Une nouvelle thèse de doctorat documente la discrimination à l'égard des créationnistes dans le milieu universitaire :
un regard sur l'histoire et les revendications des anti-créationnistes
le 17 juillet 2020 | Jerry Bergman PhD,
Creation-Evolution Headlines (traduction Fabrice Bect)
Introduction
Il y a près de 40 ans, en 1984, j'ai publié un article dans le Contrast Magazine intitulé The New Minorities to Hate (les nouvelles minorités à haïr). L'article portait spécifiquement sur les problèmes des spécialistes qui ont conclu que les preuves scientifiques réfutaient le darwinisme, défini comme la croyance que tous les êtres vivants avaient un seul ancêtre commun. À partir de cette première forme de vie, toutes les formes de vie ont évolué par mutations, créant ainsi une variété génétique qui a été élaguée par sélection naturelle, c'est-à-dire la "survie du plus apte".
Une étude récente a allégué à tort qu'"aucun chercheur n'a tenté de documenter expérimentalement l'existence de préjugés contre les chrétiens en science."[1] En fait, j'ai passé la majeure partie de ma carrière universitaire à documenter ce problème, mais mon travail, bien que bien connu parmi les chrétiens conservateurs, les partisans du dessein intelligent et les partisans créationnistes, est ghettoïsé; ainsi, en dehors de ce cercle, il est presque inconnu. Les dizaines d'articles et plusieurs livres documentant le problème que j'ai publiés sont les suivants :
Le Dr Bergman a publié 3 livres d'histoires vérifiables de carrières d’individus ruinées par les inquisiteurs darwinistes.
J'ai également six classeurs de documents à l'appui de mes conclusions originales, et j'ai pu publier plusieurs articles à l'appui de mes conclusions dans des magazines séculiers de premier plan.[2] Une décennie plus tard, le problème a été traité dans les médias et les préjugés des scientifiques sont sortis au grand jour. Un exemple, résumé par le Pew Research Forum, était le suivant :
Lorsque le président Barack Obama a annoncé le 8 juillet 2009 qu'il nommerait le généticien de renom Francis Collins comme nouveau directeur des National Institutes of Health, un certain nombre de scientifiques et d'experts se sont publiquement demandé si la foi religieuse fervente du candidat devrait le disqualifier pour la position. En particulier, certains craignaient qu'un chrétien évangélique franc qui croit aux miracles ne soit pas la bonne personne pour occuper ce que beaucoup considèrent comme la position la plus visible de la nation dans le domaine scientifique. Collins a été confirmé à l'unanimité par le Sénat américain le 7 août 2009, mais la controverse sur sa nomination reflète un débat plus large au sein de la communauté scientifique entre ceux qui croient que la religion et la science examinent chacune des domaines légitimes, mais différents de la connaissance et ceux qui considèrent la science comme la seule véritable façon de comprendre l'univers.[3]
Le contraste religieux entre les scientifiques et le public est énorme. Plus précisément, seulement 33% des scientifiques déclarent croire en Dieu, tandis que, en revanche, 95% des Américains croient en Dieu ou en une puissance supérieure similaire[4]. Les sondages des scientifiques révèlent que 41% des scientifiques sont des athées purs et durs: ils ne croient pas en Dieu ni en aucune puissance supérieure. En revanche, les sondages du public révèlent que seulement 4% des Américains acceptent la vision du monde athée[5]. Ces chiffres varient, selon la façon dont la question est formulée et l'humeur de la nation, mais le contraste entre les scientifiques et le grand public se tient depuis plus d'un siècle[6]. Le problème a maintenant été documenté par des universitaires enseignant dans une grande université, concluant que "les chrétiens sont l'un des groupes les plus sous-représentés en science, et une explication potentielle est que les scientifiques ont un préjugé contre les étudiants chrétiens, ce qui pourrait décourager et empêcher activement les étudiants chrétiens de devenir scientifiques."[7]
Une thèse objective sur l'anti-créationnisme
La thèse de doctorat de Tom Kaden en sociologie intitulée, Creationism and Anti-Creationism in the United States: A Sociology of Conflict, a été initialement écrite en allemand et traduite en anglais. Elle était assez objective et révélatrice. Pour sa thèse, Kaden a eu une interview avec un anti-créationniste américain de premier plan, le Dr Eugenie Scott. Dans la transcription de l'interview, elle décrit ce qui l'a amenée à la controverse. Lorsqu'un étudiant de son cours en labo a remis en question les preuves de l'évolution, sa réponse a été que les animaux répartis sur la table de dissection présentaient une anatomie comparée, qui prouvait l'évolution : « quelle pourrait être l'explication possible pour toutes les similitudes entre les poissons et les amphibiens et les mammifères en dehors de l'évolution… J'ai été en quelque sorte surprise qu'on puisse rejeter l'évolution »[8].
