Paul Gosselin – 7/11/2024
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jacques Attali est économiste, chef d'orchestre et l'auteur de nombreux ouvrages (même des romans). Il est connu davantage comme le conseiller de plusieurs présidents français. Depuis longtemps, il a une relation intime avec le pouvoir politique en France. Sur le plan idéologique Attali s'affiche ouvertement mondialiste et il est fort probable qu'il soit franc-maçon[1]. D'autre part Attali s'est donné le rôle d'oracle avec ses prédictions d'avenir publiées. Cela se compare au rôle de gourou/influenceur joué par Yuval Harari (historien militaire) au sein du Forum économique mondial (Davos).
Il est manifeste qu'Attali a les idées proches de la secte de Davos (et leur Great Reset), mais il semble avoir tenu des propos dénigrants Davos comme “ un hôtelier qui permet de gagner du temps ; c'est un économiseur de voyages d'affaires ”. Comme le note Graz (2003) plusieurs Davosiens font des déclarations semblables. Et si de tels propos n'étaient que de la poudre aux yeux afin d'éviter les questions sérieuses posées au sujet des projets et de l'influence de Davos ? Est-ce pensable de rassembler tant de gens chargés de pouvoirs industriels, politiques, médiatiques et financiers et tenant compte de toute la logistique (et questions de sécurité) que posent un tel événement annuel qu'à des fins de simple rencontre sociale ? C'est assez invraisemblable[2]. Peu importe, Attali doit avoir des idées compatibles avec Davos, car il figure sur la liste officielle des participants du Forum économique mondial.
Comme on peut le voir dans ce livre (Une brève histoire de l'avenir - 2009) Attali prend au sérieux son rôle d'oracle. Pendant un moment Attali fait un tour d'horizon des systèmes économiques du passé, tour d'horizon qui me rappelle des souvenirs d'un cours de théologie marxiste (ou matérialisme historique) que j'ai pris il y a bien des années et les modes de production. Dans ce texte Attali débite ses prédictions d'avenir du haut de son autorité pontificale, assuré de son infaillibilité, ce qui devient vite ennuyeux. Comme c'est l'habitude des pions de Davos, tandis qu'il émet ses prophéties d'avenir, il ne peut résister à la tentation de s'adonner à des petits jeux manipulateurs de peur afin d'étouffer les critiques et assurer leur servilité (2009 : 10)
Si l'humanité recule devant cet avenir et interrompt la globalisation par la violence, avant même d'être libérée de ses aliénations antérieures, elle basculera dans une succession de barbaries régressives et de batailles dévastatrices, utilisant des armes aujourd'hui impensables, opposant États, groupements religieux, entités terroristes et pirates privés. Je nommerai cette guerre hyperconflit. Il pourra aussi faire disparaître l'humanité.
La peur est un excellent outil pour à la fois distraire le troupeau des enjeux réels et la maintenir dans la bonne direction. On le voit bien ci-dessus, le message pas très subliminal est : “ N'osez pas rejeter mon projet, sinon ce sera l'Apocalypse ! Vous l'aurez voulu (et pas moi...). ” Touchant l'utilité politique de la peur, Attali n'hésite pas à en parler ouvertement. Dans un article publié dans l'Express, il a affirmé (2009)
L'Histoire nous apprend que l'humanité n'évolue significativement que quand elle a vraiment peur[3] : elle met alors d'abord en place des mécanismes de défense ; parfois intolérables (des boucs émissaires et des totalitarismes) ; parfois futiles (de la distraction) ; parfois efficaces (des thérapeutiques, écartant si nécessaire tous les principes moraux antérieurs). Puis, une fois la crise passée, elle transforme ces mécanismes pour les rendre compatibles avec la liberté individuelle, et les inscrire dans une politique de santé démocratique.
La pandémie qui commence pourrait déclencher une de ces peurs structurantes.
