Michel Renneteau
En lisant des bulletins d'information d'oeuvres évangéliques diverses à caractère plus spécialement missionnaire, en écoutant, lors de rencontres, de séminaires, l'exposé de compte-rendus, ou de projets, sur le travail missionnaire, en France ou ailleurs, je remarque que la motivation principale et le but à atteindre sont souvent “ l'implantation d'églises ”. L'“ évangélisation ”, quand elle est citée, l'est accessoirement, et non d'une façon prioritaire.
L'expression “ Implantation d'églises ” est-elle foncièrement et exclusivement biblique, ou est-elle teintée, je dirai même plus, imprégnée d'un certain dogmatisme institutionnel, ou traditionnel, ou les deux à la fois?
C'est l'objet de cette étude, que j'ai entreprise avec l'aide du Seigneur, qui est bâtisseur et chef de Son Eglise. N'est-ce pas Lui qui devrait toujours être l'inspirateur, le conseiller et l'animateur de tout ce qui est entrepris en son Nom? Qu'on me comprenne bien : loin de moi la pensée de condamner et m'opposer à tout ce qui peut être entrepris pour établir une église locale, comme conséquence d'une action d'évangélisation ou d'un témoignage missionnaire dans un lieu déterminé. Ce contre quoi je veux m'élever, c'est, d'une part :
* l'inversion des priorités et l'importance exagérée donnée à cet objectif : implantation d'une église, ce qui laisse entrevoir une éclipse de la priorité qui apparaît nettement dans la Bible, à savoir : évangélisation et salut des âmes, et d'autre part :
* la confusion entre l'implantation d'une église et son affermissement spirituel.
L'implantation, c'est quoi ?
C'est l'action d'implanter, ou de s'implanter.
Selon le Robert, implanter signifie : Introduire et faire se développer d'une manière durable (dans un nouveau milieu). S'implanter : se fixer, s'établir.
De la même famille, nous avons “ implant ” : Comprimé ou objet introduit sous la peau ou dans un tissu organique, à des fins thérapeutiques. Implant dentaire : Tige métallique implantée dans le maxillaire pour y fixer une prothèse dentaire. Même chose pour l'implant capillaire.
Tous ces mots ont pour racine (c'est le cas de le dire) : plante. Toute plante, du brin d'herbe à l'arbre, a pour vocation, dès que la semence est tombée sur, ou dans le sol favorable, de germer, puis de pousser des racines qui vont s'enfoncer dans le sol pour y puiser la nourriture nécessaire au développement des “superstructure” : tige, tronc, rameaux, feuilles, fleurs, fruits, semence.
La destinée d'une plante, plus précisément d'une plante terrestre, c'est de rester là où elle a commencé de germer et croître, et ceci, jusqu'à la fin de son existence.
Pour la sylviculture, les plantes potagères et florales, l'homme ajoute une exception. Après les semis, et selon des durées qui varient selon les espèces, après l'obtention d'un jeune plant, il le déplante en vue d'une réimplantation, définitive (en général) cette fois, jusqu'à la mort de la plante. Plus la plante avance en âge, et moins il est possible de la transplanter, sans risquer de nuire à sa santé... et à sa survie.
C'est la différence fondamentale qui existe entre le monde végétal et le monde animal. Chaque individu d'une espèce animale quelconque, de la bactérie à la baleine, en passant par le ver de terre, la grenouille, le chacal, la sardine et l'alouette, est doté de mobilité et se déplace librement dans la nature, aquatique, terrestre, ou aérienne, pour vaquer aux occupations nécessaires à sa substance, sa survie, et sa reproduction.
A “ implant ”, sont associées les notions : fixer, enraciner, non provisoirement, mais définitivement.
Le temps joue presque toujours en faveur de l'implantation. Plus une plante prend de l'âge, plus ses racines se multiplient et s'enfoncent dans le sol, plus son implantation s'affermit et fait perdre l'espoir de pouvoir un jour la déplanter ou la transplanter.
Est-ce valable pour l'Eglise de Christ?
A Jérusalem, au sein de laquelle naquit l'Eglise, les premiers chrétiens se trouvèrent vite confrontés à des difficultés résultant du nombre important de Juifs qui se convertissaient à Jésus-Christ. En ce jour-là (celui de la Pentecôte), le nombre des disciples s'augmenta d'environ 3 000 âmes (Actes 2 : 41), s'ajoutant à un certain nombre qui était peut-être 120 (1: 15). Quelques jours plus tard, ce nombre atteignait 5 000, pour les hommes seulement (4 : 4).
Une certaine forme de vie communautaire commença de se constituer. Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Eglise ceux qui étaient sauvés... Et chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'enseigner, et d'annoncer la bonne nouvelle de Jésus-Christ (Actes 2: 44 à 47 / 5: 42).
On ne peut que se réjouir de ces bonnes dispositions de l'ensemble des croyants, à vivre aussi étroitement la communion fraternelle, mais des problèmes d'organisation et d'intendance commençaient à surgir, ainsi que des comportements qui créaient des frictions : En ce temps-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes murmurèrent contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour (Actes 6 : 1). Les Hellénistes étaient des Juifs ayant vécu hors de Palestine dans les pays de culture et de langue grecques. Ce climat de mécontentement amena les douze apôtres à désigner sept hommes chargés de régler ce problème d'intendance et de distribution (Actes 6 : 1 à 5). Quant aux apôtres, ils dirent : “ Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la Parole (verset 4).
