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Samizdat

Le Fils de l'homme*.





Raymond Boivin

Dans l'histoire de l'humanité, Jésus-Christ fut sans conteste le personnage le plus célèbre qui soit. Il ne laisse personne indifférent, chacun ayant une opinion à son égard. Pour les uns, il est Dieu fait chair; pour les autres il n'est qu'un simple homme. Certains diront même que ce que l'on croit de lui influence ce que nous sommes. Si cela est, il convient alors de se faire une juste appréciation de sa personne.

Un bon point de départ pour connaître quelqu'un consiste à l'interroger pour savoir ce qu'il dit de lui-même. Malgré son absence visible, Jésus-Christ répond encore à nos questions par le témoignage qu'il a laissé dans le Nouveau-Testament. Or ses déclarations ne sont pas toujours des plus explicites. Ici il dira être la porte ou le chemin; ailleurs, il sera le cep; plus loin, il devient l'agneau de Dieu. Mais le titre que Jésus affectionna particulièrement lors de son passage sur la terre est “le Fils de l'homme”. Il l'utilisa plus souvent que tout autre titre et ceci en maintes circonstances. On peut donc se poser la question: Quelle signification Jésus-Christ donnait-il à cette expression? Son auditoire comprenait-il le sens qui lui était attribué?

Pour répondre à ces questions, le présent travail cherchera d'abord à connaître l'origine de l'expression “le Fils de l'homme” et son usage à l'époque néo-testamentaire. Ensuite, nous étudierons les diverses utilisations de l'expression “le Fils de l'homme” dans le Nouveau-Testament. Finalement, par ce cheminement, on devrait pouvoir dégager la signification de l'expression “le Fils de l'homme”.

Puisse donc ce travail nous aider à mieux connaître la personne de Jésus-Christ. Ce que nous serons pourra alors être plus facilement transformé par ce que nous saurons.



L'ORIGINE DE L'EXPRESSION “LE FILS DE L'HOMME” ET SON USAGE À L'ÉPOQUE NÉO-TESTAMENTAIRE

À première vue, il semble assez aisé de pouvoir expliquer la signification du titre de “Fils de l'homme”. Ainsi, dès le deuxième siècle, l'Église voit dans cette expression l'humanité de Jésus-Christ. Il en sera de même pour Calvin qui aura fait le même raisonnement que ses prédécesseurs. Hare, citant Calvin, l'explique: “For it is just as apropriate to refer the fact that he is called “Son of God” to his divine nature, as it is to refer the fact that he is called “Son of man” to his human nature”(30). Cette interprétation est donc uniquement basée sur une similitude lexicale entre deux termes, sans égard à un contexte plus large. Dans ce qui suit, nous essayerons donc de découvrir s'il existait dans l'Ancien-Testament un usage défini de l'expression. Par la suite, les recherches se déplaceront à l'époque de Jésus afin de discerner quelles connotations celle-ci pouvait avoir aux oreilles de ses contemporains.


A. Le contexte vétéro-testamentaire
Est-ce que l'expression “le Fils de l'homme” a été utilisée dans l'Ancien-Testament? Oui, plus de 140 fois dans dans au moins huit livres différents (Jb :3, Ps :25, Pr :3, Ec :10, Es :3, Ez :93, Dn :3, Jl :1). Dans nombre de ces passages, surtout dans les psaumes et dans Ezéchiel, “le Fils de l'homme” est clairement associé à l'humanité. On souligne ainsi le contraste entre le Dieu de gloire et la faiblesse humaine. Cependant, ces versets ne se présentent pas dans un contexte messianique. En fait, c'est dans le passage de Daniel 7.13-14 que ce contexte apparaît clairement:

“Je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu'un de semblable à un fils de l'homme; il s'avança vers l'ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit”.

Plus tard, cet être semblable à un fils de l'homme sera identifié comme étant les saints du Très-Haut qui auront été opprimés par un roi (une des dix cornes des quatre bêtes de la vision de Daniel).

En analysant ces passages, il est possible de déduire plusieurs aspects messianiques pouvant s'appliquer au ”Fils de l'homme” de Jésus-Christ. Voici en bref les principaux:

En résumé, ces passages renferment effectivement un caractère messianique très fort qui pourrait s'appliquer au “Fils de l'homme” de Jésus-Christ. Cependant, Burkett apporte un élément important qui nous garde de toute conclusion hâtive. Il souligne ceci: “The phrase “one like a son of man” is not a title, but a description of a manlike figure which is contrasted whith the four beastlike figures of the vision” (). De ce fait, l'adéquation n'est peut-être pas aussi évidente à faire entre un concept prophétique et un expression qui sera utilisée quelque 600 ans plus tard. En conséquence, il y a tout lieu de s'interroger sur la connotation qu'aura l'expression “le Fils de l'homme” à l'époque de Jésus-Christ.


