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Samizdat

Histoire du pentecôtisme
du Nouveau Testament.





Raymond Boivin

Le XXe siècle a vu naître un mouvement qui met particulièrement l'emphase sur la personne du Saint-Esprit et ses dons: le pentecôtisme et le néo-pentecôtisme. "Ce mouvement se répandra rapidement à travers le monde et y deviendra en moins d'un demi-siècle, "la troisième force du christianisme (Van Dusen)[1]."

Malgré sa rapide croissance, ses doctrines ne font cependant pas l'unanimité de tout le monde chrétien. Existe-t-il dans la Bible une base solide pour ses pratiques? C'est la question que toute personne soucieuse de la volonté de Dieu s'empresse de se poser. C'est en fait vouloir connaître l'histoire du Pentecôtisme dans le Nouveau Testament.

C'est donc ce que nous ferons en développant essentiellement cinq volets: le Saint-Esprit dans l'Ancien Testament; le Saint-Esprit dans les évangiles; les débuts de la Pentecôte; la continuité en expérience et finalement la continuité en enseignement.

Ceci devrait donc nous donner cette base solide que nous recherchons pour séparer le vrai du faux.


Le Saint-Esprit dans l'Ancien Testament
Il n'y a pas dans l'Ancien Testament de livres à caractère didactique comme on peut en retrouver dans les épîtres du Nouveau Testament. Malgré cela, il est possible de discerner la manifestation du Saint-Esprit et l'annonce de son effusion future.

A. La manifestation du Saint-Esprit
Comme le dit M. Harold Horton: "Maintenant donc, les dons de l'Esprit sont une chose nouvelle depuis le jour de la Pentecôte. Mais la puissance qui est en eux est plus ancienne que les conquêtes de Gédéon ou que les plaies d'Égypte[2]."

Nous verrons donc ici des manifestations spécifiés de l'Esprit au-travers quelques hommes de l'Ancien Testament.

1. Betsaleel
Pour aider Moise à la construction du tabernacle, Dieu choisit cet homme et déclare: "Je l'ai rempli de l'Esprit de Dieu, de sagesse, d'intelligence, et de savoir pour toutes sortes d'ouvrages... (Exode 31:3)." "Le tabernacle devait être construit sur le modèle que Dieu avait montré à Moise sur le Sinaï, (Exode 25:9, 40) et qu'il était en lui-même une prophétie, une exposition de la vérité de Dieu[3]."

2. Moïse et les anciens
Suite à des murmures des Israélites concernant la manne, Moise s'attrista et se mit à se plaindre du fardeau trop lourd qu'il devait porter. Il nous est alors rapporté que "l'Éternel descendit dans la nuée, et parla à Moise; il prit de l'esprit qui était sur lui, et le mit sur les soixante-dix anciens. Et dès que l'esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent; mais ils ne continuèrent pas (Nombre 11:25)."

3. Saül
Après que Samuel eût oint Saül, il lui annonce ceci: "L'esprit de l'Éternel te saisira, tu prophétisera avec eux, et tu seras changé en un autre homme (I Samuel 10:6)!" Et c'est effectivement ce qui s'est passé.

4. David
"L'Expérience de David fut différente, dans le sens où, quand Samuel l'oignit, "l'Esprit de l'Éternel saisit David à partir de ce jour et dans la suite (I Samuel 16:13)[5]." Il n'y eut pas de réactions immédiates mais la lecture des psaumes révèle un homme sensible à l'Esprit. Qu'il suffise de mentionner son cri suite à son péché: "Ne me retire pas ton esprit saint (Psaume 51:13)."

5. Les prophètes
Ces derniers manifestaient une grande puissance dans leurs paroles et dans leurs actes. Les miracles d'Elisée s'apparentent fort bien à ceux du Nouveau Testament: la résurrection du fils de la Sunamite (2 Rois 4:35), la guérison de Naaman le lépreux (2 Rois 5:14), etc.

Ces quelques exemples démontrent que le Saint-Esprit s'est toujours manifesté. Cependant, "dans l'Ancien Testament, seules quelques personnes choisies étaient remplies[7]" Allait-il en être autrement dans le futur?

