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Samizdat

La persévérance.



Paul Gosselin (2016)

Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit! (Rom 15: 13)

Il m’est arrivé d’imaginer parler devant un groupe d’ados dans une église évangélique et leur dire dans le blanc des yeux : « Si tu considères ceux et celles actuellement assis à de toi, as-tu déjà réfléchi qui d’entre eux suivront toujours fidèlement le Seigneur dans 10, 20, 30 ou 40 ans ? ». Moi j’ai déjà été ados (incroyable, je sais…) et converti à 18 ans, j’ai vu autour de moi dans les premiers temps bien des gars et des filles tout feu, tout flamme pour le Seigneur et assistant non seulement aux réunions d’église, lisant leur Bible, mais volontaires pour faire de l’évangélisation. Mais le temps passe et aujourd’hui, plus de 40 ans plus tard, il en reste très peu de ceux-là qui marchent encore sur le chemin étroit. Et puisque bien des prédicateurs Word-Faith leur ont mis en tête qu’ils avaient « le droit » d’être bénis dans la vie chrétienne, lorsque les coups durs et les épreuves sont arrivés ils ont laissé l’amertume entrer et grandir dans leur cœur et plusieurs se sont éloignés des voies du Seigneur.

Ouais c’est sûr que certains d’entre vous sont plus ou moins forts, plus ou moins intelligents, plus ou moins belles/beaux, plus ou moins riches, plus ou moins doués sur le plan familial. Mais tout ça, ce ne sont que des dons. Ils font partie des circonstances de la vie sur lesquels on n’a aucun contrôle. Pour ce qui est de nos dons ou talents, on n’a aucun mérite, bien que ce soit naturel de s’enorgueillir un tout petit peu de sa force, de sa beauté ou de son intelligence, mais c’est un peu idiot aussi, car ces dons viennent de la main de Dieu. Mais à la fin, ces choses ne changent rien à notre marche chrétienne. Dans les faits, sur la durée d’une vie, la marche chrétienne dépend de choses qui ne sont pas visibles, de choses enfouies au fond de nos cœurs, là où personne, sauf Dieu, ne voit.

La chose la plus importante, à mon avis, ce sont ces questions fondamentales : « As-tu vraiment reconnu que tu es pécheur et que tu as brisé la loi de Dieu ? Es-tu passé par là ? » Et pour éviter tout malentendu, je ne te demande pas si intellectuellement tu admets le « concept théologique » que les hommes sont tous pécheurs, mais si dans la vie réelle tu as pris conscience que tes mensonges, tes gestes ou tes attitudes ont brisé la loi de Dieu ? Et de là, as-tu fait quelques pas pour te repentir de ces choses en faisant des gestes concrets, comme par exemple confesser ta faute aux personnes concernées ou en remboursant un montant volé. C’est ce que la Bible appelle la restitution. Évidemment certaines choses ne peuvent être redressées ou restituées par un être humain. Si un adultère peut être pardonné par un cœur généreux, il reste que ce geste laissera des traces. Les choses ne pourront pas revenir tout à fait comme ils étaient auparavant[1]. Une femme qui a avorté son enfant ne peut le faire revivre et un homme qui a tué un autre homme ne peut le ramener des morts. Ces choses sont évidemment au-delà du pouvoir humain, mais même dans ces situations, l’Esprit de Dieu peut inspirer, à un cœur repentant, des gestes qui sauront apporter quelque réconciliation des cœurs. Mettre de côté le mensonge et honorer la vérité c’est honorer Celui qui a dit, « Je suis la voie, la vie et la Vérité ». Avec la confusion doctrinale qui affecte les milieux évangéliques actuels, pour bien des chrétiens le mot « repentance » ne représente guère autre chose que d’éprouver des sentiments de « tristesse ». Ça ne représente donc qu’un état émotif. En général, ça ne dépasse pas le spectacle, le téléroman… Mais la repentance selon le Nouveau Testament implique non seulement prendre conscience des torts spécifiques que l’on a faits (ce processus peut être accompagné ou non d’émotions de tristesse), mais de les confesser, c'est-à-dire les admettre d’abord à Dieu, ensuite aux personnes concernées, et aussi s’engager à faire des gestes concrets afin de redresser les choses et ceci dans le but d’effectuer une réconciliation entre personnes concernées et amener à maturité notre changement de coeur. À mon sens c’est bien ça ce que les Écritures appellent la Porte Étroite, mais bien des gens n’en veulent pas et cherchent un chemin moins exigeant, plus large, plus facile.