B. Le contexte néo-testamentaire
Même si le Nouveau-Testament a été écrit en grec, la langue que Jésus parlait était l'araméen. C'est pourquoi il faut puiser dans les racines de cette langue pour connaître le sens premier que reçoivent les gens lorsqu'ils écoutent Jésus. En ce qui concerne “le Fils de l'homme”, Carson cite: “According to Vermes, “son of man” or “the son of man” in arameic was used in Jesus' day to refer generically to man or as a circumlocution by which a speaker might refer to himself”(210). Ceci semble laisser bien peu de place pour une transposition messianique du “fils de l'homme” de Daniel 7. Stevens renchérit même en disant: “If the title had been understood as a synonym for Messiah, this use of it would have been equivalent to a declaration of his messiahship”(43).

Cependant, la mémoire et les attentes du Peuple de Dieu débordent l'usage courant des mots. Ainsi selon Preiss, “il est impossible de contester que le Fils de l'Homme ou “l'Homme” désigne, dans la littérature juive apocalyptique du temps de Jésus, aussi un être céleste, préexistant, appeler à juger le monde et à régner sur ce monde”(16). Il semblerait donc que le concept messianique de Daniel 7 ait passé au travers les siècles pour se confondre au titre même qu'utilisait Jésus, le Fils de l'homme.

Faut-il en conclure qu'à chaque fois que Jésus utilisait l'expression “le Fils de l'homme”, le peuple juif y voyait une revendication messianique? Cette question sera répondue plus explicitement dans les prochains chapitres. Mais dans le contexte néo-testamentaire, il est bon de rappeler quelle était l'attente du peuple de Dieu. Augstein explique: “On se représentait le Messie comme un guerrier: sans la violence, il ne pourrait édifier le règne de la paix. C'est la raison pour laquelle il était si important qu'il descendît du plus prestigieux roi-guerrier d'Israël (Fils de David)”(63).



LES DIVERSES UTILISATIONS DE L'EXPRESSION “LE FILS DE L'HOMME” DANS LE NOUVEAU-TESTAMENT

Le présent chapitre s'attardera à exposer les différentes utilisations de l'expression “le Fils de l'homme” dans le Nouveau-Testament. Avant de s'arrêter sur certaines particularités, il est bon de présenter certaines considérations générales.



A. Considérations générales

1. Ce titre a principalement été utilisé dans les évangiles (80 fois). On le retrouve une fois dans les Actes, dans Hébreux et deux fois dans l'Apocalypse sous la forme française “fils d'homme”. En grec, l'expression est la même.

2. L'utilisation de ce titre dans les Évangiles est vraiment caractéristique. Comme le dit Ladd: “In the gospel tradition the Son of man was Jesus' favorite way of designation himself; in fact, it is the only title he freely used”(144). Ceci est particulièrement remarquable puisqu'en tant que Messie, il était en droit de revendiquer des titres beaucoup plus explicites. En fait, n'est-ce pas là une des raisons pour laquelle il usa de l'expression “le Fils de l'homme”? Marshall exprime bien cette proposition: “It is significant that Jesus made little use of the term “Messiah” which became of cardinal importance in the early church, and this suggests that he avoided overt attachment to the more “ortodox” type of Jewish expectation”(230). Certainement, Jésus n'identifiait pas sa mission à celle du roi-guerrier dont nous avons parler au chapitre précédent.

3. Lorsque Jésus parle du Fils de l'homme, il le fait comme en retrait. Certes, chacun sait qu'il parle de lui-même, mais un voile demeure. Preiss présente bien la situation: “Jésus ne s'identifie jamais formellement au Fils de l'homme. Il parle de lui à la troisième personne “le Fils de l'homme”, jamais à la première. ...Je ne vois qu'une explication: Jésus parle discrètement de son être véritable. Nous sommes en présence, une fois de plus, de ce qu'on appelle le secret messianique”(44).

4 Non seulement Jésus affectionnait par dessus tout l'expression “le Fils de l'homme”, mais encore était-il le seul à l'utiliser. Jamais personne d'autre ne l'a désigné sous ce titre dans les Évangiles, non plus que dans l'Église primitive. Les deux seules occasions où Jésus ne l'a pas verbalisé directement sont en réalité des occasions où Jésus est cité.


