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Paul Gosselin (30/5/2025)
S’il existe un profond courant critique des Lumières en Angleterre, il est rare pour un intellectuel français de proposer une critique sérieuse de ce courant idéologique[1]. Dans le monde francophone, il y a de grands tabous protégeant le système de croyances des Lumières. Il se passe donc quelque chose d’inhabituel ici. En France, si résolument attaché aux Lumières, il se peut que cette remise en question soit liée à certains facteurs, dont l’échec cuisant des Lumières d’influencer ou de convertir l’immigration en Europe provenant de pays où domine l’Islam. On dirait de l’eau sur le dos d’un canard... Pensez Charlie-Hébdo, le Bataclan, Salman Rushdie un moment...
Dès les premières pages de ce livre, Halévy expose un anti-américanisme intransigeant. Voyez (2018 : 20)
Et pourtant, le système américain est le plus dénaturé qui soit, le plus nocif pour la Vie et la Nature, le plus destructeur de tout, partout. Le plus idolâtre, aussi: l'Argent, dieu tout-puissant... Et le plus menteur, le plus hypocrite, le plus manipulateur, cultivant le déni de réalité au plus haut point, (...)
Halévy ne semble pas conscient que les États-Unis sont un pays un peu schizophrène sur le plan idéologico-religieux, car s’il y a une Amérique profondément chrétienne, il y a chez les élites une autre Amérique, franc-maçonne[2] et résolument assujettie aux Lumières[3]. Il faut prendre conscience que c’est cette Amérique assujettie aux Lumières qui a chassé et oppressé les Amérindiens (comme peuples inférieurs) et les noirs et a promu le capitalisme sauvage... Et aux États-Unis c’est le concept chrétien de la dignité de TOUS les hommes, puisque faits à l’image de Dieu, qui a fini par venir à bout de la pratique très lucrative de l’esclavage (après une sanglante guerre civile)[4]. En Angleterre, tout comme aux États-Unis, des chrétiens ont été à l’avant-plan de l’activisme pour abolir cette pratique. Mais bon, on peut se douter que de telles distinctions n’intéressent pas Halévy[5]... À la fin ce qui provoque l’anti-américanisme de Halévy est probablement le fait que les États-Unis sont un pays trop avancé, trop puissant[6] et trop chrétien...
Plus loin, Halévy offre des critiques des Lumières qui laissent presque entendre qu’il serait un catholique nostalgique de la France prérévolutionnaire. Mais en cours de la lecture, cette première impression se dissipe assez rapidement. Halévy marque un point important en soulignant le caractère idéologico-religieux de la Révolution française (2018 : 47)
L'idée de République fonde la religion républicaine. Elle est à l'image de la religion catholique.
Le salut dans l'autre monde d'après la mort devient le salut dans le nouveau monde d'après la Révolution. L'Église devient République. Le Pape devient Président. Les évêques des diocèses deviennent les caciques des partis. Les curés dans les campagnes deviennent les élus pour les campagnes. La morale reste la même. Les grand-messes s'appellent meetings. Les fêtes de Noël ou de Pâques deviennent la fête de la Nation, ou la fête du Travail.
Mais si ce commentaire vise la Révolution française, il faut tenir compte aussi que la Révolution française n’est qu’un des nombreux mouvements et systèmes idéologiques dérivés des Lumières alors inévitablement le commentaire de Halévy tient aussi pour le Siècle des Lumières lui-même. En effet, la laïcité, le concept que l’État puisse être vraiment neutre sur le plan idéologico-religieux est une illusion[7], un autre mensonge des Lumières, mais que Halévy n’examine pas... Dans son texte, Halévy utilise fréquemment le concept d’idéalisme, mais sans se soucier de préciser ce qu’il entend par là. Après tout tous ont des idées. Mais si cela vise des concepts qui déterminent le monde matériel, tels les archétypes chez Platon, alors il vaudra mieux parler de néo-platonisme plutôt d’idéalisme.
Comme tout postmoderne[8], Halévy rejette (voir p. 45) l’universalisme[9] des Lumières. On peut déduire que de l’avis de Halévy, la pensée des Lumières est encore trop chrétienne, puisque proclamant une vérité universelle, tout comme Christ[10] avait proclamé à ses disciples “ Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit.. ” (Matt. 28 : 19-20) Ainsi, si le postmoderne rejette l’universalisme, c’est qu’à la fin ce concept est un vestige (corrompu) du système de croyances judéo-chrétiennes[11].
Il est bien connu que le postmoderne rejette les méta-récits, c'est-à-dire tout texte sacré qui s’affirme universel. Cela implique donc le rejet de la VÉRITÉ de la Bible, du Coran/Hadiths, les Analectes de Confucius et les Sutras des Hindous. Mais cela implique également le rejet des textes sacrés issus des Lumières tels que néopositivisme des philosophes, le Mein Kampf des nazis ou le Manifeste du parti communiste des marxistes. Mais le postmoderne va plus loin, jusqu’au rejet de la science comme texte sacré[12] (un truc très cher aux penseurs des Lumières). À leurs yeux la science (occidentale) ne serait donc plus VRAIE universellement, mais ne serait rien d’autre qu’un savoir occidental, sans prétention universelle. À la fin, un autre concept des Lumières, le “ progrès ”, serait à renverser, car progrès vers quoi ? pour qui ? Là encore, un concept occidental...
Halévy et les
Lumières
Dans sa critique des Lumières
Halévy examine la citation bien connue de Descartes : Je pense
donc je suis. Halévy rejette cette affirmation en observant
(2018 : 170) :
Cette certitude première, fondamentale pour Descartes, est absurde et fausse. Elle est absurde dans la simple mesure où le premier terme (Je pense) est un terme de mouvement puisque toute pensée est d’abord un changement, un jaillissement d’une idée, d’une conscience, un enchaînement d’idées dans la conscience, et où qui le second terme (je suis) est un terme d’immuabilité qui pose l’être, c'est-à-dire ce qui ne devient ni n’advient, ce qui est ce qui est ce qu’il est, ce qui est absolument identique à soi.
Il est curieux de constater que la critique de Descartes par Halévy ne tient la route seulement si on érige en dogme absolu l’affirmation que la conscience (je suis) est un trait absolument immuable. Pourtant rien ne l’exige... Si on rejette cette prémisse, l’argument tombe. Cet échange rappelle une anecdote curieuse au sujet d’un fondamentaliste cartésien, soit l’antispéciste notoire et professeur d’éthique Peter Singer. À la suite de Descartes, Singer fait de la pensée un concept déterminant (et exclusive) dans sa définition de l’humain. Ce principe nourrit sa pensée antispéciste et conduit Singer à faire des affirmations d’une brutalité inouïe (1993/1997:120):
C’est pourquoi nous devons rejeter la doctrine qui place la vie des membres de notre espèce au-dessus de celle des membres d’autres espèces. Certains de ceux-ci sont des personnes, certains membres de notre espèce n’en sont pas. (...) Il semble donc, par exemple, que tuer un chimpanzé est pire que tuer un être humain qui, du fait d’un handicap mental congénital, n’est pas et ne sera jamais une personne.
De l’avis de l’ultra-cartésien Singer, ce n’est donc qu’en présence de la conscience rationnelle que l’on peut affirmer qu’un être appartenant (sur le plan biologique) à l’espèce homo sapiens doit être considéré véritablement une personne, un humain (avec des droits). Dès lors, l’appartenance biologique à l’espèce homo sapiens ne suffit plus pour être doté des droits de la personne. Comme chez les nazis, chez Singer le concept d’humanité est restrictif. Cette logique conduit Singer à la justification de l’infanticide et l’élimination des handicapés mentaux, pas assez humains à son avis. Mais cela pose question, car si pendant son sommeil (ou lors d’un coma) Singer ne manifeste aucune démonstration de pensée rationnelle, alors selon ses propres principes, peut-on l’éliminer ?
Touchant un concept central des Lumières, soit la notion de Progrès, Halévy offre une définition qui offre un bon point de départ (2018 : 34)
Le progressivisme est la religion du progrès, cette perpétuelle fuite en avant vers un futur imaginaire (appellé idéal) que l’on croit ou que l’on veut croire meilleur que le présent.
