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Samizdat

La révolution des saints:
Églises évangéliques et révolutions anglaises du 17e siècle





Rodrigue Allard

Ce texte a pour objet les origines ecclésiastiques du Modèle politique anglais du 17e siècle, c'est à dire, la République et la Monarchie parlementaire. Au 17e siècle, sauf exception de pays d'Europe du Nord comme la Suède (1a), le Continent (européen) est dominé par la monarchie absolue, qu'on pourrait appeler modèle latin.

C'est premièrement celui de la dynastie Habsbourg qui règne sur la majeure partie de l'Occident latin et méditerranéen. C'est par la suite celui des Bourbons de France qui, petit à petit, supplantent les Habsbourg, dans la domination dudit Occident latin. Dans les deux cas, on assiste, dans la plupart des pays où elles existaient, à l'effacement des quelques institutions médiévales contrebalançant les pouvoirs du Monarque.

Quel est donc le facteur ayant entraîné l'Île de Grande Bretagne à se singulariser ?

La réponse se trouve peut-être dans l'effervescence spirituelle qui enflamme l'Occident suite à la Réforme protestante. Déjà la Bible offre dans le Nouveau Testament, l'image d'un Système politique et social parallèle, opposé à la Monarchie absolue représentée par l'Empire romain, cela par obéissance au seul Seigneur et seul Souverain, dudit Évangile. (Cf. plus bas, la Définition du concept "Démocratie"), par la suite on voit l'Église continuer dans cette voie. L'étude de l'histoire de l'Église, offre aussi divers autres exemples similaires. En Angleterre même, près de l'époque ici traitée, aux 14e et 15e siècles, se trouve le mouvement communiste chrétien des Lollards dans lequel on affirme que "Quand Ève filait et Adam bêchait", il n'y avait ni riches ni nobles.

Des mouvements similaires, les Frères Moraves et les Frères suisses (surnommés "Anabaptistes"), communistes, féministes et pacifistes, se manifestent sur le Continent aux 15e, 16e et 17e siècles, et ont des groupes en GB. Même la théologie du Luther des débuts possède en germe, des éléments qui nourrissent la dissidence démocratique radicale, qu'on appelle, Reformation Radicale.

Ce présent travail traitera donc des origines chrétiennes de la monarchie parlementaire moderne et surtout de la Démocratie moderne ; il y sera donc fait plusieurs fois mention des diverses pensées théologiques à l'origine directement ou indirectement, des puissantes transformations sociales et politiques de la période.

Une grande part de ce travail sera de même consacrée à la Révolution anglaise des années 1640-60, particulièrement aux Baptistes, puisque cette église a donné naissance au mouvement révolutionnaire des Niveleurs (i.e. les Égalitaristes) qui a tenté d'instaurer la Démocratie et le Communisme, dès le 17e siècle.

Ce travail parlera aussi fréquemment du pacifisme, puisque ce dernier est un élément central du modèle démocratique du Nouveau Testament, et parce qu'ils représentent la parfaite contrepartie de la Monarchie totalitaire qui est la transposition civile du hiérarchisme militaire (à moins que se fut ce dernier qui soit une transposition dans le monde militaire moderne, du modèle hérité de la Monarchie totalitaire).

A) DÉFINITIONS DE QUELQUES CONCEPTS EN CAUSE DANS LA RÉVOLUTION ANGLAISE :

"CHRÉTIENTÉ" : Système politique hérité de l'Empire romain tardif. Ledit Empire voulait "récupérer" les Chrétiens des premiers siècles, dont le mouvement ne cessait de s'étendre et dont les membres rejetaient les valeurs et les philosophies dominantes de l'Empire. La tactique a consisté à donner un statut prestigieux et des positions avantageuses aux Chrétiens, et surtout à leurs leaders, pour qu'ils se convertissent aux valeurs dominantes. Cela ne s'est évidemment pas fait en un instant, ce fut plutôt un processus s'étendant sur de nombreuses décennies (1b).

Les Rois du Moyen âge et des siècles subséquents ont continué cette politique qui est donc celle de l'Angleterre du 17e siècle comme ce travail l'exposera en détail, un peu plus loin.

DÉMOCRATIE : Ce mot vient de l'Antiquité pré-chrétienne, de la langue grecque pour être plus précis.

1- Ce mot a un sens très péjoratif dans l'Antiquité et il le garde jusqu'au milieu du 17e siècle ; il implique une idée de "Domination ("cratein") par la foule ("demos")" (1c)

2- Dans son sens antique, le mot a un sens beaucoup plus restreint qu'à notre propre époque, comme on peut le voir, par exemple à Athènes, qu'on considère comme la ville démocratique par excellence de l'Antiquité : les êtres humains y sont sévèrement hiérarchisés selon la race, le sexe et le statut socio-économique. L'emphase mise par la Renaissance sur l'Antiquité sera donc plutôt un frein au développement de la démocratie au sens moderne et un encouragement à la monarchie totalitaire néo païenne.

République: Un mot venant, lui, de la Rome antique, du latin "Res Publica". Le mot anglais "Common Wealth", "Bien commun" en est, semble t-il, l'équivalent, si ledit mot anglais, n'a pas eu le sens premier de "les Richesses mises en Commun" ; c'est en effet ainsi que de nombreux soldats de l'armée de Cromwell, ont compris ledit mot. La République est un régime où il n'y a pas de Roi et où c'est un Parlement qui règne. Dans le sens classique (donc celui utilisé au 17e siècle), le terme n'est pas le synonyme de Démocratie, ce dernier système n'en est qu'une manifestation marginale parmi d'autres ; dans la plupart des Républiques qui se succèdent jusqu'au 20e siècle, le Parlement n'est pas élu par les gens du Peuple(1d). Ainsi en Angleterre, avant et sous la République du 17e siècle, et après sa chute, jusqu'à la deuxième moitié du 19e siècle, seule une minorité de marchands et autres notables peuvent élire les députés.

Ancien Testament : On y voit déjà, plusieurs siècles avant les Grecs, une prise de position anti royaliste et même anarchisante.

Il y est par exemple déclaré (dans le Livre des Juges, chap. 17, verset 6, et ch.18, v.1), que pendant plus de 300 ans "Il n'y avait point de roi en Israël et chacun faisait ce qui lui semblait bon" ; or loin de déplorer cette situation, Dieu semble lui-même honorer ce système et s'oppose à l'avènement d'un Roi en Israël (dans le 1er Livre de Samuel ch.8, v.6-22 ; ch.10, v.18-19, et ch.12, v.12, 17, 19) : "...[en voulant avoir un Roi] c'est Moi qu'ils [les Israélites] rejettent, pour que Je ne règne plus sur eux !". On voit aussi (Livre du Lévitique ch. 25, v.10, 23, 28, 35-37, 39-42, 54) que la Constitution de l'ancienne démocratie d'Israël contient cette clause socialisante du Jubilé : À tous les 50 ans, expropriation de toutes les richesses et redistribution égale à tous les citoyens. Cela, additionné à l'exemple donné par les révolutionnaires Zélotes juifs du temps de Jésus, a dû fortement inspirer les Républicains et les Révolutionnaires du 17e siècle anglais.

L'église des premiers siècles, développe une démocratie qu'on peut qualifier d'intégrale : féministe, socialiste et pacifiste (2). Cette démocratie se continuera au travers des mouvements monastiques du Haut moyen âge, puis pendant le Bas moyen âge, au travers des Pauvres du Christ, dont faisaient partie les Vaudois, puis des Lollards anglais de John Wycliff (14e-15e siècles), puis des Frères Moraves, Bohémiens (15e siècle) et Suisses (16e siècle). Les Lollards, prédicateurs communistes, sont à l'origine du Mouvement des Travaillistes de 1381, qui inspirera les mouvements dissidents et révolutionnaires des siècles subséquents. (3)

DROITE : Mot de notre époque, décrivant un courant de pensée millénaire, justifiant l'inégalité des êtres humains, la loi du plus fort, sur la base d'arguments magiques, philosophiques, théologiques, scientifiques ou économiques. Ce courant, sous ses diverses manifestations, a toujours été, et de très loin, le plus répandu jusqu'au 20e siècle (et même actuellement) (3b) Son contraire, la démocratie (cf. notice précédente) a, à l'inverse, toujours été très marginal, surtout sous sa forme intégrale, jusqu'au 20e siècle.

INDÉPENDANTS : Paroisses et/ou congrégations issues de l'Église anglicane dont les pasteurs n'ont pas été nommés par les Évêques de ladite Église, dont ils trouvent l'organisation trop semblable au Catholicisme. En contrepartie, les Puritains sont des pasteurs et/ou paroissiens qui sont demeurés dans l'Église anglicane, même s'ils déplorent les mêmes choses que les Indépendants. Ce courant sera décrit plus longuement au cours de ce présent travail.

