Vie chretienne Cosmos Arts Engin de recherches Plan du site

Samizdat

Le côté creux des affirmations grandioses...


M101


Paul Gosselin

À des intervalles réguliers, les médias claironnent que de grands scientifiques ont fait une expérience qui fracassera nos conceptions de la vie. On a fait des affirmations grandioses récemment au sujet d'expériences sensés reproduire les conditions du Big Bang inaugurant le LHC (Large Hadron Collider), le plus grand accélérateur de particules au monde situé à la frontière entre la Suisse et la France (CERN ou Centre d'Etudes & de Recherches Nucléaires). Notez que sur le plan du marketing, des affirmations aussi grandioses se comprennent aisément. Imaginez que les scientifiques du Large Hadron Collider annoncent aux médias qu'ils vont faire une expérience où la particule X1 percutera la particule X2 avec une énergie Y. Pensez-vous que ce genre d'annonce attire l'attention des grands médias? Enfin, ça pourrait intéresser une poignée de spécialistes dans le monde, mais pour le grand public, oubliez ça... Alors il y a lieu de penser que les affirmations que le Large Hadron Collider va recréer le Big Bang relèvent bien plus du marketing que de la science véritable. Voici des exemples typiques de ce genre de propagande tiré de la presse canadienne et européenne:

Retour au Big Bang (Radio Canada)

À la recherche du Big Bang (Europe 1)

ou encore des expériences qui "démontrent" la reproduction de la vie en laboratoire, ce qui constitue une "preuve" additionnelle, à leurs yeux, de la théorie de l'évolution.

Créer la vie en laboratoire serait possible d'ici 10 ans. (Cyberpresse)

Biologists on the Verge of Creating New Form of Life. (Wired)

Mais ces communiqués font inévitablement silence sur une question critique qui viderait complètement leurs affirmations de toute crédibilité.

Dans les deux cas, les chercheurs utilisent des composants existants. En langage simple: ils trichent...

La théorie du Big Bang (BB), par exemple, postule que l'univers vient du néant, en fait d'une singularité dont on ne connaît pas l'origine. Dans le cas du "mini big bang" que feront les chercheurs au LHC, il faut noter que ces chercheurs utilisent des particules subatomiques EXISTANTS dans leur accélérateur de particules et qu'ils ignorent même les premières étapes cruciales de la production de ces particules. Puisque le Big Bang est censé partir de rien, en langage théologique on dirait Ex nihilo, en aucun cas peut-on affirmer que les expériences au LHC simulent le BB. Cela choquera plusieurs, mais dans les faits, le BB est un concept métaphysique et rien d'autre.

Je m'explique. La science s'intéresse aux phénomènes observables. Disons que je bouscule une tasse de mon bureau, qu'il tombe et se brise au sol. La chute de la tasse est d'abord et avant tout un phénomène OBSERVABLE. Tous peuvent faire l'expérience chez eux, pas besoin de se fier au discours d'un savant ou d'une autorité. On peut même répéter l'expérience devant un grand nombre de témoins. On peut facilement s'entendre sur ce qu'on a vu et la vitesse de ma tasse au moment de toucher le plancher. Mais le BB n'est pas de cet ordre. Il est donc impossible de faire un lien entre ce concept métaphysique et les données empiriques que pourront observer les physiciens au LHC. Seul un acte de foi permet de faire un tel lien, car aucune expérience ne peut le "prouver". Le littéraire britannique CS Lewis nous rappelle que la science a des limites et ne peut se prononcer sur des événements uniques (1970/2002: 134):

Ce qui n’est pas susceptible de se reproduire n'est pas le sujet de la science. C'est pour cette raison que l'histoire ne fait pas partie des sciences. Vous ne pouvez pas découvrir ce que fit Napoléon à la bataille d'Austerlitz en lui demandant de venir combattre à nouveau dans un laboratoire avec les mêmes combattants, sur le même terrain, les mêmes conditions météorologiques et à la même époque. Il faut consulter les documents. Nous n'avons pas, en effet, prouvé que la science exclut les miracles: nous n'avons prouvé que la question des miracles, comme d'innombrables autres questions, ne peut être analysée grâce à des expériences en laboratoire.* (God in the Dock)

La science joue son rôle lorsqu'elle établi des lois sur des phénomènes observables dans le monde présent (ex. la chute d'une tasse, la combustion dans un moteur ou une infection causée par une bactérie), mais lorsque l'observation n'est pas possible, elle doit se taire. Et c'est le cas de l'origine de la vie et de l'univers. Mais pour les disciples des Lumières, la Science doit avoir réponse à tout. On cherche donc à lui faire jouer un rôle religieux qu'elle n'est pas censé avoir...

Évidemment on trouvera des scientifiques pour affirmer que l'on peut observer le BB, et ce, par le moyen du décalage vers le rouge (autre terme utilisé, le "rayonnement fossile" ou en anglais "cosmic background radiation"). Cela mérite que l'on fasse la part des choses. Le décalage vers le rouge est effectivement un phénomène tout à fait empirique, mais ces mêmes personnes négligeront de souligner que le Big Bang, en tant que processus, est non seulement un processus unique qui n'est pas sujet à répétition, mais n'a été observé par aucun observateur humain. Il ne fait donc pas partie de la science. D'autre part, il faut noter que la singularité de l'Oeuf cosmique à l'origine du BB comporte des phénomènes contraires aux lois de la physique, telles que nous les connaissons. En langage théologique cela constitue un miracle! Voyons avec quelle ironie mordante le philosophe britannique David Hume, aurait accueilli cette propension à croire à des phénomènes non observables et contraires aux (1748: sect. X, 2e partie):

