Paul Gosselin (29/12/2025)
Le retour des dieux par Cahn est un livre à la fois fascinant et étrange. La prémisse de base de Jonathan Cahn, selon laquelle l'Occident dérive vers le paganisme, est solide et l'on pourrait facilement ajouter d'autres exemples de ce phénomène. Cahn fonde une grande partie de sa thèse sur une parabole tirée du chapitre 12 de l'Évangile selon Matthieu :
Mais l'esprit impur, lorsqu'il est sorti de l'homme, traverse des lieux arides, cherchant du repos, et il n'en trouve point. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d'où je suis sorti ; et quand il est venu, il la trouve vide, balayée et ornée. Alors il s'en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, et ils entrent et s'y établissent ; et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Il en sera de même pour cette génération méchante. (Matthieu 12 : 43-45)
Comme le souligne Cahn, l'un des aspects de l'expulsion des démons/dieux anciens qui a accompagné la propagation du christianisme dans le monde antique a été l'abolition de nombreuses pratiques païennes telles que la sorcellerie, le sacrifice d'enfants[1] et (généralement) le culte des idoles. D'autre part, après 17 siècles, l'Occident chrétien a fait quelque chose d'unique qu'aucune autre civilisation n'avait songé à faire, c'est-à-dire abolir l'esclavage. Un effet secondaire supplémentaire accompagnant la propagation du christianisme[2] a conduit à la naissance de la science[3] en Occident. L'historien médiéval américain Lynn White, mieux connu peut-être pour ses recherches incriminant la vision chrétienne du monde en matière d'environnement, a néanmoins souligné certains aspects de la cosmologie judéo-chrétienne qui ont eu un effet positif sur le développement rapide de la technologie en Occident (1978 : 237).
En 1956, Robert Forbes de Leyde et Samuel Sambursky de Jérusalem ont simultanément souligné que le christianisme, en détruisant l'animisme classique, avait entraîné un changement fondamental dans l'attitude envers les objets naturels et ouvert la voie à leur utilisation sans vergogne à des fins humaines. Les saints, les anges et les démons étaient très réels pour les chrétiens, mais le genius loci, l'esprit inhérent à un lieu ou à un objet, n'était plus présent pour être apaisé s'il était perturbé.
S'il peut être tentant d'appliquer la leçon de la parabole d'un démon revenant avec sept autres démons pires que lui uniquement aux individus, la dernière ligne de la parabole souligne le fait qu'elle s'applique également aux nations et aux civilisations. Cela justifie amplement Cahn qui applique cette parabole à l'Occident. Je suis moins enthousiaste quant à son obsession pour des dates spécifiques, c'est-à-dire des événements récents en Occident que Cahn considère comme faisant écho à des événements des calendriers païens anciens. Cela dit, à notre époque il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les pratiques sexuelles païennes du monde antique (bien documentées par Cahn) sont en augmentation en Occident.
J'exprimerais la chose plus brutalement que Cahn. Nous vivons en fait à Sodome et Gomorrhe. L'Occident privilégié est mûr pour le jugement de Dieu. Le plus triste dans tout cela, c'est que, comme Lot, plutôt que de rappeler à cette génération que le jour viendra où elle devra elle aussi rendre des comptes au Créateur de la vie et au Législateur, une grande partie de l'Église[4] semble déterminée à excuser la perversion et à s'adapter à cette réalité. La corruption païenne est bien vivante au sein du christianisme occidental. J'ai entendu des accusations selon lesquelles Cahn serait tombé dans l'hérésie. Dans ce livre en particulier, je n'ai rien remarqué qui justifie cette accusation.
L'une des questions soulevées par Cahn est que le rejet du Dieu judéo-chrétien et du Législateur conduit à ce que les Américains appellent le cancel culture, une culture du rejet, c'est-à-dire une forme de persécution administrative ayant pour but d'étouffer et marginaliser des opinions que les élites considèrent hérétiques. En somme il s'agit de l'Inquisition des hypocrites. Concrètement, le cancel culture se manifeste lorsqu'un professeur d'université est mis à pied pour avoir offert une critique d'un dogme progressiste, ou encore lorsqu'un orateur critique du progressisme invité sur un campus universitaire voit sa conférence cancellée ou interrompue par le harcèlement et l'intimidation des AntiFas, les Chemises brunes des progressistes[5]. D'autre part, aux États-Unis on a vu des fonctionnaires mis à pied pour avoir refusé entériner un mariage gai, et en Angleterre, des gens priant silencieusement dans la rue devant une clinique d'avortement ont été arrêtés par la police. Cahn observe (2022 : 56)
Bien sûr, toute position qui nie la vérité et l'existence d'absolus doit finalement se contredire elle-même. Elle finira par affirmer sa propre vérité absolue. Mais même cela était un signe de l'esprit de Baal. C'était l'autre côté. Si l'on peut transformer la vérité absolue en quelque chose de subjectif, alors on peut transformer le subjectif en vérité absolue.
