Paul Gosselin
Récemment j'ai pris connaissance d'un article intéressant en anglais par le révérend G. I. Williamson intitulé "A Defense of Six-Day Creation". Le rev. Williamson est ministre presbytérien retraité vivant dans l'état du Iowa aux États-Unis et auteur d'études sur les confessions de Westminster et le catéchisme de Heidelberg. Dans son article, il relate ses propres hésitations et son cheminement sur l'interprétation (littérale ou pas) des premiers chapitres de la Genèse. Cet article représente une prise de position de sa part sur cette question après une longue vie dans le ministère.
Pour ceux pour qui l'anglais reste une langue trop étrangère, je vous file deux extraits que j'ai traduits :
Je suis maintenant dans ma soixante et unième année comme pasteur réformé et je suis très conscient du fait qu'il est probable qu'il ne me reste plus beaucoup d'années de service. Ainsi, avant le Seigneur m'appelle pour venir dans sa demeure, je tiens à témoigner fidèlement concernant l'une des doctrines fondamentales de la Bible. Il est à ce point fondamental que c'est la première chose affirmée dans les credo les plus anciens de l'Église: “Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre” et “de toutes choses visibles et invisibles."
Je suis tout à fait conscient que notre tolérance de perspectives de type “jour-âge", "analogique" ou "théories du cadre" est considérée par certains comme une très bonne chose. Cela montre que nous ne sommes pas des fondamentalistes bornés. Et pour cette raison, nous pouvons toujours être des gens respectés par les intellectuels et les personnalités scientifiques. On peut même se joindre à eux en se moquant de gens comme Ken Ham qui tentent de soutenir et défendre une lecture littérale du récit de la Genèse. Je suis prêt à admettre qu'à un moment je me suis senti attiré par ce point de vue. Moi aussi, je voulais me sentir respecté.
Après la lecture de cet article, j'ai décidé de contacter le rev. Williamson et lui faire part de quelques réflexions d'anthropologue sur les difficultés que représente une interprétation littérale de la Genèse pour un membre du clergé au 21e siècle. Plus tard, j'ai décidé plus tard en faire une version française, car il m'a semblé que bien des chrétiens (membres du clergé ou pas) peuvent partager les hésitations de m. Williamson. Et en cours de traduction, inévitablement des ajouts se sont faits...
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rev. Williamson,
Je voulais vous féliciter sur votre article "A Defense of Six-Day Creation". Je le considère à la fois courageux et bien réfléchi.
Pour ma part, je suis justement de ces “ fondamentalistes ” que vous mentionnez et que nos élites occidentales aiment tant mépriser. J'ai une formation en anthropologie sociale et je suis l'auteur de quelques livres. Depuis plus de 35 ans maintenant je m'intéresse au débat Création – Évolution. Et lorsque je discute de telles questions avec un membre du clergé (évangélique ou pas) et que l'on aborde la question d'une interprétation littérale du livre de la Genèse, je sens un malaise chez eux, car souvent ils hésitent à prendre une position claire sur ce livre, craignant de se retrouver accusés “ de s'opposer à la science ”, car tous nous disent que l'évolution c'est de la science et manifestement la Genèse est un texte “ religieux ” et que le clergé n'a pas à se mêler de questions scientifiques où il est, somme tout, incompétent. Les clercs craignent également de se retrouver accusés de vouloir larguer par-dessus bord tous les progrès de la science. Adieu l'électricité, les vaccins, les téléphones intelligents, les voyages par avion et les ordinateurs. Mais à un niveau plus profond, il y a lieu de penser que les clercs ne veulent pas de confrontation avec l'idéologie dominante et prestigieuse de notre génération.
Mais lorsque nous abordons ce sujet, généralement on néglige de poser une question de base : Qu'est-ce au juste que la “ science ” ? Et c'est une question critique... Et si on ne l'aborde pas, tout le reste risque de reposer sur des malentendus et des demi-vérités. Est-ce que rejeter l'évolution implique nécessairement s'opposer à la science ?
