Paul Gosselin 2009
Depuis 1992, le ministère de l'Éducation du Québec, poursuit un programme de réforme du système de l'éducation. À bien des avis, tous ces efforts aboutissent à un échec pédagogique monumental. Mais nos élites éducationnelles ne se contentent pas de bouleverser les méthodes d'enseignement, mais, afin de faire de l'école québécoise une institution reflétant fidèlement leur système de croyances postmoderne, et avec la complicité des médias[1] et des partis politiques traditionnels (le Parti Libéral et le Parti Québécois), ils ont imposé la nouvelle religion d'État québécoise sur l'ensemble du système scolaire, par le biais d'un cours OBLIGATOIRE proposant le catéchisme postmoderne, c'est-à-dire Éthique et culture religieuse.
Pour mettre en contexte, il faut noter que jusqu'à récemment, le système d'éducation du Québec tolérait sans problème (et sans danger de s'effondrer) le choix et la différence sur la question de la religion. Dans le réseau public, les parents avaient l'option d'inscrire leurs enfants aux cours de religion catholique, protestante ou de morale[2]. Et dans le réseau privé, si on envoyait ses enfants dans une école privée juive, tous savaient que ces enfants ne seraient pas exposés à la théologie protestante et, d'autre part, si on envoyait ses enfants dans une école privée musulmane, tous savaient que ces enfants ne seraient pas exposés à la théologie catholique. Le système a donc supporté sans broncher des cours de religion évangélique, judaïque, musulmane, amérindienne et qui sait quoi d'autre. Il faut prendre conscience qu'on avait déjà un système très tolérant et ouvert. Et quel est le résultat? Au Québec on a une société où les gens se côtoient sans frictions majeures, sans émeutes ou attentats-suicides. En tout cas, la société québécoise se compare déjà bien à plusieurs autres pays sur le plan du vivre-ensemble. Et tout à coup des fonctionnaires du MELS affirment qu'il faut faire table rase et qu'il faut un seul cours de religion sur l'ensemble du système scolaire afin sauver la société québécoise d'elle-même. La pensée unique pour tous! Depuis septembre 2008, c'est la réalité à laquelle tous les parents québécois ayant des enfants dans le système scolaire sont confrontés. Le programme d'ECR est imposé aussi bien dans le système scolaire public aux niveaux primaire et secondaire, mais également dans l'ensemble du système privé. Au Québec, désormais il n'y a plus de porte de sortie.
Hypocrisie invétérée de nos élites postmodernes.
Au Québec, nos élites postmodernes semblent à ce point sûres de leur pouvoir sur l'État et la société québécoise qu'elles ne se gênent pas de faire des aveux contradictoires et même dommageables pour leur cause, c'est-à-dire l'imposition du programme d'Éthique et culture religieuse, pour en faire un cours obligatoire sur tout le système scolaire du Québec et acceptant aucune dérogation pour les parents qui n'en veulent pas.
À titre d'exemple, Denis Watters, autrefois responsable du cours d'ECR au Ministère de l'Éducation, a déclaré publiquement, le 24 avril 2008, sur les ondes de Radio-Canada, à l'émission “ Maisonneuve à l'écoute”, que le programme d'ECR n'est pas neutre :
Question (journaliste Maisonneuve) :
Mais ce qu'on semble nous dire, du côté de mes deux intervenants précédents, c'est que ce n'est pas neutre comme cours.
Réponse (Denis Watters) :
C'est-à-dire, ce n'est pas un programme neutre, et je le dis haut et fort : ce n'est pas un programme neutre, en ce sens que c'est un programme qui poursuit la reconnaissance de l'autre et la poursuite du bien commun. Alors, ce sont nos deux grandes balises qui font en sorte que l'enseignant ne pourra pas traiter les choses de n'importe quelle façon. Il ne pourra pas non plus permettre que des actions, que des propos provenant des élèves, qui sont inacceptables, puissent avoir cours.
Il faut le dire haut et fort, la neutralité du cours ECR n’est rien d’autre qu’un mensonge marketing. Mais c’est un mensonge nécessaire afin d'assurer l'imposition sans bavures d'ECR sur la société québécoise. Il faut donc éviter que les masses réfléchissent trop à ce qu’on leur fait subir. Le lavage de cerveau doit se faire dans la confiance... Cette dernière phrase (ci-dessus) est intéressante, car s'il y a de la part d'élèves des propos ou gestes jugés inacceptables sur quelle base jugera-t-on de ce qui est acceptable ou inacceptable? À quel texte sacré se référera-t-on pour établir ce jugement si progressiste? On voit bien dans la citation qui précède que les auteurs d'ECR, reconnaissent ouvertement la non-neutralité religieuse de ce programme, mais lorsqu'ils sont dans un contexte où de telles affirmations peuvent avoir des conséquences juridiques ou politiques, ils changent rapidement de refrain et nient, nient, nient qu'ECR soit une religion[3]. Par exemple, lors du procès des demandes d'exemption à Drummondville, le témoin expert de l'État québécois, m. Georges Leroux niait tout haut et fort (2009):
D'abord, nous devons constater, contrairement à ce que soutiennent les requérants, que le programme [ECR] est neutre eu égard aux convictions religieuses et aux positions morales : il ne présente aucune doctrine et ne favorise aucun positionnement moral particulier.
Mais évidemment, si on laisse le temps de réagir à nos élites, on peut leur faire confiance qu'ils sauront trouver les mots pour rendre obscur ce qui est claire pour tous... Suite à ma présentation aux audiences de la Commission Bouchard/Taylor, le commissaire Gérard Bouchard m'a adressé le commentaire suivant (30 octobre 2007):
Une chose m'étonne dans votre [conviction] c'est que vous ne vous montriez pas plus sensible à l'argument de la diversité. Les jeunes enfants, aujourd'hui, avant même qu'ils entrent à la maternelle, ils sont tout de suite confrontés à la diversité religieuse et vous vous voudriez qu'ils attendent qu'ils aient l'âge de 18 ans avant qu'on leur enseigne exactement ce que c'est ces religions-là, ce que ça veut dire. Comme le disait Charles [Taylor] à l'instant, de former, d'assimiler tous les préjugés de la culture véhicule. Donc là ce n'est pas un travail d'éducation qu'il faudra faire, mais c'est un travail de déconstruction, de déformation. Une fois que les préjugés sont en place, vous savez comme moi que... vous êtes un anthropologue, hein, vous travaillez dans l'imaginaire, sans aucun doute. C'est difficile de déraciner un préjugé. Ça m'étonne que vous ne soyez pas plus sensible à ça, car c'est le terrain où naissent les tensions, les conflits, les irrationalités, les extrémismes. Ce cours-là est un moyen d'éviter ça....
On voit bien que pour nos élites, le droit des parents de choisir la formation religieuse des enfants qu'ils élèvent est sans intérêt. Quel arrogance chez les élites postmodernes ! Ils trouvent naturel d’usurper l'autorité des parents pour déterminer quel sera l'éducation idéologico-religieuse de leurs propres enfants, tout en laissant aux parents la responsabilité de torcher les fesses, payer les factures, faire les repas et ramasser le vomi... Et évidemment ce sont avant tout les parents qui vont ramasser les pots cassés d’expériences telles qu’ECR tandis que nos enfants servent de cobayes pour les expériences de tripotage idéologique et sociale de nos élites. Pourquoi ces élites arrogantes ne ferait-ils pas ces expériences sur LEURS propres enfants et le peuple pourrait examiner ensuite le résultat??