Le fait même de créer une idole ou un dieu consiste à forger à partir de rien un nouvel absolu. Ainsi, en l'absence de Dieu, la culture américaine a forgé de nouvelles vérités, créé de nouvelles lois et de nouveaux commandements, et façonné de nouveaux absolus à partir du métal en fusion de son apostasie. Et comme dans l'ancien Israël lorsque Baal est arrivé au pouvoir, ceux qui ne s'inclinaient pas devant les nouveaux dieux et idoles étaient punis, cancellés.
Au-delà de la culture du cancel culture à laquelle Cahn fait allusion ici, il y a un problème grave. Peu de gens remarquent les répercussions politiques qu'entraîne le rejet du Dieu judéo-chrétien et de ses absolus moraux. Lorsque les postmodernes considèrent que “ chacun a sa propre vérité ” comme un axiome de la civilisation, cela supprime tout obstacle à l'égoïsme, à la manipulation, à la cupidité, à la folie, à la méchanceté sanguinaire ou aux perversions sexuelles dont la nature humaine est capable. Peu de gens reconnaissent que cela conduit également à “ Hitler a sa propre vérité ” et “ Staline a sa propre vérité ”... Ce qui aboutit aux répercussions politiques d'une culture fondée sur “ chacun a sa propre vérité ”. Une fois que cela devient un dogme et s'enracine, alors face aux abus de pouvoir et à la violation des droits des citoyens par l'État postmoderne, un État qui prétend représenter le “ bien commun ”[6], le résultat est que l'individu postmoderne n'a plus recours à une morale supérieure à l'État. Il n'y a pas d'autorité morale reconnue au-dessus de l'État. Le problème crucial ici est que l'individu n'a désormais plus aucune base pour critiquer l'État ou lui demander des comptes et qu'il est donc totalement à sa merci. Le mieux qu'il peut faire est de dire : “ Je n'aime pas vos abus ! ”, ce à quoi l'État pourrait bien répondre : “ On s'en fiche ! ”. Et de plus en plus d'éléments tendent à prouver qu'au XXIe siècle, les élites postmodernes considèrent les droits de l'individu et sa vie privée comme des concepts entièrement contingents et jetables[7].
En ce qui concerne les répercussions politiques, rares sont ceux qui remarquent un éventuel motif politique derrière le djihad sexuel postmoderne. Par exemple, si une grande partie de la population nourrit de sérieux doutes sur un fait biologique fondamental tel que la définition de l'homme ou de la femme, alors une partie de la population a franchi un seuil important et est prêt à croire n'importe quoi, absolument n'importe quoi... Fait qui peut bien sûr être fort utile sur le plan politique à une élite totalitaire.
Autres exemples de la montée des dieux en Occident
L'Occident semble être mûr pour l'occultisme et la montée du paganisme à plusieurs égards. Depuis de nombreuses années, Disney[8] a subtilement fait le marketing de l'occultisme (via la “ magie blanche ” et gentilles sorcières -> comme Mary Poppins). Si, “il y était une fois” Disney était une entreprise axée sur la famille, il est désormais un organe zélé de propagande LGBTQ+. Plus récemment, la série Harry Potter a vendu à la jeune génération l'idée que “ l'occultisme, c'est cool ”. Et puis il y a les adeptes des ovnis et du SETI qui vendraient aux masses l'idée que des “ intelligences supérieures ” nous contactent et nous disent comment vivre...
Un élément qui viendrait étayer la thèse de Cahn sur le retour des dieux en Occident est un article récent qui établit de manière inattendue un lien entre les influences occultes et le féminisme. Dans une interview avec Virginia Allen, Carrie Gress (chercheuse au Ethics and Public Policy Center, basé à Washington) fait les observations suivantes sur le poète romantique anglais Percy Shelley (2023), un penseur avant-garde féministe
Les idées “ d'occultisme, de destruction du patriarcat et d'amour libre ” ont joué un rôle important dans les écrits et l'idéologie de Shelley, explique Gress, auteur du nouveau livre The End of Woman (...)
