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Samizdat

Le vieux vêtement





Christian Bourgeois


Afin de ne pas vous tromper.

Quelques mots de bienvenue avant de vous lancer dans la lecture de ce qui vient à la suite de cette préface Les quelque lignes qui suivent sont des réflexions concernant les Ecritures au-travers de ce que leur lecture m'en a inspiré. A aucun moment je ne prétends qu'elles sont en soi la véritable interprétation de ce qui nous est transmis, car différents auteurs dont les écrits m'ont fortement impressionné me conduisent à penser qu'il y a une forte présomption que c'est à la liberté de réfléchir sur les textes sacrés que nous sommes appelés, liberté dans laquelle seul le Saint-Esprit pourra nous conduire pour que nous puissions découvrir pour nous-mêmes à quelle liberté nous avons été appelé.(Galares 5.1)

Pour des raisons pratiques (pour moi), je n'ai pas cité toutes les références qui illustrent mes propos. Généralement, ma bible préférée est la TOB, mais je suis allé aussi puiser dans la bible anglaise NIV ainsi que mon interlinéaire grec/français. Si certains de ces écrits vous inspirent au point que vous voudriez les faire passer dans une prédication, sachez que le contenu est protégé par copyright mais aussi que je me ferai une joie de me déplacer pour vous épauler dans cette tâche si ingrate de nourrir des gens qui n'ont pas forcément faim de ça... à vos frais bien sûr (j'habite en France). Evidemment, il y a peut-être des propos qui fâchent et je m'en excuse mais j'ai délibérément jeté à la poubelle cette fameuse parole trop souvent lancée comme un couperet de guillotine: "La bible dit que..." Je ne vous partage ici que ce que j'en ai compris.

Cela pourrait déstabiliser quelques-uns de ceux qui espèrent en une parole forte, intransigeante, qui sépare jointure et moelle, implacable...ha oui, impitoyable! Mais Jésus a tellement accompagné sa parole de douceur, de bien-être, de guérison, de délivrance, de restauration de l'âme que je ne m'y retrouve pas du tout si je considére la Parole comme un glaive qui découpe en rondelle quiconque l'entend.

Car comme je me l'imagine, vous connaissez ce que dit l'Ancien Testament, en parlant de sa parole qui est comme un glaive tranchant...En parlant de ça, j'ai lu quelque part que le mot hébreu (macheira) improprement traduit par épée serait plutôt le scalpel du chirurgien, ou le sécateur du jardinier, tous deux employés avec Amour pour guérir et non d'une main barbare qui nous laisserait exsangue au sol.

Ah oui! Le ton employé est volontairement badin...



Matthieu § 9 versets 14- 17

Les disciples de Jean jeûnent avec des pharisiens... En lisant ces lignes, je fais cette remarque : les disciples de Jean jeûnent avec des pharisiens. Que font les disciples de Jean à jeûner avec les pharisiens ? Cela me surprend. Que font les disciples de celui qui annoncera le Christ, aux dépens de sa propre vie, avec des chefs religieux avec lesquels, et c'est le moins que l'on puisse dire, Jésus sera tout le temps de son ministère en délicatesse ? Mais après tout, pourquoi pas ?

Il n'y a rien de bien étonnant à cela vu la liberté de religion qui règne en Israël à cette période, et du moment que l'on prie le même Dieu qu'y a-t-il d'invraisemblable à exprimer une dévotion commune d'une façon ou d'une autre ? Et pourquoi serait-on sectaire au point de juger autrui dans son culte ? Mais l'offre va au-delà : les disciples de Jésus ne pourraient-ils pas venir jeûner avec eux ?

Il y a là un étonnement légitime de la part de ces gens dévoués au culte du Dieu d'Israël de voir que d'autres qui annoncent le même Dieu ne se joignent pas à eux. Et pourquoi ne le font-ils pas ? Voici quelques questions auxquelles on ne s'attendait peut-être pas en lisant ces versets, mais pourtant il fallait bien qu'elles se posent. D'ailleurs Jésus n'est pas en reste non plus et répond par une question bien mystérieuse puis continue en disant que l'on ne coud pas une pièce d'étoffe neuve à un vieil habit.