Avec toutes mes recherches sur les systèmes de croyances, j'ai tendance à voir l'histoire de la pensée intellectuelle en Occident en termes de systèmes de croyances[1]. Maintenant, lorsque l'on pose les fondations d'un système de croyances, une idéologie ou une religion, il faut immédiatement répondre à la question très simple : Où est la vérité ?
Ainsi, de ce point de vue, la Renaissance fut à la fois une réaction au système de croyances judéo-chrétien et aussi la tentative de fonder un autre système de croyances en prenant pour appui sur la culture gréco-romaine, en particulier sur la philosophie grecque. Donc pour les dévots de la Renaissance, la vérité se trouvait non pas dans les Écritures, mais chez les philosophes grecs. Mais cette tentative finit par échouer, car la montée de la science en Occident finit par éroder le prestige des philosophes tels que Platon ou Aristote. Et cela aboutit donc au Siècle des Lumières. Ceux qui cherchaient une porte de sortie au système de croyances judéo-chrétien ont fini par comprendre qu'ils avaient misé sur le mauvais cheval (les grecs) et ils ont estimé qu'il leur serait peut-être plus profitable d'ériger un nouveau système de croyances (et une civilisation) sur la “ science ” et profiter du prestige de ce nouveau savoir. Ainsi la science devint leur VÉRITÉ.
Tandis que plusieurs des premiers défenseurs de la pensée des Lumières étaient déistes[2], à son stade mature ce système de croyances aboutira rapidement à une conception purement matérialiste du monde, excluant Dieu et tout le surnaturel pour de bon. Inévitablement cela influençait la manière de percevoir la question des origines... Ce système de croyances a produit des intellectuels et artistes français comme le marquis de Sade, Renan, Flaubert, Baudelaire, Albert Camus et Jean-Paul Sartre, Jacques Monod et chez les anglophones des individus comme John Dewey, Aldous et Julian Huxley, Isaac Asimov, Christopher Hitchens, Richard Dawkins et Stephen Hawking. Ailleurs, on peut penser à des individus tels que Karl Marx, Nietzsche et Freud.
Mais la perspective des Lumières sur la science implique une certaine tricherie, car les scientifiques des 17e et 18e siècles (dont bon nombre étaient chrétiens) considéraient la science comme limitée à une exploration méthodique de processus observables (tels que la gravité[3], les réactions du système immunitaire et l'électricité). Ceci a été largement oublié maintenant. Étant donné que les pionniers de la science tels que Isaac Newton considéraient la science comme limitée au monde observable, ils n'avaient donc aucune objection aux affirmations au livre de la Genèse. Newton par exemple écrivit ce qui suit dans son magnum opus, les Principia Mathematica (1687) :
Ce système d'une beauté d'extraordinaire du soleil, des planètes et des comètes, ne saurait procéder que du conseil et de la domination d'un Être intelligent et puissant, c'est-à-dire un Maître céleste qui gouverne tout comme souverain de l'univers. Nous sommes étonnés en raison de sa perfection. Contemplant son pouvoir illimité nous l'honorons et nous prosternons devant lui. De la nécessité physique aveugle, ce qui est toujours et partout la même, aucune variété liée au temps ou à l'espace ne saurait évoluer, et toute la variété des objets créés représentant l'ordre et la vie dans l'univers ne saurait survenir que par le raisonnement et la volonté de son créateur original, que j'appelle le Seigneur Dieu.
Décrivant les attitudes cosmologiques de Newton, le mathématicien athée Bertrand Russell admet (1971: 40-41):
Les travaux de Newton (le système de Copernic ayant été admis) n'ébranlèrent en rien l'orthodoxie religieuse. Newton lui-même était profondément religieux, et croyait à l'inspiration littérale de la Bible. Son univers ne comportait aucune évolution, et, à s'en tenir à sa théorie, pouvait aussi bien avoir été créé d'un seul coup. Pour expliquer les vitesses tangentielles des planètes, qui les empêchent de tomber vers le soleil, il supposait qu'elles avaient été initialement lancées par la main de Dieu; ce qui s'était passé depuis s'expliquait par la loi de la gravitation. (...) à s'en tenir à ses déclarations publiques et officielles, il paraissait être en faveur d'une création soudaine du soleil et des planètes, tel que nous les connaissons, et exclure toute idée d'évolution cosmique.