Que c'est curieux qu'en 2009 Attali parlait de pandémie comme outil de manipulation social ! Un hasard sans doute... Et pour se faire une idée de l'oracle Attali, voici une petite déclaration prophétique (mondialiste) touchant l'avenir rayonnante qu'il nous propose (2009 :10)
Enfin, si la mondialisation peut être contenue sans être refusée, si le marché peut être circonscrit sans être aboli, si la démocratie peut devenir planétaire tout en restant concret, si la domination d'un empire sur le monde peut cesser, alors s'ouvrira un nouvel infini de liberté, de responsabilité, de dignité, de dépassement, de respect de l'autre. C'est ce que je nommerai l'hyperdémocratie. Celle-ci conduira à l'installation d'un gouvernement mondial démocratique et d'un ensemble d'institutions locales et régionales. Elle permettra à chacun, par un emploi réinventé des fabuleuses potentialités des prochaines technologies, d'aller vers la gratuité et l'abondance, de profiter équitablement des bienfaits de l'imagination marchande, de préserver la liberté de ses propres excès comme de ses ennemis, de laisser aux générations à venir un environnement mieux protégé, de faire naître, à partir de toutes les sagesses du monde, de nouvelles façons de vivre et de créer ensemble.
Puisque les historiens nous rappellent que “ Ceux qui ignorent l'histoire sont condamnés à le répéter ”, il n'est pas inutile de signaler que les totalitaires du siècle passé (nazis et communistes) ont fait des promesses tout aussi fabuleuses d'un avenir rayonnant, mais dans les faits ils ont conduit leurs sujets à l'Enfer. Est-ce une exagération ? Eh bien songez que même si Attali ne se dit ni nazi ni communiste, il s'abreuve à la même source, soit la pensée des Lumières (moderne ou postmoderne[4]), élitisme d'une technocratie aboutissant inévitablement au totalitarisme, le même qui a nourri les nazis et les communistes. À la fin, il y a de bonnes raisons de croire que l'hyperdémocratie dont discute Attali ne soit rien d'autre qu'un régime totalitaire d'une puissance inégalée et qui fera passer Hitler et Staline pour de vulgaires amateurs. Sur ces questions je pense qu'Alduous Huxley[5] joue le jeu plus honnêtement et que l'hyperdémocratie dont discute Attali ne sera en fait rien d'autre qu'un régime où les élites traiteront les masses avec un mépris absolu tout en les gavant d'illusions. Voyez la prophétie de Huxley tiré de son Retour au meilleur des mondes qui explique le sort que réservent les élites (hypocrites) à la démocratie (1958/1990: 144)
Sous l'impitoyable poussée d'une surpopulation qui s'accélère, d'une organisation dont les excès vont s'aggravant et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques — élections, parlements, hautes cours de justice — demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle forme de totalitarisme non violent. Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu'ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusés et de tous les éditoriaux — mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme. Entre-temps, l'oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera.
Ainsi dans l'expression l'hyperdémocratie figure le mot démocratie, mais il me semble plus juste de considérer ce terme comme un appât, un leurre, et rien d'autre. Évidemment un intello français est toujours trop subtil pour jouer cartes sur table au même point que Huxley... Pour ça, il faut un Britannique ou un Américain. En somme, le concept d'hyperdémocratie d'Attali n'est qu'un piège à cons... La voix et la volonté du peuple, la secte de Davos s'en fout complètement. Par moments Attali fait de brefs lapsus (étranges) qui exposent un peu plus le fond de sa pensée sur l'avenir de la démocratie (2009 : 19)
En ce temps là, moins éloignés qu'on ne le croit, le marché et la démocratie, au sens où nous les entendons aujourd'hui, seront devenus des concepts dépassés, des souvenirs vagues, aussi difficiles à comprendre que le sont aujourd'hui le cannibalisme ou les sacrifices humains.
Et voici un autre lapsus exposant la logique totalitaire de la pensée d'Attali. Dans la citation suivante, Attali laisse entendre que dans son Nouvel Ordre Mondial, médecins et profs auront un brillant avenir, c'est-à-dire devenir Polices de la Pensée, à la MK-Ultra ou ClockWork Orange[6] (2009 : 190)
Les praticiens se trouveront alors un nouveau rôle en soignant des maladies qui, auparavant, n'auraient pas été détectées ; des professeurs deviendront les tuteurs de ceux qui auront été repérés comme réfractaires au savoir.
