Lorsque tout va bien, on ne réfléchit pas... on en profite. Mais lorsque les épreuves et les coups durs de la vie se pointent, tôt ou tard tous sont confrontés au côté sombre de l'existence humaine. Par exemple, Charles Darwin, suite au décès de son enfant favori, sa fille Annie, survenu en 1851 (par la scarlatine et la tuberculose), finit par rejeter Dieu. Mais pour épargner les sensibilités victoriennes de sa génération, il s'est dit “ agnostique ” plutôt qu'“ athée ”. Ça passait mieux[1]. Et si on fouille dans la vie de plusieurs athées du 20e ou 21e siècles, souvent la source de leur rejet de Dieu est liée à cette question : “ S'il y a un Dieu bon et juste, comment expliquer la guerre, les génocides, le cancer qui tue un enfant de 2 ans, la schizophrénie, le suicide, l'alcoolisme ou les tremblements de terre ? S'il existe un Dieu, c'est un sadique ! ”
Ces questions ont fait trébucher plusieurs, autant de grands que de petits. Après l'Holocauste, des Juifs ont demandé “ Où était Dieu lorsque des gens honnêtes et même très pieux ont été massacrés par les nazis ? ”. Mais un rabbin[2] très sage a répliqué “ Avant de s'interroger sur le silence de Dieu, il faut d'abord s'interroger sur le silence de l'homme : où était l'homme à Auschwitz ? ” Pour bien des athées de tels événements justifient amplement leur rejet de l'existence de Dieu. Voici ce qu'en dit d'ailleurs un scientifique anglais, David Hull, sur le dieu que nous révèlent les données de la biologie évolutionniste (1991 : 486):
Le processus [de la vie] est truffé de hasard, de contingence, de gaspillages incroyables, de mort, de douleur et d'horreur. Le Dieu révélé par les données de l'évolution et de l'histoire naturelle... n'est pas un Dieu d'amour qui se soucie de ses productions. Il est... négligent, indifférent, presque diabolique. Ce n'est certainement pas le genre de Dieu que l'on serait enclin à prier.*
Un autre scientifique, le biochimiste britannique (et chrétien) A. E. Wilder-Smith a pour sa part remarqué que la théologie populaire chez beaucoup de chrétiens du 20e siècle n'offre que peu de réponses à ces questions existentielles (1968: 210):
Sur le plan intellectuel, l'importance d'une explication vraiment satisfaisante de la douleur et de la souffrance et de leur coexistence avec un Dieu de compassion est bien évidente. Ce que l'on promeut, sur le plan populaire, comme Évangile aujourd'hui, en particulier aux États-Unis, effleure à peine ces problèmes réels avec le résultat net que les chrétiens du Nouveau Monde sont souvent tout à fait incapables d'aborder les problèmes véritables des personnes du Vieux Continent ou encore ceux des matérialistes darwiniens[3] des deux hémisphères, qui sont habituellement bien renseignés sur ces questions.*
Pour ma part, je ne prétends pas avoir mis la main sur LA réponse toute faite à ces questions existentielles si terribles ni offrir au lecteur une recherche érudite, mais je me contenterai à tout le moins de proposer une réflexion personnelle à ce sujet. Il est possible évidemment que cela puisse aider certains à faire le tri dans ces questions et d'autres non. À chacun d'en juger...
Il est tout à fait possible que cette perspective sur la question de l'existence du Mal puisse s'exprimer d'une manière plus philosophique, mais la formule d'un échange socratique m'a semblé meilleure. Pour expliquer ma perspective, j'ai donc pensé le faire au moyen d'une conversation fictive. Deux copains, Jean, un chrétien, et Albert, athée, échangent dans un café sur la vie et la question du mal. Puisque les questions abordées vont au cœur de notre identité humaine, il ne faut pas s'étonner d'un certain langage choquant et cru dans la bouche de l'athée, car ces questions soulèvent inévitablement des émotions fortes.