MENNONITES ou ANABAPTISTES : Mouvement véhiculant grosso modo, les mêmes valeurs que l'Église primitive, les premiers moines, les Pauvres du Christ et les Frères, susmentionnés. Il est important de ne pas avec confondre les Mennonites en général, avec les Amish, la sous-branche traditionaliste des Mennonites.

Pour peu que je puisse le savoir, le mouvement Mennonite est la continuation des Frères Moraves susmentionnés, dont certains membres, qui fuyaient la guerre civile entre Impériaux et Taborites dans le pays tchèque, se sont installés dans le reste du monde germanique, entre autres dans les montagnes de Suisse (4). De plus, on sait que les Vaudois persécutés ont eux aussi, fui en Suisse, au point où un Canton suisse (Vaud) porte leur nom. J'émets donc dans cette présente notice, l'hypothèse (5) qu'une partie des continuateurs de ces Vaudois se sont unis aux Frères Moraves et Bohémiens pour former les Frères Suisses du 16e siècle, qu'on surnomme (péjorativement) “anabaptistes” ("rebaptiseurs") et qui existent toujours de nos jours.

Leur rejet total de toute inégalité, leur dédain des rites (entre vis-à-vis la "vertu salvatrice du baptême", d'où le surnom d'Anabaptistes qui leur est accolé), le fait que par évangélisme pacifiste, ils refusent d'accepter comme membre, tout individu dont les fonctions peuvent le forcer à utiliser la violence ou appliquer des politiques inéquitables (militaire, bourreau, juge ou procureur devant appliquer la peine de mort, ministre de la Défense, Chef d'état, etc.), et aussi le fait qu'à l'époque, ils mettent leurs biens en commun(5b), tout cela les amenés à être accusés d'être Anarchistes.

De même, la terrible confusion qui s'est opérée dans l'esprit des gens de l'époque, entre eux et certains révolutionnaires violents, tels Thomas Müntzer et ceux de la ville de Munster, tient au fait que les Anabaptistes avaient en commun avec ces derniers, la croyance évangélique dans un Règne intégralement égalitaire du Christ, devant durer Mille ans (Millenium), et le refus de baptiser les enfants (les Anabaptistes ne baptisent que les personnes qui sont prêtes à vivre à l'exemple du Jésus des Évangiles)

En fait, l'Encyclopédie du Protestantisme a reproduit une lettre de Conrad Grebel, principal porte-parole des Anabaptistes ; dans cette dite lettre, Grebel exhorte Müntzer à renoncer définitivement, par fidélité à l'Évangile, à toute violence (6).

Les Anabaptistes sont persécutés, immédiatement après avoir commencé à manifester des positions contraires à celles de la "Chrétienté" luthérienne et zwinglienne (7) et cela, avant que Müntzer ait commencé à prêcher la révolution violente, révolution qui ne fera qu'exacerber la persécution génocidaire des Princes, à l'encontre de tous ceux que l'on appelle "anabaptistes", violents ou non.

Cette persécution continue sur le Continent et en Angleterre, pendant les 17e et 18e siècles.

Les Anabaptistes pacifistes (donc, les vrais Anabaptistes) fuient aux Pays-Bas, où sous l'égide de Menno Simmons, ils jouiront d'une relative tolérance et se feront donner le nouveau surnom de "Mennonites".

En infiltrant leurs communautés en Angleterre à partir de 1535, par esprit missionnaire et pour fuir la guerre entre les Pays-Bas et la dynastie Habsbourg ; ils seront l'avant-garde de l'instauration de la démocratie en Angleterre et en Occident, en continuant le travail de propagande égalitaire commencé par les Lollards, par l'exemple de leur vie quotidienne et par leur résistance opiniâtre à la persécution.

Ce présent travail exposera plus en détail comment cela s'est fait.

1: L'ANGLETERRE, DU SCHISME D'HENRY VIII, À LA RÉVOLUTION DE 1640-1660

A) LE SCHISME : ORIGINE DES ANGLICANS OU ÉPISCOPALIENS

Au 16e siècle, la "Chrétienté" est frappée par le Schisme de Luther et Calvin. C'est en effet, le terme "schisme", plutôt que Réforme qui convient pour désigner ce qui se passe en Grande-Bretagne et en Europe. Il s'avère en effet, très vite, après quelques années d'espoir, qu'il ne s'agit nullement de rétablir la démocratie évangélique, malgré le concept prometteur de la Prêtrise Universelle.

Il s'agit plutôt pour une Europe du Nord qui constate son propre développement économique et militaire, de s'émanciper vis-à-vis de Rome et donc de l'Empire des Habsbourg (8) (ou du Roi de France)...pour mieux se retrouver sous le contrôle des Princes, ou des Magistrats (i.e. notables) dans les Républiques calvinistes.

Pour cela, il faut remplacer la Chrétienté romaine, méditerranéenne, par une Chrétienté nord-européenne (8b). Ainsi, avant que le roi d'Angleterre face schisme, son royaume est dans l'orbite de l'Empereur Habsbourg, Charles Quint dont il a marié la tante. Divorcer d'avec cette dernière, est une manière spectaculaire de sortir de cette orbite.

Le roi d'Angleterre, Henry VIII, excommunié (1534), ne s'éloigne du Catholicisme romain, qu'en autant qu'il y trouve son avantage ; ainsi il emprunte à Luther sa doctrine anti monastique, en autant qu'elle lui permet d'exproprier les biens considérables, des communautés monastiques.

Par contre, pour bien d'autres aspects, la priorité est de rendre la transition du Catholicisme à l'Anglicanisme, le plus facile possible, en évitant les changements marqués.

Le Gouvernement de son successeur (1547-1553), Édouard VI va plus loin dans le protestantisme, en favorisant le plus possible la bourgeoisie, i.e. le "Bas" clergé ("Presbyteron" en grec biblique), aux dépends de l'aristocratie épiscopale et en mettant l'emphase sur la théologie abstraite, (ex.: la prédestination) au dépends des "œuvres", i.e. des sacrements (ils passent de 7 à 2, la transsubstantiation devient strictement "spirituelle" et non plus matérielle). (8c)

Ces réformes, de tendance presbytérienne, agréent principalement la Bourgeoisie montante (Gentry et Yeomen) et laisseront un très vif souvenir chez les Puritains qui chercheront avec persistance à "ressusciter" le règne d'Édouard (9a) sous les souverains subséquents, et cela d'autant que, à partir de cette époque, plus on est protestant, plus on est susceptible d'être vu comme un Patriote anglais, pur et dur.

Élisabeth (1558-1603), pendant tout son règne, reprend la politique précédente d'Henry VIII, son père, plutôt que celle d'Édouard. La priorité pour elle est d'avoir la haute main sur tous les partis en présence, autant ceux qui sont proches du Catholicisme que les Puritains, sans laisser aucun parti prendre le dessus sur elle.

Voyant qu'il est impossible de réformer l'Église anglicane dans le sens voulu, un certain nombre de clercs puritains se déclareront Indépendants de l'Épiscopat, de leur propre initiative. C'est alors qu'entrent à nouveau en scène, les susmentionnés Mennonites.

B) ORIGINE DES INDÉPENDANTS

Selon ce que je sais de l'état actuel des connaissances historique, il est difficile de pouvoir trancher, dans quelle proportion, l'Église des Puritains Indépendants (ou Congrégationalistes), a pour origine, les Mennonites immigrés en Angleterre (9b) : En effet, les premiers Indépendants eux-mêmes ont des positions contradictoires qui les rendent durs à classer.

À certains moments, les premiers pasteurs Indépendants affirment (vers 1581) que le peuple de l'Église, hommes et femmes, sont la voix de Dieu, autant que les gens du Clergé ou les Notables ou le Roi. Ils affirment aussi la pleine indépendance de l'Église vis-à-vis autant des Magistrats que des Évêques ; on y voit tous (et toutes) les membres autorisés à monter en chaire pour prophétiser. À cause de cela, un reportage de la BBC (et un grand nombre d'autres sources avec lui) va dans ce sens, en affirmant que les Indépendants sont à l'origine de la Démocratie moderne : news6.thdo.bbc.co.uk/low/english/uk/newsid_47000/47371.stm (9c et 9d)

À d'autres moments, par contre, les mêmes "Indépendants" déclarent que les Magistrats (Roi ou Notables) auraient le droit de mettre à mort les fidèles et membres du Clergé qui (selon le "bon jugement" de ces mêmes gens au pouvoir) sont dans la mauvaise direction. (9)

En fin de compte, après quelques années, c'est la seconde option qui prévaut, les "Indépendants" redeviennent assez vite, une Église d'État comme les autres (10), comme nous le verrons plus loin, en examinant ce qui se passe dans les colonies anglaise d'Amérique.

Par contre une branche des Indépendants adoptent les vues des Mennonites, ce qui l'amène, comme nous le verrons plus avant, à jouer un rôle fondamental dans l'avènement de la démocratie dans le monde : Les Baptistes.


C) ORIGINE DES BAPTISTES ANGLAIS

En 1608, quelques groupes d'Indépendants s'enfuient devant les persécutions du monarque absolu Jacques 1er, plus proche du Catholicisme que sa prédécesseure Élisabeth.

