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Hitler l'évolutionniste; Hitler le panthéiste (Hitler l'athée—Oui)





Une recension de Hitler’s Religion: The twisted beliefs that drove the Third Reich par Richard Weikart
Regnery History, New York, 2016
Recension par John Woodmorappe (Creation.com) - Traduction, Fabrice Bect


L'auteur est un historien bien publié. Il est professeur d'histoire européenne moderne à la California State University de Stanislaus. Il est l'auteur de cinq livres et a publié des articles scientifiques dans German Studies Review, Journal of the History of Ideas et d'autres revues. Son travail a été présenté dans divers médias.

L'auteur fournit une analyse rigoureuse de la compréhension qu'avait Hitler de "Dieu." Il examine également tous les arguments pour et contre les différentes idées sur les croyances religieuses de Hitler ou sur leur absence. Weikart met en garde, à juste titre, contre les déclarations isolées de Hitler afin de tirer des conclusions sur ses convictions. Au lieu de cela, il faut regarder les thèmes principaux des déclarations de Hitler et accorder plus de poids à ses propos privés qu'à ses commentaires publics.


Le Hitler public et le Hitler privé

Ce que les politiciens disent, et ce qu'ils pensent réellement, sont souvent deux choses très différentes. Il n'est pas surprenant que Hitler, ayant à faire à une nation allemande encore largement chrétienne - ne serait-ce que culturellement - se soit également qualifié de chrétien. Pour la même raison, Hitler a périodiquement invoqué des thèmes chrétiens et s'est généralement abstenu de faire des déclarations sévères sur le christianisme. En outre, certains nazis, y compris Hitler, ont conservé leur appartenance à une église même s’ils n’y croyaient pas.

«L'auteur fournit une analyse rigoureuse de la compréhension qu'avait Hitler de "Dieu".
En privé, Hitler a souvent exprimé son hostilité envers le christianisme et l'église. Cependant, Weikart met en garde sur le fait qu'Hitler a souvent dit aux gens, de son entourage, ce qu'ils voulaient entendre. Par exemple, étant donné que Martin Bormann, le secrétaire personnel de Hitler, était un athée endurci, il ne serait guère remarquable que Hitler se comporte de manière athée dans les discussions avec Bormann.

D'autre part, l'avertissement de Weikart semble aller trop loin dans d'autres contextes. Hitler a déclaré à Christa Schroeder, sa secrétaire personnelle, que l'église était une institution obsolète et étouffante. Hitler a également déclaré à deux de ses proches et associés, Otto Strasser et Walter Schellenberg, qu'il ne croyait pas en Dieu. Il est difficile de comprendre pourquoi Hitler penserait que ces responsables "voulaient entendre" qu'il était quelqu'un qui rejetait l'église et un athée. En tout état de cause, l'exact opposé était le cas. Notez qu'Otto Strasser a rompu avec Hitler, déjà en 1930, parce que Strasser croyait que sans le christianisme, l'Europe était perdue et que Hitler était athée (p. xi). Maintenant, si Hitler disait toujours à ses proches collaborateurs "ce qu'ils voulaient entendre," il aurait dit à Strasser qu'il était un chrétien dévot, et certainement pas qu'il était athée!


"Dieu" peut signifier beaucoup de choses différentes

De nos jours, en Occident, la plupart des gens sont bibliquement illettrés et ont différentes conceptions de "Dieu". Un athée peut même dire: "Je crois en Dieu, car Dieu est la plus grande invention de l'humanité." Cependant, cela n'a rien de nouveau. Même au 19e - et 20e siècle en Europe, il existait de nombreuses notions différentes de "Dieu", dont beaucoup étaient en contradiction avec les enseignements bibliques à Son sujet. Il y avait de nombreuses raisons pour cela. D'une part, en raison de la force résiduelle du théisme, ceux qui ont rejeté Dieu préféraient généralement le redéfinir plutôt que le désavouer ouvertement. Deuxièmement, le développement de la haute critique et du modernisme, tous deux lancés en Allemagne, a rendu assez facile la dé-littéralisation de Dieu et des éléments chrétiens. Par exemple, la "seconde venue du Christ" anticipée a été reformulée en tant que dévotion personnelle à Christ au moment de la mort. Cette dé-littéralisation et flexibilité forcée de Dieu et des éléments chrétiens ont, à leur tour, facilité la cooptation de ceux-ci, sous de nouveaux sens résolument non conventionnels, aux fins de ce qui est finalement devenu l'idéologie nazie.

