Plan Cosmos Arts Engin de recherches Plan du site

Samizdat

Comment supporter la douleur?

Lorsque nos héros trahissent notre confiance.[1].




Jon Trott (1992)

Exode 20:3Sa voix, prise en sandwich entre un animateur de radio trop bavard et une pléthore de publicités ineptes, a posé à la personne interviewée (moi) une question fort simple: “Je ... je pense que vous avez eu raison de publier cet article, mais comment puis-je faire face à la douleur? Je croyais bien à l'histoire de Mike Warnke[2], et son témoignage m'a aidé à devenir une chrétienne. Cette histoire me blesse tellement. ”

L'animateur a coupé la ligne à cette dame, lançant une phrase-punch en mettant fin à l'interview pour passer une autre pub. Je me souviens très peu de la suite. Pourtant la voix de la femme a fait l'écho dans ma tête: “ Comment faire face à la douleur? ”

Peut-être l'animateur m'a sauvé de l'embarras en lui coupant la parole. Après tout, je savais bien traiter avec les types irrationnels, ceux qui m'accusaient d'être un sataniste ou de vouloir traîner les « hommes de Dieu » dans la boue. Et il est trop facile d'avaler les louanges de personnes impressionnées par la recherche bien faite. Mais entre ces deux extrêmes se trouve un lieu extrêmement important où l'on rencontre des blessures très profondes. Cette dame a parlé de son besoin. Comment j'aurais pu lui répondre, je me le demandais....

En 1977 j'étais un réfugié de collège chrétien. J'y étais allé avec une foi idéaliste de jeune converti deux ans, mais je l'ai quitté après avoir fait la rencontre de jeunes qui avaient grandi dans des familles évangéliques et étaient impatients de couper les ponts avec l'Évangile et « de voir le monde ». Je suis arrivé à Chicago et j'ai rejoint la communauté Jesus People USA. La perfection? Non! Mais au moins, j'avais trouvé un endroit où il était normal d'être idéaliste au sujet du christianisme. J'avais trouvé ma place dans le grand corps du Christ. Puis, en 1978, je suis devenu rédacteur en chef de la section musique de la revue Cornerstone et j'ai été confronté à des faits que j'aurais préféré ne pas savoir sur les musiciens chrétiens qui avaient été mes héros.

C'est à cette époque, lors d'une réunion du personnel de la revue, qu'un membre du personnel a fait part de preuves révélant que mon rocker chrétien préféré avait couché avec des femmes dans plusieurs villes différentes. Au cours de la discussion j'ai soudain éclaté en larmes. Un sentiment de perte, des sentiments de trahison, m'ont assailli. "Pourquoi?", j'ai demandé à notre éditrice, toujours patiente : “Comment de telles choses peuvent-elles se produire? Qui va y mettre fin? Combien de ces gars-là sont vrais?!" Elle se tourna vers moi et m'a rappelé des événements douloureux vécus par la communauté de Jesus People USA (JPUSA).

Le pasteur fondateur de JPUSA avait une histoire de vie en dents de scie où figuraient l'alcoolisme et des errements. Mais il avait fini par mettre de l'ordre dans sa vie et, avec sa famille, il s'était joint à la communauté de Jesus People à Milwaukee. Il commença à y prêcher régulièrement et beaucoup de gens ont répondu à la Parole de Dieu à travers ses sermons.

Plus tard, une partie de cette communauté ainsi que ce pasteur ont fait des tournées [d'évangélisation] aux États-Unis, pour finalement s'installer à Chicago. Notre groupe rock Resurrection Band allait jouer dans un parc, un gymnase, un lycée ou à l'église, et notre pasteur prêchait. Beaucoup de jeunes ont été sauvés; des villes entières dans la péninsule nord du Michigan ont expérimenté un réveil. Puis l'obscurité est tombée. Le pasteur a tenté de séduire une jeune femme récemment convertie. Elle lui a refusé et finalement a exposé la situation à une diaconesse. On a confronté le pasteur à ce sujet, mais il ne voulait pas se repentir. Alors que sa vie se désintégrait sous les yeux de la communauté, ses sermons ont continué de gagner des gens à Christ. Quel mystère, que la vie d'un homme puisse être en rébellion contre Dieu, mais que les lèvres du même homme puissent énoncer avec précision des vérités des Écritures.