Jusqu'à présent, je n'avais compris ce passage que sous la forme de la nouvelle naissance. Peut-être parce qu'il ne m'avait été expliqué que sous cet angle, mais là, une autre interprétation se fait jour dans mon esprit.

Le vieil habit dont il est question ici est bien notre vieille nature mais aussi ce “ siècle présent ” auquel Jésus fait souvent allusion en opposition au siècle futur (le Royaume de Dieu – ou des Cieux). Il serait donc intéressant de comprendre quelle autre explication que celle habituellement fournie pourrait jaillir de ce texte. Quel autre message Jésus aurait pu vouloir envoyer aux disciples de Jean car, sauf erreur de ma part, le Seigneur, dans l'évangile de Matthieu, n'a pas encore abordé le thème de la nouvelle naissance.

Il me semble que ici la pièce neuve concerne les disciples de Jésus par opposition aux disciples de Jean et aux pharisiens. Je suis aussi surpris de voir que Jésus associe les disciples de Jean aux pharisiens. Si cette explication était correcte, cela signifierait combien Jésus tient à exprimer la séparation existante entre les deux mondes : si ce qu'Il apporte, le siècle nouveau, la nouvelle génération, n'a rien de commun avec le vieux, l'ancien monde, il en est de même pour ceux qui Le suivent, ou plutôt qui cheminent avec Lui. Ils n'ont rien de commun avec ceux qui restent sous “ l'ancien régime ” et ne peuvent, spirituellement communier.

Ces deux mondes semblent tellement incompatibles aux yeux du Seigneur, qu'Il emploie, en cas d'association, le terme de “ déchirure ”. L'un est vieux, au bout du rouleau, prêt à être jeté, ayant fait son temps, usé ou encore : plus bon à rien. Cela semble être, pour Jésus, l'image de ce monde dans lequel évoluent ces gens religieux et dont Il est venu annoncer la fin. Mais surtout, il n'est pas destiné à être éternel, il n'est que le précurseur de ce que Jésus vient annoncer : le Royaume de Dieu. L'autre est neuf, promis à un bel avenir, il est solide, en tous les cas bien plus que le vieux, et entre eux, aucune équivoque : toute cohabitation sera une impossibilité et entraînera une déchirure.

Par contre, à ce nouveau monde, sont associées la joie, la gloire, la lumière, l'éternité...


“ La déchirure est pire ”. Pire que quoi ?
On peut imaginer que le vieil habit usé, râpé, avait besoin d'une pièce pour une réparation quelconque. Quoi de plus tentant (et logique) que de prendre une belle pièce d'étoffe bien solide, toute neuve, afin de redonner de l'éclat à un vieux vêtement ? Ne le faisons-nous pas souvent nous-mêmes pour une veste ou un pantalon ?

Quoi de plus tentant aussi que de vouloir redonner à ce vieux vêtement une nouvelle raison d'être, un sursis toujours reporté chaque fois que l'on remettra une pièce neuve parce que l'on ne veut pas s'en débarrasser?

Cette pièce neuve aurait alors pour rôle majeur de capter l'attention sur elle et de faire “ oublier ” l'usure du reste, donc de séduire, de (se) mentir au besoin. La déchirure sera donc pire que le trou déjà existant dans le vêtement qui prédisait sa mort imminente, et comme chacun sait : qu'il est dur de se débarrasser d'un vieil habit et coûteux aussi parfois  ! Cependant, Jésus est catégorique : cela ne se fera pas ! Il y a aussi un acte d'Amour dans cette décision. La déchirure ferait plus de mal encore au vieil habit, un mal inutile qui entraînerait une mort “ violente ” et prématurée ou alors dans d'autres cas une agonie plus longue encore du vieil habit.

Elle ferait sombrer ceux du “ vieil habit ” dans une forme d'illusion et donc de confusion d'où naîtraient des conflits sans fins et stériles. Cette déchirure pourrait n'entraîner ni mort du vieil habit, ni création d'un nouvel habit mais agonie sans fin du premier et naissance jamais achevée du second.

