Un message de Noël
Plan Cosmos Arts Engin de recherches Plan du site

Samizdat

Un message de Noël.



Lecture de Luc 1.1-4 /26-56 /2.1-20


Richard Ouellette

J'aime relire l'histoire de Noël durant le temps des Fêtes et méditer sur les détails qui s'illuminent pour moi chaque année dans le récit. C'est un peu comme un petit casse-croûte spirituel que Dieu me prépare avant d'aller fêter dans ma famille, des points sur lesquels le Saint-Esprit attire mon attention pour qu'en cette saison intense de magasinage, de goinfrage et de festivités, je garde à l'esprit le vrai sens de Noël et que j'aie une Bonne Nouvelle à offrir en cadeau à ceux que j'aime... Je vous invite donc à lire avec moi cette histoire extraordinaire dont j'aimerais commenter brièvement la trame en notant au passage ce qui me touche et m'intrigue.


Un récit qui n'a rien d'un conte
La première chose que je note est l'insistance de l'auteur sur le fait qu'il a fait des recherches sérieuses auprès des témoins oculaires et des acteurs de ces événements avant de rédiger son récit. Son histoire n'a donc rien d'un “conte de Noël ”,ou d'une légende, mais elle est le récit d'événements réels décrits d'une manière suivie, et dans l'ordre où ces choses sont arrivées, afin que le lecteur reconnaisse la certitude des faits étonnants qui sont racontés.

Prière ou salutation ?
Un bref mot sur les salutations de Marie et sa cousine. Des prières qui sont, en fait, un échange plein de chaleureux débordements entre deux femmes qui, devenues enceintes contre toute attente, se trouvent émues par les bébés au destin fabuleux qu'elles sentent bouger tout à coup dans leur ventre... Marie salue sa parente en entrant dans le vestibule, comme on le fait dans ma belle-famille en arrivant à Noël... Et au moment où Élisabeth entend la salutation de Marie, Elle est remplie du Saint-Esprit et s'exclame de manière exubérante en des paroles pleines de la joie qui vient de la foi (45). Deux prières de salutation mutuelle qui célèbrent l'obéissance au Seigneur et l'humilité véritable devant Dieu.

Quelle surprenante envolée dans la bouche d'une si jeune femme, comparant la grossesse de sa cousine plus âgée à celle de la mère du prophète Samuel... Des mots qui témoignent d'une connaissance intime de la Parole, Puisque Marie a fait siennes les louanges tirées du cantique d'Anne la stérile dans 1 Samuel 2. Tout ça se passe sur le pas de la porte... Comme j'envie ces parentes si convaincues de la présence et de l'œuvre de Dieu dans leur vie ;et comme je rêve qu'il en soit tout autant cette année dans ma famille, au lieu de simplement parler des tourtières, de la dinde, de la bière et des cadeaux...


Un voyage inopportun
Cette histoire de Noël nous parle aussi d'amour et de voyage :un amour nourri et exprimé par le don coûteux de soi en vue de la réalisation de la volonté de Dieu et du service rendu à l'autre...,et un déplacement inopportun. On est étonné d'abord de ne trouver aucun geste de frustration et encore moins de l'inquiétude chez ces deux tourtereaux-voyageurs. Ce marathon en fin de grossesse tombe assez mal. Le jeune couple doit composer avec des circonstances difficiles, orchestrées souverainement par Dieu afin que son Fils naisse en un temps et un endroit qui semblaient contraires aux attentes et aux priorités de bien du monde. Marie aurait pu s'en plaindre ou manifester de l'impatience :“Quand même, je porte l'enfant Dieu...,je ne suis pas disposée du tout à faire ce voyage dans ces conditions, ou au moins j'exige une belle chambre S.V.P.” La jeune fille a fait contre mauvaise fortune bon cœur :“Je suis la servante du Seigneur et je vais porter son enfant, quels qu'en soient les conditions et le prix ”.Il est clair qu'elle avait compris au départ qu'il lui faudrait vivre cette grossesse en se reposant entièrement sur la bienveillance divine. Et la foi lui procurait maintenant une paix intérieure face aux difficultés qui était encore bien plus solide que la garantie de circonstances favorables.

Cette disposition d'un cœur libéré par la grâce de Dieu m'interpelle face aux contrariétés et nombreux déplacements auxquels la saison noëlleuse nous expose année après année.Et devant des circonstances qui me semblent exiger plus de moi que ce que j'ai les moyens et la force d'offrir, je veux apprendre à dire comme Marie : “Ce n'est pas le moment idéal, mais j'y vais avec amour en m'abandonnant à la direction et aux soins souverains de celui qui m'a accordé l'extraordinaire privilège de faire naître son Fils aussi dans l'étable de mon cœur. Un privilège que je me sens poussé par amour à partager avec les miens ”.


Joseph, un vrai homme...

Joseph aussi aurait eu de bonnes raisons de maugréer en constatant qu'il n'y avait plus de place à l'auberge, et dire à Dieu :“Écoute, Ça ne va pas du tout... non seulement tu as pris ma fiancée sans me consulter pour en faire la mère porteuse de ton Fils, Mais tu n'as pas autre chose à ne nous offrir ici qu'un coin dans une étable ? N'avons-nous pas besoin de repos après ce pénible voyage à dos d'âne, et également d'un endroit plus convenable pour vivre cette naissance toute spéciale ? Et tu veux en plus que je retourne dehors et que j'annonce la mauvaise nouvelle à Marie qui attend... ?”