Le but des concepteurs d'ECR n'est pas de fournir de l'information sur les religions après que les enfants aient le temps de former et d'affermir leurs croyances dans le contexte du foyer familial, mais plutôt de mettre la main sur les enfants avant que cela puisse survenir et de les endoctriner et modeler leur vision du monde afin qu'il soit à l'image des grands penseurs universitaires postmodernes si progressistes et si éclairés! À quel moment les Québécois ont-ils mandaté le gouvernement d'établir une religion d'État? Si on examine le comportement et le discours des élites postmodernes québécois, il est manifeste qu'ils se foutent pas mal de deux choses :
Comme on le voit dans les commentaires de Gérard Bouchard ci-dessus, l'avis ou les droits des parents comptent pour rien dans l'équation sociale de nos élites. Les commentaires de Bouchard sont un indice clair du mépris absolu des élites postmodernes pour les droits du peuple. Dans son livre Les enfants du Goulag Sergui Grossu décrit les persécutions des parents chrétiens sous le régime soviétique. Persécutions qui impliquaient des violations patentes des droits des parents: (1979: 40)
Face au déchainement de l'athéisme totalitaire se dresse, inébranlable, la résistance exemplaire des parents «ayant des convictions fermes». Dans toutes leurs interventions, dans toutes leurs suppliques adressées aux dirigeants soviétiques, ils affirment énergiquement le droit prioritaire des parents, tel qu’il est proclamé par l’article 26 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de l’ONU du 10 décembre 1948: «Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants».
Ne faut-il pas considérer que les politiciens et fonctionnaires qui ont fait d'ECR un cours obligatoire serait passibles d'accusations criminelles pour violations des droits des parents québécois? Dans les manuels scolaires d'ECR on rencontre d'autres manifestations du caractère hypocrite du cours.
En secondaire 1, une section du manuel de l'élève (ECR: vivre ensemble 1 par Jacques Tessier ERPI) discute des héros dans le cinéma et les bandes dessinées, avec leurs pouvoirs surnaturels. Quel est le but d'une telle discussion dans un cours de culture des religions? Aucun lien avec la religion à prime abord... Il faut prendre conscience que cela sert le but de rééduquer ou préparer les jeunes esprits, par la suggestion et sans la confrontation directe avec le parent ou les communautés religieuses. On sème des petites graines de doute qui sauront germer bien des années plus tard. Cette attitude de non-confrontation est cohérente avec l'approche de type phénoménologique. Mais le but sera éventuellement atteint : mener l'élève ou la personne que l'on veut déprogrammer ou rééduquer, à la déduction qu'ils feront éventuellement eux-mêmes; ici, face aux héros mythiques des films et BD, déduire que plusieurs autres récits peuvent donc être mythiques, c'est-à-dire faux. Certains seront peut-être attirés par une religion (ex. le bouddhisme), mais ils pourront s'en désintéresser plus tard dans le processus de déconstruction (ex. lors de l'étude de la psychologie pour démontrer l'influence des groupes ou des attentes sur les comportements et perceptions subjectives). Un enfant issu d'une famille musulmane pourra douter de la véracité des faits entourant l'enfance, l'appel et les révélations de Mahomet, et de même un enfant juif pourra douter de la véracité de la Torah ou de la loi de Moise. L'enfant de milieu chrétien pourra faire le lien entre les héros et la naissance miraculeuse et les miracles de Jésus, sa grande sagesse de préadolescent ou sa divinité et résurrection. La suggestion subtile mais présente : Jésus n'est-il rien d'autre qu'un héros mythique, idéalisé? La réponse espérée par le programme ECR est oui. S'il y a délibérations en classe et que l'on parvient à cette conclusion, évidemment ce n'est pas le cours qui le dit, ni le professeur, mais le groupe est parvenu à cette conclusion de la majorité. L'illusion de la neutralité d'ECR et du MELS reste intacte.
Le recrutement du bas-clergé postmoderne
La question du caractère religieux et non neutre du cours a déjà été abordée abondamment. Pour ma part, j'ai examiné la question entre autres dans un rapport technique Se dégager du relativisme: une réponse au clergé du MELS (2009) et pour ce qui est du postmodernisme de manière générale dans Fuite de l'Absolu, volume 1. Lors de l'étude de systèmes de croyances en anthropologie des religions, il est désormais indifférent si une religion ou système de croyances réfère à des divinités ou au surnaturel. Ce qui importe est qu'un système de croyances donne sens aux divers aspects de l'existence humaine. Le cadre dans lequel cela se fait est secondaire. Le bouddhisme theraväda[4] par exemple, est une religion reconnue qui n'implique pas la croyance à des divinités personnalisées. Si une bonne part de la population québécoise voit facilement la logique d'un tel raisonnement lorsqu'il est question du programme d'ECR, nos élites n'ont évidemment guère le choix de refuser de telles réflexions, car leur illusion collective d'avoir dépassé le stade de la religion pourrait subir quelques chocs. Il leur est donc très utile de se replier sur des définitions dépassées de la religion, comme on le voit dans un rapport soumis par Aubert et Ouellet à la Commission parlementaire de lÉducation de lAssemblée nationale du Québec (1999: 10):
Les religions sont des systèmes de croyances en des êtres surhumains (personnels, forces surnaturelles, ordre cosmique, ou encore un ailleurs, une dimension profonde insondable);
Se cramponner sur de telles définitions désuètes de la religion est une stratégie est fort efficace chez nos élites, car cela évite bien des remises en question qui pourraient survenir si la population se rendait compte qu'ECR, comme toute religion, véhicule également des croyances.
Notons rapidement que sur le plan technique, on peut affirmer que la religion proposée dans le cadre d'ECR est une religion polythéiste postmoderne. Par définition, une religion polythéiste admet la vénération de plusieurs dieux, mais n'exige pas la vénération d'une divinité particulière. Dès que l'on a admis l'existence et l'équivalence des dieux, cela suffit. Il en est de même dans le cours d'ECR. Si cela ne convainc pas, cherchez dans les manuels scolaires d'ECR publiés par le MELS pour des déclarations sans ambiguïté que de l'avis des auteurs du cours, la divinité X ou Y est un faux dieu[5]. Il faut bien s'entendre. Un athée peut également trouver son compte avec le cours d'ECR. On n'exigera jamais de lui de participer au culte de d'Allah, Shiva, du Carcajou amérindien ou la vierge Marie. Tout ce qu'on demandera de lui est qu'il admet un présupposé critique, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de système de croyances vrai au sens absolu (et que par conséquent, les autres religions soient fausses). L'athée qui admet cette croyance postmoderne pourra très bien s'adapter à ECR. Là encore, c'est un indice de plus de la non-neutralité du programme ECR.
Manifestement, si ECR est implanté, il est certain que le paradis descendra sur Terre. La preuve? Et bien sur la couverture de manuels scolaires utilisés dans les écoles, on y voit les enfants souriants, la solidarité entre les peuples, la fin du racisme, la concorde entre les sexes... Comment demander mieux? Quelle littérature sectaire arrive à la cheville de ce genre de marketing? Et si on exigeait des preuves de leur capacité de livrer la marchandise? Beunon, faut faire confiance tout de même! Chose certaine, il faut être reconnaissant aux auteurs du programme ECR de nous avoir sauvé de notre ignorance et révélé le concept du vivre-ensemble. C'est étonnant que, dans toute l'histoire humaine, personne n'y avait jamais pensé auparavant !
