Dépasser l'obscurité des Lumières et envisager une troisième voie?
Paul Gosselin 2017
Il y a quelque temps j’ai filé une note à un gars que j'ai côtoyé lorsque j'ai fait ma maîtrise en anthropologie (maintenant prof d’université) pour le mettre au courant de la mise en ligne de mon article (et lui demander ce qu'il en pensait):
Tous les deux, à l'université on a été exposés à la pensée des Lumières et ses dérivés plus ou moins bâtards (comme le marxisme) et que l'on a rejetés, mais comme on le verra dans la suite, pour des raisons assez différentes. Moi évangélique et lui?? Et voici quelques (assez longs) bribes de mon échange avec ce même gars. Sa réponse (qui suit immédiatement) n’indique pas s’il est d’accord ou pas d’accord avec mon article sur la croyance... C’est suivi de ma réponse.
Le copain anthropologue
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Paul Ricoeur était de foi protestante et sur le plan philosophie son point de départ fut les philosophies de l'existence (Gabriel Marcel, Alain: ses premières grandes études portaient sur la volonté et le mal), proches de la foi chrétienne. Par la suite, il s'est inspiré de la de la sémiotique, de la phénoménologie, de l'herméneutique (une discipline théologique au départ) et des approches critiques, pour développer une approche appelée herméneutique critique.
Justement, il ne crée pas de synthèse. Il mène de front sa foi et sa pratique de philosophe: autrement dit, il les garde séparées afin précisément de pouvoir créer un dialogue entre elles, tout en reconnaissant leur légitimé et vérités respectives.
Ah oui, Paul, je te recommande également la lecture des livres d'Emmanuel Lévinas, lui aussi philosophe homme religieux (judaïsme cette fois). Sa critique de Heidegger et de la notion d'être, et la théorie éthique qu'il propose, s'inspirent des savoirs que sa foi lui transmet, notamment à propos de l'amour. En ce sens, son propos est différent de ceux de Spinoza et de Pascal, qui utilisent la philosophie pour prouver l'existence de Dieu. Pour sa part, il contrebalance le statut de l'égoïsme dans les conceptions de l'être par une autre force, tout aussi originelle en chacun, l'amour altruiste, qui sert de fondement aux religions historiques.
À la prochaine
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Ma réponse
Il y a TRES longtemps je crois avoir lu un peu de Ricoeur, mais il faut avouer que c'est assez lointain et les autres je les connais plutôt de réputation. Est-ce que tu les as lus par distraction ou est-ce qu'il y en a un qui t'a VRAIMENT influencé et si oui, de quelle manière ? En d'autres termes : Quelle est la question que tu te posais et que cet auteur a “ résolue ” ? À la fin, si tu me les recommandes, je suppose qu'il y a (au moins) une raison ?
Moi ce qui m'intéresse surtout est ce qui MOTIVE des gens comme Thomas d'Aquin (1224-1274), Spinoza, Lévinas, Ricoeur et d'autres à avoir recours à de tels amalgames (tu peux choisir un autre terme qui te plaît davantage). Sans être trop dogmatique sur ce point précis, d'après mes lectures, chez les théistes c'est souvent un sentiment d'infériorité à l'égard de l'héritage philosophique gréco-romain (comme c'est le cas de Spinoza ou d'autres bonzes de la Renaissance) ou encore vis-à-vis la propagande des Lumières qui affirme avoir rasé irrémédiablement les fondations du système judéo-chrétien, soit le récit de la Genèse. Et lorsqu'un chrétien cède sur ce point, alors il se cherche une porte de sortie pour “ sauver les meubles ” (de la moralité). Ça me semble être le cas de Ricoeur, de ce qu'on appelle la Haute critique biblique promue surtout par le théologien allemand Rudolf Bultmann (fin 19e et début 20e siècle) et du truc qu'on appelle BioLogos, une fondation, mis en place par le généticien Francis Colins, censée “ concilier ” foi et science. Mais à la fin, l'approche consiste à faire rentrer le christianisme dans le lit de Procruste des présupposés issus du Siècle des Lumières et alors, tout ce qui “dépasse”, doit être élagué... C'est un amalgame inévitablement incohérent et sans intérêt à mon avis.
Mais chez les matérialistes, il y a une motivation idéologico-religieuse symétrique et parallèle (comme disait Claude Lévis-Strauss), mais qui est davantage subliminale, qui pousse à l'acceptation de tels amalgames. Stephen Jay Gould est un assez bon exemple avec son concept de NOMA (proposé en 1997). Ce que Gould propose est en quelque sorte un partage politique de la vérité, c'est-à-dire que la science a un magistère/autorité touchant le monde empirique/observable, mais pour les questions éthiques ou morales, là il faut reconnaître le magistère/autorité de “ la religion ”.
Mais la question se pose immédiatement: qu'est-ce qui a pu motiver un matérialiste/athée aussi cohérent que Gould à accepter une position qui fait «de la place» à «la religion»? Mais à quoi sert ce changement de cap? La position de Gould aboutie à un partage "politique" où l'on accorde à la science un champ de compétence, donc une autorité (magistère) épistémologique sur le monde matériel (particulièrement la question de son origine) tandis que l'on peut cède à « la religion » compétence et autorité sur les questions d'ordre moral. N'est-ce pas en quelque sorte un compromis des principes de Gould? Il semble en avoir été conscient, car il fait quelques commentaires à ce sujet dans son article. Il est ironique de constater que la longue bagarre qu'a mené Gould contre la sociobiologie et le test du IQ (Mismeasure of Man) l'a également amené à comprendre que l'on ne peut tirer une éthique (potable) uniquement de la cosmologie évolutionniste, ce qui l'a poussé à proposer son concept de NOMA. Et là, je me mêle pas de mes affaires c'est sur, mais est-ce possible que ton intérêt pour Ricoeur et ali, soit motivé par des raisons semblables ? À la fin, sur le plan pratique, Ricoeur semble aboutir à la même place que Gould, sauf que son point de départ est théiste, plutôt que matérialiste. La destination est la même, mais ils y arrivent à partir de directions opposées. Il me semble possible que Gould était arrivé à la même conclusion que le romancier (matérialiste) Kurt Vonnegut (1975: 238)
I'm not very grateful for Darwin, although I suspect he was right. His ideas make people crueler. Darwinism says to them that people who get sick deserve to be sick, that people who are in trouble must deserve to be in trouble. When anybody dies, cruel Darwinists imagine we're obviously improving ourselves in some way. And any man who's on top is there because he's a superior animal. That's the social Darwinism of the last century, and it continues to boom.
Sur la question de pouvoir fonder une éthique cohérente sur une cosmologie matérialiste, j'ai eu cet échange (en anglais) avec un athée britannique, Paul Baird. Ça va possiblement t'intéresser de savoir que j'ai ouvert l'échange en posant une question à Baird, c'est-à-dire s'il serait d'accord ou pas avec une affirmation du marquis de Sade touchant les rapports hommes/femmes.
Moral Absolutes: An Exchange with Atheist Paul Baird and Paul Gosselin. (Samizdat)
Le débat commence avec Baird qui affirme:
"Ok, my worldview is that
absolute truth does not exist
absolute morality does not exist
absolute laws of logic do not exist"
Baird se rattache donc à une vieille tradition philosophique matérialiste. Par exemple, Bertrand Russell, mathématicien, philosophe et athée renommé, l'exprimait de la manière suivante (1935/1971: 171-172):
Les questions de valeurs (c'est-à-dire celles qui concernent ce qui est bon ou mauvais en soi, indépendamment des conséquences) sont en dehors du domaine de la science, comme les défenseurs de la religion l'affirment avec énergie. Je pense qu'ils ont raison sur ce point, mais j'en tire une conclusion supplémentaire, qu'eux ne tirent pas: à savoir que les questions de valeurs sont entièrement en dehors du domaine de la connaissance. Autrement dit, quand nous affirmons que telle ou telle chose a de la valeur, nous exprimons nos propres émotions, et non un fait qui resterait vrai si nos sentiments personnels étaient différents.
Russell précise encore sa position en ajoutant (1935/1971: 176):
La théorie que je viens de présenter est une des formes de la doctrine dite de la subjectivité des valeurs. Cette doctrine consiste à soutenir que, si deux personnes sont en désaccord sur une question de valeur, ce désaccord ne porte sur aucune espèce de vérité, mais n'est qu'une différence de goûts. Si une personne dit: “J'aime les huîtres” et une autre “Moi, je ne les aime pas”, nous reconnaissons qu'il n'y a pas matière à discussion. La théorie en question soutient que tous les désaccords sur des questions de valeurs sont de cette sorte, bien que nous ne le pensions naturellement pas quand il s'agit de questions qui nous paraissent plus importantes que les huîtres.
S'il est chose facile de relativiser les prises de position des autres, on peut se demander si Russell aurait accepté de relativiser de la même manière sa propre prise de position contre les armes nucléaires? Ou sur un autre plan, oserait-il affirmer à un survivant de l'Holocauste que la Solution Finale n'était qu' un malentendu, rien d'autre qu'un conflit de "goûts subjectifs"?
