ou Par-delà bien et mal, un compte rendu
Paul Gosselin (1/1/2024)
Ayant déjà lu quelques ouvrages de Nietzsche auparavant, récemment je me suis tapé Par-delà bien et mal, publié initialement en 1886. Voici quelques impressions suite à cette lecture.
Friedrich Nietzsche est avant tout connu comme le philosophe qui déclara “ Dieu est mort ! ”[1]. À vrai dire on pourrait prétendre que Nietzsche a raté sa profession, car ayant cet amour du langage ambigu, il aurait pu être un vendeur de premier rang. Je m'explique... Dans ses livres, Nietzsche a la mauvaise habitude de remplir ses pages d'allusions et d'insinuations plutôt que des affirmations spécifiques et claires[2]. Nietzsche s'amuse donc à provoquer et narguer ses lecteurs... S'il est rare que Nietzsche joue cartes sur table, exposant clairement ses propres dogmes ou présupposés, il reste que Nietzsche nous est surtout utile par sa perception intuitive de la finalité logique de la pensée dérivée des Lumières. Nietzsche, il me semble, est un passeur ou, si on veut un précurseur, entre le système de croyances moderne[3], vers le postmoderne. Comme on pourra le voir, Nietzsche n'avait que du mépris pour les dévots des Lumières vivant dans l'incohérence et refusant d'aller jusqu'au bout de leur système de croyances. Plus que bien d'autres de sa génération, il a su accepter et exprimer les conséquences d'un monde où domine le mythe d'origines matérialiste[4].
Touchant les questions morales, la majorité des penseurs des Lumières se sont fait un point d'honneur de défendre “ la moralité ”, c'est-à-dire les vestiges de moralité judéo-chrétienne subsistant encore dans l'Europe des 18e et 19e siècles. Très tôt dans le débat sur les Lumières, les critiques ont affirmé que la pensée des Lumières allait entraîner l'immoralité. En réaction, les penseurs des Lumières se sont donc fait “ grands moralisateurs ”. Ceci peut expliquer le fait qu'au 19e siècle on a trouvé bon de retarder la publication de plusieurs œuvres du marquis de Sade. Œuvres qui auraient posé un problème de marketing pour les Lumières... Ainsi lorsque les abolitionnistes du 18e siècle comme l'Anglais William Wilberforce ont fait avancer la cause de l'abolition de l'esclavage en affirmant que les esclaves aussi étaient des hommes, puisque faits à l'image de Dieu[5], étant donné le prestige acquis par ce mouvement, bon nombre de dévots des Lumières ont fini par se joindre à cette cause (pour éviter des pertes d'influence politique ?). Avec raison Nietzsche a exprimé son mépris d'un tel parasitisme éthique de la part des dévots des Lumières. Discutant des matérialistes incohérents de sa génération dans Crépuscule des idoles, Nietzsche a exprimé des commentaires décapants qui donnent à réfléchir sur l'exercice difficile de la cohérence dans un cadre conceptuel matérialiste (1899/1970: 78-79):
Ils se sont débarrassés du Dieu chrétien et ils croient maintenant, avec plus de raison encore devoir retenir la morale chrétienne. C'est là une déduction anglaise, nous ne voulons pas en blâmer les femelles morales à la Eliot. En Angleterre, pour la moindre petite émancipation de la théologie, il faut se remettre en honneur, jusqu'à inspirer l'épouvante, comme fanatique de la morale. C'est là-bas une façon de faire pénitence. Pour nous autres, il en est autrement. Si l'on renonce à la foi chrétienne, on s'enlève du même coup le droit à la morale chrétienne. (...) Si les Anglais croient en effet savoir par eux-mêmes, “ intuitivement ” ce qui est bien et mal, s'ils se figurent, par conséquent, ne pas avoir besoin du christianisme comme garantie de la morale, cela n'est en soi-même que la conséquence de la souveraineté de l'évolution chrétienne et une expression de la force et de la profondeur de cette souveraineté: en sorte que l'origine de la morale anglaise a été oubliée, en sorte que l'extrême dépendance de son droit à exister n'est plus ressentie. Pour l'Anglais, la Morale n'est pas encore un problème.
Si on paraphrase Nietzsche ici, alors “ Si le Dieu judéo-chrétien est mort, alors toute la moralité érigée sur cette fondation s'évanouit comme un mirage également ”. Nietzsche rejette donc le présupposé (généralement implicite) que l'on puisse tirer l'éthique (ou des lois morales) du néant, comme le magicien tire un lapin de son chapeau. Selon Nietzsche, l'homme n'est pas naturellement moral. Pour s'en convaincre, il suffit d'un coup d'œil distrait dans les livres d'histoire pour se rendre compte que l'Histoire expose abondamment la brutalité et l'immoralité (naturelle) de la race humaine. Ainsi l'Histoire expose le fait que l'homme est naturellement brutal et immoral[6]... Voici un passage de Par-delà bien et mal où Nietzsche nous force à examiner les répercussions de sa moralité post-chrétienne (1886/2000 : 72)
Mais à supposer que quelqu'un tienne les affects de haine, d'envie, de cupidité, de tyrannie pour des affects conditionnant la vie, pour quelque chose qui doit fondamentalement et de manière absolument essentielle être présent dans l'économie d'ensemble de la vie, qui par conséquent doit encore être intensifié si jamais l'on doit encore intensifier la vie, —il souffrira de cette orientation prise par son jugement comme d'un mal de mer. Et pourtant, cette hypothèse est loin d'être la plus pénible et la plus singulière dans ce formidable royaume, encore presque neuf, de connaissances dangereuses : — et il existe de fait cent bonnes raisons pour que chacun s'en tienne éloigné, pourvu qu'il le - puisse! En revanche : votre navire vous a-t-il une fois porté dans ces eaux, eh bien! parfait! serrez désormais vaillamment les dents! ouvrez bien l'œil! la main ferme sur la barre! - nous cinglons tout droit au-delà de la morale, peut-être broyons-nous, mettons-nous en pièces, ce faisant, notre restant de moralité propre, en nous risquant à accomplir notre course dans ces parages, — mais qu'importe ce qui adviendra de nous!