Récemment un article paru sur le site Métro Montréal (De la commission Bouchard-Taylor à l'université, Natalie Villeneuve 2009), faisait état du fait que plusieurs universités se font désormais concurrence pour former le personnel qu'exige la promotion du programme d'Éthique et culture religieuse. On nous apprend que tandis que l'université de Sherbrooke propose une nouvelle maîtrise en médiation interculturelle, à l'université de Montréal il s'agit plutôt d'un baccalauréat en enseignement de l'éthique et de la culture religieuse au secondaire et une mineure en études islamiques. Du côté de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), on offre un certificat en immigration et relations interethniques. Au département de sociologie de l'UQAM, on se vante d'être à l'avant-garde, car leur programme existe depuis quinze ans. Victor Armony, directeur du programme, note “On a été des pionniers. C'était le premier programme au Québec qui tenait compte de l'enjeu de l'interculturalisme”.
Mais ce genre de développement est tout à fait normal. Si au Québec on nous impose une nouvelle religion d'État, il est tout à fait dans l'ordre des choses de recruter un nouveau clergé et des propagandistes zélés pour en faire la promotion et s'assurer que les masses ignares restent dans la bonne voie. Cela va de soi, n'est-ce pas?
En anthropologie des religions, on rencontre toutes sortes de situations touchant le leadership religieux. Dans certaines religions il y a un système de leadership très hiérarchique et structuré, comme c'est le cas de l'Église catholique, avec le pape en haut de la pyramide, suivi du Collège des cardinaux, les évêques, le bas clergé, et finalement, le croyant ordinaire. Et, au milieu de ce système, on rencontre une multitude de communautés religieuses diverses dont les intérêts concordent ou parfois sont en conflit. Dans d'autres religions, le leadership est plutôt anarchique et l'on y rencontre des prophètes, mystiques, chamans ou gurus qui peuvent survenir d'un peu partout. Dans de tels cas, le pouvoir est très peu centralisé, il n'y a donc pas de structure hiérarchique religieuse facile à reconnaître.
Si on considère ECR comme une expression de la religion postmoderne, alors il est dans l'ordre des choses que cette religion se dote d'un clergé ayant la tâche à la fois de diffuser ce système de croyances et aussi de veiller contre l'hérésie. Au Québec nous sommes donc confrontés avec la montée d'un nouveau clergé postmoderne bien que l'on constate que ce nouveau clergé, n'est pas regroupé en communautés religieuses facilement identifiables[6]. Il a donc tendance à prendre appui surtout dans le modèle du leadership religieux antihiérarchique. Son leadership religieux n'est donc pas centralisé et tient son prestige et son pouvoir grâce aux liens tissés avec des institutions sociales importantes telles que les universités et le Ministère de l'Éducation, des Loisirs et du Sport[7].
Évidemment, le recrutement d'un clergé postmoderne est une chose mûrie de longue date, car le no. 29 de la revue Religiologiques[8] aborde le thème La pertinence sociale de l'étude critique de la religion. Suite au traumatisme du 11 septembre 2001, l'éditeur de ce numéro, Louis Rousseau, tire une conclusion : Il nous faut des sauveurs, de nouveaux chefs religieux pour donner sens à notre existence collective. Il nous faut des sages pour nous tirer de ce chaos. Rousseau nous assure avec confiance que (2004 : 11) :
le temps est venu de développer des services experts qui pourraient constituer, dans cette cité pluraliste, l'analogue d'une fonction pastorale destinée cette fois à répondre aux besoins d'intercommunication, dans la sphère religieuse, entre les citoyens d'appartenance religieuse diverse. La proposition de développer une sorte de religiologie appliquée œuvrant au sein d'un triangle mettant en rapport les experts du religieux, les agents de la vie citoyenne et les diverses communautés religieuses, mérite considération immédiate de la part des responsables universitaires.
Au Québec, les universités, toujours à la recherche (de sous), peuvent très difficilement négliger la moindre récolte de manne étatique. Si les bourses de l'État dégagent des sous pour financer ces nouveaux programmes, inévitablement les universités feront la file pour se renflouer et former le nouveau clergé postmoderne. Et pour celui qui a des yeux pour lire, il est manifeste qu'ils comprennent très bien le rôle religieux que ce nouveau clergé jouera. Mais évidemment on n'avouera jamais former un clergé, car cela pourrait poser un problème de marketing. Des châteaux de cartes pourraient s'effondrer. Mais c'est sans importance, car ce qui est déjà dit est suffisamment clair. Par exemple, un autre article par Patrice Brodeur du même no. nous affirme qu'il faut désormais une étude critique appliquée de la religion. Bon, pour un universitaire en sciences sociales, c'est une manière subliminale de parler de religion. Évidemment, le gradué universitaire québécois typique que l'on rencontre chez nos élites est issu de la tradition des Lumières et, comme le musulman dévot qui doit prier cinq fois par jour en direction de la Mecque, le disciple des Lumières a le devoir d'entretenir l'illusion de vivre sans religion ou d'avoir dépassé la religion[9]. À chacun ses béquilles...
Les Québécois doivent prendre conscience d'un fait nouveau. On nous prépare donc (avec l'aide du gouvernement ainsi que la complicité des médias) une nouvelle Grande Noirceur, mais une noirceur marketing et surtout une noirceur tout à fait HYPOCRITE, qui n'avoue jamais ouvertement son caractère fondamentalement religieux. Le "buffet" postmoderne proposé par ECR n'exclut quand même pas la liberté de choisir. Mais il est clairement contre le prosélytisme et surtout l'exclusivité dont se réclament certaines religions ou même l'athéisme trop radical. Il n'y a donc aucune neutralité dans ECR sur une telle question. On chercherait longtemps dans les manuels pour une indication claire sur où l'élève peut trouver la vérité...