Je pense que très peu de gens réalisent que le féminisme, ces trois éléments – l'occultisme, la destruction du patriarcat et l'amour libre – se retrouvent tous dans l'œuvre de Percy Shelley. Dans sa poésie, il essayait de créer ce qu'il appelait la révolution des femmes. Il s'inspire donc des idées de Godwin, de Wollstonecraft, les rassemble et y ajoute les siennes. En réalité, c'était un homme barbare. Il était impliqué dans l'occultisme. Il y a toute une série de suicides de femmes qu'il avait séduites, y compris sa femme, sa première femme. (...)
Il y a un livre qui m'a éclairé sur beaucoup de choses, que j'ai découvert il y a plusieurs années. Il s'intitule Satanic Feminism (Le féminisme satanique) et a été écrit par un professeur suédois. Il a été publié par Oxford University Press. Il est en anglais. C'est l'un de ces livres qui, lorsque je l'ai lu pour la première fois, m'ont donné l'impression que l'auteur était contre le féminisme satanique. Mais bien sûr, plus je me plongeais dans les notes de bas de page et les références, plus je me rendais compte que non, il pensait en fait que c'était une chose positive.*
Il existe d'autres preuves de la paganisation de l'Occident. Le 1er juin 2016, une cérémonie d'inauguration bizarre a été organisée pour l'ouverture officielle d'un tunnel ferroviaire de 57 km reliant la Suisse et l'Italie. Il ne s'agissait pas d'un événement anodin, puisque cinq chefs d'État européens y ont assisté. Un acteur de la partie théâtrale de l'inauguration jouait le rôle d'une chèvre noire, dansant ici et là et devant laquelle les autres personnages s'inclinaient. Un article de Pauline Mille observe (2016) :
Il est bien difficile à un esprit non prévenu de ne pas y voir [le personnage de la chèvre noire] une représentation du diable, presque triviale à force d'être explicite. Bien sûr, on peut couper les cheveux en quatre et rappeler que la chèvre jouit d'une symbolique à deux faces, se souvenir d'Amalthée dans la mythologie grecque, de sa robe blanche qui aurait plu à monsieur Seguin et de sa corne d'abondance. Mais sous le hangar qui figurait le Saint Gothard, ce ne sont pas des actrices qui ont tenu le rôle, on avait affaire à des hommes jouant des boucs, et des boucs ostensiblement noirs. Or ces animaux représentaient le diable et les créatures diaboliques dans l'iconographie chrétienne médiévale et post médiéval, et ils figuraient aux yeux des anciens Grecs et Romains la débauche effrénée, la luxure épuisante. On se rappelle que le bouc fut l'une des métamorphoses de Dionysos, le dieu des forces obscures et des ivresses, et que le dieu Pan, avec son torse d'homme et ses pieds de boucs est demeuré le symbole du paganisme. Comme pour souligner l'effet recherché, les malheureux travailleurs sacrifiés, lors d'un tableau, portent au-dessus de leur tête, en signe de soumission, des cornes de divers animaux.
Peut-être qu'une génération auparavant, des chefs d'État européens (héritiers du rationalisme des Lumières) assujettis à un tel spectacle auraient quitté la salle en colère, insultés par tant d'absurdités et de superstitions. Mais aujourd'hui, ils restent tous assis et applaudissent. Les temps ont changé...
Voici une note personnelle. Un professeur d'anthropologie que j'ai eu dans les années 1970 était un athée et un communiste convaincu, prêchant avec zèle à ses étudiants de se joindre à la lutte contre le capitalisme. Des années plus tard (après la chute du rideau de fer), je l'ai croisé à nouveau et j'ai réalisé qu'il donnait un cours sur les phénomènes occultes et les voyages astraux. Il avait renoncé à son athéisme et était devenu chaman... Je soupçonne que beaucoup de matérialistes convaincus verraient leur vision du monde complètement renversé s'ils étaient témoins d'un véritable phénomène surnaturel/occulte. L'Apocalypse (Apoc. 13: 13) nous avertit qu'à la fin des temps, le bras droit de l'Antéchrist, le Faux Prophète, aura le pouvoir de faire tomber le feu du ciel.
