Réflexions sur les attitudes touchant la foi
dans le milieu pentecôtiste.
Paul Gosselin (1984, avec matériel ajouté depuis)
Jésus leur répondit: En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l'homme vous donnera; car c'est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau." (Jean 6: 26-27)
"False spirituality is always to be encouraged."
(paroles du démon Screwtape) CS Lewis: The Screwtape Letters
Je dois demander ici l'indulgence du lecteur, car ce texte n'est en fait qu'un
brouillon, mais en attendant l'occasion de le remanier de manière plus
attentive j'ai pensé l'offrir ici en espérant qu'on puisse en
tiré profit malgré ses lacunes formelles. Ce qui suit est donc
une réflexion sur nos attitudes touchant le sujet de la foi dans nos
églises de la Pentecôte et certaines conséquences qui
en découlent. Une bonne partie de cet essai est un extrait d'une lettre
que j'ai envoyé à des pasteurs en 1991. Depuis j'ai remanié
et ajouté des choses, ce n'est plus la même lettre. On se rendra
compte que c'est "un peu" décousu car dans la première
partie de cette lettre, je discute de problèmes divers qui frappent
soit nos assemblées ici ou encore la APdC[1]
en général. Il se peut que ces observations n'intéresseront
que peu. Cette première partie sert à mettre en contexte la
deuxième. Bon nombre des remarques ici ne touchent que les pentecôtistes
mais d'autres sont valides chez plusieurs autres groupes évangéliques.
Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
Depuis un certain nombre d'années on voit plusieurs signes de déclin dans le mouvement de la Pentecôte (et on pourrait ajouter chez les évangéliques en général). Parmi ceux-ci on constate:
- baisse de croissance dans nos églises[2].
- baisse des "vocations" (personnes sérieuses ayant un
appel au pastorat).
- diminution de l'évangélisation personnel des chrétiens
ordinaires.
- accroissement du divorce parmi les chrétiens (autant que chez les
non-chrétiens??).
Un autre évangile ?
Je veux discuter ici d'une mode[3] théologique,
ce que j'appellerais un Évangile de la "foi positive"
ou encore un "Évangile des bénédictions" qui
a été très puissant dans la AdPC/PAOC pendant toutes
les années 80 et qui garde encore aujourd'hui une influence subliminale
(car peu de gens osent la remettre en question ouvertement). Je pense qu'il
est llégitime d'en parler en termes de pensée positive chrétienne, car au fond, ce n'est que de la pensée positive païenne (avec, fort possiblement, des racines dans la pensée de l'athée Friedrich Nietzsche et son concept de puissance de la volonté), mais avec du marketing pour évangéliques... Aux États-Unis et dans le monde évangélique anglophone ce message est connu sous le vocable Word-Faith movement[3a] ou mouvement Parole de foi. Ce courant de pensée évangélique peut porter plusieurs noms. Avant d'aller plus loin il faut évidemment définir ce que je veux dire par le terme "Évangile de la foi positive" sinon je vais te faire perdre ton temps. Un des bébés du Word-Faith est le fameux Évangile de prospérité. Les noms changent souvent, il faut donc se concentrer sur le contenu de cette doctrine.
Les adeptes de cet évangile nous disent qu'un chrétien doit toujours confesser positivement, confesser la victoire et garder une attitude de foi (positive) dans toutes les circonstances. Le mot POSITIF revient souvent dans leurs livres ou sermons, soit au niveau des attitudes qu'on demande des gens, soit au niveau de ce que les gens disent ou "confessent". Chacun des apôtres de cet évangile nous propose sa recette[4] pour une vie prospère, riche spirituellement, bénie en termes émotionnels et à tous points de vue. Pour être plus claire ceci implique évidemment ce qu'on appelle communément "Évangile de la prospérité", mais ça inclue aussi d'autres variantes qui ne sont pas nécessairement aussi matérialistes, mais qui considèrent néanmoins l'emphase sur le "positif" comme une fondation de la vie chrétienne. "L'Évangile de la prospérité", qui a fait beaucoup de bruit au début des années 80, a été assez rapidement condamné parmi nous puisque outrancièrement matérialiste (à l'américaine), mais un bon nombre de variantes, qui font appel à la même philosophie de base, sont encore bien vivantes chez nous. Ces variantes peuvent mettre l'emphase sur soit la prospérité, soit sur la guérison physique, soit la guérison émotionnelle, etc. Mais ce qu'elles ont en commun, leur noyau, c'est une fixation sur la "foi" c'est-à-dire l'idée que le "salut" (le bonheur) s'obtient en ayant toujours une attitude positive et des paroles positives. La "foi" dans ce contexte devient réduit à un outil, un gadget qui donne accès aux promesses de Dieu et ne comporte plus l'implication de relation (avec Dieu) qu'elle a normalement dans la Parole. Cette vision de la "foi" implique, entre autre, que le chrétien doit toujours être au-dessus de ces circonstances. Avoir la "foi" c'est d'être toujours positif. Celui qui se relâche ne peut y accéder (on utilise Jac. 1: 6-7 pour imposer cette idée). Comme dans bien des choses il y a certains aspects "positifs" (vrais ?) et des aspects "négatifs" (faux) dans tout ça. On va jeter un coup d'oeil d'abord aux aspects négatifs de la chose et tenter de comprendre les racines païennes de cette pensée.
Un évangile égoiste
Cette "Évangile" est égocentrique. A long terme
elle nous tourne sur nous-mêmes. Sur nos "bobos", nos problèmes,
nos besoins, nos désirs et nos projets. Tranquillement on oublie les
"autres" qui ne connaissent pas le Seigneur et on perd notre compassion
pour les âmes. On est trop occupé à être "positif".
On deviens centré sur nos besoins, nos bénédictions et
nos bobos. Je dirais que ceci est une tendance général. D'un
pasteur à un autre, l'impact peut varier selon l'emprise plus ou moins
grande que cette "évangile" peut avoir sur sa vie. Certains
adeptes de cette doctrine peuvent bien avoir à coeur l'évangélisation
des inconvertis, mais ce n'est pas à cause de l'Évangile de
la foi positive. L'impact de cette doctrine sur la vie d'un chrétien
dépend beaucoup de la solidité des enseignements qu'on a reçu
avant d'être exposé à l'"Évangile de
la foi positive". Les conséquences négatives seront moins
évidents chez un chrétien déjà solidement ancré
dans la Parole et les disciplines chrétiennes. Dans le cas d'un chrétien
qui n'a connu que ça comme enseignement, les résultats peuvent
être désastreux. David Wilkerson, par exemple, fait les remarques
suivantes sur la "foi positive" si populaire:
"Comment se peut-il que, avec tout l'enseignement que nous avons aujourd'hui au sujet de la foi, Jésus ait pu dire: «... Mais, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-Il la foi sur la terre ?» (Luc 18: 8). Se pourrait-il que Jésus ne considère pas le genre de foi moderne comme étant de la foi ? Notre soi-disant foi est-elle tellement à notre service qu'elle devient une abomination au Seigneur ? Peu importe le nombre de versets qui sont cités pour la défendre, la foi au service du moi est une perversion de la vérité."[5]
Notre siècle cultive l'individualisme, mes droits, mes besoins, mes désires, mes projets, mes caprices, etc. etc. Nous magasinons pour une église qui rencontre mes besoins. L'esprit du siècle nous dit, comme dans les annonces de produits l'Oréal, "Je le mérite bien !" "God have mercy !" Ouais, certainement, mais Dieu seul sait ce que l'on mérite vraiment Nous sommes des grands individus. Nous sommes les serviteurs du grand MOI. Tout le reste doit y plier et s'y soumettre. Toutes nos industries de marketing et de la consommation en font la promotion, voir même notre théologie. C'est le veau d'or élévé par la génération des baby-boomers
Matérialisme
Cet "Évangile" est généralement matérialiste,
c'est-à-dire qu'une de ces préoccupations majeures est les bénédictions
matérielles. Cela n'implique pas nécessairement une maison à
500,000$, mais plutôt des bénédictions ici-bas. Cet "Évangile"
laisse donc entendre que le chrétien peut construire (par la "foi")
ici-bas, son paradis! Et non seulement le chrétien peut construire
(par la "foi") ici-bas, son paradis, c'est son DROIT! Le Nouveau
Testament ne dit rien de semblable, mais cela plaît énormément
à nos oreilles de nord-américain qui aiment tellement une histoire
qui finit avec un "Happy Ending", car notre société
(et même nous les chrétiens aussi avec nos Disneyland "chrétiens")
est bien à genoux devant Mammon ! Cette mode théologique parmi
nous coïncida aussi, curieux hasard, avec une période de grande
prospérité économique en Amérique du Nord[6].
En ce qui me concerne, j'ai déjà pensé que cela serait
une très bonne chose que d'envoyer tous ces évangélistes
de la prospérité prêcher dans les pays musulmans où
un converti au christianisme peut être tué par les membres de
sa propre famille ou encore en Afrique où dans de nombreux pays le
revenu moyen annuel est parfois de $100! Prêcher la prospérité
aux Nord américains dans les années 70-90 c'est "flatter
dans les sens du poil". Ailleurs ce n'est pas si évident[7].
Peut être que j'exagère. Oui, peut être tout ce qu'il leur
faudrait c'est qu'ils visitent la tombe d'un ami. Il a un peu trop bouffé
de la pensée positive chrétienne et il s'est suicidé
en juillet 1992. Les femmes le boudaient, il venait de perdre son travail.
La vie l'avait déçu, le "dieu" de la ppc aussi. Il
savait qu'il avait droit à plus que la merde que la vie lui avait lancé
au visage. Au sujet de ce genre de matérialisme chrétien, Leonard
Ravenhill ne machaient pas ses mots. Dans son livre Why Does Revival Tarry?
(ou, Pourquoi il n'y a pas de réveil?) publié en 1972 :
Ces prédicateurs qui ont des maisons et des chalets au bord du lac, un bateau sur ce lac, et un solde bancaire important, ne se gênent pas de quémander pour plus encore. Avec de extorqueurs et des hommes injustes de ce genre, Dieu peut-il confier un réveil poussé par le Saint-Esprit? Ces chers prédicateurs «beaux garçons» ne changent plus leurs habits une fois par jour, mais deux ou trois fois par jour. Ils prêchent le Jésus né dans l'étable, mais eux-mêmes fréquentent des hôtels de luxe. Pour leurs propres convoitises, ils saignent le public financièrement au nom de Celui qui a dû emprunter un denier pour illustrer un sermon. Ils portent des costumes dispendieux d'Hollywood en l'honneur de celui qui portait le vêtement d'un paysan. Ils se régalent de steaks à trente dollars en souvenir de celui qui a jeûné seul dans le désert. Aujourd'hui, un évangéliste est non seulement digne de son salaire (c'est ce qu'il pense), mais aussi de l'intérêt composé. Ils devraient craindre le jour du jugement!
Si le réveil tarde c'est qu'on a compromis l'Evangile. (...) La plate-forme est devenue une piédestal pour afficher nos talents, et l'«équipe des visiteurs" ressembler à un défilé de mannequins. Je m'attendrais d'avantage
à voir une grenouille s'asseoir et jouer la Sonate Clair de lune de Beethoven que de voir quelques-uns de ces prédicateurs trop habiles de cette génération prêcher avec une onction qui provoquerait la crainte de Dieu parmi le peuple. Les évangélistes d'aujourd'hui sont trop souvent disposés à faire n'importe quoi pour faire approcher les gens de l'autel (peu importe la raison). Ils appellent avec désinvolture sur: "Qui veut de l'aide? Qui veut plus de puissance? Qui veut marcher plus près de Dieu?" Un tel évangélisme corrompu déshonore le sang [de Christ] et prostitue l'autel. Mais il faut replacer les choses car, l'autel est un endroit pour mourir. Que ceux qui ne veulent pas payer ce prix la laissent tranquille!* (pp. 46-47)
La pensée positive chrétienne évacue la grâce, car dans cette approche à la vie chrétienne au bout du compte tout repose sur MES efforts de louange, MES efforts pour confesser positivement, MES efforts de confesser la victoire ou MES efforts pour avoir la guérison ! Tôt ou tard, le chrétien qui vit sous ce système (et qui n'en sort pas ou qui ne connaît pas à fond le plein conseil de la Parole) tombe sous la Loi. Car si ce chrétien n'a pas la victoire, c'est de sa faute, s'il vit des difficultés financières, c'est de sa faute, s'il n'a pas la guérison c'est de sa faute[8]. L'individu lui-même doit porter le poids de la culpabilité si les résultats de sa foi ne sont pas ceux attendus, car on lui rappellera toujours qu'il y a toujours moyen d'avoir plus de foi et de persévérer plus longtemps dans cette foi. La caractéristique de cette mode théologique c'est qu'elle plaît surtout aux personnalités fortes (généralement des sanguins ou des colériques) car elle exalte et elle exige la volonté. C'est la philosophie de "l'American Dream" assaisonné de jargon évangélique. On peut tout avoir, il suffit de vouloir ! Elle plaît surtout aux gens qui ont déjà pas mal de succès et qui n'ont pas vraiment eu à traiter avec de vraies tragédies. Ils n'ont pas été secoués très forts par la vie. Ils n'ont jamais été vraiment brisés, mis à terre au point de perdre tout espoir. Ne cherchez pas de la compassion ou de l'empathie auprès de la pensée positive chrétienne car essentiellement ce qu'elle vous dira c'est qu'il faut s'en sortir tout seul (par la "foi" bien sûr). Elle se joint aux "amis" de Job qui soupçonnent celui qui souffre de ne pas en avoir vraiment fait assez, de ne pas croire suffisamment, de ne pas avoir confessé suffisamment. Leur système de pensée ne leur fourni pas d'autre solution. La grâce de Dieu, c'est un sujet presque tabou, du moins oublié chez eux. Ça dérange le système. Car la grâce c'est Dieu qui nous fait des cadeaux sans rapport avec notre volonté triomphante, sans rapport avec notre "foi" artificielle ou nos bonnes actions. Pourtant, on en a tous tant besoin de cette grâce !!
Chez les adeptes de cette doctrine on entend dire parfois que tous les miracles sont le résultat de l'exercice de la foi d'un être humain, qu'il ne peut y avoir de miracle sans l'exercice de la foi. Mais il suffit d'étudier les Écritures un bref moment pour voir que c'est faux. Dans le verset suivant par exemple on voit bien que la personne qui est l'objet d'un miracle n'a pas eu le temps d'exercer une quelconque foi. (Luc 13: 10-13)
Jésus enseignait dans une des synagogues, le jour du sabbat. Et voici, il y avait là une femme possédée d'un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans; elle était courbée, et ne pouvait pas du tout se redresser. Lorsqu'il la vit, Jésus lui adressa la parole, et lui dit: Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Et il lui imposa les mains. A l'instant elle se redressa, et glorifia Dieu.
À d'autres moments les Écritures décrivent des miracles où rien n'indique que les individus qui les ont reçus n'ont excercés à foi. Les cas de morts résussités sont les plus flagrants. Comment un mort pouvait-il exercer la foi? Dans la majorités des cas rien n'indique que des personnes dans l'entourage du miraculé ait exercé une quelconque foi non plus.
La Chute: une doctrine méprisée
Cette doctrine tend aussi à balayer sous le tapis les implications
de la doctrine de la Chute. Elle ne peut pas vraiment regarder en plein face
le fait que le chrétien né de nouveau aussi subit, dans
ce monde présent, les effets de la chute. Que le chrétien aussi
vit dans un monde où la rédemption est incomplète. On
ne peut vraiment regarder en face le fait que le même le chrétien
vit dans un monde déchu, avec tout ce que ceci implique. Soyez sur
de bien me comprendre. Chose certaine, le salut est accompli, mais le triomphe
sur le mal ne sera total et absolue que lorsque Christ régnera dans
la Nouvelle Jérusalem et que le jugement de l'humanité devant
le grand trône Blanc sera terminé. Discutant de l'importance
de la souffrance dans le monde dans le rejet de Dieu par de nombreux athées,
A. E. Wilder-Smith[9] remarque:
"The importance of a truly intectually satisfactory reason for pain and suffering and their coexistance with a God of compassion is thus evident. What passes popularly as the Christian gospel today, particularly in the United States, scarcely touches these real problems, with the net result that Christians from the New World are often totally incapable of dealing with the genuine problems of either people from the Old World, or materialistic Darwinists[10] from both hemispheres, who are usually well versed in these matters." (p. 210)
Règle général, l'Évangile de la foi positive passe sous silence les épreuves qui nous mettent à nu et qui épuisent toutes nos ressources, où sinon elle contente de consolations vides pour le chrétien qui souffre, disant que "Nous sommes plus que vainqueurs par la foi..." Paroles venant généralement de la bouche de ceux qui n'ont jamais souffert eux-mêmes, qui n'on jamais fait face à un revers majeur ou à des tragédies majeures... La foi positive laisse l'impression chez ces adeptes que l'ont peut, si on a la bonne formule de "foi", contrôler le cours de notre vie et Dieu lui-même Bernadette Keaggy, la femme de Phil Keaggy le guitariste, relate dans son autobiographie A Deeper Shade of Grace les moments d'épreuves qu'elle et son mari ont vécus lors de la perte de 5 enfants en fausse couches (dont des triplets mort-nès à sa première grossesse) et par la suite elle fait la réflexion suivante sa façon de voir la vie chrétienne (1993: 108)
"Now I yearned for a simpler spirituality, one that allowed me to accept my frail humanity, my weaknesses and let God be God. I was tired of trying to live within a formulated Christianity that kept God in a box - a box controlled by me. It was so upside-down, really. Find your dream or goal; pray for it; poof - God, like a genie-in-a-bottle, gives you what you want. Where did God-our-Maker, God the Sovereign-One come from?"