Le moment de vérité est arrivé; est-ce que la JPUSA laisserait le leadership et son rôle de porte-parole de Dieu à un homme qui refusait de se repentir? Dans le même contexte, d'autres communautés se sont soit soumises à un leadership déchu, ont vu leur communauté se disloquer ou ont pris un tournant sectaire.

Mais les membres les plus âgés se sont regroupés et ont exigé des comptes à ce pasteur, même lorsqu'il les engueulait, les accusant de vouloir "voler son ministère." Plusieurs de ceux qui sont intervenus auprès de ce pasteur devenaient physiquement malades à chaque nouvelle confrontation. Ce pasteur a menacé de mettre fin à la communauté et de forcer tous les membres de “rentrer à la maison ”. Mais ces jeunes leaders, dont certains étaient devenus chrétiens sous la prédication de cet homme, sont restés fermes. "Nous préférons obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes... et même un homme que nous aimons." Pendant six mois, ceux qui l'aimaient tant ont souffert de le voir lutter avec Dieu. À la fin, lorsqu'on a exigé qu'il aille au sud dans un centre de counseling pour dirigeants chrétiens, ce pasteur a quitté JPUSA ainsi que le ministère. Plus jamais une seule personne ne saurait “prendre en otage ” notre communauté.

Je raconte cette histoire en partie car nous avons beaucoup appris de la douleur que ces premiers dirigeants ont supportée. Ils ont constaté la nécessité d'une pluralité de leadership. Ils ont trouvé leur vocation renforcée et leur relation avec Dieu et les uns des autres mûrie au travers des épreuves de feu qu'ils venaient de passer. La douleur a été terrible, mais ces jeunes hommes et femmes de Dieu ont récolté la récompense pour avoir persévéré.

Mais notre expérience ne donne qu'une réponse limitée à la question de la femme, « Comment puis-je faire face à la douleur? ». La douleur des gens de la JPUSA s'est limitée à notre communauté; évidemment la chute d'un personnage connu sur le plan national est un événement qui provoque la douleur chez beaucoup plus de croyants. Ce musicien, dont je pleurais les péchés n'était pas, comme Mike Warnke a pu l'être pour elle, l'homme qui m'a conduit à Christ. Pourtant, dans les trois exemples - mon musicien, son comédien, et le pasteur de JPUSA - il y a un fil commun. Notre douleur a été causée par la chute de quelqu'un que nous avions pensé être attaché à la justice, mais agissant pour le mal; que nous avions pensé vouloir défendre la vérité, mais proférait le mensonge; celui que nous avions pensé aimer le Seigneur, aimait autre chose en réalité.

Évidemment la confusion peut s'installer chez une personne se sentant trahie par le comportement d'un représentant de Dieu. Dans ma vie personnelle, c'est la Parole de Dieu qui au milieu de la confusion de l'âme, fit naître la paix et la compréhension. Pendant la crise de la communauté JPUSA, la Parole de Dieu est devenue d'une importance absolue, à la fois comme phare permettant de s'orienter et en apportant un baume sur la douleur de la communauté. Christ parlant à travers des Écritures et aussi au travers de frères et sœurs peut nous secourir et aider les personnes blessées par des “chrétiens” à garder leur équilibre. Nous devons certes écouter nos émotions, mais aussi les soumettre à la vérité de la Parole de Dieu, sinon Satan saura semer son levain au milieu de notre douleur.

Une tentation majeure pour certains sera de se mettre en colère contre Dieu et le blâmer pour ce que font ses représentants. « Si c'est comme ça qu'agissent les chrétiens, alors je ne veux plus rien savoir de l'Église! » Une telle approche cynique peut faire naître en nous un sentiment de supériorité intellectuelle et d'invulnérabilité émotive, mais ne règle pas le problème de fond. Dieu ne tolère pas des actes répréhensibles de n'importe quel individu, peu importe s'il dirige un “grand ministère” ou non. D'autre part Dieu ne tolère pas le rejet de notre part du sacrifice de son Fils sur la croix parce qu'une personne s'est propulsée au sommet de l'hiérarchie évangélique et par la suite s'est vu démasqué comme charlatan.