Puis Jésus emploie une autre image : celle des outres pleines de vin. Que du vin vieux soit dans des outres vieilles, soit, surtout si on prend en compte qu'avant de vieillir, outre et vin ont été neuve et nouveau ensemble. Que du vin nouveau soit dans une outre neuve, soit, puisque l'outre et le vin vieilliront ensemble. Mais le nouveau ne peut pas être dans les vieilles outres sinon les outres exploseront sous l'action de la fermentation (ou de la vie) du vin nouveau et tout sera perdu. Tout : l'outre et le vin qu'elle contenait ! Ceci n'est en rien l'objectif de Dieu. Pour Jésus, accepter que ses disciples aillent jeûner avec ceux de Jean et les pharisiens aurait été un non-sens, le piège de la confusion, un compromis qui aurait anéanti le but même de sa venue sur terre. Ses objectifs seraient devenus flous. Il aurait prêché contre le système religieux en place mais irait jeûner avec lui au nom de...la tolérance ( ???)

Ici la notion de tolérance n'a pas de place. Le message est radical, comme son messager : “ ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'esprit est esprit ” (Jean §3 v.6) L'huile et l'eau ne peuvent se mélanger. Parler en terme de tolérance est se placer sur un faux terrain, c'est engager un débat sans queue ni tête sur des sables mouvants. Cela reviendrait d'un certain côté à juger un système par rapport à un autre et en être réduit, pour coexister, à accepter ses différences mutuelles. Jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Je pousserai la hardiesse de dire que pour cela, Jésus n'avait pas besoin de se déplacer !

Nous ne sommes donc plus, à partir de cela, sur le chemin que Jésus nous enseigne à suivre, celui de l'Amour “ agapé ” ou de l'Amour inconditionnel, mais sur celui de l'amour “ phileo ” qui intègre toutes les formes d'amour et de tolérances existantes sur terre mais dont aucune d'elles ne procède de l'Amour du Père, seul Amour capable de nous amener à la vraie vie, la vie éternelle. Amour ultime dont Jésus était animé et qu'Il désire encore transmettre à tous. En passant, je précise que je n'ai absolument rien contre cet amour phileo que je pratique moi-même. Simplement, il a des limites qu'agapé ne connaît pas. Alors que Jésus a au début parlé d'une déchirure, il parle maintenant de perte totale, de celle du récipient comme du vin (à moins que déchirure = perte totale).

Il n'est pas difficile de se rendre compte que le récipient est l'âme humaine et que le vin nouveau symbolise la vie nouvelle donnée par le Saint-Esprit. Mais ce qui est plus surprenant est que Jésus nous dit qu'il peut y avoir perte (ou gaspillage) de la vie nouvelle que nous donne le Saint-Esprit. Dans l'évangile de Luc, Il rajoute ceci : “ quiconque boit du vin vieux n'en désire pas du nouveau car il dit : le vieux est meilleur. ” (§ 5 v. 39) Cela signifie-t-il que si nous préférons notre justice passée, celle qui nous a amené à un certain niveau de religiosité ou à un certain confort et de reconnaissance d'autrui, alors nous deviendrons incapables de désirer tout changement, tout mouvement qui nous porterait en avant, nous deviendrions sourd à tout appel nous enjoignant de ne pas rester à la place où nous sommes, à abandonner nos (fausses) sécurités ?

J'aime penser à l'aveugle Bartimée (Marc § 10 v.46). Croyez-vous qu'il fut facile à cet homme de se lever, de courir vers Jésus, ne serait-ce que quelques mètres, sans rien voir, rejetant son manteau de mendiant pour recevoir, de celui qu'il appelle par la foi “ le Fils de David ”, la guérison ?

A cet homme-là s'applique vraiment ce que Jésus répond aux disciples de Jean : on ne coud pas une étoffe neuve sur un vêtement usé. Lassé de mendier, prêt à retourner dans une vie dure de travail et de souffrance, prêt à quitter ses compagnons d'infortune mais surtout languissant de voir venir celui que l'on appelle “ le Fils de David ”, il est prêt à rejeter son manteau pour qui le voudra et reçoit du Fils de Dieu non seulement la vue physique mais en plus la vue que seule donne la foi et un manteau neuf de justice (Esaïe § 61 v.10). Pour rien au monde il n'aurait voulu coudre une pièce d'étoffe neuve (même prise de la tunique de Jésus ?) sur son manteau. Le rejet de son ancienne vie est définitif, son désir d'une nouvelle vie avec le Fils de David : total. Je pense à celui qui a (peut-être) récupéré le manteau abandonné et qui proclame glorieusement à qui voudra l'entendre : “ C'est le manteau de Bartimée que je porte !, C'est le manteau de Bartimée, celui que le Fils de David a guéri ! ”