Il faut bien préciser que dans la vie de tous les jours, le darwinisme ne fait pas automatiquement de tous ses partisans des nazis, des gens amoraux, des sauvages brutaux. Je n'ai pas de problème d'avouer que bon nombre de darwinistes n'ont pas un comportement plus amoral que la majorité des gens. Mais là n'est pas la question de fond. La question véritable est: Est-ce que la cosmologie darwinienne en soi peut fonder une moralité cohérente ou n'aboutit-elle pas à une "moralité" tout à fait ouverte où les positions éthiques de de Sade ou de Staline sont considérées tout aussi légitimes que celles de l'Armée du Salut, World Vision ou Thérèse de Calcutta? ÇA c'est une question bien plus importante...
Mais si le vide éthique qui résulte du matérialisme a pu motiver Gould à proposer le NOMA, à l'inverse, pour certains la sécurité de règles morales absolues que propose le théisme peut sembler un carcan insupportable et donc motif pour le rejet radical de tout théisme. On rencontre cette motivation justement chez le romancier britannique, Aldous Huxley, qui souligne l'importance de ce rejet de la contrainte (1937/1965: 270-273):
"I had motives for not wanting the world to have meaning; consequently assumed it had none, and was able without any difficulty to find satisfying reasons for this assumption. ... The philosopher who finds no meaning in the world is not concerned exclusively with a problem in pure metaphysics; he is also concerned to prove there is no valid reason why he personally should not do as he wants to do, or why his friends should not seize political power and govern in the way that they find most advantageous to themselves. ... The liberation we desired was simultaneously liberation from a certain political and economic system and liberation from a certain system of morality. We objected to the morality because it interfered with our sexual freedom."
Évidemment, si un intello francophone pouvait partager ce raisonnement, il serait assez difficile d'en trouver un à faire de tels aveux publics. En général, les francophones sont bien trop subtiles pour ça (à moins d'avoir quelques verres de trop derrière la cravate)... Partant d'une position matérialiste, touchant la moralité, voici la conclusion à laquelle aboutit le grand logicien autrichien Ludwig Wittgenstein, dans son Tractatus (1921/86: 163)
6.4 - Toutes les propositions sont d'égale valeur.
6.41 - Le sens du monde doit se trouver en dehors du monde. Dans le monde toutes choses sont comme elle sont et se produisent comme elle se produisent: il n'y a pas en lui de valeur - et s'il y en avait une, elle n'aurait pas de valeur.
S'il existe une valeur qui ait de la valeur, il faut qu'elle soit hors de tout
événement et de tout être-tel. (So-sein.) Car tout événement et être-tel ne sont qu'accidentels.
Ce qui les rend non-accidentels ne peut se trouver dans le monde, car autrement cela aussi serait accidentel. Il faut que cela réside hors du monde.
6.42 - C'est pourquoi il ne peut pas non plus y avoir de propositions éthiques. Des propositions ne sauraient exprimer quelque chose de plus élevé.
Il est clair que l'éthique ne se peut exprimer.
On est dans le spéculatif, mais il me semble possible que la concession de Gould (le NOMA) soit dû à des lectures philosophiques sérieuses. Par exemple, dans le Traité de la nature humaine (1740), il se peut fort bien que le britannique David Hume ait été le premier à signaler qu’il est impossible de tirer des obligations éthiques à partir d’observations strictement empiriques. Exprimé autrement, ce qui est ne détermine en aucun cas ce qui doit (notre devoir moral ou éthique). Inévitablement, il faut en déduire qu'une vision du monde matérialiste exclut l'éthique et la morale. Dans L'homme révolté, Albert Camus explore certaines conséquences du relativisme moral, lié à la position matérialiste (1951: 17, 18)
Mais cette réflexion, pour le moment, ne nous fournit qu'une seule notion, celle de l'absurde. A son tour, celle-ci ne nous apporte rien qu'une contradiction en ce a qui concerne le meurtre. Le sentiment de l'absurde, quand on prétend d'abord en tirer une règle d'action, rend le meurtre au moins indifférent et, par conséquent, possible. Si l'on ne croit à rien, si rien n'a de sens et si nous ne pouvons affirmer aucune valeur, tout est possible et rien n'a d'importance. Point de pour ni de contre, I'assassin n'a ni tort ni raison. On peut tisonner les crématoires comme on peut aussi se dévouer à soigner les lépreux. Malice et vertu sont hasard ou caprice. (...) Dans ce dernier cas, faute de valeur supérieure qui oriente l'action, on se dirigera dans le sens de l'efficacité immédiate. Rien n'étant vrai ni faux, bon ou mauvais, la règle sera de se montrer le plus efficace, c'est-à-dire le plus fort. Le monde alors ne sera plus partagé en justes et en injustes, mais en maîtres et en esclaves. Ainsi, de quelque côté qu'on se tourne, au coeur de la négation et du nihilisme, le meurtre a sa place privilégiée.
Si la position de Camus ne te plaît pas, il faut alors en adopter une de manière cohérente, conséquente. Si on examine, par contre, la vision du monde judéo-chrétienne et le matérialisme touchant la manière de voir l'homme le contraste est frappant. C.S. Lewis, auteur chrétien et copain de JRR Tolkien, affirmait (in Green & Hooper 1979: 204)
There are no ordinary people. You have never talked to a mere mortal. Nations, cultures, arts, civilisations - these are mortal... But it is immortals whom we joke with, work with, marry, snub, and exploit... Next to the Blessed Sacrament itself, your neighbour is the holiest object present to your senses.
Mais pour revenir à Gould et son concept de NOMA, dans cet article on le voit forcé admettre (plus ou moins explicitement) qu'il n'était pas possible d'ériger un système éthique (potable) sur l'évolution. À son avis donc la science garde son magistère/autorité touchant le monde empirique, mais il y a un problème lorsque l'ont tente d'ériger un système éthique crédible sur cette même base. Gould, qui était d'origine juive, était très conscient de ce que peut produire la logique matérialiste de la sélection naturelle lorsqu'appliquée à des sociétés concrètes. Le 20e siècle nous en a fait la (brutale et tragique) démonstration... Sous le concept de NOMA, la religion garderait un champ d'activité légitime, c'est-à-dire les questions éthiques. Si Gould ne dit rien de très précis sur ce qui l'a motivé pour proposer le concept de NOMA, mais personnellement je devine que si Gould a proposé le NOMA (et, par ailleurs, s'est opposé à la sociobiologie, populaire dans les années 80-90) c'est que c'était justement pour éviter de voir encore l'application en Occident d'une morale “ trop darwinienne ”... En d'autres mots un matérialisme "trop cohérent"... Et d'un autre côté bien que l'évolutionniste britannique Richard Dawkins ait souvent été un des critiques les plus véhéments de Gould (touchant son hypothèse de l'Équilibre ponctué), sur la question de la moralité Dawkins aboutit à une position, tout compte fait, TRES semblable à celle de Gould (Dawkins 2000):.
There have in the past been attempts to base a morality on evolution. I don't want to have anything to do with that. The kind of world that a Darwinian, going back to survival of the fittest now, and nature red in tooth and claw, I think nature really is red in tooth and claw. I think if you look out at the way wild nature is, out there in the bush, in the prairie, it is extremely ruthless, extremely unpleasant, it's exactly the kind of world that I would not wish to live in. And so any kind of politics that is based upon Darwinism for me would be bad politics, it would be immoral. Putting it another way, I'm a passionate Darwinian when it comes to science, when it comes to explaining the world, but I'm a passionate anti-Darwinian when it comes to morality and politics.
Ouais, pas facile d'être cohérent...
Lorsqu'on examine la réaction de l'athée/matérialiste cohérent face au MAL, j'ai toujours pensé que, sur le plan logique, tout ce que peut proposer le matérialiste cohérent à ce phénomène est une réaction ÉMOTIVE (c'est-à-dire irrationnelle). Face à un Hitler, un Staline, le Laogai mis en place par Mao ou les massacres des jihadistes, tout ce que peut proposer le matérialiste est de dire “J'aime pas ça...” Sur le plan logique, il n'a RIEN d'autre à offrir (car sa vision du monde n'a rien d'autre à proposer).
Et si le matérialiste ose alors évoquer une moralité plus élevée, il y a lieu de se demander s'il s'agit d'un hypocrite ou d'un inconscient. Mais, même chez les matérialistes les cohérents, il ne faut pas sous-estimer la tentation de se donner des “airs moraux” (et aussi "bonne conscience")... Voici un exemple assez récent:
Nicholas Wade: An Evolutionary Theory of Right and Wrong. (NY Times - 2006).
Mais la meilleure preuve de l'échec d'ouvrages semblables c'est qu'à la fin ces livres n'ont pas de portée réelle hors des universités. Dans le meilleur des cas, ils sont lus d'abord par une poignée d'érudits (des collègues spécialistes) pour ensuite finir leurs jours à ramasser de la poussière sur les rayons de bibliothèques universitaires... Les gens ordinaires comprennent TRES vite que ces ouvrages ne tiennent pas la route et ne changent rien à la vie de personne...