À l'autre extrême, nous pouvons tenter d'excuser les gestes de la personne rebelle et certains iront même jusqu'à suggérer (comme l'a fait une femme que j'ai interviewée), « Ne touchez pas à l'oint de Dieu ! » C'est l'approche de « je ne vois aucun mal, je n'écoute aucun mal. » C'est un péché. Tout homme ou toute femme qui prétend qu'en raison de leur place unique dans le plan de Dieu ou de l'efficacité de leur ministère il ne devrait pas être tenu responsable à l'égard des normes de la sainteté énoncées dans les Écritures est un menteur. La vérité est que beaucoup de gens qui s'érigent en petits papes protestants et courent ici et là dans nos églises. Si nous négligeons d'exercer notre propre discernement à cause de la rhétorique enjôleuse d'un ministre nous disant qu'il est l'homme de Dieu, il se peut que plus tard nous en récolterons les fruits amers.


L'exemple de David

Si nous examinons les péchés de héros bibliques tels que David cela nous rappelle à la fois les répercussions incalculables du péché et la portée incommensurable de la grâce. Je crois que le récit de David et Bath-Schéba est une histoire que seuls ceux qui ont personnellement expérimenté le pardon de Dieu peuvent comprendre. C'est un récit d'égoïsme effréné, d'adultère, de trahison et l'assassinat d'un homme innocent. Il n'y a que dans le baiser de Judas que nous voyons un acte aussi ignoble que celui-ci dans les Écritures. Il suffit de penser comment cela aurait été perçu dans la presse à potins de l'époque. Pourtant, qui a publié ce récit? Dieu l'a fait. Ces événements sont décrits dans 2Samuel 11 et 12.

Mais ce récit ne se termine pas par une grâce insipide (David s'en sortant sans conséquences) ou par un jugement sommaire (David lui-même exécuté, sur-le-champ). Au lieu de cela, Dieu dans sa miséricorde envoie le prophète Nathan à David afin d'exposer son péché et de déclarer le jugement de Dieu: « je vais prendre sous tes yeux tes propres femmes pour les donner à un autre, qui couchera avec elles à la vue de ce soleil. Car tu as agi en secret; et moi, je ferai cela en présence de tout Israël et à la face du soleil. » Dieu n'aime pas les dissimulations. Satan dissimule. Dieu révèle.

La réponse de David est brève et va au cœur de son problème: « J'ai péché contre l'Éternel ! » Il ne plaide pas pour une peine plus légère. Il ne tente pas non plus de blâmer Bath-Schéba ou de s'appuyer sur son statut de leader comme preuve que Dieu est toujours avec lui [et qu'il n'a donc pas à se remettre en question]. David se soumet simplement à l'évaluation de Nathan, il avoue son péché. Encore une fois, nous voyons la puissance édifiante du péché avoué. Grâce à la douleur de la confession de David, rendu public dans le Psaume 51, on peut ressentir la guérison du pardon divin. L'homme selon le cœur de Dieu a entendu la Parole de Dieu et s'est laissé briser par elle: « Si tu eusses voulu des sacrifices, je t'en aurais offert; Mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes. Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c'est un esprit brisé: O Dieu! Tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit. »

Les gens de la communauté Jesus People USA espéraient, eux aussi, que leur serait accordée la vue de leur pasteur se repentant comme David. Mais les choses ne se sont pas terminées ainsi. Certains chagrins subsistent toujours dans les archives de nos cœurs.

