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Samizdat

Au sujet du Seigneur des Anneaux




Christian Bourgeois




Chers amis.

Du fait que j'ai lu et entendu certains commentaires concernant le Seigneur des Anneaux, je voudrais faire le mien, non sur l'ensemble de l'œuvre cinématographique (à moins que l'inspiration ne me titille…), mais sur ces commentaires eux-mêmes.

Non sur leurs bien-fondés, ce qui serait irrévérencieux de ma part, mais sur un petit détail qui plonge nombre de commentateurs dans une erreur dûe à leur ignorance de certaines règles scénaristiques. Laquelle erreur…
Etant moi-même scénariste, je vais m'empresser de vous rassurer.
Lorsque l'on fait un film à partir d'un livre, on ne doit jamais reproduire le livre, mais simplement en utiliser la trame - tout en pouvant s'en éloigner. C'est une règle.
Ce qui explique la liberté qu'a pris Peter Jackson avec sa trilogie…et la déception du plus grand nombre qui s'attendait à voir les rêves les plus fous de leur imaginaire s'afficher sur le grand écran. Sorry but...
C'est pourquoi il aurait été, peut-être, plus juste de préciser quant au film: "D'après l'œuvre de…" et la nommer autrement.

Ceci dit, il nous faudra donc réinterpréter l'œuvre non plus à partir de ce que Tolkien a exprimé, mais en fonction très précisément de la façon dont on peut la comprendre aujourd'hui. Une actualisation en quelque sorte.

Si par exemple, certains éléments de la vie de Frodon et d'Aragorn ont été changés (tel que l'âge), cela me dérange par rapport au livre certes, mais pas par rapport à la réalité d'aujourd'hui. En fait, tout dépend de notre lecture des évènements.

Car par exemple, que Frodon soit jeune n'est pas un problème en soi et qu'il ait à porter une si lourde charge alors qu'il est dénoncé soi-disant comme un lâche par certains (?!?) ne nous éloigne pas des réalités de notre monde qui s'autorise l'avortement, les foyers monoparentaux ou reconstitués (souvent très mal d'ailleurs), une ouverture à la sexualité plus que problématique associée aux dangers que fait courir le SIDA, à l'embrigadement des enfants dans les armées de certains pays, la violence dans les cités, la pédopornographie, l’inquiétude quant à son avenir professionnel…et je ne parle que de ce qui concerne la jeunesse bien sûr.

Les fardeaux que porte celle-ci (et celle de l'après-guerre) sont bien trop lourds pour elle, alors, si elle arrive quand même à s'en sortir et à vaincre ce que l'adulte d'aujourd'hui n'a pas pu surmonter hier, même si c'est moins glorieusement que ce qu'on aurait souhaité, qu'importe?
Et puis, le courage, ce n'est pas de ne pas avoir peur, nous le savons tous, mais de pouvoir la surmonter. Et mais même si nous faillissions de ce côté, doit-on vraiment en porter l’opprobre, n’aurait-on pas plutôt besoin, comme Pierre après son reniement, de consolation ?

La question posée par certains de savoir si Frodon est dans le livre une figure de Christ, est en fait de savoir si Jésus Lui-même sur terre a pu avoir peur: "Ayant été tenté en toute chose…" nous répond la Bible.

Cela m’incite plutôt à imaginer Frodon comme une figure de…nous-même, qui même si nous faiblissons ou faillissons, avons toujours le recours de nous relever et avec les aides que Dieu nous donne, de parvenir au bout du combat, dans la victoire contre un ennemi que seule notre abnégation peut vaincre, une abnégation soutenue par les capacités de chacun mises au service d'une amitié sans faille, l'amitié mais aussi, pourquoi pas l’Amour, seule vérité qui demeure sur la Terre du Milieu, quand tout le reste s'écroule (1 Co 13 – La Bible).

Aragorn m'a beaucoup plu dans le film car il est aussi l'image de celui auquel sa destinée se révèle et qu’il combat tant qu'il peut jusqu'à ce que…jusqu'à ce qu'il ne puisse plus en repousser l'idée et qu'il revête sa nouvelle identité qui fera de lui d’un " rôdeur " un chevalier…mais surtout un roi à la noblesse éprouvée qui a trouvé en Arwen, l'épouse prête à mourir pour lui.