Si ces affirmations de la Parole ont peu de place dans « l’évangélisation » des évangéliques au 21e siècle, il reste que si on ouvre les yeux, on constate qu’on les retrouve du début du Nouveau Testament jusqu’à la fin[2]. Comme on peut le voir ici, si Jean-Baptiste prêchait la repentance, on peut voir clairement qu’aux yeux de Jean-Baptiste, la repentance devait être suivie de gestes concrets et changements de comportement.

«... la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il alla dans tout le pays des environs du Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés, selon ce qui est écrit dans le livre des paroles d’Ésaïe, le prophète: C’est la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées; Ce qui est tortueux sera redressé, et les chemins raboteux seront aplanis. Et toute chair verra le salut de Dieu. Il disait donc à ceux qui venaient en foule pour être baptisés par lui: Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. La foule l’interrogeait, disant: Que devons-nous donc faire? Il leur répondit: Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même. Il vint aussi des publicains pour être baptisés, et ils lui dirent: Maître, que devons-nous faire? Il leur répondit: N’exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. Des soldats aussi lui demandèrent: Et nous, que devons-nous faire? Il leur répondit: Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde. » (Luc 3: 2-14)

Et si Jean-Baptiste apparaissait aujourd’hui au milieu de nos églises évangéliques, que nous dirait-il ? Nous dirait-il : « Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes: Nous sommes Pentecôtistes, Baptistes, Méthodistes, Frères, Darbistes, Évangéliques, etc.! Car je vous déclare que…» ? Et dans le ministère de Christ, la parabole bien connue du Fils prodigue met en lumière ce que doit être un cœur repentant.

« Il dit encore: Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il se dit: Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils; traite-moi comme l’un de tes mercenaires. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit: Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. » (Luc 15: 11-24)

Si la repentance des disciples de Jean-Baptiste était parfois aiguillée par un conseil de Jean-Baptiste, ailleurs dans les Évangiles on rencontre des cas où la motivation ne nécessita pas d’intervention humaine, mais vient du cœur de l’individu repentant (sans doute inspirée par l’Esprit de Dieu). Voici un exemple :

« Jésus, étant entré dans Jéricho, traversait la ville. Et voici, un homme riche, appelé Zachée, chef des publicains, cherchait à voir qui était Jésus; mais il ne pouvait y parvenir, à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut en avant, et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là. Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit: Zachée, hâte-toi de descendre; car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison. Zachée se hâta de descendre, et le reçut avec joie. Voyant cela, tous murmuraient, et disaient: Il est allé loger chez un homme pécheur. Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple. Jésus lui dit: Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham. Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Luc 19: 1-10)

Rien dans l’Évangile ne suggère que Jésus ai soufflé à Zachée comment mettre en action sa repentance. J’en tire la leçon que dans les évangiles la repentance peut être automotivée ou encore initiée par le conseil d’un mentor sage. Les deux modes semblent légitimes. Ceci dit, si en relation de counseling, personne à personne, un conseil direct touchant un geste concret de repentance me semble tout à fait correct, bien que j’aurais quelques hésitations face au pasteur qui feraient des recommandations semblables devant une foule, mais il y a lieu de penser qu’il est arrivé que notre Seigneur ait fait une recommandation de ce genre au jeune homme riche et ce, devant plusieurs auditeurs (Matt 19 : 16-23).

En Jacques, on nous indique qu'une conversion sans fruits, sans changement de comportement, est sans valeur. Il note "Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile? (…) Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les œuvres est morte" (Jacques 2: 20, 26). Si un alcoolique ou une prostituée de la rue se convertit à Christ, nous aurons sans doute des attentes assez concrètes à leur égard concernant les fruits de la repentance. Par contre s'il s'agit d'un entrepreneur qui vole ses employés ou encore un employé vole son employeur ou un fonctionnaire qui ment au public qu'en sera-t-il ? Quelles seront nos attentes ? Samuel Hatzakortzian note à ce sujet (1983: 18):

« La repentance est le premier message que Dieu adressa à l'Église naissante, le jour de la Pentecôte, au travers du ministère de l'apôtre Pierre. C'est le premier pas à faire pour devenir chrétien. La vie chrétienne commence par une décision: celle de se repentir, de se détourner de notre péché, de notre vie égocentrique et rebelle, et de confesser Jésus-Christ comme Seigneur de notre vie. Beaucoup de prédications sont aujourd'hui superficielles; elles invitent les gens à venir à Christ sans mettre l'accent sur la repentance. Si nous amenons des âmes à Christ sans leur indiquer clairement le besoin d'une vraie repentance, celles-ci avorteront et seront privées d'une vie chrétienne joyeuse et victorieuse. Elles se verront donc incapables de grandir spirituellement. »