Alors comment faire face à la douleur? Le nom de Jésus est traîné dans la boue en raison d'imposteurs proclamant la vérité, prêchant le ciel, mais vivant comme le Diable. Cette trahison fait mal. Mais cette douleur que nous ressentons, ne nous donne qu'un bref aperçu de la douleur que ressent notre Père céleste lorsque les hommes et les femmes lui refusent, de manière délibérée et pendant des années, l'obéissance tout en utilisant son nom. Quelle était cette douleur qu'a ressenti Jésus-Christ lorsqu'il était tourmenté à la fois spirituellement et physiquement sur la croix pour des péchés qu'il n'a pas commis - NOS péchés? La prochaine fois que nous nous sentons amers ou avons envie d'excuser le péché ou encore avons envie de nous adonner au pécher nous-mêmes, peut-être la mémoire de la douleur que nous avons ressentis en apprenant la chute de notre héros chrétien peut nous faire réfléchir à nouveau. La douleur physique a comme fonction de nous avertir que quelque chose nous fait du mal. Faire face à la douleur signifie que nous devons faire face à la cause de la douleur.

Jésus-Christ est la seule personne qui ne nous causera jamais de douleur en trahissant notre confiance. Aux yeux du monde Il était cinglé et aux yeux des Juifs, il était un rebelle. Même son bras droit, le disciple Pierre, a renié Jésus dans un moment de vérité: «  Je ne l'ai jamais connu. » Mais Jésus, pour sa part, n'a jamais failli à l'appel que son Père lui a donné et il est ressuscité des morts, tout comme Il l'avait prédiit. Il peut parfois nous dire non lorsque nous préférions un oui, mais Il ne nous quittera jamais, ni ne nous abandonnera. Il est amour.


Un mot du webmestre pour le leader chrétien et le “ chrétien ordinaire ”.

Paul Gosselin (2012)

Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l’âme découragée. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang, en luttant contre le péché. (Héb 12: 1-4)



Ces dernières années, dans mes mailings, j'aborde parfois la question du jugement, c'est-à-dire qu'un jugement vient sur l'Occident[3], mais un jugement qui n'atteindra pas que les “ non-chrétiens ”, mais touchera également le monde évangélique aussi. Et à mon avis les pasteurs ayant diffusé l'erreur ou une théologie superficielle[4] seront touchés par ce jugement. Mais bon, le jugement n'est pas du tout un sujet populaire dans notre génération. Pour vous en convaincre, demandez par exemple à un gai s'il est d'accord que le SIDA soit un “ jugement de Dieu ”... Le jugement est évidemment un concept en contradiction violente avec le concept postmoderne que “ chacun a sa vérité ”, car il implique qu'un jour nous, les humains, auront des comptes à rendre devant Quelqu'un. Mais ces attitudes ont fait leur chemin chez les évangéliques aussi. Par exemple, si vous rencontrez un chrétien dont le comportement est en contradiction avec les normes du Nouveau Testament et que vous lui parlez de son péché, très souvent il ou elle réagira exactement comme un païen, en s'exclamant, offusqué: “ tu n'as pas le droit de me juger ! ”

En réaction à un commentaire de ma part sur le jugement de Dieu pouvant atteindre les pasteurs ayant diffusé l'erreur ou une théologie superficielle, un contact pastoral m'a proposé les observations suivantes :

À première vue ces commentaires peuvent sembler raisonnables, mais trop souvent lorsqu'un chrétien “ ordinaire ” rencontre un pasteur au sujet d'une erreur doctrinale (et qui n'est pas une opinion privée, mais une chose prêchée du haut de la chaire et touchant plusieurs personnes), il se fait envoyer promener, car après tout, il n'a pas fait son collège biblique. Comment peut-il oser ? Qu'est-ce qu'il peut savoir sur la théologie, les dogmes ou la Bible ? Et même le jeune et zélé gradué de collège biblique, diplôme en main, peut s'essayer, mais lui aussi pourra aller se rhabiller, car il n'a pas autant d'années d'expérience... Parfois les pasteurs font appel à un autre truc terriblement efficace pour désarçonner le chrétien sincère, la Question : Tu ne serait pas animé par hasard d'un esprit de rébellion ? Tous les prétextes sont bons. Mais il faut avouer aussi qu'il peut y avoir de l'écoute de la part des pasteurs, mais ce qui ne débouche pas nécessairement sur un accord de points de vue. Comme dans le cas relaté par Trott, la justice ne se fait pas toujours dans ce monde déchu. C'est la vie. Ici-bas toutes les vérités ne sont pas dites, ici-bas tous les péchés ne sont pas confessés. Ici-bas nous voyons rarement régner la justice, mais un jour notre Seigneur fera Sa justice. Oui, il est notre Sauveur et il nous sauve aussi bien de notre propre méchanceté que de celle des autres...

