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Samizdat

Les Aubergistes[1].




Raymond Bourgier


Comparons l'hôtellerie, I'auberge de Bethléem, à l'Église d'aujourd'hui. Les hôteliers, les aubergistes sont nombreux. Étant moi-même pasteur, je suis entré et sorti plusieurs fois de ces auberges. C'est une profession de responsable. Aujourd'hui, le fardeau financier peut aller jusqu'à des millions de dollars: il y a les investisseurs, les fidéicommis, les conseils d'administration. Ceux-ci s'attendent à ce que les hôteliers aient du succès, qu'ils réussissent à garder l'auberge pleine. Ceux qui sont responsables pour ces gros investissements ne regardent pas avec douceur et gentillesse les sièges vides ainsi que les salles auxiliaires vacantes. Non! On demande des foules et, en plus, un bon retour financier pour les dépenses et les avances effectuées!


L'importance de l'assistance
Le mot “plein” semble être l'étiquette et le badge de la popularité. Il semble que c'est “I'assistance” qui est la marque de supériorité de telle ou telle auberge en ville. L'hôtelier est embauché, loué, payé avec cette pensée en tête. C'est une réalisation digne d'être notée. Mais voilà, le mot “plein” ne signifie pas toujours “rempli”. Eh oui, il se peut que l'on y ressente un étrange vide. Tiens! Tiens! Il y manque la présence de quelqu'un! L'auberge peut devenir un encombrement et même une confusion quand l'assistance devient le seul critère de réussite. Ne remplissons-nous pas aujourd'hui, en certains lieux, nos bâtiments avec les mêmes méthodes que le système de ce monde, et cela afin de faire monter nos chiffres de présences?

Paul connaissait fort bien cette tendance. Si quelqu'un a faim, qu'il mange chez lui [...] ” (1 Corinthiens 11: 34). Les restaurants peuvent fort bien produire des files d'attente. Les pourboires et les profits contribuent à diminuer les paiements sur l'hypothèque du bâtiment. Alors, souhaitons la bienvenue aux concerts, aux mimes, aux chorégraphies et au théâtre. Même si c'est de l'amateurisme, le prix d'entrée moins élevé les rend préférables à Hollywood! Ça remplit l'auberge de bonne humeur, de camaraderie, de “fun”. Les officiels sont satisfaits. Oui, de temps en temps le nom de Jésus y est mentionné, mais de toute façon, ce n'est pas Lui qui est tellement important!

On va être tout joyeux, toute ouïe pour la cadence, le “beat”, les éclairages spéciaux, la scène, la performance, la fumée ... tout ce qui, en réalité, alourdit l'esprit et l'âme de celui qui a vraiment faim. Les aubergistes ont de la place pour Mozart, Haendel, le rock et dehors est le Christ. “Voici: Je me tiens à la porte et Je frappe” (Apocalypse 3:20). Y a-t-il, encore aujourd'hui, réellement de la place pour Lui dans l'hôtellerie?

Et les sports? La santé, ça peut augmenter aussi les foules ainsi que la circulation des gens dans l'hôtellerie! Pourquoi pas? Pendant ce temps, I'évangéliste, appelé de Dieu, oint de Dieu, rempli du feu sacré, trouve difficile, sinon impossible, de placer une série de réunions à la bonne vieille façon pentecôtiste. Ah! mais ... ces réunions pourraient déranger les tournois et les pratiques de hockey, basket-ball, quilles ainsi que les programmes spéciaux d'exercices physiques. Ce sont là des appâts populaires. Le stationnement doit absolument être rempli; I'aubergiste est ainsi gratifié. Personne ne pourra dire qu'il n'est pas un gagnant, une réussite, un vainqueur, puisqu'il y a un va-et-vient continuel dans le stationnement de l'hôtellerie!

Les nouvelles disant que “telle auberge est pleine” se répandent très vite en ville. C'est un sentiment plaisant pour I'aubergiste. Mais l'Enfant béni, Jésus, peut être serré, pressé dans l'arrière-cour. “Il n'y avait pas de place pour eux dans I'hôtellerie. (Luc 2: 2). Depuis le restaurant, jusqu'à l'agence de voyage, I'Église contemporaine veut entrer en compétition avec les industries légitimes, quémandant trop souvent plus de fonds afin de s'étendre et de rechercher une plus grande assistance.


Les priorités sont très mal placées!