Autre point à noter, à la page 164 Halévy expose un fait rarement souligné en France, soit l’influence des Lumières anglaises sur les penseurs français[13]. Il va même jusqu’à larguer cette affirmation provocante (2018 : 164) “ Il y a peu de vrais philosophes français. Il y a des polémistes, des idéologues, des moralistes, mais peu de métaphysiciens. ”
En France les dévots des Lumières ont répandu avec zèle la devise “Liberté, Égalité, Fraternité”, mais justement le hic, c'est que ce sont plutôt les anabaptistes protestants qui, auparavant, ont payé de leur sang pour obtenir la liberté, c'est-à-dire que la liberté de conscience religieuse afin que l'État ne se mêle plus d'IMPOSER sa religion sur l’individu. Ce sont donc ces protestants, et non pas les dévots des Lumières qui ont ouvert la voie vers la liberté de conscience religieuse, ce qui rendra pensable et possible la liberté d'expression et la liberté de conscience politique qui aboutira la fondation de partis politiques (inconcevables auparavant). Chez les dévots des Lumières, il y eut très peu d’individus prêts d’aller au martyre pour leurs convictions. Non, dans la majorité des cas ils se sont contentés de s’approprier des bénéfices culturels de la vision du monde judéo-chrétien[14], mais sans construire sur la fondation du christianisme. Si très peu de modernes ou de postmodernes sont disposés à faire des aveux à ce sujet, le philosophe français Jean-François Lyotard s’en approche un peu et offre ce commentaire sur les origines de la liberté politique en Occident (1996: 3-4):
L'Occident est cette région du monde humain qui invente l'Idée de l'émancipation, de l'auto-constitution des communautés par elles-mêmes, et qui essaie de réaliser cette idée. La mise en actes se soutient du principe que l'histoire est l'inscription du progrès de la liberté dans l'espace et le temps humains. La première expression de ce principe est chrétienne, la dernière marxiste.
Évidemment les apôtres des Lumières tels que Descartes, Voltaire[15] et Hume ont repris à leur compte les conceptions chrétiennes de la liberté, la tolérance et de l’égalité de tous les hommes devant Dieu. Mais il faut corriger l’affirmation de Lyotard. La vision judéo-chrétienne n’est pas une source du principe de liberté, elle est la source ! On la rencontre d’abord dans ces versets de la Bible :
Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. (Galates 3: 26-29)
Mais quel choc dans le monde gréco-romain, si imbibé de hiérarchie ! Si ces concepts égalitaires sont largement admis en 2025, dans le monde ancien cela passait pour hérésie. Sous le règne de Christ tous les différences et statuts sont donc abolis. En dernière instance, c’est donc là la source originale de “ Liberté, Égalité, Fraternité ” et des droits universels, bien que les héritiers des Lumières ne le sauraient le reconnaître. Ailleurs Halévy offre une critique des Lumières qui est inhabituellement radicale pour un intello français, car il tente d’établir un lien entre Lumières et totalitarisme (2018 : 46-47)
On verra plus loin comment et pourquoi cette idéalisation de l'homme et de la société, cet idéalisme, sont déjà pleins de tous les totalitarismes qu'ils vont engendrer. Car, oui, osons le dire: le nazisme hitlérien, le fascisme mussolinien, les communismes léniniste, stalinien et maoïste, et tous les totalitarismes sont les héritiers directs des “ Lumières” et de leurs idéalisations simplistes et délétères. Dès lors que l'on pose un “ homme idéal ”, Auschwitz et le Goulag sont déjà là, à portée de vue.
Mais cette critique tombe à
plat, car Halévy n’offre aucune explication du lien de
causalité entre pensée des Lumières et totalitarisme.
Pourtant le lien existe bel et bien. Et ce lien a été
exploré il y a bien des années par le penseur britannique Oz
Guinness dans son livre Dust of Death publié en 1973. Mais bon, il
est vrai que dans le monde francophone de telles questions sont restées
très longtemps taboues, sinon incompréhensibles et inaudibles. Enfin, dans ce livre Guinness observe (1973 :
23-24)
Il faudrait peut-être approfondir la question. La mort de Dieu [étape ultime de l’influence des Lumières - PG] est-elle réellement liée, par exemple, à la montée du totalitarisme ? De nombreux points de vue différents ont soutenu avec force que le totalitarisme moderne est étroitement lié à la mort de Dieu et à la perte des [lois morales - PG] absolus.
Nietzsche soutenait qu'avec la mort de Dieu et l'homme trop faible pour vivre sans règles, l'État – la nouvelle idole – serait inévitablement érigé en absolu arbitraire, forçant les hommes à se servir eux-mêmes plutôt que Dieu. “ Dieu est mon mot pour l'idéal ”, observait-il. Lorsque l'égalité se confond avec le conformisme et considérée comme impliquant le renoncement à l'initiative, le nivellement général conduit au mieux au socialisme, et au pire à un totalitarisme perpétuant la servilité de l'homme au nom de l'État plutôt que de Dieu.
Dostoïevski avançait un raisonnement légèrement différent. Dans Les Possédés, son exposé cinglant et prophétique du nihilisme, le révolutionnaire Shigalov admet la conclusion misérable de sa vision de la nouvelle société : “ Je me suis empêtré dans mes propres données et mes conclusions contredisent directement mes prémisses initiales. Je suis parti de l’idée d’une liberté illimitée et je suis arrivé au despotisme illimité. ” La liberté sans forme entraîne une réaction de forme sans liberté. Le “ système de Shigalov ” aboutit à ce qu’“ un dixième se verra accorder la liberté individuelle et les pleins droits sur les neuf dixièmes restants, qui perdront leur individualité et deviendront une sorte de troupeau de bétail. ” Il considérait le socialisme de la fin du XXe siècle comme une tour de Babel laïque, maintenue par un contrôle totalitaire strict.
Camus adopte une troisième position, affirmant que l’égalitarisme moderne n’est que la sécularisation de l’égalité originelle de l’âme devant Dieu. “ La totalité n’est, en effet, rien d’autre que le rêve antique d’unité commun à la fois aux croyants et rebelles, mais projeté horizontalement sur un monde privé de Dieu. ” Malgré leurs postulats totalement différents, ces trois-là sont tous trois convaincus que, dans le monde d'après la mort de Dieu, la montée du totalitarisme moderne n'est ni accidentelle ni cyclique, mais logiquement inévitable.*
Mais les observations de Guinness ne vident pas tout à fait la question, car malgré un marketing moussant l’Égalité, il reste que la pensée des Lumières a toujours été profondément attachée à un élitisme comparable à celui de Platon dans la République[16]. Mais dans le cas des Lumières, cet élitisme est plutôt le fait d’individus initiés à une gnose technocratique et scientifique (plutôt celle d’une élite aristocratique). Rien d’étonnant non plus qu’une société initiatique comme les francs-maçons ait contribué à ce courant élitiste et technocrate[17]. De ce fait, la pensée de Lumières aboutit inévitablement à un mépris de la démocratie et de la voix du peuple. Les masses deviennent un troupeau à gérer et rien d’autre. Dans Par-delà bien et mal Nietzsche, a exprimé ouvertement et brutalement ce mépris de l’Übermensch, l’homme d’élite, pour le peuple et ses droits (1886/2000: 113) :
Aux hommes ordinaires, enfin, au plus grand nombre, à ceux qui sont là pour servir, pour être utiles à la chose publique, et qui n'ont le droit d'exister que s'ils se soumettent à ces conditions...
Et pourtant Nietzsche est toujours lu avec admiration dans les universités en Occident... Dans son roman Retour au meilleur des mondes publié en 1958, sous un autre angle (et avec prescience), Aldous Huxley, a exprimé la finalité de cette logique élitiste sur le plan politique (1958/1990 : 144):
Sous l'impitoyable poussée d'une surpopulation qui s'accélère, d'une organisation dont les excès vont s'aggravant et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques — élections, parlements, hautes cours de justice — demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle forme de totalitarisme non violent. Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu'ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusés et de tous les éditoriaux — mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme. Entre-temps, l'oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera.
Et si Huxley parle d'une liberté au sens strictement pickwickien du terme, ceci implique une liberté politique (ainsi que l'exercice de droits politiques) complètement factice où la démocratie n’est plus qu’une illusion et que la voix du peuple, lorsqu’elle dévie du Chemin tracé, ne compte d’aucune manière...
Dans une conception chrétienne, l’État doit toujours rendre des comptes devant la Loi absolue de Dieu, mais puisque les dévots des Lumières ou les postmodernes comme Halévy rejettent ce concept d’une Loi absolue au-dessus de l’État, alors devant les abus de pouvoir de l’État ils ont aucune ressource sous la main pour critiquer l’État à moins que ce ne soit qu’une banale réaction émotive qui se résume à dire : “ Je n’aime pas ce que tu fais ou dis ! ” ce à quoi les représentants de l’État peuvent répliquer brutalement : “ Mais on s’en fout complètement si tu n’aimes pas! ”[18]. À la fin, en Occident on fait face à des élites manipulateurs qui croient fermement que le pouvoir leur appartient définitivement et sans partage, peu importe ce qu’en pense le peuple. Ainsi, à leurs yeux, les élections ne sont rien d’autre qu’une illusion nécessaire...