Si, toi qui lis ce texte, tu as fait quelques pas sur cette route alors tu as fait une excellente semence dans le jardin de ton cœur. Mais dans les églises évangéliques trop souvent des gens « jouent à la religion ». Ils commencent à fréquenter une église évangélique, ils ont « accepté Christ » (selon la formule) dans le but de surmonter une crise ou encore pour « trouver un sens à leur vie ». Évidemment devenir un disciple véritable de Christ donne effectivement un sens à sa vie, mais l’Évangile est avant tout une question morale ou légale plutôt qu’intellectuelle. Trouver un sens à sa vie est donc la conséquence naturelle d’une conversion véritable, mais ça ne commence pas là. Ces gens peuvent même lire leur Bible (peut être une fois dans leur vie…). Et s’ils ont appris à participer à la liturgie évangélique et se conformer à la culture évangélique, il faut se demander s’ils ont compris l’Évangile. Dieu seul sait, mais si toi qui lis ce texte, tu constates que c’est ton cas et que tu fréquentes ce groupe avant tout pour des motifs sociaux, c'est-à-dire pour passer une soirée « le fun » avec des copains et copines[3], alors il y a très peu de chances que tu sois encore un disciple fidèle de Christ dans 10, 20, ou 40 ans.

Évidemment vous pouvez me conter des salades au sujet de votre sincérité, ainsi qu’à votre pasteur et à vos copains, mais vous n’en conterez pas à Dieu. La parabole des vierges folles relatée par notre Seigneur peut comporter plusieurs interprétations, mais il me semble qu’elle nous avertit d’une chose TRÈS sérieuse, c'est-à-dire que ceux qui se contentent des apparences de la foi préparent leur propre jugement.

« Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient folles, et cinq sages. Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d’huile avec elles; mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l’huile dans des vases. Comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent et s’endormirent. Au milieu de la nuit, on cria: Voici l’époux, allez à sa rencontre! Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes. Les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. Les sages répondirent: Non; il n’y en aurait pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous. Mais il répondit: Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas. Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure. » (Matt 15: 1-13)

En somme, sur cette question tu ne peux pas te fier sur la foi (ou la repentance) de tes parents, sur la foi de ton meilleur ami/amie, ni même (éventuellement) sur la foi de ton conjoint. Cette chose doit se régler seul à seul devant Dieu. Il faut avoir soi-même fait entrer l’Évangile dans son cœur. Mais aujourd’hui même si tu reconnais ton péché, il est certain que Dieu t’offre son pardon et sa grâce. Il veut t’accueillir. Si dans ton cas tu ne veux pas faire ce pas, alors il faut savoir que ce Jour-là la foi des autres ne te sera d’aucun secours. Ce jour-là, devant le Créateur de l’univers et le Juste Juge, il n’y aura plus de triche, on ne pourra plus de place pour se cacher derrière de savants mensonges ou demi-vérités. Tout sera à découvert. Et il faudra faire face à la musique.

Tôt ou tard donc, la vie exposera à la lumière du jour ce qui est vraiment au fond du cœur. Il est vrai qu’au début de la vie chrétienne on souligne beaucoup l’importance de la lecture de la Bible, la prière et la communion fraternelle. Si toutes ces disciplines sont importantes (et mêmes nécessaires[4]) au développement de la vie chrétienne, à ceux-ci il faut joindre l’obéissance à la Parole sinon tu seras comme un arbre qui n’a que des racines très superficielles et qu’une tempête ordinaire pourra facilement déraciner. C’est d’ailleurs l’avertissement assez sec que nous fait Jacques dans son épître :

« Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel,et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel il était. Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’oeuvre, celui-là sera heureux dans son activité. » (Jac 1: 22-24)

Par ailleurs si on persévère dans la communion fraternelle, il ne faut pas se faire d’illusions, tôt ou tard notre orgueil sera blessé par des gestes ou attitudes d’autres chrétiens et il faudra accepter (sous une forme ou une autre) l’humiliation, sinon l’amertume finira par prendre racine dans nos cœurs et répandre sa destruction dans notre vie.


Le Tuckamore
L’été 2016 j’ai fait un voyage de vacances dans l’est du Canada, à Terre-Neuve et au Labrador. On y a vu des orignaux, des icebergs, un renard, des phoques se faisant griller sur une banquise, des nuits à presque 0°C, des coyotes et un harfang des neiges. L’environnement naturel de ce coin du Canada est assez dur. C’est un climat nordique et sur la côte on y voit souvent des icebergs flottant dans la mer. L’hiver est long, l’été très bref et, comme tout environnement marin, le vent souffle à peu près constamment sur les côtes et à l’automne et en hiver les vents peuvent devenir féroces[5]. Dans ces régions c’est là où la forêt boréale rencontre la toundra de l’arctique avec ses lichens (et ses moustiques – assez féroces aussi…).

