If liberty means anything at all it means the right to tell people what
they do not want to hear. (George Orwell - Preface to Animal Farm)
Paul Gosselin ©2003
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Récemment on m'a fait part de commentaires sur un témoignage paraissant sur ce site. Il s'agissait du témoignage d'une lesbienne devenue chrétienne et ayant abandonnée l'homosexualité. Mon interlocuteur s'objectait à ce texte en prétextant qu'il s'agissait d'un discours "homophobe". Mon interlocuteur affirmait que:
"la personne qui a écrit cette fiction a de gros problèmes psychologiques, et je serais ravis de lui venir en aide... peut être s'agit t il d'un gay ou d'une lesbienne qui refoule son orientation sentimentale.. peut être s'agit-il d'un ou d'une véritable homophobe qui n'a pour seul but que la haine entre les gens... Ou encore un homophobe qui a réellement peur de ce qu'il ne comprend pas : l'amour et les sentiments ? Mais dans tous les cas, ces problèmes ce soignent. L'homophobie est une névrose qui se soigne "facilement" aujourd'hui (ca ne demande qu'une simple réflexion sur l'amour et l'intérêt de la haine). Et l'incapacité à s'assumer tel que l'on est, peut être effacé par une prise de conscience que l'homophobie est un crime haineux."
On peut évidemment poser la question pourquoi serait-ce "homophobe" que de rendre témoignage au fait qu'un homosexuel peut changer de comportement et abandonner le style de vie "gaie" ? Pourquoi serait-ce donc "homophobe" que de rendre témoignage au fait qu'un homosexuel peut changer de comportement et abandonnée le style de vie "gaie" ? Est-ce qu'un tel discours serait si dérangeant qu'il faille en faire une "fiction" et l'affubler immédiatement de "haineux" pour l'isoler comme le virus du SIDA, pour éviter la contagion ? Sans doute on peut admettre que toutes sortes de catégories de gens s'affichent comme "gais" et de ce fait, qu'il soit presque impossible de définir avec quelque précision, un "style de vie "gaie".
Les termes "homophobe" et "homophobie" sont utilisés fort abondamment par les militants gais ainsi que par les médias, mais presque toujours sans définir, au préalable le contenu de ces termes. Qu'en est-il exactement ? Que signifient ces termes ?
Il est possible que "straights" et "gais" pourraient s'entendre sur le fait que le terme "homophobie" pourrait comprendre, de manière légitime, les notions suivantes:
Mais, règle général, ça ne s'arrêt pas là. Dans l'usage courant des termes "homophobe" et "homophobie" chez les médias et les élites "gaies"", on va bien au-delà de ces points. Habituellement la notion d'homophobie implique aussi (et surtout):
Ce dernier ajout me semble, pour ma part, inadmissible. Si la majorité des états modernes admettent la liberté de parole, cela implique que l'on est libre de critiquer le discours catholique, protestant, américain, musulman, féministe, palestinien, israélite, communiste ou socialiste. Pourquoi serait-il alors illégitime alors de critiquer l'idéologie "gaie" ? Pourquoi devrait-il être mis à l'abri de la "sélection naturelle" des idées sur la place publique ?? Pourquoi chercher un statut particulier pour l'idéologie "gaie" ? Cela implique que tous doivent faire preuve de tolérance à l'égard de l'idéologie "gaie", mais que les "télé-évangélistes" de l'idéologie "gaie" ne seront aucunement tenues d'en faire à l'égard des autres... Mais si les "straights" n'ont pas droit à l'égalité, tous s'explique alors... Certains, comme mon interlocuteur, voudraient faire de telles critiques "un crime haineux". Il est temps de faire cesser cette censure implicite que l'on veut appliquer à tout débat sur la place publique, car il y a là une censure hypocrite, une censure qui ne s'admet pas... Dans la préface de son roman Animal Farm George Orwell affirmait sèchement: "If liberty means anything at all it means the right to tell people what they do not want to hear."
Utilisons la même logique dans un autre contexte. Est-ce qu'il serait légitime, par exemple, de déclarer toute critique des politiques de l'État d'Israël comme faisant preuve d'anti-sémitisme ou le qualifier de crime haineux contre les Juifs ? Je pense que peu de gens trouverait cela admissible, même chez les Juifs sionistes les plus ardents. Au Canada, avec le passage de la loi C-250, des réflexions telles que celle-ci courent maintenant le risque de devenir illégales, criminelles. Le projet de loi C-250 amende le Code criminel de manière à ce que les protections prévues à l'égard des personnes en fonction de leur race, couleur, religion et origine ethnique, soient étendues à la notion "d'orientation sexuelle". Dans ce contexte, tout discours qui serait qualifié de "propagande haineuse contre les gais et lesbiennes" ne serait plus seulement dénoncée, au Canada, mais passible d'accusations criminelles. Le texte de la loi C-250 prévoit une sanction maximale de cinq ans de prison pour les contrevenants. Ainsi, un pasteur ou un curé, dans son église, ou un chrétien, dans son lieu de travail, qui affirme que "Les Écritures déclarent que l'homosexualité est un péché" serait passible de prison ? C'est rassurant de vivre dans un tel pays où on protège ainsi la liberté de parole...