Plus tôt dans ce même livre elle note avoir lu le livre A Severe Mercy par CS Lewis, qui comporte des lettres de Lewis à un ami qui venait de perdre son épouse. À cette lecture, Bernadette Keaggy a pris conscience d'une chose très importante (1993: 82)
"As I read these words, I felts as if a load had been lifted from my shoulders. Grief was normal. What I was feeling was normal. So it was okay to cry, to feel sad. It didn't make me any less a spiritual person. I had been striving to live up to a perfect or near-perfect image of a "true Christian". With Lewis's wise counsel, I realized that God loved me and accepted me with all my baggage. There was nothing I could feel or express that would make him stop loving me. How I had needed to understand that unconditional love."
La vie du croyant dans un monde déchu prend des tournures qu'il ou elle n'aurai pas souhaiter. Lors de tels événements le croyant est confronté avec un choix pénible et subtile. Abandonner la "foi" ou abandonner la foi. La "foi" entre guillemets, c'est évidemment la foi artificielle de la pensée positive chrétienne (très nord-américaine) qui affirme qu'on a droit à toutes les bénédictions dans le vie ici-bas. On a tout avantage à l'abandonner. Personnellement j'ai eu, dans ma vie chrétienne, des moments très noirs. Mais ces moments très noirs coïncidèrent avec la montée dans notre église de Québec de la mode de la "pensée positive chrétienne" (mouvement Word-Faith). A cette époque j'assistais à l'assemblée et, règle général, ce que je recevais via les prédications ne m'était d'aucun secours. Au moment où j'avais besoin de paroles de grâce, je ne recevais que des exhortations à avoir plus de "foi", de confesser la "victoire", etc. etc. J'ai dû trouver moi-même la consolation dont j'avais besoin dans ma relation personnelle avec le Seigneur et ne pas me fier à mon église. Depuis cette mode semble s'estomper par endroits et j'ai compris que même dans les meilleurs églises, il vient des moments où personne ne peut nous aider et que nous devons garder nos yeux sur Jésus seul, afin d'en sortir. C'est inévitable, j'en conviens. Mais, ceci dit, je ne crois toujours pas que la situation dans nos assemblées à l'époque était normale.
Étant centrée sur l'individu, ses besoins et sur les promesses de bénédictions de la Parole, la "pensée positive chrétienne" ne s'intéresse pas aux questions éthiques ou à l'injustice, car ce sont des choses "négatives". Ce sont des choses qui dérangent (et nous oblige à regarder plus loin que notre confort personnel)... CS Lewis a des remarques fort intéressants à ce sujet dans Mere Christianity (1977: 118):
"If you read history you will find that the Christians who did most for the present world were just those who thought most of the next. The Apostles themselves, who set on foot the conversion of the Roman Emprire, the great men who built up the Middle Ages, the English Evangelicals who abolished the Slave Trade, all left their mark on Earth, precisely because their minds were occupied with Heaven. It is since Christians have largely ceased to think of the other world that they have become so ineffective in this. Aim at Heaven and you will get earth "thrown in": aim at earth and you will get neither."
Puisque la "pensée positive chrétienne" rejette la doctrine de la Chute et affirme que le chrétien peut, par la foi, éviter les effets de la Chute, une des conséquences est de nier le rôle de la souffrance dans la sanctification du chrétien. À ce sujet CS Lewis a observé dans Problem of Pain (chap. 7):
if tribulation is a necessary element in redemption, we must anticipate that it will never cease till God sees the world to be either redeemed or no further redeemable. A Christian cannot, therefore, believe any of those who promise that if only some re- form in our economic, political, or hygienic system were made, a heaven on earth would follow.
Ouais, on pourrait même paraphraser Lewis ici et ajouter "A Christian cannot, therefore, believe any of those who promise that if only some new faith-trick were tried, a heaven on earth would follow". L'évangile de la "pensée positive chrétienne" encourage presque l'insouciance à l'égard de questions de justice sociale. Dans cette atmosphère de pensée positive chrétienne, on entend rarement parler d'intégrité personnel ou de dire toujours la vérité dans les affaires. On entend tout aussi rarement parler de la doctrine de restitution, de réparer nos fautes passées comme l'a pu faire le publicain Zachée.
"Jésus, étant entré dans Jéricho, traversait la ville. Et voici, un homme riche, appelé Zachée, chef des publicains, cherchait à voir qui était Jésus; mais il ne pouvait y parvenir, à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut en avant, et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là. Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit: Zachée, hâte-toi de descendre; car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison. Zachée se hâta de descendre, et le reçut avec joie. Voyant cela, tous murmuraient, et disaient: Il est allé loger chez un homme pécheur. Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. Jésus lui dit: Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu."
Mais la restitution n'intéresse pas les adeptes de cet évangile, car c'est trop enmerdant. On préfère balayer toutes ces choses sous le tapis et d'oublier "au plus sacrant". Mais tout ça ne laisse pas un témoignage bien brillant derrière nous... Plutôt qu'une odeur de vie, c'est une odeur de merde...
Comme je l'ai dit ci-dessus du point de vue de la "pensée positive chrétienne" si le chrétien n'a pas la victoire, c'est de sa faute, s'il vit des difficultés financières, c'est de sa faute, s'il n'a pas la guérison c'est de sa faute. A mon avis les gens peuvent avoir 3 types de réactions lorsque le château de cartes de la vie s'effondre et que survient une vraie catastrophe. Certains individus, qui ont déja une tendance à la culpabilité, crouleront sous le poids de la culpabilité s'ils tentent de suivre à la lettre les prescriptions de la "pensée positive chrétienne", car les résultats de ses prières et de sa foi ne sont pas ceux attendus et on lui rappellera toujours qu'il y a toujours moyen d'avoir plus de foi et de persévérer plus longtemps dans cette foi. J'en ai vu qui ont finis en psychiatrie tellement ils étaient désorientés, tellement la culpabilité les détruisaient. Chez d'autres personnes cette culpabilité deviens si lourde qu'ils finissent par s'éloigner de l'église et des chrétiens, car toute la culture chrétienne (avec lesquelles elles sont en contact) renforce cette culpabilité étouffante.
J'ai entre les mains un article intitulé "Religious Affiliation and Major Depression." par Keith Meador, et alii[11] Ces auteurs (psychiatres) ont interviewé 2,850 adultes de diverses appartenances religieuses dans la Caroline du Nord aux EU. En faisant cette étude, on s'est rendu compte que les pentecôtistes ont une tendance à faire une dépression majeur trois fois plus grande que la moyenn. Les auteurs, pour leur part, avancent trois hypothèses pour expliquer ce phénomène. Si on regarde ces trois hypothèses avancées par les auteurs de l'article (p. 1207) qui tentent d'expliquer ce fait, il faut réfléchir un peu. Les deux premières interprétations sont moins gênantes (pour nous) mais ils me semblent pas satisfaisantes. Il me semble fort improbable que nous ayons 3 fois plus de dépressions juste à cause du fait qu'on attire un peu plus des gens déjà déséquilibrés (Explication 1) ou encore que ce soit dû au fait que les pentecôtistes aiment bien exprimer leurs émotions (Expl. 2). Faudrait le prouver. Pour ma part je ne crois pas que nous attirons tellement plus de gens déséquilibrés que d'autres groupes évangéliques, pas assez du moins pour que ça puisse nous rendre 3 fois plus susceptibles à la dépression que le reste de la population en général. Je serais très surpris aussi que le fait d'exprimer beaucoup ses émotions puisse rendre compte du résultat que nous voyons. Pour l'expliquer il me semble nécessaire de regarder plus profondément. La 3e explication me semble la seule qui puisse réellement rendre compte des faits[12], même si c'est pas tellement rigolo pour notre orgueil pentecôtiste.
La 3e explication (p. 1207) met de l'avant la possibilité que le Pentecôtisme soit une cause de dépression en lui-même. Mais même si on penche pour la 3e explication il faut quand même faire une précision. Si, comme je le suppose, la prévalence de la doctrine de la "pensée positive chrétienne" est le facteur principal qui rend les pentecôtistes plus susceptibles à une dépression majeure, il reste qu'il est quand même légitime de dissocier cette mode (bien répandu chez les pentecôtistes nord américains) et le pentecôtisme ailleurs dans le monde. Initialement, quand j'ai écrit ces lignes je croyais qu'en Europe, en Asie ou en Afrique par exemple, si on répètait ailleurs la même étude, qu'il est peu probable[13] que les résultats soient les mêmes qu'ici, en Amérique du nord. Malheureusement je ne crois plus que ce soit le cas car les chrétiens d'Amérique du nord ont les sous et les moyens techniques afin d'exporter tout ce qui leur passe par la tête, bon ou mauvais[14]. Voyez ce qu'en dit Ben Okafor[15], un chrétien nigérien.
"I mean this with all humility, but I have a lot of negative feelings about American Christianity in terms of its influence on Nigeria and the Third World in general. It seems very nationalistic and colonialistic to me, even more so than Christianity in the United Kingdom. (...) the prosperity teachings American Christians have been bringing over to Africa since the late sixties are really killing us. So many have been taught to believe that prosperity is a measure of spirituality. If you prosper, then it must be because the Lord is blessing you. If not, well then the implication is that God plays favorites. I've seen men stand up in church and praise God for blessing their business, but the business was a sweatshop[16] ! The message to the poor or those under oppression is that God has some of His children in a back room with crusts of bread and water. It's extremely degrading and dehumanizing. The way this colonialism and cultural bigotry infiltrates the church is insidious." (p. 64)
L'arme fatale: l'amertume.
La 2e réaction qu'on peut apercevoir chez les chrétiens
c'est l'amertume. Il est probable que tôt ou tard tout chrétien
sera confronté à la tentation de l'amertume. Pour toute une
génération de chrétiens éduqués et critiques
avec laquelle j'ai grandit l'amertume est l'arme ultime de l'ennemi. Chez
certains chrétiens qui n'ont pas tendance à se culpabiliser,
dont la relation avec Dieu n'est plus très vivante (prière)
et chez qui la faculté du pardon n'est plus en fonction, l'amertume
(s'il n'est pas combattu) peut graduellement détruire tout ce qui reste
de leur relation avec Dieu et avec l'église. Un des effets pervers
de la "pensée positive chrétienne" est la tendance
à encourager les adeptes de cette évangile à s'approcher
Dieu sur une base contractuelle. S'ils observent les règles de la recette
(toujours confesser la victoire, toujours louer le Seigneur malgré
tout, etc.), dans un sens, Dieu est "obligé" de les répondre
(du moins selon cette évangile). Et si Dieu ne les réponds pas,
malgré tous ce qu'ils ont fait et si, en plus survient une tragédie,
la tentation est grande d'envoyer le "Bonhomme" et les autres
chrétiens se promener, car Il n'aura pas su tenir son bout du contrat
!! Parfois lorsque les attentes déçues coïncident avec
des circonstances tragiques et la seule "solution" pour certains
sera le suicide. Malheureusement je connais un cas où des attentes
irréalistes ont contribué à un suicide chez un chrétien.
Mais nous devons savoir, dans les moments de ténèbres les plus
profondes, que nous servons un Dieu ressuscité, qui a vaincu la mort.
On doit se demander si notre théologie de la PPC, qui nous dit que
tout bon chrétien a le "droit" d'être béni,
est en mesure pu produire des chrétiens fermes au point de résister
aux épreuves comme ceux décrits par R. Wurmbrand[17]
ci-dessous (2000: 2)
"En son temps, je me trouvais en prison avec un leader chrétien
roumain du nom de Florescu. Il avait fait imprimer clandestinement des brochures
chrétiennes et les avait distribuées. Lors de son arrestation,
torturé, il refusa de communiquer les noms de ses collaborateurs;
à leur tour ceux-ci auraient également été emprisonés.
Peu après, les communistes arrêtèrent son fils de 12
ans, le frappèrent jusqu'au sang en présence de son père
pour que ce dernier révèle les noms des personnes recherchées.
L'enfant qui saignait cria à son père: "Ne trahis pas
! Que je ne subisse pas la honte d'être le fils de Judas. S'ils me
tuent, mes dernières paroles seront les suivantes: Jésus et
ma patrie !"
Après ces paroles héroïques, ses mots devinrent confus,
vides de sens. C'était des cris du tréfonds de son être
contre les assauts du malin qui l'incitait à raisonner et dire: "Je
suis ton enfant. Sauve-moi! Papa, c'est ton devoir suprême. Pourquoi
devrais-je mourir ? Tu m'as dit que Jésus était l'ami des
enfants; lui-même te dirait: 'Ne permets pas que ton enfant soit torturé
à mort. Prononce les paroles demandées par les communistes
et libère-le.' "
Le père et le fils résistèrent, ils tinrent le coup.
Mais ils restèrent marqués à vie, l'esprit affaibli;
ils ne se remirent jamais complètement. Et ce n'est qu'un exemple
parmi les milliers de cas de ce genre."
"En Russie, un prêtre orthodoxe qui avait été un héros de la foi, fut libéré après avoir accompli ses dix ans de prison. Il put immédiatement reprendre son activité. Arrêté à nouveau, il ne subit plus de torture, mais on l'enferma dans une cellule avec des criminels homsexuels auzquels il avait dit: «Faites-lui ce que vous voulez». Pour échapper à ce calvaire, il abjura et se rétracta par écrit. En qulques minutes il trahit ce qu'il avait vécu de façon exemplaire pendant des années." (Wurmbrand[18] Juin 2000: 1)
Dans mes recherches pour mon prochain livre (sur les idéologies postmodernes) j'ai mis la main sur un livre par le psychiatre allemand (non-chrétien) Viktor Frankl, survivant des camps de concentration nazis. Frankl signale des points touchant la culture moderne que l'évangélique devrait prendre connaissance (1988: 140)
Les Européens considèrent comme une caractéristique
de la culture américaine la nécessité d'être
heureux sur commande. Cependant, on ne peut pas poursuivre le bonheur,
il doit s'nesuivre naturellement. On doit avoir une raison d'être
heureux. Une fois cette raison trouvée, le bonheur devient automatique.
L'être humain ne cherche pas le bonheur, mais plutôt une raison
d'être heureux; et c'est en comprenant la signification potentielle
d'une situation donnée qu'il trouvera cette raison. (FRANKL, Viktor
E. (1959/1988) Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie.
Éditions de l'Homme (Actualisation ), Montréal 164 p.)
Il y a lieu de se demander quelle part de notre théologie est développée en fonction de ce besoin ? La 3e réaction que l'on peut observer vient des chrétiens qui ont tenté (tant que peut se faire) de suivre les règles des recettes de foi, mais ont subi les coups durs de la vie. Ils ont du abandonner l'évangile de la "pensée positive chrétienne". Après une période plus ou moins longue de cynisme, ils ont mis de côté toutes les recettes simplistes de foi et trouvé refuge simplement dans le plein conseil de la Parole de Dieu. Le clef de voute de leur survie c'est qu'ils reconnaissent que le chrétien né de nouveau aussi vit réelement dans un monde déchu.
L'intégrité
Il y a quelque temps, j'écoutais un petit bout de l'émission
"Second Regard" à Radio Canada où le journaliste (catholique)
interviewait des protestants français (de France). Au cours de l'émission,
on a parlé à un pasteur concernant les traits qui distinguaient
les protestants français (par rapport aux catholiques) et, mis à
part leur position sur l'autorité de la Parole, il a dit que les protestants
étaient reconnus corporativement comme des gens d'intégrité.
Des gens dont la parole vaut quelque chose. "On peut se fier à
un protestant" dit-il. Le journaliste n'avait rien à répliquer
là-dessus. J'aimerais bien pouvoir en dire autant de nous Pentecôtistes
québecois, mais je dois constater qu'il n'en est rien. On a plutôt
une réputation de "grands parleurs, petits faiseurs".
Je vais vous raconter une petite histoire pour illustrer ce que je veux dire. Je connais une chrétienne qui vit à Montréal qui m'a raconté qu'elle s'est fait fraudé ou menti tellement de fois par des "bons chrétiens" (pentecôtistes) qu'en affaires, elle les évite comme la peste à moins qu'il s'agisse de quelqu'un qu'elle connait vraiment très bien comme étant fiable. Elle et son mari ont acheté une maison se disant tous les deux qu'ils éviteraient les "bons chrétiens", préférant faire affaire avec des "bons païens" ! Ils ont effectivement trouvé une maison qui les intéressaient. Mais peu de temps après s'être installés, ils s'aperçoivent que les égouts sont bouchés et qu'ils ne peuvent utiliser les toilettes du tout. En faisant des recherches, ils finissent par se rendre compte que l'ancien proprio avait branché ses décharges de gouttières sur sa fosse septique. Ceci a eu comme conséquence d'inonder la fosse septique et de repousser tout le contenu solide dans le champ d'épuration le bouchant "comme il faut" ! C'est pas fini. En contactant l'ancien proprio, ils s'aperçoivent que c'est un "bon pentecôtiste" et non seulement ça, il nie toute responsabilité (la responsabilité, ça c'est "négatif"), mais il indique à mon amie qu'il lui suffit d'avoir la "foi" et le problème sera réglé !! Beurck, quelle situation !