Hormis les tentatives délibérées d'induire le peuple allemand en erreur, il est assez banal qu'Hitler ait parfois sombré par inadvertance dans la terminologie chrétienne, qu'il ait mélangé des mèmes chrétiens et nazis et qu'il ait parfois même semblé adhérer à des croyances chrétiennes. Après tout, Hitler avait eu une éducation chrétienne. Weikart n'en parle pas, mais on peut penser au célèbre militant athée américain Madalyn O'Hair, qui a indiqué que, plusieurs décennies après avoir cessé de croire, elle pouvait se rappeler en détail certains hymnes chrétiens.

Pour toutes les raisons qui précèdent, il n’est pas surprenant que les déclarations de Hitler à propos de Dieu semblent contradictoires. Sa réutilisation idiosyncratique de la terminologie théiste et chrétienne à ses propres fins est encore moins surprenante. Examinons certaines d'entre elles.


Qui (ou qu') était "Dieu" pour Hitler?

Hitler a fréquemment utilisé les mots "providence" et "tout-puissant", mais il faisait en réalité référence au destin. Telle était la conclusion des autres nazis Alfred Rosenberg et Hans Frank, pendus à Nuremberg. (Je me souviens que, lorsque j'ai lu Mein Kampf pour la première fois à l'adolescence, il y a quelques décennies, les fréquentes allusions de Hitler au destin m'avaient frappé.) Il existe d'autres usages nazis de "dieu", non mentionnés par Weikart, qui sont dans le sens de sang et race.[1]

«Hitler a fréquemment utilisé les mots "providence" et "tout-puissant", mais il faisait en réalité référence au destin.
Parfois, cependant, Hitler donnait l'impression qu'il croyait que l'histoire avait été prédéterminée. Cependant, cela n'implique pas le théisme, du moins pas nécessairement. En fait, il n’est pas rare que des personnes, surtout dans une situation désespérée, imaginent un résultat quelconque prédéterminé, impliquant Dieu ou pas, là où il n’y en a pas. Un exemple évident, non mentionné par Weikart, concerne la réaction de Hitler à l'annonce de la mort du président américain Franklin D. Roosevelt en avril 1945. Hitler s'est leurré en concluant que "Dieu" était intervenu pour le compte de l'Allemagne nazie à la dernière minute, causant l'effondrement imminent de l'effort de guerre des Alliés, permettant ainsi à l'Allemagne de s'arracher la victoire à l'ennemi.

La plupart du temps, quand Hitler priait, il le faisait dans le sens où celui qui prie serait inspiré pour résoudre ses propres problèmes. (De nos jours, cela est souvent verbalisé comme "Aide-toi et le ciel t'aidera".) À d'autres moments, cependant, il semblait superficiellement qu'Hitler priait vraiment, un dieu personnel, pour la délivrance. Cependant, il n’est pas rare que même les athées fassent des prières à Dieu dans des situations difficiles, d'où le dicton "il n'y a pas d’athées dans les tranchées". On pourrait aussi penser au proverbe polonais parallèle "Kiedy trwoga to do Boga" (lorsque les gens ont peur, ils se tournent vers Dieu).