Avec quelle avidité sont reçus les récits sur les miracles des voyageurs, leurs descriptions de monstres marins et terrestres, leurs relations d'aventures merveilleuses, d'hommes étranges et de mœurs sauvages! Mais si l'esprit religieux se joint à l'amour du merveilleux, c'en est fini du sens commun, et le témoignage humain, dans ce cas, perd toute prétention d'autorité. Un homme pris de religion peut être un enthousiaste et peut s'imaginer qu'il voit ce qui n'a pas de réalité, il peut savoir que son récit est faux, et néanmoins persévérer, avec les meilleures intentions du monde, afin de promouvoir une cause aussi sainte. Et même quand cette hallucination n'a pas lieu, la vanité, excitée par une aussi forte tentation, opère sur lui plus puissamment que sur le reste de l'humanité dans d'autres circonstances, et l'intérêt personnel agit avec une force égale. Ceux qui l'écoutent peuvent ne pas avoir, et le plus couramment n'ont pas assez de jugement pour éplucher son témoignage. Ce qu'ils ont de jugement, ils y renoncent par principe dans ces sujets sublimes et mystérieux; ou, même s'ils avaient la volonté de l'employer, la passion et une imagination échauffée troublent la régularité de ses opérations. Leur crédulité accroît son audace, et son audace domine leur crédulité.

Tout ce que l'on peut affirmer honnêtement au sujet du décalage vers le rouge est qu'il s'agit bien d'un phénomène empirique, un phénomène qui peut être interprété dans le cadre du BB, mais, en science, on est toujours libre de choisir la meilleure théorie pour expliquer les faits. Rien n'exige que ce soit le BB. Un de mes contacts, qui est astrophysicien, a fait le commentaire cynique suivant:

Le modèle du Big Bang est si mou que tout problème nouveau peut se voir expliqué par l'évocation d'une nouveau type de matière ou d'un nouvel effet quelconque. Cela rappel d'ailleurs le modèle de Ptolémée - on peut toujours ajouter, à l'infini, de nouveaux épicycles au modèle afin d'expliquer de nouvelles données et découvertes. Avec une telle approche, le modèle ne sera jamais rejeté par des données qui le contredisent.

Et la vie artificielle?
Pour ce qui est de la "création" de la vie artificielle, certains chercheurs affirment qu'il n’y a que trois obstacles à la création de la vie artificielle:

  1. Parvenir à créer une membrane qui protège la cellule artificielle de l’extérieur tout en lui permettant de se diviser et de laisser entrer les molécules dont elle a besoin.
  2. La forme de vie artificielle devra disposer d’un système de programmation analogue à la programmation génétique qui permet la transmission de la structure, tout en autorisant les mutations afin de rendre l’adaptation au milieu possible.
  3. Cet organisme devra posséder un métabolisme permettant de transformer des molécules brutes en énergie.

Mais il faut noter que dans le cas des formes de vie "artificielles", les chercheurs fournissent le code nécessaire pour la reproduction et ils esquivent le problème de l'origine de l'information génétique comme telle. Ils ne font que s'amuser avec les blocs LEGO qu'offrent les organismes vivants existants. Entre autres, ils ne créent pas un nouveau code génétique, mais exploitent celui qui existe déjà. Et des organismes vivants, ils piquent les systèmes d'encodage et décodage aussi. En somme, ces expériences correspondent à l'homme qui s'achète une voiture de couleur bleue, qui lui donne une couche de peinture rouge et se vante ensuite qu'il a inventé une "nouvelle" voiture! Bon, enfin... Je soupçonne fortement d'ailleurs que la majorité des composants exploités pour produire ces organismes artificiels sont produits par des organismes vivants (non-artificiels). S'ils affirment "créer la vie à partir de zéro" c'est un MENSONGE!

Pour ce qui est des expériences de l'accélérateur de particules Large Hadron Collider, il est tout à fait plausible que ces expériences permettront la découverte de nouvelles particules subatomiques (et tant mieux, sinon pensez à tout ces euros dépensés pour rien)... Mais rien ne permettra d'établir un lien crédible entre une telle découverte et les questions cosmologiques. C'est de la propagande, rien de plus.

Mais nos élites médiatiques ne soucient guère de tels détails. Si les affirmations des scientifiques confirment leur cosmologie, c'est rentable...

Toutes ces questions ne sont pas sans rappeler une vieille blague qui circule sur Internet depuis un bon moment:

« Un groupe de scientifiques désignèrent un délégué afin de rencontrer Dieu pour lui signaler que la science a progressé suffisamment et qu'il est devenu désuet.
Le délégué fut reçu dans le bureau de Dieu et lui annonça:
"Dieu, nous n'avons plus besoin de toi. Nous sommes arrivés au point où nous sommes capables de cloner des êtres humains et faire des choses miraculeuses. Nous pouvons alors nous dispenser de toi."
Dieu écouta patiemment ce discours et répondit:
"Bon, pour résoudre ce conflit que dirais-tu d'une petite compétition? L'objectif; créer un être humain. Si vous gagnez, je me retire. " À ce défi le scientifique répondit "Certainement! "
Mais Dieu ajouta une condition: "Nous allons procéder de la même manière que lorsque j'ai créé Adam."
Le scientifique répondit, "Ouais, pourquoi pas" et se pencha au sol pour ramasser une poignée de poussière.
Dieu le regarda et s’exclama: "Non, non, ça ne va pas! Va chercher ta propre poussière…" »

Références

HUME, David (1748) Enquête sur l’entendement humain. [Traduction française de Philippe Folliot, Août 2002]