Si Nietzsche parle parfois de danser jusqu'au bord des abîmes[7], il me semble légitime de penser que le marquis de Sade a fait justement plus que danser au bord. Là où Nietzsche a jeté un coup d'oeil précautionneux dans l'Abîme, Sade a sauté à pieds joints... Mais vivre de manière cohérente avec sa vision du monde n'est pas toujours facile...
Le surhomme proposé par Nietzsche
Ici et là dans son œuvre Nietzsche met en place les morceaux du puzzle permettant de dresser le portrait de ce qu'il appelle l'âme noble c'est-à-dire l'Übermensch ou le Surhomme. Ce Surhomme ou homme supérieur est l'homme de l'élite, celui que la nature a fait pour diriger[8]. Exercer le pouvoir c'est son droit absolu. Voici quelques éléments tirés de la section 265 de Par-delà bien et mal qui décrivent le Surhomme et expliquent ses droits (1886/2000 : 260) :
Au risque de choquer les oreilles innocentes, je poserai : l'égoïsme appartient à l'essence de l'âme noble, je veux dire cette croyance immuable à la nécessité que par nature, les autres êtres soient soumis à un être tel que “ nous sommes ” et se sacrifient pour lui. L'âme noble accepte ce fait de son égoïsme sans se poser de question, sans y sentir non plus de dureté, de contrainte, d'arbitraire, bien plutôt comme quelque chose qui peut se fonder sur la loi originaire des choses : — si elle cherchait à lui donner un nom, elle dirait “ c'est la justice même ”.
Selon une perspective chrétienne, on pourrait dire que Nietzsche a bouffé le premier mensonge, c'est-à-dire «vous serez comme des dieux ! » (Genèse 3 : 5). Et si on fouille un peu, on constate que le concept nietzschéen du surhomme est proche de celui de l'illuminé (l'initié) des francs-maçons, et proche au point où même un franc-maçon reconnaît cette proximité. Un article par le franc-maçon américain Dave Holt fait le commentaire suivant au sujet de ce concept de Nietzsche (2017):
I think the most basic idea of becoming a Master Mason is to seek light and become what Nietzsche refers to as the Übermensch or superman. Nietzsche was not a Freemason but many of his ideas are Masonic.
Évidemment d'une telle déclaration, on peut donc déduire que le franc-maçon se considère également un homme supérieur, auquel les masses (non-initiés) doivent soumission. D'autre part Nietzsche décrit son “ grand homme ”, son Übermensch comme un être avec un cœur de pierre, au point même d'être indifférent à l'amour (et à la compassion)[9] (1886/2000: 92) :
On doit constamment se mettre à l'épreuve pour se prouver que l'on est destiné à l'indépendance et au commandement; et ce en temps voulu. On ne doit pas esquiver ces épreuves, bien qu'elles soient peut-être le jeu le plus dangereux que l'on puisse jouer, et en fin de compte des épreuves qui ne portent témoignage que pour les témoins que nous sommes et pour nul autre juge. Ne pas rester lié à une personne: et ce quand bien même elle serait la plus aimée, — toute personne est une prison, un réduit également.[10]
Et c'est justement ce concept de Surhomme que Nietzsche considère le salut de l'humanité et qui nourrit son mépris de du christianisme, système de croyances qu'il juge trop mou, corrompant l'humanité par sa compassion pour les faibles... Le Surhomme proposé par Nietzsche est donc un être dur, impitoyable et dans ses Fragments posthumes, cela lui fera dire (1977, volume XIV : 224-225)
La véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l'espèce — elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu'elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s'intitule christianisme veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié.
Comme on le voit ci-dessous Par-delà bien et mal le concept de Surhomme (le vainqueur de la lutte darwinienne pour la survie) qui nourrit à la fois l'admiration de Nietzsche pour l'eugénisme et son mépris du christianisme (1886/2000 : 114)
Mais il y a pire encore: plus le type que représente un homme est élevé, et plus sa réussite est également improbable : le hasard, la loi d'absurdité[11] régissant l'économie d'ensemble de l'humanité se montre sous son jour le plus terrifiant dans l'action destructrice qu'elle exerce sur les hommes supérieurs dont les conditions de vie sont subtiles, multiples et difficiles à calculer. Quelle est, à présent, l'attitude des deux plus grandes religions, que nous avons nommées, face à cette surabondance de cas d'échec ? Elles cherchent à conserver, à maintenir en vie tout ce qui peut être conservé, elles prennent même fondamentalement parti pour eux, en tant que religions pour ceux qui souffrent, elles donnent raison à tous ceux qui souffrent de la vie comme d'une maladie, et aimeraient faire en sorte que tout autre sentiment relatif à la vie passe pour faux et devienne impossible. Si haute que soit l'estime que l'on peut avoir pour cette sollicitude qui ménage et conserve, dans la mesure où elle s'applique et s'est appliquée, en plus de tous les autres, également au type supérieur d'homme, qui, jusqu'à aujourd'hui, a presque toujours aussi été le plus souffrant: si l'on dresse le bilan d'ensemble, les religions qui ont existé jusqu'à aujourd'hui, à savoir les religions souveraines, ont été parmi les causes principales qui ont maintenu le type “ homme ” à un degré très modeste,—elles ont conservé trop de ce qui devait périr.