Le Sacré Collège des cardinaux postmodernes
Malgré le caractère diffus et antihiérarchique du nouveau clergé postmoderne québécois, au niveau du haut clergé, il est possible de discerner quelques sages illuminés, quelques gourous, quelques oracles. Contrairement à la situation des cardinaux dans l'Église catholique, ces grands sages n'ont pas de statut permanent. Évidemment, la liste que nous fournissons ci-dessus ne pourra se targuer d'être exhaustive. Si nous examinons le dossier ECR, le MELS a fait appel aux services des apôtres postmodernes suivants pour l'élaboration de ce programme :
Georges Leroux Leroux est professeur émérite au département de philosophie de l'université du Québec à Montréal où il a enseigné la philosophie grecque et l'éthique de 1969 à 2006. Il a rédigé des ouvrages sur plusieurs sujets d'éthique et de philosophie de la religion et il est membre de la Société royale du Canada et vice-président de l'Académie des lettres du Québec. Pour ce qui est du programme ECR, Leroux a fait partie du comité d'experts réuni par le MELS, afin de finaliser le texte de ce programme et a publié un livre (Leroux,2007) où il a présenté des arguments pour soutenir son implantation au Québec. |
|
Fernand Ouellet Professeur de la faculté de théologie de l'Université de Sherbrooke[10] et spécialiste des religions des Indes, F. Ouellet est considéré par plusieurs comme le père du cours d'ECR[11] et a été le coordonnateur des travaux du comité : Groupe de travail sur la place de la religion à l'école[12]. Étude n o 1 Gouvernement du Québec MEQ 1999. |
|
Denis Watters M. Watters a été coordonnateur des équipes de rédaction du programme Éthique et culture religieuse au Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (2005 à 2007). Il a été responsable de la mise en œuvre de ce programme ainsi que porte-parole du Ministère auprès des médias et lors d'une tournée nationale d'information au Québec (2007-2008). Il est également l'auteur du Petit Guide ECR-101. En 2008, il a été le porte-parole de Mme Courchesne[13] (la ministre de l'Éducation) et a donné au moins une trentaine d'entrevues pour le MELS. |
|
Jean-Pierre Proulx Journaliste au quotidien Le Devoir de 1968 à 1974 et de 1980 à 1991, spécialisé dans les questions religieuses et d'éducation[14], m. Proulx est l'auteur du rapport “ Laïcité et religions: perspective nouvelle pour l'école québécoise ” et il a été président du Groupe ministériel de travail sur la place de la religion à l'école de 1997 à 1999. Dans les années soixante-dix, il a rédigé une thèse de doctorat portant sur les rapports entre l'Église et les médias. |
|
Michel Trudeau Enseignant à la retraite, responsable et corédacteur d'une première proposition de programme d'enseignement religieux de type culturel (1977). M. Trudeau a été membre du Comité sur l'éducation au phénomène religieux (1998-1999). Ce comité d'experts a recommandé son cours de type culturel, dans son rapport d'une étude commandée par le Groupe de travail sur la place de la religion à l'école. Le Comité sur l'éducation au phénomème religieux a présenté ce cours, comme le modèle type d'enseignement culturel des religions à retenir et à développer pour le système québécois. |
|
Jacques Racine Professeur retraité à la faculté de théologie de l'université Laval. M. Racine[15] est membre de l'Institut d'éthique appliquée de l'Université Laval, de l'Association des praticiens en éthique du Canada et dela Société canadienne de théologie. Au gouvernement du Québec, il a présidé au Comité sur les affaires religieuses. |
|
Jocelyn Maclure Ce dernier doit possiblement être classé chez les jeunes loups montants. Maclure est membre du comité des experts consulté par l'équipe de rédaction du programme d'éthique et de culture religieuse au primaire et au secondaire, Ministère de l'Éducation du Québec. Il est aussi professeur de la faculté de philosophie de l'université Laval[16] et s'est vu décerné un D. Phil. à l'Université de Southampton (R-U) en 2003 (titre de la thèse: “Disenchantment and Democracy: Public Reason under Conditions of Pluralism[17]”). Il est également membre fondateur de la revue de débats publics Les Cahiers du 27 juin. Il a oeuvré comme analyste-expert et rédacteur pour la Commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d'accommodement de la diversité culturelle et religieuse. |
Récemment une autre conventicule de la secte postmoderne s'est regroupé sous le titre "Pour un Québec pluraliste". Évidemment ils sont supporté par les fonds de l'État, via l'Université de Montréal et le Centre de recherche en éthique de l'Université de Montréal. Ils sont trop fières pour passer le chapeau... Ils ont leur crédo et ils ont même publié la liste des dirigeants de leur secte.
Sur le Blogue du Réseau pour lavancement de léducation au Québec, dans une note de Jean-Pierre Proulx (citant Georges Leroux), on rencontre quelques commentaires sans ambiguïté sur l'envergure des projets de nos cardinaux postmodernes :
Le premier défi est sans nul doute la formation initiale et surtout continue des enseignants en exercice. Il sagit en effet de former sur une période de trois ans à compter de maintenant tous les enseignants du primaire (ils sont près de 30 000) et les spécialistes du secondaire. Cest un défi que doivent relever, en salliant les uns aux autres, les départements ou facultés de philosophie, de sciences des religions et de théologie, et déducation. Cela même est un défi.
Le second défi est celui du relai institutionnel de la formation en matière de religion. Conçue et contrôlée jusquici par les Églises, celle-ci passe cette fois totalement sous la responsabilité de lÉtat. La situation, totalement inédite, des stratégies nouvelles dimplantation dans les établissements qui, à leur tour, jouissent dune certaine autonomie dans le cadre de leur projet éducatif.
Quelques observations
Au Québec les médias nous rappellent presque quotidiennement que lorsqu'il est question de religion, nos élites sont encore en réaction[18] au passé religieux pas si lointain du Québec, c'est-à-dire une époque où dominait encore le discours catholique. Et dans les faits, aujourd'hui sur la place publique l'héritage judéo-chrétien en Occident est rejeté par cette génération. Eh oui, nous sommes modernes, progressistes, évolués, etc... Chose étrange, bien que le discours de nos élites (ainsi que les auteurs du cours d'Éthique et de culture religieuse) soit truffé de termes tels que tolérance et ouverture, si on en juge par leurs comportements et attitudes il y a lieu de penser que dans leur intimité, qu'ils se sentiraient tout à fait à l'aise avec les affirmations de l'auteur suivant:
"Le coup le plus dur qui ait frappé l'humanité, c'est l'avènement du christianisme. (...) Par le christianisme, le mensonge conscient en matière de religion a été introduit dans le monde. (...) Dans le monde antique, les relations entre l'homme et les dieux étaient fondées sur un respect instinctif. C'était un monde éclairé par la notion de tolérance. Le christianisme, le premier dans le monde, a exterminé ses adversaires au nom de l'amour. Sa marque est l'intolérance." (1952 : 7-8)
"Il est vraisemblable, en ce qui concerne la religion, que nous allons entrer dans une ère de tolérance. Il sera admis que chacun peut faire son salut à sa convenance personnelle. Le monde antique a connu ce climat de tolérance. Personne ne s'y adonnait au prosélytisme." (1952: 331)
Mais il est possible que nos élites seraient un peu étonnées d'apprendre que l'auteur des lignes qui précèdent n'est nul autre que Adolphe Hitler! Et tout comme les nazis, nos élites postmodernes suintent une rhétorique de tolérance et d'ouverture, mais leur comportement correspond objectivement à celle des nazis qui n'hésitèrent pas à biffer d'un coup de crayon des droits de leurs concitoyens. Depuis quelques années au Québec, sur le plan des droits des citoyens, on a été témoin des agressions suivantes:
Bon, si on avait voulu agir de manière tout à fait délibérée pour marcher sur les pieds de tout le monde, il aurait été difficile de faire mieux. Il faut constater que, dans ce dossier, le MELS a réussi à abuser des droits de toutes les autres parties impliquées. Il semble bien que c'est cela, la tolérance postmoderne en action. C'est ainsi que nos élites pratiquent le dialogue comme ils disent. Mais le rapprochement postmoderne-nazi est-ce arbitraire, sans fondement? Jugez-en vous-mêmes. Tout comme c'est le cas d'ECR, qui est largement appuyé par les élites du Québec, le nazisme avait également un appui très large chez les intellectuels et les universitaires allemands des années 30. À ce sujet, le biologiste français, P.-P. Grassé remarque (1980: 44):
Après le triomphe du national-socialisme, la science allemande apporta massivement sa caution inconditionnelle au Führer. Anthropologistes, généticiens, économistes, légistes, avec zèle, se mirent au service de leur nouveau maître. [il ajoute, en note en bas de page [2] – PG]: L'appui des intellectuels allemands à leur Führer fut massif. Lors du référendum de 1933, les déclarations de professeurs appartenant à des universités (non à toutes) furent réunies en un volume. Parmi les auteurs de ces textes, on relève le nom du célèbre philosophe Martin Heidegger, ce qui est à la fois surprenant étant donné l'idéalisme qui imprègne son œuvre et révélateur de l'état d'esprit qui donna la victoire à Hitler.