Lorsqu'Il a résidé sur terre, I'histoire de Jésus a été: “Désolé, c'est plein!” Les prêtres prospéraient; c'était devenu une “big business”. On entendait le fracas des marchandises ainsi que le cliquetis de l'argent sonnant. La présence de Dieu s'était retirée depuis longtemps. Tout cela mit Jésus en colère (Matthieu 21:12-16). Les principaux sacrificateurs et les scribes furent vraiment mécontents et indignés. Ils étaient opposés totalement au changement, au vrai réveil spirituel. Ils aimaient le bruit, le vacarme des ventes et des échanges à l'amiable, mais restaient figés au son de la louange et de l'adoration de Son nom. Cependant, les aveugles, les boiteux et les enfants aimaient s'approcher de Jésus.

La voie la plus fadie et la plus arrangeante est d'afficher à la porte: “Plus de place!” Mais avec Jésus, on se souvient d'une mangeoire longtemps après que l'auberge a été oubliée. Je L'ai vu venir dans les camps d'été, là où il y a des moustiques et des bancs de bois inconfortables. Je L'ai vu venir dans les tentes des Amérindiens du nord du Canada, là où se mêle l'odeur des branches d'épinettes et celle de la graisse de castor. Je L'ai vu venir dans les huttes africaines au milieu de la sueur des travailleurs, ainsi que dans les “farés” du Pacifique Sud ...

Quelle différence avec les auberges élégantes, modernes, coûteuses et remplies du “moi”. On ne Le trouve pas où l'on penserait Le trouver! Les grands rois de l'Orient, les mages, ne L'ont pas trouvé au palais d'Hérode. Moi-même, je L'ai trouvé sur un dragueur de mines de la Marine française, par une belle nuit d'octobre 1968, au beau milieu du Pacifique.

Il se peut que l'auberge n'ait encore aujourd'hui aucune place pour Lui, mais un autre monde va guider le chercheur vers l'arrière-pays. J'ai vu Jésus-Christ dans des réunions de maison et dans des édifices de la mission. Il arrive encore souvent aujourd'hui que Jésus vienne vers les siens et qu'ils ne Le reçoivent pas. “Mais à tous ceux gui l'ont reçue (la Parole), à ceux qui croient en Son Nom, Elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu” (Jean 1: 12).

Jésus sait ce que signifie être rejeté. “Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage. Nous I'avons dédaigné, nous n'avons fait de Lui aucun cas” (Isaïe 53:3). Il épousa toutes les souffrances. Jésus ne portait pas beaucoup de bagages. Ici-bas, Il n'a jamais été un homme riche. “Le Fils de l'homme n'a pas où reposer Sa tête” (Matthieu 8:20). Ses références le ramenaient à une prostituée appelée Rahab, à Bath-Schéba, la voleuse de mari. On peut lire tout cela dans Sa généalogie, au chapitre un de Matthieu. Jésus n'avait pas beaucoup de complets dans sa maigre garde-robe. Il n'y avait pas beaucoup de “suites” réservées pour le prédicateur de Galilée.

Jésus se trouvait bien et se sentait chez Lui avec les méprisés et les rejetés. Il a accueilli la femme prise en adultère. “Je ne te condamne pas [...], va et ne pèche plus” (Jean 8: 4). Il a fait de la place pour le voleur en train de mourir à côté de Lui, à Golgotha. La société avait crucifié ce dernier comme criminel, mais Jésus-Christ lui ouvrit les portes du paradis. Simon Le traita avec rudesse, refusant de laver Ses pieds, de Lui offrir les joies ordinaires (Luc 7: 44-46), mais Lui, le Seigneur, nourrit les pauvres, bénit et serra doucement les enfants dans Ses bras.

En fait, la société n'a jamais vraiment eu de place pour Lui. Par contre, Jésus a des sentiments profonds pour les malades. Ne Le voyons-nous pas sortir de Sa route pour réconforter la femme de Samarie qui était diffamée? À Gadara, Il délivre un pauvre bougre possédé et le renvoie libre dans sa famille. C'est alors que toute la ville sort à Sa rencontre et Le supplie de s'en aller! (Luc 8:37). Ah! Jésus, personnage “non-grata”! (Marc 5:17)


Jésus n'avait pas de maison terrestre
Jésus a dit avoir moins de sécurité que les oiseaux et les renards. “ Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer Sa tête ” (Matthieu 8: 20). Si Satan avait eu totalement la main haute, il n'y aurait même pas eu de place pour Lui dans le cimetière. Son corps aurait été jeté, sans cérémonie, dans la décharge municipale de Jérusalem. Mais, observez bien, il y a toujours de la place dans l'auberge pour les VIP, les personnes très importantes. Eux sont introduits, applaudis, adulés. Regardez-les marcher vers l'estrade comme de petits paons!