Ledit Jacques appartient par sa mère, au clan des De Guise, inféodés aux Habsbourg, donc à la monarchie universelle absolue dont ces derniers sont la plus puissante incarnation. De plus, il subit la puissante influence de la dévotion renouvelée pour l'Antiquité gréco-romaine, qui caractérise l'Europe depuis la Renaissance. Conséquemment, Jacques met encore plus de l'avant, la pensée pré-chrétienne, païenne, selon laquelle le Roi est un DIEU. (11)

Les Indépendants doivent donc fuir dans le pays qui leur sert depuis longtemps de modèle : la République confédérale calviniste des Pays-Bas. Quand les "Indépendants" se trouvaient encore en Angleterre, ils avaient tous ensemble, formé une confédération politico-ecclesiastique sur la base de l'Ancien Testament (12a)

Mais alors, un groupe d'entre eux se retrouve à Amsterdam, se met à mettre plus d'emphase sur le Nouveau Testament dans son étude de la Bible, et alors découvre qu'un grand nombre de dogmes des "Indépendants" sont en contradiction avec ledit Nouveau Testament (12b). Le groupe va donc entreprendre une réforme beaucoup plus profonde de sa Dogmatique...pour ensuite se rendre compte que ces réformes les rapprochent de plus en plus, de l'Église mennonite (cf. Définitions ci-haut) dont un groupe important, se trouve justement à Amsterdam. Éventuellement, la majeure partie du groupe surnommé "baptiste" par référence aux Anabaptistes, devient une simple branche anglaise, de l'Église mennonite.

Une minorité de Droite, par contre, n'ose pas aller aussi loin dans l'Évangélisme et continueront à accepter le principe calviniste que la guerre puisse parfois être "juste", mais par contre, ils acceptent la doctrine mennonite de la Nouvelle Naissance.


D) DIFFÉRENCES THÉOLOGIQUES ENTRE LES PREMIERS BAPTISTES ANGLAIS ET LES THÉOLOGIES CLASSIQUES

La Nouvelle Naissance, qu'est-ce que c'est ? C'est un terme qui vient des Évangiles. Cela veut dire que le Ciel est accessible à tous, contrairement à la pensée de Luther et Calvin. Pour y accéder, il faut laisser Jésus entrer dans son cœur, par le St-Esprit, Lui donner sa vie, pour qu'Il puisse transformer la personne entière et en faire dans la quotidien, un serviteur de l'Humanité qui travaille à l'instauration du Royaume du Christ sur la Terre.

Cette doctrine du Salut diffère particulièrement de celle de Luther et Calvin (12c), en ce que le Salut de ces derniers est un Salut abstrait, i.e. dans lequel les comportements, le vécu, ne jouent aucun rôle ; le Salut y est plutôt le fruit du caprice d'un dieu tyrannique, plutôt que la manifestation d'un Dieu compatissant. Seulement cela est déjà en soit une révolution mentale : après des millénaires de fatalisme universel, des êtres humains croient en un Dieu qui est de leur côté pour rendre le monde meilleur. (Il vaut aussi la peine de signaler que c'est vers cette même époque, deux génération après l'installation des Mennonites en Hollande, qu'une partie de l'Église d'État Hollandaise, inspirée par Arminius et ses partisans, rejette à son tour le Fatalisme de Jean Calvin.)

Cette théologie diffère aussi du Catholicisme romain, en ce que le Salut ne dépend pas d'une accumulation de gestes rituels, de reliques, de pèlerinage ; toutes choses étant inégalement accessibles selon nos moyens financiers et notre statut social. En fait le Salut est premièrement annoncé aux rejetés et aux méprisés de la société, puisque "Les premiers (dans ce monde) seront les derniers".

Face à la Bible, l'attitude aussi est fort différente, puisque l'on met l'emphase sur le Nouveau Testament, alors que les églises d'État mettent surtout l'emphase sur l'Ancien ; ce dernier n'est pas pour autant rejeté, mais plutôt lu à travers le filtre du Nouveau Testament et compris comme le symbole spirituel du Christ et de Son œuvre.

Mais dans les décennies qui suivent leur fondation et leur retour au pays, les Baptistes anglais en viennent à osciller entre le Calvinisme des églises d'État et le Mennonisme (12d), tellement la domination culturelle de la première option est pesante.

Malgré cela pendant lesdites décennies, une partie assez importante des Baptistes continuent à s'associer dans la pensée et dans l'action, avec leur mère spirituelle, l'Église mennonite.


2: LA RÉVOLUTION DES SAINTS (13)

Mais à partir du moment où le Roi et son Parlement, entrent en guerre l'un contre l'autre (1642) et même avant, faire partie des Indépendants devient le signe infaillible de l'appartenance d'un Anglais au Parti parlementaire. Dans un tel contexte, les Baptistes, dont Cromwell a besoin dans son Armée Nouveau Modèle, deviennent un élément à part entière de la Nouvelle "Chrétienté" (cf. Définitions ci-haut) aux côtés des Indépendants non Baptistes (cela est particulièrement vrai des Baptistes "de Droite" dont John Bunyan est la figure la plus éminente et qui prendront le parti de la dictature de Cromwell, pendant la guerre que mènera ce dernier contre les Baptistes "niveleurs", que nous décrirons plus avant)

En conséquence, de nombreux calvinistes se proclament baptistes ; c'est à dire en fait, qu'ils ne font que remplacer le "baptême par aspersion" des bébés par une présentation de ces derniers au "temple" à la manière de l'Ancien Testament, et le baptême (par immersion), remplace chez les adolescents, la confirmation de foi, et pour le reste, nous avons affaire à un calvinisme légèrement révisé. (C'est ce que l'on peut le constater dans la nouvelle Confession de Foi Baptiste de 1644) (13b) En se faisant ainsi Baptistes, ces Protestants démontrent qu'ils sont plus Républicains que tout le monde, ce qui réussit à merveille : plusieurs Baptistes entrent dans l'État-major (Harrison et Rainsborough deviennent Colonels, et Lillburne devient Lieutenant Colonel) et/ou dans le Gouvernement de l'Indépendant (non-baptiste) Cromwell. (13c)


A) UNE AVANT-GARDE RÉVOLUTIONNAIRE...POUR LE 20E SIÈCLE

Cromwell remplace la monarchie totalitaire par une dictature de Colonels (14a), et s'oppose catégoriquement à l'idée redistribuer les richesses pour mettre fin aux inégalités. Face à cela, le robuste fond démocratique hérité des Anabaptistes, se combine au militarisme hérité de la "Chrétienté", et pousse à la révolte, un grand nombre de Baptistes de l'armée de Cromwell, dans un mouvement surnommé les "Niveleurs" (i.e. les Égalitaires) ou dans un mouvement semblable, se dénommant lui-même les Hommes de la "Cinquième Monarchie" (14b).

Ces groupes tentent une Révolution qui, espèrent-ils, doit instaurer pour la toute première fois dans l'histoire humaine, le Suffrage Universel 180 ans avant le gouvernement séculier des É.-U, de même que l'Assurance maladie plus de 250 ans avant la Suède, et l'École gratuite universelle, 225 ans avant la France, et le Suffrage Universel dans l'Armée ! (400 ans avant le monde entier ?). Il est aussi projeté d'instaurer le Communisme et l'anti-impérialisme, 270 ans avant Trotsky et Lénine.

En fait, selon Olivier Lutaud et Gérald Walter, Karl Marx et les Communistes de Russie ont élaboré leur doctrine sur la base de la Révolution des Niveleurs de 1646-49, tout en oubliant l'aspect démocratique. Walter affirme aussi qu'en 1917, les Soviets révolutionnaires de l'armée russe se sont formés en copiant ceux de l'armée de Cromwell. (15)

De même les Niveleuses, 300 ans avant que le Gouvernement laïc de France, ne le fasse (par le suffrage féminin en 1944), affirment dans leur Pétition au Parlement : "Nous sommes sur un plan d'Égalité avec les hommes, assurées, d'être comme eux, crées à l'image de Dieu, de participer à l'amour du Christ, d'avoir une juste part (...) des Libertés de la République !"

C'est aussi d'ailleurs, une époque où l'on voit se multiplier les femmes Prédicateurs et Pasteurs, chez les baptistes et ailleurs.

George FoxDe même un peu avant, Georges Fox, fondateur des Quakers avec Margaret Fell, accouche du plus ancien manifeste écrit de l'histoire de l'humanité, rédigé spécifiquement pour la défense de l'Égalité Homme/Femme. (En effet les groupes chrétiens dissidents avaient déjà pratiqué l'égalité Homme/Femme et défendu l'Égalité en général, sans avoir rédigé de manifeste spécifique sur la question des sexes. (16a)

Dans le même ordre d'idée, en 1653, Cromwell nomme lui-même, un Parlement formé principalement de Baptistes issus de la Gentry, de la paysannerie aisée, de la classe commerçante et des officiers militaires, comprenant le Colonel Harrison, no 2 de Cromwell.