Voilà une attitude qui ait tout pour plaire aux nazis[12] et qui aujourd'hui peut susciter l'admiration de la secte de Davos[13]... Dans une édition anglaise de son livre La Volonté de puissance/Will to Power, livres III et IV, Nietzsche décrit l'Ubermench de la manière suivante (1901/1913):
962. A great man, —a man whom Nature has built up and invented in a grand style, —What is such a man? First, in his general course of action his consistency is so broad that owing to its very breadth it can be surveyed only with difficulty, and consequently misleads; he possesses the capacity of extending his will over great stretches of his life, and of despising and rejecting all small things, whatever most beautiful and "divine" things of the world there may be among them. Secondly he is colder, harder, less cautious and more free from the fear of "public opinion"; he does not possess the virtues which are compatible with respectability and with being respected, nor any of those things which are counted among the "virtues of the herd." If he is unable to lead, he walks alone; he may then perchance grunt at many things which he meets on his way. Thirdly, he asks for no "compassionate" heart, but servants, instruments; in his dealings with men his one aim is to make something out of them. He knows that he cannot reveal himself to anybody: he thinks it bad taste to become familiar; and as a rule he is not familiar when people think he is. When he is not talking to his soul, he wears a mask [of hypocrisy - PG]. He would rather lie than tell the truth, because lying requires more spirit and will. There is a loneliness within his heart which neither praise nor blame can reach, because he is his own judge from whom is no appeal.
Notons d'ailleurs que le portrait que dresse Nietzsche du Surhomme décrit assez fidèlement l'attitude du nazi Josef Mengele, le médecin sanguinaire d'Auschwitz qui mena des expériences scientifiques cruelles et impitoyables sur les prisonniers. Bon nombre de prisonniers sont morts d'injections létales, d'injections de typhus ou des suites d'opérations sadiques. Ceux qui ont rencontré Mengele après la guerre ont noté qu'il n'avait aucun regret des gestes qu'il avait posés et affirmait n'avoir “ fait que son devoir ”. De l'avis de Mengele, traiter ses prisonniers comme des rats de laboratoire était légitime si cela faisait “ avancer la science ”. Chez Nietzsche, son mépris du peuple s'est exprimé ouvertement et brutalement (1886/2000: 113)
Aux hommes ordinaires, enfin, au plus grand nombre, à ceux qui sont là pour servir, pour être utiles à la chose publique, et qui n'ont le droit d'exister que s'ils se soumettent à ces conditions ...
Ainsi, puisque le surhomme est un conquérant impitoyable, celui qui a de la valeur et qui a droit au pouvoir, les masses pour leur part ne valent moins que rien, surtout s'ils ne remplissent aucune tâche estimée utile par le surhomme[14]. Dès lors ils seront classés des mangeurs inutiles (ou Unnütze Esser) comme le disaient les nazis. D'autre part, le portrait que Nietzsche dresse de l'Übermench décrit bien l'attitude les pions de Davos (les Justin Trudeaus et les Anthony Faucis) présentement au pouvoir un peu partout dans le monde. Le livre de Yuval Noah Harari, bras droit de Karl Schwab, Homo deus (2015) cadre très bien dans cette logique, car dans ce livre Harari suggère froidement que l'humanité, tel qu'on la connaît est voué à disparaître[15] et être remplacé par homo deus, ou l'homme dieu[16]. Mais revenant au Surhomme nietzschéen, dans son Bâtards de Voltaire John Ralston Saul nous propose des observations touchant l'attitude d'un Surhomme plus banal, soit le technocrate moderne, éclairant comment celui-ci conçoit et joue son rôle et, en particulier son rapport au peuple, toujours selon des conceptions nietzschéennes[17] (1993 : 117) :
Les talents des technocrates ne conviennent pas aux débats publics ni à une relation ouverte avec le peuple. Ils gardent leurs distances, de façon à cacher leur mépris ou se montrent au contraire d'une affabilité ridicule. À croire qu'ils prennent les gens pour de parfaits imbéciles. Leurs dons innés les entraînent dans d'autres directions. Ce sont les maîtres de la structure, ils provoquent des querelles d'antichambre. Ils excellent dans l'art de manipuler l'information ou de la cacher. Ce sont des marchands de savoir, qu'ils vendent en contrepartie du pouvoir.
Évidemment cette difficulté à traiter directement avec le peuple que note Saul peut avoir une autre source, c'est-à-dire une conscience aiguë de sa supériorité personnelle, supplée d'un mépris mal dissimulé du peuple.