Cette censure qu'on veut appliquer aux critiques du discours gai est curieuse, car elle rappelle le cas d'Alan Sokal (physicien à la New York University), qui avait monté une arnaque subtile pour leurrer des revues académiques snobs. Sokal a rédigé un article savant sur la physique quantique (1996), truffé de jargon scientifique, affirmant des thèses totalement bidons[1] avec comme objectif de voir s'il pourrait se voir publier dans une revue prestigieuse d'études postmodernes s'il flattait les éditeurs en faisant usage du langage attendu. Pari gagné ! Mais ce fut un scandale lorsqu'il révéla la supercherie. Examinant les répercussions de ce scandale, Jacques Bouveresse s'étonne que certains intervenants français (adeptes d'études postmodernes aussi) tolèrent si peu une telle critique. Un phénomène récent, semble-t-il. Les commentaires de Bouveresse ont leur place dans le contexte présent, touchant la notion d'homophobie (1998)
"L'assimilation de toute critique à une sorte d'atteinte à la liberté de pensée et d'expression est aussi, me semble-t-il, une façon de faire relativement récente. Des philosophes qui comptent aujourd'hui parmi les plus grands de toute l'histoire de la philosophie ont eu souvent, dans le passé, à supporter des attaques au moins aussi sévères que celles qui ont été menées par Sokal et Bricmont contre les auteurs qu'ils citent. Et ils n'ont généralement pas jugé indigne d'eux d'y répondre, y compris lorsqu'elles reposaient sur des formes d'incompréhension assez typiques. Aucun d'entre eux ne semble, en tout cas, avoir considéré qu'une réponse suffisante pourrait consister à accuser simplement le critique de porter atteinte à la liberté de création et de chercher à exercer une forme de répression intellectuelle ou, comme on dit, de "police de la pensée". D'où la question: comment et pourquoi en sommes-nous arrivés là, c'est-à-dire à un stade où le droit de critique, et cela veut dire le droit de critiquer tout le monde, y compris les personnages les plus célèbres, les plus influents ou les plus médiatiques, a cessé d'être considéré comme une chose qui devrait aller de soi et où la critique se trouve identifiée à peu près automatiquement à une volonté de répression - à l'époque de la "Nouvelle Philosophie", on parlait volontiers et sans rire de "goulag" - (c'est la version que l'on peut appeler, au sens large, "politique"), quand ce n'est pas à une manifestation de jalousie ou de ressentiment purs et simples (c'est la version, encore plus triviale et plus répandue, que l'on peut appeler "psychologique" ou "psychopathotologique")?"
Dans un essai sur le postmodernisme, l'américain Gene Edward Veith examine la tendance postmoderne à tuer toute discussion véritable (1994: 57-58):
"These new models tend to be adopted without the demands for rigorous evidence required by traditional scholarship. If Eurocentricism is a fault, one would think Afro-centrism would be similarly narrow-minded. If patriarchy is wrong, why would matriarchy be any better ? But these quibbles miss the point of post-modernist scholarship. Truth is not the issue. The issue is power. The newer models "empower" groups formerly excluded. Scholarly debate proceeds not so much by rational argument or the amassing of objective evidence, but by rhetoric (which scheme advances the most progressive ideals ?) and by the assertion of power (which scheme advances my particular interest group, or more to the point, which is most likely to win me a research grant, career advancement, and tenure ?)."
Est-ce possible que l'idéologie "gaie" soit si fragile, qu'il faille le protéger par des mesures extraordinaires, des mesures de censure ? Est-ce pensable que dans son usage courant la notion de homophobie est habituellement gratuit ? C'est-à-dire qu'on pourrait le définir de manière tout à fait banal comme (dans la bouche des élites "gaies") "tout discours sur l'idéologie "gaie" que je n'aime pas"... Au bout du compte, on abouti à une censure tout à fait comparable à celle des imams musulmans qui ne tolèrent pas les caricatures de Mahomet.
Les accusations dhomophobie sont dautant plus faciles que ce concept est une arme idéologique fort efficace. Par définition on considère donc que celui qui remet en question le comportement homosexuel "craint" et/ou haït les homosexuels. Le terme homophobe fait déjà du critique de lidéologie gaie un déséquilibré, irrationnel, sujet à des phobies. Il sagit dune personne qui a un problème. La tactique est extraordinairement efficace; marginaliser, faire taire le critique, le discréditer. On ne sintéresse pas aux motifs de la critique, ni au comportement réel de la personne qui avance une telle critique. La défense na même pas à comparaître afin de plaider sa cause car ce jugement est sans appel. A priori, une telle critique est jugée inadmissible. Inutile de l'entendre... Cette manière de poser le débat est une arme idéologique dautant plus efficace quelle permet dévincer tout critique de lhomosexualité. L'homosexuel est toujours victime et le critique de l'idéologie gaie est toujours un réactionnaire borné, intolérant, etc. etc. Ce scénario est si inévitable, si prévisible. Évidemment, dans une telle perspective, la distinction chrétienne entre péché et pécheur (aimer le pécheur mais pas le péché) doit être évacué de force car elle a la fâcheuse conséquence de rendre lhomosexuel responsable de ses actes. C'est étrange, mais dans nos médias, on a fait du critique actuel de lhomosexualité un portrait semblable à celui quon faisait de lhomosexuel(le) à lépoque victorienne: un être suspect, répulsif, voir démonisé. Ironique, nest-ce pas ? Les chasses aux sorcières se suivent, mais ne se ressemblent pas
Mais la mise en place de cette notion d'homophobie est d'autant plus efficace
si de plus on peut en faire un "crime haineux"... C'est un truc
extraordinaire! Ce serait bien amusant de jouir du pouvoir de faire mettre
en prison tous ceux qui affirment des choses qui ne nous plaisent pas, qui
nous font grincer les dents et qui remettent en question nos façons
de voir les choses. La vie serait tellement plus simple... Ce n'est pas
ainsi que l'on procéde habituellement dans la majorité des
régimes démocratiques en Occident, mais dans bon nombre de
régimes totalitaires, oui. Serait-ce possible d'admettre qu'il s'agit
d'un manque de tolérance... de la part des gais, dans ce cas-ci??
Meunon, meunon, tous "savent" que les gais sont toujours
les victimes et les straights, toujours les oppresseurs. Il ne faudrait
tout de même pas déranger les préjugés, stéréotypes
et les certitudes “politically correct” de l'homme postmoderne.
Ce serait trop demander...
Les "gais" religieux
Évidemment si on ne s'identifie pas au christianisme, les
contraintes des Évangiles ne concernent pas le lecteur. C'est le
droit de tout individu que Dieu a mis sur terre. On est libre de choisir.