On les surnomme Parlement des Saints, ou "Parlement Barebone" par référence au Prédicateur baptiste PraiseGod Barebone qui les inspire.

À l'immense stupéfaction de Cromwell, l'origine sociale des nouveaux parlementaires, ne les empêchera pas selon ses propres termes et ceux de ses partisans, d'épouvanter" et "saper", "les fondements de la Propriété", au travers du programme législatif qu'il était en train d'instaurer.

Cromwell, dont la richesse personnelle est menacée par ces mesures, met fin très rapidement au Parlement des Saints.

De même, d'autres prédicateurs Baptistes, civils ou militaires, fondent une Commune de squatters : les Diggers (i.e. les Travailleurs) qui se nomment ainsi en l'honneur d'un groupe de travailleurs révolutionnaires de 1608. La fondation de ladite commune doit n'être qu'une étape dans l'édification de la République Chrétienne Communiste Universelle. Ce qui est particulièrement d'intéressant chez les Diggers susmentionnés, qui se font aussi appeler les Vrais Niveleurs, c'est le fait, malgré l'origine aisée de plusieurs d'entre eux, leur Communisme, qu'ils mettent réellement en pratique, est plus radical que celui de Lillburne (ou que celui de l'Union soviétique cf. note 15).

C'est dans cette période d'effervescence religieuse que se développe du théologien Indépendant le plus célèbre de l'histoire : Isaac Newton, celui que l'on peut considérer comme le Père de la Science moderne, et sur lequel l'Angleterre déclare : "Dieu dit : Que la lumière soit, et Newton fut !" (16b)

La perpétuation sous Cromwell, des maux sociaux de l'époque royaliste, et l'échec de la révolte des Niveleurs, ramènent de nombreux Baptistes non-calvinistes, les Freewill Baptists, à leurs valeurs évangéliques premières, i.e. au Pacifisme. (16c)

D'autres Baptistes font de même et se fusionnent à un autre mouvement appelé les Seekers (i.e. Ceux qui cherchent la Face de Dieu), pour former un nouveau mouvement : Les Quakers. (16d)

B) ORIGINE DES QUAKERS

Le mouvement Seeker est une branche anarchisante des Anabaptistes, formée vers 1531 et rejetant toute espèce de liturgie et de hiérarchie au profit de la seule prière d'adoration spontanée et directe du Christ. Ses membres de la branche anglaise, sont passés par les différentes confessions établies du pays, en commençant par les Anglicans et en aboutissant aux Baptistes, à la recherche de la vraie Église du Christ.

Puis l'un d'entre eux, Georges Fox, témoigne avoir trouvé le Christ en 1648, et être entré en relation d'amitié avec Lui et il a tremblé en sentant Sa présence. Les autres Seekers vivent la même expérience et, se joignant à plusieurs Baptistes, forment la Société Religieuse des Amis (du Christ et de l'Humanité), mais un surnom leur colle vite à la peau à cause de l'expérience qu'ils ont vécue : Les "Quakers", i.e. les "Trembleurs".


C) IMPACT DES QUAKERS

Ce sont eux qui sont à l'origine des mouvements de Réveils évangéliques (Great Awakenings ou Revivals) des 18e, 19e et début du 20e siècle, et c'est à eux, malgré leur petit nombre, qu'Henry Van Etten attribue l'origine de la Révolution scientifique et industrielle du 18e siècle. Comment cela se peut-il ? Cela est dû à l'emphase mise par les Quakers sur le vécu, l'expérientiel, aux dépends de la philosophie abstraite qui dominait l'Université à l'époque ; cela d'autant plus que les Quakers sont bannis de ladite Université. De plus l'immense emphase mise sur l'égalité encourage l'éducation de tous et non pas des seuls riches. (17 et 17b).

De même, dans les pays germaniques du 17e siècle, un mouvement semblable aux Quakers se répand, comme lui issu des Frères Moraves, des Anabaptistes et des Seekers. Ce mouvement, les Piétistes, a ceci de différent des Quakers qu'il se répand à l'intérieur de l'Église d'État luthérienne, ce qui lui permet d'avoir plus d'impact sur l'Élite sociale. On attribue aux Piétistes, l'origine du mouvement allemand, appelé Philosophie des Lumières ou Aufklarüng, ainsi que la scolarisation généralisée des femmes, même les plus pauvres. (17c)

Pendant quelques années, une partie des Quakers, continue à faire partie de l'Armée et prennent part aux combats, à titre de Cromwelliens ou de Niveleurs ; cela d'autant plus que les chefs de ce dernier parti, Lillburne est entré dans leurs rangs, de même que l'ensemble des Diggers ; mais en 1660, il n'est plus possible, sauf exception, de faire partie des Quakers sans être strictement pacifiste, ce à quoi les Niveleurs et les Diggers se conformeront. (17d)

Le rétablissement de la Monarchie absolue Stuart en 1660, force les Indépendants de tout poil, à fuir dans les Colonies d'Amérique où nombre de leurs coreligionnaires les ont déjà précédés.

3 : DANS LES COLONIES

Selon l'auteur de l'Histoire de l'anarchisme aux États-unis (18), les divers Indépendants sont les ancêtres indirects du mouvement anarchiste des 19e et 20e siècles. Les Indépendants qui ont fondé la Colonie du Massachusetts en 1620, s'y sont associés aux Presbytériens pour établir une "Chrétienté" qui servira de modèle au régime de Cromwell. De plus, cette dite colonie devient une Oligarchie antidémocratique, malgré le fait que certains Indépendants aient fondées des communes anticapitalistes. (18b) Mais d'autres parmi eux n'acceptent pas ce retour en arrière et s'enfuient du Massachusetts pour fonder une nouvelle colonie : le Rhode Island.


A) ANNE HUTCHINSON ET ROGER WILLIAMS AU RHODE ISLAND :

MÈRE ET PÈRE DU FÉMINISME, DE LA TOLÉRANCE ET DE LA DÉMOCRATIE


Ils sont dirigés par Anne Hutchinson et Roger Williams, deux Prédicateur(e)s féministes, et de tendance libertaire, qui pendant un temps exercent une très grande influence au Massachusetts, au point de faire élire Sir Henry Vane, un de leur partisans, Gouverneur jusqu'en 1637, est leur allié. L'élection truquée d'un de leurs adversaires, fera d'eux des proscrits.

La théologie qu'ils défendent est nettement influencée par les anabaptistes et les dissidents de l'époque médiévale. (Cf. Définitions et note18c) Sa tendance libertaire se manifeste entre autres, dans la reconnaissance formelle de l'égalité des sexes et le rejet radical, de toute forme de persécution pour cause de religion, même si le persécuté est le pire anti-chrétien. Pourquoi ? Parce que seul le Saint-Esprit du Christ peut convertir un impie et donc en utilisant la force à la place dudit St-Esprit, on commet un terrible blasphème. Le libertarisme se manifeste aussi dans le fait que l'on rejette en principe toute liturgie, credo, hiérarchie et loi séculière officielle ; cela au profit de l'inspiration du St-Esprit et de la discipline personnelle. On s'oppose aussi à l'expropriation des Indiens par le Décret royal. À cause de tout cela, on les surnomme "Antinomiens", c'est à dire "Anti Loi" (19)

En fondant en 1639, la colonie démocratique du Rhode Island, ils fondent aussi la 1e église baptiste (20). Par la suite, Roger Williams devient un croyant sans église, de tendance Seeker, dans tous les sens du terme, c'est à dire qu'il cherche et passe plusieurs décennies à se contredire lui-même dans ses prises de position, successives. (19) Malgré les origines pacifistes de sa doctrine, Roger Williams n'est pas pacifiste, en tant que Gouverneur du Rhode Island. Sa position "Realpolitik" est celle-ci : Il est inacceptable d'utiliser la violence, pour des questions spirituelles, cela même si ces dernières concernent l'Éternité, i.e. des milliards de milliards d'années ; mais il est légitime de l'utiliser pour des questions immédiates, terrestres (21).

Apparemment, Anne Hutchinson ne suit pas Williams dans son raisonnement : elle se joint aux Quakers, avec son groupe baptiste (21 et 22) et s'installe dans l'Ouest de la colonie du New York, probablement pour évangéliser les Amérindiens, et par certains d'entre ceux-ci, elle se fait hélas tuer. Ainsi s'éteint la fondatrice du Féminisme américain. (22)

Williams de son côté, après avoir longtemps prôné la paix et la justice envers les Amérindiens, se lance en guerre contre ces derniers en 1675-76, et persécute les Quakers et une partie des Baptistes, pour avoir refusé de participer à la guerre ; en cela, il imite le Gouvernement de Cromwell en Grande-Bretagne, quelques années plus tôt.

Il est possible que ce soit l'accumulation de ces trahisons de ses anciens idéaux, qui l'ait en fin de compte, mené à sortir de l'isolation ecclésiastique et à se joindre...à ces Quakers qu'il avait lui-même persécuté et au sein desquels il termine finalement ses jours, reposant ainsi...en paix. (23).