Mon amie a eu des rencontres avec le pasteur de l'ancien proprio (ce pasteur a donné raison à mon amie et à son mari) mais l'ancien proprio ne voulait toujours pas admettre sa responsabilité et compenser mon amie. A ma connaissance (ce n'est pas réglé encore), il y avait une bonne possibilité que ça se poursuive en cour de justice... Pas drôle hein, mais je connais d'autres histoires de ce genre plus ou moins dramatiques (même des gens dans le ministère) et probablement vous aussi. Tout ce que j'ai à dire c'est que ce genre de chose est dégueulasse mais malheureusement c'est ça notre témoignage corporatif ! Il faut que ça change à quelque part et qu'on nous enseigne à être des chrétiens responsables et intègres. Chose certaine, ce n'est pas la pensée positive chrétienne qui le fera car dans ce système la "foi" devient trop facilement une excuse permettant de dissimuler un manque d'intégrité personnel. Qui oserait confronter les inconvertis (et les convertis tant qu'à ça...) avec un message tel que celui de Jean-Baptiste (Luc 3: 7-14):
"Il disait donc à ceux qui venaient en foule pour être baptisés par lui: Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. La foule l'interrogeait, disant: Que devons-nous donc faire? Il leur répondit: Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même. Il vint aussi des publicains pour être baptisés, et ils lui dirent: Maître, que devons-nous faire? Il leur répondit: N'exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné. Des soldats aussi lui demandèrent: Et nous, que devons-nous faire? Il leur répondit: Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde."
Juste un peu plus loin, Jean-Baptiste parle même au chef d'état d'Israël et le confronte avec ses péchés (Luc 3: 19-20) et, en récompense, se retrouve en prison. Combien d'entre nous ont une vie intègre comme Daniel, au point que même ses ennemies ont trouvé rien pour l'accuser auprès de ses supérieurs ? (Daniel 6: 4)
"Alors les chefs et les satrapes cherchèrent une occasion d'accuser Daniel en ce qui concernait les affaires du royaume. Mais ils ne purent trouver aucune occasion, ni aucune chose à reprendre, parce qu'il était fidèle, et qu'on n'apercevait chez lui ni faute, ni rien de mauvais. Et ces hommes dirent: Nous ne trouverons aucune occasion contre ce Daniel, à moins que nous n'en trouvions une dans la loi de son Dieu."
Peut être l'église de notre époque a besoin d'être secoué comme celle du premier siècle ??
"Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété, et retint une partie du prix, sa femme le sachant; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres. Pierre lui dit: Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ? S'il n'eût pas été vendu, ne te restait-il pas? Et, après qu'il a été vendu, le prix n'était-il pas à ta disposition? Comment as-tu pu mettre en ton cœur un pareil dessein? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs. Les jeunes gens, s'étant levés, l'enveloppèrent, l'emportèrent, et l'ensevelirent. Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé. Pierre lui adressa la parole: Dis-moi, est-ce à un tel prix que vous avez vendu le champ? Oui, répondit-elle, c'est à ce prix-là. Alors Pierre lui dit: Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t'emporteront. Au même instant, elle tomba aux pieds de l'apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte; ils l'emportèrent, et l'ensevelirent auprès de son mari. Une grande crainte s'empara de toute l'assemblée et de tous ceux qui apprirent ces choses." (Actes 5: 1-11)
Peut-être qu'un peu de "ménage" de la part du Seigneur ne nous ferait du bien ?? Peut-être les scandales des télévangélistes n'en sont que le début ? On dirait qu'on on est toujours les derniers à se rendre compte de notre condition, même les gens du monde peuvent le voir avant nous. Combien d'entre nous pourraient avoir notre vie passé au peigne fin sans que rien de louche ne soit mis en lumière ? Commentant la situation au niveau des missions protestantes C. René Padilla[19] note ce qui suit:
"Among Protestants there is evidence of a growing concern to bridge the separation between religion and life, evangelisation and social action. A number of missionary strategists will continue to emphasize the numerical growth of the church, applying techniques perfected by North American industry and commerce. But time will show the inadequacy of such tools to face problems created by a common religious revival often devoid of ethical concerns. Hope for the future lies with movements in the church that are searching for a more biblical understanding of Christian mission which involves the totality of human life inner personal, social and public aspects." (p. 640)
Évidemment la situation que décrit Padilla existe tout autant dans les églises de l'Amérique du nord que dans le tiers monde. Le mal est partout. Depuis les années que je suis disciple de Jésus Christ, j'observe une chose en rapport avec l'intégrité dans le corps du Seigneur. C'est que les personnes provenant de familles stables où on leur a inculqué l'intégrité et l'honnêteté dès l'enfance maintiennent leurs standards lorsqu'ils viennent au Seigneur (et, par la grâce de Dieu, les améliorent)[20]. Ceux qui viennent de familles où il n'y avait pas ou peu d'exemples d'intégrité ou d'honnêteté, en venant au Seigneur, restent souvent au même niveau. On voit peu de changement chez eux, sinon dans des choses extérieures, facilement repérables. Souvent ces gens profitent des autres (frères, soeurs et incroyants), sans le moindre scrupule. Il y a des cas exceptionnels (Gloire à Dieu) d'individus malhonnêtes qui deviennent réellement droits en passant à travers une conversion profonde, mais de tels cas sont trop rares. Ils sont le fruit d'une action spéciale de l'Esprit Saint et non pas des prédictions de la "foi positive". Il faut que le plein conseil de la Parole soit prêchée et que l'on soit tous confronté avec le standard de Dieu (et aussi avec sa grâce), car on a tous besoin. Même ceux de "bonnes familles" car le compromis peut toucher n'importe qui. Chose certaine, cette tradition d'intégrité que l'on constate chez d'autres groupes évangéliques, n'a pas été cultivé chez nous. Pour s'en rendre compte il suffit de comparer le respect que peut avoir le publique en général pour nos télé-évangélistes pentecôtistes et Billy Graham par exemple) ou encore avec ce que l'apôtre Paul dit aux Thessaloniciens de son propre ministère: "Vous êtes témoins, et Dieu l'est aussi, que nous avions eu envers vous qui croyiez une conduite sainte juste et irréprochable" (1Thess. 2: 10). On paie le prix pour cette négligence en gros scandales publiques (nos télé-évangélistes) et en mini-scandales parmi les gens ordinaires, des frères et soeurs qui nous entourent. En méditant sur cette question, il m'apparaît qu'au bout du compte nos télé-évangélistes ne sont pas des cas exceptionnels de dépravation, ils sont simplement le reflet de ce que nous sommes tous ! Juste dans les versets qui suivent ou pourrait apprendre beaucoup:
"Au reste, frères, puisque vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et que c'est là ce que vous faites, nous vous prions et nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès en progrès. Vous savez, en effet, quels préceptes nous vous avons donnés de la part du Seigneur Jésus. Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification; c'est que vous vous absteniez de l'impudicité; c'est que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et l'honnêteté, sans vous livrer à une convoitise passionnée comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu; c'est que personne n'use envers son frère de fraude et de cupidité dans les affaires, parce que le Seigneur tire vengeance de toutes ces choses, comme nous vous l'avons déjà dit et attesté. Car Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté, mais à la sanctification. Celui donc qui rejette ces préceptes ne rejette pas un homme, mais Dieu, qui vous a aussi donné son Saint-Esprit." (1Thess. 4: 1-8)
Devant le peu d'intérèt des mlieux pentecôtistes pour la sanctification on peut se demander ce que Dieu peut penser de notre l'intégrité. Peut-être quelque chose qui ressemble à:
"Vers un peuple qui ne cesse de m'irriter en face, Sacrifiant dans les jardins, Et brûlant de l'encens sur les briques: Qui fait des sépulcres sa demeure, Et passe la nuit dans les cavernes, Mangeant de la chair de porc, Et ayant dans ses vases des mets impurs; Qui dit: Retire-toi, Ne m'approche pas, car je suis saint!... De pareilles choses, c'est une fumée dans mes narines, C'est un feu qui brûle toujours. Voici ce que j'ai résolu par devers moi: Loin de me taire, je leur ferai porter la peine, Oui, je leur ferai porter la peine. (Esaie 65: 3-6)
Les gens des la "foi positive" aiment bien citer les promesses de Dieu envers nous mais on s'inquiète généralement peu du contexte dans lequel ces promesses se retrouvent (et du but de ces promesses)...
"Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise, à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés." (1Pierre 1: 3-9)
Cette fixation sur les aspects "positifs" de la Parole nous conduit à négliger ou ignorer d'autres aspects de la Parole qui peuvent sembler "négatifs" à nos oreilles nord-américaines comme ce que la Parole nous dit, entre autres, sur la souffrance dans la vie chrétienne. Je me souviens d'avoir entendu dire par un des adeptes de cette "évangile" que dans les Psaumes il y a toujours de la louange, c'est-à-dire quelque chose de "positif". C'est vrai jusqu'à un certain point, mais celui qui avait dit ça n'a jamais lu les Ps. 44 ou 88. Dans le Psaume 44, l'auteur vide son coeur devant Dieu en se plaignant du manque d'action de la part de Dieu et dans Ps. 88, il ne se gène pas pour dire à Dieu qu'il a l'impression que celui-ci veut le détruire ! Ce sont des complaintes ! Les apôtres de pensée positive chrétienne grincheraient bien les dents à lire les paroles de l'Ecclésiaste (7: 2-4):
"Mieux vaut aller dans une maison de deuil que d'aller dans une maison de festin; car c'est là la fin de tout homme, et celui qui vit prend la chose à coeur. Mieux vaut le chagrin que le rire; car avec un visage triste le coeur peut être content. Le coeur des sages est dans la maison de deuil, et le coeur des insensés dans la maison de joie."
Au bout du compte le Dieu de la pensée positive chrétienne est un petit dieu, un petit dieu qui n'est pas vraiment capable d'écouter les cris du coeur de son peuple, car ce dieu peut juste écouter des choses "positives". On dirait un dieu insécure, un dieu qui a constamment besoin d'être rassuré que tout va bien[21]. Le Dieu de la Bible, par contre, est capable d'en prendre. Job[22] a vidé son coeur devant Dieu d'une manière vraiment pas "positive" et Dieu qu'en pense-t-il ? Il dit de Job à son ami, Théman: "Ma colère est enflammée contre toi et tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job.". (Job 42: 7) Un autre verset qui ne "fitte" pas dans cette philosophie c'est Héb. 7: 35-37 qui parle des héros de la foi:
"Des femmes recouvrèrent leurs morts par la résurrection; d'autres furent livrés aux tourments, et n'acceptèrent point de délivrance, afin d'obtenir une meilleure résurrection; d'autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison; ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l'épée, ils allèrent ça et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n'était pas digne, errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre. Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n'ont pas obtenu ce qui leur avait été promis,"
Le Seigneur lui même a crié sur la croix "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" (Mt 27: 46). Son Dieu non plus n'étais pas un dieu de la pensée positive... J'ai déjà entendu un prédicateur pentecôtiste prêcher sur Hébreux 11 en parlant de toutes les miracles reçus par la foi, mais qui coupa nette sa lecture de ce chapitre juste avant le verset 35. Curieux, n'est-ce pas ?? Cette tendance à éviter les aspects "négatifs" de la Parole ou de la vie chrétienne a même son impact jusqu'à dans nos temps de louange durant les réunions où pendant longtemps on a évité les cantiques où il y avait des aspects "négatifs", soit mention d'épreuves, de faiblesses ou de péchés[23]. Touchant le péché dans les prédications George Otis jr.[24] remarque:
"Sin has lost its prominence and most certainly its popularity as a theme for clergymen searching for a word to pass onto their congregations. it isn't so much that preaching on sin and guilt has lost its effectivementess as it is a matter of contemporary pastoral preference (theological fads in other words... - PG). In the foreboding and depressing atmosphere of our troubled times, a man of the cloth, it he is to enjoy success, must give attention to inspirational themes. Topics revolving around love, unity and grace are "hot' sermons and very much in demand by religious constituencies, while messages having to do with sin, guilt and repentance are currently experiencing a steady decline. The popularity of the new "freedom messages" is indicative of the direction of the church. "Inner healing", a la Ruth Carter Stapleton, and PMA (positive mental attitude) seminars are prime examples of the trend away from piercing, involving sermons on guilt and sin." (p. 54)
Personnellement, j'ai eu l'impression que ma "diète" de louange pendant toutes les années 80 était composée strictement de "bonbons" et de choses sucrées, pas assez équilibré à mon goût. Cette tendance à éviter les aspects "négatifs" de la Parole a aussi un impact sur les paroles de prophétie dans nos assemblées. Théoriquement, les personnes qui reçoivent une parole de connaissance ou de prophétie ne sont pas dirigés par autre chose que ce que l'Esprit de Dieu les dicte. Dans la réalité, il y a un phénomène subtile d'auto-censure qui intervient car en écoutant régulièrement les sermons de son pasteur, le bon chrétien sait intuitivement ce qu'il peut dire et ne pas dire, ce qui "passera" et ce qui ne "passera" pas. C'est quand même assez rare qu'il faut réprimander quelqu'un (ayant donné une prophétie) qui est a coté de la coche. Faudrait avoir du "guts" pas mal pour donner une parole qui ne cadre pas avec les enseignements de son pasteur. Ceci a comme résultat que les paroles parmi nous qui réprimandent le péché ou qui parlent du besoin du peuple de Dieu de se repentir sont plutôt rares[25]. Pourtant si on se réfère aux prophètes dans la parole de Dieu, on se rend compte qu'il y a au moins 2/3 des prophéties qui sont "négatives" (parlant du péché, de jugement, etc.). Nous sommes très loin de cette proportion. Sommes nous tellement plus "spirituels" que les enfants d'Israël ou se peut-il que nous nous mentons à nous mêmes sur notre état devant Dieu ?? Songez aussi aux implications du passage suivant (Corinthiens 14: 23-25)
"Si donc, dans une assemblée de l'Église entière, tous parlent en langues, et qu'il survienne des hommes du peuple ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous? Mais si tous prophétisent, et qu'il survienne quelque non-croyant ou un homme du peuple, il est convaincu par tous, il est jugé par tous, les secrets de son coeur sont dévoilés, de telle sorte que, tombant sur sa face, il adorera Dieu, et publiera que Dieu est réellement au milieu de vous."
Si on lit attentivement ce passage on ne peut éviter la conclusion suivante. Pour ce passage soit vrai il faut que les prophéties, au niveau de leur contenu, traitent du péché de manière assez habituelle. Qu'en est-il de nous ?? Peut être si un vrai prophète devait venir se verait-il obligé de dire quelque chose comme ce qui suit ?
"Car c'est un peuple rebelle, Ce sont des enfants menteurs, Des enfants qui ne veulent point écouter la loi de l'Éternel, Qui disent aux voyants: Ne voyez pas! Et aux prophètes: Ne nous prophétisez pas des vérités, Dites-nous des choses flatteuses, Prophétisez des chimères!" (Esaïe 30: 9-10)
Où sommes nous rendus ? Qui d'entre nous n'aime pas se faire dire que les choses vont aller de mieux en mieux, que Dieu veut nous bénir ? Qui veut entendre des choses désagréables ? Qui peut les tolérer ? La vérité est parfois trop pénible... Que dirait Jérémie de nos prophètes ?
"Dans la même année, au commencement du règne
de Sédécias, roi de Juda, le cinquième mois de la quatrième
année, Hanania, fils d'Azzur, prophète, de Gabaon, me dit
dans la maison de l'Éternel, en présence des sacrificateurs
et de tout le peuple: Ainsi parle l'Éternel des armées, le
Dieu d'Israël: Je brise le joug du roi de Babylone! Encore deux années,
et je fais revenir dans ce lieu tous les ustensiles de la maison de l'Éternel,
que Nebucadnetsar, roi de Babylone, a enlevés de ce lieu, et qu'il
a emportés à Babylone. Et je ferai revenir dans ce lieu, dit
l'Éternel, Jeconia, fils de Jojakim, roi de Juda, et tous les captifs
de Juda, qui sont allés à Babylone; car je briserai le joug
du roi de Babylone. Jérémie, le prophète, répondit
à Hanania, le prophète, en présence des sacrificateurs
et de tout le peuple qui se tenaient dans la maison de l'Éternel.
Jérémie, le prophète, dit: Amen! que l'Éternel
fasse ainsi! que l'Éternel accomplisse les paroles que tu as prophétisées,
et qu'il fasse revenir de Babylone en ce lieu les ustensiles de la maison
de l'Éternel et tous les captifs! Seulement écoute cette parole
que je prononce à tes oreilles et aux oreilles de tout le peuple:
Les prophètes qui ont paru avant moi et avant toi, dès les
temps anciens, ont prophétisé contre des pays puissants et
de grands royaumes la guerre, le malheur et la peste; mais si un prophète
prophétise la paix, c'est par l'accomplissement de ce qu'il prophétise
qu'il sera reconnu comme véritablement envoyé par l'Éternel."