Albert : Tu sais Jean, ton baratin chrétien m'indiffère totalement. Les chrétiens affirment : « Dieu est amour » et tout le tralala. Désolé, mais ça n'a rien à voir avec le monde réel. Par exemple, si on lit que quelques pages d'histoire, l'histoire des civilisations, que de guerres. Dans toutes les générations, des guerres, du sang, du sang et encore du sang répandu ! Où il est ton “ Dieu si bon ” dans l'histoire humaine ? Parti jouer au golf tandis que les humains s'entre-tuent ? Mais, si Dieu existe, je vois deux explications alternatives de la réalité que rencontrons, nous les humains. Disons que ton Dieu existe effectivement et qu'il voit la misère humaine et l'aliénation psychologique, les maladies et les guerres et qu'il a effectivement de la peine pour ces pauvres humains, mais au fond il n'a pas vraiment le pouvoir d'y changer quoi que ce soit alors ton Dieu est un crétin impotent. On peut même admettre qu'il soit tout à fait bien intentionné à l'égard des humains, mais dans ce cas il reste malgré tout un crétin impotent. Il voudrait bien nous aider, mais ne le peut pas. Je n'ai pas de temps à perdre à prier un tel dieu. D'autre part, une autre explication serait que ton Dieu existe bel et bien et qu'il n'est pas impotent et qu'il a tout pouvoir de changer les choses, mais le problème vient du fait qu'il ne veut pas intervenir. Dans un tel cas, ton Dieu est un espèce de scientifique sadique et nous sommes ses cobayes misérables qui se démènent dans son expérience de labo à la merde. Un tel Dieu serait un despote pire que Hitler et Staline réuni. S'il existe donc une divinité qui a créé ce monde, avec toutes les choses horribles et atroces qu'il contient, de quel type de divinité est-il à ton avis ? Que dis-tu de ça ? Que réponds-tu ?
Jean: Ouais, tu sembles avoir réfléchi à ces questions de manière sérieuse. Honnêtement, je n'ai pas de réponse facile et toute faite à tes questions, mais puis-je te poser une question à mon tour ? Si je comprends bien, ce monde, tel qu'il est, ne te convient pas vraiment ?
Albert : Bon, il est vrai qu'il y a des trucs bien, mais il est manifeste aussi que ce monde comporte des tas de trucs horribles, des injustices insensées. Si on devant mettre en tas la souffrance de l'humanité de tous les siècles, cela ferait de l'Everest une colline insignifiante ! Si un Dieu “ bon ” et tout-puissant a fait ça, à mon avis il ne devrait pas se vanter du résultat.
Jean: Et toi, si tu étais Dieu, comment aurais-tu arrangé les choses ? Pour te mettre en contexte, disons que désormais tu as TOUT pouvoir et que rien ne te sera impossible. Qu'est-ce que tu changerais dans tout ça ?
Albert : Hein ? T'es sérieux ?
Jean: Absolument. Disons que tu pouvais partir de zéro et créer un monde tout à fait à ton goût, comment le ferais-tu ton monde idéal ?
Albert : Ouf ! Ce n'est pas une petite question... Je ne me réveille pas tous les matins en pensant à ça... Bof, je ne sais pas, disons que j'abolirais les guerres !
Jean: C'est un début, mais ça ne me semble pas très ambitieux. Le cancer, par exemple, tu le laisserais toujours ravager l'humanité ?
Albert : Ah ! Eh bien non, le cancer, ce serait fini !
Jean: Et les catastrophes naturelles comme les ouragans ou les tremblements de terre qui tuent les gens par milliers et détruisent des villes complètes ?
Albert : T'as raison. Les ouragans et les tremblements de terre qui sèment la destruction, il faudrait y mettre fin. En fait, ce n'est pas drôle, mais j'ai une cousine qui fait des psychoses, alors toutes les maladies mentales, ce serait fini aussi. Et j'ai un bon copain qui est mort il y a cinq ans dans un accident d'automobile, alors la mort ce serait fini également. Euh... ah, et il ne faut pas oublier, j'abolis la pauvreté et, pourquoi pas, la destruction semée dans tant de vies par la dépendance à l'alcool ou les drogues.