C’est là, personnellement, que je découvre une figure de Christ et d’une certaine Alliance.
Ceci dit, il me semble que dans la trilogie, par sa vaillance, son art du combat ainsi qu'une certaine initiation elfique, il témoigne déjà de cet esprit qui fera de lui un roi aimé de ses sujets, à la fois fort et humble, bien loin de l'image de Dénéthor le "roi par intérim" comme je l'appelle, l'intendant du Gondor et petit-cousin de Sauron, scotché à un trône qu'il n'a jamais eu le droit d'assumer et dont le pouvoir, aussi sûrement que celui de l'Anneau pour Gollum, le ronge mentalement.

C’est un fait, dans " Le Seigneur des Anneaux ", plus que la domination de l’Anneau elle-même, c’est le cœur corrompu des hommes par leur soif de pouvoir qui est d’abord en cause.
Mais, aussi sûrement que le Christ, le roi doit venir, et il viendra.

Aragorn vit un chemin initiatique du premier au troisième épisode et son courage n'a rien à envier à personne. Je dirais que son exemple nous rend les victoires possibles à nous qui ne savons pas toujours discerner le vrai sens de nos combats ni comment accomplir une destinée qui trop souvent nous fait peur et à laquelle trop facilement nous renonçons.

Ensuite, je vais parler de Gandalf. Gandalf le Gris, magicien qui ira contre sa volonté traverser les mines de la Moria combattre des êtres monstrueux, mais surtout un Balrog (un démon très puissant) qu’il redoutait d’affronter .
Gandalf est investi de sa mission, corps et âme, alors, lorsqu'il s'agit de bloquer le pont de pierres face à un ennemi diaboliquement effrayant pour sauver ses amis, c'est sa détermination qui me plaît:
"Vous ne passerez pas!". Et le Balrog ne passe pas.

Je me dis que si nous avions plus souvent, face aux manœuvres de l'Adversaire, une même attitude, aussi déterminée, basée sur qui nous sommes et la transcendante conviction de la valeur éternelle de notre mission sur terre…mais là n’est pas le propos.
Gandalf engage le combat et tombe magré tout dans le gouffre, mais pugnace comme pas un, il combat ce démon des profondeurs jusqu'à la mort dont il ressuscite "Gandalf le Blanc", plus fort que jamais, lui qui a refusé toute forme de compromis avec le chef des magiciens: Saroumane.

Cela ne vous rappelle rien? Mais si voyons! Les entretiens entre Jésus et Satan dans le désert peu de temps après que le Seigneur ait reçu l'onction du Père, puis, ce que l'on dit du Seigneur lorsque après sa mort, il est descendu dans le séjour des morts lier Satan…Avant de ressusciter.

La tentation du pouvoir n'échappe à personne, et Frodon doit y faire face. Mais même s'il cède tout à la fin comment lui en vouloir après ce qu'il a vécu? D'ailleurs, "l'Agneau fut seul trouvé digne d'ouvrir le Livre" nous dit l'Apocalypse.
Tout est par grâce nous affirment les Evangiles!

Car pour extrapoler un peu, si Frodon avait réussi sans coup férir, n'aurait-il pas pu tomber dans le piège de l'orgueil? Et se croire le plus fort? Sauron et le pouvoir de l’Anneau…quand donc apprendra-t-on la leçon ?
Or, il a mené à bien sa mission, mais la gloire ne lui en revient pas. Ouf!
Ouf, car il peut vivre sans ce fardeau, le fardeau de la réussite.

Ceci me conduit à réfléchir sur mes propres réflexions : Si j’avais voulu que Frodon, même en sang et avec un œil en moins (j’exagère, pardon) réussisse sa mission, n’en aurais-je pas fait un héros/dieu ? Quelqu’un qui par sa propre puissance (donc justice) aurait réussi l’inconcevable : briser la puissance de Satan.

Alors, si Frodon est un lâche, ce que je ne crois pas, j’en suis heureux, car j’ai failli tomber dans le piège de l’idôlatrie, ce piège que Satan tend à Jésus dans le désert. A Frodon, Peter Jackson conserve cette faculté qui brise nos clichés : il est humain. Diablement humain suis-je tenté de dire.

D'ailleurs, je n'ai pas le souvenir d'un seul qui ait vraiment rempli sa mission par ses propres forces. Et le secours divin symbolisé par l'arrivée des aigles nous l'atteste. Ainsi, personne ne peut se glorifier face aux autres, pas même Sam, le fidèle compagnon de Frodon qui préfèrera pourtant risquer de se noyer plutôt que de faillir au rôle qui lui est dévolu: protéger son maître. Pas plus que les elfes, vaillants combattants de l'impossible.
"Afin que personne ne se glorifie" nous dit l'apôtre Paul. Lorsque l'on est décidé ainsi à accomplir sa destinée jusqu'à la mort, comment la victoire ne serait-elle pas au bout du combat?

