Paul Gosselin
|
Jeune chrétien:
Je trouve dérangeante l'attitude de l'église envers les homosexuels. Non que j'en sois un... Mais de mon point de vue, je vois l'église allez directement en sens contraire de ce qu'à mon avis Dieu/Jésus aurait fait. Jésus allait voir les prostitués pour leur dire que Dieu les aimait. Pas pour leur dire que leur train de vie est mauvais ou qu'elles doivent changer. Alors, pour quelle raison doit-on s'acharner sur les homosexuels ?
Paul Gosselin:
Mais Jésus n'aurait-il pas dit: '"Va et ne péche plus!". C'est dans ma Bible en tout cas... Est-ce s'acharner que de dire aux pécheurs qu'ils doivent se repentir ?? Au bout du compte, ce que les chrétiens ou l'église disent n'a pas tant d'importance, mais ce que les Écritures et Dieu disent... c'est autre chose. On l'ignore à notre péril.
JC:
Je trouve vraiment étrange que je ne vois pas de chrétien allez à la parade de la fierté gaie pour leur dire qu'on les aime, peu importe ce qu'ils font ou sont. Pourtant, c'est ce qu'à mon avis Jésus aurait fait.
PG:
Tu seras alors sans doute surpris d'apprendre que jusqu'à très récemment j'aurais été d'accord avec toi qu'un chrétien puisse participer à une parade de la "fierté gaie", mais avec une réserve à ce sujet. La réserve c'est qu'il faut que ce soit très clair dans la tête du chrétien et dans la tête des autres participants qu'il n'est pas là pour cautionner l'idéologie gaie... et l'idée que l'homosexualité est normale, acceptable, naturelle, etc...
Et depuis, j'ai évolué...
Je m'explique. Pour certains le concept de "l'idéologie gaie" ne leur dit rien et c'est tout à fait normal. Je m'explique. Il s'agit d'une de nos religions/idéologies postmodernes, c'est-à-dire un système de croyances implicites promu par les élites homosexuelles (et leurs nombreux amis dans les médias). Le christianisme, comme religion, est explicite dans ses croyances et s'identifie explicitement aussi. J'ai dans ma bibliothèque un livre par un anglais du nom d'Os Guiness. Dans une section de son livre, il aborde la confrontation entre christianisme et hindouisme. Il note (Guiness 1973: 229-230; The Dust of Death).
On peut comparer ainsi l'intolérance ultime de l'Orient et l'intolérance du christianisme. Le christianisme se tient dans le chemin d'un homme comme un soldat avec une épée nue et déclare: "choisi ou refuse, la vie ou la mort, oui ou non !" Le choix et les conséquences sont très évidents. La subtilité de la religion orientale réside dans le fait qu'elle n'exige jamais un tel moment explicite de conversion. Elle s'infiltre dans une pièce, par le trou de la serrure, par les fenêtres, comme un gaz toxique inodore et les personnes qui s'y trouvent seront subjugués, avant même avoir pris conscience du danger qui les guettait. À Rishikesh, j'ai partagé une chambre dans l'ashram avec un ami de Fredrico Fellini. Cet homme m'affirmait sans cesse qu'il était toujours un athée et un Italien et non un hindou. Mais après seulement une semaine dans sa compagnie, j'ai constaté que toutes ses idées sur l'homme, la moralité et la vie étaient dominées par la pensée hindou bien que cette influence restait inavouée.
Le christianisme exige donc une conversion, une décision consciente de changer de vie, de comportements, de manières de penser. La religion postmoderne (ou "politically correct") qui domine notre époque procède comme l'hindouisme n'exige rien de tel. Elle n'annonce JAMAIS ses couleurs, elle n'exige pas de moment de conversion. Elle ne fait que répéter, répéter, répéter, répéter, répéter, répéter ses présupposés, par le biais des médias, de la culture populaire, les romans de science-fiction, etc. etc. etc... jusqu'au point où la personne normale, qui n'a pas d'ancrage solide dans la Parole, trouve tout ça normal, naturel. Il est comme l'italien athée mentionné par Guinness. Il ne se doute pas du tout qu'il a subi une conversion à un autre systèmes de croyances. Et il est probablement le seul à ne pas s'en rendre compte.