Mais il y a un phénomène curieux. Le discours matérialiste
dominant de nos élites "politically correct" ne nous enseigne-il
pas que nous venons de nulle part et que nous allons nulle part? Il n'y aurait
pas de Grand Législateur qui nous dicte sa loi. Alors, en toute logique,
chacun fait sa moralité. Nous sommes tous de petits dieux... Personne
ne peut te dire que leur moralité est meilleure, mais dans un tel cas,
où toutes les "vérités" sont bonnes, aucune
n'est vraie, universelle. L'amour, la haine, guérir, tuer, comportements
"gais", "straights" ou pédophiles, agir de manière
aimable ou emmerder tous sur son passage, pourquoi se soucier de telles distinctions
alors dans l'univers matérialiste ? C'est le rejet des absolues. Hitler,
Jésus, Staline, Mahomet et Pol-Pot auraient donc tous également
raison ? Le psychiatre allemand Viktor Frankl appel ce phénomène
du monde post-chrétien, le vacuum existentiel. Il note (1971: 168)
"( ) man has suffered another loss in his more recent development: the traditions that had buttressed his behavior are now rapidlly diminishing. No instinct tells him what he has to do, and no tradition tells him what he ought to do; soon he will not know what he wants to do. More and more he will be governed by what others want him to do, thus increaslingly falling prey to conformism."
S'il n'y a pas d'absolues, pas d'Être neutre au-dessus de tous, alors tout se réduit à une question de marketing et de contacts médiatiques. La question comporte une charge émotive très forte, mais si on rejette une moralité absolue ayant ses fondements dans la vision du monde judéo-chrétienne et on entre effectivement dans l'univers matérialiste/relativiste, il faut en tout logique accepter et tolérer ceux qui traquent et tuent les homosexuels. De quel droit les jugera-t-on ? Au nom de quelle Grande Moralité les condamnera t-on? Qui sera le garant de cette moralité? Ouais, je sais, le consensus, le bien commun, etc. mais il est nécessaire de justifier et fonder ses jugements et ne pas les offir de manière gratuite. Mais pour éviter de réfléchir sur la question, certains m'accuseront peut-être d'encourager un tel comportement. C'est un truc comme un autre... À cette accusation je repliquerais que le christianisme nous indique que le pécheur aussi est fait à l'image de Dieu, mais si on quitte la vision du monde judéo-chrétienne cette barrière disparaît complètement...
Nietzsche, plus que bien d'autres, dans son essai Le gai savoir, a bien pressenti quel pouvait être l'aboutissement moral du matérialisme lorsqu'il a décrit la fin de "l'esprit libre" qui poursuit jusqu'au bout ses convictions (1882/1950: 290) et qui a été prêt à expérimenter la:
"(...) liberté du vouloir qui permette à un esprit de rejeter à son gré toute foi, tout besoin de certitude; on peut l'imaginer entraîné à se tenir sur les cordes les plus ténues, sur les plus minces possibilités et à danser jusqu'au bord des abîmes. Ce serait l'esprit libre par excellence."
Mais bien nombreux sont ceux qui ont vu de loin ces "abîmes" et qui n'ont pas l'audace et la conséquence de Nietzsche pour accepter les résultats logiques du matérialisme. Chez les gais, par exemple, nombreux sont ceux qui perçoivent de loin cet abîme et reviennent sur leur chemin pour recycler des concepts chrétiens, se forgeant un dieu "tolérant", réconfortant, une divinité "politically correct", à leur image...
Les stéréotypes, de part et d'autre
Si on compare les attitudes actuelles des médias à l'égard
des gais et les chrétiens, les chrétiens sont bien plus marginalisés
actuellement que ne le sont les gais. Au Québec, par exemple, presque
tous les téléromans ont, à priori, un personnage gai
sympa, tandis que presque sans exception tout personnage chrétien
(s'il existe) est abordé de manière stéréotypée,
négative. Ils sont fanatiques, manipulateurs, bornés, avares,
etc. etc. Le gais sont entourés d'un aura de chic, tandis que le
chrétien est entouré d'un aura de m... mépris.
Par exemple, la série de dessins animés les Simpsons, bien qu'original et rigolo par moments, est une suite sans fin de préjugés à l'égard des chrétiens. Que nous dit cette série ? En somme, que les chrétiens sont des êtres pervers, hypocrites, constipés sur le plan culturel, fanatiques, irrationnels, ennuyeux, avares d'argent, et dans le meilleur des cas, des gens sincères, inoffensifs et, tout en étant débile légers... De cette émission, on pourrait faire le catalogue des préjugés postmodernes à l'égard des chrétiens. Cette émission s'affiche vulgaire, donc pas "politically correct", mais si on ignore les vulgarités, sur le plan idéologique elle est tout à fait dans les lignes de pensées "politically correct". Les élites matérialistes tel que le feu Stephen Jay Gould y sont adulés. Si cette émision n'avait pas une ligne de pensée PC, elle n'aurait jamais vu le jour. De telles émisions nous en disent long non seulement sur les attitudes et préjugés des producteurs de l'émission, mais en particulier de celles des personnes qui font les choix de la programmation des grandes chaînes de télé en Amérique et ailleurs.
Dans le cas du film Chocolat (avec Juliette Binoche et Johnny Depp), les individus qui s'identifient au christianisme (le catholicisme, auquel je ne m'identifie pas personnellement) sont présentés comme étroits d'esprit, racistes, emprisonnés par des scrupules inutiles, hypocrites, etc. Et des exemples du genre, dans la culture populaire, on pourrait en multiplier à la nausée. Mais si on traitait les gais de la sorte, ce serait la tollé !! On organiserait des sit-ins de protestation et des campagnes de boycott contre les firmes qui oserait faire la promotion de tels discours "haineux" ! Mais si c'est à l'égard de chrétiens, qui s'en soucie ?? Cette haine-là est "invisible", car elle est justement promue[2] par les nouvelles élites religieuses postmodernes, c'est-à-dire les médias et les milieux juridiques. Où est donc la tolérance, la haine et la phobie??
Une idéologie "gaie" ?
Pour le plus grand nombre, la notion d'une idéologie "gaie"
ne signifie rien. Qu'en est-il ? Tout d'abord, il faut noter que "idéologie
"gaie" constitue une, parmi tant d'autres, des religions invisibles
de notre génération "politically correct". En sociologie,
la notion de religion invisible est de l'histoire ancienne, car en
1970 Thomas Luckmann a écrit un petit bouquin, toujours utile, portant
le titre: The Invisible Religion. Dans cette étude, il examine le
phénomène des idéologies implicites en Occident.