Nous voyons là l'ébauche d'une organisation ecclésiastique structurée se révélant nécessaire pour des effectifs de plus en plus importants, et restant attachés à un esprit communautaire global.
Ces gens qui vendaient leurs champs et et leurs biens et déposaient l'argent aux pieds des apôtres (Actes 2 : 45), le faisaient-ils tous en pleine conviction? Un champ est un outil de travail dans lequel on cultive des légumes ou des céréales, ou sur lequel on fait paître du bétail. Une maison est utile pour se loger avec sa famille. Ananias et Saphira étaient-ils pleinement convaincus qu'ils devaient vendre leur champ et apporter la totalité de l'argent aux apôtres? J'en doute fort (Actes 5 : 1 à 11).
Il existait un fort courant de pensée collectif dans cette communauté, qui prenait l'allure d'un dogme : Ne garder aucun bien immobilier personnel, celui qui ne suivait pas ce courant pouvant être regardé de travers.
Les phénomènes de mode ou d'entraînement ont toujours existé, par imitation, ou selon certains mots d'ordre lancés par un leader (homme ou femme) à la forte personnalité qui présente ses convictions ou ses goûts personnels comme des vérités révélées devant être appliquées par tout le monde.
S'il convient très bien à l'abeille, la fourmi et le termite, le collectivisme n'est pas fait pour l'homme, et l'homme n'est pas fait pour le collectivisme, surtout si celui-ci lui est imposé. C'est contraire à sa nature. L'échec des sociétés communistes, partout dans le monde, en a donné l'éloquente démonstration.
La loi divine, ou Tora, exposée dans le Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible), n'encourage nullement dans ce sens. La seule communauté instituée par Dieu, favorable à l'épanouissement de l'individu, et au développement harmonieux de la société humaine, et qui a fait ses preuves partout dans le monde depuis que celui-ci existe, c'est la famille. Pas l'ethnie, ni la tribu, ni le clan familial (oncles, tantes, cousins et cousines, grands-parents), car ces notions, quand elles sont trop jalousement sauvegardées et entretenues, débouchent assez rapidement sur l'esprit de parti, de clan, le racisme, l'intolérance, l'injustice dans les rapports sociaux, les animosités et les haines allant jusqu'à se transmettre de génération en génération.
Par famille, on doit entendre, la cellule familiale : Un couple (uni) de parents... hétérosexuels (précision nécessaire, aujourd'hui), des enfants, en nombre variable... et célibataires, car un des enfants formant couple avec un conjoint étranger à la famille est toujours, tôt ou tard, source de troubles, bénins ou graves.
Dès la création du premier couple humain, Dieu a posé le principe de base de la cellule familiale : L'homme quittera son père et sa mère, s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair (Genèse 2 : 24), en vue de procréer pour engendrer une nouvelle cellule familiale indépendante de la cellule initiale de chacun des deux conjoints.
Où le collectivisme aurait les meilleures chances de réussite, c'est encore dans l'Eglise chrétienne, car chaque croyant, motivé par un amour fraternel sincère et faisant abstraction de toute affinité ou toute différence seulement humaine, est censé vouloir appliquer ce principe : Que chacun, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres (Philip. 2 : 4). De toute façon, il ne pourrait réussir et durer que dans une communauté réduite.
En créant l'être humain, Dieu n'avait nullement en vue le nivellement des particularités et des personnalités, l'uniformisation des caractères, des goûts et des tendances individuelles, ce que le collectivisme est obligé de viser, s'il veut réussir et durer; en outre, il doit procéder à une spécialisation rigoureuse des compétences et des responsabilités, en créant parallèlement des structures hiérarchiques bien établies.
Le système commençait à Jérusalem
Les douze convoquèrent la multitude des disciples et dirent : Il n'est pas bon que nous laissions la Parole de Dieu pour servir aux tables. C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l'on rende un bon témoignage, qui soient pleins d'Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la Parole (Actes 6 : 2 à 4).
L'objectif des apôtres et des fidèles après eux était clair : Implanter plus profondément cette église de Jérusalem et l'organiser solidement, malgré les problèmes que j'ai déjà évoqués, qui commençaient à surgir, et ne pouvaient que s'aggraver, compte tenu du gigantisme qui allait croissant dans cette église.
Et Dieu, lui, qu'en pensait-il? Jésus avait bien dit avant son ascension : “ Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ” (Actes 1 : 8), et juste avant : ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis... (verset 4) ...vous recevrez une puissance le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins, etc...