Mais si on fait attention, ces élites postmodernes n’hésitent pas d’exprimer leur mépris du peuple. Ce mépris des élites postmodernes s’exprime de diverses manières, ciblant les MAGA américains, le mouvement Brexit anglais, les gilets jaunes en France, et le mépris de Justin Trudeau ciblant les camionneurs canadiens (déplorables) pendant la crise du Covid, ou encore le mépris des élites européens ciblant les nationalistes italiens ou hollandais... D’autre part on peut penser aussi aux tentatives féroces de l’État allemand pour marginaliser le nationalisme du parti AfD. Entre autres, tout mouvement nationaliste/populaire attire le mépris des élites postmodernes, car de tels mouvements constituent des obstacles aux aspirations d’un pouvoir mondial de la secte de Davos. Ça explique...
Si la démocratie s’enracine dans la reconnaissance et le respect des droits de l’individu, il est manifeste que Halévy participe au mépris du peuple et des droits de l’individu. Il exprime brutalement son avis (2018 : 355-56)
Une fois bien ancrée la différence cruciale entre l’individu (l’atome social vu dans son extériorité) et la personne (l’être humain pris dans son intériorité), il est possible d’affirmer que l’individu, par soi ett en soi, n’a ni valeur, ni intérêt. L’individu ne prend consistance que par ses appartenances (ses interdépendances donc) aux communautés de vie qui le transcendent et, donc, lui donnent sens et valeur.
Et si nous devions voir arriver un jour où un État mettrait en pratique de telles conceptions ?? Ainsi, aux yeux des élites postmodernes, le peuple DOIT très servilement prendre son trou, sinon on lui crache dessus et on n’hésitera pas à violer ses droits s’il résiste trop (on n’a qu’à penser aux comptes de banque des camionneurs canadiens gelés par l’État canadien en 2022[19]). Geste qui n’est que du vol, mais sanctionné par l’État. Dans une section sur l’anticléricalisme du Baron d’Holbach, Halévy offre ces commentaires cyniques sur le comportement manipulateur du clergé chrétien (2018 : 83)
C’est donc par les yeux de la foi que nous devons considérer les actions de nos prêtres et alors nous trouverons toujours que leur conduite est juste, et que celle qui paraît criminelle ou déraisonnable est souvent l’effet d’une sagesse profonde, d’une politique prudente, et doit être approuvé par la divinité, qui ne juge point les choses comme les faibles mortels. En un mot, avec beaucoup de foi nous ne verrons jamais dans les actions du clergé rien qui puisse nous scandaliser.
Mais quelle ironie, car Halévy ne songe pas un instant qu’aujourd’hui le clergé postmoderne, qui a remplacé le clergé chrétien d’autrefois, mérite le même cynisme et regard critique qu’il nous offre ci-dessus... Mais bon, avec la nuance qui suit, c'est-à-dire que les élites postmodernes ont maintenant accès à des moyens de manipulation des masses que le clergé chrétien d’autrefois, voire même les nazis ou le régime soviétique de Staline, n’auraient pu imaginer. Et si en plus on leur remet à ces mêmes élites progressistes les ressources de l’Intelligence artificielle comme outil de propagande et de surveillance omniprésent, qu’en feront-ils ? Comme l’affirment les pions de Davos : “ You’ll own nothing and be happy ! ” Vous serez tous leurs esclaves heureux...
Après les Lumières, le
Déluge ?
Au chapitre sur Condillac,
Halévy pousse son argument anti-Lumières jusqu’à nous
expliquer son rejet de la Raison. (2018 : 157-58)
Au sens vulgaire, le rationalisme indique la propension à n’accepter une proposition que si elle est issue d’un raisonnement logique. Cette acception est faible et fragile. En effet, lorsqu’on parle de logique. On parle de la logique courante, c'est-à-dire de la logique aristotélicienne bâtie sur les quatre principes de l’identité (ce qui est vrai est vrai et ce qui est faux est faux), de la non-contradiction (ce qui est vrai ne peut être faux et ce qui est faux ne peut être vrai), du tiers exclu (une proposition ne peut être que vraie ou fausse) et du syllogisme (si A implique B et si B implique C, alors A implique C).
La logique contemporaine sait parfaitement que ces quatre principes sont faux, bien qu’ils soient communément admis[20].
Mais quelle ironie, car Halévy doit faire appel à la logique pour appuyer de telles affirmations... Mais de telles remises en question de la raison ont des racines historiques profondes. Dans une lettre à W. Graham (datée du 3 juillet 1881), Charles Darwin exprima ainsi ses doutes personnels au sujet de la raison humaine, une raison dérivée de l’esprit d’un singe.
Dans mon cas, j’ai toujours eu un doute horrible en me demandant si les convictions de l'esprit humain, issues de l'esprit d’animaux inférieurs, puisse avoir une quelconque valeur ou sont dignes de confiance. Peut-on se fier aux convictions de l'esprit d'un singe, si tant est qu'il existe des convictions dans un tel esprit ?
Dans son livre Miracles, CS
Lewis fit les observations suivantes sur les conséquences d’un
rejet de la Raison (1947/2024 : 11,12)
Toute connaissance possible dépend donc de la validité de la raison. Si le sentiment de certitude que nous exprimons par des mots comme “ doit être ”, “ donc ” et “ puisque ” est une perception réelle de la façon dont les choses extérieures à notre esprit “ doivent ” être, tant mieux. Mais si cette certitude n'est qu'un sentiment dans notre esprit et non une véritable compréhension des réalités qui le dépassent – si elle ne représente que le fonctionnement de notre esprit – alors nous ne pouvons avoir aucune connaissance. Sans la validité du raisonnement humain, aucune science ne peut être vraie.
Il s'ensuit qu'aucune explication de l'univers ne peut être vraie si elle ne permet pas à notre pensée d'être une compréhension véritable. Une théorie qui expliquerait tout le reste de l'univers, mais qui rendrait impossible la validité de notre pensée/raison, serait totalement inadmissible. Car cette théorie aurait elle-même été élaborée par la pensée, et si la pensée n'est pas valide, elle serait, bien sûr, elle-même démolie. Elle aurait détruit ses propres références. Ce serait un argument prouvant qu'aucun argument n'est solide – une preuve qu'il n'existe pas de preuves – ce qui est absurde. (...)
Chaque pensée particulière est sans valeur si elle résulte de causes irrationnelles. Il est donc évident que l'ensemble du processus de la pensée humaine, ce que nous appelons la raison, est aussi sans valeur s'il résulte de causes irrationnelles. Par conséquent, toute théorie de l'univers qui fait de l'esprit humain le résultat de causes irrationnelles est inadmissible, car elle prouverait l'inexistence de preuves. Ce qui est absurde.*
Revenons à notre auteur. Un plus loin dans son texte Halévy expose lui-même les conséquences de son rejet de la raison. Il affirme (2018 : 168)
L’univers-réel est propre à l’objet, l’universe-modèle est propre au sujet et l’univers-image fait le lien entre eux. Ainsi, le Deux engendre le Trois. Et le Trois peut engendrer le Sept en envisageant les six relations réciproques entre les trois univers, augmentées d’une septième relation de cohérence entre elles toutes. Et ainsi de suite.
Ouff ! Et si un enfant de primaire devait répéter de telles choses dans son premier examen de maths, aurait-il sa note de passage ? Voici un autre truc qui participe à ce type d'irrationalité, soit l'idéologie transgenre qui affirme qu'un homme est une femme et une femme est un homme. Depuis un bon moment, je me dis qu'il peut y avoir un motif politique pour cette idéologie, car si on parvient à faire croire une part significative de la population que l'on doit nier des faits biologiques observables, alors on pourra leur faire croire absolument n'IMPORTE QUOI. Mais Halévy va plus loin que son rejet de la raison, car il rejette également un concept fondamental pour la science, c'est-à-dire que le monde matériel est soumis à des lois. Halévy affirme (2018 : 187)
Le logicisme, quant à lui, affirme que le réel est logique, c'est-à-dire qu’il obéit à des lois (logos) universelles s’appliquant à tout, en tous lieux et en tout temps, que ces lois déterminent toutes les structures, tant dans le temps (les trajectoires) que dans l’espace (les architectures). On sait, aujourd’hui, au travers des sciences de la complexité, que ces deux axiomes sont faux.
