par Rev. John J. Smid
"Papa, je suis gai et je vais divorcer ma femme."
Tout ce dont je me souviens des discussions de cette soirée-là sont les larmes, de l'amour et un père qui tentait de partager la sagesse de son expérience de vie. "John, ne fait pas ça, quitter ta famille n'aidera rien. Je ne veux te voir faire cela, ni à toi-même ni à ta famille". Mon père ne m'a pas sermonné et ne s'est pas enragé. Mais j'étais trop entêté. J'étais coincé et rebelle. À cet époque-là de ma vie, je n écoutais l'avis de personne.
La vie de mon père a comporté plusieurs chagrins et déceptions. Il y eut des moments lorsque je n'étais pas sûr s'il allait s'en sortir. Mais une chose était certaine; sa foi en Dieu ne vacillait jamais. Aussi longtemps que je le connaissais, il n'a jamais cessé de marcher avec Dieu, peu importe la difficulté de la situation. Un de ses nombreux chagrins est survenu lorsqu'il a été confronté avec mes luttes homosexuelles.
J'étais marié depuis six années et j'ai eu deux belles filles que j'aimais beaucoup, mais mon cœur était très confus. Lorsque je me suis marié en 1973, je jurais que je ne divorcerais jamais. J'avais été tellement blessé par le divorce de mes propres parents que je ne voulais jamais voir mes enfants vivre une telle expérience. Mais par le biais de la pornographie, alimentant une curiosité profonde à l'égard des hommes, je nourrissais des fantasmes homosexuels. L'étape finale fut atteinte lorsqu'un ami homosexuel me conduisit dans des actes d'adultère.
Ignorant les conseils de mon père, j'ai quitté ma femme et ma famille et j'ai participé pleinement au style de vie homosexuel pendant quatre ans. Mais au cours de cette période de ma vie, malgré tout, il y avait toujours une relation avec mon père. Nous n'avons jamais coupé la communication. Mais la nature de mon péché et la différence dans nos styles de vie érigeait entre nous une barrière invisible.
Je croyais simplement qu'en introduisant mon père à mes partenaires et amis qu'il viendrait à comprendre et accepter l'homosexualité dans ma vie. Les réactions de mon père me révélaient continuellement sa relation avec le Seigneur tandis qu'il démontrait l'esprit de Christ. Une nuit je me suis arrêté à la maison de mon père, pour sonder le terrain. "Papa, j'aimerais que tu puisses rencontrer Jim, il est un de mes bons amis". Mon père a réagi avec grâce et a tendu la main à Jim. Il engageait la conversation avec mes amis et ne les évitait jamais.
J'ai invité mon père à ma maison pour célébrer l'anniversaire de ma fille. J'ai toujours des photos de mon partenaire homosexuel coupant le gâteau entouré d'amis. Mon père était là, supportant ma fille et entrant en relation avec les autres avec grâce. Il n'a jamais vacillé dans ses convictions ou dans sa relation avec Christ. Il était mal à l'aise avec mon style de vie et était en désaccord avec mes choix, mais il était prêt à supporter les tensions de cette relation afin de m'aimer.
Mes amis étaient conscients du respect de mon père pour eux. Ils le respectaient et avaient confiance en lui, non pas parce qu'il acceptait leur homosexualité, mais plutôt parce qu'il les traitait comme des êtres humains aimés par Dieu.
Plus tard, par le biais du témoignage d'un ami, j'ai accepté de soumettre ma vie à Christ comme mon Sauveur. Lorsque j'ai trouvé la victoire sur mon homosexualité, mon père étais toujours là pour m'encourager. Mais ma nouvelle vie en Christ n'était pas encore claire pour lui. Ainsi, lorsque je décidais de travailler pour le ministère pour homosexuels Love In Action, il était très inconfortable avec cette idée. "John, je ne sais pas s'il s'agit d'une bonne idée. Tu a toujours eu de la difficulté à persévérer avec un projet. Tu pourrais changer d'avis et te retrouver dans une situation pire que maintenant."
J'ai maintenu mes convictions. "Papa c'est vrai qu'avant c'est ainsi que je me comportais auparavant, mais Christ m'a changé. Il me donne la force de persévérer dans sa volonté". Environ un mois plus tard mon père est venu me voir. "John, je crois que tu as pris la bonne décision et je veux que tu saches que je te supporte à 100%." Avec l'appui de mon père, rien ne pourrait m'arrêter!