C'est donc qu'après la réception du Saint-Esprit qui eut lieu à Jérusalem le jour de la Pentecôte, ils pouvaient s'en éloigner pour accomplir la mission de portée mondiale que leur Maître leur avait confiée. Non seulement ils le pouvaient, mais ils le devaient. Or, cela n'en prenait pas du tout le chemin, malgré les apparences. Je m'explique :
D'un côté, nous les voyons vendre leurs propriétés et leurs biens lesquels, jusque là, faisaient d'eux des résidents et travailleurs sédentaires. Cette attitude semble dénoter le désir de quitter les lieux, partir vers de nouveaux horizons, à la découverte de sites inconnus, ou dans le but de mener désormais une vie errante, justement pour obéir au Seigneur et accomplir la mission qu'il leur a confiée, être ses témoins... jusqu'aux extrémités de la terre.
Non seulement ils ne partent pas, mais ils s'organisent pour mieux gérer leur communauté et prévoir localement une augmentation de leurs effectifs, tout en liquidant leurs biens immobiliers et leurs terres à culture, pourtant nécessaires à une vie sédentaire à long terme. Attitude paradoxale que j'ai de la peine à comprendre.
Cette situation était-elle approuvée de Dieu? Si oui, aurait-on vu se produire ce qui va ensuite arriver, que les disciples n'avaient certainement pas prévu, et qui n'était pas du tout conforme à l'organisation et aux structures mises en place par les apôtres, lorsqu'ils firent nommer les sept hommes chargés du service des repas, eux-mêmes se spécialisant dans des activités essentiellement spirituelles : prières, enseignement, prédication? (Actes 6 : 3 à 6). Voici ce qui arriva :
Etienne (un des sept serviteurs), plein de grâce et de puissance, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple (verset 8). Non seulement cela, mais il va faire un discours théologique magistral à l'adresse des plus grosses têtes intellectuelles et religieuses de Jérusalem, un discours qui ne va ménager personne, surtout l'élite ecclésiastique juive, la plus opposée aux chrétiens et à l'Evangile.
Résultat : La colère des opposants est telle qu'Étienne est lapidé à mort (Actes 6 : 8 à 15, et tout le chap. 7).
Cette évènement déclencha une persécution contre l'Eglise de Jérusalem, si violente que tous ses membres, à l'exception des apôtres, se dispersèrent dans les contrées voisines de la Judée et de la Samarie (8 : 1).
Partir calmement, de propos délibéré, en réglant ses affaires locales, avec la conviction que c'est ce qu'il faut faire, est une chose. C'en est une tout autre de fuir, massivement, en catastrophe, chassés comme des indésirables, dans un climat de panique, avec femmes et enfants, vieillards, infirmes et malades, en emportant... quoi? un peu de vivres et quelques hardes, vers des contrées inconnues, pour être, ou refoulés, ou reçus, par qui, et comment? Les exodes massifs de populations chassées de leur pays sont toujours dramatiques pour ceux qui les subissent.
Je me suis toujours demandé ce qu'ont pu penser les apôtres de cette situation engendrée par l'intervention d'un des leurs, Etienne, dont les activités dans l'église avaient été prévues toutes différentes. Ils ont pu dire : “ Qu'avait-il à se mêler de ce qui ne le regardait pas? Voyez où nous en sommes maintenant. Tout ce que nous avions mis en place a volé en éclat ”.
Rappelez-vous la désapprobation des Hébreux à l'égard de Moïse et d'Aaron, après que ceux-ci furent allés vers Pharaon en insistant pour qu'il libère le peuple d'Israël. Suite à cette intervention, Pharaon devint plus dur, plus exigeant, plus cruel envers les Hébreux, ce qui amena ceux-ci à faire à Moïse et son frère, ce cinglant reproche : “ Que l'Eternel vous regarde, et qu'il juge! Vous nous avez rendus odieux à Pharaon et à ses serviteurs, vous avez mis une épée dans leurs mains pour nous faire péri. Moïse retourna vers l'Eternel et dit : Seigneur, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple? Pourquoi m'as-tu envoyé? Depuis que je suis allé vers Pharaon pour parler en ton nom, il fait du mal à ce peuple, et tu n'as pas délivré ton peuple (Exode 5 : 19 à 23). Voici la réponse que l'Eternel donna à Moïse : Tu verras maintenant ce que je ferai à Pharaon : une main puissante le forcera à les laisser aller, une main puissante le forcera à les chasser de son pays (6 : 1).
Pouvons-nous douter que la main puissante de Dieu fut à l'oeuvre, au travers de cette persécution douloureuse que les chrétiens de Jérusalem subirent en ce temps-là, afin que Ses projets d'évangélisation du monde entier puissent s'accomplir? Du temps de Moïse, le projet de Dieu de voir son peuple, Israël, s'établir en terre promise, a bien fini par s'accomplir, même si ce fut au prix de bien des retards, beaucoup d'épreuves et de douleurs pour ce peuple, retards, épreuves et douleurs que ce peuple engendra lui-même par sa lenteur à obéir, son incrédulité et ses nombreuses infidélités envers l'Eternel, son Dieu.
Il est permis de penser que si les chrétiens de Jérusalem avaient, dès le début, compris, accepté et appliqué la responsabilité que leur Seigneur leur confiait d'organiser la mission à l'étranger sans que tout le monde se sente obligé de partir en même temps, plutôt que l'implantation de leur église à Jérusalem, le Seigneur leur aurait épargné cette persécution et cet exode forcé.