Et le long des côtes de Terre-Neuve, on rencontre ce que les gens de la place appellent le tuckamore[6]. Il s’agit d’un écosystème dominé par les épinettes, sapins et d’autres arbustes chétifs. On retrouve des écosystèmes semblables également en milieu alpin. Dans cet environnement, le taux de croissance des arbres du tuckamore se voit diminué ou parfois complètement arrêté du côté des vents dominants. Il en résulte que les arbres, sculptés par le vent, ressemblent à un drapeau sur un mat avec des branches étirées d'un seul côté du tronc.

Voici un exemplaire assez beau d’arbre poussant dans cette zone :

tuckamore - Terre Neuve

Évidemment, le tuckamore ne fait rien de spectaculaire pour épater la galerie. Sa taille n’a rien d’impressionnant non plus. S’il atteint 2m, c’est beaucoup. On n’en fera jamais des bateaux, des maisons, des guitares ou des violons. Son progrès est à peu près imperceptible, mais tous les jours il se fortifie un peu et lorsque la tempête arrive il a déjà des racines solides.

Mais ceci dit, lorsque nos tempêtes surviennent le chrétien peut se sentir dépassé par les événements et parfois même dans une certaine confusion ou angoisse. Paul l’apôtre, le superhéros de la foi du Nouveau Testament, avouait simplement: « Nous ne voulons pas, en effet, vous laisser ignorer, frères, au sujet de la tribulation qui nous est survenue en Asie, que nous avons été excessivement accablés, au-delà de nos forces, de telle sorte que nous désespérions même de conserver la vie. Et nous regardions comme certain notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais de la placer en Dieu, qui ressuscite les morts. » (2Cor. 2: 8-9) Et oui, de tels jours peuvent survenir, mais même ces jours-là, Dieu est là aussi. Ainsi, si ces jours-là nous nous sentons désorientés et nous avons l’impression d’avoir perdu le contrôle, c’est assez normal, car notre force ne repose pas sur notre confiance en soi ou notre capacité de toujours contrôler nos circonstances. Notre force repose sur notre relation avec Dieu et sur notre confiance en Lui. D’ailleurs lorsque notre confiance en soi a été ébranlée, alors notre confiance en Dieu peut s’enraciner plus profondément. C’est ce qui nous tient et nous donne courage. Si l’idéologie dominante en Occident te dit « Tu viens de nulle part et ta destinée ultime est aussi le néant », les Écritures nous disent au contraire « Que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. » (Rom 8 : 28) Même dans un monde déchu comme le nôtre, le hasard n’existe pas.

Réfléchissant sur la marche chrétienne sur la longue durée Sébastien Theret offre des observations qui sont utiles autant pour le jeune chrétien que pour celui qui a fait plusieurs pas sur le sentier étroit (2009) :

La vie chrétienne est une course dont le départ est la Croix. Cependant, il ne s’agit pas d’une série de sprints où l’on se contente d’atteindre des buts à court terme. C’est bien plutôt un mélange de marathon et de course de relais. Un marathon parce que c’est une course de fond qui demande de la patience, de la persévérance, de l’endurance, à la grande différence que l’on n’arrive pas, spirituellement parlant, exténué ou même à l’agonie comme ce messager grec qui courut jusqu’à l’Aréopage d’Athènes au prix de sa vie. C’est la vie éternelle qui se trouve par-delà la ligne d’arrivée, et les forces nécessaires sont données à ceux qui comptent sur Dieu (Es 40.31). Qu’il est beau de voir des chrétiens courir sans s’arrêter, poursuivre sans se lasser, malgré le poids des ans (2 Cor 4.16), et achever ainsi la course (2 Tim 4.7). À la faveur de leur fidèle engagement, le témoin peut-être transmis à d’autres pour que l’étendard de la foi continue à flotter à la vue de tous. Il y a donc deux courses en une. Celle de chaque croyant, en étroite relation avec son Seigneur, et celle de l’Église au travers des temps. Comme les Saintes Écritures nous l’enseignent, nous ne devons pas perdre de vue ces deux aspects de notre parcours terrestre afin d’être de bons relayeurs de la foi, engagés dans la course qui est devant nous et que d’autres poursuivront jusqu’au retour de Jésus-Christ - pour qui et vers qui nous courrons avec patience.