B. L'annonce de son effusion
"Une telle effusion était prédite par les prophètes, qui annonçaient que l'Esprit serait répandu sur le peuple dans une mesure sans précèdent. Jéhovah purifierait les coeurs, mettrait Son Esprit en eux, écrirait Sa loi "en dedans d'eux" (Ezéchiel 36:25-29; Jérémie 31 :34). En ces jours, l'Esprit serait répandu sur toute chair (Joël 2:28), c'est;à dire sur toutes sortes de personnes, sans distinctions d'âge, de sexe ou de rang. La prière de Moise, que tout le peuple de l'Éternel puisse être prophète, serait réalisée (Nombres 11:29). Comme résultat, beaucoup seraient convertis, car "quiconque invoquera le nom de l'Éternel sera sauvé (Joël 2:32)[8]."

Ces promesses touchent le coeur d'Israël. Son état d'âme est alors propice à la venue de l'oint de l'Éternel, Jésus-Christ.


Le Saint-Esprit dans les évangiles
Le Nouveau Testament s'ouvre par l'action puissante du Saint-Esprit pour la naissance de deux hommes: Jean, fils de Zacharie et Jésus, fils de Dieu.

Du premier, il est dit qu. "il sera rempli de l'Esprit-Saint dès le sein de sa mère;... il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie" (Luc 1:15.17). Du second, l'ange annonce à Marie que "le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre (Luc 1:35)." Voyons donc maintenant dans l'exercice de leur ministère quelle a été la manifestation du Saint-Esprit et en un second temps, l'annonce de son effusion pour la Pentecôte.

A. La manifestation du Saint-Esprit
Alors que Jean prêchait le baptême de repentance et que le peuple se demandait s'il était le Christ, il leur dit: "Moi, je vous baptise d'eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu (Luc 3:16)." Et le Christ vint en la personne de Jésus' Lorsqu'Il se fit baptiser par Jean, "le ciel s'ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j'ai mis toute mon affection (Luc 3:21-22)."

Jean dira plus tard de Jésus que "Dieu ne lui donne pas l'Esprit avec mesure (Jean 3:34)." Quel contraste avec la provision limitée des prophètes de l'Ancien Testament. Dès lors, l'humanité peut voir à l'oeuvre un homme rempli de l'Esprit. Luc d'ailleurs insiste beaucoup sur ce point: "Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint du Jourdain, et il fut conduit par l'Esprit dans le désert (Luc 4:1)"; "Jésus, revêtu de la puissance de l'Esprit, retourna en Galilée (Luc 4:14)"; et finalement, cette déclaration de Jésus s'appliquant à lui-même les prophéties de l'Ancien Testament: "L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres: il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur (Luc 4:18,19)."

Et l'accomplissement de cette prophétie était alors connu un témoignage précurseur pour l'Église à venir de la puissance qui leur serait communiquée.

B. L'annonce de l'effusion du Saint-Esprit
Si Jésus-Christ a manifesté de façon puissante le Saint-Esprit dans sa vie, il ne faut pas oublier que Jean annonçait qu' "Il baptiserait de Saint-Esprit et de feu (Luc 3:16)." "Pendant son ministère terrestre, Christ parla de l'Esprit comme du meilleur don du Père (Luc 11:13), Il invita ceux qui avaient spirituellement soif à venir et à boire, et Il leur offrit une provision abondante de l'eau de la vie. Dans ses entretiens d'adieu, Il promit à ses disciples de leur envoyer le Consolateur[10]."

Jésus déclare donc: "Et voici, j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis; mais vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut (Luc 24:49)." Il est à noter que "le fait que le don du Saint-Esprit soit appelé la promesse du Père l'associe aux promesses de l'Ancien Testament. L'idée de promesse est un des liens qui réunissent l'Ancien et le Nouveau Testament[11].


Les débuts à la Pentecôte
Après l'ascension de Jésus-Christ, les disciples retournent à Jérusalem et persévèrent dans la prière. "Bien qu'ils aient reçu prés de trois ans de formation à l'école du Seigneur, ils avaient besoin de la présence du Saint-Esprit, dont Jésus avait dit qu'Il les remplirait[12].

Voyons donc maintenant comment eu lieu cette effusion du Saint Esprit et le discours de Pierre qui s'en suivit.

A. L'effusion du Saint-Esprit
"Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues de feu leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer (Actes 2:1-4)."

Et plus loin, nous pouvons lire encore: "Comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu (Actes 2:11)."