Ce qui continue de poser question pour moi, c'est ceci : Comment les apôtres ont-ils pu rester à Jérusalem sans être inquiétés comme le furent les autres fidèles de l'Eglise, au point d'être obligés de fuir?
Je ne trouve pas de réponse satisfaisante et évidente par le texte. On peut supposer que, se présentant comme les chefs de cette communauté chrétienne, les chefs de la communauté adverse les respectaient, comme il arrive souvent dans les sociétés fortement hiérarchisées. Exemple : Entre des armées en guerre, les cadres et officiers prisonniers de l'ennemi sont souvent mieux traités que les hommes de troupe, et sont l'objet d'égards particuliers. Durant la guerre 39 - 45, les officiers français, prisonniers des Allemands, bénéficiaient d'un traitement privilégié dans des camps appelés “ Offlag ”, alors que les hommes de troupe occupaient les “ Stalag ”, beaucoup moins confortables.
Ce n'est qu'une supposition. Par contre, ce qui est évident, c'est l'échec, à long terme, de l'implantation de l'Eglise de Jérusalem, telle qu'elle avait été prévue par les apôtres. Pourquoi? Pourquoi le Seigneur Jésus, qui avait dit : “ Je bâtirai mon Eglise ”, n'a-t-il rien fait pour empêcher cette dispersion qui semblait aller à l'encontre de son projet de “ bâtir ”? Peut-on savoir, sinon discerner, chez les apôtres, la compréhension de cette promesse du Seigneur et sa réalisation?
Le royaume, oui !... Et tout de suite !
Lorsque, peu avant son ascension au ciel, au milieu de ses apôtres, il promit de leur envoyer le Saint-Esprit dans cette ville de Jérusalem, ils lui demandèrent : “ Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël? ” (Actes 1 : 6). Le voilà, le souhait prioritaire des apôtres. Il va dans le sens de ce que, des siècles auparavant, Dieu révélait à David, le prestigieux roi d'Israël, au sommet de sa puissance : J'ai donné une demeure à mon peuple, à Israël, et je l'ai planté pour qu'il y soit fixé et ne soit plus agité... (2 Samuel 7 : 10).
Les apôtres et tous les disciples de Jésus du moment sont juifs. Leur espérance, c'est le règne messianique et terrestre de Dieu sur le peuple d'Israël, sur un territoire défini par des frontières, avec une capitale, Jérusalem. En Jésus, ils continuent de voir le Messie promis, le roi d'Israël, le successeur de David. A la Pentecôte, l'effusion du Saint-Esprit va commencer de leur ouvrir les yeux sur la dispensation, ou économie divine, nouvelle, que le Seigneur inaugure en ces mots : “ Vous serez mes témoins, à Jérusalem, dans toute la Judée, en Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ”. Il leur avait déjà dit, peu après sa résurrection : “ Allez, faites de toutes les nations des disciples... ” (Matthieu 28 : 19), et, immédiatement, cette promesse : “ Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde ” (verset 20).
Difficile à comprendre et admettre pour des Juifs imprégnés de l'enseignement religieux judaïque, avec pour centre d'intérêt et d'adoration le Temple, l'unique demeure de Dieu sur cette terre. Ne soyons donc pas étonnés que, dès la naissance de l'Eglise chrétienne, à la Pentecôte, et considérant tout leur arrière-plan culturel, historique et religieux, ils aient songé à implanter cette église à Jérusalem, pour qu'elle y demeure, dans la continuité de l'Ancienne Alliance, pensant fortement que Jérusalem doive être la capitale du monde chrétien naissant. Aussitôt après la résurrection de Jésus, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie; e étant continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu (Luc 24 : 53). Après la Pentecôte, survenue dix jours plus tard, ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple (Actes 2 : 46).
Cette tendance, toute humaine, n'a cessé de se manifester dans les différentes religions que les hommes ont instituées avant, et depuis. Le Catholicisme romain, comme son nom l'indique, a fait de Rome sa capitale. Les Musulmans l'ont établi à La Mecque, les Mormons à Salt Lake City, aux U.S.A. Le Dalaï Lama, pape du Bouddhisme, a son palais à Lhassa, capitale du Tibet; plus toutes les sectes locales qui, la plupart, ont leur “ Haut lieu saint ” quelque part, chacun avec son gourou, et clergé associé.
Suite à l'échec de cette première implantation, bouleversée par la persécution consécutive à “ l'affaire Etienne ”, et permise par le Seigneur (Actes 8 : 1), des réminiscences de l'ancien judaïsme et du chauvinisme juif (pour ne pas dire racisme) vont se manifester un bon moment encore au sein du nouveau peuple chrétien : Ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l'occasion d'Etienne allèrent jusqu'en Phénicie, dans l'île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs (Actes 11 : 19).
Pierre l'apôtre, avant de rencontrer à Joppé, Corneille, le pieux officier romain (donc non-Juif), pour lui annoncer l'Evangile, reçut, de la part de Dieu, la vision de la nappe contenant tous les animaux purs et impurs de la Création, pour le convaincre de ne plus faire de discrimination entre Jufs et non-Juifs (Actes 10 : 9 à 16), car lui non plus n'en était pas convaincu avant. Ensuite, il aura beaucoup de peine à convaincre ses compagnons de Jérusalem (11 : 1 à 3) qui, enfin se calmèrent et glorifièrent Dieu, disant : Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens, afin qu'ils aient la vie (11 : 18).