Mépris de Nietzsche pour la démocratie
Il ne faut pas s'étonner que l'élitisme déterminé de Nietzsche nourrisse son mépris du peuple[18]. À son avis seul le Surhomme mérite respect. Pour les masses, Nietzsche n'a qu'un mépris enraciné dans une logique darwinienne impitoyable (1886/2000 : 114)
L'homme connaît, comme toute autre espèce animale, une surabondance de ratés, de malades, d'êtres en dégénérescence, d'infirmes, nécessairement en proie à la souffrance ; (...) Quelle est, à présent, l'attitude des deux plus grandes religions, que nous avons nommées, face à cette surabondance de cas d'échec ? Elles cherchent à conserver, à maintenir en vie tout ce qui peut être conservé, elles prennent même fondamentalement parti pour eux, en tant que religions pour ceux qui souffrent...
Dans cette même logique, la démocratie est méprisée par Nietzsche, cette démocratie qui donne manifestement trop de pouvoir au peuple ou, pour utiliser le terme de Nietzsche, le troupeau (1886/2000 : 160) :
La morale est aujourd'hui en Europe la morale de l'animal de troupeau: —et donc, selon la manière dont nous comprenons les choses, une simple et unique espèce de morale humaine, à côté de laquelle, avant laquelle, après laquelle bien d'autres morales, et surtout des morales supérieures, sont possibles ou doivent l'être. Mais cette morale se défend de toutes ses forces contre cette possibilité, contre ce “ doivent ”: elle répète obstinément et inexorablement: “ je suis la morale même, et rien d'autre n'est la morale ! ”—et avec l'aide d'une religion qui s'est montrée servile envers les désirs d'animal de troupeau les plus sublimes, et qui les a flattés, on est arrivé à trouver une expression toujours plus visible de cette morale jusque dans les institutions politiques et sociales: le mouvement démocratique constitue I'héritage du mouvement chrétien.
Mais quelle déclaration étonnante et inattendue de la part de Nietzsche ! Si en général les dévots des Lumières attribuent la démocratie à l'héritage des Grecs, Nietzsche en sait assez sur cet héritage pour savoir que démocratie chez les Grecs était réservée uniquement aux nobles, aux élites. La majorité de la population était composée d'esclaves. Pas question de droits ou de vote pour les esclaves, pas plus que pour les artisans grecs, femmes grecques ou étrangers libres habitant une cité grecque, même depuis de longues années. La citoyenneté était réservée aux nobles nés grecs. Comme je l'ai signalé ailleurs la démocratie et les droits politiques accessibles aux masses en Occident sont effectivement le fruit de libertés gagnées par les chrétiens anabaptistes pendant la Réforme. Une fois cette liberté religieuse (liberté de pratique religieuse, dégagée de toute intervention ou restriction étatiques) fut gagnée, alors la liberté d'expression politique devint possible ainsi que les partis politiques. Sans aucun doute, les prises de position des anabaptistes s'enracinent dans cet enseignement extraordinaire de l'Apôtre Paul:
Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. (Gal 3: 28)
Et dans un autre épitre l'Apôtre donne des coups de masses aux privilèges des nobles en disant:
Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. (1Cor. 1: 26-29)
Dans un monde aussi hierarchisé que le monde greco-romain, il faut bien peser le caractère révolutionaire de telles affirmations. Dans le monde où écrivait l'Apôtre, il était inconcevable qu'un homme de naissance noble se considère égal à un esclave[18a]. Quel choc pour les grecs éduqués ou fortunés/nobles qui lisaient de tels choses pour la première fois. Dans le monde greco-romain, les privilèges des nobles étaient coulés dans le ciment. Il ne faut s'étonner que lors du ministère de l'Apôtre Paul dans la ville grèque de Thessalonique les paiens furieux aient porté l'accusation suivante touchant les chrtiens "Ces gens, qui ont bouleversé le monde, sont aussi venus ici" (Actes 17: 6). Une page plus loin, Nietzsche exprime un peu plus clairement son mépris de la démocratie (1886/2000 : 161-162)
Nous qui confessons une autre foi—, nous qui tenons le mouvement démocratique non seulement pour une forme de décadence de l'organisation politique, mais pour une forme de décadence, c'est-à-dire de rapetissement de l'homme, pour sa médiocrisation et l'abaissement de sa valeur: à quoi devrons nous avoir recours, avec nos espérances ?— À des philosophes nouveaux, il n'y a pas d'autre choix; à des esprits assez forts et originaires pour imprimer un mouvement conduisant à des évaluations opposées et pour renverser les “ valeurs éternelles ” ; à des précurseurs, à des hommes d'avenir qui nouent dans le présent la contrainte et le nœud qui contraindront la volonté de millénaires à suivre des voies nouvelles. Pour enseigner à l'homme que l'avenir de l'homme est sa volonté, dépend d'une volonté humaine, et pour préparer de grandes entreprises pleines de risque et des tentatives globales de discipline et d'élevage dans le but de mettre ainsi un terme à cette effroyable domination de l'absurdité et du hasard qui s'est appelé jusqu'à présent “ histoire ”—l'absurdité du “ plus grand nombre ” n'en est que la forme la plus récente—: il faudra pour cela, à un moment ou à un autre, une espèce nouvelle de philosophes et d'hommes qui commandent en comparaison desquels tout ce que la terre a connu d'esprits cachés, terribles et bienveillants paraitra pâle et rabougri.