Mais si on résume les observations de mon contact pastoral, cela semble justifier le pasteur qui se lave les mains de son enseignement erroné en prétextant que les chrétiens ordinaires ont la possibilité de protester ou changer d'église... En somme, ils ont donc les enseignants qu'ils méritent !

Il y a donc une part de vérité dans les observations de ce contact pastoral, mais il passe sous silence un fait important, c'est-à-dire que les Écritures, la Parole de Dieu affirme clairement que les leaders chrétiens, ceux qui sont en position de responsabilité ou cherchent à influencer d'autres[6], seront sujets à un jugement particulier.

Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. (Jacques 3 : 1)

D'autre part, Jésus lui-même a été TRES clair sur le jugement de ceux qui trahissent, soit dans leur enseignement ou dans leur comportement, la confiance de ceux sous leur responsabilité :

Jésus dit à ses disciples: Il est impossible qu'il n'arrive pas des scandales; mais malheur à celui par qui ils arrivent! Il vaudrait mieux pour lui qu'on mît à son cou une pierre de moulin et qu'on le jetât dans la mer, que s'il scandalisait un de ces petits. Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le; et, s'il se repent, pardonne-lui. Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant: Je me repens, -tu lui pardonneras. Les apôtres dirent au Seigneur: Augmente-nous la foi. (Luc 17: 1-5)

Et dans l'Apocalypse, Christ dit, dans sa lettre à l'Église d’Ephèse:

Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs (Apoc. 2: 2)

Il est donc clair que se soucier de saine doctrine est une question IMPORTANTE et qu'il faut procéder même lorsque les gens impliqués se donnent de grands titres. Et dans l'Ancient Testament, il y a Jérémie qui n'a jamais la langue dans sa poche:

Sur les prophètes. Mon coeur est brisé au dedans de moi, Tous mes os tremblent; Je suis comme un homme ivre, Comme un homme pris de vin, A cause de l’Eternel et à cause de ses paroles saintes. Car le pays est rempli d’adultères; Le pays est en deuil à cause de la malédiction; Les plaines du désert sont desséchées. Ils courent au mal, Ils n’ont de la force que pour l’iniquité. Prophètes et sacrificateurs sont corrompus; Même dans ma maison j’ai trouvé leur méchanceté, Dit l’Eternel. C’est pourquoi leur chemin sera glissant et ténébreux, Ils seront poussés et ils tomberont; Car je ferai venir sur eux le malheur, L’année où je les châtierai, dit l’Eternel. Dans les prophètes de Samarie j’ai vu de l’extravagance; Ils ont prophétisé par Baal, Ils ont égaré mon peuple d’Israël. Mais dans les prophètes de Jérusalem j’ai vu des choses horribles; Ils sont adultères, ils marchent dans le mensonge; Ils fortifient les mains des méchants, Afin qu’aucun ne revienne de sa méchanceté; Ils sont tous à mes yeux comme Sodome, Et les habitants de Jérusalem comme Gomorrhe. C’est pourquoi ainsi parle l’Eternel des armées sur les prophètes: Voici, je vais les nourrir d’absinthe, Et je leur ferai boire des eaux empoisonnées; Car c’est par les prophètes de Jérusalem Que l’impiété s’est répandue dans tout le pays. Ainsi parle l’Eternel des armées: N’écoutez pas les paroles des prophètes qui vous prophétisent! Ils vous entraînent à des choses de néant; Ils disent les visions de leur coeur, Et non ce qui vient de la bouche de l’Eternel. Ils disent à ceux qui me méprisent: L’Eternel a dit: Vous aurez la paix; Et ils disent à tous ceux qui suivent les penchants de leur coeur: Il ne vous arrivera aucun mal. Qui donc a assisté au conseil de l’Eternel Pour voir, pour écouter sa parole? Qui a prêté l’oreille à sa parole, qui l’a entendue? Voici, la tempête de l’Eternel, la fureur éclate, L’orage se précipite, Il fond sur la tête des méchants. La colère de l’Eternel ne se calmera pas, Jusqu’à ce qu’il ait accompli, exécuté les desseins de son coeur. Vous le comprendrez dans la suite des temps. Je n’ai point envoyé ces prophètes, et ils ont couru; Je ne leur ai point parlé, et ils ont prophétisé. S’ils avaient assisté à mon conseil, Ils auraient dû faire entendre mes paroles à mon peuple, Et les faire revenir de leur mauvaise voie, De la méchanceté de leurs actions. Ne suis-je un Dieu que de près, dit l’Eternel, Et ne suis-je pas aussi un Dieu de loin? Quelqu’un se tiendra-t-il dans un lieu caché, Sans que je le voie? dit l’Eternel. Ne remplis-je pas, moi, les cieux et la terre? dit l’Eternel. J’ai entendu ce que disent les prophètes Qui prophétisent en mon nom le mensonge, disant: J’ai eu un songe! j’ai eu un songe! Jusques à quand ces prophètes veulent-ils prophétiser le mensonge, Prophétiser la tromperie de leur coeur? Ils pensent faire oublier mon nom à mon peuple Par les songes que chacun d’eux raconte à son prochain, Comme leurs pères ont oublié mon nom pour Baal. Que le prophète qui a eu un songe raconte ce songe, Et que celui qui a entendu ma parole rapporte fidèlement ma parole. Pourquoi mêler la paille au froment? dit l’Eternel. Ma parole n’est-elle pas comme un feu, dit l’Eternel, Et comme un marteau qui brise le roc? C’est pourquoi voici, dit l’Eternel, j’en veux aux prophètes Qui se dérobent mes paroles l’un à l’autre. Voici, dit l’Eternel, j’en veux aux prophètes Qui prennent leur propre parole et la donnent pour ma parole. Voici, dit l’Eternel, j’en veux à ceux qui prophétisent des songes faux, Qui les racontent, et qui égarent mon peuple Par leurs mensonges et par leur témérité; Je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, Et ils ne sont d’aucune utilité à ce peuple, dit l’Eternel. (Jér. 23: 9-32)

Et pour sa part, le prophète Ézéchiel dit ceci:

Fils de l’homme, dis à Jérusalem: Tu es une terre qui n’est pas purifiée, qui n’est pas arrosée de pluie au jour de la colère. Ses prophètes conspirent dans son sein; comme des lions rugissants qui déchirent leur proie, ils dévorent les âmes, ils s’emparent des richesses et des choses précieuses, ils multiplient les veuves au milieu d’elle. Ses sacrificateurs violent ma loi et profanent mes sanctuaires, ils ne distinguent pas ce qui est saint de ce qui est profane, ils ne font pas connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur, ils détournent les yeux de mes sabbats, et je suis profané au milieu d’eux. Ses chefs sont dans son sein comme des loups qui déchirent leur proie; ils répandent le sang, perdent les âmes, pour assouvir leur cupidité. Et ses prophètes ont pour eux des enduits de plâtre, de vaines visions, des oracles menteurs; ils disent: Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel! Et l’Eternel ne leur a point parlé. Le peuple du pays se livre à la violence, commet des rapines, opprime le malheureux et l’indigent, foule l’étranger contre toute justice. Je cherche parmi eux un homme qui élève un mur, qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays, afin que je ne le détruise pas; mais je n’en trouve point. Je répandrai sur eux ma fureur, je les consumerai par le feu de ma colère, je ferai retomber leurs oeuvres sur leur tête, dit le Seigneur, l’Eternel. (Éz. 22: 23-31)

Même si ce n'est pas toujours notre cas, manifestement Dieu prend l'erreur et les fautes morales du dirigeant chrétien très au sérieux. Si donc le lecteur de ces lignes est pasteur, professeur de collège biblique, artiste ou responsable chrétien qui dans le passé a trahi la confiance de ceux placés sous sa responsabilité (ou qu'il a tenté d'influencer) soit en enseignant l'erreur, une théologie superficielle ou encore qu'il ait eu un comportement en contradiction avec les exigences morales de la Parole de Dieu la question se pose : Allez-vous vous repentir ? Et si tu refuses, es-tu conscient que, tôt ou tard, tu devras faire face au jugement de Dieu ? On ne se moque pas de Dieu.