Et chez nos grandes élites francophones postmodernes, le philosophe nazi Martin Heidegger ne manque toujours pas d'admirateurs. Bon si la pensée de Heidegger leur plaît, sa personne pose un problème, disons marketing. La situation est délicate et il faut beaucoup de doigtée pour louanger un nazi par les temps qui courent. Voyons comment s'y prend un des gurous majeurs d'ECR, George Leroux. Dans un article intitulé « Etre et faute » paru dans le Devoir, Leroux observe (2006)
La force de lapologie du Führer condamne sans appel lengagement de Heidegger, mais disqualifie-t-elle toute sa pensée? Il faut reconnaître au travail de Faye davoir mis en lumière, mieux que tous ses prédécesseurs, le caractère pernicieux et délirant de cet engagement hitlérien. Personne ne pourra considérer Heidegger après avoir lu ce livre sans évoquer sa faute. Mais cela interdira-t-il de lire son oeuvre sur lhorizon historial où elle se projetait, des présocratiques à Nietzsche? La question nest pas tranchée, malgré les efforts de Faye qui ne voit désormais dans toute loeuvre quun mécanisme de propagation du nazisme. On peut être dun autre avis. Heidegger a pris le risque de rapprocher la vérité de la patrie, cest une faute impardonnable, comme la totalité de ses engagements. Mais cela ne fait pas de sa pensée elle-même une faute en sa totalité.
Les élites en Occident ont tout de même appris une leçon très importante de l'expérience nazie. Bien que les nazis (et les bolchéviks) savaient exploiter à fond la propagande et les médias de masse, ils ont tout de même négligé le pouvoir du marketing. Si nos élites postmodernes, tout comme les nazis, n'hésitent pas de piétiner les droits des masses[21], on ne peut par contre les accuser de brutalité physique. Ils sont trop subtils pour ça.
Mais un lien entre nos élites postmodernes québécoises et le nazisme est-il gratuit, mal fondé? Il faut effectivement faire la part des choses. Il est clair que nos élites rejettent de manière catégorique le racisme, la violence et le génocide. Ils ne sont donc pas des nazis, ni les partisans du nazisme. Au cours du 20e siècle, certaines leçons ont tout de même été apprises en Occident. Mais ces observations ne vident pas la question. D'autres questions se posent encore. Ce rejet du nazisme de la part de nos élites postmodernes, est-ce cohérent? Évidemment, la question d'un rapprochement nazi - postmoderne est d'autant plus intéressante qu'elle peut blesser l'amour-propre[22] de nos élites actuelles. Bon, mais si le clergé postmoderne québécois prêche sans cesse les bienfaits de la tolérance et que la population du Québec doit apprendre à faire preuve d'ouverture, pourquoi nos élites postmodernes ne font-ils pas également preuve d'ouverture et de tolérance à l'égard du nazisme? N'est-ce pas justement dans la logique de ce discours? On peut concevoir évidemment que, pour nos élites, agir de la sorte à l'égard du nazisme poserait un problème de marketing en cet Occident pas tout à fait lobotomisé, mais si notre clergé postmoderne rejette catégoriquement le nazisme, au-delà des considérations marketing, peuvent-ils justifier de manière cohérente et rationnelle ce rejet? En d'autres termes, la cosmologie postmoderne permet-elle de s'opposer au nazisme, et si oui, sur quelle base? Et s'il y a rejet absolu du nazisme de la part de notre clergé postmoderne, cela implique-t-il sur le plan logique, une référence inconsciente à une morale absolue? En effet, quelle est la référence pour identifier ce qui doit être jugé comme immoral? Et si tel est le cas, est-ce cohérent avec leur vision du monde qui affirme plutôt la vérité (ou fausseté?) de toutes les religions?
Dans une étude examinant la chute de l'athéisme soviétique, le sociologue américain Paul Froese expose plusieurs parallèles entre la situation idéologique sous le régime soviétique en URSS et celle que l'on rencontre au Québec depuis l'imposition par l'État du cours d'Éthique et culture religieuse (2004: 48)
The failure of scientific atheism in Russia is interesting because it had every advantage. First, the Soviet government generously financed atheists while brutally suppressing religious advocates. For this reason, scientific atheism should be considered the equivalent of a religious monopoly. Second, scientific atheism was promoted throughout Soviet Russia in schools, workplaces, and the community. Finally, scientific atheism offered rituals, ceremonies, and the promise of a utopian society as a direct alternative to religious offerings. (…) When one looks at how atheism was promoted and the actual tenets of scientific atheism, its unpopularity proves less confusing. First, the doctrine of scientific atheism was itself problematic. It confusingly claimed to be a science while abandoning scientific methods altogether. Actual scientists avoided the topic of religion and produced no work that could verify the science of atheism. Second, scientific atheism replicated religious ceremonies, rituals, and produced a new Communist sense of the sacred as an alternative to religion. This simply confused the population, many of whom mistook scientific atheism for a new religion and not an exit from religious belief altogether so that even those few who wanted to believe in the ideals of atheistic communism simply ended up praying to the gods of Lenin and Stalin. Finally, the messengers of scientific atheism themselves lacked credibility. Atheist proselytizers knew little about religion or science and their ignorance was apparent to their would-be converts.
Many of these problems stem from the fact that scientific atheism was an ideology imposed on a population from official channels. Communists did not attempt to engage the hearts and minds of would-be converts but expected individuals to simply bend to patently superficial beliefs. In fact, Communists forbid any active discussion concerning the weaknesses of scientific atheism even in the attempt to improve them. The ultimate indication that atheism never inspired the Russian people is that it virtually disappeared after the fall of communism. In this, scientific atheism closely resembles the weakness and impotence of monopoly religions that rely on political favoritism for subsistence and become apathetic to the needs of their congregations.
En terminant...
Il devient apparent que nos élites postmodernes nous entraînent
dans une nouvelle Grande Noirceur planifiée de longue date. Et en comparaison,
les gestes de Duplessis et des évêques de l'époque auront
l'air de vulgaires amateurs. À mon avis, le peuple québécois
ne doit pas accepter son état de lobotomisé et oublier tout
ce qu'on lui fait subir dans ces dernières années. Si la devise
du Québec est : “ Je me souviens ”, et bien
justement, ne faut pas oublier tous ces gestes des fonctionnaires du MELS,
de nos élites ainsi que la complicité active des médias
québécois dans tout ce dossier. Chose curieuse, une prophétie
émise par le romancier Aldous Huxley s'applique à merveille
à nos élites et à la situation actuelle au Québec
(1958/1990 : 144):
Sous l'impitoyable poussée d'une surpopulation qui s'accélère, d'une organisation dont les excès vont s'aggravant et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques — élections, parlements, hautes cours de justice — demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle forme de totalitarisme non violent. Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu'ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusés et de tous les éditoriaux — mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme.