Si la démocratie attire le mépris de Nietzsche[19], le nationalisme a droit à son mépris pour les mêmes raisons : le nationalisme donne trop de pouvoir au peuple... Discutant de l'Europe, Nietzsche évoque le scandale des clivages politiques de ce continent et note (1886/2000 : 240)
Du fait du clivage maladif que la démence nationaliste a instauré et continue à instaurer entre les peuples de l'Europe, du fait également des politiques à la vue basse et à la main leste qui, grâce à elle, occupent aujourd'hui le haut du pavé et ne soupçonnent pas le moins du monde à quel point la politique de désunion qu'ils pratiquent ne peut être, de toute nécessité, qu'une politique d'entracte, — du fait de toutes ces choses et de bien d'autres, aujourd'hui tout à fait inexprimables, on néglige ou réinterprète de manière arbitraire et mensongère les signes les moins équivoques à travers lesquels s'exprime le fait que l'Europe veut devenir une.
Observations finales
Ouais, on le sait, le nationalisme est un obstacle emmerdant aux ambitions de pouvoir total des Übermensch. Chose curieuse, le mépris de la démocratie exprimé par Nietzsche retrouve un écho bien des années plus tard dans une prophétie émise par Alduous Huxley dans son roman Retour au meilleur des mondes qui décrit de manière presciente la vie sous les Übermensch postmodernes (1990: 144):
Sous l'impitoyable poussée d'une surpopulation qui s'accélère, d'une organisation dont les excès vont s'aggravant et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques — élections, parlements, hautes cours de justice — demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle forme de totalitarisme non violent. Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu'ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusés et de tous les éditoriaux — mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme. Entre-temps, l'oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera.
Et si Huxley parle d'une liberté au sens strictement pickwickien du terme, ceci implique une liberté politique (ainsi que l'exercice de droits politiques) complètement factice... Aux yeux des élites postmodernes, la démocratie n'est légitime que dans la mesure où elle est soumise à leurs projets et à leur volonté. Tout le reste est qualifié de menace à la démocratie. Quels hypocrites... En somme un processus politique tel que nous décrit Huxley a tout pour plaire aux pions de la secte de Davos. Dans un tel cas, même des élections peuvent devenir un outil pour garder les masses dans leur place, c'est-à-dire en soumission. Et dans le cas où les masses oseraient résister à cet état de choses, alors rien n'interdit de trafiquer le résultat du processus démocratique... Ce sera “ pour leur bien ”... Ceci dit, de l'avis de Nietzsche, même la religion peut servir d'outil aux Surhommes pour aiguillonner le troupeau dans la bonne direction[20]. On peut deviner que la déclaration de Nietzsche ci-dessus laisse entendre la fin des États-nations. De quoi délecter les assoiffés de pouvoir, les néototalitaires de Davos (1886/2000 : 176)
Le temps de la petite politique [nationaliste ?] est passé : le prochain siècle apporte déjà la lutte pour la domination de la terre, — la contrainte d'en venir à la grande politique.
Puisque de l'avis de Nietzsche “ Dieu est mort ! ”, et que le Dieu chrétien servait de fondation à la moralité (occidentale), alors tout ce qui reste à Nietzsche est une moralité enracinée dans le mythe d'origines matérialiste, c'est-à-dire la logique darwinienne de la lutte pour la survie, la lutte du plus fort[21]. C'est cette logique qui explique l'être impitoyable que décrit Nietzsche, c'est-à-dire son Surhomme, un être fidèle à la seule moralité que connaît tout bon darwiniste comme Nietzsche, soit devenir vainqueur de la lutte pour la Survie. Le Surhomme est donc indifférent à TOUT le reste. Le Surhomme a un bloc de béton à la place du cœur...
Tout cela pose une question : Vu les catastrophes humaines causées par les Nietzchéens au 20e siècle, que feront les Nietzchéens et néototalitaires de la secte de Davos en Occident au 21e siècle ? Ils ont déjà entre les mains un pouvoir de surveillance et de contrôle des populations (sans parler du pouvoir économique) qui aurait fait rêver Hitler, Staline ou Mao...
ANTHONY, Andrew (2017) Interview : Yuval Noah Harari: 'Homo sapiens as we know them will disappear in a century or so'. (The Guardian– 19/3/2017)
GOSSELIN, Paul (2009) Fuite de l'Absolu: Observations cyniques sur l'Occident postmoderne. Volume II. Samizdat Québec xiv-574 p
HARARI, Yuval Noah (2015/2017) Homo deus - Une brève histoire de l'avenir. Albin Michel 463 pages
HOLT, Dave (2017) Friedrich Nietzsche's Übermensch or Superman and Freemasonry. (Masonic Enlightenment - May 20, 2017)
HUXLEY, Aldous (1958/1990) Retour au meilleur des mondes. Plon [Paris] 155 p.
KURZBAN, Rob (2023) Morality and other weapons: How progressive taboos cut and slice. (Aporia Magazine – 20/12/2023)
LEWIS, C. S. (1943/1986) L'Abolition de l'homme : Réflexions sur l'éducation avec attention à l'enseignement de l'anglais dans les écoles secondaires. [traduction et préface d'Irène Fernandez] Limoges : Criterion,. 201 p.
