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Samizdat

Les évangiles n'ont pas encore
livré tous leurs secrets.






Un pasteur évangélique élabore une nouvelle théorie pour résoudre une énigme vieille de 2000 ans.

L'Évangile dans le Calendrier - Auteur: Denis GrenierÀ quelques jours de Pâques 2004, un pasteur évangélique du Canada a procédé au lancement d'un livre intitulé L'Évangile dans le calendrier : Marc révélé par la liturgie juive. Il s'agit d'une étude sur l'origine, la fonction et l'interprétation du deuxième évangile, qui serait, de lavis de l'auteur, beaucoup plus juif que ne l'ont cru et ne le croient encore les biblistes. Il serait même juif à 100%. L'opinion majoritaire veut que cet évangile ait été rédigé en grec, vers l'an 70 de notre ère, à l'intention de la communauté chrétienne de Rome, qui était alors composée à majorité de non-Juifs. Mais cette opinion est de plus en plus critiquée. Des érudits comme Jean Carmignac et Claude Tresmontant ont maintenu que cet évangile relevait plus étroitement du milieu et de la langue des Juifs, qui furent les premiers à professer que Jésus de Nazareth était le Messie d'Israël.

Une affirmation encore trop timide, estime Denis Grenier, auteur de l'Évangile dans le calendrier. D'après lui, l'Évangile de Marc était, à l'origine, « un programme d'initiation à la foi chrétienne préparé à l'intention d'une communauté juive qu'on voulait atteindre avec l'Évangile ». Il s'agissait d'un enseignement que des Juifs adressaient à d'autres Juifs afin de leur faire connaître Jésus. Pour le prouver, l'auteur s'est appuyé sur les travaux de Bernard Frinking, un orthodoxe français, et sur ses propres recherches, qui ont prolongé les travaux de Frinking. L'originalité de la proposition de Frinking tient au fait quelle s'inscrit dans un paradigme nouveau. D'après lui, les évangiles ont été créés pour êtres appris (c'est-à-dire mémorisés) entièrement par les catéchumènes sur un cycle d'un an. Ils n'étaient pas réservés à la lecture, mais à la récitation ; non au parchemin, mais à la mémoire des élèves qui l'apprenaient en suivant le rythme imposé par les jours du calendrier d'Israël. Car c'est en distribuant tout le texte de l'Évangile de Marc sur une année en commençant à la Pâque que Frinking s'est rendu compte que les portions de textes qui chevauchaient alors les fêtes juives se trouvaient à répondre aux thèmes propres à chacune de ces fêtes.

Intrigué par cette proposition, Denis Grenier a entrepris de la vérifier point par point, quitte à s'engager à son tour sur le parcours initiatique décrit par l'auteur. C'est sur cette voie que l'attendait une grande surprise : celle de découvrir que le cycle de Marc était arrimé non seulement au calendrier et aux fêtes d'Israël, mais encore à chacune des péricopes de la Torah et des Prophètes (les sections de l'Ancien Testament) qu'on lisait chaque sabbat à la synagogue. À l'évidence, tout le texte de l'évangile avait été distribué sur le calendrier à raison de deux énoncés par jour, à l'exception des sabbats, où une pose était observée. Il était donc possible d'inscrire le cycle de Marc avec grande précision dans son calendrier de façon à reconstituer tout le programme d'apprentissage. C'est le défi qua voulu relever Denis Grenier en publiant cette étude sur l'origine et l'interprétation de l'Évangile de Marc.

Selon M. Grenier, la découverte d'un calendrier et d'une coutume de lecture juive dans la structure d'un évangile pourrait favoriser un rapprochement et un véritable dialogue entre juifs et chrétiens. L'évangile même suppose un dialogue entre Juifs au sujet des Écritures juives et du rôle de Jésus dans l'histoire d'Israël. Il ne saurait plus être question d'antisémitisme, puisque les interlocuteurs étaient juifs, et sils se disputaient, c'était au sujet de l'héritage qu'ils avaient en commun. Les chrétiens ont tout à gagner à s'ouvrir à la culture et aux traditions des Juifs, puisque leur foi y a trouvé son origine.

Pour bien marquer la signification de sa découverte, l'auteur a procédé au lancement de son livre au Carrefour Chrétien de l'Estrie, situé au 531 rue de Montréal, dans les lieux de la synagogue où se rassemblait autrefois la communauté juive de Sherbrooke. Il estime qu'il n'y avait pas de meilleur endroit pour parler des fêtes juives et des lectures de la Torah qu'en ces lieux où elles ont été célébrées par plus d'une génération de Juifs. La présentation de l'ouvrage a été précédée d'un exposé de l'auteur au sujet de la structure calendaire de l'Évangile de Marc.