L'idéologie "gaie" n'est donc qu'une sous-espèce de l'idéologie "politically correct" (ou "pc") qui, à son tour, n'est qu'une sous-espèce de la vision du monde matérialiste qui a dominé l'Occident depuis la fin du 19e siècle. Dans la vision du monde matérialiste, en opposition à la vision du monde judéo-chrétienne par exemple, toute question morale est relative. Il n'y a pas de Grand Législateur, donc pas d'absolus. Tous font leur propre moral. Vu les présupposé de la vision du monde auquel se rattache l'idéologie "gaie", il faut aussi poser les questions suivantes à nos élites pc:
Ce ne serait pas chez les nations avec un fort héritage judéo-chrétien par hasard ? Baaah... On est sans doute mieux en Arabie Saoudite par exemple où l'on a décapité, 3 personnes soupçonnées d'être homosexuelles (revue québécoise l'Actualité mars 2002, p. 46). Hé non, ce n'est pas au moyen âge, c'est en 2002. Est-ce possible alors que ce type de comportement tombe dans la catégorie d'"homophobie" ? Touchant l'Arabie Saoudite, le ministère des Affaires Extérieures du Canada, dans son document "Conseils aux voyageurs" note (7/9/2005)
Les pratiques homosexuelles sont considérées comme un délit criminel et les personnes reconnues coupables à ce titre sont passibles d'une flagellation ou d'une peine de prison et/ou sont condamnées à mort. Les Canadiens qui auraient des ennuis avec la Mutawa devraient reporter l'incident à l'ambassade du Canada à Riyad.
Le matérialisme (comme idéologie) en Occident est en déclin (depuis les années 60 je dirais, un déclin graduel sans doute, mais déclin tout de même), car il ne peut donner ou fournir aucune raison qui motiverait l'accord de droits particuliers à l'homme. Dostoïevski a vu juste il me semble, "Si Dieu est mort, tout peut se justifier..." Évidemment certains pensent que les hommes ont un sens inné de la moralité, qu'il s'agit d'un produit de l'évolution. On peut trouver de beaux livres érudits sur les rayons de bibliothèques universitaires à ce sujet-là, qui ramassent la poussière. Ils sont sans intérêt... On pense que la moralité peut exister "comme ça!", sans support, que l'homme est moral, par nature. Mais si on examine les exploits de l'homme moderne comme Auschwitz ou le Goulag, c'est moins évident. Est-ce envisageable qu'un chrétien qui tape à coups de versets bibliques puisse espérer détromper l'homme postmoderne de la notion de moralité inhérente de l'homme? Probablement pas. Mais peut être que les remarques ironiques de Nietzsche (destinées aux Anglais de son époque) peuvent donner à réfléchir. (1899/1970: 78-79)
"Ils sont débarrassés du Dieu chrétien et ils croient maintenant, avec plus de raison encore devoir retenir la morale chrétienne. C'est là une déduction anglaise, nous ne voulons pas en blâmer les femelles morales à la Eliot. An Angleterre, pour la moindre petite émancipation de la théologie, il faut se remettre en honneur, jusqu'à inspirer l'épouvante, comme fanatique de la morale. C'est là-bas une façon de faire pénitence. - Pour nous autres, il en est autrement. Si l'on renonce à la foi chrétienne, on s'enlève du même coup le droit à la morale chrétienne. (...) Si les Anglais croient en effet savoir par eux-mêmes, "intuitivement" ce qui est bien et mal, s'ils se figurent, par conséquent, ne pas avoir besoin du christianisme comme garantie de la morale, cela n'est pas en soi-même que la conséquence de la souveraineté de l'évolution chrétienne et une expression de la force et de la profondeur de cette souveraineté: en sorte que l'origine de la morale anglaise a été oubliée, en sorte que l'extrême dépendance de son droit à exister n'est plus ressentie. Pour l'Anglais, la Morale n'est pas encore un problème"
En fait, l'idéologie "gaie" est un ensemble d'attitudes touchant les rapports entre les sexes, l'identité, le sens de la sexualité, des notions de moral, etc. etc.... La notion de "fierté "gaie" est évidemment un synonyme. La question mérite de plus amples recherches, mais d'emblée lidéologie "gaie" introduit plusieurs croyances complètement nouvelles en Occident (mais liées évidemment aux grands courants de pensée matérialistes du 20e s.). Voici quelques présupposés tirés du catéchisme de l'idéologie "gaie":
Un autre aspect de la chose est que l'étiquetage est foncièrement un procédé idéologique. Gary Thompson, dans son manuel Rhetoric Through Media, explique ce processus (1997: 453)
"Used in this general sense, ideology is one of these abstractions that, like radiation, cannot be experienced or sensed directly, but whose existence must be inferred from other phenomena. Two of these phenomena include lableling - who is labled, by whom and for what purposes - and taboos on certain acts or expressions. So long as everyone is working within the same set of values or ideology, there is agreement in what is 'natural' or good. But when there are conflicts in values or ideologies (as is more and more frequently the case in contemporary culture), differences become visible (...)"
Le terme homophobe a donc comme fonction principal d'étiquetter les adversaires idéologiques et en faire des cibles. Des cibles pour le dénigrement, pour la marginalisation, pour les discréditer et pour les faire taire. Et lorsque des promoteurs de 'l'idéologie gaie' proposent, en milieu scolaire, des romans qui dépeignent un homosexuel sympa, la chose n'est cetes pas neutre, car en sciences sociales il est entendu que l'édification d'une identité personnelle est une processus inévitablement religieux/idéologique. Le sociologue amérciain Thomas Luckmann note (1970: 70)
"The personal identity of a historical individual is, thus, the subjective expression of the objective significance of a historical world view. Earlier we defined the world view as a universal form of religion. Correspondingly, we may now define personal identity as a universal form of individual religiousity."
L'anthropologue français Marc Augé note pour sa part (1982: 49):
"...il y a dans toute religion une idée ou une définition, serait-elle négative, de l'individu; cette situation de l'individu dans l'ensemble des représentations de l'univers, du monde et de la société est décrite explicitement dans certains systèmes de pensée, impliquée par d'autres."