Il y a quelques années, je me trouvais à la bibliothèque universitaire locale pour consulter les dernières acquisitions dans mon domaine de formation, l'anthropologie sociale. Sur une étagère, j'ai découvert un livre qui examinait la pratique des marcheurs sur le feu. Il s'agit clairement d'une pratique occulte, impliquant le contact avec des esprits, des transes et la marche réelle sur des feux ardents. Les auteurs ont étudié ce phénomène dans diverses sociétés non occidentales, mais le livre se terminait par un chapitre sur un Américain qui s'était formé à cette pratique (en Indonésie, je crois) et qui, de retour aux États-Unis, avait commencé à initier d'autres personnes à la marche sur le feu dans l'État du Maine ! Il n'est pas inconcevable que de telles personnes se préparent à des pratiques telles que celles du faux prophète de l'Antéchrist (Apocalypse 13: 11-17), qui consistent en effet à faire descendre le feu du ciel...
En 1945, lorsque CS Lewis a écrit sur une fusion fictive entre matérialistes/athées et occultistes, qu'il a décrite dans Cette Puissance Hideuse/That Hideous Strength, cela semblait absurde et farfelu. En 2025, cela semble désormais être une issue tout à fait plausible dans notre monde postmoderne... Il existe donc une tendance certaine vers le paganisme dans l'Occident postmoderne. Et cette tendance s'accompagne d'une dérive politique vers le totalitarisme (enraciné dans un mépris de la démocratie), alimenté par une mentalité élitiste chez les élites occidentales. Cela pourrait peut-être constituer le sujet du prochain livre de Cahn, le retour de l'esprit de Babel[9]...
Voici un événement que Cahn n'a pas relevé[10], mais qui s'est produit à New York, une ville à laquelle il accorde par ailleurs beaucoup d'attention. Il s'agit de l'installation (en novembre 2021) d'une statue représentant un grand félin ailé (intitulée “ Gardien de la paix et de la sécurité internationales ”) juste à l'extérieur du siège des Nations unies à New York. De nombreux commentateurs ont suggéré un lien avec la bête apocalyptique mentionnée au chapitre 7 du livre de Daniel. Comme on pouvait s'y attendre, Snopes a rejeté ce lien, car la statue de New York représente un jaguar ailé, et non un lion. Il est toutefois étrange que cette statue ait été érigée précisément au siège de l'ONU, haut lieu des dévots du Nouvel Ordre Mondial. Un article de Leonardo Blair note qu'en raison des protestations, on a retiré la statue... Blair observe également (2022) :
Avant d'être exposée au siège de l'ONU, la statue du Gardien de la paix et de la sécurité internationales a été exposée avec une sculpture de dragon de 3,35 mètres au Rockefeller Center du 22 octobre au 2 novembre dans le cadre des célébrations du Día de los Muertos, ou Jour des morts.*
Les dieux sont de retour
L'un des points soulevés par Cahn est que les anciens dieux païens sont revenus hanter l'Occident postmoderne. Il pense plus précisément aux anciens dieux des nations païennes qui entouraient Israël à l'époque de l'Ancien Testament/Tanakh. Voici la trinité païenne à laquelle Cahn fait référence : Baal, Ishtar (Reine du Ciel) et Moloch (dieu auquel on sacrifiait des enfants). Cahn fournit des preuves solides (p. 40) d'un lien entre Baal et les dieux suprêmes gréco-romains tels que Zeus (grec) et Jupiter (romain). Bien que je n'aie jamais rencontré de preuve d'un tel lien auparavant, cela n'est pas très étonnant, car il était courant dans le monde antique de remballer les anciens dieux en les renommant et en les adaptant à de nouveaux contextes culturels. Cahn examine le culte de Baal et de la prospérité aux États-Unis. Mais Cahn, comme la majorité des Américains n'oserait jamais faire allusion à une autre idole adorée par les Américains, soit le culte de la nation et le patriotisme (ce qui réduit à son essence aboutit au culte de soi). Après tout, le Dieu de l'Ancien Testament avait commandé: “Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face.” (Exode 20: 3).
Il est étrange que Cahn ne fasse pas le lien entre la trinité païenne qu'il discute et les francs-maçons, qui ont eux aussi une trinité païenne, partageant au moins deux des dieux qui apparaissent dans la trinité païenne qui, selon Cahn, domine aujourd'hui l'Occident post-chrétien.