PENNSYLVANIE : LA SAINTE EXPÉRIENCE

Sir William Penn Senior faisait partie de la Haute Aristocratie rétrograde et du cercle des intimes du Monarque totalitaire Charles II, restauré sur son trône depuis 1660. Contre toute attente, son fils William Junior se convertit au Christ et se joint aux Quakers.

Strictement par amitié envers William Senior, le Roi consent à faire fonder par William Junior, des colonies de refuge pour "ces illuminés" qu'il persécute depuis son avènement. (Ces colonies deviennent trois États des É-U. , après l'indépendance de ces derniers.) William veut appeler sa principale colonie, Sylvania, i.e. "Pays de la forêt", mais le Roi le force à la rebaptiser Pennsylvanie en l'honneur de William Senior.

La Charte imposée par le Roi, fait de Penn, le seigneur féodal... d'une colonie anarchiste, de telle manière qu'il est littéralement coincé entre l'arbre et l'écorce, entre son éducation Tory et sa fidélité à l'Évangile. (24) C'est ainsi qu'il n'arrive pas à abolir l'esclavage et la peine de mort (Roger Williams eût les mêmes réticences avant lui), tellement ces deux choses paraissent aller de soi dans la société de son temps. De plus, l'aversion des Quakers envers les credos et les lois, les retient très longtemps de faire de l'anti-esclavagisme une condition sine qua non pour être des leurs.

Par comparaison, les Évangéliques (Mennonites, Amish, Hutterites, Baptistes allemands, Piétistes, Frères Moraves) que Penn va recruter en Allemagne pour sa colonie, se donnent dès leur arrivée en 1688, une Constitution qui appelle le monde à la lutte (non-violente) contre l'esclavage.

C'est la première fois dans l'histoire de l'Humanité (ou à tout le moins, dans les Amériques et/ou dans les temps modernes) qu'une entité politique légalement constituée, la Communauté de Germantown, Pennsylvanie, s'oppose aussi totalement à l'esclavage. (25)

C'est de cet endroit, que partira le Grand Awakening évangélique des 18e et 19e siècles qui mèneront entre autres, à l'abolition de l'esclavage et au droit de vote des femmes. (17b) Penn laisse particulièrement au monde, le souvenir de l'Homme qui a traité les Indiens, d'une manière entièrement égalitaire, et intègre. Il sera dit (par Voltaire, entre autres) sur le traité entre Penn et les Indiens : "C'est le seul traité, à n'avoir jamais été ni juré ni trahi!"

Par contre au 18e siècle, la trop grande tolérance (!) religieuse de Penn amène la Sainte Expérience à sa fin : Il laisse les non-pacifistes, racistes et sexistes, s'installer, obtenir la citoyenneté et devenir la majorité de la colonie ; et les réformes des Quakers et de leurs alliés, sont abolies, en 1740. (26)

4 : LA "GLORIEUSE RÉVOLUTION"

Après avoir repris le pouvoir en 1660, le monarque absolu Charles II se remet à persécuter les Puritains en général, à la grande satisfaction des Anglicans épiscopaliens et de la Haute noblesse.

Mais en 1670, il va plus loin. Il commet ce qui s'avérera une erreur, en se mettant définitivement dans l'orbite de Louis XIV en signant le Traité de Douvres, par lequel il s'engage à revenir dans le giron de la religion catholique, en échange de l'assistance dudit Louis. (9d)

Ce traité entraîne le Roi à rapprocher de plus en plus l'Église anglicane, du susdit Catholicisme, et cela par la force.

Son frère Jacques II, marié à une princesse catholique romaine, est encore plus soumis à Louis XIV, au point de revenir, cette fois officiellement, au ci-devant Catholicisme et de faire baptiser son héritier dans ladite religion.

Ce geste et son autocratisme impénitent, réussit le prodige d'unir tous les Protestants du Parlement contre lui, au point de donner la couronne au Stadhouder de la République calviniste hollandaise, grosso modo, l'équivalent hollandais du "Lord Protecteur" anglais et le beau-fils de Jacques II. Ceci à la condition que ce dernier se soumette à une Constitution votée par le Parlement, le Bill of Rights ; ce qui n'est pas trop dur pour lui, d'autant qu'il est déjà habitué à devoir gouverner avec les Parlements de sa République d'origine.


CONCLUSION

Ainsi prend fin la Monarchie absolue en Grande Bretagne.

On peut voir dans le nouveau régime qui s'installe qu'on appellera "Modèle anglais", un compromis entre deux extrêmes ; d'un côté, la démocratie radicale (plus même que celle de notre époque) défendue par les Baptistes et Quakers Communistes, et de l'autre, le régime à la Louis XIV qui domine le Continent.

Ces deux "extrêmes" sont tout aussi "inacceptables" pour les élites qui contrôlent l'esprit des populations de la GB. Ces élites, la Gentry et les Yeomen, sont trop fortes économiquement, culturellement et même militairement, comme la Révolution de Cromwell l'a montré, pour laisser le Souverain gouverner seul ou pour laisser la Démocratie et le Communisme s'instaurer.

Les princes du sang et la Haute aristocratie, ont montré par la Restauration de 1660, qu'avec ce qui leur reste de puissance économique, culturelle et militaire, on ne peut se débarrasser d'eux aussi facilement et de fait, la "Glorieuse Révolution" n'a pu se faire sans le concours de la majorité d'entre eux. De plus, les siècles subséquents verront se succéder de fréquents retours de balanciers entre des règnes très interventionnistes (Georges III, Édouard VIII,...) et des règnes de "Rois fainéants" (Georges 1er, Élisabeth II,...), ces derniers devenant très graduellement la norme.

Il est clair pourtant, que ce Modèle anglais et la Démocratie américaine qui en découlera, existent de par le fait, de ces avant-gardistes ecclésiastiques, qui ont par la Foi, abandonné leur position sociale, sécurité, confort, réputation, et même leur vie, pour véhiculer ces idées démocratiques, que leur époque percevait comme une folie démentielle et criminelle.

Éventuellement, cette persévérance à croire en la Démocratie évangélique, a fini par "contaminer" la société, de manière partielle bien sûr, ne serait-ce que sur la question du Pacifisme que j'ai mainte fois adordée au cours de ce présent travail. Mais l'influence de l'esprit radical des églises évangéliques, a suffisamment été forte pour que la magie associée au Roi et à la Noblesse, héritée du Paganisme, se dissipe, et qu'ainsi ces institutions omniprésentes depuis des millénaires, depuis les débuts de l'Humanité (28), soient brusquement éliminées.

En effet, que l'on tue un Monarque, un seigneur, et le remplace par un autre, est peu de chose dans le cours de l'Histoire. Mais que l'on annihile la divine institution elle-même, est tout autre chose. Même Athènes et Rome, n'ont pas aboli leur aristocratie, après avoir aboli la Royauté. L'Angleterre du 17e siècle, elle, a fait cette chose inouïe, d'abolir l'une et l'autre, et elle est passée près d'abolir l'inégalité économique...que notre propre époque considère impensable d'abolir.

Toutes nos Révolutions sociales et politiques subséquentes sont issues de ce tournant capital de l'Esprit humain. (29) C'est cette Révolution de l'Esprit qui a, à tout le moins, imposé ce compromis historique : le Modèle anglais. Au cours de l'histoire de cedit Modèle, les Indépendants de tous acabits continueront, dans la Métropole et dans les Colonies, à être la Gauche et l'Extrême gauche de leur société. Et c'est dans cesdites sociétés, que s"instaurera en premier le Suffrage universel, même pour les femmes.

Ainsi, ils n'auront pas réussi à faire la Révolution, mais ils auront quand même réussi, lentement, à mettre le Monde "sens dessus dessous". (Actes des Apôtres, ch.21, v.31)



NOTES BIBLIOGRAPHIQUES ET EXPLICATIVES


(1a) Ex. : l'Espagne perd ses Cortes, le Danemark (comprenant la Norvège) son Folketing, l'Islande son Althing, les Cités italienne perdent leur régime autonome républicain au profit des Ducs, la Pologne retourne au système féodal, le Roi de France ne réunit pratiquement plus les États Généraux, les Lanstande et Landstage des principautés allemandes, sont marginalisés. En Suède par contre, le Riskdag demeure en place et voit même son pouvoir croître sans cesse. Cf. ces sujets dans le Thesaurus Index Encyclopédie Universalis, éd. Encyclopédie Universalis, Paris, 1995.