Ces deux textes nous donnent une description très détaillée de ce qui s'est passé le jour de la Pentecôte. Alors qu'ils étaient tous ensemble dans un même lieu, un grand bruit se fit entendre et des langues de feu apparurent. "Il est important de noter que ces signes précédèrent le baptême de Pentecôte et les dons de l'Esprit. Ils n'en faisaient pas partie et ne se répétèrent pas lorsque l'Esprit descendit à d'autres occasions[13]." Ce bruit était donc semblable au vent impétueux. "Le vent était souvent un symbole de l'Esprit dans l'Ancien Testament[14]." Le feu, quant à lui, pouvait signifier l'acceptation de Dieu sur l'autel des sacrifices, à savoir Son Église.

Par la suite, il nous est dit qu'ils furent "tous" remplis du Saint-Esprit. Cette information est très significative sur le caractère non restrictif de cette effusion. Dans l'Ancien Testament, le Saint Esprit n'était donné que parcimonieusement à quelques hommes choisis de Dieu; mais ici, il est donné à tous.

Le seul résultat visible mentionné dans la Bible fût qu'ils se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. "Ils parlaient de vraies langues qui étaient comprises par des gens tout à fait différents, d'origine très variée. Ce phénomène rendit témoignage à l'universalité du don et à celle de l'Église, de même qu'à son unité[15]."

Il est à remarquer que ces "langues" n'étaient pas une prédication mais plutôt une louange à Dieu (Actes 2:11). Une prédication amène les âmes au salut alors que l'effet de ces langues était au contraire une grande perplexité dans l'auditoire. C'est alors qu'intervient Pierre'

B. Le discours de Pierre ;
Luc nous dit en Actes 2:14 que "Pierre, se présentant avec les onze, éleva la voix et leur parla...". "Le verbe employé ici pour "parler" vient du verbe qui a été utilisé pour le parler en langues dans Actes 2:4. Cela nous laisse supposer que Pierre parla dans sa propre langue (l'araméen), comme l'Esprit lui donnait de s'exprimer. Autrement dit, ce qui suivit n'est pas un sermon au sens habituel du terme[16]."

Il commence par réfuter l'accusation qu'ils étaient ivres et explique à ces juifs de toutes les nations (Actes 2:5) qu'ils sont témoins de la réalisation de la prophétie de Joël: le Saint-Esprit est répandu sur toute chair' Il poursuit en démontrant que cette effusion de l'Esprit est la preuve que "Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié (Actes 2:36)" puisqu'Il a répandu l'Esprit d'en haut. Pierre n'atténue aucunement la responsabilité des juifs à qui il s'adresse concernant la crucifixion de Christ.

Ceux qui écoutent sont alors vivement touchés et demandent à Pierre et aux autres apôtres ce qu'ils doivent faire. Nous avons alors cette magnifique réponse de Pierre:

Cette proposition démontre clairement l'ordre normal des choses: la repentance, la foi manifestée en action par le baptême au nom de Jésus-Christ (c'est par la foi que nous sommes pardonnés) et la réception du don du Saint-Esprit. Ce dernier point fait essentiellement référence à ce que les disciples viennent de vivre à savoir le baptême dans le Saint-Esprit avec la manifestation des "langues". C'est ce phénomène qui a intrigué les gens et c'est à leurs questions concernant ce phénomène que Pierre est en train de répondre' De plus, "le baptême du Saint-Esprit n'était pas simplement pour les apôtres, ni seulement pour les temps apostoliques, mais il est pour "tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu en appellera"; en d'autres termes, il est pour tous les croyants, pour tous les âges de l'histoire de l'Église[17]."

Le résultat de ce sermon inspiré est extraordinaire: "Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes (Actes 2:41). "Dans l'Ancien Testament, la Pentecôte marquait la fin de la moisson du froment (Exode 23:16). On offrait à Dieu les prémices de la nourriture de base des Israélites[18]." Dans cette première Pentecôte de l'ère chrétienne, les prémices d'une grande moisson d'âme sont offertes à Dieu.

L'oeuvre du Saint-Esprit dans le coeur des croyants est évidente, même aux yeux de tout le peuple chez qui ils trouvent grâce (Actes 2:47). Ils sont unis, fervents et beaucoup de prodiges et de miracles se fait par les apôtres. Et ce n'est qu'un commencement'


La continuité en expérience
L'œuvre que le Seigneur a commencé à la Pentecôte ne s'est pas arrêté là. Nous verrons maintenant sous trois aspects différents cette continuité de l'expérience de la Pentecôte au-travers du livre des Actes: le baptême dans le Saint-Esprit, la direction du Saint-Esprit et la manifestation des dons spirituels.