Ce que Halévy n’explique pas, c’est que son rejet des lois de la nature, rend nul un outil fondamental en sciences, soit la méthode expérimentale, méthode qui s’appuie en effet sur le présupposé que la nature obéit à des lois (logos) universelles s’appliquant à tout, en tous lieux et en tout temps[21]. Et si Halévy appuie son affirmation sur une science de la complexité, il y a lieu de penser que cela ne soit rien d’autre qu’une philosophie bidon exploitant le langage de la physique à des fins de marketing pour impressionner les naïfs... Le tout aboutissant au sabotage de la science...
Rejet du
matérialisme
Dès le premier chapitre,
Halévy critique certaines retombées culturelles du
matérialisme. Halévy se plaint (2018 : 25)
Nos sociétés sont gouvernées par la recherche obsessionnelle des plaisirs faciles (et donc médiocres), des spectacles artificiels qui étourdissent, des ivresses chimiques qui occultent le réel, de l'oubli factice de l'humaine condition. (...) L'avenir de l'homme n'est pas dans le plaisir !
Si ce constat est valable, Halévy ne nous propose aucune causalité pour expliquer cet état des choses. Mais une fois mis en place le Dieu est mort des Lumières il en résulte que le paradis après la mort est une chimère, alors la seule utopie qui reste à l’homme moderne est nécessairement circonscrite dans le monde matériel[22] ce qui conduit au plaisir immédiat, particulièrement la sexualité[23]. Le rejet du matérialisme par Halévy est inhabituel chez un intello français. Est-ce possible que cela soit dû à un malaise inavouable, c'est-à-dire que la fondation du matérialisme, le mythe d’origines matérialiste (ou théorie de l’évolution) est en mauvais état ? Évidemment une telle question peut choquer, car il est manifeste qu’en milieu scientifique et universitaire (ainsi que dans les grands médias) la théorie de l’évolution fait partie du discours dominant et a toujours le statut de consensus. Mais cela soulève une question : Comment la théorie de l’évolution maintient-elle encore cette position dominante ? Lorsqu’on y regarde de plus près, certaines illusions se dissipent...
À ce titre, notons un phénomène inusité. Depuis une vingtaine d'années, une minorité d’évolutionnistes commencent à porter une attention sérieuse aux déficiences du néodarwinisme orthodoxe. Lors d’un interview récent avec l’influenceur Joe Rogan, le biologiste évolutionniste américain Bret Weinstein admettait (Rogan 2025 : 1:55:51 - 1:56:52):
(...) à mon avis, les darwinistes orthodoxes mentent sur ce que nous savons et ce qui reste à comprendre... Je pense que le darwinisme moderne est défaillant. Oui, je pense savoir plus ou moins comment régler ces problèmes. Je suis irrité par mes collègues qui, je crois, se mentent à eux-mêmes sur l'état du darwinisme moderne. Je crois comprendre ce qui est arrivé. Je pense qu'ils craignaient qu'une vision du monde créationniste ne soit toujours une menace... et ils ont donc laissé entendre que le darwinisme était une explication plus complète, tel qu'il était présenté, qu'il ne l'a jamais été...*
Cette conscience des déficiences du néodarwinisme orthodoxe transparaît aussi dans les travaux du groupe des Altenberg 16[24]. En 2008 un groupe de scientifiques évolutionnistes de haut niveau tenait un symposium a_ Altenberg (Autriche). Ces scientifiques admettaient ouvertement que le néo-darwinisme actuel, dominant les universités, est déficient. Les participants de ce symposium cherchaient donc élaborer une nouvelle théorie de l’évolution, mais manifestement les propositions du symposium n’ont pas trouvé preneurs. Personne n’a noté de Révolution sur la question des origines...
Aux États-Unis, où le débat sur les origines est plus actif depuis plus d’une génération, dans les années 1970-80, il y avait une ouverture en milieu universitaire aux débats publics sur les origines, car les évolutionnistes étaient à ce point sûr de leur monopole idéologique qu’ils ne pouvaient imaginer une remise en question sérieuse, mais après plusieurs défaites dans des débats aux mains des créationnistes, Eugenie Scott, directrice de la National Center for Science Education recommandait aux scientifiques de ne plus participer à de tels débats publics. D’autre part, suite à la fermeture des milieux universitaires aux débats publics, les créationnistes et partisans du Dessein intelligent ont initié un certain nombre de procès pour au moins permettre la critique de la théorie de l’évolution dans le système d’éducation[25]. Tungate mentionne (2005) que, sans compter tous les procès dans les cours des états, dans le réseau juridique fédéral américain dix-sept procès ont été intentés entre 1968 et 2005 afin de permettre une critique de la théorie de l’évolution dans le système d’éducation américain. Dans tous les cas, les évolutionnistes ont trouvé des juges sympathiques à leur cause et ont repoussé tous les transgresseurs. Leur monopole idéologique dans le système d’éducation reste assuré, pour le moment...
En Europe, la situation est semblable, et on a fait appel au pouvoir de l’État dans le but d’éradiquer la contagion du créationnisme. C’est le cas d’un rapport de la CE (Les dangers du créationnisme dans l’éducation), déposé par en 2007 par le député Guy Lengagne[26]. Évidemment le but ici est d’inoculer le public et le système d’éducation européenne contre les dangers de l’hérésie créationniste et prévenir tout débat ouvert... Et le mot “ danger ” n’est pas choisi au hasard, il veut semer la PEUR de l’hérésie[27]...
Au Québec
l’évolutionnisme est enseigné mur à mur tout comme
en France. Le créationnisme est clairement exclut du système
d’éducation ici. C’est au point où en 2009 des groupes
d’étudiants[28] n’ont pu tenir sur les lieux du Cégep de Sherbrooke une
conférence créationniste, tandis que l’ont fermerait
probablement les yeux sur un groupe d’étudiants musulmans tenant
une conférence d’un imam prêchant le jihad... Des profs
évolutionnistes ont eu vent de la chose et ils ont protesté
à l’administration qu’une telle hérésie
était insupportable dans les murs de leur institution et l'
évènement a dû se dérouler hors campus, dans une
église. Normalement c’est un droit acquis de groupes
étudiants de faire venir les conférenciers de leur choix et
utiliser les locaux de leur collège/université à ce
titre.
Le généticien américain James A. Shapiro se trouve dans une situation inconfortable. Au fil des ans, il a fait preuve d'un courage (rare) en discutant ouvertement des lacunes du néodarwinisme, explication des origines devenue un dogme dans les universités occidentales. Sortir du troupeau exige un véritable courage. Shapiro affirme sans ambigüité : le néodarwinisme, avec ses mécanismes de mutations et de sélection naturelle, est insuffisant pour produire tous les organismes que nous trouvons dans la biosphère. La génétique, en particulier, est plus complexe que tout ce que le néodarwinisme n’a jamais envisagé. Selon Shapiro, le dogme “ les mutations ont tout fait !” n'est pas une explication valable ni suffisante de la variation biologique. De nombreux processus épigénétiques doivent être ajoutés à la boîte à outils de l'évolution.
En 2001, Shapiro prononça une conférence intitulée “ Génie génétique naturel : la boîte à outils de l'évolution (procaryotes) ”. Lors de cette conférence, il est presque amusant d'entendre Shapiro rappeler à son auditoire que de nombreux aspects de la variation génétique sont programmés et non aléatoires. De plus, Shapiro a noté que la réplication à grande vitesse chez les eucaryotes se produit avec des taux d'erreur TRÈS faibles, car ces processus sont soutenus par de multiples systèmes de vérification pour corriger les erreurs, systèmes qui incluent des mécanismes de point de contrôle (présents également chez les levures et les organismes supérieurs). Pendant la correction de l'ADN, un inhibiteur de division cellulaire bloque la division cellulaire jusqu'à ce que la correction des erreurs soit terminée. Shapiro note que dans la théorie évolutionniste traditionnelle, la variation génétique est toujours considérée comme due à des mutations aléatoires et à la sélection naturelle. Shapiro affirme que les évolutionnistes doivent désormais admettre que l'épigénétique (programmation cellulaire interne) est la source d'une grande partie de la variation génétique observable, et non des mutations aléatoires. Sans surprise, Shapiro oublie d'ajouter que l'épigénétique (programmation interne) est un autre mécanisme pour lequel la théorie évolutionniste n’a toujours pas d’explication.