Bon nombre de scientifiques de l'époque avaient une perspective semblable. Mais évidemment tandis que la propagande des Lumières a pénétré de plus en plus profondément en Occident (et pratiquement sans opposition dans le monde francophone) ces considérations ont été oubliées, enfouies. Aujourd'hui très peu de scientifiques oseraient faire des affirmations semblables à celles de Newton dans une publication scientifique “ sérieuse ”. De manière générale, la culture occidentale accepte maintenant la perspective des Lumières affirmant que non seulement la science peut nous proposer une explication utile de processus ayant cours dans le monde observable qui nous entour, mais elle affirme aussi que la science (= matérialisme) doit répondre aux grandes questions touchant les origines et que tout autre savoir doit être rejeté ou abandonné. C'est pour cette raison que Richard Dawkins fit ces observations sur la théorie de Darwin dans son livre L'Horloger aveugle (1986/1989: 21):
Un athée d'avant Darwin aurait pu dire, à la suite de Hume: “ Je n'ai pas d'explication qui rende compte de l'ordonnancement complexe du biologique. Tout ce que je sais c'est que Dieu n'est pas une bonne explication, donc nous devons attendre en espérant que quelqu'un en trouve une meilleure. ”. Je ne peux m'empêcher de penser qu'une telle position, bien que saine du point de vue logique, ne laisse pas d'être quelque peu frustrante, et que même si l'athéisme avait pu être acceptable sur le plan logique avant Darwin, c'est grâce à Darwin si l'athéisme[4] a pu être une solution pleinement satisfaisante pour l'intellect.
Dans les médias et le système d'éducation (du monde francophone particulièrement) on nous rappelle constamment que l'évolution est de la “ science ” et que le reste, relève de la “ religion ” (et de ce fait, n'a pas droit de cité sur la place publique[5]). C'est un mécanisme très efficace pour exclure les critiques. À titre d'exemple, dans Les dangers du créationnisme dans l'éducation, [6]un rapport émit par le Conseil de l'Europe (Lengagne 2007) :
23. Incontestablement, l'évolution est une véritable science. (...) 46. (...) Comme le souligne G. Lecointre, le créationnisme scientifique est par définition aux antipodes de la science en ce sens qu'il nie la nécessité du recours [...] aux réalités matérielles [...] pour établir des vérités. Or, rappelons-le, la détermination de connaissances ne peut être rendue possible sans démonstration scientifique, sans en avoir vérifié l'objectivité, la scientificité, par la reproduction d'expériences et/ou d'observations[7]. Les créationnistes formulent un certain nombre d'affirmations scientifiquement non testables et donc non prouvables. Il est donc aisé de se rendre compte de l'imposture des créationnistes qui se proclament scientifiques.
Ainsi aux yeux du Conseil de l'Europe, remettre en question l'évolution revient à vouloir retourner la civilisation occidentale au Moyen Âge, voir même l'âge de pierre... L'opposition science/religion est un argument fondamental et typique du discours évolutionniste, mais il faut mettre de côté la propagande et examiner plus à fond. Si la croyance que la Science (toujours avec un “ s ” majuscule) allait donner réponse à toutes les grandes questions a été très puissante au 20e siècle, un philosophe de la science comme Karl Popper a démoli bien de ces prétentions idéologiques et a proposé une conception bien plus humble de la science[8] entre autres en affirmant que la science ne peut conduire à “ la Vérité ”, et ne peut vérifier ses propositions ni les prouver, mais seulement les réfuter. Du point de vue de Popper, il cherchaient seulement à établir une définition plus rigoureuse de la science et de ce fait s'attaquait seulement à ceux, comme les positivistes, marxistes et psychanalystes, qui à son avis “ abusaient ” de la science (dans le but d'exploiter son prestige), mais ce faisant il se trouvait aussi à combattre la pensée des Lumières[9]. Par la suite, plusieurs philosophes postmodernes comme Paul K. Feyerabend, Jacques Derrida ou Gilles Deleuze sont allés plus loin que Popper et ont en quelque sorte jeté le bébé avec l'eau du bain, ne faisant de la science rien de plus qu'un discours occidental, un savoir parmi tant d'autres et affirmant que chaque peuple possède sa “ science ”. Logiquement, cela aboutit à mettre sur le même plan, la physique de Newton, les horoscopes et le vaudou... Mais ne vous attendez pas que les médias ou le système d'éducation discutent de telles choses. Pour eux, la science comme vérité leur est trop utile sur le plan idéologique.