Mais si les circonstances où grandit notre foi peuvent varier d’un individu à un autre, parfois comme un arbre perché à flanc de montagne, les racines de notre foi doivent parfois faire des efforts extrêmes pour percer le roc de notre situation. Dieu connaît la grande valeur de cette foi, même s’il arrive que les hommes ne la comprennent pas ou ne la reconnaissent pas. Dieu la voit.

Pour persévérer dans la foi chrétienne, tout comme le tuckamore, à tous les jours il faut approfondir imperceptiblement ses racines un peu plus loin dans le sol et affermir un peu plus ses branches. Au milieu de la tempête tout comme dans les jours paisibles et ensoleillés, nous devons nous enraciner un peu plus profondément dans la parole de Dieu. Et, chose curieuse, dans ses paraboles, notre Seigneur a souvent parlé de plantes. Le petit grain de sénevé qui devient un grand arbre, le cep et les branches, mais aussi de la bonne semence poussant de solides racines. Dans la version de la parabole du Semeur présentée dans Marc 4, on rencontre cet avertissement solennel «Les autres, pareillement, reçoivent la semence dans les endroits pierreux; quand ils entendent la parole, ils la reçoivent d’abord avec joie; mais ils n’ont pas de racine en eux-mêmes, ils manquent de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, ils y trouvent une occasion de chute. » (Marc 4 : 16-17) Ouais, les racines, ça ne paraît pas, mais s’ils ne sont PAS solides, ça ça paraît…

D’autre part, le chrétien doit faire une chose qui paraît rarement aux yeux des hommes, c'est-à-dire piler sur son orgueil et s’humilier devant le Sa Parole et laisser Dieu avoir le dernier mot sur nos rêves, nos projets, nos copains, notre sexualité, notre carrière et notre vie sociale. Un des dictons (un peu emmerdants) d’un de mes bons copains chrétiens lorsque je lui raconte mes difficultés et humiliations est : « Ah, c’est bon pour l’orgueil! »[7] Ouais, au fond, c’est vrai, mais c’est toujours plus facile à dire lorsqu’il s’agit des difficultés et humiliations des autres… Enfin. Mais fondamentalement, tout ça se réduit à une simple question : Est-ce que je crois vraiment que Dieu veut mon bien? Est-ce que je fais vraiment confiance à Dieu (ou est-ce que, malgré les apparences de la foi, à la fin je vais insister à régler ma vie, à ma manière, comme bon me semble) ? Oui, dans les motivations profondes du cœur, tout commence là…

Évidemment ceux qui n’acceptent pas d’humilier leur orgueil pourront pendant un certain temps « jouer le chrétien », mais le jour viendra où le prix à payer sera trop élevé et on ne les verra plus… Ils ont trouvé « autre chose » à faire. Et si on les exhorte à corriger le tir et à renoncer à un péché et mettre leur vie en règle avec la Parole de Dieu, ils trouveront toutes sortes de prétextes savants pour affirmer que leur cas est particulier et de ne pas vous écouter…

Et chez les chrétiens éduqués, parfois la question ne se pose pas tant sur le plan moral ou sexuel, mais sur le plan intellectuel[8]. Subissant la pression lors de leur formation universitaire ou encore de la part de collègues de travail, pour éviter le ridicule et l’ostracisme du scandale de la croix, ils choisissent le chemin plus facile, c'est-à-dire acceptent les compromis xyz touchant l’innerrance de la Parole ou encore sur la saine doctrine. Et pourtant, le Seigneur nous avertit solennellement : « Quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges. » (Marc 8 : 38). Pour tout chrétien dans une position d’influence, exerçant soit un métier de pasteur, prof de collège biblique ou encore prof d’université ou d’artiste chrétien ou encore l’étudiant aspirant à ces positions, ce verset soulève une question qui demande une réflexion très, très sérieuse[9]. Mais pour ces chrétiens ‘vierges folles’, les commandements de Dieu ainsi que les exigences de la saine doctrine leur sembleront trop étroits, trop légalistes, trop contraignants, trop idéalistes, trop vieux jeu, trop… Ils deviendront des chrétiens schizophrènes. « Bon chrétiens »le dimanche matin et possiblement fidèles à la prière et la lecture de la Bible, mais en milieu de travail ils raisonnent comme le ferait un païen. Et pour se donner bonne conscience, ils se racontent toutes sortes de petits mensonges avec un air de sincérité parfait, mais n’avoueront pas que certaines nuits ils ne dorment pas très tranquilles…

Mais si le tuckamore sait résister aux vents de la vie, c’est qu’il s’est solidement enraciné. Le vent ne l’a pas déplacé. Il est évident que le temps a laissé ses traces sur le tuckamore et si le vent a sculpté ses branches, le tuckamore en a perdu d’autres au passage des chasseurs (et à leur feu de camp), mais le tuckamore a néanmoins gardé la sève qui coule dans son tronc et ses branches. Malgré les vents froids de l’Atlantique, les nombreuses tempêtes, il est toujours là. Il produit toujours du fruit, il est toujours fidèle au poste. Et nous?

