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Bonjour Monsieur GOSSELIN,
Merci pour votre réponse.
Sans chercher à avoir raison, et sans vouloir entamer un long dialogue, puis-je me permettre de commenter certains de vos points de vue ? M'autorisez-vous à transférer votre réponse sur mon blog ?
A mes yeux, on ne peut pas CHOISIR d'être créationniste ou évolutionniste. En effet, on ne peut pas comparer ni donc choisir entre la « Création », qui est une croyance, relevant du cerveau émotionnel, et l'Evolution (avec majuscule parce qu'il s'agit de celle du vivant), qui procède du cerveau rationnel, lequel pense, constate, conclut qu'il s'agit d'un fait résultant d'observations scientifiques convergentes et cohérentes, même si elles resteront toujours partielles.
Pour cette même raison, le créationnisme ne peut pas légitiment prétendre à être enseigné au même titre que l'évolutionnisme.
L'Evolution n'est pas soumise à un déterminisme, pas plus qu'à un finalisme, puisque cela impliquerait qu'elle serait orientée (par qui, d'ailleurs ?) dans le sens d'un « progrès ».
Au contraire, des milliards de milliards d'essais et erreurs ont dû avoir lieu depuis l'apparition de la première cellule jusqu'à l'être humain, mais les espèces qui en ont résulté ont disparu parce qu'elles n'étaient pas ou plus adaptées à l'environnement.
J'ai même tendance à estimer que le cerveau humain, parce que capable du meilleur comme du pire, n'est pas un progrès, ni donc le « summum » de l'évolution. Je pense plutôt que « pour » compenser la faiblesse corporelle humaine, l'évolution l'a rendu capable d'imaginer des dieux protecteurs, puis hélas Un seul Vrai « Dieu », excluant tous les autres, et dès lors à l'origine de toutes les intolérances, etc
Bien sûr, l'activité scientifique est « frustrante ». Elle ne découvrira jamais qu'une infime partie des mécanismes bio-physico-chimiques qui régissent « l'ordonnancement complexe du vivant ». Mais ni LAPLACE, ni DARWIN n'ont eu besoin de l'hypothèse de « Dieu ».
Certes, « la biologie est l'étude d'objets complexes qui donnent l'apparence d'avoir été conçus dans un but précis ». Mais c'est à cause de notre vision anthropomorphique, et parce que ne parvenons pas imaginer la durée colossale pendant laquelle s'est déroulée l'Evolution depuis l'apparition du vivant. Cela doit nous inciter à l'humilité, mais surtout nous inciter à supporter sereinement les incertitudes actuelles de la science et à témoigner d'une confiance raisonnable dans ses futures découvertes, plutôt que nous contenter des explications simplistes et sécurisantes qui suffisaient aux humains d'il y a 2.000 ans et plus.
Je n'ai pas « foi en l'évolution ». Pour le dire simplement, je pense (et non je « crois ») que la matière vivante tend spontanément, comme par « dilution », par « expansion », à rechercher un milieu ambiant aussi favorable que possible pour se développer, se diviser, se reproduire, se diffuser et donc survivre aux dépens des autres espèces (sauf l'animal humain qui est le seul à s'attaquer à ses semblables !).
Mais j'ai « foi », en l'Homme, ou plutôt confiance dans ses virtualités, dans sa capacité de progresser à tous points de vue, du moins s'il est placé dans des conditions éducatives et environnementales favorables à son émancipation et à son épanouissement.
Il n'y a pas d' « endoctrinement évolutionniste », mais au contraire créationniste.
En effet, tant que les créationnistes ne se sont pas sentis menacés par la déconfessionnalistion et la laïcisation croissantes de la société occidentale, l'Evolution était tout naturellement enseignée, déjà dans les années 50, comme une branche de la biologie, dans tous les établissements de l'enseignement officiel en Belgique (pays pourtant réputé catholique !), sans que la religion vienne s'en mêler (sauf peut-être au cours de religion). Actuellement, vu l' « offensive » créationniste (cf « L'atlas de la création » d'Aroun Yayah et les créationnistes évangéliques américains !).
La liberté de la recherche scientifique n'est limitée que par le respect de l'observation des faits, dans l'esprit de Claude BERNARD et de Karl POPPER, donc sans préjuger de l'issue des hypothèses de travail de départ, susceptibles d'être confirmées ou infirmées par l'expérimentation. Je vous rappelle ce que disait Henri POINCARE :
« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d'être ».
Or, je constate que bon nombre de scientifiques croyants, surtout anglo-saxons, ne sont pas conscients, contrairement à Louis PASTEUR, de la nécessité de laisser leur croyance au vestiaire avant d'entrer dans leur laboratoire Il est vrai qu'ils ignorent les observations par IRM fonctionnelle des psychoneurophysiologistes à propos de l'origine et de la persistance neuronale de la sensibilité religieuse et les traces laissées par les expériences religieuses, éducatives et culturelles, dans les différentes parties du cerveau (droit, gauche, émotionnel, rationnel) en interconnexion constante, et donc leur influence inconsciente sur leur intelligence et leur intellect
Si je m'intéresse au phénomène religieux, plutôt que de l' « éviter », c'est parce que j'ai été croyant (protestant) jusqu'à 21 ans, puis déiste, agnostique, incroyant et enfin athée à 24 (j'en ai 70). Jamais sans doute je n'aurais réussi , au-delà de 25 ou 30 ans, à remettre en question mes options fondamentales )
J'ai lu notamment votre texte relatif à la créativité (?) et à la perception de la beauté, qu'elle soit musicale, poétique, picturale, etc A mes yeux, ces activités mentales ne portent pas l' « image de Dieu », elles n'en sont pas un « indice », mais plutôt des « émanations » évolutives du cerveau humain, au même titre que la croyance religieuse. Il est d'ailleurs significatif (j'allais dire « révélateur »), que ces activités mentales aient leur « siège » dans des régions voisines du cerveau émotionnel (limbique) et du cerveau droit, en connexion avec le zones sensorielles du néocortex. Les unes comme les autres sont d'ailleurs soumises à l'influence des hormones, des neurotransmetteurs, etc
Ce n'est pas par hasard si, par exemple, Gabriel RINGLET, ancien vice-recteur de l'Université catholique de Louvain, exploite dans ses livres la sensibilité poétique pour inciter à croire en Dieu », (et même « récupérer les valeurs laïques : cf « L'évangile d'un libre penseur ») ou encore si, de tous temps, et dans tous les lieux de culte, nos cinq sens ont été exploités pour inciter à la soumission (decorum et magnificence des églises, grandes orgues, encens, hostie, attouchement sur le front, ).
Bien à vous,
Michel THYS
PS: Il manquait une bribe de phrase : "les évolutionnistes sont obligés de se défendre".
Sorry !
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