(Jérémie 28: 1-9)
Si nous nous insistons que les prophéties doivent comporter une "bénédiction"
ce n'est pas un critère qui intéresse Dieu car on voit des prophéties
dans la Parole où ce n'est pas du tout le cas.
"Alors l'esprit de l'Éternel tomba sur moi. Et il me dit: Dis:
Ainsi parle l'Éternel: Vous parlez de la sorte, maison d'Israël!
Et ce qui vous monte à la pensée, je le sais. Vous avez multiplié
les meurtres dans cette ville, Vous avez rempli les rues de cadavres. C'est
pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Vos morts que vous avez
étendus au milieu d'elle, C'est la viande, et elle, c'est la chaudière;
Mais vous, on vous en fera sortir. Vous avez peur de l'épée,
Et je ferai venir sur vous l'épée, Dit le Seigneur, l'Éternel.
Je vous ferai sortir du milieu d'elle, Je vous livrerai entre les mains
des étrangers, Et j'exercerai contre vous mes jugements. Vous tomberez
par l'épée, Je vous jugerai sur la frontière d'Israël,
Et vous saurez que je suis l'Éternel. La ville ne sera pas pour vous
une chaudière, Et vous ne serez pas la viande au milieu d'elle: C'est
sur la frontière d'Israël que je vous jugerai. Et vous saurez
que je suis l'Éternel, Dont vous n'avez pas suivi les ordonnances
Et pratiqué les lois; Mais vous avez agi selon les lois des nations
qui vous entourent.Comme je prophétisais, Pelathia, fils de Benaja,
mourut. Je tombai sur ma face, et je m'écriai à haute
voix: Ah! Seigneur Éternel, anéantiras-tu ce qui reste d'Israël
?" (Ezéchiel 11: 5-13)
N'est-ce pas "bénissant" qu'un des auditeurs tombe raide
mort pendant la prophétie ?? La tendance à éviter les
aspects "négatifs" de la Parole a aussi son impact dans l'évangélisation
et dans nos tentatives d'amener des gens à Christ. Dans nos appels
(dans nos réunions à la fin de nos sermons) on ose rarement
confronter le péché et surtout on ose moins confronter l'inconverti
avec le prix à payer pour suivre Christ[26].
Que celui-ci peut y perdre ses amis, sa famille même sa femme car Jésus
nous dit expressément que celui qui aime ceux-ci plus que Lui ne sont
pas dignes de le suivre (Luc 14: 26)!! Les théologiens d'autrefois
n'ont jamais connu cette "Évangile de la pensée positive".
John Bunyan par exemple, dans son ouvrage classique "Le voyage du Pèlerin",
nous présente une allégorie de la vie chrétienne. Le
personnage principale "Chrétien" commence son voyage en faisant
le choix douloureux de quitter sa femme et ses enfants pour suivre le "Seigneur
de la Montagne". Le récit ne se prive pas de raconter aussi de
nombreuses épreuves, combats et de martyres que les pèlerins
peuvent rencontrer en chemin. A mon avis un livre comme le "Le voyage
du Pèlerin" constitue un excellent antidote à "l'évangile
de la pensée positive". Si on considère, dans le Nouveau
Testament, la vie de Saul, le Seigneur ne s'est pas gêné, dès
le moment de la conversion, pour lui révéler "ce qu'il
doit souffrir pour mon nom" (Actes 9: 16) !! Paul et Barnabas, à
leur tour, lorsqu'ils prêchèrent la (vrai) Bonne Nouvelle, ne
se génèrent pas non plus de mettre les chrétiens devant
le fait que suivre Christ implique des souffrances[27].
Songez comment l'apôtre Pierre, dans le premier sermon de l'histoire
de l'Eglise répond à une question qu'on lui posait (Actes 2:
37b-38):
"Hommes frères, que ferons-nous? Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit.
C'est en faisant un appel à la repentance que les apôtres ont construit l'Eglise. Aujourd'hui on la construit avec du bois et du chaume (des promesses vides de bénédictions et de prospérité)... Écoutez les paroles de notre Seigneur et cherchez-y des germes de "pensée positive chrétienne"...
"Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes. Mais, malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation! Malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim! Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les larmes! Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous, car c'est ainsi qu'agissaient leurs pères à l'égard des faux prophètes!" (Luc 6: 22-26)
Paul écrit aux Thessaloniciens
"nous envoyâmes Timothée, notre frère, ministre de Dieu dans l'Évangile de Christ, pour vous affermir et vous exhorter au sujet de votre foi, afin que personne ne fût ébranlé au milieu des tribulations présentes; car vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela." (1Thess 3: 2-3)
Le Seigneur de l'Apocalypse ne se gène pas non plus d'annoncer aux chrétiens de l'église de Smyrne qu'ils devront souffrir pour Lui.
"Je connais ta tribulation et ta pauvreté (bien que tu sois riche), et les calomnies de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan. Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie." (Apoc. 2: 9-10)
Combien de nos prophètes du Word-Faith auraient le courage d'annoncer une telle "bonne nouvelle" ?? Nous, on a banalisé l'appel à la repentance[28] en ne parlant que de bénédictions sans fin et on fait miroiter la vie chrétienne comme s'il s'agissait d'un "Happy Ending" Hollywoodien tandis que Jésus, lui, lançait un défi à chacun de prendre sa croix et de le suivre et en avertissant ceux et celles qui l'écoutaient de bien peser leur décision. Il illustre ce point dans les deux mini-paraboles du roi qui part en guerre ou du propriétaire qui veut se bâtir une tour qui, tous les deux, s'arrêtent pour calculer s'ils ont de quoi pour terminer leur projet (Luc 14: 27-32). Ce que la Parole nous enseigne, au fond, c'est que c'est bon pour notre santé spirituelle de contempler ce que d'autres ont sacrifiés pour suivre Christ. Le fondateur de la Réforme, Martin Luther, dans son pamphlet La liberté du chrétien, avait très bien compris la chose:
Cette royauté chrétienne n’est pas une puissance terrestre. Le chrétien n’est pas destiné à posséder et à s’assujettir les choses d’ici-bas, ainsi que l’ont fait quelques prêtres insensés?; non,? la terre appartient aux princes, aux rois, aux puissants. Quant à nous, nous serons toujours assujettis aux volontés des autres, exposés à toutes sortes de maux, et même à la mort. Plus nous serons de vrais chrétiens, plus aussi nos souffrances seront grandes et variées?; témoins Jésus-Christ, notre chef, et tous les saints, ses frères, qui ont eu part à la communion de son agonie et de sa mort.
Écoutons ce que nous dit Otis touchant l'appel à la repentance dans nos églises évangeliques modernes:
"This dearth[29] of understanding (as to the nature of virtuous love) is nowhere manifest as openly as in the contemporary, evangelistic altar call. The modern-day evangelist may lack theological polish, but the really important ingredient for success comes in another package - he must be able to sell. We are living in the era of the pragmatic sermon. Don't analyze its moral content, the question is: Does it work ? The rookie evangelist will hone his techniques by studiously observing automobile salesmen at their best on late-night TV. The next evening salvation is offered as "the deal of a lifetime". "Ladies and gentlemen, just look at these extras ! He comes to you, eagerly waiting to save you from hell and give you heaven in return. And if that's not enough, consider the fact that He brings you peace and joy for your present enjoyment. Also for your comfort, He will heal your body, your finances, your grades - anything you need is available and at the disposal of those who but believe." The final pitch comes sounding something like this: "You can enjoy all of this at absolutely no extra cost - that's right, no extra cost. And Jesus Christ is the only One who can make your life the envy of your friends, so hurry down the aisle today while the offer lasts !"
From the very beginning, people are taught that their is no cost involved with salvation. Jesus is presented to us as our servant, rather than our Lord. All that appeals to our interests is highlighted so that our reaction to salvation becomes a purely selfish exercise. This is nothing less than a humanistic invasion into christianity." (1978 pp. 96-97)
A la question de propager un christianisme sans exigences Francis Schaeffer note (Complete Works, vol. I; 1994: 139)
"As we get ready to tell the person God's answer to his or her need, we must make sure that the individual understands that we are talking about real truth, and not about something vaguely religious which seems to work psychologically. We must make sure that he understands that we are talking about real guilt before God, and we are not offering him merely relief for his guilt feelings. We must make sure that he understands that we are talking to him about history, and that the death of Jesus was not just an ideal or a symbol but a fact of space and time. If we are talking to a person who would not understand the term "spacetime history" we can say: "Do you believe that Jesus died in the sense that if you had been there that day, you could have rubbed your finger on the cross and got a splinter in it?" Until he understands the importance of these three things, he is not rendy to become a Christian."
Sur cette question Edward Veith[30] remarque (1994: 194)
"Christians must be leery of wholly pleasant theologies void of hard edges or challenging demands. Such a faith is nothing more that wish-fulfilment and seductive fantasies. Today even conservative and evangelical ministers seldom mention Hell. Certainly people don't like to hear about "that", and we do not want to scare them away. But people have never liked to hear about Hell. The difference is that today, unlike any other time in history, many people are unwilling to believe (as if belief were a function of the will) what they do not enjoy (as if aesthetic considerations determined questions of fact)."
CS Lewis, comme toujours nous propose des remarques fort pertinentes touchant la recherche de "réconfort" uniquement terrestre (1985: 46-47):
"Je voudrais pouvoir tenir des propos plus agréables mais j'ai le devoir d'annoncer ce que je crois vrai. Naturellement, je reconnais que la religion chrétienne est, à la longue, un réconfort ineffable; mais elle ne commence pas dans la quiétude. Elle débute dans l'effroi que j'ai décrit et il ne sert à rien d'essayer d'atteindre cette consolation sans préalablement subir cette épouvante. En religion comme dans la guerre ou tout autre domaine, la quiétude est la seule chose que vous ne pouvez trouver en la cherchant. Si vous rechercher la vérité, il se peut que pour finir vous trouviez la sérénité; si vous recherchez la quiétude, vous ne trouverez ni la sérénité ni la vérité - seulement des mièvreries et une réflexion très optimiste, pour sombrer finalement dans le désespoir. Si la plupart d'entre nous avons dépassé le stade du penser optimiste d'avant-guerre au sujet de la politique internationale, il est temps que nous fassions de même concernant la religion. " (pp. Les fondemenents du christianisme. 1985 Éditions LLB Guebwiller, France (coll. Points de vue) 236 p.)
Ça ne serait pas juste de dire que cette tendance à éviter les aspects "négatifs" de la Parole est conscient car je ne crois pas que ce soit toujours le cas, mais ça n'évite pas le fait que cette tendance a été très fort parmi nous au cours des 15 dernières années. Dans l'ancien testament, que fait Dieu au moment de faire entrer en triomphe le peuple de Dieu dans la terre promise ? Selon notre mentalité actuelle on aurait tendance a raisonner comme suit: C'est un moment de gloire et de réjouissance. C'est un moment positif ! Il ne faudrait pas mentionner quelque chose de "négatif". Si on se fie à notre théologie ça ne serait vraiment pas le moment ! Et pourtant que fait Dieu ? Il leur lance un défi, un choix dur, où il est question de plein de choses "négatives". Dieu ne se gène pas de souligner les conséquences du péché. IL les force à prendre une décision rationnelle, une décision bien pesée et de réfléchir aux conséquences de cette décision. (Deut. 28: 15-68)
"Mais si tu n'obéis point à la voix de l'Éternel, ton Dieu, si tu n'observes pas et ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses lois que je te prescris aujourd'hui, voici toutes les malédictions qui viendront sur toi et qui seront ton partage: Tu seras maudit dans la ville, et tu seras maudit dans les champs. Ta corbeille et ta huche seront maudites. Le fruit de tes entrailles, le fruit de ton sol, les portées de ton gros et de ton menu bétail, toutes ces choses seront maudites. Tu seras maudit à ton arrivée, et tu seras maudit à ton départ. L'Éternel enverra contre toi la malédiction, le trouble et la menace, au milieu de toutes les entreprises que tu feras, jusqu'à ce que tu sois détruit, jusqu'à ce que tu périsses promptement, à cause de la méchanceté de tes actions, qui t'aura porté à m'abandonner. L'Éternel attachera à toi la peste, jusqu'à ce qu'elle te consume dans le pays dont tu vas entrer en possession. L'Éternel te frappera de consomption, de fièvre, d'inflammation, de chaleur brûlante, de dessèchement, de jaunisse et de gangrène, qui te poursuivront jusqu'à ce que tu périsses. Le ciel sur ta tête sera d'airain, et la terre sous toi sera de fer. L'Éternel enverra pour pluie à ton pays de la poussière et de la poudre; il en descendra du ciel sur toi jusqu'à ce que tu sois détruit. L'Éternel te fera battre par tes ennemis; tu sortiras contre eux par un seul chemin, et tu t'enfuiras devant eux par sept chemins; et tu seras un objet d'effroi pour tous les royaumes de la terre. Ton cadavre sera la pâture de tous les oiseaux du ciel et des bêtes de la terre; et il n'y aura personne pour les troubler. L'Éternel te frappera de l'ulcère d'Égypte, d'hémorrhoïdes, de gale et de teigne, dont tu ne pourras guérir. L'Éternel te frappera de délire, d'aveuglement, d'égarement d'esprit, et tu tâtonneras en plein midi comme l'aveugle dans l'obscurité, tu n'auras point de succès dans tes entreprises, et tu seras tous les jours opprimé, dépouillé, et il n'y aura personne pour venir à ton secours. Tu auras une fiancée, et un autre homme couchera avec elle; tu bâtiras une maison, et tu ne l'habiteras pas; tu planteras une vigne, et tu n'en jouiras pas. Ton boeuf sera égorgé sous tes yeux, et tu n'en mangeras pas; ton âne sera enlevé devant toi, et on ne te le rendra pas; tes brebis seront données à tes ennemis, et il n'y aura personne pour venir à ton secours. Tes fils et tes filles seront livrés à un autre peuple, tes yeux le verront et languiront tout le jour après eux, et ta main sera sans force. Un peuple que tu n'auras point connu mangera le fruit de ton sol et tout le produit de ton travail, et tu seras tous les jours opprimé et écrasé. Le spectacle que tu auras sous les yeux te jettera dans le délire. L'Éternel te frappera aux genoux et aux cuisses d'un ulcère malin dont tu ne pourras guérir, il te frappera depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête. L'Éternel te fera marcher, toi et ton roi que tu auras établi sur toi, vers une nation que tu n'auras point connue, ni toi ni tes pères. Et là, tu serviras d'autres dieux, du bois et de la pierre. Et tu seras un sujet d'étonnement, de sarcasme et de raillerie, parmi tous les peuples chez qui l'Éternel te mènera. Tu transporteras sur ton champ beaucoup de semence; et tu feras une faible récolte, car les sauterelles la dévoreront. Tu planteras des vignes et tu les cultiveras; et tu ne boiras pas de vin et tu ne feras pas de récolte, car les vers la mangeront. Tu auras des oliviers dans toute l'étendue de ton pays; et tu ne t'oindras pas d'huile, car tes olives tomberont. Tu engendreras des fils et des filles; et ils ne seront pas à toi, car ils iront en captivité. Les insectes prendront possession de tous tes arbres et du fruit de ton sol. L'étranger qui sera au milieu de toi s'élèvera toujours plus au-dessus de toi, et toi, tu descendras toujours plus bas; Toutes ces malédictions viendront sur toi, elles te poursuivront et seront ton partage jusqu'à ce que tu sois détruit, parce que tu n'auras pas obéi à la voix de l'Éternel, ton Dieu, parce que tu n'auras pas observé ses commandements et ses lois qu'il te prescrit. Elles seront à jamais pour toi et pour tes descendants comme des signes et des prodiges. Pour n'avoir pas, au milieu de l'abondance de toutes choses, servi l'Éternel, ton Dieu, avec joie et de bon coeur, tu serviras, au milieu de la faim, de la soif, de la nudité et de la disette de toutes choses, tes ennemis que l'Éternel enverra contre toi. Il mettra un joug de fer sur ton cou, jusqu'à ce qu'il t'ait détruit. L'Éternel fera partir de loin, des extrémités de la terre, une nation qui fondra sur toi d'un vol d'aigle, une nation dont tu n'entendras point la langue, une nation au visage farouche, et qui n'aura ni respect pour le vieillard ni pitié pour l'enfant. Elle mangera le fruit de tes troupeaux et le fruit de ton sol, jusqu'à ce que tu sois détruit; elle ne te laissera ni blé, ni moût, ni huile, ni portées de ton gros et de ton menu bétail, jusqu'à ce qu'elle t'ait fait périr. Elle t'assiégera dans toutes tes portes, jusqu'à ce que tes murailles tombent, ces hautes et fortes murailles sur lesquelles tu auras placé ta confiance dans toute l'étendue de ton pays; elle t'assiégera dans toutes tes portes, dans tout le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne. Au milieu de l'angoisse et de la détresse où te réduira ton ennemi, tu mangeras le fruit de tes entrailles, la chair de tes fils et de tes filles que l'Éternel, ton Dieu, t'aura donnés. L'homme d'entre vous le plus délicat et le plus habitué à la mollesse aura un oeil sans pitié pour son frère, pour la femme qui repose sur son sein, pour ceux de ses enfants qu'il a épargnés; il ne donnera à aucun d'eux de la chair de ses enfants dont il fait sa nourriture, parce qu'il ne lui reste plus rien au milieu de l'angoisse et de la détresse où te réduira ton ennemi dans toutes tes portes. La femme d'entre vous la plus délicate et la plus habituée à la mollesse, qui par mollesse et par délicatesse n'essayait pas de poser à terre la plante de son pied, aura un oeil sans pitié pour le mari qui repose sur son sein, pour son fils et pour sa fille; elle ne leur donnera rien de l'arrière-faix sorti d'entre ses pieds et des enfants qu'elle mettra au monde, car, manquant de tout, elle en fera secrètement sa nourriture au milieu de l'angoisse et de la détresse où te réduira ton ennemi dans tes portes. Si tu n'observes pas et ne mets pas en pratique toutes les paroles de cette loi, écrites dans ce livre, si tu ne crains pas ce nom glorieux et redoutable de l'Éternel, ton Dieu, l'Éternel te frappera miraculeusement, toi et ta postérité, par des plaies grandes et de longue durée, par des maladies graves et opiniâtres. Il amènera sur toi toutes les maladies d'Égypte, devant lesquelles tu tremblais; et elles s'attacheront à toi. Et même, l'Éternel fera venir sur toi, jusqu'à ce que tu sois détruit, toutes sortes de maladies et de plaies qui ne sont point mentionnées dans le livre de cette loi. Après avoir été aussi nombreux que les étoiles du ciel, vous ne resterez qu'un petit nombre, parce que tu n'auras point obéi à la voix de l'Éternel, ton Dieu. De même que l'Éternel prenait plaisir à vous faire du bien et à vous multiplier, de même l'Éternel prendra plaisir à vous faire périr et à vous détruire; et vous serez arrachés du pays dont tu vas entrer en possession. L'Éternel te dispersera parmi tous les peuples, d'une extrémité de la terre à l'autre; et là, tu serviras d'autres dieux que n'ont connus ni toi, ni tes pères, du bois et de la pierre. Parmi ces nations, tu ne seras pas tranquille, et tu n'auras pas un lieu de repos pour la plante de tes pieds. L'Éternel rendra ton coeur agité, tes yeux languissants, ton âme souffrante. Ta vie sera comme en suspens devant toi, tu trembleras la nuit et le jour, tu douteras de ton existence. Dans l'effroi qui remplira ton coeur et en présence de ce que tes yeux verront, tu diras le matin: Puisse le soir être là! et tu diras le soir: Puisse le matin être là ! Et l'Éternel te ramènera sur des navires en Égypte, et tu feras ce chemin dont je t'avais dit: Tu ne le reverras plus! Là, vous vous offrirez en vente à vos ennemis, comme esclaves et comme servantes; et il n'y aura personne pour vous acheter.