Plus tard, à Antioche, des Juifs (chrétiens peut-être), venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant : Si vous n'êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés (15 : 1).
Considérant tout l'arrière-plan historique, culturel, religieux et traditionnel des Juifs chrétiens de cette époque, et la soudaineté du changement amené par la mort et la résurrection de Jésus, on peut admettre et comprendre qu'ils aient eu la pensée d'implanter localement, solidement et durablement cette nouvelle communauté spirituelle qu'était l'Eglise naissante.
Mais, pour des chrétiens du XXème (et du XXIème ) siècle, nourris de la Parole de Dieu, instruits du plan de salut de Dieu pour l'homme et sa société, et des différentes étapes de l'accomplissement de ce plan à la lumière de l'Histoire des hommes,
... pour des chrétiens, instruits de la prophétie biblique, qui sont spectateurs lucides des évènements actuels se passant partout dans le monde et démontrant l'évidence d'une société humaine de plus en plus instable, de plus en plus précaire, de moins en moins sûre d'elle-même et de son avenir, dont les perspectives à long terme vont en se raccourcissant d'année en année, de mois en mois, de jour en jour,...
... pour ces chrétiens d'aujourd'hui, est-il raisonnable de prévoir, en priorité, d'implanter des églises, plutôt qu'évangéliser au plus tôt les populations et les individus qui la composent?
Il n'est pas totalement exclu de constituer des églises, si toutes les conditions favorables sont réunies. Il n'est pas du tout dans mon esprit de condamner sans examen ce type d'entreprise, mais, compte tenu de ce que j'ai pu observer, ici et là depuis plus de trente ans, des mises en garde peuvent se révèler utiles, voire nécessaires. Ne pas condamner, mais examiner s'il n'y a pas insuffisance ou exagération, déséquilibre et déformation dans la compréhension de la mission confiée par le Seigneur, inversion des priorités que Jésus ressuscité a signifiées le jour de son ascension, dès la promesse exprimée de leur envoyer le Saint-Esprit (Actes 1 : 5). Aussitôt, les disciples ont demandé : Est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël? (verset 6),... royaume terrestre entre des frontières nettement tracées. Réponse de Jésus :
Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité (verset 7), puis il enchaîne : Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit, et vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (verset 8).
N'est-ce pas la mission prioritaire de l'Eglise et des chrétiens? Qu'en pensez-vous?
Nous n'avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir (Hébreux 13. 14).
Scénarios possibles, ayant déjà eu lieu
Dans cette église qu'on a commencé d'implanter, grâce à un local trouvé récemment, il faut envisager, sinon de la remplir tout de suite en totalité, au moins d'en occuper le maximum de chaises. Si le Seigneur a permis l'établissement d'un missionnaire avec sa famille, et, peut-être avec un ou deux éléments chrétiens se trouvant déjà sur place, dans une région où n'existe aucun témoignage évangélique connu ou reconnu, dans un rayon de 40 à 70 km (ou plus), n'est-ce pas, en reprenant les paroles du Seigneur, en vue d'être ses témoins dans la ville (au-delà si possible) ?
Ce local ayant été trouvé, n'y a-t-il pas risque de négliger l'évangélisation lointaine, car ce n'est pas “ rentable ” pour le “ grossissement ” des effectifs locaux? On ne se sent pas tellement motivé à évangéliser des gens qui n'ont pratiquement aucune chance de venir s'asseoir dans notre local, et verser leur obole pour le budget de l'église. Quelques exemples :
• Calendriers bibliques offerts, déposés ou vendus dans des maisons de retraite, dont les résidents ne peuvent ou ne désirent pas sortir ni se déplacer, intéressés tout de même par le contenu du calendrier, lisant même la Bible, mais craignant de subir des pressions, comme en exercent trop souvent les sectes.
• Telle dame, intéressée par l' Evangile, chrétienne parfois, qui lit sa Bible régulièrement chez elle, souvent en cachette, et dont le mari, hostile, ne l'autorise pas à venir aux réunions, ou refuse de l'y conduire avec sa voiture, mais ne s'oppose pas à ce que des chrétiens viennent la visiter, à condition que ce ne soit pas trop souvent, et que lui soit absent, car il n'apprécie pas tellement “ ces gens-là ”.
• Ces agriculteurs, qu'il faut visiter de temps en temps, car la charge de travail est si lourde à la ferme, surtout avec les vaches. Ils ne peuvent pas disposer même d'une matinée.... et ils sont à 45 km.
• Telle famille éloignée, avec de jeunes enfants et qui, quand elle vient, arrive toujours en retard.
• Une personne âgée, de santé précaire, quand elle n'est pas grabataire, éloignée du local, ne pouvant envisager aucun déplacement, sauf en ambulance quand son état de santé l'exige...