B Utilisation de l'expression dans les évangiles synoptiques

Jésus a utilisé l”expression “le Fils de l'homme” en maintes occasions et pour différents sujets. Mais de façon générale, dans les évangiles synoptiques, il est possible de classer ces occurrences selon les thèmes auxquels elles se rapportent. Habituellement, les exégètes associent les quelques 69 passages de ces évangiles à un des trois thèmes suivants: le Fils de l'homme oeuvrant sur terre, le Fils de l'homme souffrant et finalement le Fils de l'homme apocalyptique. Le tableau que Ladd a fait pour illustrer ces subdivisions a été reproduit ci-dessous (148-149)1. Il correspond exactement au même partage qu'en a fait Guthrie (276-277).


A. The Earthly Son of Man


B. The Suffering Son of Man


C. The Apocalyptic Son of Man

Avant de discuter de la substance même de ces thèmes, il est intéressant de noter que ce n'est pas tous les exégètes qui attribuent la paternité de l'expression “le Fils de l'homme” à Jésus. En fait, on peut discerner plusieurs courants de pensée. Quelques-unes sont ici brièvement expliqués et par la suite commentés. Elles ont été présentées par Ladd (149-150) et Carson (211-212).

À la lumière de ces interprétations, il est évident que l'arrière-plan doctrinal a influencé les exégètes. On a de la difficulté à voir dans la bouche d'une même personne une expression qui couvrent trois applications très différentes. Cette compartimentation de la personnalité est cependant très discutable. Guthrie défends ainsi la thèse de l'authenticité de toutes les expressions: “If, as seems higly probable, Jesus used it to denote something of his own consciousness within his mission, it must have spanned both the present and the future, and have taken into account the intervening passion”(278). De plus, cet acharnement à vouloir mettre dans la bouche de l'Église les paroles de Jésus est pour le moins illogique. En effet, il faut se rappeler que ce titre n'a pour ainsi dire jamais été utilisé en dehors des évangiles. Ceci témoigne que cette expression n'appartenait pas à l'Église mais bien à Jésus. Finalement, Preiss nous donne un dernier argument en faveur de l'authenticité de l'expression: “Si Jésus ne l'avait pas employé, si seule l'Église le lui avait mis dans la bouche, il serait vraiment extraordinaire, il serait miraculeux que jamais aucun des évangélistes ne le mette dans la bouche d'un des disciples”(23).

Maintenant, en ce qui concerne les thèmes eux-mêmes, il est intéressant de noter la progression dans la révélation de qui est “le Fils de l'homme”. Très tôt, Jésus affirme que le Fils de l'homme a l'autorité de pardonner les péchés (Mc 2.10), qu'il est le maître du Sabbat (Mc 2.28). Peu à peu, ces faits se feront un chemin dans la pensée des apôtres jusqu'à ce qu'ils identifient ce Seigneur au Messie. C'est la confession de Pierre (Mc 8.27). Ce n'est qu'à partir de ce moment que Jésus identifiera le Fils de l'homme au serviteur souffrant. Ceci n'est pas facile à faire accepter aux disciples. On peut d'ailleurs se demander pourquoi. Les passages d'Esaïe 53 n'auraient-ils pas pu leur ouvrir les yeux? Rappelons-nous seulement que le Messie qu'ils attendaient était principalement politique. Leur interprétation d”Esaïe était d'ailleurs fonction de cela. Ladd explique: “When in Judaism the Messiah suffers it is not in an atoning death but in conflict whith his ennemies”(154). Jamais un Juif n'aurait pensé être la cause de la mort de son Messie! Jésus donne donc un nouveau sens à l'attente messianique. Finalement, il projette cette attente terrestre d'un Messie vers une attente céleste: “Vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel” (Mc 14.62).



C. Utilisation de l'expression dans l'évangile de Jean

L'utilisation de l'expression “le Fils de l'homme” dans l'évangile de Jean montre des similarités évidentes avec les évangiles synoptiques. Comme dans ces derniers, il n'y a que Jésus qui l'utilise et toujours par rapport à lui-même. Aussi, les aspects apocalyptiques et terrestres de son ministère y sont également développés.