C'est curieux, mais la liste des malédictions (54 versets) est pratiquement quatre fois plus longue que la liste des bénédictions qui précède (14 versets). Les choses "négatives" ne le gênent pas, LUI !! Pour Dieu la repentance ce n'est pas juste un mot sans contenu, mais c'est un choix dont il faut examiner bien attentivement les conséquences.
(Deut. 30: 15-19) "Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. Car je te prescris aujourd'hui d'aimer l'Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d'observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que l'Éternel, ton Dieu, te bénisse dans le pays dont tu vas entrer en possession. Mais si ton coeur se détourne, si tu n'obéis point, et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, je vous déclare aujourd'hui que vous périrez, que vous ne prolongerez point vos jours dans le pays dont vous allez entrer en possession, après avoir passé le Jourdain. J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité,"
Dans le chapitre suivant (Deut. 32: 1-47), Moïse compose un chant. Est-ce un chant de victoire, un chant "positif" ? Non ! Il s'agit plutôt d'une prophétie de la rébellion d'Israël et du jugement terrible de Dieu à venir. Dans Jérémie 21: 8, Dieu, devant un peuple rebelle, les offre la repentance, mais encore sous forme d'un choix dur, sans promesses vides, ni compromis ni basses flatteries.
"Tu diras à ce peuple: Ainsi parle l'Éternel: Voici, je mets devant vous le chemin de la vie et le chemin de la mort."
D'ailleurs dans le Nouveau Testament on retrouve, dans un contexte semblable (une autre occasion glorieuse), on retrouve la Transfiguration de Jésus sur le mont . De quoi est-il question à ce moment-là ?? Quel est le sujet de conversation ?? De la Rédemption complète de la Création, de l'arrivée de la Nouvelle Jérusalem ?? Non, mais...
"Environ huit jours après qu'il eut dit ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage changea, et son vêtement devint d'une éclatante blancheur. Et voici, deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et Élie, qui, apparaissant dans la gloire, parlaient de son dépar[31]t qu'il allait accomplir à Jérusalem." (Luc 9: 28-31)
Trop souvent, dans nos églises, on encourage les gens à prendre une décision émotionnelle, une décision superficielle. On leur fait jouer une petite musique siroteuse pendant l'appel afin de bien manipuler leurs émotions et on leur mentionne jamais (ou rarement) au moment de cet appel que la vie chrétienne comporte des risques, des sacrifices et des décisions difficiles. Ils devront l'apprendre tous seuls ! On leur vend de la camelote!! C'est triste mais il y a parmi nous un bon nombre de chrétiens qu'on a recruté avec ce genre d'appel "bonbon" et qui n'ont pas eu à calculer le prix personnel à payer en s'engageant dans la vie chrétienne[32]. Si on regard l'attitude adopté par l'apôtre Paul on constate qu'il a toujours annoncé un évangile exigeant, même si cela pouvait agacer des gens en autorité qui parfois avaient un pouvoir de vie ou de mort sur lui.
"Quelques jours après, Félix vint avec Drusille, sa femme, qui était Juive, et il fit appeler Paul. Il l'entendit sur la foi en Christ. mais, comme Paul discourait sur la justice, sur la tempérance, et sur le jugement à venir, Félix, effrayé, dit: Pour le moment retire-toi; quand j'en trouverai l'occasion, je te rappellerai." (Actes 24: 24-25)
On constate aussi que Jésus dans son ministère ne faisait pas appel à la méthode "marketing" pour diffuser son message. Par exemple en Jean 8: 12-29 livre un discours sur sa relation avec le Père et son autorité. Quel est le résultat ? Au verset 30 on nous dit que "Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui". Mais que fait Jésus alors ? Leur offre t-il sur le champ de l'accepter comme Sauveur ? Leur offre t-il un bonbon sucré pour les "aider" dans le bon chemin ? Pas tout à fait
"Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Ils lui répondirent: Nous sommes la postérité d'Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne; comment dis-tu: Vous deviendrez libres? En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché. Or, l'esclave ne demeure pas toujours dans la maison; le fils y demeure toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. Je sais que vous êtes la postérité d'Abraham; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous. Je dis ce que j'ai vu chez mon Père; et vous, vous faites ce que vous avez entendu de la part de votre père. Ils lui répondirent: Notre père, c'est Abraham. Jésus leur dit: Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les oeuvres d'Abraham. Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j'ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l'a point fait. Vous faites les oeuvres de votre père. Ils lui dirent: Nous ne sommes pas des enfants illégitimes; nous avons un seul Père, Dieu. Jésus leur dit: Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé. Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole. Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge. Et moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. Qui de vous me convaincra de péché? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu; vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu. Les Juifs lui répondirent: N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu as un démon? Jésus répliqua: Je n'ai point de démon; mais j'honore mon Père, et vous m'outragez. Je ne cherche point ma gloire; il en est un qui la cherche et qui juge. En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. Maintenant, lui dirent les Juifs, nous connaissons que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et tu dis: Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être? Jésus répondit: Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien. C'est mon Père qui me glorifie, lui que vous dites être votre Dieu, et que vous ne connaissez pas. Pour moi, je le connais; et, si je disais que je ne le connais pas, je serais semblable à vous, un menteur. Mais je le connais, et je garde sa parole. Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrait mon jour: il l'a vu, et il s'est réjoui. Les Juifs lui dirent: Tu n'as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham! Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, je suis. Là-dessus, ils prirent des pierres pour les jeter contre lui; mais Jésus se cacha, et il sortit du temple." (Jean 8: 31-59)
On voit que la vie éternelle est capitale pour Jésus et il ne hésite pas à provoquer même ceux qui lui sont favorables afin que sa grâce fasse pleinement son effet dans leurs vies. Le "marketing" et la croissance du budget corporatif, très peu pour lui. On a récolté, à cause de cette négligence, une génération de chrétiens fades, qui tombent dans le péché sans discernement, sans même savoir ce qu'ils leur arrivent, sans même savoir comment résister. Personne, d'ailleurs, ne leur a dit qu'il fallait résister !! (car ça c'est "négatif" ce genre de chose, on leur a dit évidemment de confesser la "victoire" par contre !!). Ils sont confus, même en ce qui concerne les fondements de la foi et du comportement du chrétien. Se peut-il qu'ils sont des chrétiens superficiels tout simplement parce qu'ils ont répondu à un appel superficiel ?? Plus j'y pense d'ailleurs, plus je crois qu'il y le taux astronomique de divorces chez nous et du peu de persévérance que nous démontrons dans nos engagements est le reflet des engagements superficiels qu'on a encouragé vis-à-vis le Seigneur. Ce n'est pas sans rappeler l'avertissement que nous a donné le Seigneur en Luc 6: 46-49:
"Pourquoi m'appelez-vous Seigneur, Seigneur! et ne faites-vous pas ce que je dis? Je vous montrerai à qui est semblable tout homme qui vient à moi, entend mes paroles, et les met en pratique. Il est semblable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé profondément, et a posé le fondement sur le roc. Une inondation est venue, et le torrent s'est jeté contre cette maison, sans pouvoir l'ébranler, parce qu'elle était bien bâtie. Mais celui qui entend, et ne met pas en pratique, est semblable à un homme qui a bâti une maison sur la terre, sans fondement. Le torrent s'est jeté contre elle: aussitôt elle est tombée, et la ruine de cette maison a été grande."
Chose certaine, on ne fera pas des missionnaires ou des pasteurs de ces chrétiens gavés de foi positive car c'est pas assez "payant". J'ai d'ailleurs entendu il y a peu de temps un évangéliste se plaindre de la piètre qualité des candidats actuels au pastorat. Il se plaignait surtout de leur attitude de plus en plus mercenaire et le peu d'esprit de sacrifice à la cause de l'évangile. Mais de quoi se plaint-il ? Il ne fait que récolter ce qu'il a semé car lui-même a enseigné partout cette doctrine de la "pensée positive chrétienne" (même si on peut constater grâce aux fruits qu'il porte qu'il avait un fondement mieux balancé que la doctrine qu'il enseigne) !! Même s'ils ont eu droit à des miracles, souvent ces chrétiens (convertis à la "pensée positive chrétienne") retournent graduellement dans le monde, car à un moment donné la vie chrétienne n'est plus "le fun". La persévérance, c'est platte. La gang de "chums" qui sont devenus chrétiens ensemble s'est disloquée ou ne marche plus. Ils ne touchent la vie chrétienne que superficiellement. Souvent il suffit d'un peu d'irritation avec des frères ou des soeurs dans le Seigneur ou encore d'un "bon" coup dur pour qu'ils retournent dans le monde. On peut parfois se demander même s'ils ont une quelconque idée que la vie chrétienne implique une repentance des péchés, un renoncement du monde, pas juste quelque chose sur papier, mais un vrai changement de vie. Ils ne démontrent pas de conversion profonde. Il y a beaucoup de ces gens qui sont passés par les portes "tournantes" de notre assemblée. Plusieurs d'entre eux, comme de "bons catholiques", viennent encore à nos réunions à Noël ou à Pâques, mais on ne les voit presque pas autrement sauf s'il y a une occasion "spéciale".
Je me suis déjà demandé ce qui nous arriverait s'il advenait une vraie persécution chez nous. Sans que ça devienne aussi dure qu'en URSS comme sous Staline où un chrétien qui témoignait ou organisait des réunions se ramassait avec 25 ans (ferme) de travaux dans des camps de concentration en Sibérie. La plupart n'en revenait pas... Disons qu'il s'agisse seulement d'une persécution économique. Disons que le prix pour demeurer chrétien fidèle soit celle-ci: renier Jésus comme seul Sauveur et garder son travail (ou s'en faire offrir un bon si on n'en a pas) ou encore accepter un travail payé au moitié du présent salaire. Je me demande si même la moitié de notre assemblée resteraient fidèles. On est bien attaché à notre niveau de vie... plus qu'on ne le pense. Je crains que notre grande "foi" ne tombe comme une façade pastiche, comme une grande illusion. On verrait se manifester à ce moment-là quelle est notre force de persévérance réelle. Je me demande, si une épreuve réelle de notre foi surviendrait, si vraiment on serait prêt ??? Qu'en resterait-il ?? On ne se pose jamais la question: Voulons nous peut être un peu trop les bénédictions ?? Serions nous réellement prêts à mourir pour Christ si nos circonstances le demandaient ? Écoutez ces paroles de Richard Wurmbrand[33] qui a enduré 14 ans dans les camps communistes de la Roumanie pour sa foi.
"Tout membre d'une communauté évangélique sait
que «celui qui croira et sera baptisé sera sauvé.»
(Marc 16: 16), et il pense que cela suffit. Jésus n'a pas dit
«celui qui croira seulement et sera baptisé sera sauvé.».
Une condition supplémentaire doit en effet être remplie pour
être sauvé: le croyant doit persévérer jusqu'à
la fin.
A l'heure actuelle, nous cherchons des solutions rapides aux problèmes.
Un mari brutal ? Une épouse qui n'arrête pas de faire des reproches
? Il n'y a qu'à divorcer ! Des enfants rebelles ? Des parents âgés
à charge ? Séparez-vous d'eux ! Des amis infidèles
? Rompez tout lien ! Des collègues de travail ou des employés
malhonnêtes ? Renvoyez-les ! De faux enseignements dans la communauté
? Quittez-la! Tenté de pécher ? Allez-y ! Rongé par
le doute ? Renoncez à votre foi ! Et cependant, Jésus nous
recommande exactement le contraire: supportez avec patience, non pas juste
un moment, mais jusqu'au bout. L'Église rend hommage à ceux
et celles qui n'ont pas tenté d'échapper à la souffrance
(les martyres - PG)."
Parfois je me demande si une parole prophétique véritable venait à la porte de nos église évangéliques nord-américaines, si elle ne serait pas la suivante:
"La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de l'Éternel, en ces mots: Place-toi à la porte de la maison de l'Éternel, Et là publie cette parole, Et dis: Écoutez la parole de l'Éternel, Vous tous, hommes de Juda, qui entrez par ces portes, Pour vous prosterner devant l'Éternel! Ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël: Réformez vos voies et vos oeuvres, Et je vous laisserai demeurer dans ce lieu. Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, en disant: C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel, Le temple de l'Éternel! Si vous réformez vos voies et vos oeuvres, Si vous pratiquez la justice envers les uns et les autres, Si vous n'opprimez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve, Si vous ne répandez pas en ce lieu le sang innocent, Et si vous n'allez pas après d'autres dieux, pour votre malheur, Alors je vous laisserai demeurer dans ce lieu, Dans le pays que j'ai donné à vos pères, D'éternité en éternité. Mais voici, vous vous livrez à des espérances trompeuses, Qui ne servent à rien. Quoi! dérober, tuer, commettre des adultères, Jurer faussement, offrir de l'encens à Baal, Aller après d'autres dieux que vous ne connaissez pas!... Puis vous venez vous présenter devant moi, Dans cette maison sur laquelle mon nom est invoqué, Et vous dites: Nous sommes délivrés!... Et c'est afin de commettre toutes ces abominations! Est-elle à vos yeux une caverne de voleurs, Cette maison sur laquelle mon nom est invoqué? Je le vois moi-même, dit l'Éternel. Allez donc au lieu qui m'était consacré à Silo, Où j'avais fait autrefois résider mon nom. Et voyez comment je l'ai traité, A cause de la méchanceté de mon peuple d'Israël. Et maintenant, puisque vous avez commis toutes ces actions, Dit l'Éternel, Puisque je vous ai parlé dès le matin et que vous n'avez pas écouté, Puisque je vous ai appelés et que vous n'avez pas répondu, Je traiterai la maison sur laquelle mon nom est invoqué, Sur laquelle vous faites reposer votre confiance, Et le lieu que j'ai donné à vous et à vos pères, De la même manière que j'ai traité Silo; Et je vous rejetterai loin de ma face, Comme j'ai rejeté tous vos frères, Toute la postérité d'Éphraïm." (Jér. 7: 1-15)
Un autre aspect de la Parole qu'on néglige à mon avis à cause de la mode de la pensée positive chrétienne c'est la confession des péchés parce que ça contredit directement l'idée de ne confesser que des choses positives. Remarque qu'il y a peut être pas rapport... mais ce n'est pas grave. Ce qui est grave c'est qu'on puisse négliger un enseignement clair de la Parole (Jacques 5: 16 et 1 Jean 1: 9).