Autre point à noter, pour se protéger des effets du vent, les plantes du tuckamore forment souvent un réseau très solide d'arbres et d’arbustes chétifs et dont les branches deviennent tout à fait entrelacées. Pour se faire un chemin à travers du tuckamore, il faut de très grands efforts. Un bulldozer comme un orignal[10] peut y parvenir, mais à certains endroits les épinettes et sapins du tuckamore sont si solidement entrelacés qu’on peut même marcher dessus! Ouais, ce bois est très résistant et ne casse pas facilement. Et pour traverser un bosquet de tuckamore, il faut souvent ouvrir un chemin à la hache ou avec une scie à chaine[11]. Et lorsqu’il y a des ouvertures dans le tuckamore, cela permet aux animaux et aux hommes se réfugier du vent sous les branches des épinettes, dans un cadre qu’on aurait dit tiré d’un roman de Tolkien.

Tout ça me rappelle une parole de David « Oh! qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble! » (Ps 133: 1). Mais bon, il faut ajouter qu'il y a plusieurs manières de « demeurer ensemble ». Ce n’est pas essentiel de vivre dans la même maison ou de fonder une commune pour y goûter. Et, il faut avouer, d’un autre côté on peut voir parfois des gens partageant un même toit, mais qui ne « demeurent pas ensemble ». Sur le plan physique, ces individus sont entourés par d’autres, mais psychologiquement, ils vivent seuls, dans leur bulle (délimitée par LEURS intérêts)… Tout ça commence donc dans le cœur. Il en est de même pour le chrétien. Si vous franchissez les premières étapes de la vie chrétienne, vous verrez alors certaines personnes, aujourd'hui assis autour de vous, traverser les coups durs de la vie et persévérer. Vous verrez tranquillement ceux qui marchent fidèlement dans les voies du Seigneur et avec ceux-là vous pourrez prier les uns pour les autres et tisser des liens solides, durables, tout comme le tuckamore. Avec ceux-là, vous pourrez traverser les crises de la vie et également partager les joies.[12]

Encore un dernier point, évidemment s'il est très important de lire la Parole de Dieu et la méditer régulièrement, il est également important d'obéir à la Parole  tous les jours lorsque l'Esprit nous parle. Ainsi, comme le tuckamore, on pousse nos racines en profondeur. Et cette obéissance est essentielle, car on peut penser qu'il y aura de grands théologiens, connaissant beaucoup de choses sur la Bible et la tête pleine de versets, mais qui iront en enfer, car ils n'ont pas fait des pas dans l'obéissance, car pour eux la Bible ne constituait qu'un sujet d'intérêt intellectuel ainsi qu’un moyen de gagner sa vie.[13]


Conclusion
Je réalise que certains évangéliques pourront avoir l’impression que je suis "trop négatif" au sujet de la vie chrétienne, en parlant d'épreuves, de tentations, de choix difficiles et de coups durs, mais il faut se détromper. Oui ces choses font partie de la vie du chrétien dans un monde déchu tel que le nôtre. On n’est PAS au Paradis (jette un oeil à la une de n’importe quel journal pour t’en convaincre...)[14], mais si tu fais quelques pas derrière le fils prodigue en en revenant au Père et confessant ton péché, Dieu touchera votre coeur dans des moments de grâce et y mettra un feu, une passion qui fera battre ton coeur au même diapason que le Sien et qui te soutiendra sur les détours de la route de la vie. D’autres auront possiblement l’impression qu’avec tout ce que j’ai dit sur l’acquisition de disciplines de la vie chrétienne, que la vie chrétienne devient un truc uniquement pour « super-héros » (et les autres peuvent retourner chez eux). Mais ce n’est PAS le cas. La vie chrétienne n’est pas une question de « will-power » et de confiance en soi. Le chrétien n’est pas un « surhomme » du genre nietzschéen. Au contraire, ceux qui ont accepté l’humiliation de leur orgueil et qui nourrissent leur cœur de sa Parole rencontreront, ici et là sur la route, les consolations du souffle de l’Esprit ainsi que les consolations de la communion fraternelle. Christ est le bon berger de nos cœurs et il sait nous garder.