Pas fanatique pour un sou Sam, mais déterminé, l'Amour à l'état pur, car "il n'y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime". En tout cela, Peter Jackson a parfaitement respecté l'esprit de l'œuvre de Tolkien, même si les personnages ont eux un peu dévié.

Je ne peux ignorer plus longtemps Gollum (ex Sméagol).
Il a été conquis par le pouvoir de l'Anneau, et tel Caïn, il tue Abel, ou plutôt son cousin. Il est maudit et vit sa vie de misère dans la folie, réduit à manger du poisson cru et vivre dans des cavernes. Il a subi la torture de la part de Sauron et vit un autre calvaire, moral celui-là, celui que provoque la soif du pouvoir lorsque celui-ci nous a abandonné.
Un manque terrible qui attirerait presque la pitié.
Une figure de Lucifer à n'en pas douter.

Il est torturé par sa culpabilité et un terrible dédoublement de personnalité et trahit l'alliance qu'il avait passé avec Frodon. Tel le diviseur, il sépare Sam de son maître.
Cependant d'un certain point de vue, il est très précieux. C'est un fourbe, dont l'âme a été brisée, mais pourtant nous disent les Ecritures: "Que celui qui croit être debout prenne garde de ne pas tomber!" Car dans le cœur de Gollum, Sméagol est prisonnier.

Il n'a de précieux que le fait qu'il est un excellent guide, car il n'a plus d'être propre. Il ne peut plus dire "Je". Il parle de lui-même à la première personne du pluriel, car la capacité de parler en son propre nom lui a été enlevé, conséquence du péché qui a fait de lui un objet qu’on jette après usage. C'est peu au regard de la gloire qu'il pense recevoir de l'Anneau pour lequel il n'a qu'une seule pensée: "Il est à moi, mon Précieux". Une addiction encore très répandue de nos jours
Pourtant, l'Anneau, après l'avoir utilisé, divorce d’avec lui et se choisit un autre porteur: Frodon, un porteur qui devrait le ramener à Sauron. Car il faut bien le reconnaître, c’est l’Anneau qui, souverainement, choisit.
Mais Gollum est tenace et le récupère. Victoire éphémère qui précède de peu sa destruction finale, car, est-il dit : " L’Anneau ne peut avoir qu’un maître : celui qui l’a forgé ".
Finalement, de l’union entre l’Anneau et Gollum on pourra dire que seule la mort les aura séparé. Etrange mariage.

Revenons à nos héros. Combien d'entre tous les personnages de la trilogie manifestent les même qualités humaines?
Des hobbits aux elfes en passant par les hommes, malgré leurs différences, ils combattent pour une même juste cause: sauver la Terre du Milieu, notre monde en quelque sorte et font preuve des mêmes qualités d'abnégation, de détermination, de courage tout en sachant encore pleurer lorsque la charge est trop lourde, car ils restent humains.
Le sens de l'honneur s'oppose à la cruelle bestialité des Orques et autres Uruk-Haï, mais quand on a une mission, rien ne doit nous arrêter!

Aragorn pourtant blessé retrouve sa combativité au gouffre de Elm, et prend plus tard autorité pour aller lever une armée, l'armée des ombres, des morts vivants, ceux qui ont trahi et ne peuvent trouver la paix que grâce à lui.
Avant d’être couronné Roi, il est déjà Sauveur.

Roi, il ose enfin s'accepter comprenant que sa vie est dans le même cul-de-sac que l'armée qui est en train de camper et dont la seule issue est d'assumer l'appel qui est sur sa vie depuis des générations déjà. D'ailleurs, il en reçoit l'épée, une épée chargée d'histoire, de l'histoire d'une trahison qu'il va falloir maintenant couvrir par un acte d'héroïsme ultime. Le chemin est tracé, il n'a plus qu'à l'emprunter… Le choix, ai-je dit dans "Matrix".