Lorsque j'étais invité à l'émission de télévision Larry King Live, mon père m'a à nouveau montré l'esprit de Christ. Le jour avant le programme devait passer en ondes, il m'a appelé: "John, j'ai dit à tous mes amis de regarder l'émission ce matin au petit-déjeuner. Je leur ai dit que mon fils sera à la télé." Mon père n'avait pas honte et n'était pas dans l'embarras concernant ma vie, passée ou présente. Il ne portait aucune culpabilité ou honte à l'égard de mes choix. Il était fier de moi et supportait le message que gens puissent être libérés de l'homosexualité. Au cours des années il a toujours parlé à d'autres de moi, notre vie et le ministère Love In Action.
Il était mal à l'aise avec mon style de vie et était en désaccord avec mes choix, mais il était prêt à supporter les tensions de cette relation afin de m'aimer. |
Dans une entrevue parue dans un quotidien où il était question de ma réhabilitation, j'ai indiqué qu'au cours d'une partie de mon enfance, mon père avait été absent sur le plan émotif. Plus tard, je lui ai demandé si ça lui avait fait de la peine à lire ce que j'avais dit. Il m'a répondu, "sûr que ça m'a blessé, mais c'était vrai malgré tout. À cette époque de ma vie, je subissais tellement de stress que je n'étais pas disponible pour qui que ce soit". Sa réponse a mis du baume sur mes blessures. Maintenant je comprenais mieux mon père et de quelle manière notre relation père - fils s'était développée.
Au cours des dernières années de sa vie, l'état de santé de mon père s'est dégradé à cause d'une maladie du poumon. Il détestait vivre attaché à un conduit d'oxygène et devenait frustré lorsqu'il ne pouvait plus se déplacer comme auparavant. Mais à chaque fois que j'appelais, ou qu'il m'appelait, il répétait le même message. "Tout va bien pour moi, je t'aime, continue ton bon travail." Pendant les deux derniers mois de sa vie, il était à l'hôpital relié à une machine à respirer et des intraveineuses. Lorsque nous allions le voir, habituellement il sourirait et nous faisait un clin d'œil. Ce n'est qu'à sa dernière semaine qu'il est devenu frustré avec ses soins de santé. Il savait qu'il allait mourir et était prêt à partir.
Mon père est décédé le 21 mars, 1997. Il avait soixante-quinze ans. Depuis que j'ai quitté l'homosexualité, nous avions eu treize ans à construire une relation riche et profonde. Son humilité et sa foi en Dieu ont joué un rôle important dans ma réhabilitation.
Norman John Smid a quitté ce monde pour un lieu meilleur. Il me manque encore beaucoup, et aimerait l'entendre dire une fois de plus qu'il m'aime et que je fais un bon travail. Mais je n'ai pas de regrets touchant notre relation. Durant ses derniers jours, il n'avait pas des paroles de dernière minute ou de message particulier à me dire ou à n'importe qui d'autre. Il nous avait déjà montré et dit tout à plusieurs reprises. De même, je ne crois avoir raté d'occasion. Je lui avais montré mon amour et respect et il m'avait avoué que je l'avais aussi béni dans sa vie et sa foi.
J'ai donc eu un modèle de la part de mon père que je partage avec d'autres lorsqu'ils souffrent des difficultés d'avoir un bien-aimé homosexuel.
Je ne suis pas sûr que je serai capable de me mesurer à l'exemple de la réputation ou l'amour mon père, mais je sais qu'il m'a soutenu et a cru en moi. Je ne saurais jamais non plus me mesurer aux standards de Dieu, mais je sais que je suis à Lui et qu'Il m'aime et croit en moi.
Le Rev. John J. Smid est le directeur de Love In Action, un ministère aux personnes luttant avec l'homosexualité. Nous encourageons nos lecteurs à visiter le site web de Love In Action ou à appeler le bureau de Love In Action à Memphis, (901) 767-6700. Écrire à:
Rev. John Smid:
Love In Action,
P.O. Box 171444,
Memphis, TN
38187 USA
[1] - Avec permission. Paru dans la revue Cornerstone vol. 30 no. 122 -Automne/ Hiver 2001. Titre original: "A Tribute to My Dad." Traduction Paul Gosselin