On est moins enclin à visiter ces personnes et faire des études bibliques à domicile, puisqu'il y a maintenant un local, dont il faut justifier l'existence... et le “ rentabiliser ” (!?).
Un autre cas qui risque de se produire (et se produit déjà) : Quelques éléments sympathisants commencent à venir aux réunions... pas régulièrement, car plusieurs veulent se partager entre deux ou quelques autres “ églises ”. Nous sommes si peu aux réunions qu'il faut tout mettre en oeuvre pour conserver ces quelques éléments fragiles dont on craint tant qu'ils nous échappent. Où en sont-ils au juste par rapport à l'Evangile et leur salut? Quel enseignement reçoivent-ils dans les autres églises qu'ils fréquenten? On est bien en peine de le préciser, car ces gens parlent peu; ils ne se livrent pas. Alors, on évite les messages trop engageants pour la conscience de ces assistants. S'ils se sentent trop “ visés ”, on risque de ne plus les voir venir. Ne parlons pas trop de conviction de péché, de justice, de jugement, bien que, d'après Jésus, ce soit le premier ministère du Saint-Esprit (Jean 16 : 7, 8). N'insistons pas sur la repentance. Prêchons un Evangile adouci, aux angles arrondis, qui ne choque pas, ne bouscule pas, ne sauve personne certes, mais maintient les effectifs.
Nous abordons là le problème, ou la question, des serviteurs missionnaires à plein temps, soutenus par une Mission, laquelle leur assure un salaire et tous les avantages sociaux en rapport.
Même si cela ne lui est pas demandé, le missionnaire, surtout s'il est jeune et si c'est sa première mission, voudra, le plus tôt possible, produire des résultats et des chiffres, exposer un bilan de son travail, procéder le plus tôt possible à son premier baptème.
Voici un beau bâtiment-église qui peut contenir 300 places assises. J'entre, et je constate que les 300 sièges sont occupés. “ Halléluïa! (Gloire à Dieu!) ”... Puis, je me reprends : “ Est-ce vraiment à la gloire de Dieu, ou des hommes? ” Je poursuis ma réflexion en constatant que plusieurs personnes sont debout, les sièges étant insuffisants : “ Les initiateurs de cette entreprise ont vu trop petit; ils ont manqué de foi... Ce n'est pas dramatique. Il reste du terrain au bout du bâtiment qui permet une extension future ”.
Puis, je me reprends : “ N'aurait-il pas été préférable et plus conforme à la pensée de Dieu, lorsque ces croyants n'étaient que 120 ou 150 et se réunissaient dans un garage désaffecté, de le scinder en trois groupes et de les laisser essaimer, comme le font les abeilles, lorsque la ruche devient trop peuplée? ”
Après renseignements pris, il se révèle que le principal responsable (ou pasteur) de cette église n'avait pas cette optique et pas prévu cette éventualité. Rien n'avait été fait pour la formation et l'instruction de futurs responsables, et la mise en valeur des différents dons qui, pourtant, commençaient à se manifester. Je crois que ceux-ci ont été quelque peu étouffés, parce qu'on jugeait les intéressés trop jeunes... ou trop doués, d'autres, trop vieux... ou trop expérimentés, risquant de faire de l'ombre au prestige et à l'autorité (ou autoritarisme) du pasteur.
Variante au scénario précédent
Voici un beau bâtiment-église qui peut contenir 300 places assises, à l'aise. Il est en voie d'achèvement, mais il reste beaucoup de travaux à faire : aménagements divers, finition, décoration...etc. J'entre, et je constate qu'il est, aux trois quarts, vide. Je me dis : “ Il y a beaucoup d'absents aujourd'hui; ce n'est pourtant pas la période des vacances ”. Après la réunion, je m'entretiens avec un frère de cette église. Il me dit : “ Nous étions à peu près au complet aujourd'hui. L'assistance aux réunions tourne autour de 80 à 120 personnes au maximum, en comptant enfants et visiteurs.
— Alors, pourquoi avoir construit aussi grand?
— Ce fut souvent l'objet de débats houleux au cours de nos réunions. Le pasteur disait que voir trop petit témoignait d'un manque d'ambition spirituelle et de foi, et qu'en prévoyant 200 places supplémentaires, le Seigneur les remplirait ensuite. Le conseil des anciens était de cet avis. Ils réussirent à convaincre une majorité (très faible) de membres d'aller dans cette voie. Ce qui fut fait.
— Vous disposiez des moyens financiers pour entreprendre cette construction? — Pas du tout. Exception faite du terrain dont a fait don un couple âgé de l'église, il a fallu tout emprunter pour acheter les matériaux et faire exécuter le gros oeuvre par des entreprises. Nous devons compter en grande partie sur le concours bénévole des membres de l'église pour la majorité des travaux, mais ce n'est pas facile de mobiliser tout le monde. Ce sont toujours les mêmes "quelques-uns" qui viennent. Les autres ont leurs obligations professionnelles et familiales. Plusieurs ont leurs maisons en construction dans laquelle ils travaillent le soir et au week-end.