Incroyablement, certains commentateurs ont non seulement prétendu que Hitler était théiste, mais également qu'il était créationniste - tout cela parce qu'il faisait parfois référence à un créateur de l'univers. Une analyse minutieuse de l'utilisation de ce terme par Hitler élimine cette allégation idiote. Dans son infâme Mein Kampf, Hitler utilise "créateur" en référence à la nature. Cela est également conforme à sa déification de la nature dans de nombreux autres contextes. Ainsi, quand Hitler a dit que l'homme a été créé "à l'image du créateur", il voulait dire que l'homme a été créé à l'image de la nature déifiée.


Hitler n'était pas chrétien

Hitler disait parfois que Jésus était "son seigneur et son sauveur" et qu'il "se battait pour l'oeuvre du seigneur." Dans le contexte, il est évident que Hitler faisait référence à la nature déifiée. Weikart ajoute que, dans la pensée tordue de Hitler, Jésus était le sauveur dans le sens où Il était venu pour sauver le monde des Juifs. Hitler pensait que Jésus-Christ avait tenu tête aux Juifs, à leur avarice et à leur matérialisme et, pour cette raison, les Juifs l'ont fait mettre à mort.

Hitler n'aurait en aucune manière pu être chrétien au sens classique du terme. Hitler rejetait complètement le miraculeux. En outre, Hitler rejetait toutes les doctrines chrétiennes, y compris la résurrection de Jésus-Christ, et ne croyait pas une vie après la mort (sauf dans le sens redéfini de la persistance du Volk), même quelques semaines avant son suicide.

Le modèle de la pensée d'Hitler est indéniable. Weikart conclut que, "aujourd'hui, la plupart des historiens s'accordent pour dire qu'Hitler n'était pas chrétien au vrai sens du terme" (p. 69).


Hitler le panthéiste / Hitler l'athée

L'auteur Weikart suggère que les utilisations fréquentes par Hitler du terme "dieu" signifient qu'Hitler ne peut pas être considéré comme athée. Alors, quel terme décrit le mieux les croyances d'Hitler? Weikart conclut que le terme qui définit le mieux Hitler est celui de panthéiste - une conclusion à laquelle sont parvenus également auparavant d'autres chercheurs.

Examinons cela de plus près. Le panthéiste croit que "tout est dieu." Maintenant, si tout est dieu, cela signifie que rien en particulier n'est dieu. Cela signifie aussi certainement qu’aucun Être Suprême personnel et transcendant n’existe. C'est ce qui définit l'athéisme. Comme l'a souligné John Warwick Montgomery, apologiste et juriste chrétien:

Figure 1. L'auteur Weikart identifie Hitler comme un panthéiste. Cependant, la sémantique mise à part, le panthéisme est indistinct de l'athéisme. Telle est également la conclusion d'athées célèbres, tels Arthur Schopenhauer et Richard Dawkins. Hitler était donc athée.
Le panthéisme … n'est ni vrai ni faux; c'est quelque chose de bien pire, à savoir, tout à fait trivial. Nous avions peu de doute que l’univers était ici de toute façon; en lui donnant un nouveau nom ("Dieu"), nous n'expliquons rien. Nous commettons en réalité le vénérable péché intellectuel de Word Magic, dans lequel nommer quelque chose est censé donner un pouvoir supplémentaire à la chose nommée ou au magicien sémantique lui-même.[2]

Telle fut aussi la conclusion d'Arthur Schopenhauer, un philosophe largement lu, et admiré par Hitler (figure 1). Par conséquent, contrairement à l'allégation de Weikart, Hitler était bel et bien un athée.

Les définitions modernes de l'athéisme ne font que renforcer ce point. Dans le passé, l'athéisme était généralement compris comme une décision consciente et délibérée de ne pas croire l'existence de Dieu. De nos jours, cependant, une simple absence de croyance en Dieu suffit pour faire de quelqu'un un athée (selon une définition intéressée qui supprime leur fardeau de la preuve). Sur cette base, il est dit que chaque enfant est né athée, et le reste jusqu'à ce qu'il ou elle soit endoctriné dans la croyance en Dieu. (En fait, les recherches montrent que la position par défaut des enfants est de considérer le monde comme le produit d'un dessein, et qu'un endoctrinement est nécessaire pour rejeter cela.[3]) Puisqu'Hitler ne croyait pas en un être suprême transcendant, personnel, il était, selon la nouvelle définition, un athée.