LEWIS, C. S. (1943/2014) The Abolition of Man (or Reflections on Education With Special Reference to the Teaching of English in the Upper forms of Schools). Samizdat 49 p.
LEWIS, C. S. (1960) The Four Loves. Harcourt, Brace, Jovanovich - New York
NIETZCHE, Friedrich (1882/1950) Le gai savoir. (traduit de l'allemand par Alexandre Vialatte) Éditions Gallimard Paris (coll. Folio/Essais 17) 373 p.
NIETZSCHE Friedrich, (1886/2000) Par-delà bien et mal, (trad. Patrick WOTLING) Flammarion Paris 385 p.
NIETZSCHE, Friedrich (1899/1970) Crépuscule des idoles; suivi de Le cas Wagner. (trad. d'Henri et, al. Médiations ; 68) Denoël Gonthier Paris 190 p.
NIETZSCHE, Friedrich (1899/1903) La Volonté de puissance. t. 1 traduction - Henri Albert. Société du Mercure de France
NIETZSCHE, Friedrich (1901/1913) Will to Power: An Attempted Transvaluation of All Values. vol. II. [Translator:, Anthony M. Ludovici] TN Foulis London xx-432 p.
NIETZSCHE, Friedrich (1977) Oeuvres philosophiques complètes, volume XIV : Fragments posthumes, début 1888 - début janvier 1889, Gallimard
PLATON (3e s. av. J-C/1966) La republique. [traduction: R. Baccou] Garnier-Flammarion Paris (coll. 90) 507 p.
SAUL, John (1993) Les bâtards de Voltaire: la dictature de la raison en Occident. Payot [Paris] 653 p.
SMITH, Lauren (2023) A year of green gaslighting : 2023 proved that the war on cars is no conspiracy theory. Spiked – 25/12/2023
SOOS, Adam (2024) Trudeau says Canada has no identity… folks at the rodeo disagree In spite of Trudeau's best efforts, Canada's identity is on full display, and it isn't going anywhere. It is alive and well in our communities, from hockey rinks, local legions, community churches, and even rodeos. ( Rebel News - 4/7/2024)
WINTERY KNIGHT (2023) Study: belief in free will linked to ability to behave morally and to help others. (18/12/2023)
[1] - Pendant un moment, il fut l'ami du compositeur Richard Wagner. Et quelle ironie, car cet athée notoire était également fils d'un pasteur luthérien...
[2] - C'est d'ailleurs une stratégie défensive fort efficace, car devant ses critiques, Nietzsche (et ses dévots) peuvent toujours répliquer que les critiques ne l'ont “ pas compris ”... Et inévitablement il aura raison sur ce point... Autre point qui complique le portrait que l'on pourrait dresser de la pensée de Nietzsche est le fait que certains des écrits publiés posthumes par sa sœur, Élisabeth Förster-Nietzsche, sont contestés, car il semble que sa sœur aurait tripoté ces textes pour les rendre près de sa pensée personnelle. C'est dû à ce fait que les diverses éditions des ouvrages de Nietzsche ne concordent pas toujours...
[3] - Toutes les idéologies issues du Siècle des Lumières.
[4] - Aussi connu sous l'expression Théorie de l'Évolution.
[5] - J'ai entendu dire que si les abolitionnistes n'avaient pas obtenu la fin de l'esclavage à la fin du 18e ou au début des 19e siècles, alors plus tard, lorsque le mythe d'origines matérialiste est devenu dominant, ce serait devenu impossible.
[6] - Évidemment Machiavel serait tout à fait d'accord avec un tel énoncé...
[7] - L'expression apparaît dans Le gai savoir et décrit la fin de l'esprit libre qui poursuit jusqu'au bout ses convictions (1882/1950: 290) et qui est prêt à expérimenter la:
(...) liberté du vouloir qui permette à un esprit de rejeter à son gré toute foi, tout besoin de certitude; on peut l'imaginer entraîné à se tenir sur les cordes les plus ténues, sur les plus minces possibilités et à danser jusqu'au bord des abîmes. Ce serait l'esprit libre par excellence.
[8] - Il se peut que ce concept soit inspiré en partie du roi-philosophe que Platon nous présente dans La République.
[9] - C'est un tel être que CS Lewis décrit au 3e chapitre de son Abolition de l'homme (1943). Mais plutôt que le titre Übermensch, Lewis lui donne le titre de Conditionneur... Personnage incarné au 20e siècle par des totalitaires tel que Hitler, Josef Mengele, Staline, et Mao. De l'avis de Lewis, le Conditionneur n'est pas simplement un être amoral, au-delà du bien et du mal, mais un individu qui a carrément quitté la race humaine (1943/1986 : chap. 3 )
On pensera peut-être que j'invente là une difficulté artificielle pour mes conditionneurs. Ou bien on demandera, plus naïvement, pourquoi je fais d'eux des hommes si méchants. Mais je ne pense pas que ce soient de méchants hommes; je dirais plutôt que ce ne sont plus des hommes du tout, au sens ancien du mot. Ils ont, en d'autres termes, sacrifié leur part d'humanité au sens traditionnel, pour se consacrer à la tâche de décider de ce que “l'humanité” signifierait à l'avenir. “Bon” et “mauvais”, en ce qui les concerne, sont des mots vides de sens, puisque c'est à eux précisément de donner un sens à ces mots.