Pendant ce temps-là, Jésus cherche une entrée à l'intérieur, par la voix d'une prière ointe, inattendue, non prévue sur l'horaire. Et on pense que c'est du dérangement! Ah! mais c'est qu'il faut faire bien attention, car le bulletin a été imprimé et chaque moment compte. Il ne faut absolument aucun temps mort! Aucune “dérive” n'est permise pour être béni, ni aucune manifestation spirituelle, genre parler en langues et interprétation, pour que tous soient exhortés, édifiés. Non! Le service est rempli de forme, de rituel, de traditions. Pour plusieurs, il serait bien mieux que Sa présence soit cachée quelque part dans un placard en dehors de la vue!

Ah! Vous savez les aubergistes sont des gens soucieux! Leurs hôtes demandent beaucoup: le confort est requis. La durée du séjour est dûment notée. Pas plus qu'une heure, et attention si on dépasse l'heure! Et en plus on rogne sur le temps en s'habituant à arriver régulièrement en retard, pour évidemment repartir le plus vite possible.

“ Il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie! ”

Très peu soupçonnent et réfléchissent que la Personne des siècles se trouve juste à quelques mètres de là, mais à l'extérieur de l'hôtellerie: “Voici, Je me tiens à la porte et Je frappe” (Apocalypse 3:20).

Le temps de Noël porte Son nom! Personne ne se souvient aujourd'hui des hôtes qui remplirent l'auberge de Bethléem, il y a longtemps. Même le nom de l'aubergiste est oublié, alors que c'est une simple mangeoire à bestiaux qui est devenue plus importante que l'auberge. Jésus a dit que le dernier serait le premier. “Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon?” (Jean 1:46). D'une façon ou d'une autre, avec Dieu, ce qui est petit, simple, obscur, prend de l'importance. Les Méthodistes ont commencé dans les champs, les Pentecôtistes au coin de la rue ou dans un magasin. Attention de ne jamais mépriser les eaux de Siloé qui coulent doucement (Isaïe 8: 6).

Jésus continue de frapper à la porte des pécheurs. Combien parmi eux aujourd'hui croient que Dieu est en eux et a toujours été en eux! Combien vivent un mensonge de Satan. Non! Jésus est à l'extérieur de chaque coeur et frappe pour demander de la place. “Si quelqu'un entend Ma voix, et ouvre la porte, J'entrerai chez lui, Je souperai avec lui, et lui avec Moi” (Apocalypse 3:20).

Quand Jésus était sur terre, ils n'avaient pas de place pour Lui dans leurs comités, leurs bureaux. Ils complotèrent pour déterminer comment Le détruire le plus rapidement possible. Bien trop souvent, le programme est plein. Le Sauveur ne semble pas important. De toute façon, qui a besoin de Jésus? Après tout, on aurait bien plus besoin d'un avocat, d'un soclologue, d'un psychiatre, d'un psychologue, d'un agent immobilier, d'un docteur que de Lui! Eh voilà! 11 est repoussé, mis de côté. Il n'y a pas de place pour Lui! Au mieux, on va l'emprisonner occasionnellement soixante minutes le dimanche matin. De toute façon, I'auberge est assez pleine... sans Lui.

Malgré tout ce courant tumultueux qui descend vers I'apostasie prédite, il y a cependant encore beaucoup de familles sur terre qui ont fait de la place pour Jésus. Leur cœur ne s'est pas rétréci, mais s'est élargi pour Lui. On y reconnaît encore Sa place primordiale autour de la table; on Le remercie encore pour la nourriture. On y lit la Bible avec les enfants et on Le prie aussi avant de s'endormir. Dans ces familles, on fixe encore des textes bibliques sur les murs des chambres. Avant même que les petits bouts de chou aillent à l'école primaire, la dîme au Seigneur leur a été enseignée. Sur le mur du salon, un tableau rappelle encore qu'il y a dans ce lieu “un Hôte invisible et silencieux, attentif à chaque conversation”. Jésus a ici la priorité! “Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu [...]” (Matthieu 6:33). “[...] afin d'être en tout le premier” (Colossiens 1:18).