Dans cette logique, la dissidence serait considérée comme une maladie mentale. Spécialiste de la littérature du Moyen Âge, même en 1949[7] CS Lewis avait bien compris le mépris des élites néo-totalitaires et de leur police de la pensée pour le peuple (2002 : 292)
De toutes les tyrannies, une tyrannie exercée avec sincérité, pour le bien de ses victimes, peut être la plus oppressive. Il vaudrait mieux vivre sous le joug d'un seigneur féodal pillard que sous le pouvoir des emmerdeurs moraux omnipotents. La cruauté du seigneur féodal peut dormir à l'occasion, sa cupidité peut parfois être assouvie; mais ceux qui nous tourmentent pour notre propre bien nous tourmenteront sans fin, car ils le font avec l'approbation de leur propre conscience. (...) Leur bienveillance même est une insulte intolérable. Se retrouver "soigné" contre son gré et guéri d'états que nous ne considérons peut-être pas des maladies, c'est être mis au même plan que ceux qui n'ont pas encore atteint l'âge de raison ou ceux qui ne l'atteindront jamais ; c'est être classé avec les enfants, les imbéciles et les animaux domestiques.*
Comme plusieurs néo-totalitaires mondialistes, Attali ne cache pas ses fantasmes de contrôle absolu sur le troupeau de la masse (moi et toi) et au chapitre 5 il note (2009 : 187-188)
Surveillance : maître mot des temps à venir.
Ainsi verra d'abord le jour une hypersurveillance. Les technologies permettront de tout savoir des origines des produits[8] et du mouvement des hommes, ce qui aura aussi, dans un avenir plus lointain, des applications militaires essentielles. Des capteurs et des caméras placés dans tous les lieux publics, puis privés, dans les bureaux et les lieux de repos, et finalement sur les objets nomades eux-mêmes, surveilleront les allées et venues : le téléphone permet déjà de communiquer et d'être repéré ; des techniques biométriques (empreintes, iris, forme de la main et du visage) permettront la surveillance des voyageurs, des travailleurs, des consommateurs. (...) Les données individuelles de santé de compétences seront tenues à jour par des bases de données privées qui permettront d'organiser des tests prédictifs en vue de traitements préventifs. La prison elle-même sera remplacée progressivement par la surveillance à distance d'un confinement à domicile.
Eh oui, vous avez bien compris. Sous un système de surveillance absolu[9], on pourra abolir la prison, car de toute manière on sera TOUS prisonniers... La prison, en brique, ciment et acier, sera donc inutile. Si un tel système de surveillance permanent évoque Big Brother que le roman 1984 d'Orwell avait mis à l'avant, dans un entretien avec Michel Salomon, Attali précise que ce n'est pas à cela qu'il pense (1981 : 272)
Je ne crois pas à l'orwellisme, parce que c'est une forme de totalitarisme technique avec un “ Big Brother ” visible et centralisé. Je crois plutôt à un totalitarisme implicite[10] avec un “ Big Brother ” invisible et décentralisé. Ces machines pour surveiller notre santé, que nous pourrions avoir pour notre bien, nous asservissent pour notre bien. En quelque sorte nous subirons un conditionnement doux et permanent...