Mais l'évangile de Jean, contrairement aux évangiles synoptiques, a un but beaucoup plus thématique que historique: Jésus le Fils unique de Dieu est venu parmi les hommes. On voit cet aspect entre autres dans le logos fait chair du prologue de l'évangile. Or les onze passages parlant du Fils de l'homme soutiennent le même dessein. Coppens, citant Zahn, abonde dans ce sens: “Tous visent à mettre en lumière dans la personne et dans l'oeuvre de Jésus les rapports étroits entre le ciel et la terre, entre l'abaissement du Sauveur et son exaltation”(54). En conséquence, la classification que l'on fera de ces passages sera toujours tributaire de cette orientation première de l'évangile.

Premièrement, il y a ces passages qui parle de l'origine et de la destinée du Fils de l'homme ( 1.51, 3.13), de sa préexistence (6.62) et de sa glorification passée et future (12.23, 13.31). Ensuite, l'autorité du Fils de l'homme induit l'auditeur à l'identifier comme égal au Père (5.27, 6.27, 6.53). Enfin, nous retrouvons les passages parlant de son élévation (3.14, 8.28, 12.32-34). Ceux-ci concernent d'abord la croix mais n'excluent pas un sens apocalyptique. Dans toutes ces passages, nous voyons clairement l'allusion aux choses d'en haut.



D. Utilisation de l'expression dans le reste du Nouveau-Testament

Comme il a déjà été dit, l'expression “le Fils de l'homme” n'apparaît que rarement en dehors des évangiles. L'occurrence la plus significative concerne la vision d'Étienne lors de son martyre (Ac 7.56). C'est le seul endroit où le titre de “Fils de l'homme” est donné à Jésus par quelqu'un d'autre que lui-même. Longenecker avance une hypothèse tout à fait plausible: “An anticipation of Christ's full glory is set within a martyr context (as also at Rev 1:13; 14:14); and, therefore, “Son of Man” is used as being fully appropiate” (350). Les passages d'Apocalypse 1.13 et 14.14 ne sont pas présentés quant à eux comme un titre mais comme une ressemblance à un fils d'homme. On reconnaît ici la forme apocalyptique de Daniel 7.

Pour ce qui concerne le passage d'Hébreux 2.6, sa signification par rapport à Jésus est moindre du fait que l'expression ne lui est pas attribuée comme un titre. Mais au regard du verset 9, il est clair que “le fils de l'homme” se réfère à lui. Guthrie en tire cette conclusion: “The citation comes in that part which establishes the humanity of Jesus as an essentiel characteristic of our great high priest”(290-291).




LA SIGNIFICATION DE L'EXPRESSION “LE FILS DE L'HOMME”

Dans toute communication, il y a toujours trois éléments essentiels: le message, celui qui le donne et celui qui le reçoit. Or Dieu a sans cesse voulu être en relation avec les hommes depuis sa création. Par Jésus-Christ son Fils, cette communication a alors pris une dimension beaucoup plus accessible, intelligible pour l'humanité. Mais est-ce vraiment le cas pour l'expression “le Fils de l'homme”? Est-ce que le sens que donnait Jésus à cette expression avait la même connotation aux oreilles de son auditoire? Le message passait-il?

A. Pour Jésus
On peut se poser la question à savoir quelle compréhension Jésus avait de l'expression “le Fils de l'homme” au regard de l‘histoire. Mais cette question est caduque du fait que Jésus transcende l'histoire. Il n'essaie pas d'accomplir les prophéties, il est la raison d'être de ces prophéties. Jésus sait parfaitement qui il est. Donc nonobstant le sens apparent, ce qui importe, c'est de savoir ce qu'il voulait ou ne voulait pas exprimer de sa personne en utilisant cette expression.

La principale chose à réaliser est que Jésus connaissait son origine céleste et glorieuse. Il savait être venu pour mourir sur la croix mais que la mort ne saurait le garder captif. Dans sa pensée, sa glorification future était inéluctable. Jésus a donc exprimé tous ces aspects de cette oeuvre messianique en en revêtant le Fils de l'homme. Il n'a pas utilisé le terme de Messie car la connotation populaire qui lui était rattachée (roi-guerrier) était inextirpable. Sa révélation ne pouvait donc être que progressive. En utilisant l'expression “le Fils de l'homme”, il pouvait réformer à sa guise le concept messianique de son époque.