[10] - Chose curieuse, cela correspond en tout points au triste portrait que nous offre Platon du tyran au Livre IX de La République (3e s. av. J-C/1966: 338)
Leur vie durant, ils [les tyrans] ne sont donc les amis de personne, toujours despotes ou esclaves; quant à la liberté et à l'amitié véritable, un naturel tyrannique ne les goûte jamais.
Assurément.
Pour sa part, C. S. Lewis aurait sans doute répliqué à Nietzsche que choisir de se mettre totalement à l'abri des risques de l'amour et de l'attachement relationnel fait de nous des êtres maudis, des êtres pitoyables et moins qu'humains... (1960 :169-170)
There is no safe investment. To love at all is to be vulnerable. Love anything, and your heart will certainly be wrung and possibly be broken. If you want to make sure of keeping it intact, you must give your heart to no one, not even to an animal. Wrap it carefully round with hobbies and little luxuries; avoid all entanglements; lock it up safe in the casket or coffin of your selfishness. But in that casket – safe, dark, motionless, airless – it will change. It will not be broken; it will become unbreakable, impenetrable, irredeemable. The alternative to tragedy, or at least to the risk of tragedy, is damnation. The only place outside Heaven where you can be perfectly safe from all the dangers and perturbations of love is Hell.
[11] - Moralité judéo-chrétienne ?...
[12] - L'intérêt de Hitler pour les idées de Nietzsche est fait connu, car afin de rendre hommage au philosophe le parti nazi subventionnera le Nietzsche Archive fondé par la sœur de Nietzsche, Élisabeth Förster-Nietzsche et en 1935 Hitler assistera aux funérailles de Élisabeth.
[13] - C'est une perspective exprimée à plusieurs reprises par le gourou de Davos, Yuval Noah Harari. En interview Harari est allé jusqu'à nonchalamment prophétiser que l'humanité est vouée à l'extinction d'ici un siècle (Andrew Anthony 2017) :
I think that Homo sapiens as we know them will probably disappear within a century or so, not destroyed by killer robots or things like that, but changed and upgraded with biotechnology and artificial intelligence into something else, into something different[2]. The timescale for that kind of change is maybe a century.
Évidemment, la secte de Davos ne songerait jamais de demander au peuple si participer à telles expériences à la Dr. Frankenstein les intéresse. Comme dans l'Islam, du point de vue postmoderne, la conversion forcée est tout à fait légitime. Depuis Harari a renchéri et exprimé l'avis, commun à Davos, qu'il y a “ trop d'humains sur la terre ”. On peut se douter qu'Harari ne prendrait pas l'initative de contribuer personnellement à la solution de ce problème...
[14] - Quel contraste extraordinaire entre l'Übermensch de Nietzsche qui écrase tout sur son passage et l'enseignement de Christ !
En ce moment, les disciples s'approchèrent de Jésus, et dirent: Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux? Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d'eux, et dit: Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. (Matt. 18: 1-4)
Jésus les appela, et dit: Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n'en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave. C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. (Matt. 20 : 25-28)
Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il de Christ. Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. Ainsi le corps n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs membres. Si le pied disait: Parce que je ne suis pas une main, je ne suis pas du corps, ne serait-il pas du corps pour cela? Et si l'oreille disait: Parce que je ne suis pas un oeil, je ne suis pas du corps, ne serait-elle pas du corps pour cela? Si tout le corps était oeil, où serait l'ouïe? S'il était tout ouïe, où serait l'odorat? Maintenant Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu. Si tous étaient un seul membre, où serait le corps? Maintenant donc il y a plusieurs membres, et un seul corps. L'oeil ne peut pas dire à la main: Je n'ai pas besoin de toi; ni la tête dire aux pieds: Je n'ai pas besoin de vous. Mais bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires; et ceux que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d'un plus grand honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes reçoivent le plus d'honneur, tandis que ceux qui sont honnêtes n'en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d'honneur à ce qui en manquait, afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. (1Cor. 12 : 12-27)
[15] - Harari a fait des déclarations semblables à plusieurs reprises. Voici un exemple :
WEF Advisor: 'What Do We Need So Many Humans For?' (Frank Bergman - Slay - 23/12/2023)
[16] - Vraisemblablement, l'Übermensch de Harari sera un cyborg (mi-homme, mi-machine), ou un zombie contrôlé par une forme d'intelligence artificielle qui aurait absorbé toute la culture humaine et dirigée par les pions de Davos. Comme tout bon nietzschéen ou darwiniste, tout ce qui intéresse Harari c'est la performance...
[17] - S'il est manifeste que le technocrate moderne opère selon le modèle nietzschéen, cela n'exige pas que ces technocrates soient consciemment des admirateurs de Nietzsche. C'est sans importance. Suffit qu'ils aient été formés selon ce modèle et participent à une culture où de modèle domine.
[18] - Par moments Nietzsche s'emporte, exprimant ouvertement son mépris du peuple. Par exemple voici comment Nietzsche décrit le rapport du Surhomme au peuple (1886/2000 : 272)
Vivre dans une impassiblitté formidable et orgueilleuse : toujours par-delà —. Avoir et ne pas avoir, à sa guise, ses affects, son pour et son contre, daigner s'y laisser aller, pour quelques heures ; les monter, comme des chevaux, souvent comme des ânes : — on doit en effet savoir utiliser leur stupidité tout autant que leur fougue.