Manifestement ce ne sont pas tous les athées/matérialistes qui recherchent une cohérence «trop poussée». La chose est rarement admise par les tenants de la cosmologie matérialiste, mais il leur est généralement intolérable de vivre de manière cohérente avec leur propre cosmologie si impitoyable où la seule prescription morale véritable c'est la survie. Et lorsqu'ils veulent se donner des "airs moraux", ils récupèrent, plus ou moins sciemment, les prescriptions morales tirées de la vision du monde judéo-chrétienne. Les aveux de ce genre sont exceptionnels, mais voici un exemple tiré d'un échange entre l'existentialiste renommé Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir (1981: 552):
S. - de B. - Comment définiriez-vous en gros votre Bien et votre Mal, ce que vous appelez le Bien, ce que vous appelez le Mal?
J.-P. S. - Essentiellement le Bien c'est ce qui sert la liberté humaine, ce qui lui permet de poser des objets qu'elle a réalisés, et le Mal c'est cequi dessert la liberté humaine, c'est ce qui présente l'homme comme n'étant pas libre, qui crée par exemple le déterminisme des sociologues d'une certaine époque.
S. de B. - Donc, votre morale est basée sur l'homme et n'a plus beaucoup derapport avec Dieu.
J.-P. S. - Aucun, maintenant. Mais il est certain que les notions de Bien et de Mal absolus sont nées du catéchisme qu'on m'a enseigné.
C'est donc un cas flagrant de parasitisme éthique, mais Sartre est tout de même un rare cas à l'AVOUER (mais dans le cadre d'une conversation qu'il croyait intime, plutôt que dans un truc qu'il aurait publié lui-même ?)... Nietzsche a TRES bien compris l'hypocrisie d'un tel parasitisme éthique. Dans sa génération, Nietzsche, un des philosophes les plus clairvoyants du XIXe siècle, a remis en question le concept que l'on puisse tirer l'éthique du néant, comme le magicien tire un lapin de son chapeau. Discutant des matérialistes incohérents de sa génération, il a exprimé des commentaires décapants qui donnent à réfléchir sur l'exercice difficile de la cohérence dans un cadre conceptuel matérialiste (1899/1970: 78-79):
Ils se sont débarrassés du Dieu chrétien et ils croient maintenant, avec plus de raison encore devoir retenir la morale chrétienne. C'est là une déduction anglaise, nous ne voulons pas en blâmer les femelles morales à la Eliot. En Angleterre, pour la moindre petite émancipation de la théologie, il faut se remettre en honneur, jusqu'à inspirer l'épouvante, comme fanatique de la morale. C'est là-bas une façon de faire pénitence. Pour nous autres, il en est autrement. Si l'on renonce à la foi chrétienne, on s'enlève du même coup le droit à la morale chrétienne. (...) Si les Anglais croient en effet savoir par eux-mêmes, “ intuitivement ” ce qui est bien et mal, s'ils se figurent, par conséquent, ne pas avoir besoin du christianisme comme garantie de la morale, cela n'est en soi-même que la conséquence de la souveraineté de l'évolution chrétienne et une expression de la force et de la profondeur de cette souveraineté: en sorte que l'origine de la morale anglaise a été oubliée, en sorte que l'extrême dépendance de son droit à exister n'est plus ressentie. Pour l'Anglais, la Morale n'est pas encore un problème.
Nietzsche parlait parfois de danser au bord de l'Abîme il me semble légitime de penser que pour sa part le marquis de Sade a fait bien plus que danser au bord. Là où Nietzsche a jeté un coup d'oeil précautionneux, Sade a sauté à pieds joints... Mais vivre de manière cohérente avec sa vision du monde n'est pas toujours facile...
Mais pour revenir à Gould, j'ai fini par me demander si au cours de la controverse au sujet de la sociobiologie (tu te souviens des années 80?) à laquelle il s'est impliqué (en tant que critique), si sa motivation de venait pas d'avoir été confronté à des faits gênants dans le placard des évolutionnistes. Cela me donne l'impression que Gould a lentement pris conscience que l'évolution pouvait, en toute logique, aboutir à une position justifiant (dans le passé) le racisme et la Solution Finale ou (dans l'avenir) à une certaine forme de totalitarisme lié à de l'eugénisme génétique comme on le voit dans le film de science-fiction GATTACCA (1997) ou encore un monde prévue par Orwell dans son roman 1984.
Depuis longue date, Dawkins a été un critique de concepts proposés par Gould. Dans un article intitulé When Religion Steps on Science's Turf: The Alleged Separation Between the Two Is Not So Tidy, Dawkins fait un compliment (un peu forcé) aux créationnistes Jeune-Terre quant à la cohérence des points de vue que l'on peut entretenir sur la question des origines. Dawkins se moque de l'incohérence du concept de NOMA de Gould et dit (1998):
"I suppose it is gratifying to have the pope as an ally in the struggle against fundamentalist creationism. It is certainly amusing to see the rug pulled out from under the feet of Catholic creationists such as Michael Behe. Even so, given a choice between honest-to-goodness fundamentalism on the one hand, and the obscurantist, disingenuous doublethink of the Roman Catholic Church on the other, I know which I prefer."
Mais pour démêler tout ce tâtonnement idéologico-religieux confus, il faut inévitablement poser une question épistémologique simple, mais fondamentale, Où est la Vérité? Question que l'on peut paraphraser de manière plus savante au besoin: Où est le savoir humain qui a la première autorité? En somme, cette question se résume à déterminer quelle fondation on prendra pour construire notre vie intellectuelle (ainsi que la civilisation qui en découle). Même chez les «grands intellos» cette question est rarement posée explicitement (trop gênante...), mais il reste que lorsqu'on la pose dans le cadre d'un mouvement philosophique ou idéologique précis, la réponse à cette question permet d'éclairer une masse de prises de position subséquentes. Sur le plan, logique, tout en découle... Mais pour obtenir cette réponse, il faut souvent y arriver par déduction, car les systèmes idéologico-religieux modernes et (surtout) postmodernes ont une allergie à jouer cartes sur table et proposer des credo EXPLICITES de leurs principes fondamentaux (au 19e siècle c'était un peu moins le cas, pense au "Manifeste du Parti communiste" par Karl Marx...). Mais à la fin, cette question est critique, car c'est elle qui détermine sur QUELLE fondation on construit sa vie intellectuelle et aussi la civilisation qui en découle...
J'ai lu pas mal d'autres livres comme celui proposé par Wade et en général ces auteurs évolutionnistes évitent comme la peste de jouer cartes sur table. Et je soupçonne que si on leur forçait la main, ils ne voudraient pas être obligés de s'engager à émettre des règles morales claires. Mais il ne faut pas trop s'en étonner. Ça me rappelle une déclaration brutale que l'on trouve dans la bouche d'un des protagonistes du roman Les frères Karamazov par Fiodor Dostoïevski: "Si Dieu est mort, TOUT est permis. Un point c'est tout!"
C'est dans la logique des choses, s'il n'existe pas un point de référence au-delà de l'individu ou de la société (dirigé par un/des individu/s), alors on aboutit inévitablement à la destruction de toute morale ou (dans le meilleur des cas) à la morale de celui qui contrôle l'État et ses institutions. Il faut bien comprendre qu'en dernière analyse la seule chose qui soit vraiment absolue sur le plan moral dans le contexte évolutionniste/matérialiste, c'est la survie. Mao Tsétoung pour sa part, a habillement réduit la chose à l'essentiel. Il a dit : “Chaque communiste doit assimiler cette vérité : Le pouvoir politique est au bout du fusil ”. Dans un québécois vulgaire, cela se traduit par une moralité qui fonctionne sur le principe “ au plus fort la poche ! ”.
Ma position personnelle?
Bon, c'est à mon tour de jouer cartes sur table... Pour ma part, la case départ, c'est le rejet radical du système idéologico-religieux du Siècle des Lumières et de tous ses dérivés bâtards, dont le système postmoderne (et son jihad sexuel) et, évidemment, son rejeton le plus vigoureux, le mythe d'origines matérialiste, c'est-à-dire la théorie de l'évolution (même les milliards d'années du cosmos...). Pour moi, si la science empirique nous apprend des trucs utiles, la Vérité (grand V) ne se trouve que dans la Bible.
Ouais, je sais, ces affirmations vont faire ruer dans les brancards tous les héritiers des Lumières (ainsi que tous ceux qui ont subi avec succès leur lavage de cerveau universitaire)... On me diras ; “ Mais tu va tuer la Science !, Tu va tuer le Progrès! Tu veux nous faire retourner au Moyen Âge ? C'est la fin du monde !!!! etc., etc., etc., etc., ... ” Ouais, il faut admettre que la propagande des Lumières a bien fait son travail. Il faut bien s'entendre. Si pour un instant on a le courage d'adopter une définition restreinte de la science, qui la limite à l'étude de processus observables (avec ou sans instruments), on ne perd strictement rien de la science empirique véritable, car c'est cette science qui produit des vaccins plus efficaces, des moteurs à combustion à performance plus élevée, des ordinateurs toujours plus performants, les données de la physique permettant d'envoyer un homme sur la Lune et de le ramèner... Mais il en découle une conclusion qui sera considérée une hérésie inaudible pour les héritiers des Lumières c'est-à-dire que toute la question des origines doit être exclue du champ scientifique empirique, puisque non observable. De ce fait la science véritable n'a AUCUNE autorité sur la question des origines...