(1b) Un exemple de cela est le fait que le Concile de Nicée qui s'était pourtant réuni sous les auspices de l'Empereur Constantin, interdit aux militaires d'être membre de l'Église ; or Constantin, comme la plupart des Empereurs romains, est issu de l'armée. Cf. The History of Christian Church attitudes toward Peace, War and Revolution, de John Howard Yoder, Ed. Co-op Bookstore (of Notre-Dame University), Elkhart, Indiana, 1983. Constantin exilera les principales "têtes d'affiches" de Nicée, hors de l'Empire; cf. "Constantin" dans Universalis et www.webencyclo.com

(1c) La "Démocratie" n'y dure que 50 ans et pendant une moitié de ce temps, le droit de vote y est hiérarchisé en fonction du cens électoral. De plus, la race, entendue au sens le plus étroit, détermine le droit de vote, i.e. il faut être au moins petit-fils d'Athénien, pour avoir le droit de vote. De plus les femmes n'ont pas le droit de vote ni, non plus, les esclaves, quand bien même les unes ou les autres seraient de pure race athénienne. De plus, suite à l'avènement de la "Démocratie" athénienne, les cités satellites d'Athènes voient s'aggraver la tyrannie qui s'exerce à leur encontre. Cf. "Athènes : Histoire : L'expérience démocratique" dans Encyclopédie Universalis ; aussi "Athènes" dans www.webencyclo.com et "Athens" dans Encyclopaedia Britannica, Éd. Encyclopaedia Britannica, Toronto, 1984.

Également pp.85-87 des notes du cours HST-18374 Initiation aux civilisations antiques : 2e Partie de Monique Delaulne-Ségal, U. Laval, Automne 93. Cf. aussi note 27

C'est au 17e siècle qu'on voit pour la première fois utiliser le mot "Démocratie" dans un sens positif, par certains auteurs, tels Jean De la Fontaine dans sa fable des Grenouilles dans Fables, Éd. Le livre de poche, Paris, 1967

(1d) dans la Rome républicaine, ce sont les seuls clans Patriciens, i.e. nobles, qui ont le droit d'élire le Sénat (i.e. le Parlement de Rome), seul le Tribun (Sénateur ayant un droit de veto) est élu par la "Plèbe". Les consuls et autres fonctionnaires sont nommés par le Sénat. Cf. "Rome" dans Universalis (référence complète, cf. note 1a) et p.128 des notes du cours HST-18374 Initiation aux civilisations antiques de Monique Delaulne-Ségal, U. Laval, Automne 93. Cf. aussi note 27

(2) Cf. : Dans The Apostolic Church : "The Place of Women", de C.E. Brown, Éd. The Warner Press, Anderson, Indiana, 1947. www.messiah.edu/whwc/Articles/article16.htm ; aussi Origines du communisme..., de Gérald Walter, Éd. Payot, Paris,1975; aussi le chapitre sur l'Église primitive dans The Underside of History, de Elise Boulding (historienne féministe), U. of Colorado Press, 1976;

aussi The History of Christian Church toward Peace, War and Revolution, John Howard Yoder, Ed. Co-op Bookstore (of Notre-Dame University), Elkhart, Indiana, 1983 et aussi "Notes bibliographiques..."

(3a) Cf. "Communisme religieux" et "Vaudois" dans Universalis, et le chapitre sur les dissidents chrétiens du Moyen âge et de la Renaissance, dans The Underside of History, et "Le Christianisme a libéré les femmes" entrevue avec Jacques Le Goff, dans L'Histoire, www.histoire.presse.fr Les "Vaudois" est le surnom que l'on a donné aux Pauvres du Christ de la ville de Lyon, par référence à leur plus célèbre prédicateur, Pierre de Vaud (ou Valdès) qui au 12e siècle, a donné ses biens (il était fort riche) aux pauvres, lors de sa conversion au Christ. Aussi p.19 de For the Healing of the Nations.

(3b) Outre l'exemple du caractère restrictif de la "Démocratie" grecque athénienne, il y a aussi le fait que l'opposition plébéienne à Rome refuse que la citoyenneté romaine soit donnée aux habitants des villes conquises par Rome. Quand aux esclaves en révolte, il ne semble pas qu'on puisse leur attribuer une pensée égalitariste universelle ; le but de révoltes comme celles de Spartacus est plutôt de faire en sorte d'être, eux, les plus forts, et les autres, les plus faibles. Cf. "Spartacus" dans Universalis.

(4) Cf. "Wycliff" et "Hussites" dans Encyclopedia of Religion and Ethics, de James Hastings et al, Éd. T. & T. Clark, Édimbourg, 1962 ; aussi "idem" dans Encyclopédie Universalis, www.webencyclo.com, Encyclopaedia Britannica.

(5) En effet, ce que j'ai réussi à savoir précédemment sur les Vaudois, est qu'ils ont été persécutés pendant et se sont réfugiés dans les montagnes d'Italie et de Suisse ; en Italie, ils ont continué à devoir rester cacher jusqu'au 19e siècle, époque où le roi du Piedmont, futur unificateur de l'Italie, a fini par leur laisser la liberté de culte, et ils sont devenus la branche italienne des Méthodistes. Par contre l'Église Vaudoise suisse du 16e siècle, a renoncé à ses valeurs socialistes, pacifistes et féministes (s'il s'agit bien de la même Église vaudoise du Moyen âge) pour se joindre à l'Église d'État ; il est plus probable qu'un grand nombre de Vaudois ont dû refuser de suivre leur Église dans ce revirement, et ayant eu connaissance de l'existence de Frères moraves réfugiés en Suisse, ils sont unis à eux pour fonder le mouvement anabaptiste.

Cf. "Vaudois" dans Universalis et Encyclopédie du Protestantisme, de P.Gisel et al. , Éd. Cerf, Paris, 1995 ; cf. aussi, site web de l'Église Vaudoise d'Italie : www.chiesavaldese.org/indexen.htm

(5b) Les "Hutterites" (fondés par Jacob Hutter) sont la seule branche des Anabaptistes ayant gardée jusqu'à nos jours, la communauté des biens. Ils ont fondé en Moravie, en 1528, leur première commune. Cf. "Hutterites" dans Encyclopédie du Canada, Éd. Stanké, Montréal, 1987.

(6) "Anabaptistes" et "Mennonites" dans Encyclopédie du Protestantisme

(7) i.e. celle de l'Église d'État fondée par Ulrich Zwingli, prédécesseur de Calvin.

(8) Les Habsbourg sont césaro-papistes. Par exemple, Charles Quint a envoyé ses troupes sur Rome pour soumettre la Papauté à sa volonté. Or l'Angleterre est officiellement vassale du Saint-Siège depuis le temps de Jean sans terre. Cf. "Wycliff" dans Encyclopedia of Religion... et Encyclopédie du Protestantisme, et "Charles Quint" dans Universalis.

(8b) À cela fait exception le petit royaume de Navarre intercalé entre France et Espagne, ainsi que le pays tchèque et les Cités calvinistes de Suisse, situés plutôt dans le centre de l'Europe.

(8c) Cf. p. 35 de Religion et société en Angleterre, de la Réforme à nos jours, de Roland Marx, Éd. Presses Universitaires de France, 1978.
Aussi "Nonconformists" dans : www.newadvent.org

(9) Cf. "Brownism" (i.e. théologie de Robert Browne), "Congregationalism" et "Nonconformity" dans Encyclopedia of Religion...

(9b) Cf. la biographie du fondateur de la théologie des Indépendants (surnommés aussi les Brownistes) : "Robert Browne" dans Baptist and Congregationnal Pioneers, de J.H. Shakespeare, 1906. Robert Browne a vécu dans une ville, Nottingham, en majorité peuplée de réfugiés hollandais, et il a habité au moins deux fois dans une ville hollandaise, Middleberg, ayant une communauté mennonite importante ; il a donc sûrement été influencé par eux ou à tout le moins, il s'est servi de leur expertise biblique pour opposer des arguments théoriques à ses adversaires Épiscopaliens (anglicans).

(9c) Si cet URL ne fonctionne pas, aller sur Copernic, cocher "Expression exacte", taper "The Cradle of US democracy : Scrooby" Scrooby est la ville d'une communauté d'Indépendants, en tapant "Scrooby" et "Pilgrims", on peut lire un grand nombre d'autres textes sur le rôle des Indépendants dans l'avènement de la Démocratie moderne. Cf. aussi p.30 dans Le mémorial des siècles : La Révolution anglaise de Gérald Walter, Éd. Albin Michel, 1963.

(9d) Cf. "The Terror and the Power of the Light [of God] : The Roots of the Quaker Nonviolence within the Puritan Reformation" dans The History of Christian Church attitudes toward Peace, War and Revolution

(10) Cf. p.46 de Religion et société en Angleterre... .

C'est le Réveil ("Great Awakening") Piétiste/Méthodiste des 18e et 19e siècles, qui ramènera une importante partie de l'Église des Indépendants non Baptistes à la démocratie évangélique ; Cf. "Pietism", "Methodism", "Wesley" et "Great Awakenings" dans Encyclopedia of Religion... , et "Pietism" par Ronald Fueurhahn dans le site www.issuesetc.org, et aussi" The Wesleyan Christian Revival in a Pietist Perspective" de Dale F. Brown dans le site de la Northwest Nazarene University : wesley.nnu.edu

(11) Jacques 1er dans la Loi des Libres Monarchies, proclame : "Les rois...assis sur le trône divin lui-même...[sont des] DIEUX". Cf. p. 17 de Religion et société en Angleterre, de la Réforme à nos jours, de Roland Marx, Éd. Presses Universitaires de France, 1978.