Il va de soi que les écoles sont intimement liées à ce processus de constitution de l'identité personnelle, sur des questions d'attitudes sexuelles, identités sexuelles, des relations interpersonnelles, attitudes vis-à-vis les groupes ethniques ou raciaux, etc. Il est assez évident que les questions que soulèvent ce processus sont inévitablement idéologiques ou religieuses. Le sociologue américain Jerry Bergman remarque sur la position des organismes qui défendent les écoles laïques comporte ce que les érudits post-modernes appellent un "méta-discours" vis-à-vis les religions traditionnelles et la vision du monde judéo-chrétienne en particulier (1979: 27)
"The fact is, it is impossible not to teach about religion in the schools. Even by scrupulously avoiding all references to religion, religious beliefs, and religious events, one is teaching something very definite about religion, i.e., it is not important, it has had a negligible influence on society both historically and currently, and that to some degree it is not necessary. If students spend 12 years learning history, science, sociology, psychology, and geography and rarely encounter religious beliefs, happenings, events, and ideas, they will probably develop very definite conclusions — essentially that religion is not important."
Dans un sens, l'exacerbation de la sexualité est une suite logique de la pensée de Freud qui y voyait le théâtre de toutes les grandes phases de la vie dun individu. La dissociation famille-couple et procréation-sexe trouve son illustration maximale. Laspect qui devient troublant pour la majorité est : quest-ce qui est permis? Sur le plan moral, lidéologie "gaie" déclare que les activités sexuelles entre adultes consentants sont légales sous toutes leurs formes. Au Québec cela pose problème, car le Code Civil vient de donner au jeune de 14 ans le droit de réclamer sa liberté sexuelle sous une forme ou une autre. Laffaiblissement des droits des parents, une campagne rusée pour miner leur confiance à titre de tuteur, et lensemble des mesures de "surveillance" des activités familiales fait le reste.
Évidemment, la très grande majorité des élites "gaies" vont nier véhément l'existence de l'idéologie "gaie". Il faut s'y attendre. Ca va de soi, surtout que l'exercice de mettre à lumière ses présupposés implicites n'est pas facile. D'un point de vue psychologique, il semble que le phénomène des présupposés ou croyances cachées soit assez courant en Occident postmoderne. Dorothy Rowe, une psychiatre, remarque à ce sujet: (1982: 15)
"Tony se voyait tel un intellectuel et voulait partager ses pensées, mais lui-même trouvait difficile de me révéler, et parfois à lui-même, ses croyances fondamentales, c'est-à-dire la structure qui le supportait et l'entourait. Il nous est pas plus facile d'exposer l'ensemble de nos croyances fondamentales, que d'exposer notre structure squelettique. Tout comme notre squelette détermine si nous étendons nos membres fines sous la forme d'une main ou d'une aile ou encore si nous avons la station debout ou si nous courons à quatre pattes, ainsi nos croyances déterminent si nous entrons en interaction avec le monde avec maîtrise ou planons librement et confiance dans la vie ou si nous nous tenons debout contre les épreuves de la vie ou marchons péniblement dans les jours de labeur de la vie. Nous n'énonçons pas certaines de nos croyances voir même les examiner dans notre conscience, car nous les considérons évidents, axiomatiques. Nous cachons nos croyances aux autres pour éviter qu'ils se moquent de notre foi infantile ou qu'ils émettent des remarques condescendantes à l'égard de nos craintes les plus profondes ou encore qu'ils méprisent notre optimisme absurde. Possible aussi qu'ils ne comprennent tout simplement pas ce que nous affirmons*."
Bon, la notion d'idéologie ou religion invisible est sans doute difficile à saisir, mais nous y viendrons un peu plus loin. Évidemment, si les élites "gaies" restent en mode "attaque", ils n'auront jamais à faire cet exercice, parfois douloureux, de mettre en lumière leurs croyances, leurs présupposés. Attaquez les straights en les accusant d'être les oppresseurs. Criez haut et fort que vous êtes les éternelles VICTIMES de tout ceux qui osent remettent en question. Et si ça ne vas pas, criez plus fort...
Il y a évidemment idéologie "gaie", sinon pourquoi mon interlocuteur m'aurait-il affirmé par exemple "Je vais tenter de vous expliquer les points sur lesquels il me semble que vous faite erreur" ou encore "tu ne fais aucun effort de compréhension". Je fais donc "erreur", je "ne vois pas les choses correctement", mais de quoi veut-on me convaincre ? Comment DOIS-JE voir les choses... ?? Quelle est cette manière "correcte" de voir l'identité sexuelle, les relations entre les sexes, etc. ?? Qu'est-ce que cette "nouvelle révélation" ? Mais il s'agit bien de l'idéologie ou de la religion implicite des "gais", quoi d'autre ? Il faut sortir le chat du sac, il faut cesser de jouer le jeu des saints innocents... La meilleure preuve de l'existence de l'idéologie "gaie" (on dit "Fierté "gaie" au Québec), c'est que sans elle toute discussion touchant des attitudes "homophobes" serait impossible, vide de contenu, car de quoi voudrait-on nous convaincre ?? Sinon, faudrait parler de la météo, ou du fromage suisse et de la qualité du sirop d'érable québécois j'imagine... Mais j'ai tout imaginé sans doute, on n'a jamais cherché à me convaincre de quoi que ce soit ! Il faut noter que le phénomène d'une telle idéologie invisible a été très bien cerné par le sociologue français, Jacques Ellul. Dans La technique ou l'enjeux du siécle, il note (1954/1990: 331)
( ) il faut que la propagande devienne aussi naturelle que l'air ou la nourriture. Elle doit procéder le moins possible par choc, mais plutôt par inhibition. L'homme peut alors honnêtement déclarer qu'il n'y a pas de propagande. C'est qu'il y est complètement absorbé. Il y a si bien adhéré qu'il ne la réalise plus (au sens propre). Elle est devenue lui-même et lui-même est un objet de propagande., Celle-ci ne noi pas conduire en effet au choix et à la décision volontaire, mais au réflexe, et au mythe. La répétition indéfinie des mêmes liaisons, des mêmes enchaînements, des mêmes images, des mêmes bruits suffit à cette absorption.
Re-définition de la notion de religion.