À mon point de vue d'anthropologue, bien que l'on puisse faire intervenir des données scientifiques dans le débat sur les origines, il y a tout à fait lieu de considérer que ni l'Évolution ni la Création ne relèvent de la science, mais constituent plutôt des mythes d'origines, ou plus précisément des récits des origines. Et si on se permet une hérésie du point vue des Lumières, c'est-à-dire admettre que la science est LIMITÉE et doit se contenter d'être actif dans son champ de compétence, soit d'examiner le monde OBSERVABLE. Enfin, si on rejette radicalement l'évolution on ne perd RIEN des progrès de la technologie, des moteurs à combustion plus performants, des vaccins, des ordinateurs plus puissants et des satellites permettant la technologie des GPS. Même un évolutionniste et scientifique réputé, le généticien britannique, Adam S. Wilkins, a fait un aveu coupable (et rigolo) à ce sujet (2000 : 1051):
The subject of evolution occupies a special, and paradoxical, place within biology as a whole. While the great majority of biologists would probably agree with Theodosius Dobzhansky's dictum that 'nothing in biology makes sense except in the light of evolution', most can conduct their work quite happily without particular reference to evolutionary ideas. 'Evolution' would appear to be the indispensible unifying idea and, at the same time, a highly superfluous one.
Pour sortir un peu de la camisole de force des Lumières, un peu d'histoire de la science peut être un bon antidote. Si la propagande des Lumières affirme de manière dogmatique que le système judéo-chrétien est inévitablement anti-scientifique, dans les faits, plusieurs historiens de la science signalent que le système judéo-chrétien a apporté des présupposés critiques pour son développement. Pour te faire une petite idée, jette un œil à mon article :
La cosmologie judéo-chrétienne et l'origine de la science.
Chose certaine, dans la première génération de scientifiques, des individus tels que Pascal, Galilée, Newton, John Ray, Linné et bien d'autres, le concept que la science soit restreinte au monde OBESRVABLE ne posait AUCUN problème. Chez ces scientifiques, il allait de soi que la question des origines était laissée aux théologiens. Accepter une Création en six jours, orchestré par un Agent Intelligent tel que décrit dans la Genèse, ne leur posait aucun problème. À leur avis, touchant la question des origines, il fallait se référer à Bible pour en savoir plus. La science empirique n'avait aucune autorité sur la question. Mais depuis la pénétration de l'influence du Siècle des Lumières, tout a changé. Mais ce changement est dû à un changement de climat idéologique, non pas un progrès de la science. Isaac Newton est un bon exemple de scientifique pré-Lumières. Dans son chef-d'oeuvre les Principia, il affirmait (1687):
The most beautiful system of the sun, planets, and comets, could only proceed from the counsel and dominion of an intelligent and powerful Being. A Heavenly Master governs all the world as Sovereign of the universe. We are astonished at Him by reason of His perfection, we honor Him and fall down before Him because of His unlimited power. From blind physical necessity, which is always and everywhere the same, no variety adhering to time and place could evolve, and all variety of created objects which represent order and life in the universe could happen only by the willful reasoning of its original Creator, Whom I call the Lord God.
Pourtant, même de l'avis d'un matérialiste renommé comme Bertrand Russell, le créationnisme de Newton n'a nui d'aucune manière à ses recherches scientifiques (1935/1997: 52-53):
Newton's work the Copernican system having been accepted did nothing to shake religious orthodoxy. He was himself a deeply religious man, and a believer in the verbal inspiration of the Bible. His universe was not one in which there was development, and might well, for aught that appeared in his teaching, have been created all of a piece. To account for the tangential velocities of the planets, which prevent them from falling into the sun, he supposed that, initially, they had been hurled by the hand of God; what had happened since was accounted for by the law of gravitation. ... so far as his public and official utterances were concerned, he seemed to favour a sudden creation of the sun and planets as we know them, and to leave no room for cosmic evolution.
OK, tu me diras peut-être que je n'ai pas plus envie de retourner au 18e siècle qu'au Moyen Âge. Est-ce qu'aujour'hui les créationnistes contribuent quelque chose à la science ? Heureux que tu poses la question. Puisque tu dois aussi avoir plus de 60 ans maintenant (comme moi), il y a de bonnes chances que tu as bénéficié de technologie inventée par un créationniste. De quoi il parle au juste ? Et bien des systèmes de scans par résonnance magnétique utilisés maintenant dans pas mal tous les hôpitaux majeurs et qui ont été inventés par le Dr Raymond Damadian. Mais bon, si un rejet radical du système de croyances des Lumières ainsi que le mythe d'origines matérialiste (l'évolution) qui en dérive permet une cohérence intellectuelle et morale, il reste que cela comporte un prix à payer. Si dans le passé tu avais emprunté cette route, plutôt que te retrouver avec un salaire intéressant et un fond de retraite, il y a des chances que tu te retrouverais plutôt à travailler à côté de moi dans un centre de tri de colis... Même s'il est possible de dresser une longue liste de cas d'ostracisme des critiques du mythe d'origines matérialiste, il reste qu'en général ceux qui ont subi avec succès leur lavage de cerveau universitaire, penseront que tout ça est « fictif », une lubie de gens souffrant d'un complexe de persécution. Si une telle pensée t'a effleuré l'esprit, je te propose une expérience tout à fait empirique pour en avoir le cœur net. Il te suffit de soumettre à une publication professionnelle, un article (sous ton nom) comportant une critique sérieuse de l'évolution pour voir quelles seront les répercussions. Par la suite, si tu veux, je pourrai te faire quelques suggestions sur la rédaction d'un CV, mais il reste chercher du travail lorsqu'on a plus de 60 ce n'est PAS très rigolo...
Si en général le Moyen Âge est considéré comme l'ère chrétienne de l'Occident, il reste que si un protestant y jette un oeil, il fera des bémols et rejettra de nombreux enseignements ou pratiques catholiques ou orthodoxes, car il soulignera leur source gréco-romaine (païenne) et que sur le plan doctrinal ces églises finirent par donner un statut absolu aux décisions ecclésiastiques, ce qui revient à affirmer que l'Église interprète les Écritures, mais que les Écritures ne peuvent remettre en question l'Église. Ça c'est TRES lourd de conséquences... Mais touchant la question de « l'Occident chrétien », au Moyen Âge, à mon avis il me semble nécessaire d'examiner cette affirmation à partir d'un autre angle, car l'Occident n'a jamais été exclusivement chrétien à aucun moment de son histoire. À vrai dire, sur le plan de la religion, l'Occident a toujours été un peu schizophrène (ou bipolaire), avec ses élites qui hébergeant et entretenant des éléments de la pensée grecque et romaine païenne tandis que les masses préservaient des éléments disparates des religions européennes préchrétiennes. Avec un peu de recul, on constate qu'en Occident, sur le plan historique la philosophie grecque a des racines culturelles plus profondes que le christianisme. De ce point de vue, la Renaissance a été avant tout une tentative, par un certain nombre d'élites occidentales, de mettre en place la philosophie grecque (et romaine) comme base pour mettre en place un nouveau système idéologico-religeux et sur cette base, une nouvelle civilisation. Et dans ce but, la première étape a été de repousser l'autorité de la Bible. Oui la plupart des gens pensent à la Renaissance en termes de ses apports sur le plan de l'art et de l'architecture, mais la Renaissance a également été une tentative de construire une alternative à la vision du monde judéo-chrétienne, un système de croyances qui aurait été fondée sur la (un collage plus ou moins arbitraire de) philosophie païenne ancienne, en particulier les Grecs. Ainsi, chez les propagandistes de la Renaissance, en général le projet d'ériger un système idéologico-religieux en compétition avec le christianisme est voilé, inavoué. Mais la motivation des propagandistes de la Renaissance est facile à comprendre, car dans leur cas, l'Inquisition n'était pas une anecdote historique lointaine, mais une réalité avec lequel ils devaient composer. C'est ce qui explique que le projet d'ériger un système idéologico-religieux en compétition avec le christianisme reste voilé chez les propagandistes de la Renaissance. Se retrouver accusé d'hérésie pouvait avoir des conséquences dramatiques. Mais chez Michel de Montaigne (1533-1592), le projet d'ériger un système de croyances est à demi voilé. Dans ses Essais, discutant de l'éducation des jeunes, Montaigne observe (1580/2015: 44):
Puisque la philosophie est la science qui nous apprend à vivre, et que, comme les autres âges, l'enfance y a sa leçon, pourquoi ne la lui communiquerait-on pas? «L'argile est molle et humide, vite, hâtons-nous; et, sans perdre un instant, façonnons-la sur la roue (Perse).»
