Christian Paulhus (déc. 2009)
Je suis enseignant au secondaire et je dois transmettre le nouveau programme d'éthique et de culture religieuse (ECR). Déjà, en 2006, j'avais fait parti d'une consultation du MELS lors de laquelle j'avais justement soulevé les problèmes éventuels d'une telle approche pluraliste, syncrétique et relativiste au niveau des religions. Mon avis n'a évidemment pas été retenu... Mais ce qui est pire, c'est que les enseignants d'ECR se voient désormais interdits de toute opinion divergente. En effet, dans un récent courriel envoyé au conseiller pédagogique d'ECR de ma Commission scolaire, j'avais soumis à sa réflexion un article produit par un anthropologue de Québec, lequel débusquait les fondements philosophiques néfastes de ce cours. Résultat = quelques jours plus tard, j'ai été convoqué dans le bureau de la directrice générale de mon école pour une rencontre disciplinaire. Estomaqué de constater que le conseiller pédagogique avait transféré mon courriel privé à ma supérieure, j'ai été bouleversé par la menace nettement évoquée de mettre mon emploi en jeu si mes positions se rendaient aux oreilles de la directrice du personnel de la Commission scolaire ! Après cette dénonciation-sommation, injustifiable dans une démocratie comme la nôtre, ma représentante syndicale a tenu à me rassurer sur l'illégalité d'une telle procédure. La directrice, m'a-t-elle assuré, aurait reconnu y être allé un peu fort. Pourtant, la leçon d'une telle réaction de la part du conseiller pédagogique et de la direction demeure éloquente !
Les représentants du MELS, depuis la Ministre jusqu'au plus bas échelon de ses palliers d'autorité, démontrent à l'évidence que ce cours vise l'endoctrinement des futurs citoyens que sont les élèves. N'oublions pas qu'avant l'implantation de ce cours, le gouvernement a modifié l'article 41 de la Charte des droits et liberté, retirant ainsi aux parents la prérogative de l'enseignement des valeurs religieuses. Depuis lors, le gouvernement a donc l'autorité d'imposer aux enfants québécois sa doctrine pluraliste, sans que les parents ne puissent soustraire les héritiers de leur culture familiale au lavage des cerveaux qu'opère le nouveau cours d'ECR. On ne trouve de telles méthodes, dans l'histoire, que dans les régimes totalitaires.
Je croyais qu'avec la disparition des cours d'enseignement religieux, le respect du contenu de foi et la surveillance des dogmes allaient être réservés à la cathéchèse des églises. J'ai pas mal déchanté ! En «Éthique et culture religieuse» je suis maintenant bien plus surveillé sur mon enseignement, sur mes commentaires et sur mes pensées, que lorsque j'enseignais le programme religieux catholique.
Espérons que de plus en plus de voix porteuses d'un discours intelligent et avéré, comme l'a fait la sociologue Joëlle Quérin, finiront par enterrer l'appel forcé au pluralisme religieux lancé du haut de la tour du MELS.