Jean: Bon là c'est pas mal ça, mais n'y a-t-il pas autre chose encore pour améliorer ton monde idéal ?
Albert : Hmmm. Sais pas... Mon premier réflexe était de dire “ Abolissons les écoles et les universités ! ”, mais apprendre est parfois un plaisir, alors disons que l'apprentissage serait désormais toujours amusant, jamais emmerdant. Et d'ailleurs, dans la même veine, disons qu'il y aurait toujours de la bonne bouffe à manger, jamais de trucs dégueulasses et jamais de vaisselle à laver ! Pas si mal ça ?
Jean: Et c'est tout ?
Albert : Et j'allais oublier, si j'ai éliminé la mort, il faudrait éliminer aussi le vieillissement. Si on ne pouvait jamais mourir, mais en vieillissait toujours ce serait une nouvelle forme d'enfer finalement. Dans mon monde, les femmes resteraient toujours belles et les gars seraient toujours athlètes ! Pas si mal ça ? Et là, j'ai une inspiration ! Par un décret divin, ce serait fini la guerre perpétuelle et les incompréhensions éternelles entre les sexes. Les hommes et les femmes pourraient s'entendre enfin et s'entendre vraiment plutôt que “ discuter ” par le moyen de parasites juridiques interposés comme c'est trop souvent le cas... Ce serait pas mal comme coup, hein ! ?
Jean: Ouais, ça progresse, ce n'est pas si mal tout ça. Par contre, il est possible que les multinationales du cosmétique puissent se plaindre si les femmes restaient toujours belles sans y ajouter mille produits. Mais ce n'est pas mon problème. Il reste pourtant une question à régler : à vrai dire quelle sorte de Dieu serais-tu ? Tu peux décider aussi de ton caractère. Si j'ai bien compris, tu ne seras pas un sadique qui leur proposerait un petit paradis, pour ensuite les foutre dans la merde quelque temps après et rire à leurs dépens ?
Albert : Non, non, non, si j'étais Dieu, je ne serais pas un sadique. Je ne leur ferais pas de coups dégueulasses de ce genre !
Jean: Et garderais-tu égoïstement des trucs bons et utiles, juste pour toi ?
Albert : Sûrement pas. Je déteste l'égoïsme. S'il y avait des trucs bons pour eux, ils y auraient accès.
Jean: Tu serais donc un “ Bon Dieu ” ?
Albert : Oui, pourquoi pas... À la fin, ça ne coûte pas plus cher.
Jean: Alors, dans un tel cas, est-ce que tu les laisserais se démerder seuls dans ton monde ou pourrais-tu entrer en contact avec eux ?
Albert : Ouais, je pense bien que je garderais bien le contact. Je leur passerais un coup de fil à l'occasion. Même une visite personnelle de temps en temps, pourquoi pas ? Et on pourrait même faire la fête !
Jean: Ce n'est pas si mal tout ça, mais tu n'oublies pas quelque chose encore ?
Albert : Quoi donc ? Il me semble que mon monde est déjà pas mal mieux que celui-ci. J'ai fait du beau travail, quand même, tu dois avouer !
Jean: Ouais, il est vrai que tu leur as fourni des tas de trucs rigolos et des trucs bien, mais tu ne vois pas quelque chose qui ne va pas avec ton petit paradis ?
Albert : Hein ? Je ne vois vraiment pas...
Jean: Mais que se passe-t-il s'ils décident qu'ils n'en veulent pas de ta destination vacances de rêve ?
Albert : Mais ils seraient bien imbéciles s'ils n'en voulaient pas ! Je leur ai offert que des trucs rigolos, pas de la merde comme dans ce monde !
Jean: C'est bien possible que tu aies raison à ce sujet, mais si malgré tout s'ils n'en voulaient pas de ton monde, tu n'as pas remarqué quelque chose ?
Albert : Non, quoi ?
Jean: Ton petit paradis est une cage. Ouais, une belle cage dorée, une cage de luxe sans aucun doute, mais une cage tout de même.
Albert : Comment ça, ce n'est pas de la merde mon truc !?