Hitler, l'occultisme et le néo-paganisme

Tout d’abord, il n'y a pas de contradiction entre être athée et être impliqué dans l'occultisme ou dans le néopaganisme. En fait, être athée ne signifie pas qu'on ne croit en rien. Cela signifie que l'on peut croire en n'importe quoi (sauf Dieu, bien sûr).

Weikart ne reconnaît pas l'importance de l'occultisme dans la pensée nazie. Il souligne que les premiers mouvements racistes proto-nazis en Allemagne se croisaient avec le mysticisme et l'occultisme, mais n'étaient pas centrés sur eux. La même chose peut être dite d'Hitler. Il avait des livres sur l'occultisme dans sa bibliothèque, et au moins une fois a pratiqué la radiesthésie, mais il n'y a aucune preuve systématique qu'Hitler ait été profondément impliqué dans l'occultisme. Pour ce qui est des des autres nazis de premier plan, Hess et Himmler ont montré un intérêt soutenu pour l'occultisme, tandis que Goebbels et Bormann désapprouvaient l'occultisme. Vers 1941, les nazis ont interdit de nombreuses manifestations publiques de l'occultisme, l'astrologie, le spiritisme, le théosophisme, et la parapsychologie inclus.

La minimisation de l'occultisme par l'auteur dans les attitudes et les actions des nazis, est peut-être excessive. En fait, l'interdiction par les nazis des pratiques occultes publiques ne signifie pas nécessairement que le nazisme était anti-occultisme. Les nazis se sont peut-être opposés à l'utilisation de l'occultisme par le public pour des raisons élitistes: ils voulaient monopoliser le pouvoir occulte et ne pas le partager avec les masses populaires. En outre, les autorités nazies craignaient peut-être qu'une utilisation publique généralisée de l'occultisme devienne une fin en soi, réduisant ainsi l'emprise de l'idéologie nazie sur l'esprit des masses. (Notez que cela est parallèle à l'accusation de nombreux occultistes, qui affirment que la vraie raison pour laquelle l'église s'oppose à l'occultisme est due à la crainte que les masses ne finissent par avoir le sentiment de pouvoir développer leur propre spiritualité privée, et qu'elles n'ont plus besoin de l'église ou de ses institutions.)

Les actions de Heinrich Himmler soutiennent le postulat selon lequel les nazis voulaient monopoliser l'occultisme, et non pas l'éliminer. Weikart raille:

L'un des aspects les plus étranges de cette campagne anti-occultisme est qu'elle a été dirigée par les forces de police de Himmler, en dépit de sa propre fascination pour l'occultisme. En effet, Himmler a libéré l'astrologue Wilhelm Wulff de sa garde à vue, sous la condition qu'il exerce son art occulte pour Himmler. Ainsi, il devint l'astrologue personnel de Himmler au moment même où d'autres astrologues étaient persécutés (p. 192).

Au total, Weikart minimise les aspects néo-païens du nazisme. Encore une fois, il semble que le nazisme se soit croisé avec le néo-paganisme nordique, mais ne soit pas centré sur lui. Comme avec l'occultisme, il n'y avait pas de position nazie monolithique à ce sujet. Rosenberg et Himmler voulaient faire revivre les anciens dieux, rites et sanctuaires germaniques, contrairement à Hitler. Le côté rationaliste de Hitler est apparu au premier plan (p. 189-190). Cela signifiait que la science moderne et la raison étaient ce qui devait animer le peuple allemand, et non un retour à des habitudes disparues. En outre, Hitler pensait que le nazisme devrait insister sur l'action et non sur la contemplation et le mysticisme.