Au Québec, on n'a qu'à penser à toutes ces consultations populaires, ces états généraux et commissions exploitées par le gouvernement pour consulter la population et lui permettre de s'exprimer sur des questions telles que les écoles confessionnelles et les cours de religion. C'est un fait qu'on a consulté la population, que durant des années il y a eu des études et de nombreux comités, incluant des parents, enseignants, spécialistes de l'éducation, des représentants des communautés religieuses catholiques et protestantes, des mémoires ont été déposés, etc. Tout ça est exacte, mais il faut constater que le processus a été fortement encadré, les intervenants savamment choisis et les rares voix dissidentes ont, en général, été marginalisés de manière très efficace. Par la suite, on a vu nos élites bureaucratiques (non-élues) se retourner et faire ce que les comités d'experts avaient décidé bien avant.... Comme on dit au hockey, la game s'est jouée ailleurs et était terminée depuis longtemps et les points déjà comptés. Dans son livre Propagandes, le sociologue Jacques Ellul explique que ce comportement est commun aux régimes totalitaires (1962/2008: 149-150):
Lorsqu'en avril 1957, le peuple soviétique fut appelé à étudier et discuter les thèses de Khrouchtchev sur la réorganisation économique, nous nous sommes trouvés en présence d'une admirable opération. Le thème général, c'est que tout est décidé par le peuple. Comment le peuple ne serait-il pas d'accord ensuite ? Comment ne donnerait-il pas une adhésion totale à ce qu'il a élaboré ? Les Thèses lui sont soumises. Bien entendu, elles lui sont expliquées dans toutes les organisations du Parti, dans les Komsomols, dans les Syndicats, dans les Soviets locaux, dans les usines, etc., et ce sont évidemment des spécialistes de l'Agit Prop qui présentent ces thèses et les expliquent. Puis on discute. Et la Pravda ouvre ses colonnes, où de nombreux citoyens expriment leurs points de vue, font des observations, proposent des amendements. Une fois cela fait, qu'arrive-t-il? Exactement pour la Réforme économique ce qui s'est produit par exemple pour le régime des retraites en 1958: après cette immense discussion, le projet gouvernemental intégral, sans aucune modification, est voté par le Soviet suprême. Même les modifications présentées et soutenues par des députés sont rejetées, à plus forte raison celles présentées par des citoyens. Car, celles-ci ne sont jamais que des opinions individuelles: et d'un point de vue démocratique l'on ne peut en tenir compte. Seulement on a donné au peuple l'immense satisfaction de le consulter, de le faire discuter, d'avoir l'air d'écouter son avis. C'est l'apparence démocratique, dont aucun gouvernement autoritaire ne peut plus se passer.
N'est-ce pas curieux de voir le l'État québécois imiter le comportement de régimes totaitaires? Chose certaine, ce comportement est d'une élite hypocrites qui se fout complètement de la volonté du peuple. Il est tout de même difficile de ne pas admirer le sens poussé du marketing, de manipulation et de management de nos élites. Le sociologue québécois Gary Caldwell (en 1995-1996, qui a été membre de la Commission États généraux sur l'éducation), a fait une observation un peu choquante, mais qui doit être entendue dans le contexte qui nous intéresse (2000 : 23) :
De nos jours, on se méfie beaucoup des groupes intégristes. On ne veut même pas les entendre. Mais les vrais intégristes, dans notre société, ce sont souvent ceux qui gèrent l'appareil public.
Dans la perspective postmoderne, malgré la rhétorique de la tolérance, on constate qu'il n'y a qu'une seule manière de voir les choses qui soit crédible et toute dissidence sur la place publique sera non seulement rejetée, mais étouffée. Tout au plus, la dissidence peut exister dans le monde virtuel de la «vie privée», à condition de ne jamais s'exprimer ou influencer la vie publique... On n'a qu'à penser à des questions telles que le réchauffement de la planète, aux droits des gais ou le droit à l'avortement. Sur ces questions et sur bien d'autres, on a le choix entre l'illumination des conceptions progressistes et puis, de l'autre côté les ténèbres des préjugés prémodernes. Les centres de pouvoir religieux postmodernes ce sont les médias, l'industrie du divertissement et des milieux universitaires sont tous sous l'emprise d'une hypocrisie manifeste. Nous faisons face donc à une idéologie qui prêche la liberté de pensée et d'expression en toute occasion, mais qui pratique l'intolérance absolue vers toute dissidence.
ANDRIÉS, Patrick (2010) Cérémonie, prière, danse sacrées dans une école laïque publique. Pour une école libre au Québec.
AUBERT, Marcel & OUELLET, Fernand (1999) Lenseignement culturel des religions: Précisions sur la nature de cet enseignement et réponses aux objections quil a soulevées. Mémoire soumis à la Commission parlementaire de lÉducation de lAssemblée nationale du Québec, sur la question de la place de la religion à lécole. 41 p.
BERGERON, Carl (2010) Visages du pouvoir intellectuel. mai 29, Blogue: LIntelligence conséquente
BOUCHARD, Gérard (2007) Période d'échanges lors des audiences de la Commission Bouchard/Taylor (le 30 oct. 2007, ville de Québec) [transcription tiré de l'extrait audio: format MP3]
BRACHER, Karl Dietrich (1969/1995) Hitler et la dictature allemande. Éditions Complexe [Paris] 681 p. (Google Books)
CALDWELL, Gary (2000) La résilience, cette capacité de résister aux chocs et de rebondir. pp. 16-24 RND / octobre
DEWAAY, Bob (2010) Book Review - Ideas Have Consequences: A Partial Paraphrase and Review of Modern Fascism by Gene Edward Veith. Critical Issues Commentary Issue 118 - May / June
ELLUL, Jacques (1962/2008) Propagandes. Economica Paris (coll. Classiques des sciences sociales) 361 p.
FIRTH, Raymond (1981) Spiritual Aroma: Religion and Politics pp. 582-601 American Anthropologist Vol. 83 no.3 Sept.
FROESE, Paul (2004) Forced Secularization in Soviet Russia: Why an Atheistic Monopoly Failed. (PDF) Journal for the Scientific Study of Religion v. 43 no.1 pp. 35–50
GOMES de FREITAS OLIVIER, Giovanina (2004) Religion et mondernité : une ébauche de la spiritualité postmoderne. Religiologiques 29 Printemps [La pertinence sociale de l'étude critique de la religion]
GOSSELIN, Paul (2005) La définition de la religion en anthropologie sociale. Samizdat
GOSSELIN, Paul (2006) L'absorption des croyances dans une culture postmoderne. Samizdat
GOSSELIN, Paul (2006) Fuite de l'Absolu: Observations cyniques sur l'Occident postmoderne Volume I. 492 p.
GOSSELIN, Paul (2007) Écoles laïques, écoles neutres: Légende urbaine ? Samizdat
GOSSELIN, Paul (2007) La définition de la religion: un autre son de cloche. (mémoire présenté à la commission Bouchard-Taylor le 30 oct. 2007) Samizdat
GOSSELIN, Paul (2009) Se dégager du relativisme: une réponse au clergé du MELS. Rapport technique 1, Samizdat
GOSSELIN, Paul (2009) Ethics and religious culture: The New Post-Modern Catechism. Samizdat
GRASSÉ, Pierre-Paul (1980) L'Homme en accusation: De la biologie à la politique. Albin Michel Paris 354 p.
GROSSU, Sergiu (1979) Les enfants du Goulag: Chronique de l'enfance opprimée en URSS. Editions France-Empire Paris 255 p.