En langage médical, on peut affirmer que le patient (la théorie de l’évolution) est désormais maintenu en vie par un genre d’acharnement thérapeutique, c'est-à-dire l’application de soins médicaux extraordinaires à un patient qui serait mort depuis longtemps si laissé à ses propres ressources (sans refuser les soins normaux de nourriture et hygiène). Évidemment, les matérialistes durs à cuire maintiendront leur foi malgré l'effondrement de leur "théorie". Il leur faudra une explication matérialiste de la vie, coûte que coûte. D'une franchise surprenante, le professeur de génétique américain, Richard Lewontin, expose la logique strictement idéologique de l'exigence de la foi matérialiste (1997: 31):
Nous prenons la part de la science malgré l'absurdité évidente de certains de ses construits, malgré son échec à tenir bon nombre de ses promesses les plus extravagantes de santé et de vie, malgré la tolérance de la communauté scientifique à l'égard de théories artificielles, car nous avons un engagement a priori, un engagement à l’égard du matérialisme. Ce n’est pas que les méthodes ou les institutions de la science nous obligent, de quelque manière, d’accepter une explication matérialiste du monde observable, mais, au contraire, que nous sommes forcés par notre attachement a priori aux causes matérielles à créer un appareil de recherche et un ensemble de concepts qui produisent des explications matérielles, sans égard pour leur invraisemblance, sans égard pour leur incompréhensibilité aux yeux des non-initiés. De plus, ce matérialisme est absolu, car nous ne pouvons pas tolérer le pied divin dans la porte.*
Mais bon, un intello français ne ferait jamais de tels aveux aussi clairs. Ils sont trop subtils pour ça... Plutôt que d’accepter un débat ouvert sur la question des origines, les élites modernes et postmodernes ont eu recours à la censure et une Inquisition institutionnelle et juridique pour exclure toute critique sérieuse du mythe d’origines matérialiste (ou théorie de l’évolution). En terminant cette section, ont peut considérer que cette décrépitude (inavouée) du mythe d’origines matérialiste puisse être un facteur contribuant au rejet du matérialisme par Halévy.
Le système
idéologico-religieux proposé par
Halévy
Si, dans Mensonges des
Lumières, Halévy rejette le système de croyances des
Lumières, cela pose immédiatement une question : On remplace
le système de croyances des Lumières par quoi ? Dans son
épilogue, La Mutation et les Mutants de
l’après-Modernité, Halévy expose (un peu
pêle-mêle) ses propres convictions. Si en cours de lecture du livre Mensonges des Lumières, certains indices, comme la mauvaise
habitude de larguer des allusions, émises comme s’ils
s’agissaient de preuves ou d’un argument raisonné, laissaient
entendre que Halévy puisse être franc-maçon, le titre de
l’un autre de ses livres
(Construire Dieu et le monde - Regards d’un franc-maçon)
ne laisse aucun doute sur le sujet. Son profil offre ces
informations :
Marc Halévy est un physicien et philosophe français né à Bruxelles, spécialisé dans les sciences de la complexité. Il a également publié de nombreux ouvrages sur la Kabbale dont il est spécialiste, la spiritualité, l’alchimie et l’hermétisme, l’éloge du romantisme et l’éloge des esprits libres (De Lao Tseu à Nietzsche), ainsi que sur le Grand Architecte de l’Univers, des lectures sur la Tao, le sens du divin, la pensée hébraïque et la philosophie maçonnique.
Et pour dissiper toute ambiguïté, on ajoute que Halévy est “ membre de la Respectable Loge - La Parfaite Fraternité ” n° 20, à l’Orient de Mons (Grande Loge Régulière de Belgique) ”. Logiquement, on peut en déduire que les propos de Halévy représentent fidèlement le système de croyances des francs maçons, sinon lui serait compatible. Ce fait est paradoxal, car en France au 20e siècle de manière générale les francs-maçons ont appuyé les Lumières ainsi que le matérialisme. Il semble donc que maintenant les maçons jugent le temps propice pour enterrer le matérialisme et passer à autre chose... Ceci dit, il faut aussi tenir compte qu’il y a toujours existé des sous-groupes maçonniques rejetant le matérialisme et prônant plutôt une interaction avec le spirituel, allant même jusqu’à flirter avec l’occultisme. C’est certainement le cas des disciples de Rudolphe Steiner[29] et apparemment chez les Rose-Croix aussi. D’autre part, certains croient que les maçons initiés au plus haut niveau ont toujours été adeptes de pratiques occultes (tout en tenant les maçons de bas étage dans l’ignorance à ce sujet).
Halévy est donc ouvert au spirituel. À ce titre il me fait penser à un professeur que j’ai croisé à l'université dans les années 1970. À cet époque ce professeur était fervent marxiste (et matérialiste convaincu), haranguant les étudiants de se joindre à la lutte contre le capitalisme. Une vingtaine d'années plus tard, je l'ai rencontré (après la chute du Rideau de Fer et du Mur de Berlin) et j'ai découvert qu'il avait défroqué de son communisme et son matérialisme pur et dur et s'était converti au système de croyances postmoderne, ce qui l'avait amené à évangéliser ses étudiants dans ses cours en discutant d'occultisme et de voyages astraux... Il était devenu, en somme, chaman... Je soupçonne qu’un athée convaincu serait réduit en miettes s’il devait voir de ses yeux un phénomène manifestement surnaturel/occulte...
Si le miracle en soi est un phénomène neutre, il est manifeste que le miracle confirme une réalité surnaturelle. Mais une fois cela établi il faut prendre conscience que le miracle n’est que l’appât sur un hameçon, et cet hameçon c'est le message ou système de croyances qu’il confirme.
Pour sa part Halévy, en rejetant le matérialisme des dévots des Lumières (c'est-à-dire modernes), ouvre la porte à la “spiritualité” , mais il est trop hypocrite (comme le sont généralement les francs-maçons[30]) et évite de jouer cartes sur table pour exposer explicitement les dogmes auxquels il adhère, voir même publier un crédo ou catéchisme postmoderne comme l’ont fait les nazis (Mein Kampf) et les communistes (Manifeste du parti communiste).
Halévy ne propose pas de déclaration de foi (ou de dogmes) mais se contente donc d’allusions vagues au sujet de ses propres convictions. Ceci dit, pour ce qui est du christianisme, il est clair qu’il n’a que du mépris pour les “fondamentalistes” (c'est-à-dire tout chrétien trop cohérent dans ses convictions et attaché aux Écritures). Il note (2018 : 359)
Lorsqu’on parle de foi religieuse, on pense presque toujours le long d’un axe qui part de l’athée matérialiste radical et aboutit au croyant fondamentaliste et intraitable[31].
Il est curieux que Halévy exclue de ces considérations le franc-maçon intraitable... Ce qui est clair est que Halévy méprise et rejette le dogme[32]. À ce titre, il est utile de retenir que ce rejet peut avoir un motif politique, car une masse de population sans dogmes se manipule bien plus facilement, car il n’a aucun point de repère pour juger ou critiquer le discours officiel des élites. Un peu plus loin Halévy propose sa propre grille de lecture du fait religieux, ce qui permet, par la bande, de saisir ses propres dogmes (2018 : 360)
Je propose un autre axe de lecture de la religiosité qui, du côté des abscisses négatives, par du besoin irrépressible de certitude dogmatique (intégrisme religieux ou athée, où toutes les réponses sont données et gravées dans l’airain avant même que les questions ne se posent), passe par le zéro de l’indifférence religieuse (il ne s’agit pas d’une réponse athée ou agnostique, mais d’une question qui ne se pose simplement pas), et qui va, du côté des abscisses positives, jusqu’au besoin impérieux d’une quête mystique (quel qu’en soit l’objet, théiste ou pas).