A. Le Baptême dans le Saint-Esprit
Le Seigneur avait annoncé à ses disciples qu'ils seraient ses "témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (Actes 1:8)." Et c'est dans cet ordre que nous retrouvons la propagation du salut et du baptême dans le Saint-Esprit.

En Actes 8:5-25, nous voyons que des Samaritains ont reçu la Parole de Dieu, y ont cru, se sont fait baptiser au nom du Seigneur Jésus mais n'ont pas encore reçu le Saint-Esprit. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit (v.17). "Il est à noter que ceux qui refusent de faire une distinction entre la conversion et le Baptême dans le Saint-Esprit sont réduis dans ce cas-ci à des spéculations tout à fait futiles: "Les Samaritains n'avaient pas la vraie foi avant la venue des apôtres[19]". Or le baptême d'eau n'était administré qu'à ceux qui croyaient sans compter que Pierre et Jean n'ont pas vu la nécessité de les "rebaptiser". La Bible est claire: ils crurent (v. 12); ils reçurent la Parole de Dieu (v.14).

En ce qui concerne le "parler en langues", il n'en est pas fait mention dans ce passage. Ceci n'implique cependant pas son absence. Plusieurs commentateurs y vois d'ailleurs la cause de la convoitise de Simon le magicien, lui qui était maintenant habitué aux miracles et aux grand prodiges (v. 13). Cet argument est très valable mais doit être étayé par d'autres passages.

Après la Samarie, l'évangile s'étend maintenant aux païens. Durant ~ prédication de Pierre dans la maison de Corneille, "le Saint- Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Tous les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu (Actes 10:44-46)." Cette dernière phrase est lourde de sens. Elle démontre clairement que le moyen par lequel Pierre et ses amis ont pu savoir, hors de tout doute, que ces gens étaient baptisés dans le Saint-Esprit était le fait qu'ils parlaient en langue et glorifiaient Dieu. Mais ont-ils reçu le ~ Baptême dans le Saint-Esprit avant de croire? "Plus loin, dans Actes 15:8, Pierre dit:" Dieu, qui connaît les coeurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous." Ce qui signifie sûrement que le baptême dans le Saint-Esprit rendît témoignage à la foi qu'ils avaient déjà avant d'être remplis du Saint-Esprit[20]."

Notre dernière histoire concerne douze disciples à Ephèse qui furent visités par Paul. Ces personnes n'avaient reçu que le baptême de Jean. Alors Paul les baptisent au nom du Seigneur Jésus, leur imposent les mains et il nous est dit que "le Saint-Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient (Actes 19:6)". La particularité de cet histoire est qu'elle s'est déroulée quelques 24 ans après la première Pentecôte.

En résumé donc, le baptême dans le Saint-Esprit est un événement distinct de la conversion; le "parler en langues" est le signe par lequel on reconnaît que ce baptême a eu lieu; et finalement, le baptême dans le Saint-Esprit a une continuité dans le temps avec le même signe du "parler en langues".

B. La direction du Saint-Esprit
Une des preuves les plus importantes de l'œuvre de l'Esprit, à la fois dans l'Église et dans la vie des individus, était la façon dont l'Esprit les dirigeait[21]." Pierre a été dirigé par l'Esprit pour suivre les envoyés de Corneille. "Philippe fut conduit par l'Esprit, non seulement à témoigner en Samarie, mais à mener un eunuque éthiopien au Seigneur (Actes 8:29,38)[22]."

Mais l'exemple le plus marquant de ce principe est l'apôtre Paul. A plusieurs endroits, il est fait mention de la direction du Saint-Esprit dans sa vie. A titre d'exemple, lors de son deuxième voyage missionnaire, le Saint-Esprit l'empêcha d'annoncer la parole dans l'Asie (Actes 16:6); l'Esprit de Jésus ne leur permit pas d'entrer en Bithynie (Actes 16:7); et finalement dans une vision, "un Macédonien lui apparut, et lui fit cette prière: Passe en Macédoine, secours-nous' (Actes 16:9)." Ainsi lorsque le Saint-Esprit l'empêchait d'aller dans une certaine direction, Paul faisait alors un pas dans une autre direction, sachant que le Saint-Esprit allait continuer à le guider[23]".