Mais a-t-il vraiment le choix quand il apprend qu’Arwen sa bien aimée qui est devenue mortelle est mourante à cause du pouvoir grandissant de Sauron ? Plus de doute : à moins que Sauron ne soit détruit, lui et son sordide pouvoir, Arwen mourra. L’homme chargé de doutes se trouve soudain transcendé : subtil pouvoir de l’Amour qui nous pousse dans nos ultimes retranchements, ceux précisément auxquels on ne veut pas se confronter ! C’est Elrond qui habilement se charge de le mettre devant un choix qu’il n’a plus, car il sait d’avance (à mon avis) quelle sera la réponse d’Aragorn face à ce challenge et s’est déjà muni de l’épée que Arwen lui a demandé de reforger Narsil, l’épée brisée d’Ellendur qui, reforgée, devient Anduril.
Tous les rois ont leur épée : pour Roland de Roncevaux, c’est Durendal. Pour Arthur : Excalibur, pour Aragorn : Anduril et pour le Christ : la Parole, mais je dirais aussi que toute épée à son roi.
Ainsi, grâce à une femme, même mourante, Aragorn prend en main son destin et le destin de tout un peuple face à un ennemi contre qui la victoire, pas plus que la défaite, ne lui appartiennent. Tout juste aurait-il la consolation d’avoir combattu jusqu’au bout, de n’être pas mort sans l’avoir fait payer très cher, d’avoir aussi racheter la défection de son ancêtre, séduit lui aussi par le pouvoir de l’Anneau.
La seule question qui se pose alors est de savoir s’il a combattu plus pour les beaux yeux de sa belle que pour la Terre du Milieu ; mais ça, c’est son secret.

Parlons justement un peu des femmes.
Tout d'abord, revenons sur Arwen, qui est soumise aux affres de l'Amour et confrontée à sa condition royale. Elle aime Aragorn qui le lui rend bien et accepte de perdre sa condition d'Immortelle pour vivre son Amour avec lui, car pour elle, pas de doute: Aragorn est roi.
C’est sa foi en lui qui va le rencontrer dans sa solitude, car, et c’est bien connu, ceux de l’extérieur voient beaucoup mieux en nous que nous-même.

Comment ne pas s’arrêter sur la condition de l'éternité très bien rendue ici, lorsqu'elle affirme à son père qu'elle ne pourra pas vivre éternellement avec le regret de ne pas avoir accompli le désir de son cœur: aimer celui qu'elle aime. C’est ainsi qu’elle préfère une condition de mortelle plutôt que le regret éternel.
Cela m'amène à une réflexion sur l'enfer.
Beaucoup pensent que l'enfer est d'être grillé comme des saucisses sur un barbecue pour l'éternité. C'est un peu enfantin car en fait, l'enfer sera plus probablement d'être soumis à nos regrets, remords, culpabilité et tout ce qui dans notre vie n'aura pas été couvert par le pardon, la consolation et la guérison offerts par Dieu en Jésus-Christ. La résurrection est pour tous nous enseigne Paul: les uns pour la gloire éternelle, les autres pour l'opprobre éternelle!
En cela, Arwen craint un enfer et choisit: plutôt mourir comme tout mortel en ayant accompli le désir de son cœur que de vivre rongée par des regrets éternels.

La question reste posée: mais qu'est-ce que le paradis si l'enfer c'est cela?
Il fallait y penser et ne pas omettre ce message de gloire éternelle transporté par Tolkien.
Peter Jackson l'a ausi compris.
Continuons avec Arwen. Elle est la digne promise de son Aragorn chéri car quand il faut, pour sauver Frodon grièvement blessé, affronter les cavaliers noirs, elle n'hésite pas une seconde et, ayant traversé la rivière qui la met à l'abri des maléfices de Sauron, au terme d'une chevauchée héroïque (dans laquelle elle se blesse légèrement), elle soulève les flots par une prière et se débarrasse de ses dangereux poursuivants. Tout le monde n'a pas le droit de traverser la Mer Rouge dirait-on!

Mais Arwen a une rivale. Bien involontaire d'ailleurs. Eowyn qui vient de perdre son frère et rencontre cet Aragorn, qui semble en faire rêver plus d'une, lors d'un mythique combat de puissances: celle de Saroumane contre celle de Gandalf le blanc.
Eowyn qui sur le plan du courage et du dévouement n'a rien à envier à Arwen: n'est-ce pas elle qui protège son oncle contre un nasgul qu'elle tue d'un maître coup d'épée? Elle sait désobéir mais aussi se soumettre, pardon, s'offrir. En cela, elle est une femme libre à la manière d'Arwen qui elle doit encore s'affranchir de sa nature d'Elfe et de l'amour exclusif que lui voue son père, et découvre une liberté qui, sur son lit de mort, ne lui offre plus que l’ unique désir de Le revoir une dernière fois.
Les avances légitimes –croit-elle, qu’Eowyn fait à Aragorn qui l'apprécie et la respecte, ne trouveront pas chez lui le moindre petit moment "d'égarement" .