Voici quelques strophes d’un vieux cantique dont les paroles me trottent parfois en tête et que l’on pourrait appeler le « chant du tuckamore »[15].

Souffle sur moi Seigneur,
Remplis-moi de ta vie
Pour que je marche dans tes voies
Les yeux fixés sur Toi…


Un peu de tourisme? (images de Terre-Neuve)

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Notre vieil ami, le tuckamore
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Wreckhouse Terre-Neuve
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Les falaises, le tuckamore, le ruiseau et la mer...
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Le tuckamore et les lupins
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Cape St-George, sur la 'French Shore'
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La mer c'est la vie pour le pecheur
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Le vent est si fort que les chiottes doivent être dotées d'arc-boutants
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Le fjiord de West Brook Pond
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Le tuckamore, battu des vents
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St-Paul's, village de pêche typique
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Les sabots de la Vierge (Cypripedioideae)
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Une maison à la merci de la mer (Flower's Cove)
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L'hiver est rude, il FAUT du bois de chauffage...
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Les icebergs visitent souvent les côtes...
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À l'abri sous le tuckamore





Références

Bible Louis Second.

GOSSELIN, Paul (1979) Mythes d'origines et théorie de l'évolution.

GOSSELIN, Paul (2009) Fuite de l'Absolu : Observations cyniques sur l'Occident postmoderne. Volume II. Samizdat Ste-Foy xv - 574 p.

HAM, Ken; BEEMER, Britt (2009) Already Gone: Why Your Kids Will Quit Church and What You Can do to Stop It. New Leaf Publishing 176 p.s

HATZAKORTZIAN, Samuel (1983) S'épanouir en Christ. Éditions Compassion Challes-les-eaux 128 p.

LEWIS, C. S. (1949/1980) Learning in War-Time. dans le recueil The Weight of Glory and Other Addresses. MacMillan New York (Etext)

PLANTINGA, Alvin (1997) Advice to Christian Philosophers: (With a special preface for Christian thinkers from different disciplines) in Faith and Philosophy I, 3 (July, 1984)

SMITH, Warren Cole (2016) Christian higher ed on the anvil: Samuel “Dub” Oliver talks about the challenges of running a Christian college today. World mag

THERET, Sébastien (2009) Courons avec patience: Hébreux 12.1. Promesses no 167, janvier – mars

WINTERY KNIGHT (2016) J. Warner Wallace: different answers to the question - Why are you a Christian?




Notes

[1] - Et un tel geste aura inévitablement des conséquences sur les générations suivantes, comme ce fut le cas de l’adultère de David et Bathschéba (2Samuel 12 : 1-12 ; 2Samuel 16 : 21-22).

[2] - Pensez aux appels à la repentance adressés dans les lettres aux sept églises dans l’Apocalypse…. Et lorsqu’on examine les Écritures, à la fois dans l'Ancien et le Nouveau Testament, le réveil et la restauration du peuple de Dieu ont toujours passé par la prise de conscience de son péché et la repentance, c'est-à-dire des changements concrets d’attitudes et de comportements. Les prophètes disaient à ce sujet:

« Va, crie ces paroles vers le septentrion, et dis: Reviens, infidèle Israël! dit l'Éternel. Je ne jetterai pas sur vous un regard sévère; car je suis miséricordieux, dit l'Éternel, Je ne garde pas ma colère à toujours. Reconnais seulement ton iniquité, reconnais que tu as été infidèle à l'Éternel, ton Dieu, que tu as dirigé çà et là tes pas vers les dieux étrangers, Sous tout arbre vert, et que tu n'as pas écouté ma voix, dit l'Éternel. » (Jérémie 3: 12-13)

« Alors vous vous souviendrez de votre conduite qui était mauvaise, et de vos actions qui n'étaient pas bonnes; vous vous prendrez vous-mêmes en dégoût, à cause de vos iniquités et de vos abominations. Ce n'est pas à cause de vous que j'agis de la sorte, dit le Seigneur, l'Éternel, sachez-le! Ayez honte et rougissez de votre conduite, maison d'Israël! Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Le jour où je vous purifierai de toutes vos iniquités, je peuplerai les villes, et les ruines seront relevées; la terre dévastée sera cultivée, tandis qu'elle était déserte aux yeux de tous les passants; et l'on dira: Cette terre dévastée est devenue comme un jardin d'Éden; et ces villes ruinées, désertes et abattues, sont fortifiées et habitées. » (Ézéchiel 36: 31-35)

« Lorsque je dis au méchant: Tu mourras! - s'il revient de son péché et pratique la droiture et la justice, s'il rend le gage, s'il restitue ce qu'il a ravi, s'il suit les préceptes qui donnent la vie, sans commettre l'iniquité, il vivra, il ne mourra pas. Tous les péchés qu'il a commis seront oubliés; s'il pratique la droiture et la justice, il vivra. » (Ézéchiel 33: 14-16)

Mais évidemment l'évangile superficiel, sans repentance, qui domine actuellement chez les évangéliques, convient très bien aux hommes et femmes charnel(le)s et à ceux qui ont «la démangeaison d’entendre des choses agréables» (2Tim 4: 3)

[3] - Rien de mal à ça en soi évidemment.