Mais bon, si ce système de surveillance absolu ne suffit pas à la tâche de gestion du troupeau, Attali a prévu d'autres mesures. Attali fit ces observations (1981: 274-75)
L'euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures. Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit : la logique socialiste c'est la liberté fondamentale, c'est le suicide ; en conséquence, le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société. Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d'éliminer la vie lorsqu'elle sera trop insupportable, ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l'euthanasie, qu'elle soit une valeur de la liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future.[11]
Ouais, le troupeau n'a d'intérêt pour Attali que s'il est productif. Manifestement c'est une perspective que rejette le romancier français Michel Houellebecq qui affirme assez sèchement (2021)
Immédiatement après, elle [Anne Bert] lâche carrément le morceau en affirmant que l'euthanasie “n'est pas une solution d'ordre économique”. Il y a pourtant bel et bien certains arguments sordides que l'on ne rencontre que chez des “économistes”, pour autant que le terme ait un sens. C'est bien Jacques Attali qui a insisté lourdement, dans un ouvrage déjà ancien, sur le prix que coûte à la collectivité le maintien en vie des très vieilles personnes ; et il n'est guère surprenant qu'Alain Minc, plus récemment, soit allé dans le même sens, Attali c'est juste Minc en plus bête (sans même parler du guignol de Closets, qui est comme le singe des deux précédents, leur Jean Saucisse).
Voici un autre truc utile à savoir au sujet du monde merveilleux que prévoit Attali. Avant l'arrivée de son merveilleux Nouvel Ordre Mondial, doit survenir l'hyperconflit. Voici comment Attali la conçoit (2009 : 257)
Il faut ainsi s'attendre à de très nombreuses guerres civiles et donc, comme à chaque fois, à la désignation de boucs émissaires à éliminer. Comme à chaque fois seront perpétrés des génocides, avec les armes les plus sommaires. Trois au moins de ces massacres se sont déjà déroulés au XXe siècle : contre les Arméniens, les juifs et les Tutsis. Beaucoup d'autres auront lieu au XXIe siècle. Et ceux qui ne veulent pas y croire n'ont qu'à se souvenir que personne en 1938 ne pensait possible la Shoah.
(2009 : 261) Police et armées se confondront sans plus respecter les moindres lois de la guerre. (...) Si, une fois l'hyperempire en place, toutes ces sources de conflit se conjoignent un jour en une seule bataille, si tous les acteurs dont il a été question jusqu'ici trouveront quelque intérêt à entrer l'un après l'autre dans un même affrontement, se déclenchera alors un hyperconflit. Son déclenchement pourrait avoir lieu à Taiwan, au Mexique ou au Moyen-Orient, tous lieux de confluence des principaux conflits reposant sur l'eau, le pétrole, les religions, la démographie, l'écart Nord/Sud, la contestation des frontières.
Étonnant, mais dans ce qui précède certains éléments recoupent la description que fait l'Apocalypse de la dernière bataille de l'Armeggedon
Le sixième [ange] versa sa coupe sur le grand fleuve, l'Euphrate. Et son eau tarit, afin que le chemin des rois venant de l'Orient fût préparé. Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles. Car ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute la terre, afin de les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte! Ils les rassemblèrent dans le lieu appelé en hébreu Harmaguédon[12]. (Apoc. 16: 12-16)
Mais entraîné par l'enthousiasme, Attali dresse un portrait fort attachant de son utopie (2009 :191)
(...) la valorisation du temps s'étendra à la mise sur le marché de moyens d'atteindre à l'éternité. Au lieu de vendre, comme jadis l'Église, des “ indulgences ”, le marché vendra des services de suicide, de mort médicalement assistée, de cryogénisation, puis on commercialisera des machines permettant d'organiser des simulacres d'agonie, des demi-suicides, des expériences de presque mort, des aventures extrêmes sans garanti de retour.