J'ai déjà pensé à une formule qu'on pourrait mettre en pratique chez nous. Ça serait de demander ceux et celles qui avancent pour la repentance d'avouer leur péchés à Dieu. L'idée, ici, ce n'est pas que ça devienne quelque chose de morbide et que tous soient mis au courant des vols, adultères ou mensonges que certains ont pu faire. Ça ne glorifierait que la chaire. Il faudrait demander tout simplement les personnes avancées d'avouer les fautes dont ils sont conscients à Dieu et en leur disant explicitement que personne d'autre n'a à être au courant. Il ne faut pas non plus encourager certaines personnes à débuter des recherches morbides pour leur péché contre le Saint Esprit, c'est pourquoi il faut leur dire de s'en tenir à des péchés dont ils sont conscients (distinguer entre culpabilité et condamnation).
Mon intérêt premier ici ce n'est pas d'imposer absolument l'idée de la confession des péchés au moment de la conversion, mais plutôt m'assurer que cet enseignement devient effectivement enseigné et pratiqué chez nous. Le lieu de la mettre en pratique ne me préoccupe pas tellement, car je crois que l'Esprit Saint peut nous donner la sagesse pour nous montrer le meilleur moyen. Je pense, par contre, que si cet enseignement apparait dans la Parole (même si ce n'est pas aussi important que d'autres) il ne faut pas le négliger car il n'a sûrement pas été mis là pour rien !! Je crois qu'il peut être une source de victoire sur le péché. C'est surtout dans le cas de personnes qui luttent avec un péché chronique, qu'il peut être utile d'avouer ses péchés à un frère ou à une soeur fiable[34] afin que celui qui lutte puisse avoir un support dans la prière et avoir quelqu'un à qui répondre de son progrès (en accord avec Jacques 5: 16). Sachant que quelqu'un est au courant de sa situation peut inciter une personne à se surveiller d'avantage. Ceux qui ont beaucoup d'expérience dans le "counseling" en auront plus long à dire que moi là-dessus, mais je mets ceci sur la table car je crois que c'est un aspect de sa Parole qu'on néglige chez nous et ce, à notre détriment.
Si on résume la situation, la pensée positive "chrétienne" a tendance (inconsciemment) à ne plus parler des choses "négatives" de la Parole comme:
- la confession des péchés !!
- la souffrance ou le "prix à payer" impliqué dans
la vie chrétienne[35]
- le fait qu'il faut résister aux tentations sexuelles dans le monde
qui nous entoure
- le fait qu'il faut résister aux tentations matérialistes
dans le monde qui nous entoure
- la nécessité de l'intégrité dans les affaires
personnelles pour notre témoignage
- la restitution des dommages faits à autrui.
À mon avis la pire hérésie qui a touché les églises de pentecôte au 20e siècle c'est le fameux mouvement «Word-Faith», dont l'Évangile de prospérité (ou évangile de Mammon...) n'est qu'une manifestation «plus extrême». En tant qu'Église et en tant que dénomination depuis le début des années 80, les pentecôtistes se sont gavés de la "pensée positive chrétienne". Je crois qu'en tant que dénomination nous sommes coupables devant Dieu et qu'on a, pendant 15 ans maintenant, creusé des "citernes crevassées[36]" et nous en payons maintenant les conséquences. Si on s'en repent, Gloire à Dieu, mais je crois qu'il faut se repentir chacun en proportion de notre implication dans la chose, c'est-à-dire que ceux qui l'ont activement enseigné devraient y renoncer en publique[37], car cette "évangile" n'a pas été transmis en cachette. On a chacun à se repentir pour sa part, mais si ceux qui l'ont propagé ne s'en repentent pas réellement, Dieu pourra tout de même amener le réveil dont on a tant besoin, mais ceux-ci risquent d'être mis de coté. Personne n'est indispensable. Si j'étais moi-même dans cette position-là, je ne voudrais pas prendre cette chance.
Je m'attends pas vraiment qu'on me comprenne, mais si un évangélique
américain publie un livre qui dit la même chose et qu'on le traduit
de français il est sûr ce cela se vendra et ce sera sans doute
la révélation
NOTA: Il y a un certain moment j'ai eu à coeur d'écrire une note à un groupe de vieux amis chrétiens qui ont suivit le Seigneur à l'université tout comme moi. Dans cette lettre, entre autres je réfléchissais sur la difficulté qu'ont bien des chrétiens de notre génération à faire face aux épreuves et aux tragédies.
Je me rends compte aussi d'une chose, c'est que nous sommes mal préparés
à tous ces coups durs qui arrivent depuis un bout de temps. On s'est
fait gavé pendant tellement longtemps de l'idée bien nord-américaine
que la vie chrétienne c'est une pluie de bénédictions
sans arrêt et qu'il suffit d'un peu de volonté (foi) pour avoir
ce que l'on veut. David Wilkerson[38] fait
les remarques suivantes sur ce genre de prédication:
"Certains pasteurs aujourd'hui prêchent continuellement un message positif. A les entendre parler, tous les chrétiens reçoivent des miracles; tous reçoivent des réponses immédiates à la prière; chacun se sent bien, vit bien et le monde entier est heureux et optimiste. J'aime entendre cette sorte de prédication,car je désire vraiment que le peuple de Dieu reçoive toutes ces bonnes choses. Malheureusement il n'en est pas ainsi pour un grand nombre de chrétiens honnêtes et sincères. Combien il est triste d'entendre ce genre de théologie superficielle prêchée en chaire aujourd'hui. C'est une insulte fait à un Jésus humble qui devint pauvre, dont la mort fut un échec aux yeux du monde. C'est cette sorte de prédication matérialiste qui a tellement mal préparé une génération entière à supporter la souffrance, à se contenter de ce qu'elle a, à être abaissée et pas toujours dans l'abondance. Servir Dieu devient une sorte de course olympique dans lequel chacun doit essayer d'obtenir les médailles d'or.
Il n'est pas étonnant que nos jeunes gens s'abandonnent à la défaite. Ils ne peuvent conformer leur vie à l'image créée par la religion, d'un chrétien sans souci, riche, qui réussit, qui a toujours des pensées positives. Leur monde n'est pas aussi idéaliste que cela. Ils regardent dans un miroir qui réfléchit un visage couvert de vilains boutons. Ils vivent avec des chagrins poignants, des crises qui se succèdent et d'affreux problèmes de famille. Leurs amis sont esclaves de la drogue et meurent de tous côtés. Ils envisagent avec inquiétude l'avenir si incertain. Solitude, crainte et dépression les poursuivent journellement." (p. 44-45)
Si donc ça va mal, c'est qu'on n'a pas assez de volonté (foi). Évidemment dans les prêches que l'on entend sur ce sujet, on parle toujours de foi, mais si on y regarde de plus près on se rend compte que cette idée de foi n'est pas vraiment biblique et que ça s'inspire beaucoup plus de la pensée positive mondaine que sur la Parole. Ce que l'on nous propose ressemble beaucoup plus à une recette ou une clé pour avoir ce que l'on veut dans la vie. Cette évangile nous présente une version simpliste de notre relation avec Dieu et dénaturé ce qu'est la foi biblique. Dans la Parole, la foi est lié à une relation avec une PERSONNE. Une personne que l'on apprend à connaître et en qui on vient à faire confiance. Ce n'est pas une machine à gomme balounne dans laquelle on met notre 25¢ et que l'on nous donne notre bebelle.
Un chrétien que je connais un peu a eu un gros coup dur dernièrement. Alors qu'il était en voiture avec sa femme et son enfant, ils ont été impliqués dans un accident et sa femme et son enfant sont morts. Aujourd'hui il ne suit plus le Seigneur. Évidemment, la réalité de la grâce est toujours là et il peut revenir, mais c'est pas sûr. Je pourrais vous en conter bien des histoires dans le genre et probablement vous en connaissez quelques unes aussi mais je pense que vous me comprenez. Notre génération se fait "poigner les culottes à terre" par les épreuves et les tribulations. On ne s'y attend pas du tout. J'ai l'impression que ça vient de notre mentalité nord-américaine que tout nous est dû, le bonheur, etc. Depuis la 2e guerre mondiale les populations de l'Amérique du Nord (et du monde développé) ont bénéficié d'une croissance presque continue de l'économie et du niveau de vie. Pour ces populations, cette croissance du niveau de vie est conçu presque comme un droit. Pourquoi pensez-vous que les gens hurlent et protestent avec tant d'ardeur les coupures de services et fermeture d'hôpitaux ? Et nous les pentecôtistes, on ne fais pas tellement mieux, à la différence qu'on élargie notre notion de "niveau de vie" pour inclure le spirituelle et Dieu remplace le gouvernement. Ce dieu de la pensée positive chrétienne a donc comme contrat d'augmenter continuellement notre niveau de vie spirituelle, sociale, matérielle, etc. en autant que nous nous utilisons la bonne recette de "foi". Je crois que les pasteurs qui ont enseigné ces choses vont avoir à se repentir en publique ou seront mis de coté par le Seigneur éventuellement. Je ne blâme pas que les pasteurs ou évangélistes pour cet état de choses car s'ils ont eu tellement de succès à enseigner ses choses c'est que, nous le peuple de Dieu, on avait envie d'entendre ce genre de message aussi. La Parole a toujours été là. On est sans excuses nous aussi. On avait juste à faire comme les juifs de Bérée (Actes 17: 10-11).
Si l'on regarde dans la Parole, il est clair dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau que la vie de ceux qui aiment Dieu n'est pas toujours un cadeau et qu'il n'y a pas de recette magique pour régler tous nos "bobos". "Toute la création gémit et attend la révélation des fils de Dieu". Jésus lui-même nous a clairement annoncé ce que le suivre pourrait signifier.
"Vous serez menés, à cause de moi, devant des gouverneurs et devant des rois, pour servir de témoignage à eux et aux païens. (...) Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. (...) Le disciple n'est pas plus grand que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur. Il suffit au disciple d'être traité comme son maître et au serviteur comme son seigneur. S'ils ont appelé le maître de la maison Béelzébul, à combien plus forte raison appelleront-ils ainsi les gens de sa maison !" (Matt. 10: 18, 21-22, 24-25)
Observez un peu comment l'apôtre Paul annonçait la "bonne" nouvelle suivante aux nouveaux dans son ministère:
"Quand ils eurent évangélisé cette ville et fait un certain nombre de disciples, ils retournèrent à Lystre, à Icone et à Antioche, fortifiant l'esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu." (Actes 14: 21-22)
Et dans ses épîtres pour encourager les chrétiens dont il avait la charge:
"Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l'âme découragée. Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en luttant contre le péché." (Héb. 12: 3-4)
Combien de nos pasteurs auraient le "guts" d'en faire autant, je me le demande... De toutes façon ce n'est pas un message que beaucoup veulent entendre de toute manière. Malheureusement, si on ne nous l'enseigne pas c'est la réalité qui vient nous l'apprendre et ça c'est beaucoup plus dur. Ce qui est le plus triste, c'est que de nombreux vieux chrétiens tombent parce que leur engagement était, au bout du compte, trop superficiel. Parfois on vient au Seigneur et on dit qu'on Lui a donné notre "vie". Mais qu'est-ce que ça veut dire "donner sa vie au Seigneur" ? Souvent pas grand chose car au fond on suit le Seigneur en espérant que ça nous rapportera certaines "dividendes". Ça dépend de la personne. Pour certains ça peut être très important d'avoir un époux (ou épouse) et si ça ne marche pas assez vite alors "bonjour la visite" ! Pour d'autres ça peut être une exigence secrète que les chrétiens soient gentils avec lui (ou elle) car cette personne a subit XYZ choses avant de venir au Seigneur et si les chrétiens ne sont pas assez gentils à un certain moment là aussi c'est bonjour... Tant il y a de personnalités différentes tant il peut y avoir de petites idoles différentes cachées dans le fond du coeur. Et tôt ou tard, dans notre marche avec le Seigneur, on entendra Sa voix qui nous demande: "Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ???" (Jean 6: 68)
Les réalités de la vie chrétienne sont dures et parfois on ne veut pas y faire face, mais les circonstances de notre vie nous y forcent. Je pense qu'en général dans le mouvement de la Pentecôte on se leurre beaucoup sur notre niveau spirituel. On est bien fier d'avoir les dons de l'Esprit Saint et on s'en "pette" les bretelles en faisant "flasher" nos statistiques de croissance d'assemblées (relativement aux autres dénominations évangéliques). Mais nous, en Amérique du nord, on n'a jamais vraiment été éprouvé de manière sérieuse comme par exemple les frères et soeurs dans les pays communistes ou musulmans qui ont pu l'être (ou peuvent l'être encore...). On est beaucoup comme Pierre qui croyait se connaître mais... "Seigneur, lui dit Pierre, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi. Jésus répondit: Tu donneras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu m'aies renié trois fois." (Jean 13: 36-37) Mon impression c'est qu'on est probablement beaucoup plus bébé gâté et moins mature qu'on ne le croit.
Ne pensez pas que je suis rendu au point de croire que la vie chrétienne c'est juste faire son "purgatoire". Non. Je crois encore aux miracles et aux dons et j'y aspire toujours. On nous parle qu'au Québec qu'on est dû depuis longtemps pour un grand réveil. Je veux bien y croire mais sans un mouvement profond de repentance dans le Corps de Christ, je n'y crois pas du tout, c'est des rêves vains et rien de plus. Si on ne s'examine pas soi-même.corporativement pour réparer toutes nos divisions, nos blessures, nos coups bas et nos calomnies, le "réveil" on peut l'oublier. On s'apercevra peut-être que l'Esprit Saint est justement un Esprit SAINT qui souffle où il veut et qu'il ira s'amuser ailleurs où les gens sont plus ouverts à son action. On n'a pas de monopole dessus quoi qu'on dise... Historiquement, les réveils ont toujours suivi un mouvement de repentance dans le peuple de Dieu au moment où l'Église était rendu impotente et corrompue. Assez souvent c'est un petit nombre de personnes qui ont tout déclenché. Si on espère un réveil juste à force de prière ou de louange (pas parce que c'est mauvais) on se leurre. Je suis de plus en plus convaincu que le réveil qui bougeait dans nos églises à la fin des années 70, début 80, qui s'est arrêté peu de temps après dû à l'influence grandissante de l'évangile de la pensée positive chrétienne. A mon avis ce réveil est mort parce qu'on est allé se creuser des citernes crevassés en cherchant un message qui flatte nos oreilles de nord-américains. On aime bien, dans la PAOC, de se targuer d'être un mouvement du "plein évangile" mais lorsqu'on y regarde de plus près on se rend compte que c'est faux car sous l'influence de "l'Évangile de la pensée positive chrétienne" on a tendance à prendre dans la Parole que ce qui nous bénit, ce qui est positif (ce qui fait notre affaire) et le reste on l'ignore. Ce qu'il ne faut pas oublier c'est que nos mouvements charismatiques et de la Pentecôte ont leurs racines dans le "Holiness Movement" ou mouvement pour la sanctification au début du 20e siècle. A cette époque, on ne cherchait même pas les dons ou des expériences émotionnelles fortes (que nous aimons tant), mais la sainteté ! Règle générale, la sainteté ce n'est pas un sujet qui "pogne" beaucoup aujourd'hui. Que le réveil suit une recherche de sanctification et de repentance de la part du peuple de Dieu correspond bien non seulement à ce que nous enseignent les réveils évangéliques du passé mais aussi la Parole. Acte 3: 19-20.
"Repentez-vous donc et convertissez-vous[39], pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur,"
Mais, tu me diras, il y a toujours un autre coté de la médaille évidemment... Oui, c'est sûr. Il y a malheureusement trop de manières à aboutir à une église déséquilibrée. Je crois la raison principale pourquoi on ne parle pratiquement plus de sainteté et de sanctification dans nos églises pentecôtistes aujourd'hui c'est que ça dégénère trop facilement en légalisme. Un légalisme qui tue très efficacement la joie du chrétien sous la grâce. Les petites "recommandations" du pasteur deviennent vite des règles absolues[40]. Comme les interdictions d'aller danser ou d'aller au cinéma qui ont caractérisé les évangéliques pendant des décennies. Ou, plus près de nous[41] de regarder la télévision ou écouter la musique rock. (Cette attitude "fais pas ci, fais pas ça" est un facteur très important expliquant notre stérilité culturelle). Dans ces églises, la grâce devient oubliée (ou mal comprise) et la vie chrétienne devient une question de performance. Les chrétiens se surveillent mutuellement et se font inquisiteurs et juges. A ce moment-là, bien que ce soit contraire à nos déclarations de foi, dans le pratique on agit comme s'il faut gagner son ciel comme un bon Catholique ou Témoins de Jéhovah.