Les créationnistes utilisent les mêmes preuves pour argumenter en faveur d'une conception commune : c'est-à-dire qu'un organe qui remplit une fonction chez un animal est souvent utilisé de manière similaire chez d'autres animaux également. J'ai soigneusement réfuté l'argument de l'homologie ailleurs[9]. Les pattes des mammifères ont toutes une conception similaire pour la même raison que toutes les roues sont similaires, les moteurs électriques sont similaires et les moteurs à combustion sont similaires dans la conception de base - leur forme facilite leur fonction.
Deuxième étape : mettre le clergé libéral dans votre poche
Peu de temps après qu'Eugenie Scott ait rencontré un sceptique de Darwin, elle a été confrontée à d'autres vivant dans son état du Kentucky qui n'acceptaient pas non plus l'évolution. Sa réaction a été "c'est terrible"[10]. Peu de temps après, elle a été invitée par un rabbin et quelques ministres presbytériens et prêtres catholiques à faire une présentation à l'Alliance de Lexington des leaders religieux (LARL) sur ce qu'était réellement la science créationniste; pour elle, c'était un littéralisme biblique ignorant. Ils conclurent que si "le littéralisme biblique était enseigné du lundi au vendredi, ils [le clergé] devaient redresser les enfants le dimanche [enseigner l'évolution comme un fait]. »[11]
La principale source d'informations que Scott possédait sur la création était une longue série du bulletin d'Acts and Facts publiés par l'Institute for Creation Research (ICR). L'ICR lui a été présenté à l'origine par un professeur alors qu'elle était étudiante diplômée. En lisant les magazines, elle est devenue très préoccupée par le créationnisme et a conclu que ces idées étaient pires que loufoques (le mot qu'elle a employé); elles étaient ouvertement dangereuses. Sa raison était que rien en biologie n'a de sens sans évolution.
Troisième étape : organiser
Eugenie Scott a fondé l'organisation aujourd'hui connue sous le nom de National Center for Science Education (NCSE). L'organisation a d'abord été localisée dans son sous-sol, puis, alors que l'argent affluait d'autres personnes qui étaient également d'accord avec elle pour dire que le créationnisme était dangereux et devait être arrêté, elle a déménagé dans un grand bureau à Berkeley, en Californie[12]. Son objectif était, par tous les moyens nécessaires, y compris un décret judiciaire (c'est-à-dire par une action en justice), d'empêcher la propagation de ces idées au public - en particulier dans les écoles publiques.
Scott a également commencé à témoigner devant le tribunal en faveur de la révocation des enseignants créationnistes, ou à tout le moins de l'interdiction pour eux de critiquer l'évolution. Elle a reçu une énorme couverture de presse - pour la plus grande part très favorable - y compris des articles de soutien dans le New York Times. Cette publicité a rapporté d'énormes sommes d'argent de fondations et même d'entreprises[13]. Son objectif était de faire valoir que le créationnisme « n'était pas de la science, et pourquoi il était très mauvais sur le plan éducatif d'enseigner ce genre de chose. »[14]
Il y a une incohérence dans l'attaque de Scott. Prétendre que le créationnisme n'est « pas de la science » est une injure; c'est aussi une erreur de catégorie. En quoi ? Scott ferait appel à des professeurs pour réfuter tout ce que les créationnistes avaient à dire en invoquant des arguments scientifiques en opposition[15]. Mais si le créationnisme n'est pas de la science (comme elle la définit), le créationnisme ne peut être réfuté par la science. Seules les allégations fondées sur la science peuvent être réfutées par la science. S'il peut facilement être réfuté par la science, pourquoi est-il presque impossible d'engager un débat avec les évolutionnistes ? La vraie raison pour laquelle la plupart des évolutionnistes ne débattront pas avec des créationnistes est que les débats créationnistes passés ont été défavorables à de nombreux darwinistes. Scott elle-même a encouragé les évolutionnistes à ne pas débattre avec des créationnistes.