Un peu plus loin, Attali chante encore les louanges de son utopie déprimante (2009 :199)
La solitude commencera dès l'enfance. Personne ne pourra plus forcer des parents, biologiques ou adoptifs, à respecter et aimer leurs enfants assez longtemps pour les élever. Adultes précoces, les plus jeunes souffriront d'une solitude que ne compensera plus aucun des réseaux des sociétés antérieures. De même, de plus en plus de gens âgés, vivant davantage et donc plus longtemps seuls que par le passé, ne connaitront un jour presque plus personne parmi les vivants. Le monde ne sera alors qu'une juxtaposition de solitudes, et l'amour une juxtaposition de masturbations.[13]
Personnellement, tout cela me fait penser à un désert social et psychologique et à l'Enfer plutôt qu'à un Paradis/Utopie... Mais, réalisant que de tels aveux ne sont pas très vendeurs, pour éviter une réaction de rejet trop forte, Attali nous file un peu de poudre aux yeux avec ce beau Village Potemkine (2009 : 272, 274)
Ces transhumains mettront en place, à côté de l'économie de marché où chacun se mesure à l'autre, une économie de l'altruisme, de la mise à disposition gratuite, du don réciproque, du service public, de l'intérêt général. Cette économie que je nomme “ relationnelle ” n'obéira pas aux lois de la rareté: donner du savoir n'en prive pas celui qui le donne. Elle permettra de produire et d'échanger des services réellement gratuits – de distraction, de santé, d'éducation, de relations, etc., que chacun jugera bon d'offrir à l'autre et de produire sans autre rémunération que la considération, la reconnaissance, la fête. Des services non rares, car plus on donne, plus on reçoit. Plus on donne, plus on a le désir et les moyens de donner. Travailler deviendra, même dans l'économie relationnelle un plaisir sans contraintes. (...) Une nouvelle attitude à l'égard du travail s'y développera, consistant à trouver du plaisir à donner: à faire sourire, à transmettre, soulager, consoler.
En fait de propagande, on peut douter que les nazis ou les bolcheviks aient fait mieux... Et vers la fin du livre, discutant du sort de la France dans son monde merveilleux de l'hyperdémocatie, Attali sert, en des termes assez hypocrites, un morceau pénible à avaler pour tout patriote, c'est-à-dire la fin de la France (2009 : 309)
La France aura tout intérêt à aider à la naissance de l'hyperdémocatie qui protègera ses valeurs et son existence même. Elle devra donc proposer la création d'instances de gouvernance mondiale disposant de ressources propres (...) À l'échelle européenne, elle devra inciter à la mise en place d'un véritable gouvernement continental, doté de compétences politiques, militaires et sociales – pas seulement comme aujourd'hui, économiques et monétaires.
Exprimé plus explicitement, en somme la France doit s'auto-saboter, au nom de l'hyperdémocatie. Enfin, lorsqu'un individu comme Attali, engagé au service d'un État, travaille ouvertement à saper la souveraineté de cet État, n'est-ce pas ce que l'on appelle la trahison de la nation ? N'est-on pas passible d'accusations criminelles dans un tel cas ?
ATTALI, Jacques (1981) La médecine en accusation. pp. 263-279 dans L'avenir de la vie. Michel Salomon, éditeur (collection : Les Visages de l'avenir) - Paris : P. Seghers
ATTALI, Jacques (2009) Une brève histoire de l'avenir. édition remise à jour. [Paris]: Librairie Arthème Fayard, 310 p.
ATTALI, Jacques (2009) Changer, par précaution. L'Express - 3/5/2009
DEPAUW, Pierre-Alain (2022) Les mots de Christine Deviers Joncour sur Attali, le Covid et le plan de dépopulation. (Médias-Presse.info - 3 minutes - 14/3/2022) -> elle rappel un diner avec Attali en 1987/88...
GOSSELIN, Paul (2023) En 1946 C. S. Lewis décrivait avec précision la mentalité Davos... Samizdat - 29/7/2023
GRAZ, Jean-Christophe (2003) Qui gouverne ? Le Forum de Davos et le pouvoir informel des clubs d'élites transnationales. pp. 67 à 89 À Contrario
HOUELLEBECQ, Michel (2021) “Une civilisation qui légalise l'euthanasie perd tout droit au respect”. (Le Figaro - 5/4/2021)
HUXLEY, Aldous (1958/1990) Retour au meilleur des mondes. Plon [Paris] 155 p.
LEWIS, C. S. (2002) God in the Dock. (Walter Hooper ed.). Eerdmans Grand Rapids MI 347 p.
NIETZCHE, Friedrich (1882/1950) Le gai savoir. (traduit de l'allemand par Alexandre Vialatte) Éditions Gallimard Paris (coll. Folio/Essais 17) 373 p.