On peut se demander si Halévy a bien réfléchi aux conséquences de son rejet de toute vérité et dogme, c'est-à-dire que son rejet des dogmes (incluant les dogmes moraux[33]) ne peut en aucun cas exclure quelque conviction que ce soit, même les concepts nazis de la supériorité de la race aryenne... Dans la logique de Halévy, toutes ces convictions/croyances sont nécessairement valables. Et dans le domaine spirituel, étant donné son rejet du matérialisme, il en est de même. Dans cette logique il faudrait aussi admettre les cruautés sanglantes des sacrifices humains des peuples Phéniciens ou encore des Mayas (tirés des peuples conquis). Puisque les francs-maçons sont adeptes de savoirs secrets, il arrive que Halévy laisse brièvement sortir le chat du sac (2018 : 359) “ La gnose vise à réduire l’écart à la vérité, c'est-à-dire la sympathie envers le Réel. ” Cela fait penser au verbiage mystique du psychologue belge Matthias Desmet (2022 : 184):
La connaissance ultime se trouve hors de l'homme. Elle vibre en toute chose. Et l'homme est capable de la recevoir en s’accordant à ses vibrations, comme une corde, à la fréquence des choses. Plus l'homme est capable de mettre de côté ses préjugés et croyances, plus il vibrera avec pureté avec les choses qui l'entourent et acquerra de nouvelles connaissances.*
Si l’ouverture de Halévy au spirituel ouvre aussi la porte à l’occultisme[34], il est utile de placer son rejet du matérialisme dans un contexte culturel plus large et l’évolution idéologico-religieuse en Occident. Par exemple, aux États-Unis, si chrétien, depuis un certain nombre d’années il y a des manifestations de cultes sataniques dans les capitoles de plusieurs états américains, dont le Minnesota et le Kansas. En Ohio, afin de faire du recrutement des groupes satanistes ont mis en place des clubs sataniques dans les écoles publiques. L’Europe n’es pas de reste dans ce regain d’intérêt pour l’occulte. En 2016 lors de la cérémonie d’inauguration d’un nouveau tunnel sous le massif St-Gothard, tunnel créant un lien entre la Suisse et l’Italie. Si on regarde les vidéos de l’inauguration, on constate qu’elle fut suivie d’un genre de rite satanique[35], mais sous la guise d’une performance... Pour organiser un tel rite/performance, il faut des ressources et un pouvoir de persuasion pour ensuite imposer ça à 5 chefs d'État (plutôt qu'à une poignée de fonctionnaires avec rien à faire ce jour-là). Ça implique de l'influence LOURDE... Suffit de reculer d’une génération et les chefs d’État en Occident auraient refusés catégoriquement leur participation à un tel rite. Aujourd’hui c’est sans embarras qu’ils y participent...[36]
Mais pour revenir à des questions plus terre à terre, c'est-à-dire la politique, tout comme les autres pions de Davos (et les mondialistes généralement), Halévy n’a que mépris pour toute expression de patriotisme ou de nationalisme, car à la fin de telles institutions constituent des obstacles aux ambitions démesurées de pouvoir illimité des mondialistes. Voici une des expressions du mépris de Halévy pour le concept de nation (2018 : 45) :
Les“ Nations” n'existent pas; ce sont des inventions artificielles créées par les États pour tenter de se légitimer aux yeux des populations qu'ils ont phagocytées. L'idée de “ Nation ” est la matrice de tous les nationalismes, c'est-à-dire de ce cancer mental et idéologique qui ronge l'humanité depuis que les États ont pris le pouvoir sur les communautés de vie, dès la Renaissance. Toute cette logique délétère et obsolète doit être dénoncée!
En dernière analyse, le concept de Nation pose problème, car il accorde trop de pouvoir au peuple et leur donne une identité, une voix... Et si ce détail attire le mépris des élites, c’est simplement dû au fait qu’une identité nationale constitue un obstacle aux ambitions mondialistes de la secte de Davos. Dans un échange avec le généticien et marxiste JBS Haldane, CS Lewis a exploré de quelle manière la logique de la PEUR peut servir de vecteur et de marketing pour un mondialisme technocratique et son aboutissement logique, un totalitarisme absolu (1947/2002) :
D'un côté, nous avons un besoin désespéré : la faim, la maladie et la peur de la guerre. De l'autre, nous avons la conception d'une solution : une technocratie mondiale omnipotente. N'est-ce pas là l'occasion idéale pour l'asservissement ? C'est ainsi que cela s'est déjà produit : un besoin désespéré (réel ou apparent) chez l'un, un pouvoir (réel ou apparent) pour le soulager chez l'autre. Dans l'Antiquité, les individus se vendaient comme esclaves afin de manger. Il en va de même dans la société. Voici un sorcier capable de nous sauver des autres sorciers, un seigneur de guerre capable de nous sauver des barbares, une Église capable de nous sauver de l'Enfer. Donnons-leur ce qu'ils demandent, donnons-nous à eux, les yeux bandés et pieds et mains liés, s'ils le veulent bien ! Peut-être ce pacte terrible sera-t-il à nouveau conclu. On ne peut reprocher aux hommes de l'avoir conclu. On peut difficilement leur souhaiter de ne pas le faire. Pourtant, on peut difficilement supporter qu'ils le fassent.*
Autre point en commun avec les autres pions de Davos, Halévy endosse l’eugénisme génocidaire de ces élites (ce qui est donc l’expression ultime du mépris des élites pour le peuple). Et si l’expression eugénisme génocidaire peut sembler irrationnelle ou incroyable, au chapitre sur Condorcet, voyez cette affirmation brutale de Halévy qui s’enligne tout à fait au programme de génocide eugénique de Davos (2018 : 266)
Si c’est la population humaine sur Terre qui doit décroitre, il n’y a aucun doute : La démographie doit décroitre d’urgence pour revenir à environ deux milliards d’humains.
Puisqu’ils sont plusieurs mondialistes[37] à affirmer des choses semblables, il ne faut pas les prendre à la légère[38]. Si le monde a réagi avec horreur aux massacres industriels du régime nazi, il faut concevoir que si ce vœu de Halévy devait devenir réalité, la Solution Finale aurait l’air d’un jeu d’enfant en comparaison. Et, cher lecteur, on peut deviner que toi et moi devons figurer dans ces humains que Halévy (et ses copains de Davos) juge en trop... Par ailleurs, on peut deviner que Halévy n’a pas à ce soucier personnellement de cette menace.
En Occident, si le 20e siècle a vu l’érosion de l’héritage culturel judéo-chrétien, les Occidentaux du 21e siècle trouveraient utile de méditer sur cet enseignement de Christ, qui semble d’abord viser que l’individu, mais qui concerne également les civilisations.
Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée. Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première. Il en sera de même pour cette génération méchante. (Matthieu 12 : 43-45)
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(Joe Rogan Experience - YouTube – 157 minutes –
6/2/2025)
* marque les citations traduites par
PG
[1] - Il y a peu de temps j’ai lu le texte de Michel Foucault Qu’est-ce que les Lumières ? et si Foucault y offre des commentaires utiles sur Kant (qui s’est aussi penché sur cette question), cet article m’a déçu, car Foucault n’a pas répondu personnellement à la question. Je m’attendais à une critique originale, mais sa conclusion tombe à plat. Voyez les dernières lignes... (1984)
Je ne sais s’il faut dire aujourd’hui que le travail critique implique encore la foi dans les Lumières ; il nécessite, je pense, toujours le travail sur nos limites, c’est-à-dire un labeur patient qui donne forme à l’impatience de la liberté.
[2] - Chose à noter sur le contexte politique américain, depuis longtemps les francs-maçons américains se vantent que plus de la moitié (80% ?) des présidents américains sont francs-maçons... Ce lien (un site explicitement FM) est particulièrement parlant: Famous Masons. (en particulier les sections, U.S. PATRIOTS et U.S. PRESIDENTS)
[3] - Et le système d’éducation américaine est largement dominé par ces élites modernes et postmodernes.
[4] - Il faut bien comprendre que les idéologies racistes s’enracinent dans la pensée des Lumières, plus précisément dans le concept de “Progrès”, ce qui implique non pas simplement progrès de la pensée, mais aussi progrès des civilisations et peuples. Lorsqu’on applique le concept de progrès à l’histoire des civilisations, il appert que certaines nations ont fait plus de route sur le chemin du progrès que d’autres. Chez Darwin ce concept sera explicitement intégré au mythe d’origines matérialiste (la théorie de l’Évolution), avec le hic que Darwin fera de la lutte pour la survie le mécanisme pour le salut darwinien, mécanisme nécessaire pour avancer vers le progrès. Le sous-titre de l’Origine l’exprime brutalement : ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie. Le 20e siècle a assez démontré ce que produit ce concept, lorsqu’appliqué à des sociétés concrètes...
[5] - À la page 243 Halévy revient sur son anti-américanisme.
[6] - Nostalgie de la gloire perdue de la France et de sa marginalisation économique et politique au 20e siècle...
[7] - Évidemment il s’agit d’une illusion qui protège les États appuyés sur ce concept d’un examen trop détaillé du noyau de croyances et dogmes sur lequel il s’appuie.
[8] - Pour comprendre le sens donné ici au terme postmoderne, il serait utile de consulter mon étude Fuite de l’Absolu, vol. I. Mais pour se faire une petite idée de la chose, on peut analyser les systèmes de croyances/religions en rapport avec une question critique: Quel est le texte sacré (ou Vérité) de ce système ? Dans cette perspective, dans le cas des Lumières le texte (ou savoir) sacré c’est la science et la raison, mais dans le système postmoderne, on rejette même la Vérité de la science. Dans la culture populaire, cela s’exprime avec le dicton : “ Chacun a sa Vérité ”. Ce qui revient à un rejet radical de toute vérité... Évidemment lié à ce rejet de l’équation Science=Vérité, il y a le rejet postmoderne du matérialisme. Ce qui ouvre la porte toute grande au spirituel, sous toutes ses formes.
[9] - Ou la prétention de posséder une vérité.