C. La manifestation des dons spirituels
"Il est impossible de lire le Nouveau Testament sans être impressionné par le fait que l'adoration et l'expérience des premiers chrétiens possédaient indiscutablement les éléments surnaturels[24]. "Enlever ces éléments au Nouveau Testament nous oblige à renier l'inspiration même de ce dernier.

Une question donc se pose. Les prodiges et les miracles que nous voyons dans les débuts de la Pentecôte (Actes 2:43) ont-ils eu une continuité dans le temps?

Un premier élément de réponse se trouve dans le fait que certains hommes, déjà baptisés dans le Saint-Esprit, ont été remplis à nouveau pour des occasions spéciales: Pierre devant le Sanhédrin (Actes 4:8), Paul face à Elymas (Actes 13:9) et les disciples faisant face à la persécution (Actes 4:31).

Hormis ces situations, le livre des Actes est parsemé de manifestations des dons spirituels qui sont parfois utilisés conjointement. Ainsi nous voyons lésions de la foi et de guérison lorsque le boiteux est guéri sous le ministère de Pierre (Actes 3:1-7); le discernement des esprits lorsque Paul chasse l'esprit de Python à Philippes (Actes 16: 16-18); une parole de connaissance et de sagesse lorsque Paul encourage les matelots avant le naufrage sur l';le de Malte (Actes 27:21-26).

Mais ce qui est tout particulièrement intéressant, c'est que "il y a dans le dernier chapitre du livre des Actes, le récit d'un incident du ministère de Paul, lors du naufrage à Malte, qui prouve qu'il n'y avait aucune diminution de ces faits à la fin de la période apostolique[25] . Nous faisons référence à trois événements particuliers: la morsure du serpent qui ne fait aucun mal à Paul, la guérison du père de Publius et la guérison des autres malades de l'île (Actes 28:6,8,9).

Tout ceci démontre une continuité de l'expérience de la Pentecôte dans le Nouveau Testament.


La continuité en enseignement
Si l'expérience semble démontrer une continuité historique de la manifestation des dons spirituels, peut-on discerner cette même continuité dans l'enseignement néo-testamentaire?

Lés principaux textes qui traitent de ce sujet se trouvent en I Corinthiens 12 et 14. "Paul montre que le but des dons est la construction de l'Église (I Corinthiens 12); ils devaient être exercés avec amour (I Corinthiens 13), et leur valeur était proportionnelle à leur utilité dans l'Église[26]."

Cette épître a été écrite alors que Paul était à Ephèse dans le cadre de son troisième voyage missionnaire. Cet enseignement sur les dons spirituels n'a donc pas eu lieu au début de 1a Pentecôte mais bien (comme nous l'avons déjà noté) quelques vingt-quatre ans plus tard. Et loin de vouloir faire cesser ce phénomène, il recommande: "Ainsi donc, frères, aspirez au don de prophétie et n'empêchez pas de parler en langue (I Corinthiens 14:39)."

Nous pouvons retrouver d'autres mentions du Saint-Esprit qui sont très significatives dans l'épître aux Ephésiens, postérieure d'environ six ans à celle mentionnée précédemment: "Scellés du Saint-Esprit qui avait été promis (Ephésiens 1:13); soyez au contraire remplis de l'Esprit (Ephésiens 5:18); faites en tout temps par l'Esprit toutes sortes de prières et de supplications (Ephésiens 6:18)."

Mais certains opposants à la continuité de la manifestation des dons spirituels cite les versets que voici: "La charité ne périt jamais. les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra (I Corinthiens 13:8-10)."

Le sens naturel de ces versets s'applique à la fin de ce monde imparfait par le retour du Fils parfait de Dieu, Jésus-Christ. D'ailleurs, la connaissance n'a toujours pas cessé et adhérer à la doctrine de ces opposants signifierait que nous sommes "après les derniers jours" de la prophétie de Joël cité en Actes 2:17.

Donc tout concorde dans l'enseignement du Nouveau Testament pour démontrer que les dons spirituels n'étaient pas uniquement pour les premiers temps de l'Église mais bien "pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin (Actes 2 39)."