ORWELL, George (1949/2018) Mille Neuf Cent Quatre-Vingt-Quatre. Trad. de l'anglais par Josée Kamoun, Gallimard [Collection Du monde entier] 384 p.
[1] - Comme c'est le cas habituel, il est rare qu'un franc-maçon actif dans un poste d'influence avoue ouvertement qu'il est franc-maçon initié. Mais dans le cas d'Attali on détient un morceau de puzzle assez significatif, c'est-à-dire le fait qu'en 2022 Attali a prononcé la conférence qui suit dans une loge maçonnique.
Jacques Attali traite Identités, altérité / Soi et les autres. le jeudi 30 juin au Collège Maçonnique en visio. (COLLÈGE MAÇONNIQUE Les Entretiens d'Été du Collège - Jeudi 30 Juin 2022 à 19h30 - Identités, Altérité / Soi et les Autres)
Si cela ne prouve pas indubitablement qu'Attali soit franc-maçon, il est clair qu'Attali a des perspectives très proches des francs-maçons au point où ils trouvent naturel de lui donner de l'influence dans leur sein.
[2] - Mais cette question rappel une intuition proposée par CS Lewis dans son roman Cette puissance hideuse/That Hideous Strength (1949 - Ebook), c'est-à-dire que l'on peut être dans la présence d'organismes de facade, servant de distraction. Le pouvoir réel est ailleurs.
[3] - Et si Attali parle avec autant d'assurance de l'efficacité de la peur comme outil de manipulation social, il y a lieu de penser que les élites postmodernes ont fait auparavant des expériences en ce sens et que la démonstration a été faite...
[4] - Et enracinée dans le même mythe d'origines matérialiste...
[5] - N'oublions pas que le frère d'Alduous Huxley, soit Julian (1887-1975) fut un mondialiste notoire, et cofondateur de l'UNESCO, l'organisme éducatif et scientifique des Nations Unies.
[6] - Film dystopique par Stanley Kubrick - ClockWork Orange (1971)
[7] - La citation qui suit est tirée de The Humanitarian Theory of Punishment, publié initialement dans 20th Century : An Australian Quarterly Review. Vol. 3 no. 3 1949 pp. 5-12. Article republié dans le recueil God in the Dock/Dieu au banc des accusés.
[8] - Ce qui fait penser à l'accréditation d'entreprises aux normes ISO-9001...
[9] - À mon sens, un tel système de surveillance absolu n'est qu'une expression parmi tant d'autres du mépris des élites pour le peuple. Et si on est attentif, on constate que ces élites postmodernes n'hésitent pas d'exprimer leur mépris du peuple. On l'a vu avec le mépris exprimé par les grands médias des MAGA américains, du mouvement Brexit anglais, des gilets jaunes en France, et le mépris de Justin Trudeau des camionneurs canadiens (deplorables), des nationalistes italiens... Idem plus récemment avec Biden qui a traité les partisans de Trump comme du “garbage”, des ordures... Entre autres, tout mouvement nationaliste attire le mépris des élites postmodernes, car eux sont engagés envers une idéologie mondialiste. Ça explique... Dans cette optique nationalisme = [nécessairement] fascisme...
Ainsi aux yeux des élites postmodernes le peuple DOIT prendre son trou tout à fait servilement, sinon on lui crache dessus et on n'hésitera pas à violer ses droits (pensez aux comptes de banque des camionneurs canadiens gelés par l'État, ce qui est du vol, sanctionné par l'État). Si les pions de Davos méprisent autant la liberté du peuple (liberté d'expression, liberté politique, liberté économique), c'est qu'il le craint également. C'est ce qui le motive à tenter de le contrôler de toutes sortes de manières, ce qui se manifeste dans des efforts d'imposer une identité digitale (combinant tout document émis par État, transactions financières, communications et déplacements). Comme on le sait tous, en Chine c'est un fait accompli.
[10] - C'est-à-dire un totalitarisme hypocrite...