Le biochimiste britannique et chrétien évangélique A. E. Wilder-Smith raconte dans son autobiographie, A Fulfilled Journey (1998), que son père était un franc-maçon de haut rang (32e degré, Royal Arch). Un jour, il feuilletait un livre maçonnique que son père avait négligemment laissé sur une table (et qu'il savait interdit de lire). En l'examinant, Wilder-Smith s'est rendu compte que les francs-maçons vénéraient en fait une trinité païenne, à savoir “ Jabulon ”, qui, une fois décodé, signifie la synthèse de Jéhovah (Ja), Bul (ou Baal) et On (ou la déesse Osiris, pages 92-93). Et lorsqu'il confronta son père à ce sujet, celui-ci adopta une stratégie courante chez les francs-maçons : se moquer des faits découverts par son fils, nier leur véracité et prétendre qu'ils étaient farfelus et ridicules... Voici le verdict final de Wilder-Smith sur les francs-maçons (1998 : 100)
La franc-maçonnerie est un syncrétisme absolument anti-chrétien. Elle est l'ennemie du christianisme et aussi du judaïsme. Le culte de Baal et d'On (Osiris) en tant que divinités n'est pas compatible avec l'Ancien Testament ! Mais au début, le jeune franc-maçon ou le franc-maçon qui n'est pas très ambitieux ne sait pratiquement rien d'important sur la doctrine maçonnique. Charles Finney, le père du Réveil américain, était franc-maçon avant sa conversion au Christ. Après sa conversion, il a essayé de témoigner du Christ dans la loge. Finney a très vite compris que dans la loge, on pouvait citer et admirer n'importe quel chef religieux, tant qu'on ne nommait pas le Christ comme le Fils de Dieu, mort pour les péchés du monde.
Mais il faut garder à l'esprit que Wilder-Smith parle des francs-maçons du Rite écossais. Ailleurs, les francs-maçons initiés au 33e degré dans d'autres branches de la maçonnerie peuvent très bien adorer les trois anciens dieux païens dont Cahn discute. Si l'on lit la propagande typique des francs-maçons, ceux-ci nient avec véhémence que la maçonnerie soit une religion, mais comme le souligne Wilder-Smith, il faut s'attendre à ce que cela vienne “ des jeunes francs-maçons ou des francs-maçons peu ambitieux qui ne savent pratiquement rien d'important sur la doctrine maçonnique ”. La franc-maçonnerie est donc une secte hypocrite qui cache ses véritables croyances, même à ses initiés de niveau inférieur. Cela découle du simple fait que la franc-maçonnerie est un système de croyances gnostiques avec des hiérarchies d'initiations. En conséquence, les croyances fondamentales des francs-maçons sont réservées uniquement aux “ illuminés ”, c'est-à-dire aux francs-maçons au sommet de la pyramide, ceux qui ont été initiés au-delà du 33 e degré. Les maçons de niveau inférieur sont nourris des mêmes mensonges et absurdités (la franc-maçonnerie n'est pas une religion) que les non-initiés...
En ce qui concerne les idéologies totalitaires du XXe siècle, même un site web progressiste comme Wikipédia confirme les liens entre la société Thulé (Thule-Gesellschaft en allemand, une société occulte) et le parti nazi[11]. Wiki souligne que la société Thulé a été fortement impliquée dans la fondation du Deutsche Arbeiterpartei (DAP ; Parti ouvrier allemand) auquel Hitler a adhéré et qui a ensuite été rebaptisé NSDAP ou parti nazi. Wiki souligne que de nombreuses figures de proue des débuts du parti nazi, telles que Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Hans Frank, Julius Lehmann, Gottfried Feder, Dietrich Eckart et Karl Harrer, avaient été membres de la société Thulé. Wiki observe également que la société Thulé a été fondée par Walter Nauhaus, qui a ensuite été rejoint par l'occultiste Rudolf von Sebottendorf, qui a adopté la société Thulé de Nauhaus comme couverture pour sa loge munichoise (franc-maçonnique) du Germanenorden Walvater lors de son inauguration officielle le 18 août 1918. Il existe donc des liens entre les groupes occultistes/maçonniques et le parti nazi. Dans une communication personnelle (2025), l'historien Richard Weikart fit les observations suivantes concernant les influences occultistes au sein du parti nazi.
Comme je le montre dans mon livre, Hitler's Religion, Hitler lui-même ne s'intéressait ni à l'occultisme ni au paganisme (j'y consacre un chapitre entier). Goebbels et Heydrich non plus. Cependant, certains dirigeants nazis, tels que Hess, Himmler et Rosenberg, adhéraient à l'occultisme et/ou au paganisme. Les dirigeants nazis étaient divisés sur cette question.
