées étaient plus courtes. En se basant sur les données d'observation on arrive à un âge maximal pour de système Terre - Lune de 1 à 2 milliards d'années car c'est à cette époque que la Lune atteint, dans son orbite, un seuil important, la limite Roche. La Lune et la Terre se rencontrent Elles ne se touchent pas physiquement bien sur, car la satellite se disloquerait bien avant de toucher la surface de la Terre. La limite Roche est donc un seuil au-delà duquel une satellite ne peut approcher sa planète hôte sans se désintégrer.
Mais la Terre est censée avoir existée depuis plus de 4,6 milliards d'années ! Que faut-il en penser ? À moins de supposer qu'un ange ait placé la Lune dans un orbite parfaitement circulaire il y a 2 milliards d'années, il faut supposer que l'approche de la limite Roche constitue aussi une limite pour l'âge de la Terre. Ce simple constat comporte des conséquences fort intéressantes, ou fort pénibles, tout dépend du point de vue. Dans les discussions sur les origines le temps est un facteur crucial. Si on élimine les milliards d'années postulés généralement, TOUT l'édifice conceptuel échafaudé par la théorie de l'évolution s'écroule. L'évolution est logiquement inconcevable sans de très longues périodes de temps où les mécanismes de la sélection naturelle peuvent opérer.
Lorsqu'on examine attentivement la littérature scientifique on observe un phénomène étrange. Là où les données d'observation coïncident avec la théories acceptée on les claironne dans le médias afin que tous puissent les connaître, mais là où les données scientifiques contredisent cette théorie, dès que possible, on les balaie sous le tapis et on se comporte comme s'ils n'existent pas. Lorsqu'on comprends bien les enjeux de la question on peut alors comprendre la motivation de certains d'exclure à tout prix certains données d'observation. Le lecteur croira sans doute que j'exagère et que je fabule mais que penser de l'objectivité de citations comme celles-ci?
"Where was the moon in the early days of the solar system ? Experts will only agree that it was not orbiting at its present distance of 380,000 km; it was much closer to the Earth in the past. Today the moon is moving outward at about 4 cm per year. (...) Tidal currents dragging across the bottom of shallow seas are dissipating tidal energy and lengthening the day so fast that, if the present rate were extrapolated into the past, the moon and Earth would have been so close 1.5 to 2 billion years ago as to melt surface rocks. That did not happen. To avoid the nonexistant Earth-Moon encounter, celestial mechanicians have been looking for a way to calculate a smaller past rate of tidal dissipation." (Kerr, R.A. 1983: 1166 )
Ou celle-ci?:
"The pace of tidal evolution for the past ~450 Myr implies an Earth-Moon collision some 1,500-2,000 Myr BP (see ref. 1), an event for which there is no corroborating evidence." (Walker, J.C.G. + Zahnle,K.J. 1986: 600)
Évidemment, on peut songer à toute les options et à toutes les explications sauf celles qui exigeraient de remettre en question le cadre théorique orthodoxe concernant l'âge de la Terre. De telles remises en question sont trop douloureuses et, de plus, les budgets de recherche pourraient en subir des contrecoups Pour ceux qui pourraient douter de telles propos il suffit de penser au fureur que provoqua dans les milieux de l'astrophysique les écrits d'Immanuel Velikovsky. Au-delà des discussion sur la valeur de ces données, interdictions, critiques, censures, marginalisation et boycott des éditeurs furent le lot de l'auteur. On l'a banni. Tous les moyens sont bons pour assurer l'orthodoxie des élites. Les marges de manoeuvre du scientifique moderne sont bien plus étroites qu'on pourrait le penser. Feu Sir Fred Hoyle, astronome anglais de renommé mondiale, faisait allusion à ce processus de filtration/censure des idées dans le contexte des publications scientifiques (in Horgan 1995: 47)
"Science today is locked into paradigms, ( ) Every avenue is blocked by beliefs that are wrong, and if you try to get anything published by a journal today, you will run up against a paradigm, and the editors will turn it down."
Évidemment on peut contrer la remise en question de l'évolutionnisme faite ci-dessus en faisant valoir l'argument suivant: "Si la Lune ne peut avoir plus de 1 à 2 milliards d'années l'évolution de la vie sur Terre n'est pas nécessairement affecté pour autant car l'explosion du Cambrien a eut lieu il y a seulement 600 millions d'années, c'est-à-dire APRÈS le rencontre Lune - Terre. La vie sur Terre aurait pu donc évoluer en toute quiétude. Pas de problème."
