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Samizdat

Les scientifiques doivent mériter la confiance,
pas l'exiger.

Certains universitaires jouent le rôle des hommes d'église qui ont condamné Galilée




David F. Coppedge
publié le 16 mars 2022 Creation-Evolution Headlines (traduction Fabrice Bect)


Il est vrai que l'affaire Galilée est généralement décrite de manière erronée (voir notre biographie de Galilée). Une partie de l'affaire qui comporte des éléments de vérité concerne toutefois la manière dont l'Église a traité la question de l'autorité. Galilée avait suffisamment de liberté pour exprimer ses opinions sur la science, mais seulement jusqu'à un certain point. Il s'est attiré les foudres de l'Inquisition en ne faisant pas suffisamment confiance à la sagesse et au savoir des cardinaux. Pour beaucoup d'autres, dans les régions dominées par les catholiques, la latitude était bien moindre. Il n'était pas permis de remettre en question l'autorité de l'Église en ce qui concerne la plupart des doctrines, même en matière de science. L'esprit critique pouvait être un frein à la carrière, voire une initiative suicidaire.

Les organisations scientifiques ont changé de rôle. Elles avaient l'habitude d'admirer Galilée ; maintenant elles se comportent comme un conseil d'église virtuel, condamnant ceux qui ne rendent pas un hommage servile au Consensus. L'article suivant peut être considéré comme représentatif de la plupart des autres que nous avons vus en provenance du monde universitaire, et d'autres que nous avons rapportés au fil des ans (par exemple, 27 juillet 20212 août 2018). Ces articles présentent les caractéristiques suivantes : (1) Les scientifiques et les institutions scientifiques s'attendent à ce que la connaissance ne circule que dans un seul sens : des experts aux paysans. (2) Les scientifiques n'ont jamais à s'excuser de s'être trompés et d'avoir induit le public en erreur ; ils ne sont jamais tenus responsables. (3) Le fait de ne pas offrir de l'obéissance servile à l'Église de la Science peut entraîner l'excommunication. Un deuxième article que nous allons examiner a une attitude bien meilleure.

Une étude de l'UA montre que la confiance dans la science prédit la conformité pandémique (Université de l'Alabama, 10 mars 2022). Remarquez deux mots dans ce titre : confiance et conformité. C'est de cela que nous parlons.

"Si les gens n'ont pas une confiance solide dans la recherche scientifique concernant le COVID-19, alors il est peu probable qu'ils respectent les mesures préventives mises en place par les gouvernements et les organisations liées à la santé", a déclaré Han. "Si les chercheurs et les responsables politiques souhaitent promouvoir le respect des mesures préventives par la population, qui sont suggérées et soutenues par la recherche scientifique, ils doivent réfléchir à la manière de promouvoir la confiance de la population dans la recherche scientifique et les scientifiques."

Non, mais c'est exprimé comme un cardinal d'église en robes rouges, pourtant cela vient du "Dr Hyemin Han, professeur associé de psychologie de l'éducation à l'UA. Il a mené une enquête auprès de 14 000 personnes dans 35 pays pour tirer sa conclusion plutôt douteuse : douteuse, car il a exclu toute autorité de la classe pedzouille (c'est-à-dire non scientifique) qui aurait pu s'écarter du consensus pour de bonnes raisons. Sa conclusion, elle aussi, est très autoritaire : les gouvernements doivent apprendre aux gens à faire confiance aux scientifiques ! Eux seuls détiennent la vérité !


Une méfiance justifiée ?

Pourtant, de nombreuses personnes dans de nombreux pays n'ont pas souhaité se conformer aux conseils des scientifiques en matière de pandémie pour des raisons logiques. Parmi ces raisons, citons l'évolution des avis scientifiques, la censure des scientifiques ayant des opinions opposées et certains cas de fraude, comme dans la tristement célèbre étude du Lancet. Certains membres du public non docile n'appréciaient pas les obligations ; ils estimaient que le gouvernement n'avait pas à leur dire ce qu'ils devaient faire de leur propre corps. Certains ont exigé des preuves scientifiques et ne les ont jamais obtenues. Certains n'aimaient pas les têtes parlantes qui, sur les ondes, "parlaient au nom de la science" et exigeaient d'être d'accord, faute de quoi on était "contre la science", alors qu'ils avaient accès à des professionnels de la santé et à des chercheurs tout aussi qualifiés qui n'étaient pas d'accord avec le consensus. Ils n'ont pas apprécié que ces critiques soient censurés, éjectés de Twitter et de YouTube, pour le crime de ne pas se conformer au consensus promu par l'État et les grands médias.

Certains membres du public non dociles ont fait appel à leur propre bon sens, sachant qu'essayer de stopper un virus avec un masque en tissu, c'est comme essayer d'arrêter un moustique avec une clôture grillagée. D'autres ont fait appel à la raison, arguant que l'obligation d'un vaccin imposé sur toute la population était illogique tandis que seuls certains groupes de population étaient à risque. Ils ont également constaté que certains pays sans restrictions s'en sortaient mieux que ceux avec des restrictions sévères. Beaucoup ont détesté l'hypocrisie des dirigeants imposant le port du masque, mais surpris en train de faire la fête avec des donateurs de campagne électorale sans que personne ne porte de masque.

En somme, il y avait de nombreuses raisons de ne pas accorder une confiance aveugle à l'Église de la Science.