Non. Joseph a réagi avec le courage et la persévérance de la foi :“Je ne comprends toujours pas, mais continuons à faire confiance à Dieu dans ces circonstances contraires qui semblent être sa volonté. Et puisque j'ai choisi de me faire le serviteur de Marie dans cet appel très particulier qui est le sien et le protecteur de cet enfant spécial, je vais à tout le moins entourer ma femme de tous les soins aimants possibles dans les circonstances puisqu'il nous faut dormir et accoucher dans le coin d'un garage.

Joseph a fait face aux difficultés avec une force intérieure qui vient de l'assurance d'être dans la main souveraine de Dieu. Et cette force tranquille a communiqué à sa jeune femme plus de sécurité que bien des gens comblés ne pourront jamais ressentir avec tout leur confort matériel. En cette saison de Noël où il est facile de n'offrir que des cadeaux à ceux qui nous entourent, Joseph me rappelle l'importance d'être un mari et père qui procure aux siens la sécurité émotionnelle et affective nécessaire à l'expérience de l'amour et de la vie de famille. Et il nous montre que cela est possible même au milieu du dénuement que Dieu permet parfois de manière inopportune. C'est le plus souvent de cette manière qu'il est possible pour nous de découvrir et de jouir pleinement des tendres soins de la Providence divine.


Des promesses, des promesses...
En fait, Dieu accomplit ses promesses en son temps, mais celles-ci se réalisent rarement selon le scénario que nous avions ébauché et de la manière que nous avions prévue. Et dans la plupart des cas, si on avait su d'avance, aurait-on été assez fou pour s'élancer ?

Ce monde est déchu et nous y cherchons souvent notre chemin en tâtonnant comme croyant. Heureusement que les promesses de Dieu se réalisent d'une manière imprévisible et si déroutante. C'est qu'on aura toujours besoin des lunettes de la foi pour en apercevoir et en contempler glorieuse la réalisation.


Soif que Dieu soit plus présent dans notre vie ?
Une dernière observation... La présence de Dieu dans ce récit m'émerveille et me rend triste tout à la fois. Elle me fait penser à la situation d'une personne qui attend l'autobus un soir d'hiver à Québec :il est tard et elle sait qu'un bus a passé tout à l'heure mais va-t-il en repasser un dernier où va-t-elle attendre en vain ? Autant marcher alors !

Dieu aime bien se faire attendre dans la vie de ceux qui choisissent de vivre par la foi...En fait, cette si touchante histoire de Noël éveille en moi la soif profonde que Dieu soit plus qu'un concept, un souvenir (ma conversion il y a vingt-cinq ans),une parole et des mots dans un vieux livre, un Souverain qui règne sur l'univers, une religion, une dénomination. J'ai terriblement soif qu'il soit vivant cette semaine dans ma vie et qu'il se manifeste vraiment en venant nous visiter une fois de plus, moi et mes proches comme il l'a fait si généreusement pour Marie et les bergers.

Comme l'autobus qui se pointe finalement au coin de la rue...

Ce concert d'anges dans le ciel qui chantent les louanges a de quoi nous rendre dingue si notre ciel à nous n'a que des étoiles, et que l'univers derrière est vide de présence parce que Dieu est occupé à autre chose de plus urgent.

C'est pour cette raison, je crois que beaucoup de gens voient dans ce récit rien de plus qu'un joli conte, une belle histoire à raconter aux enfants à Noël pour les endormir. Ils ont terriblement peur que Dieu les laisse tomber s'ils se mettent à espérer en lui. C'est pourquoi ils préfèrent ne pas y penser. Oui, Cette histoire me rappelle à quel point ceux qui nous entourent se sentent seuls dans ce monde, habitués à se débrouiller tout seuls, et à fonctionner comme si Dieu était bien trop occupé pour se manifester à eux. Mais Noël est justement le rappel que Dieu a déchiré les cieux et qu'il est venu dans ce monde plutôt sombre dans la forme d'un petit bébé si attendrissant. C'est pourquoi je souhaite que ma présence et mon témoignage noëlleux dans notre fête de famille ouvre miraculeusement le ciel pour un beau-frère, une sœur, et que Dieu soit vivant tout à coup dans notre rencontre familiale et que Jésus vienne naître dans l'étable de leur cœur pour tout changer.


Une invitation à contempler, puis à célébrer de concert avec les anges.
Je n'ai rien d'un ange, mais la lecture de cette histoire me donne des ailes chaque année. Je nous invite donc, en terminant cette brève méditation du temps des fêtes, à suivre un moment la trace des bergers et à aller contempler avec eux le spectacle édifiant de la sainte famille réunie autour de bébé Yechoua qui sourit dans ses langes. Des détails merveilleux à partager comme une bonne nouvelle cette année autour de la dinde... Marie et Joseph sont là, penchés au-dessus de l'enfant sur la paille endormi, éblouis par sa présence lumineuse. Le petit homme respire paisiblement au commencement de tout ce que sera sa vie. L'odeur du foin, des animaux se mêle à la présence des quelques curieux qui ont sans doute quitté momentanément le confort de l'auberge pour venir épier cet événement plutôt inhabituel. Et le petit bébé heureux et souriant devant les bergers très à l'aise dans cet environnement, comme un petit agneau docile. Bouleversés par le spectacle touchant du petit garçon sans défense, ils racontent aux parents et curieux réunis tout ce que les anges leur ont dit.


Pour conclure, mes vœux pour Noël et le nouvel an.
Je nous souhaite à tous de repasser comme Marie ces images dans notre cœur quand nous irons dans nos familles pour offrir nos présents. Sans doute pourrons-nous alors apporter à ceux qui nous entourent plus que des cadeaux, c'est-à-dire un peu de cet amour qui remplissait l'espace béni de cette étable sous la forme d'un très grand petit garçon. Un fils nous est donné, on l'appellera Admirable, Conseiller, Prince de Paix, Dieu puissant.