Il est vrai que l'explosion des espèces marines est bien postulé après la période où la Lune se trouve près de la limite Roche, mais il est essentiel de noter que l'explosion du Cambrien n'est pas le début de la vie sur Terre. À la période cambrienne on postule déjà l'existence d'organismes bien développés, c'est-à-dire les invertébrés et une multitude d'autres formes de vie complexes. Il faut aussi noter que l'évolution est un processus très lent et qu'on suppose que la vie sur Terre a commencé bien avant 600 millions d'années. En fait, on postule que les premières cellules viables et mais aussi les premiers organismes multicellulaires sont apparues au Précambrien. Dans un texte évolutionniste assez standard Roy Gallant indique où, dans le temps, est situé le point de départ de la vie.
"Some 3.5 billion years ago, most scientists believe, bacteria and tiny plant-like organisms began to grow in the seas." (Gallant 1980: 104)
Dans un article paru dans la revue Nature, Watanabe, Martini et Ohmoto (2000) sont d'avis que les organismes vivants ont commencé à coloniser les continents il y a 2.6 milliards d'années et que la mer fut remplit de microorganismes il y a 3,8 milliards d'années. Un autre article par Henry Gee dans la revue Nature appuye cette date. Une découverte faite par des chercheurs américains basé sur une échantillon de roche provenant de l'Australie semble affirmer l'idée que la vie serait même apparu bien auparavant. Les analyses de cette roche semble indiquer que la vie serait apparu dans la première milliard d'années de l'existence de la Terre. On ne peut donc prévoir si cette découverte sera acceptée ou rejetée par la communauté scientifique mais si elle se voyait acceptée cela ne ferait qu'augmenter la taille du problème ici.
Maintenant la question de base ici est assez simple. Si , d'un côté, la vie sur Terre est apparue il y a 3,5 ou même 3,8 milliards d'années et, de l'autre, les données lunaires indiquent qu'un événement Gerstenkorn a dû se produire il y a 1 à 2 milliards d'années il faut constater qu'il y a un "léger" problème. Un "léger" problème car tout nous indique qu'un tel événement n'interagirait pas de manière "bienfaisante" avec la vie existant sur Terre. Peu importe l'évolution qu'on a pu postuler avant 1 ou 2 milliards d'années ce scénario implique une table rase de la vie au moment de l'événement Gerstenkorn. Retour à la case départ. Tout le travail de l'évolution et de la sélection naturelle réalisé auparavant serait réduit à zéro. L'auteur scientifique Kurt Lambeck fait les remarques suivantes au sujet des implications d'un événement Gerstenkorn.
"During a close-approach stage of the evolution of the lunar orbit, tides raised on both the Earth and the Moon will have been very much larger than they are today and the rate of tidal energy dissipation would be substantial. In Gerstenkorn's model, close approach occured close to, or within, the Roche limit, and the geological consequences are severe indeed. Even if the Moon survives this event without disintegrating, the energy dissipated in the two bodies would have been enough to lead to the wholesale melting of the [Earth's] mantle and of the Moon. Thus the Gerstenkorn event should be firmly imprinted on the geological record of both the Moon and the Earth." (Lambeck 1980: 391)
On peut deviner que plusieurs millions d'années seraient nécessaires uniquement afin que la Terre puisse se refroidir à nouveau après un tel événement. De plus la terre serait vraisemblablement entouré d'anneaux comme Saturne, le résultat de débris produits par cet événement. Au bout du compte, même si on admet une âge de 4,6 milliards d'années pour la Terre, cela ne règle en rien la question du temps disponible pour les processus évolutifs, car si on tient compte des données empiriques de l'éloignement lunaire (même en écartant la question du refroidissement de la Terre après un événement Gerstenkorn) il est difficile de ne pas admettre le constat que les 1 à 2 milliards d'années qui restent sont insuffisants pour l'évolution de la vie. Évidemment un tel constat est inadmissible pour les grandes institutions scientifiques, car elle exigerais des remises en question fondamentales, impensables sur la question des origines. Cet effet de marées est connu ailleurs dans le système solaire. Io, une des lunes de Jupiter est affecté par le champ gravitationnel de Jupiter et cela provoque de la friction au point où il y a des éruptions violentes de magma sur Io qui se projettent à des kilomêtres dans l'espace (pour des photos de la NASA à ce sujet cliquez ici ou ici).
Évidemment dans les milieux en astrophysique, le rencontre Terre - Lune il y a environ 1.2 milliards d'années est chose connue. Mais puisque ce rencontre ne peut être concevable dans le contexte évolutionniste, il n'a pas eu lieu...