Si on comprends qu'une religion n'est pas qu'un discours et des rites liés au concept de surnaturel, mais, comme l'ont constaté les anthropologues au 20e siècle (voir Gosselin 1986), plutôt un ensemble de croyances donnant sens à l'existence humaine, on comprends rapidement alors que ce que propose Montaigne ci-dessus n'est pas neutre, mais dans les faits constitue une religion, une vision du monde (inévitablement en compétition avec le système judéo-chrétien). Évidemment, Montaigne, comme la majorité des propagandistes de la Renaissance, fut sage, et évitait d'aller «trop loin» dans son discours (parler trop clairement de son projet idéologico-religieux) et choquer les Inquisiteurs[1]. Il faut avouer que les propagandistes de la Renaissance étaient très peu portés au martyr... Cette attitude de prudence explique un autre fait, c'est-à-dire que Montaigne mit à l'avant plan dans ses Essais (devenant un chapitre de ce livre) un texte d'Étienne de Boétie (Discours de la servitude volontaire) où il est longuement question de liberté. Mais uniquement de liberté politique. De la liberté des convictions sur le plan religieux, face au pouvoir de l'église de Rome, Montaigne et de Boétie se montrent très prudents. Ils n'en soufflent pas un mot. Après tout, l'Inquisition pouvait frapper à la porte à tout moment...
Mais le temps passe et tandis que la science expérimentale est venue sur la scène en Occident, il a lentement éroder le prestige immense dont avait joui pendant des millénaires la philosophie grecque. Il est finalement devenu évident que les élites néo-païennes occidentales avaient misé sur le mauvais cheval. À la fin du 16e siècle, la philosophie grecque avait largement perdu son lustre et son prestige, et alors Renaissance mourra doucement dans son sommeil. Ainsi ceux qui rejettent la vision du monde judéo-chrétienne ont été contraints de chercher ailleurs, arrivant finalement à la conclusion que la science pourrait servir de fondation pour ériger leur vision du monde.
Ayant fini par admettre que le prestige culturel de la philosophie grecque soit désormais chose du passé, les élites néo-païennes occidentales avaient tout de même besoin d'un nouveau cheval de bataille. Les élites occidentales ont vite compris que le prestige en progression constante de la science offrait l'opportunité recherchée et pouvait donc proposer une source de Vérité alternative. Cela a ouvert la porte aux penseurs des Lumières. La première génération de scientifiques (alors connus sous le nom de “philosophes naturels”) appuyait toujours massivement l'autorité des Écritures, mais la perspective proposée par Francis Bacon des “ deux livres ” (avec l'Écriture en autorité dans le domaine spirituel et la science dans le domaine matériel, devenant la “Science”) ouvrait la porte à la mise en place d'une chose nouvelle, la science comme source de Vérité. Et éventuellement le dogme central de ce système de croyances sera le matérialisme.
Si, après avoir atteint sa pleine maturité, le système de croyances des Lumières (ou moderne) proposait une perspective matérialiste (dite scientifique) du monde, il reste que pendant un long moment il a souffert d'une lacune criante, soit le manque d'un mythe d'origines crédible. Il était difficile de se débarrasser du Dieu Créateur, car on ne disposait toujours pas d'autre explication cohérente de l'origine du Cosmos ou de la vie. Plusieurs, dont le comte de Buffon, Lamarck et même le grand-père de Charles Darwin, ont tâtonné pour une solution à ce problème. C'est là que la fameuse déclaration de Richard Dawkins dans son livre The Blind Watchmaker, trouve son sens: “Although atheism might have been logically tenable before Charles Darwin, Darwin made it possible to be an intellectually fulfilled atheist.” Mais à mon avis Dawkins aurait été plus honnête s'il avait dit plutôt “Darwin made it possible to be an religiously fulfilled atheist”, car le rôle fondamental de la théorie de l'évolution est avant tout idéoligico-religieux. Comme la signalait la citation de Wilkins noté déjà, son apport scientifique véritable reste dérisoire.
Si le système de croyances des Lumières (ou moderne) a atteint son apogée dans la première moitié du 20e siècle, son influence a commencé à s'éroder dans la dernière partie de ce siècle, ce qui a ouvert la porte à un concurrent, c'est-à-dire au système de croyances postmoderne. Et si le système moderne rejetait l'autorité de l'Écriture, il ne rejetait tout de même pas le concept de Vérité (mais la plaçait dans la science). Mais chez les postmodernes, on rejette non seulement les prétentions de la vision du monde judéo-chrétienne, mais le concept même de la Vérité, même une vérité basée sur la science... Avancer une vérité basée sur la science ce serait du néo-colonialisme intellectuel, évidemment... Ainsi, si le postmodernisme est une réaction non seulement au système moderne, il est également la poursuite logique de la réaction moderne au système judéo-chrétien.
Chez les postmodernes, la seule vérité qui leur reste est l'individu, ses pulsions et ses désirs. Comme le dit le lieu commun, « Chacun a sa vérité », mais sans se poser la question ce que vaut une vérité qui n'est vraie que pour un individu... Si le livre de la Genèse dit que Dieu a fait l'homme à son image, le postmodernisme arrive inévitablement (et logiquement) à la conclusion inverse, c'est-à-dire que l'homme doit se faire un "dieu" à son image. Cela explique pourquoi on se retrouve avec Anthony Levandowski, l'ingénieur qui a fait des recherches fondamentales sur la voiture autonome, et qui est, depuis 2015, à la tête d'une organisation religieuse intitulée «Way of the Future», prônant une «divinité» basée sur l'intelligence artificielle. non, ne posez pas la la question QUI a programmé cette intelligence artificielle et motivé par quelle vision de monde? Non, ne posez surtout PAS cette question... Malgré leur mépris pour la science occidentale, le darwinisme reste utile aux postmodernes, car il leur est utile pour mettre à la porte le Casseur de Party céleste, soit le Dieu Souverain devant qui tous auront des comptes à rendre un jour au Jugement dernier. Naturellement, ce que les postmodernes DETESTENT par-dessus tout est le concept de jugement, car ce concept contredit violemment le fond de leur système de croyances, c'est-à-dire qu'il n'y a AUCUNE autorité au-dessus de l'individu (ni, et c'est TRES lourd de conséquences, au-dessus de l'État).
Mais pour la grande question des origines, il y a donc deux types de données qui remettent en question le discours évolutionniste.
1) Sur le plan philosophique, l'affirmation que l'évolution est “ scientifique ” ne tient pas la route lorsqu'on met de côté la propagande et on y regarde de près.
2) Sur le plan scientifique, il y a des tas de données aussi qui la contredisent.
Et si on est tenté par l'amalgame de l'évolutionnisme théiste proposé par Francis Colins et BioLogos, cela soulève la question du Dieu de l'évolution, un espèce de Créateur sadique, créant des espèces pour s'amuser et pour ensuite les biffer, et tout ça, au moyen d'un processus impitoyable et cruel. Et c'est ça le “ Bon Dieu ” ? Un athée réfléchissant à la question, le philosophe de la science David Hull, fit ces remarques très pertinentes sur le processus évolutif étiré sur des milliards d'années et sa compatibilité avec un Dieu d'amour (1992: 486) :
The problem that biological evolution poses for natural theologians is the sort of God that a darwinian version of evolution implies ... The evolutionary process is rife with happenstance, contingency, incredible waste, death, pain and horror... Whatever the God implied by evolutionary theory and the data of natural history may be like, He is not the Protestant God of waste not, want not. He is also not a loving God who cares about His productions. He is not even the awful God portrayed in the book of Job. The God of the Galápagos is careless, wasteful, indifferent, almost diabolical. He is certainly not the sort of God to whom anyone would be inclined to pray.
Ah le NOMA de SJ Gould, quel magnifique cadeau pour imbéciles... Parfois le non-chrétien voit tout à fait clairement ce que le théologien refuse de voir... L'anthropologue britannique Ernst Gellner fit ces commentaires mordants (1992: 4):
For instance, 'modernist' believers are untroubled by the incompatibility between the Book of Genesis and either Darwinism or modern astro-physics. They assume that the pronouncements, though seemingly about the same events the creation of the world and the origins of man - are really on quite different levels, or even, as some would have it, in altogether different languages, within distinct or separate kinds of 'discourse'. Generally speaking, the doctrines and moral demands of the faith are then turned into something which, properly interpreted, is in astonishingly little conflict with the secular wisdom of the age, or indeed with anything. This way lies peace - and doctrinal vacuity.