J'ai l'impression qu'une église équilibrée (sur la question grâce <=> sanctification) est pratiquement un miracle. Une perle rare. Un peu comme un funambuliste qui marche sur une corde raide. Même s'il a fait un grand bout de chemin déjà, ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas tomber au prochain pas. A mon avis, aujourd'hui, dans la majorité de nos églises APdC le message de la sanctification a besoin d'être prêché et entendu comme jamais auparavant. Dans nos églises on a tendance à croire que la repentance c'est bon juste pour les nouveaux, mais à mon avis on en a besoin de la tête jusqu'au pieds chez nous...
Quand je regarde l'état de l'Église en Amérique du nord ce que je ressens c'est pas qu'une pluie de bénédictions et qu'un grand réveil nous est réservée mais plutôt des choses dures[42].
"On ne verra pas s'accomplir ce que vous imaginez, quand vous dites: Nous voulons être comme les nations, comme les familles des autres pays, nous voulons servir le bois et la pierre. Je suis vivant ! dit le Seigneur, l'Éternel, je régnerai sur vous, à main forte et à bras étendu, et en répandant ma fureur. Je vous ferai sortir du milieu des pays ou vous êtes dispersés, à main forte et à bras étendu, et en répandant ma fureur. Je vous amènerai dans le désert des peuples, et là je vous jugerai face à face. Comme je suis entré en jugement avec vos pères dans le désert du pays d'Egypte, ainsi j'entrerai en jugement avec vous, dit le Seigneur, l'Éternel. Je vous ferez passer sous la verge, et je vous mettrai dans les liens de l'alliance. Je séparai de vous les rebelles et ceux qui me sont infidèles; je les tirerai du pays où ils sont étrangers, mais ils n'iront pas au pays d'Israël. Et vous saurez que je suis l'Éternel." (Ezéc. 20: 32-38)
Plus ça va, moins c'est "payant' d'être chrétien. Je n'ai pas vraiment l'impression qu'on a apprit grand chose de l'histoire d'Israël quand on regarde ce qui se passe parmi nous. Qui dit que ce que l'avenir nous réserve ce n'est pas des temps de folie et de jugement (comme on peut en voir dans le film la Liste de Schindler par exemple) ?? Le coeur de l'homme a-t-il tellement changé (pour le mieux) depuis la 2e guerre mondiale ? Notre génération se confie-t-il plus en Dieu ? Que doit penser Dieu de l'avortement, des guerres, nos perversions sexuelles, le matérialisme, etc. de notre génération ? Personnellement, si j'étais dans un position d'influence, je préférais préparer les nouveaux chrétiens pour le pire des circonstances, et si je me trompe (et que le temps de grâce perdure) j'aurais fait au moins des chrétiens solides. Si au contraire, je les enseigne et je nourrit leurs attentes que la vie chrétienne est une suite ininterrompu de victoires et de bénédictions en utilisant une recette de foi simpliste, si vient le jugement dans notre génération, je prépare un désastre: ces gens seront mûres pour l'apostasie et l'abandon des voies du Christ dans un moment d'épreuve. Dans nos églises on aime trop entendre parler de bénédictions et pas assez d'une marche en intégrité devant notre Dieu. Depuis quand avez-vous entendu un sermon du genre suivant ?
"Je prendrai garde à la voie droite. Quand viendras-tu à moi ? Je marcherai dans l'intégrité de mon coeur, au milieu de ma maison. Je ne mettrai rien de mauvais devant mes yeux; je hais la conduite des pécheurs; elle ne s'attachera point à moi. Le coeurs pervers s'éloignera de moi; je ne veux pas connaître le méchant. Celui qui calomnie en secret son prochain je l'annéantirai. Celui qui a des regards hautains et un coeur enflé, je ne le supporterai pas. J'aurai les yeux sur les fidèles du pays, pour qu'ils demeurent auprès de moi. Celui qui marche dans une voie intègre sera mon serviteur. Celui qui se livre à la fraude n'habitera pas ma maison; celui qui dit des mensonges ne subsistera pas dans ma présence." (Ps. 101: 2-7)
Réfléchissez un peu aux premiers chrétiens qui ont bouleversé le monde antique. Ils ont secoué une génération semblable à la notre, une génération blasée et saturée de philosophies et de religions à plus à n'en finir. Ils les ont conduit au Seigneur. Quel effet a-t-on sur notre génération ? Qu'avaient-ils qu'on n'a pas ? Si la première génération de chrétiens suivaient un homme crucifié, les preachers Word-Faith n'ont rien crucifié. Ils ne savent rien à ce sujet. Eux, ce sont plutôt des nuages sans eau (Jude 12), des manipulateurs de paroles. Je crois qu'ils avaient une marche intègre (produit d'une repentence RÉELLE) et aussi un engagement profondément réfléchi vis-à-vis le Seigneur jusqu'à la mort. On dit que c'est le sang des martyres qui a répandu le christianisme plus que tout autre chose, car cette génération de païens blasés a vu quelque chose de nouveau. Non pas une nouvelle religion (car il y en pleuvait déjà dans l'empire romain), mais des gens qui étaient prêts à mourir pour leur Seigneur et leurs convictions. Serions nous prêts à en faire autant si les circonstances nous le demandaient ?? Nos convictions sont-elles aussi importantes à nos yeux, aussi ancrées. ?? Serions nous mêmes prêts à donner à l'oeuvre de Dieu s'il n'y avait plus de retour d'impôt ?? Resterions-nous chrétiens si c'était moins "payant" ?? Dans les Évangiles, lorsque Christ annonce ses souffrances et sa mort aux disciples, Pierre le reprends et dit (je paraphrase) "Non, non Seigneur, ça ne se peut pas !! Tu est sans doute destiné à la gloire et au succès". Le Seigneur réplique immédiatement en disant:
"Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n'as que des pensées humaines. Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme? Que donnerait un homme en échange de son âme? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges." (Marc 8: 33-38)
Si on retrace les origines de ce mouvement de la "pensée positive chrétienne" chez nous je crois que l'on rencontrera d'abord des auteurs assez près de nous comme Kenneth Hagin, T.L. Osborn[43], Robert Schuller (avec son Cristal Cathedral). Ce sont des auteurs que l'on peut situer dans (ou près du) mouvement évangélique. Plus on remonte dans le temps plus on rencontre des auteurs qui sont marginaux par rapport au mouvement évangélique (comme Harry Emerson Fosdick ou Normand Vincent-Peale et son livre le plus connu "The Power of Positive Thinking") et d'autres comme Joseph Murphy qui n'a plus rien à voir avec une position évangélique (bien qu'il peut exploiter des versets bibliques à l'occasion pour mettre un vernis "chrétien" et vendre des livres aux évangéliques naïfs). Des auteurs comme Murphy ont dû s'inspirer de véritables païens comme F. Nietzche (1844-1900) qui, avait proclamé que "Dieu est mort !". Dans ses livres Nietzche (au niveau philosophique, un vrai humaniste) exaltait la volonté[44], la puissance dans l'homme et parlait d'une ère nouvelle dominée par des "surhommes". Hitler, entre autres, s'est beaucoup inspiré de Nietzche. Et l'intellectuel français Juilien Benda qui, dans son livre Trahison des clercs[44a], a exploré la montée d'idéologies aux influences darwininiennes, exhaltant en particuliier la lutte et la violence, a brièvement noté un ancêtre païen de l'Évangile de prospérité (1927: chap 3)
La religion du succès, je veux dire cet enseignement selon lequel la volonté qui se réalise comporte, de ce seul fait, une valeur morale, cependant que celle qui échoue est, par cela seul, digne de mépris. Cette philosophie, qui est professée par maint docteur moderne dans l’ordre politique on peut dire par tous en Allemagne depuis Hegel, par un grand nombre en France depuis de Maistre l’est aussi dans l’ordre privé et y porte ses fruits : on ne compte plus aujourd’hui, dans le monde dit pensant, les personnes qui croient prouver leur patriciat moral en déclarant leur estime systématique pour ceux qui « réussissent », leur mépris pour l’effort malheureux. Tel moraliste porte au compte de la valeur d’âme de Napoléon son dédain pour les « malchanceux » ; tel autre en fait autant pour Mazarin, tel pour Vauban, tel pour Mussolini.
On est en bonne compagnie n'est-ce pas ?? Les auteurs plus près du mouvement évangélique ont beaucoup fait pour "christianiser" cette philosophie païenne et la rendre populaire parmi nous. Je dois avouer que cette reconstruction des origines de la "pensée positive chrétienne" est hypothétique car je n'ai pas eu le temps de tout retracer ces ouvrages, mais ça pourrait être assez difficile même avec tous les ouvrages en main car (dans le cas des auteurs chrétiens en tout cas) on ne cite rarement les sources d'où vient l'inspiration. Règle générale ces livres n'ont pas de bibliographie.
Si on regarde l'histoire de l'Église, on constate que l'absorption d'idées du monde n'est pas nouvelle. Aux premiers siècles de l'église la culture dominante était la culture grecque. Même si c'était l'époque de l'empire romain, les philosophes grecs commandaient le plus de respect. Chez les philosophes gnostiques[45] on croyait, entre autres, que ce qui est spirituel (ou abstrait, comme la géométrie) était bon, et ce qui est corporel ou matériel est mauvais ou méprisable. Les chrétiens de l'époque, intimidés par cette culture dominante, ont fini, avec le passage du temps, par absorber un certain nombre de ces idées et cette attitude vis-à-vis le monde (où s'opposent le matériel et le spirituel) et c'est pour cette raison qu'on fini par regarder la sexualité comme quelque chose de mauvais ou de méprisable et, conséquemment on en vint à regarder les leaders non-mariés comme étant plus "spirituels". L'idée des monastères et les ordres religieux non-mariés a sa source dans cette philosophie païenne aussi. Augustin (4e siècle) qui avant de devenir chrétien a été manichéen est un de ceux qui introduisirent de telles idées.
Aujourd'hui, peut être par la force des choses, ça devient un peu plus "à la mode" dans nos milieux évangéliques de parler de souffrance et de la sanctification. On peut trouver de bon livres sur la souffrance dans la vie chrétienne. Il y a 15 ans il était bien difficile même d'admettre qu'un bon chrétien pouvait vraiment souffrir. Dans les milieux évangéliques anglophones maintenant on commence à rencontrer aussi un certain nombre de livres qui apportent un regard critique sur ce que j'appelle la "pensée positive chrétienne". Entre autres "Christianity in Crisis" par Hank Hanegraaf[46] ou "Reckless Faith: When the Church Loses Its Will to Discern." par John F. MacArthur Jr. ou "No Place for Truth: Or Whatever Happened to Evangelical Theology ?" par David F. Wells ou "A Different Gospel." par D.R. McConnell. Sur les babillards électroniques chrétiens sur Internet, on entend de plus en plus de critiques aussi de l'évangile de la "pensée positive chrétienne" ou le "Word-Faith movement".
Lisez ce que nous disait déjà A. W. Tozer en 1961:
"What can we plain Christians do to bring back the departed glory
? Is there some secret we may learn ? (...) The secret is an open one which
the warfaring man may read. It is simply the old and ever-new counsel: Acquaint
thyself with God. To regain her lost power the Church must see heaven
opened and have a transforming vision of God.
But the God we must see is not the utilitarian God who is having such a
run of popularity today, whose chief claim to men's attention is His ability
to bring them sucess in their various undertakings and who for that reason
is being cajoled and flattered by everyone who wants a favor. The God we
must learn is the Majesty in the heavens, God the Father Almighty, Maker
of heaven and earth, the only wise God our Saviour."[47]
Peut être dans les temps à venir on posera la question suivante aux chrétiens de notre génération: "Pourquoi n'avez-vous pas cherché avec autant d'ardeur l'obéissance que les bénédictions ?" Pour ma part, je demande aux pasteurs de bien considérer le contenu de cette lettre, car ils sont dans des positions d'influence et avec cette position d'influence vient aussi des responsabilités. En Jacques 3: 1 on indique:
"Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement."[48]
En 1 Corinthiens 3: 11-15 on nous indique de bien considérer la valeur des choses que nous faisons dans cette vie, car certaines seront jetés au feu, étant sans valeur:
"Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu'un bâtit sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l'oeuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révèlera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'oeuvre de chacun. Si l'oeuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l'oeuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu."
Un dernier mot:
Ne vous laissez pas entraîner par des doctrines diverses et étrangères; car il est bon que le coeur soit affermi par la grâce, et non par des aliments qui n'ont servi de rien à ceux qui s'y sont attachés. Nous avons un autel dont ceux qui font le service au tabernacle n'ont pas le pouvoir de manger. Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur pour le péché, sont brûlés hors du camp. C'est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. (Héb. 13: 9-14)
Note ajoutée le 6/3/2009
À la télé, un tsunamis économique s'annonce sur l'Amérique, un tsunamis que rien ne semble arrêter, même les milliers de milliards de dollars ou d'Euros lancés en l'air par nos dirigeants dans leur panique. Et dans mon cœur, il y a une grande douleur, car je ressens depuis quelques années déjà qu'un jugement de Dieu s'en vient sur l'Amérique et que l'Église n'est pas prête d'y faire face. Dans la dernière génération, l'Ennemi a exploité nos leaders évangéliques pour répandre un évangile superficiel, un évangile flatteur et sans repentance.
Le mensonge en somme. Ayant semé toutes ces années de l'ivraie
dans l'église plutôt que nous soyons un peuple porteur de lumière
et d'un témoignage cohérent, nous avons un taux de divorce comme
le monde, nos leaders sont silencieux sur des questions telles l'avortement
et le mariage gai. Nous ne jouons pas notre rôle de sel de la Terre dans
notre génération. À bien des égards nous aussi on
est digne de jugement. Tandis que le monde bascule autour de nous, nous devrions
être prêts pour un réveil glorieux, mais nous sommes plutôt
des instruments inutiles dans Ses mains.
Mon cur est dans la douleur, car aucun de ces leaders évangéliques qui ont répandu cet évangile superficiel ne reconnaît son péché pour s'en repentir. Mon cur me dit qu'il ne nous reste que peu de temps avant ce jugement. Et parce que nous dormons et forniquons avec la pensée et le comportement du monde, le même jugement nous trouvera aussi. Si nous nous repentons, qui sait ce que Dieu peut faire, mais malheur à nous si on ne se réveille pas rapidement. Comme Lot, dans notre orgueil nous croyons que le jugement ne viendra jamais contre notre société ou sur nous! Le cœur de Lot était à ce point attaché au style de vie de Sodome et Gomorrhe que même arraché au jugement de Dieu, il a emporté Sodome avec lui dans son cœur et s'est retrouvé ivre mort dans une caverne à forniquer avec ses enfants et dont les descendants plus lointains deviendront ennemis du peuple de Dieu. Désolé de vous choquer ainsi, mais il faut se rappeler que les Écritures nous ont été données pour nous avertir.
WE BELIEVE SO WELL
by Mark Heard.
Album: Ashes and Light
As our conversation swells
and our patience somehow lingers
And accusing fingers shout
about insensitivity
Don't we oscillate so well
Within our fundamental boundaries
While fiery foundries melt us down and kill tranquillity
But we believe so well don't we tell ourselves
Don't we take exclusive pride
that we abide so far from hell?
We might laugh together
but don't we cry alone
For the ashes and the dust we've swept
beneath the holy throne.
As our hidden candor dies
and our realism falters
And the altars of our hearts
close up in insecurity
We believe that all is well
we perceive ourselves as unshaken
While standing on the precipice
of what will never be
But we believe so well
don't we tell ourselves
Don't we take exclusive pride
that we abide so far from hell?
We might laugh together
but don't we cry alone
For the ashes and the dust
we've swept beneath the Holy throne.
Au point de rupture. David Wilkerson
[1]- Assemblées de la Pentecôte du Canada.
[2]- Sur ce point pas besoin de faire de long discours. Pas besoin d'être expert en statistique pour savoir que si en tant que assemblée, (ou mouvement: la PAOC) on stagne (ou régresse ???!) au niveau de la croissance du nombre de gens qui assistent à nos réunions, ça reflète "certains problèmes". La solution simpliste c'est de dire qu'on a "besoin d'un réveil". C'est vrai qu'on a besoin d'un réveil, mais faut peut être aller plus loin et oser se demander "Pourquoi on a besoin d'un réveil" ?? La (ou les) réponse(s) à cette question nous sera très utile pour nous diriger vers un réveil profond plutôt que de se contenter de quelques spectacles pentecôtistes où souffle un grand vent d'émotions comme on aime tant. Mais bon nombre des vents d'émotions que j'ai vu dans le passé ne changent rien en profondeur et ont très peu d'effets à long terme.
[3]- Quand je dis "mode" ici je veux vraiment dire mode dans le sens mondaine. Tout comme il y a des modes vestimentaires qui vont et viennent il y a des "modes" théologiques dans les milieux pastoraux évangéliques qui vont et qui viennent et il semble pas y avoir beaucoup de personnes qui s'arrêtent pour se poser la question: D'où vient cette mode et rend-elle vraiment justice au plein conseil de la Parole de Dieu? Est-on seulement en train d'imiter le monde "de manière chrétienne" ?