[10] - Ou encore “ Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. ” (Jean 14: 6)
[11] - Si l’Islam est également un système de croyances exclusiviste et universaliste, en Occident il n’a pas des racines historiques millénaires comme c’est le cas du christianisme.
[12] - Ou source ultime de Vérité.
[13] - Autre détail que Halévy ignore... Si les penseurs des Lumières admirent les résultats de la Glorious Revolution anglaise ou encore l’égalitarisme des Quakers (comme chez Voltaire), ils rejettent les fondements chrétiens de ces mouvements. Et c’est ce rejet par les partisans des Lumières françaises qui aboutira plus tard à la Terreur et aux massacres en Vendée. Au sujet de Voltaire, le philosophe américain Francis Schaeffer fit ces observations (1976/2014 : 63)
Voltaire (1694–1778), souvent appelè le père du Siècle des Lumiéres, fut fortement influencé, lors de son exil en Angleterre de 1726 à 1729, par les résultats de cette révolution non sanglante. Ses Lettres sur les Anglais (1733–1734) reflétent l’impact de la Révolution de 1688 et ses effets sur la liberté d’expression. “Les Anglais sont le seul peuple de la terre à avoir été capables de fixer des limites au pouvoir des rois en leur résistant et, après plusieurs luttes, à avoir finalement institué (...) ce sage système de gouvernement dans lequel le prince est tout-puissant pour faire le bien et où, en même temps, on l’empêche de faire le mal (...) et dans lequel le peuple participe au gouvernement sans confusion. ”
[14] - Ce qui fait penser à un interview récent avec Richard Dawkins, l’athée britannique renommé (et prof retraité à l’université d’Oxford), au sujet de la montée de l’Islam en Angleterre. Devant les conquêtes culturelles de l’Islam en Angleterre, Dawkins a dit préférer le christianisme à l’islam et il est même allé jusqu’à se dire un ”chrétien sur le plan culturel”. L’article suivant en discute un peu plus.
Atheist Richard Dawkins Says He Would Choose Christianity over Islam ‘Every Single Time’, Calls Himself a ‘Cultural Christian’. (Kurt Zindulka – Breitbart – 1/4/2024)
Quelle ironie que Dawkins, qui a combattu le christianisme toute sa vie, affirme des choses semblables... Non, bien sûr, Dawkins ne s'est PAS converti... Il n’est pas devenu chrétien. Mais il semble tout de même exprimer une certaine nostalgie pour le "bon vieux temps"... Il s'agit peut-être simplement du fait qu'il se voit forcé de reconnaître les bienfaits des retombées culturelles et sociales du christianisme. Autrefois athée, le journaliste britannique Malcolm Muggeridge réplique de la manière suivante à une perspective comme celle de Dawkins (1969)
Roy Trevivian : Voilà pour l'Église et le clergé, mais qu'en est-il de votre affirmation selon laquelle la civilisation elle-même touche à sa fin ? Sur quoi fondez-vous ce jugement ?
Malcolm Muggeridge : La condition fondamentale d'une civilisation est l'existence de la loi et de l'ordre. De toute évidence, ceci tire à sa fin, le monde sombre dans le chaos, même – et peut-être plus particulièrement – notre monde occidental. De plus, je crois fermement que notre civilisation a commencé avec la religion chrétienne et qu'elle a été soutenue et fortifiée par les valeurs de cette religion, bien que la plupart des hommes ne les ont certes pas vécues, mais auxquelles ils ont adhéré et que les plus grands d'entre eux ont tenté de vivre. La religion chrétienne et ses valeurs ne prévalent plus, elles ne signifient plus rien pour le commun des mortels. Certains supposent qu'il peut y avoir une civilisation chrétienne sans valeurs chrétiennes. Je n'y crois pas. Je pense que le fondement de l'ordre est un ordre moral ; sans ordre moral, il ne peut y avoir d'ordre politique ou social, et c'est ce que nous constatons. C'est ainsi que les civilisations meurent.
[15] - Voltaire admirait ouvertement les Quakers. Dans ses Lettres philosophiques, au sujet du Quaker anglais William Penn il observa que ce dernier (1734/1964 : 48) “ pouvoit se vanter d’avoir apporte_ sur la terre l’a_ge d’or dont on parle tant, et qui n’a vraisemblablement existe_ qu’en Pensilvanie. ”
[16] - Ou encore à des attitudes visant l’homme ordinaire que l’on retrouve chez Nietschze.
[17] - Dans son oeuvre magistral, The Origins of Totalitarianism (édition anglaise... ou “Origines du totalitarisme” rédigé juste après la Deuxième Guerre mondiale), Hannah Arendt examine les idéologies totalitaires du 20e siècle, et chose curieuse elle y fait un lien entre ces mouvements et les sociétés sécrète. Pour éviter tout malentendu, elle ne nomme pas les francs-maçons, mais les commentaires ci-dessous collent assez bien de ce qui est connu des principes de fonctionnement des francs-maçons. Voyez ces observations d’Arendt (1948/1976: 376-377):
Les mouvements totalitaires ont été qualifiés de “ sociétés secrètes établies en plein jour ”. En effet, si peu que nous sachions de la structure sociologique et de l'histoire plus récente des sociétés secrètes, la structure des mouvements, sans précédent comparée à celle des partis et des factions, rappelle surtout certains traits marquants des sociétés secrètes. Les sociétés secrètes hiérarchisent également la vie de leurs membres selon des degrés d'initiation, régulent la vie de leurs membres selon un postulat secret et fictif qui fait tout passer pour autre chose, adoptent une stratégie de mensonges constants pour tromper les masses extérieures non initiées, exigent une obéissance aveugle de leurs membres, soudés par l'allégeance à un chef souvent inconnu et toujours mystérieux, lui-même entouré, ou supposé entouré, par un petit groupe d'initiés, eux-mêmes entourés de demi-initiés qui forment une “ zone tampon ” contre le monde profane hostile. Avec les sociétés secrètes, les mouvements totalitaires partagent également la division dichotomique du monde entre “ frères de sang jurés ” et une masse indistincte et inarticulée d'ennemis jurés. Cette distinction, fondée sur une hostilité absolue au monde environnant, est très différente de la tendance des partis ordinaires à diviser les gens entre ceux qui y adhèrent et ceux qui n'y adhèrent pas. Les partis et les sociétés ouvertes en général ne considèrent comme ennemis que ceux qui s'opposent expressément à eux, alors que le principe des sociétés secrètes a toujours été que “ quiconque n'est pas expressément inclus est exclu ”. Ce principe ésotérique semble totalement inapproprié aux organisations de masse ; pourtant, les nazis ont offert à leurs membres au moins l'équivalent psychologique du rituel d'initiation des sociétés secrètes : au lieu d'exclure purement et simplement les Juifs de l'adhésion, ils ont exigé de leurs membres une preuve d'ascendance non juive et ont mis en place un système complexe pour faire la lumière sur l'ascendance obscure de quelque 80 millions d'Allemands.*
On pourrait donc déduire que le communisme sous Staline ou le nazisme sous Hitler furent des projets franc-maçons... Tenant compte des données que nous présente Arendt, ce ne serait pas une déduction irrationnelle. Mais, pour dissiper tout malentendu, Arendt n'affirme pas (explicitement) une telle chose. D'un autre côté, serait-ce rationnel de prétendre que ce soit uniquement un hasard qu'aussi bien le communisme sous Staline et que le nazisme sous Hitler aient calqué leurs principes de fonctionnement sur les francs-maçons? Un hasard qui s'est répété deux fois, côte à côte??
[18] - Ainsi, l’individu postmoderne est tout nu devant l’État, un pion misérable et manipulable... Mais bon, tant que son cellulaire/mobile fonctionne correctement, il supportera tout ça sans poser de questions. Du pain et des jeux...
[19] - Et sa déclaration de la loi des mesures de guerre par Justin Trudeau pour mettre fin aux protestations.
Manifestations et blocages : Ottawa invoque la Loi sur les mesures d'urgence. (journaliste servile - Radio-Canada - 14/2/2022)
[20] - Ouais, quelle logique contemporaine démontre que les quatre principes d’identité sont invalides ?? Halévy n’explique pas...
[21] - Plusieurs se sont déjà penchés sur la question des menaces à la pensée rationnelle et scientifique. Le littéraire britannique CS Lewis fit ces observations (1947/1985 : 107)
Les hommes se sont intéressés à la science parce qu'ils s'attendaient à trouver une loi dans la nature, et s'ils s'y attendaient, c'est qu'ils croyaient en un Législateur. Chez les scientifiques les plus modernes, cette croyance a disparu; il sera intéressant de voir combien de temps lui survit une croyance à l'uniformité. Deux conséquences significatives sont déjà apparues: l'hypothèse d'une sous-nature sans loi, et le renoncement à la prétention que la science est vraie. Nous vivons peut-être plus près de la fin de l'âge de la science que nous le croyons.