[11] - Une rumeur circule sur le web qu'il y aurait eu une édition de 1980 du livre de Michel Salomon où aurait figuré la citation suivante (d'Attali) :
“ À l'avenir il s'agira de trouver un moyen de réduire la population. Nous commencerons par les vieux, car dès qu'il dépasse 60-65 ans l'homme vit plus longtemps qu'il ne produit et il coûte cher à la société. Ensuite les faibles puis les inutiles qui n'apportent rien à la société, car il y en aura de plus en plus, et surtout enfin les plus stupides.
Une euthanasie ciblant ces groupes ; l'euthanasie devra être un instrument essentiel de nos sociétés futures, dans tous les cas de figure. On ne pourra bien sûr par exécuter les gens ou faire des camps. Nous nous en débarrasserons en leur faisant croire que c'est pour leur bien. La population trop nombreuse, et pour la plupart inutile, c'est quelque chose d'économiquement trop coûteux.
Sociétalement, il est également bien préférable que la machine humaine s'arrête brutalement plutôt qu'elle ne se détériore progressivement. On ne pourra pas non plus faire passer des tests d'intelligence à des millions et des millions de gens, vous pensez bien !
Nous trouverons quelque chose ou le provoquerons, une pandémie qui cible certaines personnes, une crise économique réelle ou pas, un virus qui touchera les vieux ou les gros, peu importe, les faibles y succomberont, les peureux et les stupides y croiront et demanderont à être traités.
Nous aurons pris soin d'avoir prévu le traitement, un traitement qui sera la solution. La sélection des idiots se fera ainsi toute seule : ils iront d'eux-mêmes à l'abattoir.”
Si je peux confirmer que cette citation ne figure pas dans l'édition 1981, elle me semble malgré tout fidèle à la pensée d'Attali, même si elle l'exprime plus brutalement... Notons par ailleurs que l'exemplaire du recueil L'avenir de la vie (Michel Salomon, éditeur 1981) que j'ai pu consulter avait vu sa reliure modifiée (passé de couvert mou à couverture rigide). Évidemment une telle opération peut permettre (au besoin) de remplacer un chapitre gênant par un autre révisé... Ça ne prouve rien, mais c'est tout de même une coïncidence étrange. Il se peut également que cette citation soit bien d'Attali, mais mal attribué, c'est-à-dire paraissant dans un autre ouvrage publié par lui (plutôt que le recueil de Salomon).
[12] - Voir aussi Joël 3 : 9-15.
[13] - George Orwell a bien compris cette logique, car dans son roman 1984, il fit expliquer par un de ses personnages maléfiques (O'Brien) le stade final du processus cauchemardesque initié par les totalitaires (1949 : Troisième Partie - Chapitre III) :
Nous écrasons déjà les habitudes de pensée qui ont survécu à la Révolution. Nous avons coupé les liens entre l'enfant et les parents, entre l'homme et l'homme, entre l'homme et la femme. Personne n'ose plus se fier à une femme, un enfant ou un ami. Mais plus tard, il n'y aura ni femme ni ami. Les enfants seront à leur naissance enlevés aux mères, comme on enlève leurs œufs aux poules. L'instinct sexuel sera extirpé. La procréation sera une formalité annuelle, comme le renouvellement de la carte d'alimentation. Nous abolirons l'orgasme. Nos neurologistes y travaillent actuellement. Il n'y aura plus de loyauté qu'envers le Parti, il n'y aura plus d'amour que l'amour éprouvé pour Big Brother.
Qui sait si ce n'est pas à un truc semblable auquel pensait Nietzsche, qui dans son essai Le gai savoir décrit la fin de l'esprit libre qui poursuit jusqu'au bout ses convictions (1882/1950: 290) et qui est prêt à expérimenter la:
(...) liberté du vouloir qui permette à un esprit de rejeter à son gré toute foi, tout besoin de certitude; on peut l'imaginer entraîné à se tenir sur les cordes les plus ténues, sur les plus minces possibilités et à danser jusqu'au bord des abîmes. Ce serait l'esprit libre par excellence.