En anthropologie des religions, la notion de religion[3],
dans son sens populaire, a été abandonnée depuis un
bon moment et l'on considère sur un même pied les idéologies
[politiques] et religions. Tous ont comme fonction de fournir un cadre
conceptuel qui donne sens au monde et des stratégies pour
tenter de diminuer le sentiment d'aliénation qui frappe, sous une
forme ou un autre, tous les humains qui vivent dans le monde déchu.
Dans le cas des idéologies matérialistes, il faut constater
que le cadre conceptuel est plus étroit et moins riche, mais pour
ses adeptes, il sert tout de même à fournir le sens de leur
existence. Le cadre conceptuel sert justement de point de repère
pour répondre aux grandes questions
Dès que la question des origines (de la vie ou du cosmos) est abordée
par exemple, l'intervention d'un mythe
d'origines, sous une forme ou une autre, devient inévitable[4].
On utilise de manière interchangeable en anthropologie des religions
les termes "idéologie", "religion" ou simplement
"système de croyances". Dans ce champ d'études,
on considère simplement que la religion est universelle. Aucune société
ne peut s'en passer. Thomas Luckmann, auteur du livre The Invisible Religion,
note à ce sujet: (1970: 78)
"The statement that religion is present in non-specific form in all societies and in all "normal" (socialized) individuals is, therefore, axiomatic. It specifies a religious dimension in the "definition" of individual and society but is empty of specific empirical content."
Donc toute société/communauté a une religion ou système de croyances sous une forme ou une autre. La religion est donc universelle, inévitable dans toute société et chez tout individu. Évidemment chez un individu spécifique on peut observer qu'il est "à la recherche" et qu'il n'a pas de système de croyances très cohérent au moment de l'observation. C'est habituellement un phénomène transitoire. Dans les médias populaires le terme "religion" (dans son sens traditionnel, ce qui sert à identifier les grandes religions mondiales) reste en usage, mais il faut se demander si c'est le cas à qui cela peut servir ? Pourquoi ne pas se mettre à jour ? À qui ce le concept traditionnel de religion peut être "utile" sur le plan idéologique? Est-ce pour masquer certaines choses et mieux se positionner...
Touchant un point qui est généralement ignoré Luckmann note que le processus, par lequel se forme nos identités individuelles et est, par ailleurs, fondamentalement religieux. Il l'explique comme suit: (1970: 70)
"The personal identity of a historical individual is, thus, the subjective expression of the objective significance of a historical world view. Earlier we defined the world view as a universal form of religion. Correspondingly, we may now define personal identity as a universal form of individual religiousity."
Le développement d'une identité "gaie" est donc inévitablement idéologique... ou religieux. Comme on l'a noté ci-dessus, les "gais" réclament la condamnation de toute examen critique de leur discours. Qu'en est-il ? Ellul, note pour sa part que l'exclusion de la critique (un tabou sur le discours) est justement caractéristique de la propagande (1954/1990: 335)
" cette propagande crée un nouveau sacré: c'est-à-dire, comme le définit très justement M. Monnerot, «quant toute une catégorie d'événements, d'êtres, d'idées, échappe à la critique, c'est qu'un domaine sacré se constitue en face d'un domaine profane». Par l'influence très profonde de ces mécanismes, il se crée en effet une zone de tabou dans le cur de chaque individu. Mais cette sphère est créée artificiellement, à l'encontre des tabous des sociétés primitives. Nous ne pouvons plus discuter de certaines questions, nous ne pouvons plus juger ni apprécier: il entre aussitôt toute la série des réflexes montés par les techniques."
Sans doute l'exemple ne plaira pas, mais les nazis ont justement mis en fonction un tel système de canalisation de la pensée, ce qui permet d'éviter certaines discussions, certains sujets. Albert Speer, le grand architecte d'Hitler et le plus haut fonctionnaire du gouvernement nazi, a fait les observations qui suivent concernant cette abdication de la conscience chez les membre du parti (1970: 33)
On enseignait aux membres ordinaires du parti que les grandes politiques
étaient beaucoup trop complexes pour qu'ils puissent en juger.
Par conséquent, on avait l'impression d'être représenté
et ne jamais devoir prendre une responsabilité personnelle. La
structure globale du système était conçue de manière
à empêcher que puissent même survenir des conflits
de conscience. Dans ce contexte de conformisme, le résultat était
la stérilité totale de toute conversation ou discussion.
Il était tout à fait ennuyeux pour les gens de confirmer
l'un l'autre dans leurs opinions uniformes.
Pire encore était la restriction de la responsabilité à
un champ d'activité spécifique. Cette restriction était
exigée de manière explicite. Tout le monde se tenait avec
son propre groupe d'architectes, médecins, juristes, techniciens,
soldats ou agriculteurs. Les organisations professionnelles auxquelles
tout le monde devait appartenir étaient appelées des chambres
(chambre des médecins, chambre d'art), et ce terme décrivait
avec précision la manière avec laquelle les gens étaient
emmurés dans des sphères d'activités isolés
et limitées. Plus le régime deHitler s'enracinait, plus
les esprits des gens se déplaçaient uniquement dans ces
chambres isolées. Je crois que si ce système avait tenu
pendant plusieurs générations, ce trait à lui seul
aurait causé la dégradation du système dans son ensemble
et nous serions parvenus à une sorte de société de
castes. La disparité entre cette situation et le VolksgemeinschaÎt
(communauté du peuple) proclamé en 1933 m'a toujours étonné.
Car cela eut l'effet d'anéantir l'intégration promise, ou
à tout le moins de l'entraver de manière importante. Le
résultat final était une société d'individus
totalement isolés les uns des autres. Bien que cela puisse sembler
étrange aujourd'hui, chez nous ce n'était pas un formule
vide que d'affirmer que "le Führer propose et dispose"
pour tous*.
Touchant ce processus de constitution de l'identité personnelle l'anthropologue KOL Burridge note (1979: 36)
"To most Westerners, conception, like birth, is an animal event. But it is neither clearly observable nor regular, predictable, ordered. Inferences and assumptions about its occurrence and significance in relation to the social order form a rich matrix of science, dogma, and mystical lore. Biological and cultural continuities are involved. Why am I here, and why should I be here ? If by design, whose design, and what am I supposed to do with this gift of life ? If by accident - implying design elsewhere - or simply existentially, what can be done with life? Most people look to the cultural categories for their answers. And since for the vast majority the answers have been supplied before the questions are put, they accept and conform with them."