Ainsi, lorsque je discute avec des membres du clergé touchant une interprétation littérale de la Genèse, il faut toujours combattre l'impression sous-jacente à de telles discussions que s'opposer à l'évolution implique s'opposer à la science. Est-ce nécessairement le cas ? Il ne faut jamais oublier que la science véritable ne se préoccupe que de données observables. Lorsque les scientifiques discutent de processus observables, il est parfaitement légitime pour eux de le faire avec autorité. C'est par ce moyen justement que nous obtenons des moteurs à combustion plus efficaces, de nouveaux vaccins, des ordinateurs plus puissants, les satellites lancés dans l'espace, etc... Mais lorsqu'un scientifique fait des déclarations grandioses sur la question des origines, il quitte la science et joue alors le rôle de philosophe (ou de “ théologien ” matérialiste), car la science n'a pas d'outils pour observer l'événement unique de la création. Ni télescope, ni microscope, ni rayons X ne sont utiles dans cette situation. Le scientifique n'a pas de pouvoir spécial sur ces questions et il est tout à fait approprié pour un théologien, pasteur ou “ chrétien ordinaire ” de le défier lorsqu'il parle des origines.
Je sais que beaucoup de théologiens ou pasteurs francophones vont trouver la position du rev. Williamson un peu excessif ou «inutilement extrémiste». Peu de ministres francophones oseraient avouer une telle position. La chose est ironique car en milieu francophone où l'on aime tant se gausser d'une perspective dite "critique", mais dès qu'il est question de l'âge de la terre ou des choses du genre, nous récitons par cœur, comme des moutons compulsifs, le refrain du discours évolutionniste. Pour ne pas avoir l'ait trop con, il FAUT une explication matérialiste (du moins en apparence)... À l'égard de l'âge de la terre, on a donc une attitude de soumission totale, résignée. Comme s'il faut éviter à tout prix le scandale que serait oser s'opposer à théories régnantes, les théories dites "scientifiques"...
Mais les accusations de rejeter “ la science ” ne sont pas nouvelles. Lorsque CS Lewis fit publier sa trilogie de science-fiction dont That Hideous Strength/Cette hideuse puissance (1945) comportant des critiques de certaines attitudes et croyances rencontrées chez des scientifiques, il se fit également accuser d'être “ anti-scientifique ”. Entre autres, dans ce roman l'un des "méchants" est un scientifique. Mais Lewis rejeta cette accusation. Répondant à une critique de son livre proposé par le généticien JBS Haldane, Lewis écrivit (1966/1994 : 76):
Si l'on voulait accuser de manière vraisemblable un de mes romans d'être une attaque sur les scientifiques, ce serait Out of the Silent Planet. Il s'agit certainement d'une attaque, bien qu'elle ne vise pas les scientifiques, mais plutôt quelque chose qui pourrait être appelé le “scientisme”[10] — une certaine perspective sur le monde qui est souvent propagé par les vulgarisateurs des sciences, bien qu'il soit moins fréquent chez les scientifiques véritables que chez leurs lecteurs. En un mot, c'est la croyance que l'objectif moral suprême est la perpétuation de notre propre espèce, et que ceci doit être poursuivi même si, dans le processus de lutte pour la survie, notre espèce doit être dépouillé de toutes ces choses que nous apprécions — la compassion, le bonheur et la liberté.*