Jean: Et bien ton petit paradis n'a pas de porte de sortie...
Albert : Comment, une porte de sortie ? À quoi bon une porte de sortie ? Qui pourrait bien être assez imbécile pour vouloir un truc de ce genre ?
Jean: C'est que les petites créatures dans ton “ monde parfait ” n'ont pas le choix d'y être. C'est comme un séjour familial à Disney World, mais dont on ne peut jamais sortir... Bon, c'est amusant pour une semaine ou deux, mais après ?
Albert : Bah tu me casses la tête avec tes trucs... Tu bousilles tout et tu me compliques les choses ! On ne peut pas s'en passer d'une porte de sortie ?
Jean: Et bien si tu es un Dieu d'amour oui, logiquement tes humains devraient pouvoir choisir de rester dans ton paradis ou pas. Possible qu'un Dieu manipulateur (genre maman surprotectrice), ne leur laisserait pas ce choix et les manipuleraient même de manière à “ aimer ” leur sort, mais tu avais affirmé vouloir être un “ dieu bon ” n'est-ce pas ? Au fond, la question est : Acceptes-tu qu'ils soient vraiment libres ?
Albert : “ Libres ”... Ouais, tu as peut-être raison qu'il faut une porte de sortie à mon monde. Je ne veux pas de prisonniers dans mon paradis. S'il le faut vraiment, allons pour une porte de sortie !
Jean: Donc, tes créatures ne seraient pas des marionnettes ? Ils pourraient faire des choix réels avec des conséquences réelles (plutôt que des choix factices qui ne changent rien) et que tu respecterais leurs choix?
Albert : Sans aucun doute. Des marionnettes ou de pauvres cons manipulés, je n'en veux pas.
Jean: Mais si tu ajoutes une porte de sortie, as-tu songé que cela pourrait entraîner des problèmes ?
Albert : Des problèmes ? Mais quel genre de problèmes ? Je suis un dieu bon, je ne fais pas de coups dégueulasses à mes humains ! Et comme tu l'a demandé, ils seraient libres de quitter mon paradis s'ils le veulent vraiment. N'est-ce pas ce que tu voulais ? Tu m'emmerdes à la fin avec tes questions !
Jean: Oui, je sais, mais il y a un détail à éclaircir... Si effectivement tu es un “ dieu bon ” et si tu as déjà tout mis ce tout qu'il y de bon dans ton monde, que reste-t-il s'ils prennent la porte ?
Albert : Attends, ouais..., Non... Ah, là c'est un coup dégueulasse que tu me fais Jean ! Je pense voir où tu veux en venir... Effectivement en traversant cette porte ils risquent de tomber sur des trucs pas du tout rigolos... tous ces trucs que je viens justement de bannir comme la mort, la maladie, les guerres, les catastrophes, etc...
Jean: En somme, un monde qui ressemble un peu trop au nôtre ?
Albert : Arrgh... Je ne te trouve pas drôle du tout... Tu m'as tendu un piège ! Avoue !
Jean: Pas du tout Albert, je n'ai fait que te laisser considérer la chose sous un autre angle. N'est-ce pas curieux justement que le premier livre de la Bible décrive également la création d'un monde extraordinaire, un monde d'une beauté fantastique et parfaite, sans douleur, ni maladie et où le sexe (où les sexes) ne dérape jamais et la mort n'existe pas. Mais comme ton monde, il comportait également une porte de sortie, car en Genèse 2 : 16-17, on nous indique :
L'Éternel Dieu donna cet ordre à l'homme: Tu pourras manger de tous les arbres du jardin; mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.