Mais je pense aussi à ceux qui n'ont pas voulu se lever, qui étaient là pour voir Jésus passer, l'acclamer peut-être, mais qui n'ont pas eu comme Bartimée l'élan de la foi, la détermination qui font la différence, tout ce qui nous fait abandonner un vieux manteau pour revêtir une tunique neuve. Ceux-là n'étaient peut-être pas prêt ou bien avaient-ils, peut-être, établis un pacte ou une alliance, consciente ou non, avec la pauvreté et/ou la maladie. Est-ce cette alliance, qui, au sein du “ siècle présent ” rend si difficile le passage d'une condition à une autre ? Passer d'une condition à une autre en effectuant un “ break ” total, est-ce vraiment sage ? Comment gèrera-t-on les conséquences d'un tel changement ? Fera-t-on mieux que ce qui est déjà ou pire ?

Une question perverse ne sommeille-t-elle pas dans notre inconscient: Dieu m'acceptera-t-il encore si je change? Alors, ne vaut-il pas mieux essayer de traiter une alliance entre le déjà et le pas encore ? C'est, me semble-t-il, ce que Jésus appelle : coudre une pièce neuve sur un vieil habit, ou bien encore : mettre du vin nouveau dans de vieilles outres. En fait, pour Dieu, il y a deux alliances : la première qui est devenue caduque, et la seconde qui est éternelle.

La première a été scellée par la mort d'un animal mais sans sa résurrection.

La seconde est scellée par la mort sur la croix du Fils de Dieu et sa résurrection.

Elle sera effective pour nous lorsque, acceptant de “ mourir avec Lui ” nous vivrons aussi par et pour Lui. Le simple fait de parler de coudre, ou de remplir est la réponse à la tentation d'une alliance. Car le mot alliance revêt dans ce cas un sens trompeur. Il s'associe en fait au mot compromis. Car il s'agit d'une alliance qui est faite “ pour que rien ne change ”. On ne peut pas ne pas voir dans le geste symbolique de Bartimée qui se défait de son manteau autre chose que de jeter une vieille pelure. Il y a, par le moyen du vêtement, toute l'expression de notre identité ou tout du moins de ce que nous en connaissons. Car est-il possible de concevoir sa propre vie comme étant celle d'un mendiant ou d'un malade en pensant que c'est là le plan de Dieu unique pour notre vie ? Pourtant Esaîe parle au § 61 de vêtement de louange, du manteau de la délivrance et un rapide coup d'œil dans une concordance aux mots vêtement et manteau nous renseignera sur l'importance que peut cela peut revêtir , si l'on peut dire.

Dans le livre de Zacharie au § 3 v.3, Josué se tient devant l'Eternel en vêtements sales. Il lui est donné des vêtements de fête (v.4). Alors que Satan se tenait devant Dieu pour accuser Josué, le fait d'avoir des vêtements de fêtes réduit l'accusation à néant. Peut-on à partir de là faire une analogie entre ce vieux vêtement dont parle Jésus, à la fois usé et sale, et celui que porte Josué ? La justice qui vient de la loi ne peut nous porter à la perfection. Seule la justice qui vient de la foi le peut si j'en crois l'apôtre Paul (Epître aux Romains § 3 v. 20). Aux yeux de Dieu, notre justice (issue des œuvres de la loi) est comme un linge souillé. Le vêtement sale de Josué n'a l'air que de servir de support aux accusations de Satan contre celui qui le porte !


Connaissez-vous Arlequin ?
Qu'on le dépeigne en noir et blanc ou en couleur, son habit est un habile patchwork composé harmonieusement (selon les goûts) de plusieurs pièces de vêtements différentes. Il semblerait que très souvent notre habit de “ justice ” ou de “ fête ” soit une composition fort habilement faite de pièce provenant à la fois de notre vieux vêtement et du nouveau. Rien d'étonnant alors que dans notre vie notre foi et notre joie soient vacillantes, inconstantes et finalement toujours retenues comme par un fil invisible à notre ancienne création dont on ne peut se séparer faute d'une détermination “ à la Bartimée ”.