Et l’anthropologue Ernst Gellner fit les commentaires suivants (1992/1999 : 93)
Il est tout à fait probable que la percée qui a permis d’atteindre le miracle scientifique n’ait été possible que parce que certains hommes ont été préoccupés de manière passionnée et sincère par la vérité. Est-ce qu’une telle passion pourra survivre à l’habitude de s’attribuer divers genres de vérités selon le jour de la semaine?*
[22] - C’est une question qui a préoccupé Albert Camus. Dans L’homme révolté il a offert les observations suivantes touchant les promesses de paradis séculiers proposés par les systèmes de croyances issus des Lumières (1951 : 277-278)
Marx a reconnu que toutes les révolutions jusqu'à lui avaient échoué. Mais il a prétendu que la révolution qu'il annonçait devait réussir définitivement. Le mouvement ouvrier jusqu'ici a vécu sur cette affirmation que les faits n'ont cessé de démentir et dont il est temps de dénoncer tranquillement le mensonge. À mesure que la parousie s'éloignait, l'affirmation du royaume final, affaiblie en raison, est devenue article de foi. La seule valeur du monde marxiste réside désormais, malgré Marx, dans un dogme imposé à tout un empire idéologique. Le royaume des fins est utilisé, comme la morale éternelle et le royaume des cieux, à des fins de mystification sociale. Élie Halévy se déclarait hors d'état de dire si le socialisme allait conduire à la république suisse universalisée ou au césarisme européen. Nous sommes désormais mieux renseignés. Les prophéties de Nietzsche, sur ce point au moins, sont justifiées. Le marxisme s’illustre désormais, contre lui-même et par une logique inévitable, dans le césarisme intellectuel dont il nous faut entreprendre enfin la description.
[23] - Et de là, la réaction féroce de l’homme moderne face à tout prédicateur (naïf) osant affirmer que l’homosexualité, etc. soit un péché dont il faut se repentir... Cet homme percevra donc un tel discours comme renversant le seul paradis qui lui reste... Rien d’étonnant que cela provoque des réactions émotives fortes. Il est surprenant, de la part d’un auteur français contemporain, qui a exploré à fond le paradis sexuel moderne, soit devenu plutôt cynique à l’égard des promesses modernes non tenues. Je pense à une citation récente et étonnante de l’écrivain Michel Houellebecq (2019)
En lisant [David] Engels, il m’est venu cette idée bizarre, et même incongrue, que Nietzsche, s’il vivait aujourd’hui, serait peut-être le premier à souhaiter un renouveau du catholicisme. Alors qu’il a combattu avec acharnement le christianisme comme “religion des faibles”, il se rendrait compte, aujourd’hui, que toute la force de l’Europe résidait dans cette “religion des faibles” ; et que, sans elle, l’Europe est condamnée...
[24] - Voir aussi : MARSHALL, Perry & MYERS, PZ (2015) Debate Darwinism vs. Evolution 2.0 on “Unbelievable?” (CosmicFingerprints) déc.
[25] - Sans même exiger le droit d’enseigner le créationnisme ou le Dessein Intelligent...
[26] - Et dans la même logique d’idées, il y a un livre par Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau (2008) Les créationnistes. Une menace pour la société française ?, Syllepse, 136 p.
[27] - Ailleurs en Europe on adopte la même stratégie, c'est-à-dire créer une peur du créationnisme (motivé par une peur du débat ouvert où chaque parti serait libre de proposer ses arguments les plus forts) ainsi que faire appel au système juridique pour réprimer cette hérésie.
-- (2015) L'Etat de Vaud légifère contre l'enseignement du créationnisme.
RTS-INFO
BURRI, Joël (2015) Créationnisme: Vaud veut réviser sa loi sur les écoles privées.
Protestinfo
[28] - Au Québec, normalement les associations d’étudiants ont le droit d’inviter des conférenciers de leur choix à leurs activités et utiliser les locaux du collège ou université à cette fin.
[29] - À ce sujet, voir (dans la bibliographie) mon compte rendu d’un livre par le Britannique Owen Barfield, un disciple de Steiner.
[30] - Situation inévitable pour une société initiatique où même les francs-maçons de bas étage ne savent pas ce que sont les dogmes ou croyances auxquels adhèrent les francs-maçons de plus haut niveau.
[31] - Halévy revient sur son mépris du christianisme cohérent en déclarant cette prophétie (2018 : 367)
Nous le vivons en ce moment de fin de l’ère moderne, de la fin de la foi chrétienne, de la fin du modèle économique financiaor-industriel, de la fin des idéaux humanistes... Nous vivons la fin d’un monde. Du monde qui nous a vu naître et où nous avons grandi, travaillé, vécu.
[32] - Mais bon, sans doute que ça ne concerne que les dogmes des systèmes de croyances monothéistes. Quelle ironie tout de même, car son rejet de la Vérité est en effet un dogme (inavoué)...
[33] - Cette question a préoccupé Nietzsche. Discutant des matérialistes incohérents de sa génération, il a exprimé des commentaires décapants qui donnent à réfléchir sur l’exercice difficile de la cohérence dans un cadre conceptuel matérialiste (1899/1970: 78-79):
Ils se sont débarrassés du Dieu chrétien et ils croient maintenant, avec plus de raison encore devoir retenir la morale chrétienne. C'est là une déduction anglaise, nous ne voulons pas en blâmer les femelles morales à la Eliot. En Angleterre, pour la moindre petite émancipation de la théologie, il faut se remettre en honneur, jusqu'à inspirer l'épouvante, comme fanatique de la morale. C'est là-bas une façon de faire pénitence. Pour nous autres, il en est autrement. Si l'on renonce à la foi chrétienne, on s'enlève du même coup le droit à la morale chrétienne. (...) Si les Anglais croient en effet savoir par eux-mêmes, “ intuitivement ” ce qui est bien et mal, s'ils se figurent, par conséquent, ne pas avoir besoin du christianisme comme garantie de la morale, cela n'est en soi-même que la conséquence de la souveraineté de l'évolution chrétienne et une expression de la force et de la profondeur de cette souveraineté: en sorte que l'origine de la morale anglaise a été oubliée, en sorte que l'extrême dépendance de son droit à exister n'est plus ressentie. Pour l'Anglais, la Morale n'est pas encore un problème.
[34] - Bien que Halévy ne dit rien de très spécifique à ce sujet, c’est une conséquence logique de son rejet du matérialisme.
[35] - Pauline Mille (2016) Saint-Gothard... Une cérémonie endiablée pour un tunnel d’enfer ! (Reinformation.tv)
[36] - Le chrétien qui lit cet article doit d’ailleurs considérer d’autres aspects de cette évolution sociale. Il y a quelques années, j'étais à la bibliothèque de l'université locale pour jeter un oeil sur les acquisitions récentes en anthropologie sociale. Sur l'étagère se trouvait un livre étudiant la pratique des marcheurs du feu (fire-walkers). Il s'agit clairement d'une pratique occulte, impliquant le contact avec les esprits, les transes et la marche réelle sur des feux de bois en braises. Je me souviens vaguement que c’est pratiqué à divers endroits du monde, dont l’île de Réunion et certaines îles du Pacifique. Les auteurs ont étudié ce phénomène dans diverses sociétés non occidentales, mais terminaient ce livre par un chapitre sur un Américain qui s'était initié à cette pratique (en Indonésie, je crois) et qui est ensuite revenu aux États-Unis et a commencé d’initier d'autres personnes à la marche sur le feu dans l'État du Maine.
Il n'est pas inconcevable que de tels individus se préparent à des pratiques telles que celles du Faux-Prophète de l'Anti-Christ (Ap 13, 11-17), c'est-à-dire à faire descendre le feu du ciel...
[37] - Parmi ceux-ci, il y a le philanthrope, Bill Gates et le gourou de Davos, soit Yuval Noah Harari. Dans le cas de Gates, il parle ouvertement de ses ambitions de génocide planétaire. Voyez :
Bill Gates on Population Control(TED-Talk,
given Feb. 2010 - YouTube)
la discussion sur le contrôle de
la population mondiale apparaît vers 4 minutes.
[38] -
Tout comme dans les années 1930 plusieurs affirmaient haut et fort
qu’il ne fallait pas prendre Hitler au sérieux dans ses
déclarations d’expansion militaire du Reich ou de son
antisémitisme... Et Churchill, qui avertissait l’Angleterre des
dangers du nazisme, s’est vu accusé de n’être rien
d’autre qu’un belliciste cherchant à provoquer la
guerre avec l’Allemagne.