La sexualité est remise à sa place, comme le plus précieux des trésors, qui ne se dévoile qu’à ceux qui se sont destinés l’un à l’autre et ne se galvaude pas.
Mais la fidélité et la persévérance portent toujours leur fruit de justice: Eowyn trouvera enfin celui qui lui est destiné, un valeureux chevalier combattant pour des valeurs nobles, Faramir, que le besoin de plaire à son père va pousser jusqu'à un sacrifice ultime autant qu'injuste. Le sacrifice d'Isaac? Le bras de Dieu qui arrêtera la folie du père s'appelle-t-il Pippin pour l'occasion? "Ne lève pas ta main contre l'enfant" dit Dieu à Abraham.
Que de fois, je m'en rends compte ai-je écrit le mot sacrifice! Et combien d’autres fois aurais-je pu le faire !

Puis, la dame de LothLorien, Galadriel la mystérieuse, qui dérange par son air de tout savoir et dont on ne sait de quel côté elle se trouve: magicienne ou bien sorcière. Et d’ailleurs, où est la différence? Elle résiste dans un combat intérieur violent contre l'attrait du pouvoir de l'Anneau, mais on la voit à la fin libérée - elle aussi - de cette emprise qui lui permet, dit-elle, de rester " Galadriel ", et semble acquérir à la suite de cela une certaine sérénité, celle qui n'arrive qu'aux termes d'une victoire sur soi par le plus violent des combats intérieurs: celui contre la soif du pouvoir.
Son aide est cependant précieuse tant par ses paroles prophétiques que par le don qu’elle fait à Frodon de la " lumière d’Earendil " qui lui sera si utile contre Arachné.

Je ne saurais être complètement honnête sans vous parler d'une autre de ces femmes, très humble, celle qui n'aura cessé, à notre insu, d'habiter l'esprit de Sam: Rosie qu’il a tellement hâte de retrouver.
Aussi fidèle que les autres, courageuse et passionnée, elle fait partie de ces femmes qui savent parler aux hommes d’un seul regard, que l'on oublierait facilement car elles n’ont pas de super pouvoirs ou un sex-appeal dévorant mais auxquelles on se doit de rendre un hommage vibrant.

Telles ces femmes de marin, par exemple, qui attendent persévérantes le retour de leurs maris partis de long mois pour des saisons de pêche dont certains ne reviennent pas, ou de militaires...

Un hommage aux "petits" comme savent leur rendre Jésus-Christ, Tolkien…et Peter Jackson.

Et Méri et Pippin? Et Gimli, Légolas, Faramir, Boromir, Eomer, tous preux chevaliers aux destins divers…Et les Ents, représentants de la forêt, instruments de choix pour la destruction du royaume de Saroumane ! Malheureux ceux qui détruisent la Terre nous est-il dit dans le livre de " l’Apocalypse ".

Je vais vous laisser continuer cette étude avec eux si vous le désirez après avoir clos cet exposé sur l'image de Bilbo, finalement à l'origine de toute cette histoire. Bilbo qui, parfaitement ignorant de tous les dangers auxquels la Terre du Milieu vient d'échapper, voudrait bien revoir une dernière fois l'Anneau.
"Heureux (mais aussi : En marche…) ceux qui ont le cœur pur…"

Finalement, Peter Jackson n'a pas trahi Tolkien. Il n'a fait que décevoir une attente que certains avaient, et c'est peut-être tant mieux car ceux-là garderont intact un imaginaire que personne ne viendra corrompre ou asservir par sa propre vision des choses. Touchante attention de votre part monsieur Peter Jackson vous qui n'avez pas non plus trahi une des lois perverses de l'imaginaire qui veut que ce que nous possédons, nous ne le désirons plus.

Il ne nous a pas volé non plus le seul droit que nous avons à la lecture de ce genre d'épopée: celui de nous créer nos propres personnages comme bon nous semble, aujourd'hui comme cela, demain autrement.
Il ne les a pas "figés" dans notre esprit comme peut être figé le Néo de Matrix joué par Keanu Reeves par exemple ou encore Trinity jouée par Carrie-Ann Moss.

Merci, monsieur Peter Jackson d'avoir compris cela, de n’avoir pas fait ce que Dieu lui même se refuse à faire : corrompre notre imagination par des clichés nommés " vérité ", contrairement à l'attente inconsciente de beaucoup.
Que le Seigneur vous le rende.