Qu'est-ce au juste que ce terme “ scientisme ” qu'utilise Lewis ? Le mot scientisme nous renvoie au système de croyances issue des Lumières et implique l'idée que seule la science (=matérialisme) peut nous conduire à la Vérité et au Progrès (le paradis matérialiste). Cela implique aussi que seule la science peut atteindre la Vérité, même pour comprendre l'homme. Mais prenez bien note du subterfuge exploité aussi bien par les accusateurs de Lewis que par ceux qui accusent les créationnistes de vouloir détruire “ la science ”. Si vous faites équivaloir science et scientisme (ou encore science et évolution) alors “ il va de soi ” que toute critique du scientisme ou de l'évolution équivaut à vouloir renverser la science ! Impossible alors de proposer une critique rationnelle du scientisme ou de l'évolution. Pour s'en sortir donc il faut départir ce qu'est la science véritable et les diverses idéologies issues des Lumières qui ont voulu exploiter le prestige de la science pour rehausser leurs discours et croyances et aussi pour les protéger de toute critique. Si on ne fait pas l'effort de remettre en question la fusion des concepts de “ science ” et de “ scientisme ”[11], alors inévitablement on restera pris dans le piège tendu par les idéologues des Lumières.
Ceci dit, lorsqu'on met de côté ces accusations il est ironique de constater, contrairement à la science empirique qui nous a fourni tant d'avancées en médecine et en technologie, l'évolution est fondamentalement un concept stérile sur plan scientifique. Et dans de rares moments de franchise, il arrive que certains évolutionnistes fassent des lapsus à ce sujet. Par exemple, Adam S. Wilkins, éditeur de la prestigieuse revue scientifique BioEssays écrit (2000 : 1051)
Le sujet de l'évolution occupe une place particulière et paradoxale dans l'ensemble de la biologie. Tandis qu'il est probable que la grande majorité des biologistes admettraient l'affirmation de Dobzhansky qu'en biologie rien ne peut se comprendre sans la lumière de la théorie de l'évolution, la majorité fait son travail sans se référer particulièrement aux concepts évolutionnistes. La notion d'évolution serait donc, à la fois, un concept unificateur indispensable et un concept tout à fait superflu.*
En tant qu'anthropologue j'arrive à la conclusion que même si la théorie de l'évolution discute de données scientifiques, il est tout à fait approprié de le considérer avant tout comme idéologique, un mythe d'origines, c'est-à-dire un mythe dérivé du système de croyances issu des Lumières.
Et si vous voulez vous faire une petite idée de ce que peut impliquer une telle perspective, je vous recommande un article que j'ai rédigé il y a bien des années, soit Mythe d'origines et théorie de l'évolution. Et pour ceux qui voudraient aller plus loin, j'ai produit une étude plus détaillée de la fonction idéologico-religieuse jouée l'évolution dans Fuite de l'Absolu, volume 2. Et pour ceux que le volet scientifique du débat sur les origines préoccupe plus que le volet théologique, consultez au bas, la section “ Quelques ressources scientifiques ”.
En terminant, il faut noter donc que l'affirmation qu'une interprétation
littérale/naturelle des premiers chapitres de la Genèse implique
le rejet de la science est un faux dilemme, en fait une affirmation fondamentalement
malhonnête. Mais il ne faut pas s'attendre que les élites médiatiques
ou scientifiques réagissent avec joie si on rejette l’affirmation
que l’évolution est scientifique (ou que la science implique
nécessairement l’évolution). À leur point de vue,
cela a la même portée que si on tentait de faire croire à
un évangélique que la Bible n'est pas vraiment la Parole de
Dieu infaillible… D'autre part, même si on accepte la distinction
que je propose ci-dessus, il faut bien s'entendre; défendre une interprétation
naturelle de la Genèse n'attira PAS l'approbation des élites
médiatiques ou scientifiques. Prendre une telle position exige du courage
intellectuel... En trouve-t-on encore chez les évangéliques
de notre génération ?