Enfin, le néo-paganisme étant répugnant pour de nombreux allemands, Hitler avait la raison tactique suivante de se distancer du néo-paganisme: Il divisait inutilement le peuple allemand. En fait, Weikart aurait pu renforcer cette considération en soulignant que l'évêque de Munich, Michael von Faulhaber, qui jouissait d’une assez bonne réputation auprès d'Hitler, avait insisté sur les dangers du néo-paganisme nazi pour la chrétienté allemande.[4]


Hitler était sans conteste évolutionniste

Un commentateur a fait valoir qu'entwicklung pouvait être synonyme de développement et non d'évolution et, sur ce mince roseau, essaie de saper la croyance de Hitler en l'évolution. (Ce qui n'est pas mentionné par Weikart, c'est que le mot anglais evolution peut aussi avoir plusieurs significations - par exemple, l'évolution des gaz dans une réaction chimique - même s'il fait normalement référence à une évolution organique, à moins que ce ne soit évidemment le cas. Et sa racine latine ēvolvere signifie dérouler, déplier. Notez que Darwin lui-même n'a utilisé le mot dans son Origine des espèces qu'à la toute fin.) L'utilisation, dans chaque cas, dépend du contexte. En outre, le sens par défaut d'Entwicklung est en fait évolution organique, à l'instar des biologistes allemands des années 1920 et suivantes (p. 227–228). Ainsi, les allégations selon lesquelles Entwicklung serait tombé en désuétude à la fin du 19ème siècle, en tant que terme signifiant évolution organique, sont totalement fallacieuses.

Considérons maintenant le contexte des déclarations de Hitler. Cela règle l'affaire. Dans son Mein Kampf et dans le chapitre "Le peuple et ta race", Hitler utilisait à l'évidence Entwicklung dans le sens d'évolution organique. Il ne pouvait en aucun cas faire référence au développement embryologique. Weikart élabore:

Hitler vient de décrire une lutte entre des organismes vivants qui mène à la victoire du plus fort et à l'élimination du plus faible. Dans ce contexte, que signifierait le "développement supérieur des êtres organiques"? Le "développement supérieur" implique certainement qu'un changement est en train de se produire. En outre, à peine deux paragraphes plus loin, Hitler maintenait que "le combat est toujours le moyen de développer la santé et la force de résistance de l'espèce et, par suite, la condition préalable de ses progrès (Hoeherentwicklung)". Encore une fois, "améliorer" une espèce et favoriser son "développement supérieur" n'est pas le langage d'une personne attachée à la fixité des espèces. Hitler a utilisé encore une fois le terme "développement supérieur" ( Hoeherentwicklung) dans le paragraphe suivant lorsqu'il est question d'organismes biologiques. Ainsi, même si nous ne traduisons pas Entwicklung par "évolution", il est toujours clair que "évolution" est exactement ce que Hitler voulait dire (p. 227).

Encore plus fort, à cet égard, le manuel du gouvernement nazi sur le programme d'études biologique officiel. Il requiert une "vue d'ensemble de l'entwicklung de la vie au cours de l'histoire géologique" (p. 228). Donc Entwicklung est quelque chose qui se passe au cours du temps géologique. Sans l'ombre d'un doute, ce terme ne peut désigner que l'évolution organique! En outre, cet élément du programme officiel de l'Allemagne nazie réfute l'argument étrange selon lequel le régime nazi aurait interdit l'enseignement de l'évolution organique. C'est exactement le contraire.[5]

Hitler n'a laissé planer aucun doute sur le fait qu'il ne croyait en aucune forme d'Adam et Ève. C'est exactement l'inverse qui s'est produit. Weikart fait le commentaire suivant:

Comme toujours, Hitler a souligné que les humains ne faisaient pas exception aux lois de la nature. Il a déclaré, "Dans le processus d'évolution, les êtres humains sont apparus, comme des animaux, et leur vocation était de lutter pour leur existence." Dans un discours prononcé plus tard cette année-là, Hitler a de nouveau exprimé sa conviction que les humains étaient des descendants d’animaux. … Hitler pensait donc que les ancêtres des humains étaient des animaux et que les humains resteraient des animaux s'ils n'avaient pas été élevés par la lutte pour l'existence (p. 234).