La tentation de rester dans l'état ou nous nous trouvons lorsque vient un mouvement de réveil est de cet ordre et la tentation première sera de “ composer ”, de traiter une alliance entre le vieux et le nouveau. L'insécurité que représente le vêtement neuf, sera motivée, peut-être, par la peur des changements, liée à une découverte plus profonde de notre identité, ainsi que des conséquences sociales qui ne manqueront pas de se manifester. Voilà peut-être quelques unes des raisons qui poussaient Jésus à dissocier complètement ses disciples du reste des hommes. Non pas afin de créer une secte, mais afin d'offrir une vie vraiment nouvelle et hors d'atteinte des tentations de la vieille nature qui chaque jour se désagrège un peu plus mais refuse de l'admettre.

Par un message aussi radical que celui du vieux vêtement et du vin nouveau, Jésus nous avertit aussi que le compromis ne sera jamais le moyen par lequel nous aiderons l'un ou l'autre à désirer changer son vêtement. Revêtir notre vêtement de fête (tel Bartimée), devenir l'outre neuve destinée à recevoir du vin nouveau seront les seuls témoignages qui pourront inciter les uns et les autres à un choix, quel qu'il soit.

Une dernière question se poserait quant à l'outre neuve qui recevrait du vin vieux. Mais là, je vous laisse chercher la réponse vous-même. Comme je vous laisserai découvrir chez vous de quel manteau vous voulez être vraiment revêtu. Quel type d'âme (l'outre) vous désirez être. Quel sorte de vin vous voulez réellement boire...continuellement. Nous serions tentés, par bonne conscience, de répondre : oui je veux ce vêtement nouveau, oui je veux être cette outre neuve ! Mais au fait, les disciples de Jean et les pharisiens ne poursuivaient-ils pas ce but ?

Bartimée n'a-t-il pas crié : “ Fils de David aie pitié de moi ! ”

Il fut instantanément cette outre neuve cheminant avec Jésus, il reçut immédiatement un vêtement nouveau ! Mais combien d'années de souffrances, de détresses aura-t-il fallu à cet homme pour être prêt au jour J à crier sans aucune retenue (ainsi que la femme atteinte de pertes de sang chroniques –Marc § 5 v.25) : “ Fils de David, aie pitié de moi ! ” Et nous-même, combien d'années de souffrances, de remises en question, d'échec, nous faudra-t-il (ou nous a-t-il fallu) encore avant de crier à Dieu cette phrase... ou une autre ? Combien d'années faudra-t-il pour comprendre qu'une bonne partie des échecs sont dus à cette pièce d'étoffe neuve que nous persistons à vouloir coudre sur ce - si agréable à porter - vieux vêtement ? Car même si la pièce neuve couvrait 99% du vieux vêtement ce serait toujours l'épreuve de la déchirure du vieux vêtement, incapable de faire pénétrer complètement dans le repos de Dieu, dans la Joie du Père !

Mais il y a aussi cette outre neuve que nous sommes devenus et que pour une raison ou une autre nous avons rempli de vin vieux ; combien de temps avant que nous décidions que le vieux et le nouveau ne peuvent se mélanger et qu'il faudra trancher ; et que plus longtemps nous repousserons l'échéance, plus dur ce sera ? Sous une forme ou sous une autre, l'incitation de Jésus est toujours claire : à moins que nous ne tranchions d'abord pour nous-même, ni Lui ni le Père ne pourront rien faire. N'est-ce pas ce qu'Il dit : “ Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix... ” Apocalypse § 3 v.20

Mais que fera-t-Il quand nous étant enfin décidé, nous aurons accepté d'être dévêtu du vieux vêtement pour revêtir le nouveau, ou encore après avoir bu du vin vieux, nous, l'outre neuve recommencerons à boire le nouveau ? Ou aussi : que deviendrons-nous, pour les autres, parents, amis, collègues, voisins, ennemis ?

Evangile de Marc § 10 v 52 : “ ...et il (Bartimée) suivait Jésus sur le chemin. ”