Sur le point 1), il faut noter d'abord qu'au 20e siècle les progrès en philosophie de la science ont réduit en ruines l'espoir des Lumières d'ériger (au moyen de la Science) une source de Vérité que l'on pourrait mettre en compétition avec la Bible ou le Koran, etc. Le philosophe de la science allemand Karl Popper a beaucoup contribué à anéantir ce type prétention des Lumières (en philo de la science, cela vise surtout ce qu'on appelle le “ positivisme ”), mais il a également attaqué le statut scientifique de l'évolution aussi. En particulier ces progrès ont exposé le fait que la science est un outil limité et qui ne peut PAS prétendre arriver à la vérité, à un absolu. Mais évidemment puisqu'en milieu francophone la pensée des Lumières a pénétrée TRES profondément toutes nos institutions, ces progrès de la philosophie de la science ont été ignorés par les “ savants ”, et sont donc inconnus du grand public. “ Business as usual ” avant tout. Seuls quelques érudits francophones en savent quelque chose et eux ils évitent de trop ébruiter. Cela explique à mon avis ce commentaire cynique (et vague) du physicien Jean-Marc Lévy-Leblond (1975: 41):
Les gens en général, bien qu'on leur enseigne certains des plus grossiers et des plus anciens résultats de la science, ont toujours eu peu ou pas de compréhension de ce qu'est réellement la science en tant que méthode. Cette ignorance a été perpétuée par tout l'enseignement primaire, secondaire, et même par l'importante partie de l'enseignement universitaire qui ne constitue pas une préparation à la recherche: la science y est enseignée dogmatiquement, comme une vérité révélée. Aussi, le pouvoir du mot “science” sur l'esprit du grand public est-il d'essence quasi mystique et certainement irrationnelle. La science est, pour le grand public et même pour beaucoup de scientifiques, comme une magie noire, et son autorité est à la fois indiscutable et incompréhensible. Ceci rend compte de certaines des caractéristiques du scientisme comme religion.
Évidemment, tant que l'héritage des Lumières domine dans nos médias et nos milieux universitaires, cette compréhension superficielle de la science restera au pouvoir. Que la science puisse être limitée au monde directement observable leur est intolérable. Cela rendrait le mythe d'origines matérialiste sujet de critiques et de comparaisons indésirables...
Et sur le point 2, il y a un tas de données empiriques qui ne cadrent pas avec la théorie de l'évolution. Des données de la biologie, où notre compréhension de la complexité du vivant s'accroît d'année en année. Si on dit que l'ADN est un code, alors logiquement cela pose la question du Concepteur de ce code. Mais évidemment c'est une question qui ne se pose pas... Les créationnistes ont été les premiers à souligner le problème que pose cette complexité pour l'évolution et depuis, les partisans du Dessein Intelligent ont poussé plus loin la question. Et il en est de même sur la question de l'âge de la Terre, sauf que là c'est une question que les gens du DI n'ont pas le courage d'aborder.
Blaise Pascal, que t'as mentionné dans un de tes couriels, était justement de cette génération de scientifiques chrétiens qui rejetaient clairement la pensée des Lumières. Dans ses Pensées, Pascal fit ce commentaire (1670/1960: 94):
Je ne puis pardonner à Descartes; il aurait bien voulu, dans toute sa philosophie, pouvoir se passer de Dieu; mais il n'a pu s'empêcher de lui faire donner une chiquenaude, pour mettre le monde en mouvement; après cela, il n'a plus que faire de Dieu.
L’apport du christianisme à la civilisation occidentale
Pensons à l’esclavage un moment. Du vivant de Christ, toutes les nations pratiquaient l’esclavage, un commerce dégueulasse, mais TRÈS rentable. L’Occident chrétien a mis 1800 ans pour l’éradiquer. Le monde islamique l’a toléré jusqu’au 20e siècle et l’aboli plus ou moins à contrecœur. En Occident un des intervenants antiesclavagistes les plus importants est l’évangélique William Wilberforce. On dit que si Wilberforce n’avait pas réussi à abolir l’esclavage dans l’Empire britannique vers 1800, alors cent ans plus tard l’influence chrétienne avait beaucoup décliné en Europe et ç’eut été impossible. Dans notre génération bon nombre de modernes et de postmodernes rejettent délibérément le concept que chaque homme a de la valeur, car fait à l’image de Dieu (imago dei). Dans notre génération, les mêmes qui ont promu le « droit à l’avortement » pourraient très bien un jour promouvoir le « droit à l’esclavage». C’est la même logique.
On a déjà noté le rôle joué par William Wilberforce dans l’abolition de l’esclavage, mais voyons un autre opposant (chrétien) à l'esclavage beaucoup plus ancien, soit Patrick d'Irlande, communément appelé St-Patrick. Patrick est né au 5e siècle en, ce qui est devenu par la suite, l'Angleterre, mais lorsqu'adolescent il a été kidnappé par des pirates irlandais et réduit en esclavage loin de chez lui. Pendant plusieurs années il dut s'occuper des porcs de son maître (et l'esclave négligeant pouvait être exécuté sommairement) et dans cet état il apprit à prier et s'appuyer sur Christ. Un jour il profite d'une opportunité pour s'enfuir et retourne chez les siens en Angleterre, mais lors d'une nuit de sommeil agitée, il a un songe avec des voix irlandais qui crient 'Viens marcher parmi nous à nouveau!' Ouais, faut le faire, retourner chez ceux qui vous ont réduit en esclavage et volé plusieurs années de sa vie??!! Ça se compare à une femme violée qui retourne dire 'bonjour' à son violeur... Assez incroyable.
Mais Patrick va d'abord se former en théologie en France et deviendra prêtre et RETOURNERA justement chez les Irlandais. Et ils se convertiront massivement et Patrick laissera une trace profonde sur l'histoire de ce pays, entre autres en fondant des monastères qui deviendront des centres pour la transmission des Écritures d'abord, mais avec le temps toute une littérature préchrétienne ainsi que les oeuvres des philosophes que les Irlandais ont sauvées du chaos de la chute de l'Empire romain. Plus tard ce sont justement ces Irlandais qui vont essaimer partout en Europe pour y fonder une longue liste de monastères et devenir les érudits qui vont enseigner les ces Européens devenus illettrés... Chose rigolo, puisque ces Irlandais ont établi leur christianisme loin de l'influence romaine, des historiens ont noté que sur le continent parfois ces moins irlandais ont envoyés promener évêques et papes romains. Ceci dit, le temps passe et ces Irlandais finissent par céder aux superstitions romaines, à toute la panoplie du panthéon païen 'christianisé' par les romans, du culte des saints, et les superstitions des reliques et de lieux sacrés, tout ça sans fondement dans les Évangiles (et emprunté au paganisme).
Ouais, mais quel lien entre Patrick et l’abolition de l’esclavage ? Voilà que dans sa lettre au roi Coroticus Patrick est l'une des premières personnes enregistrées dans l'histoire comme protestant contre l'esclavage, car Coroticus, un roi britannique prétendument chrétien, avait fait une razzia en Irlande et avait emmené des chrétiens irlandais convertis par Patrick pour les vendre comme esclaves. Dans sa lettre, Patrick a recommandé que Coroticus soit excommunié s'il ne rendait pas ces captifs irlandais. Tout cela nous amène à la conclusion que si la Renaissance, avec sa grande admiration pour les Grecs et les Romains païens, avait réussi à devenir la vision du monde dominante en Europe, déplacer/supplanter le christianisme et à fournir les bases de la civilisation occidentale, l'esclavage, au lieu d'être aujourd’hui une note de bas de page dans le passé de l'Occident, serait encore une réalité de la vie quotidienne au 21e siècle. Nous vivrions alors dans une société où le chauffeur de bus serait un esclave, l'employée de la crèche serait une esclave, la caissière de Wallmarts, l'enseignante d'école primaire et le conducteur du camion à ordures seraient tous des esclaves... Des marchandises à acheter et à vendre. Fort probable que l'on pourrait, sans problème, faire l'achat d'esclaves sur Amazon...
Ouais, tu vas me dire, tu oublies la contribution des “Lumières” à la civilisation Occidentale... Désolé, mais je suis très cynique sur la question… En fait les meilleures choses que l’on retrouve chez les dévots des Lumières, ils l’ont piqué au christianisme. Rappelez-vous Voltaire si entiché des Quakers! Rappelez-vous les francs-maçons comme Victor Schœlcher, autrefois pro-esclavagiste, lorsque le vent (social et politique) tourne en faveur de l’abolition de l'esclavage (après toute une vie de luttes par des chrétiens comme William Wilberforce), Schœlcher fera passer un décret en 1848 abolissant l’esclavage en France. Un bon moyen de se faire du capital politique sans frais… À ce sujet wiki note
En France, le 16 pluviôse an II (février 1794), la Convention vote l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises (ou ce qu'il en reste). Cette mesure sera abrogée par Napoléon Bonaparte le 20 mai 1802 sous l'influence, notamment, du traité d'Amiens. De retour de l'île d’Elbe en 1815, Napoléon décrète l'abolition de la traite des esclaves, qui aligne la France sur la décision que vient de prendre le congrès de Vienne. Sa résolution est confirmée par le traité de Paris le 20 novembre 1815. L'esclavage est aboli en 1833 en Angleterre et 1847 dans l'Empire ottoman ainsi que dans la colonie suédoise de Saint-Barthélemy. La France, elle attendra 1848, année qui voit Victor Schoelcher faire adopter, définitivement, le décret d'abolition pour ce qui concerne l'hexagone.
En 1865, les États-Unis promulguent le 13e amendement interdisant l'esclavage. La question de l'esclavage conduisit Abraham Lincoln à promettre son abolition s'il était élu. Son élection conduisit donc les États du Sud à demander la sécession. Celle-ci leur fut refusée (elle aurait en effet privé les caisses fédérales de l'essentiel de ses impôts), conduisant à la guerre civile. La guerre de Sécession qui en suivit sera la plus meurtrière de toute l'histoire de ce pays. Il a à noter que le Texas avait déjà fait sécession d'avec le Mexique quand celui-ci avait aboli un peu plus tôt l'esclavage lui aussi.