Dans une tournure bizarre, lorsque Hess s'est envolé pour l'Angleterre afin de tenter de négocier un accord avec eux en 1941, Hitler a pensé que Hess était devenu fou et a tenu les astrologues pour responsables. Il a ordonné à Himmler d'arrêter et d'emprisonner tous les astrologues d'Allemagne. Himmler s'est exécuté, mais, ironiquement, il a laissé un astrologue éminent en liberté afin qu'il devienne son astrologue personnel.*
En réalité, Hitler et les autres hauts responsables nazis n'étaient pas tous des occultistes... Une grande partie la pensée rationaliste des Lumières et la lutte pour la survie darwinienne a conduit aux actions des nazis...
En ce qui concerne l'autre idéologie totalitaire bien connue du XXe siècle, à savoir le communisme, on peut se référer au livre de Richard Wurmbrand sur Karl Marx et Satan (1976) ou à une interview de Paul Kengor et Jordan Peterson présentée par Rhoda Wilson (cf. références ci-dessous). Malgré leur matérialisme apparent, il ne fait aucun doute que les idéologies totalitaires du XXe siècle avaient des liens avec des influences païennes/occultes[12].
Observations finales
Cahn adresse un avertissement aux chrétiens privilégiés de l'Occident post-chrétien[13] qui mérite d'être pris en considération (2022 : 234) :
Même deux mille ans après sa venue [celle du Christ], même dans le monde moderne, il n'y avait toujours personne comme lui parmi les dieux. Il n'y avait personne qui leur inspirait autant de crainte et de haine. Il les avait chassés du monde antique, et à leur retour, ils allaient mener une guerre contre lui, contre sa Parole et contre son peuple. Ainsi, la persécution contre les chrétiens serait plus grande dans le monde moderne qu'elle ne l'avait été dans le monde antique, plus grande qu'à l'époque des arènes romaines.*
Les chrétiens privilégiés et compromis de l'Occident peuvent-ils concevoir que ce jugement s'applique à eux ?
Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l'assaisonnera-t-on ? Il ne sert plus qu'à être jeté et foulé aux pieds par les hommes. (Matthieu 5:13)
Même si le moment est venu pour l'Esprit de tromperie d'accomplir son œuvre et que nous voyons de nos propres yeux la séduction démoniaque et l'arrivée du temps du jugement, Dieu reste l'ancre des chrétiens.
Jéhovah s'est assis comme roi lors du déluge ; oui, Jéhovah s'assoit comme roi pour toujours. (Psaume 29:10)
Alors que le jugement est tombé sur la génération de Noé, Dieu a fourni une arche aux fidèles... Dans le monde antique, la chute de l'Empire romain au Ve siècle était considérée par de nombreux contemporains comme la fin du monde, mais le christianisme y a survécu. Peut-être qu'en ce moment précis, nous avons besoin de cette parole :
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort, une lumière a resplendi. Tu as multiplié la nation, tu as augmenté sa joie ; elle se réjouit devant toi comme on se réjouit à la moisson, comme on se réjouit quand on partage le butin. Tu as brisé le joug qui pesait sur lui, le bâton qui frappait son épaule, la verge de son oppresseur, comme au jour de Madian. Car toutes les armes du guerrier dans la bataille, et les vêtements roulés dans le sang, seront destinés au feu, pour le combustible du feu. Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et son nom sera appelé Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. L'accroissement de son gouvernement et de la paix n'aura pas de fin, sur le trône de David et sur son royaume, pour l'établir et le soutenir avec justice et droiture, dès maintenant et pour toujours. La ferveur de l'Éternel des armées accomplira cela. (Ésaïe 9: 2-7)
Une prière pour cette génération
Ô Seigneur, que ta lumière brille dans nos ténèbres.
Au milieu de la corruption et de la mort, que ta vie prenne racine.
Là où règnent la confusion et le mensonge, que ta vérité résonne dans nos cœurs.
Là où il n'y a que désespoir et ténèbres, fait naître l'espoir.
Là où règnent le trouble et l'angoisse, donne-nous ta paix.
Quand les hommes et les institutions humaines tombent dans le compromis, laisse-nous tenir la main de Celui qui a vaincu la mort.
Quand les conséquences d'un monde déchu touchent nos vies, lors de nos épreuves et dans notre solitude, apprends-nous à faire confiance à Celui qui tient l'univers dans ta main.
Allen, Virginia (2023) How Feminist Movement Drew Ideology From the Occult. (The Stream – 11/8/2023)
Arendt, Hannah (1948/1976) The Origins of Totalitarianism. Harvest Book New York xliii-576 p.