(12a) Cf. "An Anabaptist Ancestry" du Prof. William R. Estep, Oklahoma Baptist University, 1999 dans www.freechurchheritage.com/Baptist_Origins.htm Ce texte est un des "must" dans l'histoire de la Dissidence ecclésiastique.

(12b) Cf. For the Healing... Les principales doctrine et/ou pratique des Indépendants (quoi qu'ils ne les aient peut-être pas toujours défendues) qui sont mis en cause, sont :

(12c) Cf. le chapitre sur Calvin dans Naissance et affirmation de la Réforme de Jean Delumeau, Coll. Nouvelle Clio, PUF, Paris, 1973. Disponible à l'U.Laval et à l'UQAM

(12d) En fait, le déchirement entre ces deux tendances n'a jamais cessé ; par exemple, la pensée du Baptiste le plus célèbre du 20e siècle, Martin Luther King, est presque entièrement semblable à celle des Anabaptistes (précisons que dans tout ce j'ai pu lire à son sujet, je n'ai rien vu, à mon souvenir, qui permette de penser que King ait été en contact avec des Mennonites qui auraient ainsi, directement formé sa pensée, donc cette pensée n'a jamais disparu des Baptistes, surtout chez ceux de la communauté noire). Pendant les "Awakenings" (cf. note 10 et 17b) évangéliques, de nombreux Baptistes reviendront au modèle Anabaptiste.

De l'autre côté, nombreux sont les Baptistes, du 18e au 20e siècle, dont la pensée est très clairement calviniste, autant que leurs prédécesseurs du 17e siècle, les Baptistes Cromwelliens. Ce qu'on appelle "Droite Religieuse" dans le Sud des États-Unis, par exemple, est la plus voyante manifestation actuelle du Calvinisme ; cf. "The Origins of the Cultural Captivity" (sur la récupération des Baptistes du Sud des É.-U., par le système social qui les environne) dans The Triumph of Southern Baptists : www.wfu.edu/~matthetl/south/thirteen.html dans la revue Baptist History and Heritage : Éd. par la (Southern) Baptist Historical Society

Cf. aussi "The Kingdom [of God] at Hand : The Social Gospel and the Personnal Service Departement of Women Missionary Union, Auxiliary to the Southern Baptist Convention" (Histoire de l'interaction entre missionnaire radicale et l'Église Baptiste devenue l'Église établie. du Sud des États-Unis) par Carol Crawford Holcomb.

Aussi cette présentation que fait Bruce T. Gourley de son ouvrage The Godmakers : A Legacy of the Southern Baptist Convention ? (sur la prise de contrôle du Synode permanent des Baptistes du Sud, par les Fondamentalistes, i.e. Calvinistes) : www.yellowstone.net/baptist/godmakers.htm

(13a) J'emprunte l'expression de Michael Walzer, sous toute réserve, étant donné le caractère contestable de l'utilisation de l'appellation "Saints" dans le cas d'une révolution violente.

Cf. La Révolution des saints : étique protestante et radicalisme politique (en anglais : The Revolution of the Saints : A study in the Origins of the Radical Politics ) de M. Walzer, Éd. Belin, Paris, 1987. Disponible U.Laval (anglais) ; UQAM et U. du Q. à Trois-Rivières (français)

(13b) Cf. le moteur de recherche Copernic, et taper "Baptist First London Confession 1644" ; aussi "Baptists" dans Dictionnary of American History de R.G. Adams, Éd. Charles Scribner's sons, 1968; "idem" dans Encyclopaedia Britannica, www.newadvent.org et www.encyclopedia.com, et aussi "Baptists and their Theology" dans www.baptisthistory.org/bhh.htm

En guise d'explication pour l'entrée d'un grand nombre de Calvinistes dans l'Église Baptiste, je peux aussi mentionner que j'ai pu constater personnellement chez les Baptistes et Pentecôtistes (je fréquente moi-même une Assemblée pentecôtiste) de tendance anti catholique, une forte propension au ritualisme négatif, i.e. on prête une authentique puissance aux Sacrements du Catholicisme romain, mais une puissance néfaste qui encourage au fil des siècles, le Protestantisme à vouloir s'éloigner de plus en plus des rites catholiques romains, en empruntant certains idées, pour des motifs différents, à des Mouvements évangéliques (Anabaptistes, Quakers, Spiritualistes, "Shakers", etc.) considérés comme étant "Gauchistes" par ces mêmes Protestants : Le baptême par immersion, la Communion sous les deux espèces par les Fidèles, le droit pour tous de prendre la parole, de prophétiser, le fait de tous s'appeler mutuellement "Frères" et "Sœurs", le fait de lever les mains dans les airs, la pratique de la Glossolalie, la foi dans la guérison divine, etc. (des manifestations de piété que moi-même, je pratique, donc, loin de moi l'idée de m'en moquer)

Aussi dans un sens positif, le courage immense dont font preuve les Anabaptistes, face au martyre, encourage probablement de nombreuses personnes, encore attirées par le côté magique de la Religion, à vouloir s'emparer de cette puissance surnaturelle que, croient-ils, les rites particuliers des Anabaptistes, recèlent. C'est ce que suggère particulièrement le fait que, au moment de leur fondation, i.e. à la veille de la révolution de Cromwell, les Baptistes Calvinistes ("Particular Baptists") se donnent la grande peine d'aller en expédition jusqu'en Hollande, juste pour se faire baptiser par les mains des Mennonites ; cela après avoir lu un ouvrage de Menno Simmons sur le baptême par immersion. Ce n'est qu'après cela qu'ils se permettent à leur tour de baptiser eux-mêmes, leurs disciples. Cf. "Baptist History and Heritage".

Cf. p.69-73 de Religion et société en Angleterre... et "Bunyan", p.899 dans Encyclopedia of Religion...

(13c) Cf. p.25 de For the Healing of the Nations : Baptists Peacemakers, du Prof. Paul R. Dekar (McMaster University), Éd. Smyth and Helwis, Macon, État de Géorgie, 1993, disponible par prêt entre bibliothèques, à l'U. de Toronto et à l'U. Acadia de Wolfville, Nouvelle-Écosse. (Excellent ouvrage sur la perpétuation du Pacifisme et de l'Égalitarisme chez une partie des Baptistes, tout au long de leur histoire)

(14a) Cf. "Baptism (Christians)" et "Nonconformity" dans Encyclopedia of Religion... ; "[Baptist] congregation met...for the experiment of a...national Church...under Cromwell" p.898 de "Bunyan" dans idem; p.68 de Les Niveleurs, Cromwell et la République, par Olivier Lutaud (U. de Lille), Éd. Julliard, Collection Archives, 1967 (ouvrage riche, mais l'auteur tends parfois à commenter les textes d'époque pour leur donner un sens marxisant). Voir aussi 13c

Aussi, il faut aussi signaler que le Calvinisme ne fait pas encore l'unanimité chez les Baptistes, ont voit par exemple que Walwyn (cf. note 15) est Arminien et anti-calviniste. Cf. p.89 de Les Niveleurs...

(14b) Cf. p.113 dans Le Mémorial... ... de G. Walter.

(14c) Les Hommes de la Cinquième Monarchie, s'appelaient ainsi en référence au fait que l'histoire serait divisée en quatre grandes Monarchies Anti-Christ : Babylone, Perse, Grèce et Rome, les royautés nées au Moyen âge seraient la continuité de Rome, et la Cinquième, celle du Futur, serait celle communiste, du Christ, introduite par la Révolution des Hommes susmentionnés. Cf. p. 107 dans Le Mémorial...

(15) Walwyn, l'un des quatre chefs des Baptistes niveleurs ; c'est de fait, un Communiste, plus radical même, que le régime soviétique de Russie (en effet, la petite propriété familiale continue à exister en Russie, pendant la période soviétique, et les membres de la Nomenklatura y sont les propriétaires de fait de la richesse russe. Cf. "Nomenklatura" dans Universalis ) Cf. Écrits de Walwyn, présentés dans les pp.81 à 90 de Les Niveleurs, Cromwell et la République, par Olivier Lutaud (prof. à la Sorbonne, et l'U. de Lille), Éd. Julliard, Collection Archives, 1967; surtout pp.198-209; aussi pp. 196-197 sur le fait que la Révolution française a son origine dans la Révolution anglaise. Cf. aussi, p.75 dans Le Mémorial...

Lillburne, contrairement à Walwyn, à certains moments, récuse le Communisme démocratique, mais à d'autres, non. cf. p. 92 de Mémorial..., et l'article "Free People" dans la p.24 de Les Niveleurs...