— Que faites-vous dans l'évangélisation pour amener de nouveaux membres qui occuperont les chaises encore vides? — Nous ne faisons rien, ou presque. Toutes les énergies... et les finances sont concentrées sur ce bâtiment qu'il faudra bien terminer et payer un jour. Si quelqu'un suggère une action d'évangélisation nécessitant de l'investissement, le pasteur et le trésorier s'y opposent : “ Avec toutes nos dettes, nous ne pouvons distraire un seul franc du budget-bâtiment ”.
Tous les temps libres des uns et des autres sont sollicités pour les travaux sur le bâtiment, ne laissant plus de temps pour les actions d'évangélisation. Dans presque tous ses messages, prédications, exhortations et études, le pasteur revient toujours sur ces thèmes : dons, offrandes, dîmes, vie plus simple et plus sobre pour donner d'avantage à l'église. Celle-ci ne donne plus rien pour la mission à l'étranger.
Non seulement l'effectif des membres n'a pas grossi, mais il s'est étiolé. Plusieurs membres, opposés à ce projet de construction, ont quitté l'église. ”
Autre cas, authentique...
... dont j'ai eu connaissance fin 97 :
Une église évangélique, dont les caractéristiques et les effectifs sont ceux que je viens d'énumérer ci-dessus ont des peines énormes pour rembourser leurs emprunts. Tous les maxima prévus par les entrepreneurs sur leurs devis ont été largement dépassés. Les banques menacent de saisir le bâtiment pour le vendre en liquidation judiciaire, avec toutes les conséquences fâcheuses qui résultent en pareil cas : dévaluation, surtout. Nous ne savons plus quoi faire. La situation est humainement désespérée. Le pasteur est au bord de la dépression, s'il n'y est pas déjà tombé.
Réflexion personnelle : J'ai remarqué que toutes ces églises neuves sont édifiées sur des terrains placés à la périphérie des agglomérations, dans des zones à urbaniser, quelquefois des zones industrielles ou commerciales en voie de viabilisation. Ces zones sont fréquentées seulement par les riverains les plus proches. Il faut une voiture pour s'y rendre.
Un local loué, à défaut d'être acheté, dans une rue passante et commerçante du centre-ville ou à proximité, un ancien magasin par exemple, avec vitrine d'exposition, est préférable pour le témoignage public. La vitrine peut proposer en permanence aux passants des versets bibliques, des affichettes, des livres, bibles, des programmes-vidéo renouvelés périodiquement.
Nous n'avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir (Hébr. 13: 14). Notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ... (Philip.3: 2).
Connaissez-vous les Récabites?
C'est une grande famille d'Israël, issue de la tribu de Juda, qui vivait au temps de Jojakim, roi de Juda, à une époque extrèmement troublée de l'histoire d'Israël, puisque les armées de Nébucadnetsar, roi de Babylone, avaient envahi le territoire (2 Rois 24 : 1 à 4). Cela arriva uniquement sur l'ordre de l'Eternel qui voulait ôter Juda de devant sa face, à cause de tous les péchés commis par Manassé... (vers. 3)
Ils obéissaient à Jonadab leur père, fils de Récab, qui leur avait dit : “ Vous ne boirez jamais de vin, ni vous, ni vos fils; et vous ne bâtirez pas de maisons, vous ne sèmerez aucune semence, vous ne planterez pas de vignes et vous n'en posséderez pas; mais vous habiterez sous des tentes toute votre vie, afin que vous viviez longtemps dans le pays où vous êtes étrangers ” (Jérémie 35: 6, 7). Ils disaient : “ Lorsque Nébucadnetsar, roi de Babylone, est monté contre ce pays, nous avons dit : Alons, retirons-nous à Jérusalem, loin de l'armée des Chaldéens et de l'armée de Syrie. C'est ainsi que nous habitons à Jérusalem (Jér. 35: 11).
Et Jérémie dit à la maison des Récabites : Ainsi parle l'Eternel des armées, le Dieu d'Israël : Parce que vous avez obéi aux ordres de Jonadab votre père, parce que vous avez observé tous ses commandements et fait tout ce qu'il vous a prescrit; à cause de cela, ainsi parle l'Eternel des armées, le Dieu d'Israël : Jonadab, fils de Récab, ne manquera jamais de descendants qui se tiennent en ma présence (versets 18 et 19).
Nous pouvons voir, en ces Récabites, un type, ou une préfiguration de ce que sera l'Eglise de Jésus-Christ (lui-même préfiguré par Jonadab), cette Eglise composée de gens, étrangers et voyageurs sur la terre (1 Pierre 2. 11), n'ayant pas ici-bas de cité permanente, mais cherchant celle qui est à venir (Hébreux 13: 14), dont la cité est dans les cieux, d'où ils attendent aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ... (Philip. 3: 20), ces chrétiens, qui vivent dans le monde, mais ne sont pas du monde, à l'instar de leur Maître Jésus-Christ (Jean 17: 14), mais sont quand même envoyés dans le monde, comme Lui (v. 18), pour être ses témoins, à Jérusalem... et jusqu'aux extrémités de la terre (Actes 1: 8).