Si un pasteur a prêché une théologie superficielle du haut de sa chaire, dans cette même chaire il doit reconnaître son erreur et la condamner aussi afin de protéger son auditoire. Si un chrétien (leader ou non) a fait un écart sexuel ou divorcé sans motif valable[7] il doit aussi reconnaître sa faute[8] devant l'assemblée[9]. Cela assurera la crainte de Dieu dans le peuple de Dieu. Chez les leaders chrétiens, trop souvent la crainte de perdre son influence, son pouvoir ou des revenus, font obstacle à une repentance authentique (nécessairement publique) où l'on accepte de faire face aux conséquences de ses gestes. On préfère ne pas “ perdre la face ”. Mais en dernière analyse, n'est-ce pas au fond un manque de confiance en Dieu ? Si on s'humilie devant Lui, Dieu ne saura-t-il pas prendre soin de nous et de nos besoins ? À ceux et celles qui luttent avec une telle question, les Écritures affirment :

Confie-toi en l'Éternel de tout ton coeur, Et ne t'appuie pas sur ta sagesse; Reconnais-le dans toutes tes voies, Et il aplanira tes sentiers. Ne sois point sage à tes propres yeux, Crains l'Éternel, et détourne-toi du mal: Ce sera la santé pour tes muscles, Et un rafraîchissement pour tes os. (Prov. 3: 5-8)

Mais pour les pasteurs fidèles qui peuvent lire ces lignes, je veux préciser que mon intention n'est pas du tout de verser du mépris sur tous les leaders chrétiens. Ce n'est pas le cas. On a besoin de vous. L'Église a besoin de vous. Dieu merci pour les pasteurs et leaders chrétiens qui accomplissent fidèlement, dans les bon et mauvais jours, la tâche que Dieu les a donnés. Évidemment si ici-bas la récompense pour votre travail est souvent dérisoire, gardez à l'esprit que Dieu n'oublie pas le travail de ses ouvriers fidèles.


Pour conclure
Tôt ou tard dans la vie chrétienne il faut faire face à des situations comparables à celles décrites dans l'article de Trott. Lorsque nos héros basculent, cela nous forcent à nous appuyer uniquement sur Christ et non sur les hommes[10]. Et alors nous sommes confrontés à un choix : s'attacher à Christ seul et à sa Parole et Lui faire confiance, sinon laisser l'amertume et l'orgueil prendre le dessus et prendre la décision de régler les choses à « notre manière ». Et trop souvent ceux qui prennent la route de l'amertume, se coupant de l'Église, finissent non seulement par reproduire eux-mêmes (sous un aspect ou un autre) le comportement scandaleux qui avaient été (apparemment) la cause de leur amertume, ils détruisent leur témoignage et rejoignent les rangs de ceux qui traînent le nom de Christ dans la merde. C'est ce que décrit la parabole du semeur :

Ainsi la question se pose à chacun d'entre nous. Serions-nous de ceux qui entendent la parole et « la reçoivent d'abord avec joie; mais n'ont pas de racine en eux-mêmes, manquent de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, ils y trouvent une occasion de chute » ?

Mais si, pour faire changement, nous devions mettre en pratique cet enseignement de la repentance afin que la repentance devienne plus qu'un mot, un artefact un peu vieillot du folklore évangélique, alors il y a des chances que le monde puisse enfin nous prendre au sérieux lorsque nous prêchons l'Évangile, car ils verraient le changement dans nos vies. Et si les chrétiens “ ordinaires ” voyaient non seulement leurs leaders parler de repentance, mais le mettre en pratique devant eux, cela risque de mettre le feu dans l'Église et qui sait si nous ne verrions pas de nos yeux un réveil véritable plutôt qu'uniquement des productions de marketing évangélique que l'on appel “ évangélisation ” et qui laissent généralement très peu de fruits lorsque tout est compté ?



