(quelques féflexions de C. S. Lewis)
"(
) le Nouveau Testament, sans entrer dans les détails, nous donne une vue assez claire de ce que serait une société pleinement chrétienne, Peut être nous offre-t-il plus que nous ne pouvons assimiler. Il nous dit qu'il ne saurait y avoir ni vagabonds, ni parasites, et qu'un homme qui ne travail par ne doit pas manger. Chacun doit oeuvrer de ses propres mains et, qui plus est, tout travail doit produire quelque chose de bien. Ainsi disparaîtront les manufactures de ridicules objets de luxe et la publicité encore plus ridicule qui nous incite à les acheter. Il ne doit y avoir ni "type à l'épate", ni "poire" ni "m'a tu vu". À ce dégrée là, une société chrétienne ressemblerait assez à celle que nous considérons maintenant "de gauche". Mais, d'autre part, il conviendrait de toujours insister sur l'obéissance - obéissance (et marque extérieure de respect) - à l'égard des magistrats, des enfants pour leurs parents et (j'ai peur de me rendre impopulaire) des épouses envers leurs maris. Ce serait, en troisième lieu, une société enthousiaste, débordante de chants et de réjouissances, et considérant comme un tort l'inquiétude ou l'anxiété. La courtoisie est l'une des vertus chrétiennes, et le Nouveau Testament hait ce qu'il appel les intrigants.
S'il existait une telle société et que vous ou moi lui rendions visite, je pense que nous la quitterions avec une impression curieuse. Nous éprouverions le sentiment que sa vie économique est très socialisante et, dans ce sens, où "avancée", mais que sa vie familiale et son code de murs sont plutôt vieux jeu - voir même cérémonial ou aristocratique. Chacun d'entre nous apprécierait quelques aspects de cette société, mais je craints que très peu en aimerait l'ensemble. C'est exactement ce qu'on serait en droit d'attendre si le christianisme concrétisait le plan, à mettre en oeuvre, pour le fonctionnement de la machine humaine. Nous sommes tous éloignés de ce schéma de diverses façons; chacun veut prouver que ses propres modifications du plan original constituent le plan lui-même. Vous retrouverez ce travers à maintes reprises à propos de tout ce qui est réellement chrétien; chacun est attiré par des aspects de l'ensemble et désire les isoler du reste. C'est pourquoi nous n'avançons guère et que des gens visant des buts diamétralement opposés peuvent dire de bonne foi qu'ils combattent pour le christianisme."
(p. 94-95 in CS Lewis "Les fondements du christianisme. (éd. rév. de "Voilà pourquoi je suis chrétien.") Ligue pour la lecture de la Bible (coll. Points de vue) Guebwiller France 1985 236 p.)
Dans les pages de son roman "Cette hideuse puissance.", on peut trouver une illustration d'une telle société.
"(
) the new Testament, without going into details, gives us a pretty clear hint of what a fully Christian society would be like. Perhaps it gives us more than we can take, It tells us that there are to be no passengers or parasites: if [a] man does not work, he ought not to eat. Every one is to work with his own hands, and what is more, every one's work is to produce something good: there will be no manufacture of silly luxuries and then of sillier advertisements to persuade us to buy them. And there is to be no "swank" or "side", no putting on airs. To that extent a Christian society would be what we now call Leftist. On the other hand, it is always insisting on obedience - obedience (and outward marks of respect) from all of us to properly appointed magistrates, from children to parents, and (I am afraid this is going to be very unpopular) from wives to husbands. Thirdly, it is to be a cheerful society: full of singing and rejoicing, and regarding worry or anxiety as wrong. Courtesy is one of the Christian virtues; and the New Testament hates what it calls "busy-bodies".
If there is such a society in existence and you or I visited it, I thing we should come away with a curious impression. We should feel that its economic life was very socialistic and, in that sense, "advanced", but that its family life and code of manners were rather old-fashioned - perhaps even ceremonious and aristocratic. Each of us would like some bits of it, but I am afraid very few of us would like the whole thing. That is just what one would expect if Christianity is the total plan for the human machine. We have all departed from that total plan in different ways, and each of us wants to make out that his own modification of the original plan is the plan itself. You will find this again and again about anything that is really Christian: every one is attracted by bits of it and wants to pick out those bits and leave the rest. That is why we do not get much further: and that is why people who are fighting for quite opposite things can say they are both fighting for Christianity."
(p. 80 in C. S. Lewis, Mere Christianity. MacMillan New York 1943/1977 190 p.)
One can find, in the pages of "That Hideous Strength.", an illustration of such a society.