Gagner la confiance du public (Warren S. Warren, Science Advances , 9 mars 2022). Cet éditorial est une bouffée d'air frais. Comparé au dénigrement condescendant et moralisateur habituellement débité aux des péons du grand public qui ne savent pas ce qui est bon pour eux, Warren S. Warren comprend les raisons de leur méfiance à l'égard de la science et critique les scientifiques pour leur rôle dans sa cause. Voici un avant-goût de sa réprimande :

Si les scientifiques veulent que le public ait confiance en ce qu'ils disent, alors nous devons examiner de manière critique dans quelle mesure nous savons ce que nous affirmons, présenter des contre-arguments lorsqu'il y a une controverse et plaider activement pour une discussion libre et ouverte des questions scientifiques. Si nous n'arrêtons pas de traiter les personnes qui n'adhèrent pas au "consensus" de négationnistes et de les accuser de diffuser de la désinformation, il faut s'attendre à ce que la "confiance dans la science" continue de décliner lorsque nous [les scientifiques] nous tromperons inévitablement. Mais ne blâmez pas la science pour cela.

Wow. C'est inhabituel, d'après notre expérience. Avant cela, le Dr Warren a étayé ses reproches en citant des erreurs récentes et très médiatisées commises par des scientifiques à propos de scénarios climatiques apocalyptiques qui ne se sont pas concrétisés, ou de l'avis selon lequel le cholestérol alimentaire contribuait fortement aux maladies cardiaques, une idée qui, selon lui, a été "complètement discréditée". Il cite ensuite un ancien rédacteur en chef du British Medical Journal qui a dit en plaisantant qu'il était peut-être devenu "temps de supposer que la recherche en santé est frauduleuse jusqu'à preuve du contraire". Aïe...

En outre, il souligne que pour de nombreuses personnes dans le public, "les scientifiques ressemblent à un autre groupe d'intérêt spécial qui défend sa salade" et "les sociétés savantes sont généralement perçues comme des groupes de pression, avec une certaine justification." Comment se fait-il que les principales sociétés scientifiques soient basées à Washington ? Pourquoi ? Les gens les voient quémander toujours plus d'argent, sans jamais être satisfaits. Pas étonnant que tant de gens dans le public manquent de confiance dans la science. "Il est difficile de les blâmer", dit-il.

Warren donne les raisons suivantes pour expliquer le manque de confiance du public dans la science :

Bien que les raisons susmentionnées disculpent quelque peu les scientifiques individuels, tous doivent faire mieux, selon Warren. Il faut donc cesser de qualifier de "négationnistes" ceux qui remettent en cause le consensus. Soyez plus directs sur les niveaux d'incertitude. Et laisser le public assister au débat là où il y a des controverses, plutôt que de laisser des porte-parole très en vue mener toute la conversation.

Cet éditorial est un changement très bienvenu par rapport à l'attitude dominatrice et condescendante habituelle de la méga science, où l'on suppose que la connaissance ne circule que du haut vers le bas, des élites aux pedzouilles, et que la "désinformation" ne vient que d'en bas. Pourtant, Warren passe à côté d'autres faiblesses de la méga science qui suscitent la méfiance.

Il aurait dû insister sur l'inquiétude que suscite la "science impériale", qui préoccupe à juste titre de nombreux citoyens, lorsque des élites savantes risquent de saper les droits de l'homme et la Constitution par leurs prétentions injustifiées à la connaissance.

Enfin, Warren aurait dû mentionner que les scientifiques sont souvent les pires en matière de politique publique. Ils savent comment fabriquer des bombes atomiques mais ne sont pas les mieux placés pour décider si et quand les utiliser. Dans l'ensemble, cependant, son éditorial est un changement très bienvenu. Il met l'accent sur le fait de "gagner" la confiance du public au lieu de supposer que la science la mérite.

Plutôt que d'exiger la confiance dans la science, celle-ci doit faire le ménage et gagner la confiance qu'elle a perdue. De nombreux scientifiques font un travail remarquable qui aide les gens. Mais le "consensus" est souvent dans l'erreur. Le consensus n'est pas la science ; la science n'est pas le consensus. Rappelons que le consensus a parfois perdu le contact avec la réalité. Le consensus croit que :

Nous avons vu hier à quel point la science du climat est truffée d'erreurs et d'incertitudes. La veille, nous avons vu que la méga science soutient toutes les positions de la gauche, de l'avortement à la gouvernance mondiale, en passant par la Critical Race Theory et le mouvement LGBTQ. La méga science s'immisce dans la politique gouvernementale et s'attend à être payé pour son activisme avec l'argent des contribuables.

De nombreux scientifiques individuels sont honorables et font un travail remarquable. Mais la méga science est corrompue. Il a perdu son amour pour la vérité et existe maintenant pour faire avancer son programme. Pourquoi sont-ils surpris que la confiance du public ait chuté ?

Ce qui mérite la confiance du public, c'est la PREUVE interprétée avec LOGIQUE. Dans son essai, De Futilitate, C.S. Lewis a déclaré : "La vérification expérimentale n'est pas un nouveau type d'assurance qui vient combler les lacunes de la simple logique. Il faut donc abandonner la distinction entre pensée scientifique et pensée non scientifique. La distinction appropriée est entre la pensée logique et la pensée non logique." (pp. 84-85)


Références

C.S. Lewis (1945) De Futilitate. The Seeing Eye pp. 77-87