[3a]- Le chapitre 1 (pp.29-39) du livre Christianity in Crisis par Hank Hanegraaf (1993) décrit les penseurs séculiers (impliqués dans le mouvement New Thought) tels que Phineas Quimby, Warren Evans dont les concepts ont été ré-emballés pour un auditoire évangélique par EW Kenyon et William Barnham, auteurs qui ont par la suite influencé les propagandistes plus connus du Word-Faith tels que T. L. Osborn, Kenneth Copland et Kenneth Hagin.
[4]- Par "recette" je veux dire une ensemble de moyens (plus ou moins bibliques) pour faire "marcher" sa foi, afin de recevoir ce que l'on demande.
[5]- p. 162 de Prêt à tout abandonner ? Éditions Vida 1980/1982.
[6]- Jetez un coup d'oeil a ce paraphrase de 1Cor. 1: 21-25.
"Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles, les Grecs cherchent la sagesse [et les nord-américains du 20e siècle des bénédictions ]: nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs, folie pour les païens [et sujet sans intérêt pour les nord-américains], mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes."
[7]- Je me suis déjà posé la question quant à savoir ce que les chrétiens des pays communiste pouvaient penser de cette mode théologique nord américain. J'ai en la réponse dans un bulletin de "La voix des martyrs" publié par Aide aux Églises Martyres (Bulletin d'information 11; nov. 1991, p. 3)
"Faux enseignements: En Europe de l'est actuellement, il y plus de prédicateurs étrangers que nécessaire. De prospères «prédicateurs de la prospérité» qui n'ont jamais aidé les victimes du communisme viennent maintenant pour enseigner qu'il était faux de souffrir. «Si quelqu'un est chrétien», disent-ils, «Dieu lui donne la santé, le succès dans les affaires et une vie agréable.» Si Jésus et les apôtres avaient connu et pratiqué cet enseignement, ils auraient eu du succès dans ce monde.
Les croyants d'Europe de l'est écoutent cela avec étonnement. Ils savent que nombre d'entre eux qui avaient la vie facile ont tout perdu parce qu'ils étaient chrétiens. Les communistes ont confisqué leurs biens. Ils étaient en bonne santé mais ils ont perdu la santé à cause de leur foi. Le Christ ne leur a pas donné une vie agréable mais de lourdes croix.
Nous insistons pour que vous aussi restiez fidèles dans toutes les circonstances de façon à ce que Dieu se réjouisse avec des chants d'allégresse à cause de vous.
Vôtre en Jésus Christ Richard Wurmbrand."
[8]- D'ailleurs, sur ce point je me souviens d'avoir vu dans notre assemblée à plus d'une reprise pendant des "réunions de guérison" un évangéliste disant aux malades (avant de faire l'appel pour ceux qui désirent la prière pour la guérison) qu'il n'était pas intéressé à prier pour ceux qui n'avait pas une foi ferme (en se basant sur Jac 1: 6-8). Que ceux qui n'avaient pas la foi pour la guérison restent assis. Qu'ils ne prennent même pas la peine de se lever. Que c'est plein de compassion, que c'est commode surtout car comme Pilate il peut se laver complètement les mains quant aux résultats de ces prières de "foi" ! S'il n'y a pas de résultat, tout est de la faute de celui qui présente son besoin. Au bout du compte en fait, ce genre de "guérisseur" peut se passer complètement d'avoir la foi lui-même car il peut se fier sur la foi de ceux qui viennent à l'avant. Tout ce qu'il doit faire pour réussir sa soirée c'est de "pomper" la "foi" de ses auditeurs pendant sa prédication et ensuite "siphonner" cette "foi" au moment de la prière de la guérison. Quel contraste cette attitude avec celle de Pierre et Jean à la Belle Porte qui ne demandent rien, mais qui savent très bien ce qu'ils ont. Ils n'ont pas à siphonner la foi de quelqu'un d'autre, ils donnent tout simplement: "Pierre, de même que Jean, fixa les yeux sur lui, et dit: Regarde-nous. Et il les regarda attentivement, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. Alors Pierre lui dit: Je n'ai ni argent, ni or; mais ce que j'ai, je te le donne; au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche." (Actes 3: 4-6) Si on ne voit pas de telles choses parmi nous peut être est-ce dû au fait qu'on a trop foi en la "foi" et non pas en Dieu ??
[9]- Dans "Man's Origin, Man's Destiny: A Critical Survey of the Principles of Evolution and Christianity." Bethany Fellowship Minneappolis Minn. 1968 320 p.
[10]- Voici ce qu'en dit d'ailleurs un naturaliste anglais, David Hull, sur le dieu que nous révèle la science évolutionniste:
"[The] process is rife with happenstance, contingency, incredible waste, death pain and horror. ...the God implied by evolutionary theory and the data of natural history ...is not a loving God who cares about His productions. He is ...careless, indifferent, almost diabolical. He is certainly not the sort of God to whom anyone would be inclined to pray."
in "The God of the Galapagos," Nature, Vol. 352 (August 8, 1992), p. 486.
[11]- publié dans la revue Hospital & Community Psychiatry 1992 Vol. 43 No. 12 pp. 1204-1208.
[12]- Je crois, par contre, qu'il est légitime de supposer que les deux autres facteurs proposés dans 1 et 2 peuvent contribuer aux résultats quand même, mais de manière secondaire seulement.
[13]- En y pensant un peu plus, j'y suis moins sûr. Il y a eu une poussée fantastique de la part des évangélistes de la "pensé positive chrétienne" à répandre cette doctrine partout dans le monde. Je me demande s'il reste vraiment des endroits où les chrétiens n'ont pas été touché à un degré divers.
[14]- Ce qui rappel un passage de C. S. Lewis: "That Hideous Strength." Collier/MacMillan New York 1946/1965 382 p.
"The poison was brewed in these West lands but it has spat itself everywhere by now. However far you went you would find the machines, the crowded cities, the empty thrones, the false writings, the barren beds: men maddened with false promises and soured with true miseries, worshipping the iron works of their own hands, cut off from Earth their mother and from the Father in Heaven. You might go East so far that East became West and you returned to Britain across the great Ocean, but even so you would not have come out anywhere into the light. The shadow of one dark wing is over all Tellus." (p. 293)
[15]- Tiré d'un article intitulé "Interview: A conversation with Ben Okafor." pp. 61-64 de la revue Cornerstone vol. 25 no. 110 1996.
[16]- Petite entreprise minable aux conditions de travail pourries et où l'on paie des salaires de crève-faim. On largue par-dessus bord le individus qui ne sont plus productifs. Pas de syndicats évidemment...
[17]- L'histoire de Golgotha se répète. pp. 1-3 Bulletin: L'Entraide fraternelle des Églises mars 2000.
[18]- Bulletin: L'Entraide fraternelle des Églises juin 2000.
[19]- C. René Padilla An Age of Liberation. pp. 612-640 in Dowley, Tim. (éd.); Briggs, John H. Y.; Linder, Robert D.; Wright, David F. "Eerdman's Handbook to the History of Christianity." Eerdmans Grand Rapids MI 1977/1987 656 p.
[20]- Dans mon cas j'ai beaucoup appris de mon père ,qui ne connait toujours pas le Seigneur. Malgré cela, il pourrait en montrer pas mal à plusieurs "bons chrétiens".
[21]- Sinon, il s'agirait d'un Dieu impitoyable qui ne permettant aucun écart d'attitude "négative" de la part de ses enfants sinon...
[22]- Ceux qui lisent le livre de Job avec les lunettes de la pensée positive chrétienne ne peuvent résoudre l'énigme de ce livre autrement qu'en cherchant une faute cachée qu'aurais commis Job. Leur verset favori est donc Job 3:25 "Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive; Ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint." C'est donc que Job a manquée de foi. C'est ça la source de ses épreuves! On dirais qu'ils on n'ont jamais lu l'introduction où on voit bien clairement que la source de ses épreuves vient d'une séries d'accusations de Satan. D'ailleurs à la fin de cette histoire, Dieu lui-même exonère Job devant ses "amis."
[23]- Depuis 2 ans environ je dirais que c'est moins vrai.
[24]- tiré de "The God They Never Knew" (Bible Voice Publishers Van Nuys California 1978)
[25]- Nous on trouve ce phénomène des prophéties "positives" et flatteurs "pas si pire", mais Dieu, dans l'Ancien Testament, est assez sévère contre ce genre de chose car cela diminue l'impact de SA Parole quant elle arrive:
"Ma main sera contre les prophètes Dont les visions sont vaines et les oracles menteurs; Ils ne feront point partie de l'assemblée de mon peuple, Ils ne seront pas inscrits dans le livre de la maison d'Israël, Et ils n'entreront pas dans le pays d'Israël. Et vous saurez que je suis le Seigneur, l'Éternel. Ces choses arriveront parce qu'ils égarent mon peuple, En disant: Paix! quand il n'y a point de paix. Et mon peuple bâtit une muraille, Et eux, ils la couvrent de plâtre. Dis à ceux qui la couvrent de plâtre qu'elle s'écroulera; Une pluie violente surviendra; Et vous, pierres de grêle, vous tomberez, Et la tempête éclatera. Et voici, la muraille s'écroule! ne vous dira-t-on pas: Où est le plâtre dont vous l'avez couverte? C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Je ferai, dans ma fureur, éclater la tempête; Il surviendra, dans ma colère, une pluie violente; Et des pierres de grêle tomberont avec fureur pour détruire. J'abattrai la muraille que vous avez couverte de plâtre, Je lui ferai toucher la terre, et ses fondements seront mis à nu; Elle s'écroulera, et vous périrez au milieu de ses ruines. Et vous saurez que je suis l'Éternel. J'assouvirai ainsi ma fureur contre la muraille, Et contre ceux qui l'ont couverte de plâtre; Et je vous dirai; Plus de muraille! Et c'en est fait de ceux qui la replâtraient, Des prophètes d'Israël qui prophétisent sur Jérusalem, Et qui ont sur elle des visions de paix, Quand il n'y a point de paix! Dit le Seigneur, l'Éternel." (Ezéchiel 13: 9-16)
[26]- Recemment je me suis rendu compte que je ne suis pas le premier à faire ce constat. A. W. Tozer, un évangélique américain surtout actif dans les années 60 a fait les remarques suivantes (That Incredible Christian. Tyndale House 1964)
(pp. 74-75) "To accept Christ it is necessary that we reject whatever is contrary to Him. This is a fact often overlooked by eager evangelists bent on getting results. Like the saleseman who talks up the good points of his product and conceals its disadvantages, the badly informed soulwinner stresses the positive side of things at the expense of the negative.
Let us not be shocked at the suggestion that there are disadvantages to the life in Christ. There most certainly are. Abel was murdered, Joseph was sold into slavery, Daniel was thrown into the den of lions, Stephen was stoned to death, Paul was beheaded, and a noble army of martyrs was put to death by various painful methods all down the long centuries. And where the hostility did not lead to such violence (and mostly it did not and does not) the sons of this world nevertheless managed to make it tough for the children of God in a thousand cruel ways. Everyone who has lived for Christ in a Christless world has suffered some losses and endured some pains that he could have avoided by the simple expedient of laying down his cross."
(p. 76) "The contemporary moral climate does not favor a faith as tough and fibrous as that taught by our Lord and His apostles. The delicate, brittle saints being produced in our religious hothouses today are hardly to be compared with the commited, expendable believers who once gave their witness among men. And the fault lies with our leaders. They are too timid to tell the people all the truth. They are now asking men to give to God that which costs them nothing."
[27] Francis Scheaffer, pour sa part, expose un phénomène particulièrement choquant::
"I am convinced that many men who preach the gospel and love the Lord are really misunderstood. People make a "profession of faith", but because they haven't understood the message, they are not really saved. They feel a psychological need and they want psychological relief, but they don't understand that the Christian message is not talking only about psychological relief (though it includes that), but is talking about true moral guilt in the presence of a holy God who exists. The real need is salvation from true moral guilt, not just from guilt-feelings. And I am certain many people who make a profession go away still unsaved, having not heard one word of the real gospel because they have filtered the message through their own thought-forms and their own intellectual framework in which the word guilt equals guilt-feelings" [(tiré de p.266 in Schaeffer, Francis A. "The Complete Works of Francis Schaeffer: A Christian Worldview. Volume IV: A Christian View of the Church." [Death in the City] Crossway Books Wheaton IL 1982/1994 431 p.)]
Actes 14: 21-22 "Quand ils eurent évangélisé cette ville et fait un certain nombre de disciples, ils retournèrent à Lystre, à Icone et à Antioche, fortifiant l'esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et ]disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu." C'est curieux qu'on ne verrait jamais un pasteur pentecôtiste procéder de la sorte pour motiver les nouveaux convertis par exemple!! Ça "poignerait" tu ??
[28]- Dans les faits, on parle rarement de "repentance" dans nos églises. On parle plutôt de "donner sa vie au Seigneur", ce qui est devenu, dans la majorité des cas, des mots vides de contenu. On y met ce qu'on veut, et bien des gens le comprennent de la manière suivante: comme un contrat.
1) je crois en Dieu et j'assiste aux réunions chrétiennes.
2) Dieu, pour sa part, doit me bénir.
C'est curieux comment on s'est subtilement éloigné de la Parole de Dieu sur des points aussi fondamentaux. J'ai été surpris de constater qu'un de nos termes évangéliques favoris, "conversion" (en grec "épistrophè"), n'apparaît qu'une seule fois dans le NT (Actes 15: 3). Cette notion implique deux aspects: avoir foi en Dieu pour le salut (penser au bon laron) et la repentance. Lorsque Pierre rend compte de la repentance des paiens (chez Corneille, Actes 11: 18) on s'exclame pas que "Dieu a béni (ou touché) les paiens" mais plutôt: "Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens, afin qu'ils aient la vie!" Sur l'importance de la repentance (porter des fruits visibles) dans la vie chrétienne Jacques (2: 26) dit sans compromis "Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte."
[29]- disette ou manque.
[30]- Tiré de Postmodern Times (Crossway Books Wheaton IL 1994 256 p.)
[31]- La Bible en français courant dit (v. 31): "Ils parlaient avec Jésus de la façon dont il allait accomplir sa mission en mourant à Jérusalem."
[32]- Pour ma part, je suis content d'avoir été confronté avec cette réalité tôt dans ma vie chrétienne car je crois l'intensité que j'y ai eu et la joie que j'ai pu expérimenter étaient liés à cet abandon au Seigneur (Marc 10: 29-30). A mon avis, le moment de l'appel n'est pas trop tôt pour confronter les gens avec cette réalité.
[33]- parues dans le bulletin "La Voix des Martyres" août 1995 p. 2
[34]- Surtout dans le cas de péchés sexuelles il faut respecter le principe d'hommes avec hommes et femmes avec femmes sinon on risque d'empirer la situation.
[35]- Comme Jésus qui nous parle de prendre "sa croix" et de le suivre (Matt. 8: 31-38).
[36]- Jérémie indique (2: 13): "Car mon peuple a commis un double péché: Ils m'ont abandonné, moi qui suis une source d'eau vive, Pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, Qui ne retiennent pas l'eau."
[37]- De la même manière que la faute qui a été commise. Je ne crois pas que ce soit trop extrême comme idée car la Parole dit elle-même: "Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personne qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement." (Jacques 3: 1)
[38]- Tirée de Prêt à tout abandonner ? Éditions Vida 1980/1982 187p. Je ne suis pas un grand admirateur de tout ce qu'écrit Wilkerson, mais ce petit livre est un bijou et un des premiers livres, de ma génération, dans les milieux pentecôtistes à parler franchement de la souffrance la vie du chrétien.
[39]- Ou changez de vie ! -> la sanctification.
[40]- Comme dans Col. 2:8-23.
[41]- D. Wilkerson.
[42]- Depuis que j'ai écrit ces lignes il y a plus d'un an, Dieu dans sa grâce, a commencé à déverser un vent de réveil en Amérique du nord. Qu'il nous garde de l'orgueil, car je crois encore qu'un jugement approche pour notre société. Dieu le retiendrait encore un temps en attendant nos réactions ?
[43]- Je crois qu'il est le premier a proposer cette évangile chez nous à l'époque où on était encore à la polyvalente Wilbrod-Berer.
[44]- Dans Ainsi parlait Zarathoustra. (Éditions Gallimard Paris 1883/1971 [coll. Idées 267] 507 p.) Nietzche fait dire à Zarathoustra ce qui suit:
“Hors de ces fables et chansons vous ai conduits quand je vous enseignai: “le vouloir est créateur !”
Fragement, énigme, cruel hasard, ainsi est tout, “Cela fut” - jusqu’à ce que le vouloir qui crée ajoute: “Mais ainsi l’ai voulu !”
- Jusqu’à ce que le vouloir qui crée ajoute: “Mais ainsi je le veux, ainsi je le voudrai !”” (p. 179)
[44a]- Julien Benda (1926/2003) La trahison des clercs. Editions Grasset, Paris, Collection Les Cahiers Rouges (Ebook)
[45]- Les gnostiques croyaient que le salut venait de la connaissance, une connaissance ésotérique, auquel il fallait être initié.
[46]- Chez l'éditeur Harvest House 1993.
[47]- A la p. 121 son livre "The Knowledge of the Holy" Harper & Row New York 1961/1975
[48]- Dans une certaine mesure je sais que ce verset s'applique a moi aussi, à partir du moment où je tente d'influencer quelqu'un.