Les sociologues Berger et Luckmann sont d'avis par exemple qu'il faut reconnaître l'identité fonctionnelle des cosmologies qui fondent les conceptions de l'homme dans les mythes religieux et les théories psychologiques modernes. (Berger et Luckmann 1980: 160-161)
"If theories about [personal - P.G.] identity are always imbedded in more comprehensive theories about reality, this must be understood in terms of the logic underlying the latter. For example, a psychology interpreting certain empirical phenomena as possession by demoniacal beings has as its matrix a mythological theory of the cosmos, and it is inappropriate to interpret it in a non-mythological framework. Similarly, a psychology interpreting the same phenomena in terms of electrical distubances of the brain has as its background an overall scientific theory of reality, both human and non-human, and derives its consistency from the logic underlying this theory. Put simply, psychology[5] always presupposes cosmology." (souligné par moi-même)
Il ne faut donc pas exclure les fonctions mythiques du discours "séculier". L'homme postmoderne se berce souvent d'illusions à cet égard, mais il n'a aucun avantage à ce titre sur ces ancêtres "religieux". Il va de soi que les institutions scolaires sont intimement liées à ce processus de constitution de l'identité personnelle, sur des questions d'attitudes sexuelles, identités sexuelles, des relations interpersonnelles, etc. Ce n'est donc pas une coïncidence de voir introduire actuellement dans les institutions scolaires québécoises de petits bouquins où l'ados héros est un jeune qui lutte pour afficher et faire accepter son identité "gaie". Il est assez évident que les questions que soulève le processus de constitution de l'identité personnelle sont inévitablement idéologiques et/ou religieuses. Le sociologue Jerry Bergman remarque sur la prétendue neutralité idéologique des écoles laïques (1979: 27)
"The fact is, it is impossible not to teach about religion in the schools. Even by scrupulously avoiding all references to religion, religious beliefs, and religious events, one is teaching something very definite about religion, i.e., it is not important, it has had a negligible influence on society both historically and currently, and that to some degree it is not necessary. If students spend 12 years learning history, science, sociology, psychology, and geography and rarely encounter religious beliefs, happenings, events, and ideas, they will probably develop very definite conclusions — essentially that religion is not important."
Dans la théorie de la communication, élaborée par l'ingénieur Claude Shannon après la deuxième guerre mondiale, on note qu'en réponse à une question un silence est tout aussi significatif qu'un oui ou un non explicite. Il y a plusieurs manières de communiquer...
Dans les ouvrages de sociologie ou d'histoire lorsqu'on aborde le processus de "sécularisation" (ou laïcisation) qui a affecté l'Occident depuis 150 ans, on donne généralement la version "orthodoxe", qui néglige de souligner le caractère idéologique de ce processus. Luckmann souligne que ce processus n'est pas neutre (1970: 91)
"What are usually taken as symptoms of the decline of traditional
Christianity may be symptoms of a more revolutionary change: the replacement
of the institutional specialization of religion by a new social form of
religion."
"Secularization" in its early phases was not a process in which
traditional sacred values simply faded away. It was a process in which
autonomous institutional "ideologies" replaced, within their
own domain, an overarching and transcendent universe of norms."
Le processus de la sécularisation en Occident, et au Québec en particulier, ne consiste donc pas simplement dans une désintégration de l'influence des religions judéo-chrétiennes traditionnelles institutionnalisées[6] face aux progrès de la science comme on l'entend généralement, mais coïncide avec la montée concomitante d'autres institutions (politiques, économiques, scientifiques, etc.) et leurs élites associées, chacune produisant et transmettant un système de sens ultime et des valeurs entrant en compétition avec les anciens systèmes de croyances des religions traditionnelles. Il s'agit d'abord d'un processus de remplacement idéologique.
L'ensemble de ces nouvelles institutions constitue une Église invisible qui propage, selon l'expression de Luckmann, une religion invisible. Quelle est cette nouvelle religion - idéologie? Quels sont ces dogmes ?
Puisque cette religion est invisible, elle n'a pas de nom. Pour les besoins de la cause ici on pourrait l'appeler la religion "politically correct" (ou religion pc). Cette religion est d'abord caractérisée par le rejet des grandes religions monothéistes (lorsqu'elles affirment représenter la Vérité), soit l'islam, le christianisme ou le judaïsme. D'autre part dans la religion pc, il y a une vieille garde matérialiste (qui a régné presque sans opposition pendant la majorité du 20e siècle) et une nouvelle garde montante qui prend une position apparemment plus "ouverte" à la religion de manière générale[7]. La vieille garde est fortement identifiée à la Science comme discours porteur de Vérité. C'est ce qu'on appelle le scientisme. Touchant le rôle idéologique du scientisme, Lévy-Leblond et Jaubert remarquent (1975: 41):
"Les gens en général, bien qu'on leur enseigne certains des plus grossiers et des plus anciens résultats de la science, ont toujours eu peu ou pas de compréhension de ce qu'est réellement la science en tant que méthode. Cette ignorance a été perpétuée par tout l'enseignement primaire, secondaire, et même par l'importante partie de l'enseignement universitaire qui ne constitue pas une préparation à la recherche: la science y est enseignée dogmatiquement, comme une vérité révélée. Aussi, le pouvoir du mot “science” sur l'esprit du grand public est-il d'essence quasi mystique et certainement irrationnelle. La science est, pour le grand public et même pour beaucoup de scientifiques, comme une magie noire, et son autorité est à la fois indiscutable et incompréhensible. Ceci rend compte de certaines des caractéristiques du scientisme comme religion[8]."