Conclusion
Il est maintenant temps de répondre à cette question: Existe-t-il une base solide dans la bible pour les pratiques pentecôtistes?

Nous avons vu que le Dieu qui ne change pas usait abondamment du surnaturel dans l'Ancien Testament et qu'Il annonçait par ses prophètes l'époque de la Pentecôte.

La venue de Christ (dont nous devons être les imitateurs) a démontré un homme rempli de l'Esprit et manifestant les dons spirituels. La première Pentecôte a ouvert l'époque de l'Église sur la base même du surnaturel.

Et si on ajoute à ces différents éléments cette continuité en expérience et en enseignement que nous avons déjà vu, tout converge alors vers une seule conclusion: le Pentecôtisme est profondément enraciné dans les doctrines fondamentales de la Parole de Dieu, telles qu'enseignées et vécues par les hommes de Dieu.

Le Pentecôtisme n'est pas lié uniquement à l'histoire des apôtres mais bien plutôt à l'histoire de l'Église.




Bibliographie



Edvarsen, Aril. Les dons spirituels. Miami, Éditions Vida, 1979. 207 p.

Gee, Donald. Les dons spirituels. Paris, Association "Viens et Vois," 1978 138 p.

Hoff, Paul. Le Pentateuque. Miami, Éditions Vida, 1983. 263 p.

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Horton, Stanley M. La Bible et le Saint-Esprit. Miami, Édition Vida, 1983. 239 p.

Horton, Stanley M. Le livre des Actes. Miami, Éditions Vida, 1983. 256 p.

Kuen, Alfred. Le Saint-Esprit Baptême et Plénitude. Saint-Légier sur Vevey, (1976). 222 p. ´

Mears, Henrietta C. Panorame du Nouveau Testament. Miami, Édition Vida, 1983. 347 p.

Pearlman, Myer. Aux sources de la vérité biblique. Miami, Éditions Vida, 1981. 310 p.

Sainte Bible (La). Version Louis Segond.

Torroy, R.A. Ce que la bible enseigne. Miami, Éditions Vida, 1979. 549 P


Notes

[1]- Alfred Kuen Le Saint-Esprit Baptême et Plénitude, Saint-Légier sur Vevey, (1976), p. 8

[2]- Harold Horton, Les dons de l'Esprit, Gresieu la Varenne, Association Viens et Vois, (1980), p.20.

[3]- R.A. Torrey, Ce que la bible enseigne, Miami, Editions Vida, 1979, p. 283.

[4]- Stanley M. Horton, la Bible et le Saint-Esprit, Miami, Editions Vida, 1983, p.174.

[5]- Ibid, p.33

[6]- Myer Pearlman, Aux sources de la vérité biblique, Miami, Éditions Vida, 1981, p. 231.

[7]- Stanley M. Horton, Le livre des Actes, Miami, Editions Vida, 1983, p. 25

[8]- Pearlman, op.cit., p. 233.

[9]- Aril Edvarsen, Les dons spirituels, Miami, Editions Vida, 1979, p. 179.

[10]- Myer Pearlman, Aux Sources de la vérité biblique, Miami, Éditions Vida, 198I4I p.233.

[11]- Horton, Le livre des Actes, op. cit. p. 14

[12]- Henrietta C. Mears, Panorama du Nouveau Testament, Miami, Editions Vida, 1982, p. 100.

[13]- Horton, Le Livre des Actes, op. cit., p. 25

[14]- Horton, La Bible et le Saint-Esprit, ov. cit., p. 113

[15]- M. Horton, Le livre des Actes, op. cit., p. 27

[16]- Ibid., p. 29.

[17]- Torrey, Ce que la bible enseigne, op. cit., 1979, p. 279

[18]- Paul Hoff, Le Pentateuque, Miami, Editions Vida, 1983, p. 185.

[19]- Kuen, op. cit., p. 52.

[20]- Horton, Le livre des Actes, op. cit., 1983, p. 113.

[21]- Horton, La Bible et le Saint-Esprit, op. cit., 1983, p. 131.

[22]- Ibid. p. 123

[23]- Horton, Le livre des Actes, op. cit., 1983, p. 161

[24]- Donald Gee, Les Dons Spirituels, Paris, Association "Viens et Vois",

[25]- Ibidem

[26]- Mears, Panorama du Nouveau Testament, op.cit., p. 138.