Qu'on le veuille ou non, inévitablement arrive le jour du trône du jugement. Tôt ou tard, tous les aubergistes devront se tenir devant la porte éternelle. La situation sera renversée. La question suprême dans leurs pensées sera: “Aura-t-ll de la place pour moi?” Nous nous tiendrons là, avec nos expertises, nos crédits. Il y aura les diplômes et la publicité nationale, le support populaire et les droits d'auteur. Il y aura un déploiement éclaboussant de la part des aubergistes. N'oublions pas qu'un système mondain et pervers a longtemps marqué ces chers messieurs qui composent le clergé.

Ils ont été choyés, dorlotés! Leur nom paraît toujours sur les listes sociales. “Ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues; ils aiment à être salués dans les places publiques [...]” (Matthieu 23:6-7). La seule chose qui comptera en ce jour sera la place qu'ils auront laissée à Jésus.

Paul Lui fit de la place et fut exclu de la synagogue. Martin Luther Lui fit de la place et fut amené en cour religieuse pour hérésie. Jean Huss Lui fit de la place et fut brûlé vif par les évêques catholiques. A. B. Simpson Lui fit de la place et sa dénomination le bannit. Il fut chassé de son église, perdit son salaire et se retrouva sur le boulevard. “Ils vous excluront des synagogues; et même l'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu. Et ils agiront ainsi, parce qu'ils n'ont connu ni le Père, ni Moi” (Jean 16:2-3).

Trop souvent aujourd'hui l'auberge est remplie de doctrines bizarres, de croyances extra-bibliques, de fables et de rêveries à dormir debout. Tout ce genre d'adoration, inconnu des apôtres, L'a mis à la porte. Mais si je Le cherche, je Le retrouverai sur la paille et au vent. Une grange ou un garage devient une cathédrale quand Sa présence est là. Il a été longtemps au coin de la rue, dans le dépôt, au port. Oh oui, Il peut être évité, rejeté, mais Il ne peut jamais être caché!

César ne savait pas toute la célébrité que cela apporterait à Bethléem. L'âne, la jeune fille vierge, Joseph, les anges, L'ont caché aux yeux des Romains. Hérode soupçonnait bien quelque chose de plus; c'est alors qu'il terrorisa toute la Judée pour éliminer Jésus, si possible.

Notons que depuis la mangeoire, Jésus a changé le calendrier. Il a marché au travers de toutes les frontières nationales. C'est Lui le sujet d'un nombre incalculable de chants. Des bâtiments sans nombre le reconnaissent comme le seul Sauveur. Ceux qui font de la place pour Lui ne le regretteront jamais. Il est venu pour tous et tous sont bienvenus chez Lui.

Un jeune homme donnait un jour aux passants des traités évangéliques sur la rue. Il était enthousiasmé et voulait servir Dieu. Un beau monsieur arriva et repoussa le jeune homme avec politesse. Le jeune homme courut derrière lui. “Savez-vous qui je suis? Iui lança l'homme élégant. Non monsieur! Je suis président-directeur de ce séminaire, là-haut sur la colline. Le jeune homme sourit et dit: Ça n'a pas d'importance, monsieur! 11 y a aussi un salut pour vous. Jésus a de la place pour vous aussi, qui que vous soyez!”

N'avez-vous point de place pour Lui? Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. “Car je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas [...]” (Luc 13: 22-30).

Prenez votre Bible et lisez ces versets, ça vaut la peine!


Où cherchez-vous le bonheur
Dans ce monde où tout passe?
Avez-vous en vôtre cœur
Pour Jésus une place?
À votre porte, Il se tient;
Sans se lasser, Il reivent...
Pour Jésus, votre Sauveur
N'avez-vous point de place?

N'avez-vous point de place?
N'avez-vous point de place?
Pour Jésus, votre Sauveur
N'avez-vous point de place?


Bâti pour la Tempête

Notes

[1] - Extrait tiré du livre Bâti pour la Tempête (1998) par Raymond Bourgier.

Église Un Temps D’Espoir
Pasteur Raymond Bourgier
BP 35
Chambly, QC
Canada J3L 4B1
1-450-447-6623