Bien que l’affranchissement d’esclaves soit une oeuvre charitable selon l’islam, les pays musulmans hésitent encore plus que les Européens à abolir l’esclavage : Albert Londres, dans Pêcheurs de perles, signale du trafic régulier d'esclaves en Arabie en 1925; les derniers pays du monde à ratifier l’abolition de l’esclavage sont l’Arabie saoudite en 1962 et la Mauritanie en 1981, mais avec un décret d'application toujours pas adopté en 2000.
Les fils des Lumières ont répandu la devise en France “Liberté, Égalité, Fraternité”, mais le hic, c'est que ce sont justement les anabaptistes qui on payé de leur sang pour obtenir la liberté religieuse, c'est-à-dire que l'État ne se mêle plus d'IMPOSER sa religion sur les individus. Ce sont donc ces protestants, et non pas les dévots des Lumières qui ont ouvert la voie vers la liberté de conscience religieuse, ce qui ouvrira plus tard la porte à la liberté d'expression, la liberté de conscience politique ce qui aboutira la fondation de partis politiques.
Question du mal
Ayant côtoyé beaucoup d'athées, je connais bien la chanson : puisque le mal existe, il ne peut donc y avoir de « bon Dieu ». Si de manière superficielle un matérialisme cohérent semble régler la question de l'origine de l'aliénation humaine, mais une fois arrivée à cette solution le matérialisme offre peu de choses pour se consoler dans la vie de tous les jours, et donner des raisons pour vivre, surtout lorsqu'il faut confronter une époque de noirceur. Dans le contexte post-darwinien, est-ce un hasard qu'Albert Camus pose cette question aussi impitoyable (1942: 99)?
Cela semble également le point de vue du mathématicien et athée britannique Bertrand Russell qui notait dans son autobiographie (2002 : 38) :
"There was a footpath leading across the fields to New Southgate, and I used to go there alone to watch the sunset and contemplate suicide. I did not, however, commit suicide, because I wished to know more of mathematics."
Mais quelle chance, Russell avait des capacités en mathématiques (et l'opportunité d'en faire quelque chose) pour donner sens à son existence... Mais si cette porte de sortie c'était fermée ?? Alors ??? Inévitablement tout ça se sont des questions TRES sérieuses. Mais au point de transition entre le moderne et les postmoderne, il y a non seulement l'abandon du concept de Vérité, mais il y a également un abandon de la Raison (et l'espoir d'atteindre la cohérence intellectuelle), telle que la concevaient les propagandistes de Lumières. C'est ce que le philosophe Francis Schaeffer appel la ligne du désespoir. Il le décrit ainsi (1968/1993: chap. 3)
Si on devait paraphraser l'écriteau placé au-dessus de l'entrée des enfers dans la Divine Comédie (1555) de Dante, on pourrait rendre cela de la manière suivante: «Vous qui entrez sous les systèmes de croyances modernes ou postmodernes, abandonnez toute espérance de cohérence éthique ou intellectuelle. » Pour le chrétien la question du mal et de l'aléination humaine se pose également. Mais pour le chrétien ayant bouffé le NOMA, cette question est insoluble. Le mieux qu'ils puissent offrir se sont des banalités pitoyables du genre : “ Ah, les voies de Dieu sont mystérieuses... ” Bof... Par contre, si on prend le récit de la Genèse au sérieux, on constate que le concept de la Chute est une réalité TRES empirique. En fait, la doctrine de la Chute est la doctrine la plus empirique de toute la Bible, car elle est confirmée TOUS les jours à la une des nos quotidiens où on nous met plein les yeux de catastrophes, guerres, scandales et meurtres crapuleux.
Et si tu as déjà vu un jour un proche étendu comme un quartier de viande (bien mis) dans un cercueil, toi aussi tu as été confronté à la réalité brutale d'un monde déchu... Je soupçonne que même le matérialiste le plus cohérent a une réaction de révolte devant cette réalité. Il y a quelque chose en nous qui crie : “ Ce n'est pas normal! ”. Ouais, parfois nos émotions comprennent mieux que notre raison la réalité de la Chute. Dans la vision biblique, la souffrance humaine est donc quelque chose de profondément anormal. La Mort est un intru dans la Création. Notre réaction au Mal est à mon avis une mesure de la distance parcourue entre la Perfection initiale et la réalité de notre monde déchu déglingué actuelle... L'état présent des choses n'était pas le plan initiale de Dieu. On voit traduite cette réalité dans le Nouveau Testament :
Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, - non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement. Et ce n'est pas elle seulement; mais nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps. (Rom. 8: 19-23)
Si le chrétien aussi subit les effets de ce monde déchu (parlez-en aux chrétiens de la Syrie, d'Iran ou d'Iraq ou de l'Afrique du Nord, enfin, ceux qui restent...), son espoir véritable n'est pas dans cette vie. L'apôtre Paul, qui avait amplement goûté aux diverses épreuves de la vie, disait ceci :
Or, si l'on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu'il n'y a point de résurrection des morts? S'il n'y a point de résurrection des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l'égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu'il a ressuscité Christ, tandis qu'il ne l'aurait pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point. Car si les morts ne ressuscitent point, Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés, et par conséquent aussi ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c'est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts. Car, puisque la mort est venue par un homme, c'est aussi par un homme qu'est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement. Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort. (1Cor. 15: 12-26)
Ou, si on exprime la chose d'une manière plus crue, si l'espoir du chrétien se limite à CE monde, alors le christianisme est la chose la plus imbécile qu'on ait inventée... Mais tandis que la doctrine de la Chute nous confronte avec le fait que nous ne sommes plus dans le Jardin d'Éden, il ajoute par ailleurs ce concept que tous détestent, c'est-à-dire que nous avons des comptes à rendre devant un Autre: Dieu le Créateur et que nous avons péché contre sa Loi et dans les faits nous sommes dignes de jugement. Mais chose curieuse, cette doctrine détestable éclaire un point important du Nouveau Testament. Lorsque les chrétiens disent que Dieu a prouvé son amour en faisant mourir Jésus de Nazareth sur une croix plusieurs peuvent avoir le réflexe : manière bien étrange de prouver son amour, en faisant mourir un homme ? Qu'est-ce que cette fantaisie ? Pourquoi ne pas tous nous envoyer un gâteau de fête plutôt ? À quoi c'est censé servir cette mort? Il y avait un objectif?
Mais pour comprendre la mort de Christ, il est essentiel de faire le lien entre la Chute et notre état devant Dieu. C'est là le problème central de la condition humaine. La Bible nous dis que dans notre état actuel, on mérite tous le jugement et l'Enfer. Ouais, je sais, on souhaite tous que Hitler, Staline ou Pol-Pot (ou ton politicien américain favori) subissent l'Enfer et paient pour leurs crimes, mais Dieu n'est pas un juge partial. TOUS sans exception doivent y passer, hommes et femmes. Pas question d'importer au Paradis, l'enfer dans nos cœurs (le mensonge, l'orgueil, etc.)... Dieu nous propose donc une porte de sortie à notre dilemme, au cul-de-sac de la condition humaine, car il a fait porter la punition que méritaient nos fautes sur son Fils. Et par ce moyen, on peut à nouveau accéder à la relation perdue avec notre Créateur et accéder à nouveau au Jardin. Mais auparavant, comme le fils prodigue de la parabole (Luc 15 : 11-32), nous devons tous, hommes et femmes, piler sur notre orgueil et reconnaître la justice de Dieu et confesser notre péché personnel. C'est également ce qu'a fait le bon larron sur la croix à côté de Jésus (Luc 23 : 39-43). C'est à partir de ce stade que Dieu nous propose une nouvelle vie, en réconciliation avec les hommes et avec Dieu, et après la mort, avec l'espoir (non factice) d'un monde meilleur. Contrairement au marxisme, la Révolution que propose Christ s'attaque donc au cœur humain, non pas aux institutions ou aux structures sociales.
Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. (Luc 17 : 20-21)
Et la révolution de Christ préserve la liberté humaine (il ne peut y avoir de contrainte) et lorsqu'elle touche des vies, elle produit des résultats palpables et empiriques comme le cas de Zachée, ce fonctionnaire malhonnête et parasitaire qui, un jour, a rencontré Jésus de Nazareth et qui a dit :
Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. (Luc 19: 8)
ˇViva la revolución !! Imagine des Jeff Bezos, Bill Gates (ou si tu préfères, des Donald Trump) qui passeraient par là ?? Mais ça ne change rien tant que ce n'est pas toi ou moi...
C'est ce que je te souhaite un jour.
Et tu lis encore ? Tu dois être quand même assez maso ? Enfin, je veux bien avouer avoir abusé (un peu/beaucoup) du clavier, mais on va s'entendre que c'est de ta faute. Il te suffisait d'éviter de soulever des questions aussi intéressantes... On est tous d'accord ?
Paul Gosselin
St-Augustin.