L'idéologie "gaie" est tout un ensemble d'attitudes touchant les rapports entre les sexes, l'identité, le sens de la sexualité, des notions de moral, etc. etc.... La notion de "fierté "gaie" est évidemment un synonyme de la notion d'idéologie "gaie". La question mérite de plus amples recherches, mais au départ l'idéologie "gaie" introduit plusieurs croyances complètement nouvelles dans notre société.
Voici quelques présupposés tirés du catéchisme de l'idéologie "gaie":
Ce genre de question est examiné dans mon texte "Homophobie: déconstruction d'un concept "politically correct"." Il a été écrit à la suite d'un échange avec un homosexuel de la Suisse qui m'avait envoyé un email à cause d'un texte sur Samizdat qui relate l'histoire d'une lesbienne qui s'en étais sortie et qui a quitté ce style de vie. Il n'a pas aimé, il trouvait que c'était un texte homophobe. Moi je trouvais juste que c'étais une histoire vraie, c'est tout... Ça a commencé une bonne discussion. On a donc passé du temps à examiner cette notion d'homophobie. Il faut remarquer que dans les débats publiques les élites gaies ne définissent jamais ce concept... et ce n'est pas un hasard. À mon sens, un chrétien conséquent ne peut, en aucun cas, appuyer "l'idéologie gaie" et le relativisme moral qui la fonde. Dans notre époque où l'on pense que chacun a sa "vérité", alors juger, dire que tel ou tel comportement est péché, est vu comme "pas cool". Ça ne nous rend pas très populaires, c'est sûr. On se fait recevoir comme le prophète par le roi Achab, mais le prophète avait la bonne réplique...
A peine Achab aperçut-il Élie qu'il lui dit: Est-ce toi, qui jettes le trouble en Israël? Élie répondit: Je ne trouble point Israël; c'est toi, au contraire, et la maison de ton père, puisque vous avez abandonné les commandements de l'Éternel et que tu es allé après les Baals. (1Rois 18: 17-18)
S'il faut être chrétien, vaut mieux être un chrétien conséquent. Si Dieu appelle une chose péché, il ne faut pas insinuer le contraire ou tenter de réduire la portée de la Parole, même si ça nous met à contre-courant de la société et les idéologies qui nous entourent et que cela puisse nous causer certains frictions sur le plan social. Il ne faut jamais oublier qu'un jour on aura des comptes à rendre. Si on ne veut rien savoir de cette confrontation, pas la peine d'être chrétien en ce qui me concerne. On vit à une époque de confrontation. On est sur un champ de bataille idéologique. Le chrétien doit accepter la possibilité de se voir marginaliser, voir même perdre perdre des amis, voir un emploi lucratif, si on ose remettre en question les idéologies "politically correct" de notre temps. Ça fait partie de la croix de notre génération.
Bon enfin, j'arrive aux parades de "Fierté gaie". Je disais donc que jusqu'à il n'y a pas longtemps, j'étais d'avis qu'un chrétien pourrait participer à une telle chose, avec la réserve qu'il faut que ce soit très clair dans sa tête et dans la tête des autres participants qu'il n'est pas là pour cautionner l'idéologie gaie... entre autres l'idée que l'homosexualité est "normale", etc...
Maintenant je pense que ce serait tout simplement une erreur de participer à une parade de "Fierté gaie" (même pour les raisons que tu invoques), du moins en ce qui me concerne. Il y a deux aspects à la chose.
Les parades de "Fierté gaie" constituent, à mon avis, rien d'autre que des événements de propagande faisant la promotion de "l'idéologie gaie". Si je participe à une de ces parades, en somme je donne mon appui à cette idéologie. Il peut très difficilement en être autrement. Dans mon cas c'est impossible. Par contre, dans la vie de tous les jours, je pense pouvoir démontrer l'attitude de Jésus que tu mentionnes qui "allait voir les prostitués pour leur dire que Dieu les aimait" à l'égard des homosexuels et lesbiennes. Oui, Jésus n'avait pas peur d'être en présence de gens de "mauvaise vie", car s'il les avaient évités totalement, il ne serait jamais venu sur Terre ! Nous les chrétiens, on est trop souvent immatures sur le plan spirituel pour se comporter comme Jésus sans faire de dégâts, mais c'est une possibilité que le comportement de Jésus nous montre. À ne pas exclure...