Blair, Leonardo (2022) Sculpture Christians likened to ‘End Times beast'no longer on display at UN. (Christian Post – 5/1/2022)
Cahn, Jonathan (2022/2025) Le retour des Dieux. Éditions Inspiration 338 p.
César, Jules, (58 av. JC/1861) La Guerre des Gaules. Traduction Désiré Nisard. Firmin-Didot Frères, 1861.
Caesar, Julius (58 BC) Commentaries on the Gallic and Civil Wars: with the Supplementary Books attributed to Hirtius. (Electronic Text Center, University of Virginia Library)
Gosselin, Paul (2006) Fuite de l'Absolu: Observations cyniques sur l'Occident postmoderne. Volume I. Samizdat 492 p.
Gosselin, Paul (2012) Flight From the Absolute: Cynical Observations on the Postmodern West.Volume I. Samizdat ix-412 pages
Jaki, Stanley M. (1974/1986) Science and Creation: From eternal cycles to an oscillating universe. Scottish Academic Press Edinburgh, London 377 p.
Lewis, CS (1945) That Hideous Strength. (Samizdat - English, PDF, Canadian public domain text)
Lewis, CS (1967) La trilogie cosmique: Le silence de la terre ; Voyage à Venus ; Cette hideuse puissance. Traduction : Maurice Le Pichoux, Éditions Opta, 1967 - xiv, 543 pages
Mille, Pauline (2016) Saint-Gothard... Une cérémonie endiablée pour un tunnel d'enfer ! (Reinformation.tv) Ggl translation
Nietzsche, Friedrich (1886/2003) Beyond Good and Evil. (Project Gutenberg)
Weikart, Richard (2016) Hitler's Religion: The Twisted Beliefs That Drove the Third Reich. Regnery History, Washington, D.C. xxx-386 p.
White, Lynn (1978) Medieval Religion and Technology. U. of California Press Berkeley
Wilder-Smith, Arthur E. & Wilder-Smith, Beate (1998) Fulfilled Journey: The Wilder-Smith Memoires. The Word for Today - Costa Mesa CA 544 p.
Wilson, Rhoda (2025) Documentary: The Occult History of the Third Reich (1991). (The Exposé – 18/12/2025)
Wilson, Rhoda (2025) Karl Marx claimed he was an atheist but displayed satanic tendencies. (The Exposé – 1/8/2025) -> features interview with Paul Kengor and Jordan Peterson
Wurmbrand, Richard (1976) Marx and Satan. Crossway Books 79 p.
[1] - Jules César, dans sa Guerre des Gaules (58 av. J.-C.), rapporte cette observation à propos des Gaulois, ancêtres des Français.
[Livre 6.16] Toute la nation gauloise est très superstitieuse ; aussi ceux qui sont attaqués de maladies graves, ceux qui vivent au milieu de la guerre et de ses dangers, ou immolent des victimes humaines, ou font vœu d'en immoler, et ont recours pour ces sacrifices au ministère des druides. Ils pensent que la vie d'un homme est nécessaire pour racheter celle d'un homme, et que les dieux immortels ne peuvent être apaisés qu'à ce prix ; ils ont même institué des sacrifices publics de ce genre. Ils ont quelquefois des mannequins d'une grandeur immense et tressés en osier, dont ils remplissent l'intérieur d'hommes vivants ; ils y mettent le feu et font expirer leurs victimes dans les flammes. Ils pensent que le supplice de ceux qui sont convaincus de vol, de brigandage ou de quelque autre délit, est plus agréable aux dieux immortels ; mais quand ces hommes leur manquent, ils se rabattent sur les innocents.
[2] - Sujet que, vraisemblablement, vous n'entendrez jamais discuté dans une salle de classe universitaire.
[3] - Un sujet étudié en profondeur dans l'ouvrage de Stanley Jaki, Science and Creation (1974).
[4] - C'est-à-dire une église qui ne discute jamais sérieusement du péché ni du jugement de Dieu...
[5] - Et lorsque l'intimidation ne suffit plus on est allé plus loin en 2025 avec l'assassinat de Charlie Kirk.
[6] - Et bien sûr, ce sont les élites qui décident de ce qu'est le “ bien commun ”... On nous demanderas jamais notre avis.