Je ne sais pas si la position des deux autres chefs, Overton et Prince, vis-à-vis le Communisme ; est-elle comme celle de Walwyn, ou plutôt comme celle de Lillburne ? Cf. aussi note 20 de la p.27 de For the Healing of the Nations... et pp.235-236 de Les Niveleurs... (sur une tendance encore plus radicale associée au Niveleurs, surnommée très péjorativement, les "Ranters". Chose intéressante, même un Baptiste cromwellien comme John Bunyan, se joint à eux pour un court temps selon ses propres dires dans, je ne sais plus quelle page de, Grace Abunding for the Chief of Sinners de J.Bunyan, Éd. Oxford U. Press, NY, 1998. Disponible à l'U. de Toronto)

(16a) Cf. pp.96 (sur le féminisme chez Lillburne) et 241 (Pétition) de Les Niveleurs, Cromwell...; cf. également Le Protestantisme et les femmes : Aux origines de l'émancipation de Liliane Crété, Éd. Labor et Fides, Genève, 1999, disponible à l'U.Laval, et aussi la bibliothèque municipale de Québec.

Aussi dans les pp. 23-24 dans For the Healing of the Nations..., on y cite un chroniqueur de l'époque qui se plaint que "All sort of mechanicks...preach...and Women-preachers in our times, who keep constant lectures, preaching weekly to many men and women."

(16b) Cf. le chapitre consacré aux Quakers dans The Underside of History

(16c) Cf. p.74 de Religion et société en Angleterre....

Sur les origines chrétiennes en général de la Révolution scientifique cf. http://www.asa3.org/ASA/PSCF/1993/PSCF6-93Kaiser.html et http://www.asa3.org/ASA/topics/history/index.html, tiré du site de l'Américan Scientific Affiliation dans www.asa3.org/ cliquer la section "Historical Studies". Aussi "Newton (Isaac)" dans Britannica, Universalis, www.encyclopedia.com et http://www.webencyclo.com/

(16d) "Christians should not meddle with the sword" et "for...acting in this (military) sword, we can't find no warrant from Scriptures (Bible) in the least !". Cf. pp.26-27 de For the Healing of the Nations... For the Healing... en p.28 semble également suggérer que le célèbre prédicateur baptiste John Bunyan, soldat cromwellien pendant la Révolution, serait devenu lui aussi pacifiste vers la fin de sa vie et que c'est là ce que voulait exprimer son ouvrage de 1682, The Holy War.

(16e) Sur les liens étroits entre Baptistes et Quakers note 20 en bas de la p.27 de For the Healing of the Nations... ; sur ceux assez étroits aussi, entre les Indépendants en général et les Quakers, cf. (9d)

(17a) Cf. chapitre sur les Quakers des Lettres philosophiques de Voltaire ; chapitre sur les origines et celui sur la Révolution scientifique dans Georges Fox et les Quakers de Van Etten.

Aussi www.evangelicalfriends.org où ont apprends que le nom officiel des Quakers vient d'un verset du Nouveau Testament (Év. de Jean, ch.15, v.14) où Jésus dit : "Vous êtes Mes amis, si vous faites ce que Je vous commande !"

(Sur les Seekers devenus Quakers cf. "Seekers" dans Encyclopedia of Religion... )

"The Rise of Quakerism" dans The Quiet Rebels : The Story of the Quakers in America, de H. H. Bacon, Éd. New Society Publishers, 1985, www.harrisroxas.com/qha/newpage6.htm ; cf. le premier chapitre de Pentecostal Pacifism de Jay Beaman, Éd. Tabor College Center of Mennonite Brethren Studies, Hillsboro, Kansas, 1989.

(17b) Les "Great Awakenings" Évangélique des 18e, 19e et 20e sont entre autres à l'origine de l'abolition de l'esclavage, du droit de vote des femmes et des Noirs, de la formation de la Croix-rouge, des mouvements pacifistes, des premiers syndicats, des premiers Partis Socialistes, de la Sociale Démocratie, de l'abolition légale de la peine de mort, de la torture et de la ségrégation raciale. Cf. la section "Réveils".

(17c) Cf. le chap. "Lire et écrire en Allemagne" dans Histoire des femmes en Occident de Michel Perrot, Georges Duby et al., "Pietism" de Ronald Fueurhahn dans aussi "Pietism" dans Encyclopedia of Religion... et Britannica et "Piétisme" dans Universalis

Les Piétistes ont aussi joué un rôle vital dans l'avènement des Awakenings évangéliques en Angleterre et dans les pays germaniques, le Revivaliste John Wesley leur a attribué une grande importance, ainsi qu'aux communistes/féministes/pacifistes Frères Moraves qui ont directement œuvré à l'avènement du mouvement Piétiste. Cf. 10 et 17b

Je me rappelle aussi avoir lu, il y a pas mal de temps, un ouvrage attribuant L'Illuminatto, i.e. le mouvement des Lumières, à l'influence des Vaudois d'Italie. L'Apôtre de l'abolition de la torture, le marquis Cesare di Beccaria, était peut-être un Vaudois.

(17d) Cf. p.20 For the Healing of the Nations... et "Winstanley" dans le Thesaurus Index d'Universalis

(18) pp. 20-30, Éd.

(18b) Cf. 1er chapitre de Backwoods "Utopias"... d'Arthur Bestor, Éd. U. of Pennsylvania Press, Philadelphie, 1970.

(18c) Cf. "Was Roger Williams, really a Baptist ?" de Louis F. Asher (PhD en Histoire ecclésiastique), Éd. Baptist Publishing House, Texarcana, Texas. Texte disponible sur internet avec Copernic ou autre engin de recherche.

(19) Cf. "A Plea for Religous Liberty" dans The Bloudy Tenent of Persecution de Roger Williams, dans Plublications of Narragansett Club, vol. III, Providence, Rhode Island, édition de 1867. Texte obtenu sur www.constitution.org/bcp/religlib.htm ;
aussi le texte sur la combat entre Roger Williams et son ancien allié John Cotton, sur un site sur l'histoire de la liberté de Religion : members.aol.com/larrypahl/wm-cot1a.htm

Sur Anne Hutchinson : "Ann Hutchinson christened" dans la revue Christian History (www.christianhistory.com), 20 juil. 2001, Éd. Christian History Institute.;

"Anne Hutchinson - Notable Women Ancestor" de Sam Behling, dans www.rootsweb.com~nwa/ah.html ;

"Hutchinson (Anne)" dans Encyclopaedia Britannica, et Encyclopedia of Religion... et Americana.

(20) Cette église de la ville de Providence existe toujours.

Cf. site des American Baptist Churches www.abc-usa.org, cliquer "churches", puis "By state", puis "Rhode Island", puis "City", puis "Providence".

(21) Cf. pp.28-30 de For the Healing...

(22) Cf. "Early History" dans Rhode Island History, site web de l'État du Rhode Island www.state.ri.us , 12 oct. 2001. www.state.ri.us/rihist/earlyh.htm

(23) Cf. "Williams (Roger)" dans Encyclopaedia Britannica, et Encyclopedia of Religion... et Americana.

(24) Cf. pp. 24-32 de Histoire de l'anarchisme aux États-Unis de Ronald Greagh, Éd. La Pensée sauvage, Grenoble, 1981.

Dans George Fox..., ont rapporte que Penn a demandé un jour à Fox, ce qu'il devait faire de son épée d'apparat, obligatoire pour pouvoir plaider la cause de la colonie devant le Roi. Fox, homme modéré, lui répondit : "Jésus a dit : Remets l'épée au fourreau ! Donc, tant que tu ne l'en retires pas, tu ne pèche pas !"

(25) Cf. p.2 dans The Negro Almanach, de H.Ploski et al., Éd. Bellwether, NY, 1970.

(26) Cf. "The Rise of Quakerism" dans The Quiet Rebels : The Story of the Quakers in America : disponible sur www.harrisroxas.com/qha/newpage6.htm, et "William Penn's Holy Experiment" dans The History of Christian Church Attitude toward Peace... : www.nd.edu/~theo/jhy/writngs/home/ind-hist.htm

(27) Je base cette durée que j'attribue à l'existence de la Royauté, strictement sur la documentation écrite que les historiens ont à leur disposition, sans tenir compte des sociétés orales, amérindiennes ou africaines, où l'on atteste aussi la présence de ces institutions.

Cf. dans Universalis : "Noblesse", "Roi : Scandinavie", "Roi : Irlande", "Monarchie : Tibet", "Aristocratie : Tibet" et "Aristocratie : honneur".

Cf. "Le Bon Sauvage, n'a jamais existé !" dans www.histoire.presse.fr

Samuel Noah Kramer atteste le fait que la Royauté et l'Aristocratie existent déjà au moment où l'écriture apparaît à Sumer, dans L'Histoire commence à Sumer, de Samuel Noah Kramer, Éd. Arthaud, Paris, 1976.

(28) Cf. "Athènes" dans Universalis et p.106-107 des notes du cours HST-18374 Initiation aux civilisations antiques de Monique Delaulne-Ségal, U. Laval, Automne 93.