Mais aujourd'hui il suffit de jeter un coup d'œil à la première page de n'importe quel quotidien pour constater que nous ne sommes plus dans ce paradis. Un philosophe du monde ancien avait examiné la condition humaine dans un monde déchu et concluait :
Et j'ai haï la vie, car ce qui se fait sous le soleil m'a déplu, car tout est vanité et poursuite du vent. J'ai haï tout le travail que j'ai fait sous le soleil, et dont je dois laisser la jouissance à l'homme qui me succédera. Et qui sait s'il sera sage ou insensé? Cependant il sera maître de tout mon travail, de tout le fruit de ma sagesse sous le soleil. C'est encore là une vanité. Et j'en suis venu à livrer mon cœur au désespoir, à cause de tout le travail que j'ai fait sous le soleil. Car tel homme a travaillé avec sagesse et science et avec succès, et il laisse le produit de son travail à un homme qui ne s'en est point occupé. C'est encore là une vanité et un grand mal. Que revient-il, en effet, à l'homme de tout son travail et de la préoccupation de son cœur, objet de ses fatigues sous le soleil? Tous ses jours ne sont que douleur, et son partage n'est que chagrin; même la nuit son cœur ne repose pas. C'est encore là une vanité. (Eccl. 2: 17-23)
En effet, dans un monde déchu, il faut en effet bien des efforts pour s'établir, mais un rien du tout pour tout anéantir. Homère, un autre penseur du monde ancien, fit, par la bouche d'un de ses personnages c'est-à-dire Glaucos le Lycien, une réflexion semblable, sur le caractère si éphémère de l'existence humaine :
Misérables humains ! nous ressemblons aux feuilles des forêts ; les unes tombent desséchées, d'autres renaissent avec le printemps. Une génération passe, une autre lui succède pour s'évanouir à son tour. (Iliade, Chant VI)
Et dans la Bible le livre de Job, qui lutte intensément avec la question de la souffrance humaine, un des personnages affirme plutôt cyniquement:
L'homme naît pour souffrir, comme l'étincelle pour voler. (Job 5 : 7)
À ton avis, on est bien loin du jardin d'Éden ?
Albert : Ouais... c'est clair comme de l'eau de roche...
Jean: Mais revenons à ton dilemme Albert. Bien entendu, un Dieu bon qui se respecte devra offrir une solution à ces êtres qui ont malgré tout pris la décision de prendre la porte et qui désormais vivent dans un monde déglingué comme le notre (en langage théologique, on dira plutôt un monde “ déchu ”) mais cette solution devra toujours respecter la liberté des humains. Comme tu l'as vu, restaurer un paradis sur le plan de l'environnement physique c'est la partie facile, mais restaurer un paradis relationnel, entre humains, c'est toute autre chose. Et pour s'amuser un peu, ajoutons une condition pour régler le problème de ton paradis déglingué. Tu dois offrir une solution qui respecte aussi la justice, car si tu refais le paradis, mais qu'il n'y a pas de jugement des pécheurs et que tu y introduis ensuite des sadiques, des voleurs, des racistes, des politiciens corrompus et des auteurs de génocides avec leurs victimes, le bordel reprendra inévitablement et en très peu de temps... En peu de temps ce serait à nouveau l'enfer... Comment te prendrais-tu pour réconcilier la famille d'une personne fauchée par un homme ivre au volant et l'homme coupable de cet acte? Comment réconcilier Hitler et les Juifs? Comment réconcilier Staline et les millions de Russes morts dans le Goulag? Comment réconcilier Pol-Pot et les Cambodgiens?
Albert : Ouf, tu en mets ! C'est trop tout ça. Tout ça commence à me donner un sérieux mal de bloc. Je pense que je vais réfléchir encore un peu. On en reparlera la prochaine fois devant un café Jean. Merci pour la discussion.
--------------------
Quelques observations finales
Dans sa pièce de théâtre Huis Clos, Jean-Paul Sartre affirmait cyniquement que « l'enfer, c'est les autres », mais on pourrait exprimer la chose autrement en disant comme Jean ci-dessus que l'enfer, c'est avant tout relationnel. La Bible nous enseigne que chaque homme et chaque femme nourrissent un petit enfer dans leur cœur, c'est-à-dire l'orgueil et la suffisance d'une rébellion contre Dieu. Le problème véritable de l'homme et de la femme, c'est le cœur, non pas tellement notre niveau de vie, notre état de santé, nos capacités intellectuelles ou notre environnement physique. Mais Christ est venu pour détruire cet enfer dans le fond du cœur humain... Le paradis (ou l'enfer) commence donc, non pas dans un environnement physique visible renouvelé, mais dans l'invisible, dans le cœur de l'homme. Et il n'y a que Dieu qui puisse faire cette transformation. Comme le disait Jésus aux pharisiens, le paradis n'est pas une chose matérielle, car « le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards » (Luc 17 : 20)
La question de la justice a régler...