Comme les Récabites, leur intérêt limité pour les valeurs de ce monde (possessions territoriales, propriétés immobilières, mobilières et autres, train de vie, luxe et superflu... ) fait d'eux des gens mobiles, disponibles, combattifs (spirituellement), de vrais soldats de l'Evangile dont Paul l'apôtre écrit, parlant de chacun d'eux : ... il ne s'embarrasse pas des affaires de la vie, s'il veut plaire à celui qui l'a enrôlé (2 Timothée 2. 4).
Il n'est sans doute pas superflu de préciser que l'Eglise, même dans son expression locale, n'est pas un bâtiment, ni un système, ni une organisation, mais un peuple, un organisme vivant, non enraciné, comme une plante, mais mobile, comme un animal, vivant spirituellement de la vie d'En-Haut, de Celui qui en est le chef suprême, Jésus, le Christ vivant (Ephés. 1. 22). Si ses membres sont dispersés géographiquement, Jésus a promis qu'il serait présent par son Esprit et présiderait les rassemblements chrétiens, ne seraient-ils composés que de deux ou trois éléments (Matth. 18: 20).
L'Eternel, le Dieu d'Israël, a promis : Jonadab, fils de Récab, ne manquera jamais de descendants qui se tiennent en ma présence (versets 18 et 19). De Celui que Jonadab préfigure, Esaïe a prophétisé : Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une postérité et prolongera ses jours; et l'oeuvre de l'Eternel prospérera entre ses mains... parce qu'il s'est livré lui-même à la mort (Esaie 53: 10, 11, 12). Nous savons que, dans tout ce chapitre, sont prophétisés :
Une goutte de vie en mouvement
Connaissez-vous l'amibe? C'est une curieuse créature, un protozoaire aquatique, unicellulaire et microscopique dont plusieurs variétés vivent en parasites dans l'organisme de certains animaux et de l'homme. Durant mon séjour en Algérie en 56, j'ai été atteint de dysenterie amibienne.
Ce parasite, de forme vaguement sphérique, est enveloppé de “ pseudopodes ”, sortes de prolongements tentaculaires (un peu comme le poulpe) qui aident l'animal à se déplacer, mais aussi lui font constamment changer de forme. L'amibe s'allonge dans tous les sens et se rétracte, se contracte, se dilate, s'adapte à tous les milieux ambiants, se dérobant à l'attaque de ses prédateurs chimiques et organiques, ce qui la rend difficile à combattre et à détruire lorsqu'elle habite un organisme. Ma dysenterie amibienne m'a causé des ennuis intestinaux durant plusieurs années.
Comme toute cellule vivante, l'amibe se reproduit en se divisant en deux nouvelles amibes.
Ce petit animal, par ses caractéristiques et ses comportements, me fait fortement penser à l'Eglise de Jésus-Christ, ce “ parasite ” spirituel, selon l'optique de Satan, ce parasite dans ce monde dont le diable est le prince (Jean 12. 31), ce monde, tout entier sous la puissance du malin (1 Jean 5. 19), l'Eglise, ce parasite et empêcheur de diaboliser en rond, dont le diable n'arrive pas à se débarrasser, malgré tous les artifices qu'il déploie et avec lesquels il aveugle tous ceux qui ne sont pas dans cette Eglise, la vraie, celle de Jésus-Christ.
L'Eglise est un organisme spirituel sans forme définie ni constante, sans structure hiérarchique, sans constitution globale, sans gouvernement centralisé, échappant à tout recensement de ses effectifs, à toute statistique. Ce qui fait sa force, son efficacité, sa résistance, sa survivance à travers les siècles, c'est :
Le jour qui précéda cette fameuse nuit qui vit les Hébreux quitter l'Egypte après 400 ans de servitude, Moïse et Aaron, son frère, reçurent de l'Eternel les instructions utiles pour la célébration de la Pâque par le peuple, avec cette précision : Quand vous le mangerez (l'agneau pascal), vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main; et vous le mangerez à la hâte (Exode 12 : 11), attitude de gens en instance de départ vers la patrie promise par Dieu. L'agneau pascal, préfiguration de Celui qui viendra plus tard : l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde, le Seigneur Jésus-Christ, fondateur, bâtisseur, inspirateur et chef de la future Eglise chrétienne, dont les membres diront plus tard :
Nous n'avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir (Hébreux 13 : 14). Notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses (Philipp. 3 : 20).
Concernant les croyants d'avant Jésus, ceux qui eurent la foi, celle qui donne une ferme assurance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas (Hébreux 11 : 1), l'Ecriture nous dit :
C'est dans la foi qu'ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent qu'ils cherchent une patrie. S'ils avaient eu en vue celle d'où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d'y retourner. Mais maintenent ils en désirent une meilleure, c'est-à-dire une céleste. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte d'être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité (Hébreux 11: 13 à 16).
Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l'âme (Pierre l'apôtre - 1 Pierre 2 : 11).
Ayant en priorité le souci d'implanter des églises, reflet d'une certaine ambition humaine plus ou moins voilée, plutôt qu'évangéliser les âmes pour le seul bonheur de ces âmes et manifester ainsi la gloire de Dieu, ne peut-on pas voir là une forme d'expression ou un aspect particulier de ces convoitises charnelles?
La question reste posée.
A chacun,... et à chaque église, d'y répondre.