Qui sait ? si on lui avait donné le pouvoir politique, il est pensable que Nietzsche aurait réétabli l'esclavage en Europe. Ce serait dans la logique des choses... Mais au 21e siècle chez les élites postmodernes, le mépris du peuple est exprimé moins ouvertement, c'est-à-dire de manière marketing et beaucoup plus manipulateur. On constate chez les postmodernes un mépris absolu pour le peuple, ses opinions ou sa volonté. Ce sont les mêmes d'ailleurs qui crachent sur tout mouvement de revendications émanant directement du peuple ou même exprimant une identité nationale. Du point de vue des élites postmodernes, de telles choses sont en quelque sorte une hérésie, car donnant trop de place à l'expression de la voix du peuple. Les néo-totalitaires au pouvoir partout en Occident est le fait de mondialistes zélés et des ultra-élitistes. Un indice clair de leur mépris du peuple est qu'ils ne tolèrent AUCUN mouvement nationaliste ou populaire, ce qui s'exprime par leur mépris absolu des MAGA américains, du Brexit anglais, des gilets jaunes en France, le mépris effronté de Justin Trudeau des camionneurs canadiens et plus récemment des nationalistes italiens... Et au Canada, le pion de Davos au pouvoir (Justin Trudeau), peu de temps après sa prise de pouvoir à exprimé son mépris du peuple en affirmant que le Canada devait être considéré un État “postnational”*... Et lorsqu'un tel mouvement populaire a provoqué l'ire des élites postmodernes, pour les discréditer les élites ont tôt fait de leur coller l'étiquette d'extrême droite ou de néonazis. Cela permet d'étouffer rapidement tout débat de fond et d'éviter que la discussion puisse prendre une mauvaise tournure, c'est-à-dire examiner de manière détaillée les motifs idéologiques (et présupposés) de ceux qui collent des étiquettes tels qu'extrême droite, partisan de discours haineux, diffuseurs de désinformation [les nouveaux hérétiques] ou intolérants. C'est le même processus employé par les nazis, en collant des étoiles jaunes à tous les Juifs (les identifiant comme ennemis). En Occident le souci de l'environnement est devenu une arme d'oppression contre le peuple comme le note ce journaliste britannique discutant des restrictions municipales sur l'utilisation d'automobiles à essence. Mais lorsque le peuple ose s'y opposer quelle est la réaction des élites (et pions de Davos) ?, on traite immédiatement les protestataires d'extrême droite (Lauren Smith 2023) :
[18a] - Dans son épître, Jacques tape sur ce même clou et revient sur cette question, mais dans un contexte très pratique qui expose les luttes des chrétiens de première génération contre les idées reçues du monde greco-romain et de rendre concretes et tangibles les idéaux égalitaires des chrétiens.
Mes frères, que votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ soit exempte de toute acception de personnes. Supposez, en effet, qu'il entre dans votre assemblée un homme avec un anneau d'or et un habit magnifique, et qu'il y entre aussi un pauvre misérablement vêtu; si, tournant vos regards vers celui qui porte l'habit magnifique, vous lui dites: Toi, assieds-toi ici à cette place d'honneur! et si vous dites au pauvre: Toi, tiens-toi là debout! ou bien: Assieds-toi au-dessous de mon marchepied! ne faites-vous pas en vous-mêmes une distinction, et ne jugez-vous pas sous l'inspiration de pensées mauvaises? Ecoutez, mes frères bien-aimés: Dieu n'a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu'ils soient riches en la foi, et héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment? Et vous, vous avilissez le pauvre! Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment, et qui vous traînent devant les tribunaux? Ne sont-ce pas eux qui outragent le beau nom que vous portez? Si vous accomplissez la loi royale, selon l'Ecriture: Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. Mais si vous faites acception de personnes, vous commettez un péché, vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs. Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous. (Jacques 2: 1-10)
[19] - Et en Occident monte une génération à qui on enseigne ce mépris de la démocratie. On leur martèle que « la démocratie ne marche pas ! » Mais notons que ce sont les mêmes néototalitaires qui martèlent que « la démocratie ne marche pas ! » qui profiteraient le plus de la perte de confiance dans la démocratie. Et il est fort probable que ce sont justement les mêmes qui ont corrompu le processus démocratique en Occident depuis de longues années...
[20] - Dans Par-delà bien et mal Nietzsche affirme ouvertement (1886/2000 : 112)
Le philosophe comme nous le comprenons, nous esprits libres—, comme l'homme à la plus vaste responsabilité, détenteur de la conscience soucieuse du développement de l'homme dans son ensemble : ce philosophe se servira de la religion pour son œuvre d'élevage et d'éducation de l'homme, de même qu'il se servira des conditions politiques et économiques de son époque.
Qui sait si Nietzsche aurait admis le mouvement théologique de la Haute critique comme outil idéologique entre les mains des surhommes de sa génération… Notons par ailleurs qu'à l'époque où Nietzsche écrivait, l'éducation était encore largement aux mains d'institutions religieuses. Dans le contexte actuel donc, il faut donc comprendre que le système d'éducation en Occident soit également un outil entre les mains des Surhommes pour aiguillonner le troupeau dans la bonne direction.
[21] - On peut se demander si Allah, le dieu du djihad, eut plu davantage à Nietzsche. Dans ses Libres propos, Hitler pour sa part semble avoir admis un tel attrait.