B. Pour son auditoire

De fait, son auditoire a progressé dans sa compréhension du Fils de l'homme. En premier lieu, il lui a fallu comprendre que ce Fils de l'homme était le Messie tant attendu. Par son ministère terrestre, Jésus a pu amener Pierre à cette confession: “Tu est le Christ, le Fils du Dieu vivant”(Mt 16.16). Ensuite, on devait prendre conscience que ce Messie devait souffrir et mourir pour nos péchés. Cette deuxième étape de la révélation n'a jamais vraiment été accueillie du vivant de Jésus. En fait, il fallut que le Christ ressuscité instruise précisément ses disciples sur ce point. Souvenons-nous seulement de l'entretien avec les disciples d'Emmaüs (Lc 24.25-26). Il est certain que la présence de Jésus sur terre après sa résurrection était nécessaire pour affermir les disciples dans leur connaissance de qui est le Fils de l'homme. Finalement, l'ascension de Jésus a développé dans le coeur des disciples un sens du Fils de l'homme apocalyptique.



CONCLUSION

Est-il possible à l'homme de connaître Dieu? N'est-il pas écrit: “L'Éternel est élevé au-dessus de toutes les nations, sa gloire est au-dessus des cieux.”(Ps 113.4)? En effet, ce qui est limité ne peut contenir ce qui est illimité. Toute révélation se fait toujours du plus grand au plus petit: le parent instruit l'enfant et le professeur enseigne l'élève. De même, il a fallu que Dieu se révèle aux hommes et ce, de façon progressive.

En parlant par les prophètes, Dieu a conduit un peuple sur le chemin de sa connaissance. L'itinéraire fut certes tortueux, mais Israël en vint à n'avoir que l'Éternel comme Dieu. Mais celui-ci voulut les amener encore plus loin. Il désirait que ce peuple et toutes les nations l'adorent “en esprit et en vérité” (Jn 4.24). Pour ce faire, il décida de se faire connaître à eux par Jésus-Christ son Fils unique. Il s'est présenté comme étant le Fils de l'homme et peu à peu, dans l'esprit des hommes, la vérité s'est implantée. Il est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Dorénavant, pour l'Église, l'expression “le Fils de l'homme” n'a plus sa place. Une fois la révélation reçue, il n'est plus question d'avoir peur des mots. On peut dire de Jésus qu'il est le Messie, ceci n'aura aucune connotation politique. On peut dire qu'il est Seigneur et Roi, personne ne cherchera à lui offrir un trône terrestre. On peut dire qu'il est le Fils de Dieu, pour ceci il a déjà été tué.

Les Écritures nous enseignent que “le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu” (Mt 18.11). Nous ne pouvons atteindre Dieu, mais Dieu désire nous atteindre. En Jésus-Christ, nous avons toute la révélation nécessaire pour que nous puissions dire à l'instar de Thomas:


Mon Seigneur et mon Dieu!

(Jn 20.28)


NOTES

1. Dans le tableau de Ladd, deux erreurs s'étaient glissées par rapport aux références. Mk 2.27 a donc été modifié pour Mk 2.28 et Mk 8.28 pour Mk 8.27.

* Avec permission.


OEUVRES CITÉES




Augstein, Rudolf. Jésus Fils de l'Homme. Paris : Gallimard, 1975.

Burkett, Delbert. The son of the man in the Gospel of John. Sheffield : JSOT Press, 1991.

Carson, Georges. “Matthew”. The Expositor's Bible commentary: with the New international version of the Holy Bible / general editor, Frank E. Gaebelein ; associate editor, J. D. Douglas ; consulting editors Walter C. Kaiser, Jr. [et al.]. Grand Rapids : Zondervan Pub. House, 1984.

Coppens, Joseph. Le Fils de l'homme néotestamentaire. Louvain : Uitgeverij Peeters, 1981.

Guthrie, Donald. New Testament theology. Leicester, England ; Downers Grove, Ill. : Inter-Varsity Press, 1981.

Hare, Douglas R. A.. The Son of Man tradition. Minneapolis : Fortress Press, 1990.

Ladd, George Eldon. A theology of the New Testament. Grand Rapids, Mich., Eerdmans, 1993.

Longenecker, Richard N..”The Acts of the Apostles.” The Expositor's Bible commentary : with the New international version of the Holy Bible / general editor, Frank E. Gaebelein ; associate editor, J. D. Douglas ; consulting editors Walter C. Kaiser, Jr. [et al.]. Grand Rapids : Zondervan Pub. House, 1984.

Marshall, I. Howard. I believe in the historical Jesus. Grand Rapids : Eerdmans, 1977.

Preiss, Théo. Le fils de l'homme : fragments d'un cours sur la cristologie du Nouveau Testament. Montpellier : Faculté de théologie protestante, 1955.

Stevens, George Barker. The theology of the New Testament. New-York : Charles Scribner's Sons, 1913.

Tödt, Heinz Eduard. The Son of Man in the Synoptic tradition. London : SCM Press, 1965.