La nouvelle garde pc qui a été mentionnée ci-dessus rejette ce dogme que Science = Vérité. Cette nouvelle garde[9] considère que la science est un discours parmi tant d'autres et ouvre la porte à un syncrétisme tous azimuts, où toutes les religions de l'orient, l'horoscope, les cristaux du Nouvel Âge, le néo-paganisme européen (druides et sorcières) et le chamanisme amérindien peut trouver sa place. Rien n'est exclue, sauf les grandes religions monothéistes[10] et le concept d'une Vérité absolue. Ça, la religion pc (nouvelle ou vieille garde) ne peut le tolérer... Au-delà des quelques principes fondateurs, la religion pc est caractérisée par un foisonnement étourdissant de "sectes" de la droite et de la gauche et tout le spectre des croyances post-modernes et post-humaines. L'idéologie "gaie" est donc un sous-ensemble de la religion pc, un peu comme les franciscains ou les maristes constituent un sous-ensemble de la religion catholique ou encore les chiites constituent un sous-ensemble de la religion islamique.
Mon interlocuteur, pour sa part, n'a jamais admis l'existence d'une idéologie "gaie". Notons que sur le plan de la stratégie, c'est excellent comme approche. Ignorer/nier l'existence de l'idéologie "gaie" est fort efficace, car ça permet de nier toute tentative de censure de la part des élites "gaies" dans les débats sur la place publique lorsqu'il est question, entre autres, de mariage "gai" ou d'adoption d'enfants par des couples "gais". Tous ceux qui osent critiquer l'idéologie "gaie" font alors preuve de "haine", et c'est sans appel. Fort commode... Et alors faut-il comprendre que la notion de "fierté "gaie" serait une coquille vide, une émotion vague et éphémère ? Un peu comme préférer un jour la pizza plutôt que les omelettes et, le lendemain, avoir envie d'un gâteau Foret noir pour le petit-déjeuner, pour faire changement ? Dans les faits, sur le plan social, le développement d'institutions et d'organismes communautaires ne peut se comprendre sans référence à une vision du monde/idéologie. De même que la Croix-Rouge, l'Armée du Salut, Vision Mondiale et bien d'autres organismes ne peuvent être compris sans se référer à la vision du monde qui inspira leurs fondateurs, il est impossible de comprendre les multiples organismes communautaires et de lobbying "gais" sans débusquer et examiner l'idéologie "gaie" dont ils font référence et sont les promoteurs.
Il faut noter qu'il y a des "gais" pour qui reconnaître
l'existence d'une idéologie "gaie" ne pose pas problème.
C'est le cas du moins de John McKellar, un homosexuel canadien anglophone
dans sa note "There's
HOPE for the World: Homosexuals Opposed to Pride Extremism" et
un autre intitulé "Issues:
Definition of Marriage ". Il utilise, entre autre, les termes,
en rapport avec les efforts de propagande des élites "gaies",
"forced education of the benighted" et "relentless indoctrination".
AFP
Un archevêque opposé au mariage gai menacé de mort.
Le Soleil [quotidien de la ville de Québec] 11/10/03 p. A5
Augé, Marc
Génie du Paganisme
Ed. Gallimard Paris 1982 336 p.
Berger, Peter & Luckmann, Thomas
The Social Construction of Reality.
Irvington New York 1966/80 203 p.
Bergman, Jerry
Teaching about the Creation / Evolution Controversy."
Phi Delta Kappa Educational Foundation Bloomington IN (coll. Fastback 134)
1979 45 p.
Bouveresse, Jacques (professeur au Collège de France ),
Qu'appellent-ils
"penser"? Quelques remarques à propos de "l'affaire
Sokal" et de ses suites.
Conférence du 17 juin 1998 à l'Université de Genève,
Société romande de philosophie, groupe genevois
Burridge, Kelem O. L.
Someone, No One: An Essay on Individuality.
Princeton U. Press, Pinceton NJ 1979 270 p.
Dostoïevski, Fiodor Mikhaïlovitch
Les frères Karamazov. (préface de S. Freud)
Gallimard Paris 1879/1973 (vol. I & II: coll. Folio 486)
Ellul, Jacques
La technique ou l'enjeux du siécle.
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Feyerabend, Paul K.
Contre la Méthode
Paris, Seuil 1975/79 350 p.
Frankl, Viktor E.
Man's Search for Meaning: An Introduction to Logotherapy
Pocket Books /Simon & Schuster - New York - 1959/1971 226 p.
Herndon, Helen Louise
How Can a Heterophobic Call Me Homophobic and Heterosexist?: Does a "heterophobic" have the right to call me "homophobic" and "heterosexist"?
The Aquila Report 17/2/2021
Lévy-Leblond, Jean-Marc & Jaubert, Alain
(Auto)critique de la science.
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Le "gai" savoir
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Nolte, John
When 'Not Seeing My Movie' Is 'Homophobia,' America Is Awesome.
Breitbart - 6/10/2022
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Why are Christians such Homophobic Bigots?
(2017 - vidéo 16 min. - YouTube)
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Science and the Modern World.
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À ce texte ont contribué Robert Castonguay et Louis Robitaille.
[1] - Sokal note dans A Physicist Experiments With Cultural Studies
" In sum, I intentionally wrote the article so that any competent physicist or mathematician (or undergraduate physics or math major) would realize that it is a spoof. Evidently the editors of Social Text felt comfortable publishing an article on quantum physics without bothering to consult anyone knowledgeable in the subject."
[2] - Consciemment ou non, cela n'a aucune importance.
[3]- Lié généralement à l'existence d'êtres surnaturels.
[4]- Voir mon article en ligne: Mythe d'origines et théorie de l'évolution.
[5] - and, conceivably, all other fields of social research-P.G
[6]- Qui ne sont remplacés par aucune religion.
[7]- Mais qui exclue toujours les prétentions à la Vérité des grandes religions mono-théistes.
[8]- Le sympathique philosophe de la science Paul K. Feyerabend fait les remarques suivantes sur cette question (1979: 348):
"Une science qui se targue de posséder la seule méthode correcte et les seuls résultats acceptables est une idéologie, et doit être séparée de l'État [et de son support financier ?? - PG] et particulièrement de l'éducation. On peut l'enseigner, mais uniquement à ceux qui ont décidé d'adopter cette superstition particulière."
[9]- Qui comporte beaucoup de liens avec le discours postmoderne.
[10]- Par contre, dès que ces religions
abandonnent leur concept de Vérité, alors ils sont évidemment
bienvenus aussi...