Hitler utilise l'évolution comme une arme rationaliste contre le christianisme

Hitler n'était pas seulement un évolutionniste, mais aussi un homme qui répétait avec empressement les vieux arguments athées classiques contre le théisme. Weikart commente:

Le 24 octobre 1941, Hitler parla longuement à son entourage de la controverse entre science et religion, et plus particulièrement entre évolution et christianisme. Hitler a ouvert ce long monologue en alléguant que les enseignements de l'église sont contraires à la recherche moderne. En fait, alors qu'Hitler expliquait cette controverse science-religion, il se rangea clairement du côté de la science et dénigra l'église. … En outre, Hitler loua l'anticléricalisme des penseurs des Lumières françaises et le progrès de la science. Après avoir exposé les gloires de la science et l'ignorance de l'église, Hitler déclara qu'il croyait en l'évolution des humains. … Hitler a clairement accepté la théorie de l'évolution, y compris l'évolution humaine, et a rejeté les enseignements religieux en sens contraire. Ce n'était pas non plus une déclaration isolée. … Deux autres associés de Hitler témoignent que la croyance en l'évolution darwinienne faisait partie intégrante de son idéologie (p. 224–225).
Conclusions

La prépondérance des preuves est claire: Hitler n'était pas chrétien. Les déclarations isolées d'Hitler qui contredisent cela, et destinées principalement à la consommation publique, n'infirment pas cette conclusion.

Weikart rejette l'idée qu'Hitler était athée et identifie Hitler comme un panthéiste. Cependant, étant donné que le panthéisme et l'athéisme sont fonctionnellement identiques, il s'ensuit qu'Hitler était effectivement athée, quoique puisse en dire Weikart.

Il ne fait aucun doute que Hitler était un évolutionniste convaincu. De plus, Hitler a utilisé l'évolution comme une arme de style rationaliste contre le christianisme.


Références et notes

[1] - Coole, W.W. et Potter, M.F., Thus Spake Germany, G. Routlege & Sons Ltd, London, 1941.

[2] - Montgomery, J.W., The Suicide of Christian Theology, Bethany, Minneapolis, MN, p. 252, 1975.

[3] - Brooks, M., Natural born believers, New Scientist 201(2694):31–33, 7 février 2009.

[4] - Faulhaber, M., Judaism, Christianity, and Germany, MacMillan Company, New York, 1934.

[5] - Ailleurs Weikart a explicitement réfuté cette accusation: Was Darwinism Banned from Nazi Germany? Evolution News, 21 novembre 2016.



Note du webmestre

CS Lewis, l'auteur et copain de JRR Tolkien, fit ces remarques assez sèches au sujet de l'idéologie de Hitler, et ce l'année même où Hitler prit le pouvoir et était au somment de sa popularité. Voici un extrait d'une lettre que Lewis a adressé le 5 novembre 1933, à son ami Arthur Greeves,

"...nothing can fully excuse the iniquity of Hitler's persecution of the Jews, or the absurdity of his theoretical position. Did you see that he said 'The Jews have made no contritution to human culture and in crushing them I am doing the will of the Lord.' Now as the whole idea of the 'Will of the Lord' is precisely what the world owes to the Jews, the blaspheming tyrant has just fixed his absurdity for all to see in a single sentence, and shown that he is as contemptible for his stupidity as he is detestable for his cruelty. For the German people as a whole we ought to have charity; but for dictators, 'Nordic' tyrants and so on-- well, read the chapter about Mr. Savage in the [Pilgrim's] Regress and you have my views."
Et le rejet de Hitler par Lewis est d'autant plus étonnante qu'en 1933 on avait aucune idée jusqu'où Hitler allait aller dans sa persécution des Juifs...