L'importance du National Center for Science Education
Ce contexte de la fondation du mal nommé National Center for Science Education (NCSE), aide à comprendre la diffusion mondiale de la propagande pro-évolution et anti-création qui a rapidement dominé les universités, y compris les universités chrétiennes. Comme l'explique Scott, le NCSE a dû déménager toutes les quelques années dans des installations plus grandes pour faire face à leur croissance, à l'expansion de leurs activités, et à leur influence croissante[16]. Leur quart de million de membres actifs et de partisans indique le niveau de leur influence en Occident. Sous l'influence du NCSE, les manuels ont été modifiés pour inclure beaucoup plus de dogmes évolutionnistes, et des allégations évolutives ont été mises dans chaque chapitre au lieu du dernier. Avant cela, beaucoup de professeurs n'ont jamais abordé le sujet, que ce soit exprès ou faute de planification[17]. Avec cette nouvelle stratégie, l'évolution était difficile à éviter.
Le résultat des activités du NCSE
Un résultat des initiatives du NCSE peut être vu dans les témoignages d'étudiants. Les étudiants en sciences d'université rapportant ce qu'ils percevaient comme "un préjugé contre les chrétiens en sciences et que les chrétiens évangéliques [qui acceptent le créationnisme] perçoivent un plus grand parti pris que les étudiants catholiques et non chrétiens"[18]. Le préjugé contre les chrétiens en sciences était souvent "limité aux chrétiens que les scientifiques appellent fondamentalistes et/ou évangéliques," ce qui signifie des étudiants qui prennent leur foi au sérieux et rejettent le darwinisme. En conséquence, un nombre croissant d'étudiants chrétiens postulant à des postes scientifiques se sont heurtés à l'hostilité de la part de professeurs qui estimaient qu'"une foi religieuse fervente devrait le disqualifier pour ce poste." Barnes écrit : "En particulier, certains craignaient qu'un chrétien évangélique franc qui croit aux miracles ne soit pas la bonne personne pour occuper [un] emploi en sciences."[19]
La discrimination contre les chrétiens dans le domaine scientifique s'est accrue. En 2018, 43 % des biologistes universitaires protestants religieusement conservateurs ont déclaré avoir été victimes de discrimination sur le lieu de travail en raison de leur religion[20]. Cela correspond à la conclusion que la plupart des biologistes détiennent des stéréotypes négatifs sur les chrétiens conservateurs, liés à leur frustration quand ils essaient de les convertir pour accepter l'évolution biologique comme un fait scientifique[21]. Les professeurs Barnes et Brownell écrivent que "l'évolution est un concept fondamental de la biologie, et pourtant de nombreux étudiants en biologie n'acceptent pas l'évolution en raison de leurs croyances religieuses." Cette caractérisation est inexacte. De nombreux étudiants rejettent l'évolution à cause des preuves accablantes contre elle, et non à cause de préjugés religieux[22]. Un problème que de nombreux professeurs ont est leur reconnaissance que la religion chrétienne et l'évolutionnisme sont incompatibles et, par conséquent, la plupart des instructeurs ne traitent pas directement du conflit entre la religion et l'évolution[23].
L'interview de Kaden avec Eugenie Scott soutient l'affirmation selon laquelle son mouvement anti-création a contribué à l'antagonisme actuel à l'égard du créationnisme dans le milieu universitaire. Cela aide à expliquer pourquoi les chrétiens, qui représentent près de 75% du public américain, représentent moins d'environ 30% des scientifiques universitaires s'identifiant ouvertement comme chrétiens. Beaucoup de ceux, en outre, enseignent dans des universités chrétiennes nominales[24], soutenant les témoignages documentés dans mes livres d'évangéliques se retrouvant devant des carrières universitaires séculières fermées à moins qu'ils ne gardent leur foi secrète. Par conséquent, les chrétiens sont aujourd'hui l'un des groupes les plus sous-représentés en sciences, en particulier dans les sciences biologiques et sociales. L'identité religieuse elle-même est moins stigmatisée dans les sciences dures, comme la physique et la chimie[25].