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"Never forget that only dead fish swim with the stream"
(Malcolm Muggeridge)
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Mais par distraction, possiblement une couple de documents chrétiens du 2e siècle ap. J-C (donc TRES loin de l'influence occidentale ou américaine) pourraient t'intéresser, soit l'Apologie d'Aristide le philosophe ou Octavius: Dialogue philosophique par Minucius Félix (197 ap. JC.). On les retrouve ici :
http://www.samizdat.qc.ca/cosmos/philo/PDFs/ApologiedAristide.pdf
http://www.samizdat.qc.ca/cosmos/philo/PDFs/Octavius_MF.pdf
Aristide fut un philosophe grec vivant à Athènes au 2e siècle après Jésus-Christ. Converti au christianisme à une époque de grandes persécutions, un jour l'empereur romain Hadrien, passe à Athènes (vers 125 ap. JC). Aristide en profite pour obtenir une audience (sinon lui communiquer un texte) pour expliquer et dissiper quelques préjugés greco-romains vis-à-vis le christianisme et défendre cette religion nouvelle. Dans ce texte, à l'égard des religions polythéistes dominant son époque, le ton d'Aristide est souvent sec et ironique.
Dans le cas du Octavius, il s'agit d'un dialogue philosophique mise en scène sur une plage. Ce texte permet de se faire une bonne idée de quelle manière les chrétiens de l'époque défendaient leurs convictions contre les religions polythéistes dominantes ainsi que face aux systèmes des philosophes. Et lorsque Minucius Félix fait parler le païen Cecilius, on voit étale des préjugés païens de l'époque qui font penser à la haine et le mépris du christianisme que l'on rencontre aujour'hui chez nos élites. Mais bon, certains préjugés antichrétiens de l'époque peuvent étonner. Qui savait qu'une des choses dont on accusait les chrétiens était d'adorer un homme à tête d'âne?? Sans blagues, mais Minucius Félix retourne l'accusation contre le païen de manière assez rigolote. Il faut avouer que Minucius Félix est à son meilleur lorsqu'il s'attaque au polythéisme, mais il est vrai qu'il n'a pas sa langue dans sa poche touchant les "grands" de la philosophie grecque.
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Touchant justement le parallèle informatique/génétique, on rencontre parfois des évolutionnistes qui vont jusqu'à nier que l'ADN soit vraiment un CODE (dont l'objectif est de servir à la transmission d'INSTRUCTIONS biochimiques). Êtes-vous de cet avis? Si oui, alors toute l'étude de la génétique (et même l'idée de thérapies génétiques) devient une futilité ou, dans le meilleur des cas, une activité complètement irrationnelle, voir un peu schizophrène...
Mais ça n'a rien de très étonnant que l'évolutionniste ne fasse pas le lien (tout à fait logique et empirique) entre l'existence d'un CODE génétique et la nécessité d'un Auteur de ce CODE, car s'il devait le faire, ne serait-ce pour un instant, les conséquences idéologiques seraient ÉNORMES. Mais lorsque les œillères matérialistes du darwiniste sont solidement en place, même des données empiriques contredisant violemment sa cosmologie ne posent aucun problème...
Le pionnier en recherches sur la théorie des communications, Claude Shannon nous a appris que lorsqu'il y a message, il y a nécessairement un transmetteur, un code , un canal de communication (ou medium) et un destinataire. Inévitablement cette observation s'applique à la génétique, car là il est manifeste que chaque nouvelle génération d'organismes devient le destinataire d'un message génétique et, quelque temps plus tard, deviendra, à son tour, le transmetteur de ce message. Mais pour expliquer l'existence du message et du code génétique lui-même, il faut remonter au début du processus et retrouver l'Auteur du message génétique (et de tous les mécanismes sur lesquels repose sa transmission).
Ouais, si les évolutionnistes ont résolument évité ces questions gênantes, les créationnistes ont tout de même fait quelques recherches. Entre autres on peut penser au livre Genetic Entropy and the Mystery of the Genome par le généticien américain John Sanford ou encore au livre In the Beginning Was Information par l'informaticien allemand, Werner Gitt. Dans ces livres on examine les processus naturels observés par les généticiens qui dégradent le génome et les problèmes que ces phénomènes posent pour la théorie de l'évolution.
Il est clair depuis la découverte de l'ADN que le monde biologique repose sur un code. Il ne faut pas sous-estimer les répercussions de cette découverte phénoménale. Cela ajoutait un niveau de complexité incroyable à même la cellule la plus simple... Si Louis Pasteur a rendu l'hypothèse de la génération spontanée irrecevable, la découverte du code génétique a rendu la situation des évolutionnistes bien plus invraisemblable encore. Il leur faut beaucoup de foi (matérialiste) pour persévérer...
La découverte du code génétique a par ailleurs à tel point désarçonné Francis Crick, un des codécouvreurs de l'ADN, qui a bien compris qu'il y avait si peu de chances que la vie ait pu naître sur terre de manière spontanée et de ce fait il a postulé plutôt que la vie a dû provenir ailleurs dans l'univers (théorie de la panspermie), là où les conditions étaient meilleures. Mais l'astronome britannique Fred Hoyle, qui a proposé une théorie semblable, était assez honnête pour admettre que cette hypothèse ne fait que repousser plus loin la question de l'origine de la vie et finalement il a dû se résigner de discuter de l'hypothèse d'un Créateur (mais pas le Dieu des chrétiens, car pour Hoyle, Dieu=Univers).
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Ouais, je sais certains vont penser que j'exagère (encore) en parlant d'Inquisition évolutionniste car il n'y a pas de bûchers, pas de guillotines. Je sais, mais il reste que le phénomène est malgré tout bien réel.
Il y a quelques années il y eut le cas de Raymond Damadian, inventeur du scanneur à résonance magnétique (IRM) exploité dans tous les grands hôpitaux. Normalement ayant été l'instrument d'une découverte aussi fondamentale, un scientifique peut s'attendre à un prix Nobel en médecine, mais Damadian a été “oublié”... Mais on seulement ça, on a filé le prix Nobel (de 2003, pour la même invention) à d'autres chercheurs qui n'ont fait qu'apporter des "améliorations" au IRM. Cet article de Sciences et actualité en parle un peu:
http://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/science-actualites/detail/news/prix-nobel-2003-lirm-a-lhonneur/?tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&cHash=2278dcabec774ebe083fabbcfa17667a
Commentant cet épisode, même le philosophe de la science (et évolutionniste) Michael Ruse a admis que la perspective créationniste jeune terre de Damadian a pu lui coûter le prix Nobel (évidemment l'article de sciences actualité ci-dessus n'aborde pas cette question...).
Mais, bon voici un cas plus récent, soit celui du paléontologue allemand Günter Bechly, qui pendant longtemps eut une page Wiki à son nom, mettant en valeur ses contributions scientifiques. Mais il a fait une gaffe "insupportable" pour les Inqusiteurs matérialistes, il a pris position pour de Dessein Intelligent. Le résultat? On lui a mis à la porte de son poste de curateur au Musée national d'histoire naturelle à Stuttgart, mais la "cerise sur le sundae"? Sa page Wiki fut biffée.
Darwinists Concede Wikipedia Erased Bechly for Coming Out in Favor of Intelligent Design. (David Klinghoffer - Evolution News - November 21, 2017, 4:31 PM)
Et oui, de manière TRES concrète, il y a un prix à payer pour la dissidence dans le débat sur les origines... Et si un critique de l'évolution n'as pas une position de carrière TRES sécure, alors ce sera d'autant plus facile de lui faire perdre son travail. En tout cas, les élites modernes et postmodernes ont TRES bien compris les enjeux idéologiques. Et non, il ne faut pas se faire des illusions, malgré leurs protestations, ce n'est PAS la science qui les intéresse...
[1] - Discutant de la difficulté qu'a Montaigne d'exposer le fond de sa pensée, l'éditeur des Essais, Gérard Allard note (1580/2015: 216):
Ce dernier point explique sans aucun doute poiurquoi, sans respecteur les douces lois de la sincérité naturelle, Montaigne caches les opinions qu'il a sans doute et la solidité de ses avis: ne se présentant comme un homme qui ne sait rien, qui n'a aucune autorité et que le lecteur «croira autant qu'il y verra d'apparence», il fait ce que doit, ce que peut, ce que veut l'éducateur comme il le voudrait; en jouant le fou, il libère chacun...
Allard fait aussi ces observations sur le projet (implicite et idéologique) de Montaigne (1580/2015: 217):
Dans le livre [Essais de Montaigne], on trouve la diversité temporelle des faits humains; mais aussi, mais surtout par le livre on, on fait l'expérience du jugement des plus grands êtres humains, car le livre est un stéthoscope de l'âme: en supposant, ce qui est probable, que l'éducateur ne soit parmi les plus grands, en supposant même qu'il n'ait pas la tête bien faite, par le livre, il mettra l'enfant en contact avec «ces grandes âmes des meilleurs siècles». Montaigne entend par cette expression les Anciens. Osons dire ce qu'il tait, les meilleurs siècles sont ceux qui ont précédé la chrétienté.
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