HITLER, Adolf [1952] Libres propos sur la guerre et la paix. (ou Tischgespräche, propos recueillis sur l'ordre de Martin Bormann 1941-1942, coll. Le Temps présent) Flammarion [Paris] 370 p.
HUXLEY, Aldous (1958/1990) Retour au meilleur des mondes. Plon [Paris] 155 p.
KIRSCH, Adam (2016) Heidegger Was Really a Real Nazi: Is the philosopher s complexity enough to excuse his overt anti-Semitism? A dive into the so-called 'black notebooks' from the 1930s is revealing. Tablet September
LEROUX, Georges (2006) Etre et faute. Le Devoir (Montréal), 29 avril .
LEROUX, Georges (2009) Rapport d'expert présenté dans la requête Suzanne Lavallée et Daniel Jutras relative au programme d'Éthique et culture religieuse. (déposé le 17/4/09 PGQ-33 – District Drummondville, 54 p.) rédaction terminé fév. 2009
MITCHELL C. Ben (1999) Of Euphemisms and Euthanasia: The Language Games of the Nazi Doctors and Some Implications for the Modern Euthanasia Movement. Omega: The Journal of Death and Dying vol. 40, no 1 / 1999-2000 pp. 255 – 265
MUSSER, Mark (2011) The Green Nazi Deep Ecology of Martin Heidegger. American Thinker July 10
PROULX, Jean-Pierre (2007) Les défis de la formation à l'éthique et à la culture religieuse. Blogue du Réseau pour lavancement de léducation au Québec
PROULX, Jean-Pierre (2008) Lettre (Jean-Pierre Proulx a dit...) communication au blogue Pour une école libre au Québec. mardi le 8 janvier
ROUSSEAU, Louis (2004) Présentation. Une impertinente pertinence. Religiologiques no. 29 sur La pertinence sociale de l'étude critique de la religion. printemps
SOBOCZYNSKI, Adam (2016) Heidegger, nazi jusque dans les lettres à son frère. Nouvel Observateur
TESSIER, Jacques (2008) ECR: vivre ensemble 1 - 1re secondaire, cahier de savoirs et d'activités. (collaboration de M. Dubreuil, S. Farley, M. Gaudreault) ERPI St-Laurent QC
VILLENEUVE, Natalie (2009) De
la commission Bouchard-Taylor à l'université : De nombreux
nouveaux programmes flirtent avec l'interculturalisme. Métro Montréal
* Merci de la collaboration de Gilles Bernier.
[1] - Et il faut préciser que tout des événements et gestes politiques et juridiques décrits ci-dessous n'auraient pu se faire sans la complicité des médias québécois. À les regarder, on peut avoir l'impression que leur salaire est payé par l'État, mais il y a tout de même lieu de penser que leur servilité est tout à fait sincère et désintéressée.
[2] - Cours développé pour satisfaire les parents agnostiques et matérialistes ou athées.
[3] - Ou pour employer leur langage universitaire plus hypocrite, ils affirmeront haut et fort qu'ECR est neutre sur le plan religieux.
[4] - Touchant le bouddhisme theraväda, l'Universalis indique (2003):
on s'en tient à l'essentiel du message du Fondateur: la prise de conscience de la misère de l'existence, la certitude que cette misère réside dans le désir, la croyance dans le salut conçu comme l'extinction de tout désir (la délivrance). Aussi, il faut mener une vie de dépouillement, devenir un “ saint ” (arhant), un être sans attaches, c'est-à-dire, finalement, se faire moine mendiant (en pali: bhikkhu); mais, puisqu'il s'avère que tous ne se sentent pas appelés à cet état, la pratique s'est développée de persuader les fidèles laïques de faire retraite de temps à autre dans les monastères, lesquels s'enrichissent de donations substantielles.
[5] - Question examinée de manière plus détaillée dans mon article Ethics and religious culture: The New Post-Modern Catechism. (voir la bibliographie)
[6] - Et bien sûr ce clergé postmoderne se retrouve ailleurs que dans l'éducation. Pour se faire une idée plus claire de la question, voir mon livre Fuite de l'Absolu, volume 1.
[7] - Et cela implantera une structure religieuse d'autant plus efficace que ses encycliques deviendront non pas des enseignements auxquels il faut faire des convertis un à un, mais des lois en bonne et due forme. Il en résulte que le Québec subit une conversion forcée à une seule vision du monde qui n'est pas définie par sa doctrine, mais par le pouvoir d'une hiérarchie de l'imposer et de la faire varier à sa guise... La chose n'est pas inconnue en l'anthropologie des religions. On rencontre d'autres religions qui mise sur la diffusion via le contrôle des institutions sociales plutôt que des conversions individuelles. Dans le cas de l'islam, par exemple, l'intégration du système judiciaire et politique par la religion est généralement très poussée. Il n'y a donc pas de séparation de la religion et de l'État. À ce sujet, l'anthropologue anglais Raymond Firth remarquait (1981: 589):
Mais du postulat central de Dieu, en tant que réalité suprême, ultime et aveuglante, sont tirées des propositions touchant l'homme comme serviteur de Dieu, touchant la nature comme un symbole reflétant la réalité divine et de la loi (le Shari‘a) vue comme exprimant la volonté divine et couvrant tous les aspects de la vie humaine. Il s'agit d'une foi concise et logique. Pour le musulman, il n'y a pas de distinction ultime entre la loi divine et la loi humaine. Ainsi, chaque acte, ce qui inclut chaque acte politique, a une dimension religieuse et doit avoir une sanction religieuse explicite.*
On aboutit donc à la négation de l'individu, comme dans les sociétés anciennes. Les systèmes idéologico-religieux d'alors ont perdu la compétition devant la diffusion du christianisme et de son appel à la liberté et à la responsabilité personnelle devant Dieu et les hommes. Il faut donc mesurer l'enjeu actuel; c'est la destruction pure et simple de la démocratie qui est visée, la fin des libertés individuelles, pour les remplacer par le devoir collectif et la pensée unique dictée par une élite bien-pensante ! George Orwell n'a qu'à se rhabiller!
[8] - Une des nombreuses publications universitaires subventionnées et lues par une poignée de spécialistes ainsi que leurs étudiants gradués.
[9] - Chez nous élites, il y a évidemment, coupure avec la tradition judéo-chrétienne, mais ça ne vide pas la question...
[10] - L'université de Sherbrooke, à laquelle est rattaché Fernand Ouellet, se vante en effet d'offrir “ le seul programme au Québec qui se consacre exclusivement aux mutations religieuses en contexte de pluralisme culturel ”. Ce programme s'intitule “ Doctorat en études du religieux contemporain - Approfondir le pluralisme religieux et ses enjeux ” : http://www.usherbrooke.ca/etudes/nouveautes/doc-religieux-cont.html
http://www.ceetum.umontreal.ca/pdf/Ouellet.htm
http://64.233.169.104/search?q=cache:JpWdlzepeKYJ:im.metropolis.net/research-policy/CV/v3-cv/CV%2520Ouellet2004.pdf+Fernand+Ouellet+relativisme&hl=fr&ct=clnk&cd=2&gl=ca&client=firefox-a
[11] - C'est ce qu'explique Jean-Pierre Proulx, auteur du rapport "Laïcité et religions: perspective nouvelle pour l'école québécoise", dans une note au blogue Pour une école libre au Québec datée du 8 janvier 2008 :
Vous me faites par ailleurs trop d'honneurs en me qualifiant de "père" du cours d'éthique et de culture religieuse. Le groupe de travail que j'ai présidé de 1997 à 1999 a repris une idée qui avait déjà été proposée par le professeur Fernand Ouellet de la faculté de théologie de l'Université de Sherbrooke, spécialiste des religions des Indes au début des années 80. Son idée fut d'ailleurs mise en œuvre pendant un certain temps avec l'approbation du Comité catholique du CSE dans les années 1980. L'idée fut reprise par le Conseil supérieur de l'éducation dans un de ses avis de la décennie 1990 puis par les États généraux sur l'éducation de 1995-96.