COX, Gavin (2018) Building morality on evolutionary foundations? Tim Keller addresses the British Prime Minister and government at the National Parliamentary Prayer Breakfast. (CMI)
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[1] - Une expression interchangeable avec le terme plus commun, “ religion ”.
[2] - Aujourd'hui, on ne rencontre plus de déistes convaincus, à moins que ce soit dans des facultés de théologie...
[3] - D'où les fameuses expériences de Galilée avec les billes échappées de la tour de Pise.
[4] - Il faut noter que jusqu'à la fin du XIXe siècle, il était plutôt scandaleux en Occident d'admettre qu'on était athée. Possiblement on voyait plus clairement qu'aujourd'hui les implications éthiques de cette position. Une position plus confortable pour plusieurs, le déisme affirmait l'existence d'une divinité, mais d'une divinité qui n'avait d'autre rôle que celui de Cause Première. Il s'agissait évidemment d'une divinité lointaine, sans influence réelle sur la vie quotidienne des humains. En somme, cette “ divinité ” jouait un rôle comparable à celui d'une variable dans une équation... Utile sur le plan logique, mais sans autre signification véritable. Le déisme était, jusqu'à lors, une nécessité, et ce, pour deux raisons :
[5] - Particulièrement dans l'éducation.
[6] - Ce titre est indicatif de ceux qui sentent leur monopole idéologique en milieu éducatif remise en question. Cela rappelle des ouvrages d'inquisiteurs : “ Les dangers de l'hérésie Ariane ” ou encore “ Les mensonges de la doctrine gnostique ”.
[7] - Il est assez hypocrite de parler d'observations dans ce contexte, car qui a observé la naissance de la première cellule ou le vol du premier oiseau ? Qui a observé tout le scénario de l'abiogenèse jusqu'à toute la variété d'organismes biologiques qui nous entourent aujourd'hui ? Inévitablement les évolutionnistes changent habillement de sujet pour parler de résistance aux antibiotiques chez les bactéries ou les variations dans la taille des becs des pinsons de Galápagos. Mais la théorie de l'évolution a des prétentions explicatives dépassant toute autre théorie de scientifique. Il est tout à fait normal alors d'avoir des exigences de preuves tout aussi extraordinaires. Mais sur le plan des preuves empiriques, les évolutionnistes n'ont rien d'intéressant à nous mettre sous la dent.
[8] - Popper est allé jusqu'à critiquer le statut scientifique de la théorie de l'évolution, ce qu'on ne lui a pas pardonné. Si on veut en savoir plus, consultez le dernier chapitre de Fuite de l'Absolu, volume 2.
[9] - Bien qu'à d'autres égards Popper était lui-même manifestement influencé par la pensée des Lumières.
[10] - Il est un peu triste de constater que Lewis n'a pas poursuivi cette intuition (considérant le scientisme comme une idéologie) et ailleurs il s'est replié à se présenter comme défenseurs de “ valeurs ” rejetés par certains scientifiques.
[11] - Et cette fusion des concepts de “ science ” et de “ scientisme ” me semble tout à fait délibérée. Parfois certains philosophes de la science français en prennent conscience et y font allusion (Lévy-Leblond et Jaubert 1975: 41) :
Les gens en général, bien qu'on leur enseigne certains des plus grossiers et des plus anciens résultats de la science, ont toujours eu peu ou pas de compréhension de ce qu'est réellement la science en tant que méthode. Cette ignorance a été perpétuée par tout l'enseignement primaire, secondaire, et même par l'importante partie de l'enseignement universitaire qui ne constitue pas une préparation à la recherche: la science y est enseignée dogmatiquement, comme une vérité révélée. Aussi, le pouvoir du mot “science” sur l'esprit du grand public est-il d'essence quasi mystique et certainement irrationnelle. La science est, pour le grand public et même pour beaucoup de scientifiques, comme une magie noire, et son autorité est à la fois indiscutable et incompréhensible. Ceci rend compte de certaines des caractéristiques du scientisme comme religion.