Que Dieu nous garde et nous secours !


Notes

[1] - Avec permission. L'article original porte le titre : "How Do I Deal With the Pain?" Cornerstone vol. 21 no 99 pp. 5-6 1992, traduction Paul Gosselin 2012.

[2] - Note du traducteur : Bien connu chez les évangéliques américains, Mark Warnke fut un monologuiste et humoriste évangélique influent dans les années 1980 qui a innové en produisant des albums d'humour chrétien. Mais en 1992 la revue Cornerstone a publié un article exposant, entre autres, le fait qu'il avait fabriqué de toutes pièces son propre témoignage pour mousser son ministère. Il s'était crée un “ personnage ” pour lui-même. Entre autres, il avait affirmé avoir été un sataniste avant sa conversion. Sa chute a blessé bien des gens de cette génération.

[3] - Ce qui n'a évidemment rien à voir avec les Mayas, l'année 2012 ou les prédictions d'un monsieur Camping... Cela n'a rien à voir non plus avec des visions ou des voix entendus du ciel... Cela n'a rien à voir non plus avec la FIN du monde. Les Écritures sont TRES clairs à ce sujet. Seul le Père connaît le jour et l'heure. (Mt 24: 36)

[4] - En particulier la théologie “ Word-Faith ” (ce que j'appel “ la pensée positive chrétienne ”) chez les pentecôtistes ou encore la “ Easy-Believerism ” chez d'autres évangéliques. Dans les deux cas, c'est un “ évangile ” sans repentance...

[5] - Oui, « les chiens de garde » ça vise en partie les pasteurs, mais plus particulièrement les pasteurs responsables d'associations d'églises, ces individus qui ont une responsabilité accrue sur ce qui est enseigné dans les églises sous leur garde.

[6] - Ce qui inclue à mon avis non seulement les pasteurs ou prof de théologie dans les collèges bibliques, mais aussi les artistes, intellos ou webmestres chrétiens et évidemment l'auteur de ses lignes... Dieu ne fait pas acception de personnes !

[7] - Dans mon expérience (limitée) chez les évangéliques se sont les femmes qui sont responsables, à 80%, de la décision d'initier le divorce, la dissolution de leur mariage. Et que dit le Nouveau Testament sur les conditions valables pour un divorce ? Jésus lui-même a affirmé (sans la moindre ambiguïté) :

Pour le chrétien donc, le divorce ne serait justifiable qu'en cas d'adultère. Mais actuellement, dans nos milieux “ évangéliques ”, combien de divorces sont justifiés devant les critères de la Parole de Dieu ? Trop souvent le seul motif que peut offrir la personne initiant le divorce est “ mais je ne suis pas heureuse ! ” ou “ je ne l'aime plus ! ”. Ceci laisse entendre qu'il existe un droit d'être heureux/se. Mais d'où tient-on ce “ droit ” ? Très peu se posent cette question. Pas de la Parole de Dieu en tout cas... Et si on a divorcé pour des motifs que la Parole de Dieu ne reconnaît pas, peut-on confesser devant les gens concernés qu'on a brisés des vœux prononcés devant Dieu et les hommes et qu'on a péché ?

[8] - Évidemment, sans fournir tous les détails juteux de sa faute. Le récit de David et Bath-Schéba (dans 2Sam 11-12) nous donne les éléments essentiels, mais reste silencieux sur les détails plus sensuels.

[9] - Il faut nuancer un peu. Les Écritures nous disent qu'il n'est pas toujours essentiel de confesser publiquement une faute. Si j'ai blessé un frère ou négligé de rembourser une somme que je lui ai emprunté, il suffit de confesser cette faute à ce frère (et le rembourser évidemment...) (Matt 18 : 15). Mais lorsque la faute en cause a touché beaucoup de gens, alors vaut mieux l'avouer devant tous.

[10] - Comme on le voit dans l'Évangile de Jean :



Autres ressources

Ne touchez pas à mon oint! Michelle Lesley

An Open Letter To Clayton Jennings. (Tim Hurd - Bible Thumping Wingnut Network - 15/2/2017)