Mais pour ce qui est des parades de "Fierté gaie", examinons la chose dans un autre contexte. Disons qu'un ami néo-nazi t'invite dans une parade de "Fierté Nazi" est-ce que tu vas y aller pour démontrer l'attitude de Jésus, qui "allait voir les prostitués pour leur dire que Dieu les aimait"? Si ton seul critère pour trancher la question d'aller ou non est ta motivation à te tenir avec les gens de mauvaise vie afin de "leur dire que Dieu les aime" alors nécessairement tu devras aller à la parade de "Fierté Nazi" aussi. C'est dans la logique des choses... Si tu me dis, "Non, jamais!", j'aimerais bien savoir pourquoi l'un et pas l'autre ? Pense-tu vraiment que Jésus aurait marché dans une parade "Fierté Nazi" ? Pas sûr, moi en tout cas... Ou encore que Jésus aime plus les homosexuels que les nazis? Désolé, mais il est mort pour tous les pécheurs, sans exception.
Ma position présente sur la question de de nos attitudes à l'égard des homosexuels est que l'on peut très bien démontrer, dans la vie de tous les jours, l'attitude de Jésus que tu mentionnes, qui "allait voir les prostitués pour leur dire que Dieu les aimait", mais sans participer aux événements de propagande faisant la promotion de "l'idéologie gaie" ou nazi... Il me semble déraisonnable d'affirmer que le seul moyen de démontrer de l'amour envers les gais et lesbiennes soit de participer aux parades de "Fierté gaie". Moi-même j'ai une contact dont je soupçonne fortement qu'il est homosexuel. Il s'est intéressé à l'Évangile à une époque lointaine, mais est resté hors des églises évangéliques. J'ai plusieurs raisons de croire que... Mais ce n'est pas là l'essentiel. Ceci dit, j'ai jamais coupé les ponts de l'amitié avec lui, même depuis quelques confirmations de mes soupçons. Je n'ai pas l'intention de rompre ma relation d'amitié même s'il sortait du "garde robe", bien que je ne me gêne pas de dire ce que je pense de l'homosexualité lorsque l'occasion se présente. Je pense bien (dans la mesure du possible) agir comme Jésus à cet égard. Et quelle était, au juste, l'attitude de Jésus à l'égard des gens de "mauvaise vie" ? Voici un exemple, où Jésus va souper chez Matthieu, le collecteur d'impôts méprisé, le collabo avec les oppresseurs romains détestés...
De là étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages, et qui s'appelait Matthieu. Il lui dit: Suis-moi. Cet homme se leva, et le suivit. Comme Jésus était à table dans la maison, voici, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples. Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples: Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie? Ce que Jésus ayant entendu, il dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. (Matthieu 9: 9-13)
Il est évident que Jésus n'épargne pas ses hôtes en les flattant ou pour les excuser. Il dit explicitement que ce sont des pécheurs, mais son discours sous-entend que les gens de "bonne vie", tels les Pharisiens, le sont tout aussi bien. Mais dans notre génération où il y a un rejet total de la loi de Dieu, où la majorité croit que nul (même pas Dieu...) ne peut imposer à autrui sa moralité, alors qui peut entendre le discours de Jésus ? Manifestement, les hôtes de Jésus reconnaissait la loi de Dieu (et leur culpabilité), mais qui de notre génération postmoderne le reconnaîtra ?
C'est sans aucun doute une chose très bien que de vouloir manifester l'amour de Dieu à l'égard de son prochain (homosexuel ou non), mais il ne faut pas faire de ce désire un paravent pour celui qui veut éviter de marcher dans toute la vérité que nous révèlent les Écritures. Les organisateurs de parades de "Fierté gaie" et les élites homosexuelles ne sont pas des victimes. Ce sont les pharisiens de notre époque, ceux qui veulent nous dicter comment penser et comment se comporter. Dès lors, on peut se poser la question, "De quelle manière Jésus a-t-il abordé les pharisiens ?"...
Je n'exclurais pas non plus qu'un autre chrétien évangélique puisse participer à une parade de "Fierté gaie, mais je serais très intéressé de voir comment il explique son geste... et de quelle manière il prend position par rapport à l'idéologie gaie. Ce n'est vraiment pas le moment de faire les naïfs bien intentionnés. Inversons les rôles pour un bref moment. Est-ce pensable à ton avis qu'un membre de l'élite gaie ou un membre de l'élite médiatique (pro-gai) puisse participer à une manifestation contre la christophobie (c'est-à-dire tous ceux qui osent remettre en question toute intervention chrétienne en Occident postmoderne) ?