[7] - Avec le temps, il est devenu évident que les élites postmodernes au pouvoir en Occident se calquent sur le modèle du Surhomme nietzschéen. Dans Par-delà le bien et le mal, Nietzsche a exprimé ouvertement (et brutalement) le mépris absolu avec lequel une élite nietzschéenne considère les masses. (1886 : section 61)
Et enfin, aux hommes ordinaires, à la majorité du peuple, qui existent pour servir et servir l'intérêt général, et dont le droit à l'existence est limité,
[8] - Un film des années 1980 a mis en lumière la fascination de Disney pour l'occultisme. Le film “ The Watcher in the Woods ” (1980), réalisé par John Hough et Vincent McEveety, met de l'avant un thème typique de Disney : des enfants en quête d'aventure. Cependant, son intrigue mêle séances de spiritisme, invocation des morts, possession et diverses croyances occultes.
[9] - Référence à l'épisode de la Tour de Babel relaté dans le chapitre 11 de la Genèse.
[10] - Un événement qui a eu lieu quelques mois avant la publication du Return of the Gods.
[11] - Or, lorsqu'il s'agit de sociétés secrètes et d'organisations dérivées de la franc-maçonnerie, l'ambiguïté quant aux personnes impliquées permet toujours un déni plausible de liens ou d'influence...
[12] - Et comme le souligne l'article Wikipédia sur la Société de Thulé, des liens existent entre les idéologies totalitaires du XXe siècle et les sociétés secrètes telles que la franc-maçonnerie. Tout cela me rappelle l'anecdote suivante. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, alors que j'étais à l'université, j'avais entendu parler d'une remarque d'Hannah Arendt, la politologue juive, selon laquelle les partis totalitaires comme le nazisme ou le communisme étaient structurés sur le modèle des sociétés secrètes. Des années plus tard, j'ai lu le livre en question et la citation entière est plutôt intéressante (1948/1976: 376-377) :
(...) les mouvements totalitaires ont été qualifiés de “ sociétés secrètes établies au grand jour ”. Bien que nous connaissions peu de choses sur la structure sociologique et l'histoire récente des sociétés secrètes, la structure de ces mouvements, sans précédent comparée à celle des partis et des factions, rappelle étrangement certains traits marquants de ces mêmes sociétés. Les sociétés secrètes établissent également des hiérarchies selon des degrés d'“ initiation ”, régulent la vie de leurs membres selon un postulat secret et fictif qui leur fait croire que tout est différent, adoptent une stratégie de mensonge systématique pour tromper les masses non initiées, et exigent une obéissance aveugle de leurs membres, unis par leur allégeance à un chef souvent inconnu et toujours mystérieux. Ce chef est lui-même entouré, ou censé l'être, d'un petit groupe d'initiés, eux-mêmes entourés de semi-initiés formant une “ zone tampon ” contre le monde profane hostile. À l'instar des sociétés secrètes, les mouvements totalitaires partagent également cette division dichotomique du monde entre “ frères de sang ” et une masse indistincte et inarticulée d'ennemis jurés. Cette distinction, fondée sur une hostilité absolue envers le monde extérieur, diffère profondément de la tendance des partis ordinaires à diviser la population entre ceux qui en font partie et ceux qui n'en font pas partie. Les partis et les sociétés ouvertes, en général, ne considèrent comme ennemis que ceux qui s'opposent ouvertement à eux, tandis que le principe des sociétés secrètes a toujours été que “ quiconque n'est pas expressément inclus est exclu ”. Ce principe ésotérique semble totalement inadapté aux organisations de masse ; pourtant, les nazis ont offert à leurs membres un équivalent psychologique du rite d'initiation des sociétés secrètes lorsqu'au lieu de simplement exclure les Juifs, ils exigeaient de leurs membres la preuve d'une ascendance non juive et ont mis en place un système complexe pour faire la lumière sur les origines obscures de quelque 80 millions de Juifs.*
Pour éviter tout malentendu, Arendt ne mentionne jamais explicitement les francs-maçons. D'autres étudiants, à qui j'ai parlé de cette citation étrange, ont balayé d'un revers de main l'observation d'Arendt sans jamais s'intéresser à ses implications (désagréables). Plus récemment, j'ai soupçonné qu'Arendt faisait référence aux francs-maçons... Concernant l'influence franc-maçonne en général, ce site franc-maçon américain se vante ouvertement que plus de la moitié des présidents américains furent membres (ainsi que de nombreuses autres personnalités, voire des membres du clergé...). Le problème, c'est que les francs-maçons s'abstiennent généralement de s'afficher s'ils sont actuellement actifs dans les cercles du pouvoir et de l'influence... Ce serait trop imprudent
[13] - Qui ont la certitude que la persécution véritable ne pourrait jamais les atteindre.