"The geology of the Moon has been stable for much longer than this and is incompatible with a close approach to the Earth as recently as 1.6 X 109 years ago. The assumption about (k2o) must be re-examined. Tidal friction must have been less in the past than present conditions suggest."
(p. 125 Stacey 1992)
Bien sûr, "it must", sinon... les remises en question seraient trop pénibles. Que faire alors ? Chez les évolutionistes la solution est déjà trouvée. On écrit alors un fable (en langage scientifique, on dit que "on établit de nouveaux postulats") voulant que par le passé les plaques continentales de la Terre auraient été configurés de manière précise à éviter tout effet de marées. Pas d'océans vers l'équateur, uniquement aux pôles. Rien de plus simple tout comme l'apparition de la fée magique qui permet à Cendrillon d'aller au bal au moment critique. Pas de fèe, pas de bal... Cette situation est tout à fait rigolotte, car en géologie évolutionniste, la règle que l'on doit respecter habituellement c'est que le présent est la règle pour interpréter le passé (principe de l'uniformitarianisme), mais lorsque cela donne un résultat en contradiction avec leurs attentes (comme c'est le cas ici), on peut alors l'ignorer sans embarras... Votre discrétion est donc demandé à ce sujet... Mais voyons d'autres affirmations fort amusants d'astrophysiciens orthodoxes:
"Where was the moon in the early days of the solar system ? Experts will only agree that it was not orbiting at its present distance of 380,000 km; it was much closer to the Earth in the past. Today the moon is moving outward at about 4 cm per year. (...) Tidal currents dragging across the bottom of shallow seas are dissipating tidal energy and lengthening the day so fast that, if the present rate were extrapolated into the past, the moon and Earth would have been so close 1.5 to 2 billion years ago as to melt surface rocks. That did not happen. To avoid the nonexistant Earth-moon encounter, celestial mechanicians have been looking for a way to calculate a smaller past rate of tidal dissipation."
( p. 1166 Kerr, R.A. "Where was the Moon Eons Ago?" in Science Vol. 221, 1983 (Q 1 S416)
Non, non, non, les données empiriques sur l'éloignement lunaire n'existent pas! Il faut touver un truc pour les ignorer... Mais voici une autre voix qui se joint à la chorale:
"The pace of tidal evolution for the past ~450 Myr implies an Earth-Moon collision some 1,500-2,000 Myr BP (see ref. 1), an event for which there is no corroborating evidence."
(p. 600 in Walker, J.C.G. + Zahnle, K.J. Lunar Nodal Tide and Distance to the Moon During the Precambrian in Nature Vol. 320, p. 600-602 1986 (Q1 N285)
Même si les données empiriques disent une chose il faut croire une autre... Mais enfin, place au cynisme... L'astronome américain Danny Faulkner fait les remarques suivants à ce sujet:
"Evolutionists have countered that due to changes in the earths surface due to plate tectonics, the distribution of ocean floor and continental shelves has varied with time. Much of the tidal braking that causes lunar recession occurs in relatively shallow water near coastlines, so it is conceivable that the rate of lunar recession has an additional time dependence [52, pp. 146-148]. This explanation requires that we live in a time of unusually large lunar recession rate. However, several studies of varve and fossil coral growth have suggested that the current rate of tidal evolution has been nearly constant for several hundred Myr. These studies have generally been dismissed, but a recent new study of varves spanning the past 900 Myr [48] present strong evidence that the average rate of lunar recession over that interval closely matches the current rate. Note that this agrees with DeYoungs contention, that the 1/r6 produces a nearly constant rate for the past 900 Myr. One could argue that the unusually high rate has coincidentally prevailed for nearly 1 Gyr, but with the shuffling of plates that should have occurred in that time, this seems extremely unlikely."
Il est fort facile de faire de la science lorsqu'on peut ignorer des données et jouer à volonté avec les postulats de départ. L'éloignement lunaire restera donc un sujet sans "sex appeal", un sujet oublié. Pour les X-Files de la NASA
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Estimées du temps pour atteindre la position actuelle de la lune (en années) | |
2 x 10^9 65 10^8 2 x 10^9 1-2x10^9 |
Boss/Hartmann 1986: G. Darwin 1880 Encyclop. Brit. p. 547 J. M. Wahr in Anderson & Cazenave (1986: 309) |
Accéleration de la lune en longitude | |
n= -25.27 ± 0.61 arcsec/(100 ans)^2 n= -23.8 ± 1.5 arcsec/(100 ans)^2 |
Mueller 1989 p. 33 Dickey/Calame 1982 p. 209 |
Article Wiki sur la Limite Roche
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