Les revendications en faveur du "mariage gai" me semblent aussi du même ordre. Puisque les homosexuels ont déjà accès au mariage civil dans la majorité des pays de l'Occident, le "mariage gai" n'est rien d'autre qu'un outil de propagande pour normaliser le style de vie homosexuel, c'est-à-dire se faire dire (par la société) qu'ils sont "OK". Il y a un texte par l'homosexuel canadien John McKellar qui affirme la même chose dans un article intitulé " There's HOPE for the World: Homosexuals Opposed to Pride Extremism". Plus personne ne les empêche pourtant de faire leurs trucs sexuels autant de fois qu'ils le veulent au cours d'une soirée (avec ou sans condom)... Les Olympiques Gaies aussi sont un outil de propagande de même type. Rien n'empêche les homosexuels de participer aux Olympiques ordinaires... Non, l'objectif ici semble d'abord faire de la propagande, montrer que les homosexuels sont "normaux" (et exiger que les straights les concoivent ainsi). À force de montrer les homosexuels dans un contexte "normal" on fait accepter leur comportement comme "normal" par tous les Pierre-Jean-Jacques. Ça n'a pas d'autre utilité, en ce qui me concerne.
JC:
Alors, ça me dérange quand je vois des articles dire que l'homosexualité est une maladie ou un trouble psychique. Et que seulement sur cette base, on doit les juger.
PG:
Est-ce que l'article de Roger Richards a parlé dans ces termes?? Alors qu'est-ce que l'homosexualité d'après toi ??? Et tu affirmes ça en te basant sur QUOI ??
En tout cas la question d'une causalité génétique a déjà été abordé par le scientifique William Byne dans un article intitulé "The Biological Evidence Challenged." (Scientific American no. 270, May 1994, pp. 50-55 ). Dans son article, Byne examine plusieurs études scientifiques qui ont tenté d'établir un lien entre la biologie humaine et le comportement homosexuel. Il arrive à la conclusion qu'on ne peut actuellement établir un tel lien. Il n'est donc pas question d'un gène qui cause l'homosexualité ou de toute autre explication biologique simpliste. C'est assez ridicule, car de toute manière, sur le plan de la reproduction, étant donné que les homosexuels ne se reproduisent pas (normalement), le "gène" s'éliminerait... La sélection naturelle, élimine tout ce qui ne favorise pas la reproduction de l'espèce. Au mieux, ce que l'on peut affirmer c'est que la génétique peut constituer une influence parmi plusieurs pouvant affecter l'expression de comportements homosexuels. Ça c'est autre chose que d'affirmer une causalité simpliste. Cette situation est comparable au phénomène de l'alcoolisme par exemple où la génétique peut jouer un rôle, mais où il est illégitime d'affirmer une causalité simpliste.
JC:
Ou qu'on veuille les empêcher de se marier. Ça aide pas, et ça les rend que plus méfiants face à la religion. Vivre et laisser vivre. À mon avis, le mariage (outre les points légaux) n'est qu'une conséquence à l'amour de deux êtres.
PG:
Où trouves-tu cette définition du mariage ?? Je ne le trouve pas dans la Bible en tout cas... À mon sens, il faut faire une distinction nette entre l'idéologie gaie et le comportement d'un chrétien dans la vie de tous les jours devant son voisin, collègue de travail ou parent, un homosexuel en chair et en os. Un être fait à l'image de Dieu, comme toi et moi. Mais bon, si les chrétiens du premier siècle avait la même attitude que toi, alors la pincée d'encens pour la divinité de César, ils auraient dis: «Coudons, c'est JUSTE une pincée d'encens, qu'est-ce que ça peut bien faire?» Faut pas foisser les gens inutilement (e servir de collation pour les lions) pour une si petite chose...
Foley, Avery (2018) Is Pride Worth Celebrating? AiG [sur le concept de fierté/orgueil...]
Paul Gosselin (2007) Une religion gaie? Samizdat
Grider, Geoffrey (2018) Lesbian Episcopal Priest Elizabeth M. Edman Says LGBTQ Pride Will 'Revitalize Christianity'. (Now The End Begins)
Stahl, Ben (2024) Witnessing at a Pride Parade. (Orthodox Presbyterian Church - 1/2/2024)
Wintery KNight (2018) Matthew Vines and Michael Brown debate homosexuality and the Bible on Moody Radio. (Blog)
Wintery KNight (2020) Is Christianity false or is it just mean and judgmental? (Blog)