Le Groupe de travail que j'ai présidé en 1997-99 a poussé plus loin l'analyse de cette hypothèse à la demande la ministre de l'Éducation du temps, Mme Pauline Marois, et en a recommandé effectivement la mise en œuvre. L'idée n'a pas été immédiatement retenue, du moins pas entièrement, par le ministre Legault en 2000. C'est plutôt le ministre libéral Jean-Marc Fournier qui, en 2005, a décidé de procéder. Mais vous connaissez ce bout de l'histoire.
Au sujet de m. Ouellet, voir l'article de Gilles Bernier : Il était une FOI : ou la fausse neutralité de l'ECR
[12] - Outre m. Ouellet (coordonnateur des travaux du comité), ce comité fut constitué de :
Marcel Aubert, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval.
Halette Djandji, Conseillère pédagogique, English-Montreal School Board.
Marie-Bernarde Pérès, Conseillère, Direction de la participation civique, ministère des Relations avec les Citoyens et l'Immigration.
Michel Trudeau, Enseignant à la retraite, responsable et corédacteur du programme d'enseignement religieux de type culturel (1977).
Ce comité des 5 dirigé par F. Ouellet vers 1998-1999 avait tous les pouvoirs, car ils étaient les "spécialistes". Le rapport Proulx et le Gouvernement au pouvoir en ces années auraient été bien mal avisés de rejeter ses recommandations. On peut dire que c'est ce comité qui a donné son input à l'idée d'un ECR en devenir, que les médias ont évidemment avalé en une seule nuit. La luge de l'ECR était partie et plus rien ne pouvait maintenant l'arrêter; tout sonnait tellement bien: “culture des religions”, “le vivre-ensemble”, “société pluraliste”, etc. Comment la population peut-elle s'opposer au sens apparent/superficiel de ces concepts sans passer pour intolérante?
Ce “comité sur l'éducation au phénomène religieux” de 1998-1999 (environ) est attesté par deux rapports rendus publics par le Gouvernement (une étude dudit comité = son propre rapport et le rapport Proulx). Ce comité n'était pas un comité de rédaction de L'ECR actuel et futur, mais était chargé d'évaluer les besoins et la faisabilité pour un enseignement de culture religieuse non confessionnel, d'évaluer des cours existants et d'établir le cadre et le contenu du cours au sens large ainsi que coucher par écrit la mise en oeuvre pour les prochaines années après. Ils ont donc établi les balises pour les nombreux comités à suivre et pour les devis pédagogiques dont la réalisation était recommandée.
[13] - http://img.src.ca/2009/04/25/240x135/090425denis_watters_4.jpg&imgrefurl=http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2009/05/19/001-Ethique-watters-Leroux.shtml&usg=__aYhTwtPoMS44OdeOtuZHuxs7NRk=&h=135&w=240&sz=9&hl=fr&start=2&um=1&tbnid=91XsuzFciyqgmM:&tbnh=62&tbnw=110&prev=/images%3Fq%3D%2522Denis%2BWatters%2522%26hl%3Dfr%26lr%3D%26sa%3DN%26um%3D1
[14] - http://classiques.uqac.ca/contemporains/proulx_jean_pierre/proulx_jean_pierre_photo/proulx_jean_pierre_photo.html
[15] - À son sujet, le site du Mouvement laïque québécois indique :
Le président actuel du CAR, M. Jacques Racine, a été doyen de la Faculté de théologie de sciences -religieuses de l'Université Laval et membre du Comité de prospective de l'Assemblée des évêques du Québec. M. Racine a siégé au CAR deux ans à titre de parent d'élève du primaire avant d'en devenir président en 2006.
http://www.mlq.qc.ca/cite-laique/numero-11/la-laicisation-sys-scol/
http://www.idea.ulaval.ca/membres/personne_details.aspx?person_id=246
[16] - Sa page web à l'université Laval.
[17] - En français : Désenchantement et Démocratie: La raison publique sous les conditions du pluralisme.
[18] - Donc réactionnaires?
[18a] - Et Jacques Brassard, l'ancien député et ministre du Parti Québécois, confirme en entrevue avec le journaliste André Arthur (en 2009) que cette modification s'est fait de manière suspecte.
[19] - Quelle sera l'évolution de cette implication du système scolaire au fil des ans, notamment avec le débat sur les accomodements raisonnables? Actuellement, des écoles refusent de louer des locaux en dehors des heures de classe pour des conférences sur le design intelligent, mais offrent le yoga au débuts de certains cours réguliers.
[20] - Si on examine la défintion du totalitarisme il s'agit d'un contexte politique caractérisé par une absence de véritable séparation entre les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire).
[21] - L'historien Allemand, K. D. Bracher note touchant la réalité juridique en Allemagne nazie (1969/1995: 484):
le Troisième Reich détruisit d'emblée les assises d'une société fondée sur le droit. Le principe nulla puena sine lege fut déjà enfreint par la loi du 29 mars 1933, autorisant des poursuites (en l'occurrence contre les responsables de l'incendie du Reichstag) sur la base de dispositions pénales prises postérieurement aux faits. Nombre de juristes conservateurs contribuèrent d'ailleurs à cette évolution. Deux années plus tard, ce principe acquit une valeur universelle: dorénavant, était punissable tout ce qui allait à l'encontre de la saine opinion populaire même lorsqu'il n'existait pas de dispositions légales précises. L'arbitraire des dirigeants devenait ainsi un principe juridique, car il n'était bien entendu pas question que le peuple fit valoir ses opinions, ce qui eût été contraire à la théorie de l'État totalitaire et au principe du Führer.
Bracher ajoute (1969/1995: 289):
La réalité de la politique nationale-socialiste n'en apparut pas moins sans tarder, avec les premières lois fondamentales sur la fonction publique. Le prélude de la purge, en Prusse et dans le Reich, fut suivi le 7 avril 1933 par la Loi sur la réintégration du corps des fonctionnaires de carrière, notamment destinée à légaliser, a posteriori comme pour l'avenir, de nombreux actes arbitraires. L'euphémisme du titre est typique de nombreuses lois nationales-socialistes dont l'intitulé anodin laissait rarement deviner les mesures effroyables qui allaient en découler. Cette nouvelle loi qui fut suivie de nombreux amendements et décrets d'application, permettait le licenciement de tout fonctionnaire, même à l'encontre de la législation en vigueur, s'il ne possédait pas les aptitudes requises, s'il n'était pas d'origine aryenne (à l'exception provisoire des combattants de la Première Guerre mondiale) ou si son activité politique passée ne pouvait assurer un engagement sans réserve envers l'État.
[22] - Évidemment, en marketing, il est vrai que l'image de marque ou la perception c'est tout!