Si le paradis original dont nous parle le livre de la Genèse est maintenant perdu, si la route vers l'Éden qu'a connu Adam et Éve est désormais barrée, les Écritures disent aussi que depuis la Chute, Dieu a ouvert une autre porte, une nouvelle porte, qui ouvre la communication avec Lui. À ceux qui reconnaissent qu'ils ont des comptes à rendre à Dieu, qui reconnaissent leur péché et acceptent que Christ, le fils de Dieu, a été sacrifié à la croix à leur place, Dieu leur promet d'abord la réconciliation et ensuite une Création renouvelée à la fin de toutes choses. Et il déclare qu'il :
essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. (Apoc. 21: 4)
Fraser, Giles (2022) Atheists have an evil problem: We can't blame God for the war in Ukraine. UnHerd - March 25, 2022 -> discussion intéressante sur le dilemme du Mal dans un cadre uniquement matérialiste...
Homère (≈840 av. JC/1785) Iliade. (traduction de Leprince Lebrun Bardoux à Paris, 1785. en deux volumes.)
Hull, David L. (1991) "The God of the Galapagos." Review of Darwin on Trial, by Phillip E. Johnson, Regnery Gateway: Washington DC, 1991. Nature, Vol. 352, 8 August pp. 485-486
Marx, Karl (1844/1972) Manuscrits de 1844. Éditions sociales Paris 1972 174 p.
Russell, Bertrand (1957/1964) Pourquoi je ne suis pas chrétien: et autres essais. J.-J. Pauvert [Paris] (Collection Libertés; 11) 177 p.
Wilder-Smith, A. E. (1968) Man's Origin, Man's Destiny: A Critical Survey of the Principles of Evolution and Christianity. Bethany Fellowship Minneappolis Minn. 320 p.
[1] - Un autre penseur moins hypocrite de la même génération, soit Karl Marx, rejetait toute religion et plaçait la question de l'aliénation humaine dans un cadre purement matérialiste, c'est-à-dire économique. Mais ceci le conduit à proposer des banalités sans consolation sur la mort. Dans ses Manuscrits de 1844, il observe (1844/1972 : 90) :
La mort apparaît comme une dure victoire du genre sur l'individu déterminé et semble contredire leur unité ; mais l'individu déterminé n'est qu'un être générique déterminé, et à ce titre mortel.
[2] - Possiblement, Giuseppe Laras, le président des rabbins d'Italie.
[3]- Dans son essai Pourquoi je ne suis pas chrétien, le mathématicien britannique Bertrand Russell, un des athées les plus connus du XXe siècle, fit les remarques suivantes (1957/67: 30):
(...) il est tout à fait surprenant de voir que les gens puissent croire que ce monde, avec tout ce qu'il renferme, avec ses défectuosités, doit être le meilleur qu'un être omnipotent et omniscient ait pu créer au cours de millions d'années pour perfectionner le monde. Je ne puis vraiment le croire. Pensez que si l'on vous accordait l'omnipotence et l'omniscience et des millions d'années vous ne pourriez créer rien de mieux que le Ku Klux Klan ou le fascisme ? En outre, si vous acceptez les lois ordinaires de la science, vous devez supposer que la vie de l'homme et la vie sur cette planète en général disparaîtront en temps voulu: c'est une étape dans le déclin du système solaire; à une certaine étape du déclin, on arrive à un ensemble de l'atmosphère et des autres éléments qui conviennent au protoplasme, et la vie paraît pour un court laps de temps dans la vie du système solaire tout entier. On voit par l'exemple de la lune, le genre de chose à quoi tend la terre — quelque chose de mort, de froid, de désert.