Conclusions
Les sondages Gallup ont toujours montré qu'environ 40% des adultes américains sont des créationnistes Jeune-Terre et 40% sont des créationnistes Vieille-Terre ou des évolutionnistes théistes. Les autres sont des athées ou des personnes sans appartenance religieuse (c'est-à-dire "les aucunes", qui sont maintenant le groupe "religieux" qui connaît la croissance la plus rapide en Amérique)[26]. En particulier, la religiosité passée à la maison en tant qu'enfant était le prédicteur le plus important de la religiosité parmi le groupe de scientifiques étudié.
Un facteur important dans le déclin de la religion en Amérique a été le travail d'Eugenie Scott et du NCSE, qui reste la principale organisation anti-création et anti-dessein intelligent dans le monde.
Le Dr Jerry Bergman a enseigné la biologie, la génétique, la chimie, la biochimie, l'anthropologie, la géologie, et la microbiologie pendant plus de 40 ans dans plusieurs collèges et universités, dont Bowling Green State University, Medical College of Ohio, où il était associé de recherche en pathologie expérimentale, et l'Université de Toledo. Il est diplômé du Medical College of Ohio, de la Wayne State University à Detroit, de l'Université de Toledo, et de la Bowling Green State University. Il a plus de 1 300 publications en 12 langues et 40 livres et monographies à son actif. Ses livres et manuels comprenant des chapitres dont il est l'auteur se trouvent dans plus de 1 500 bibliothèques universitaires dans 27 pays. Jusqu'à présent, plus de 80 000 exemplaires des 40 livres et monographies dont il est l'auteur ou le co-auteur sont en version imprimée. Pour plus d'articles du Dr Bergman, consultez son profil d'auteur.
[1] - Barnes, M. Elizabeth; Jasmine M. Truong, Daniel Z. Grunspan, et Sara E. Brownell, Are scientists biased against Christians? Exploring real and perceived bias against Christians in academic biology, PLoS ONE, 15(1): e0226826, 29 janvier 2020, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0226826.
[2] - Bergman, Jerry, "Religious Beliefs of Scientists: A Survey of the Research," Free Inquiry, 16(3):41-46, été 1996.
[3] - Scientists and Belief, 5 novembre, 2009, .
[4] - Scientists and Belief, 2009.
[5] - Tobin, Gary A. et Aryeh K. Weinberg, Profiles of the American university: Religious beliefs & behavior of college faculty. San Francisco, CA: Institute for Jewish & Community Research.
[6] - Bergman, 1996.
[7] - Barnes, et al. 2020.
[8] - Kaden, Tom, Creationism and Anti-Creationism in the United States: A Sociology of Conflict. Cham, Switzerland: Springer International Publishing, 2020.
Bergman’s historical examination undermines the NCSE’s claim that evolution is good science.
[9] - Bergman, Jerry, "Does Homology Provide Evidence of Evolutionary Naturalism?", T.J. (Technical Journal), 15(1):26-33, 2001.
[10] - Kaden, 2020, p. 172.
[11] - Kaden, 2020, p. 173.
[12] - Kaden, 2020, p. 173.
[13] - Kaden, 2020, p. 179.
[14] - Kaden, 2020, pp. 176-177.
[15] - Kaden, 2020, p. 177.
[16] - Kaden, 2020, pp. 177-178.
[17] - Kaden, 2020, p. 188.
[18] - Barnes, et al., 2020.
[19] - Barnes, et al., 2020.
[20] - Scheitle, C.P. et E.H. Ecklund, Perceptions of Religious Discrimination Among U.S. Scientists, Journal of the Scientific Study of Religion, 57(1):139–55, 2018.
[21] - Barnes, M.E. et S.E. Brownell, Practices and Perspectives of College Instructors on Addressing Religious Beliefs When Teaching Evolution, CBE-Life Sciences Education, 15(2):1–19, Summer 2016.
[22] - Bergman, Jerry, Science is the Doorway to Creation: Nobel Laureates and Other Eminent Scientists Who Reject Orthodox Darwinism, Southworth, WA: Leafcutter Press, 2019; Darwinism is the Doorway to Atheism: Why Creationists Become Evolutionists, Southworth, WA: Leafcutter Press, 2019.
[23] - Barnes et Brownell, 2016.
[24] - Ecklund, E.H. et C.P. Scheitle, Religion among Academic Scientists: Distinctions, Disciplines, and Demographics, Social Problems, 54(2):289–307, 1er mai 2007.
[25] - Scheitle et Ecklund, 2018.
[26] - Brenan, Megan,"40% of Americans Believe in Creationism", Gallup News, 26 juillet 2019, .