[4] - Et il faut préciser aux jeunes chrétiens qui lisent ces lignes que plus tôt les disciplines de la lecture régulière de la Parole, la prière, et la communion fraternelle sont intégrées à ta vie, mieux ce sera et ces choses pourront prévenir toutes sortes de dérapages et de tentations (sexuelles, éthiques, morales, intellectuelles). Ouais, il est vrai que le mot discipline n'est pas marketing, mais à mon sens la motivation fondamentale pour acquérir ces disciplines est un cœur reconnaissant, un cœur qui chérit la grâce qui lui a été faite et, pour honorer Celui qui lui a fait cette grâce, veut marcher fidèlement dans la vie de tous les jours à la suite de son Sauveur.

Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. (1Jean 4: 19)

[5] - La région de Wreckhouse Terre-Neuve en particulier est connue pour ses vents féroces (en hiver et au printemps), parfois dépassant 200km/h et renversant autrefois des wagons de train et encore aujourd’hui (à chaque année) les remorques de camions lourds!

[6] - En Europe on utilise plutôt le terme « krummholz ».

[7] - Mais il ne m’a jamais expliqué comment il a appris cette leçon…

[8] - Le réflexe traditionnel de bon nombre d’évangéliques est de se méfier de la philosophie. Il faut avouer que ce réflexe n’est pas sans fondement, car ces évangéliques se rappellent possiblement de leurs connaissances quelque jeune personne brillante dont l'enthousiasme naissant pour les voies de Christ est mort prématurément lorsqu'ils se sont engagés dans une formation philosophique à l'université. Il faut prendre conscience qu'une grande partie de ce qui est enseigné dans les cours de philosophie (et aussi dans toutes les sciences sociales) est contraire aux Écritures, et personne ne devrait entreprendre à la légère des études dans un environnement aussi hostile pour la foi. Malgré tout, étudier en philosophie n’est pas interdit au chrétien, mais ce n’est PAS un truc pour naïfs, et il faut se préparer avec des lectures apologétiques solides, car ta foi sera attaquée. Par ailleurs, le chrétien éduqué devra trouver le courage de faire face à ces moments où il faudra choisir entre une foi cohérente et saine, et l’avancement dans sa carrière. Combien d’individus de cette génération d’évangéliques nord-américains si confortables auraient le courage de Schadrac, Méschac et Abed-Nego (Dan. 3) ? Il peut y avoir un prix à payer pour garder ta foi. Et plus on atteint des positions d’influence plus élevées, plus la pression sera forte (subtile ou pas subtile) pour se montrer raisonnable, c'est-à-dire accepter de faire des compromis dans ses convictions et raisonner comme le veut le monde… Et on observe que bon nombre d’évangéliques francophones éduqués qui trouvent acceptable et prudent (sans parler des subventions provenant de BioLogos) d’offrir une pincée d’encens au César de notre génération, soit au mythe d’origines matérialiste, la théorie de l’évolution. Ceci dit, la Bible n’exclut pas la philosophie, car justement le livre de l’Ecclésiastes est un livre profondément philosophique, examinant la vie humaine du point de vue strictement humain/matériel. Si on examine l’histoire de la pensée occidentale, il y a une longue tradition de philosophes chrétiens, mais à l’université très souvent vous n’en entendrez pas parler. Voici une liste sans doute incomplète : Aristide (2e s. ap. J-C), Tertullien, Origène (3e s.), Augustin d’Hippone, Boèce (5-6e s.), Blaise Pascal (17e s.), le français David Renaud Boullier (18e s.), C. S. Lewis, l'évangélique Francis Schaeffer, Alvin Plantinga, et William Lane Craig ont tous contribués (de diverses manières) au développement d’une philosophie chrétienne. C. S. Lewis, pour sa part, disait dans son article Learning in War-Time: « La philosophie saine doit exister, si ce n'est que parce qu'il doit y avoir une réponse à la philosophie malsaine. » Mais dans tous ces cas, il faut lire avec discernement et appliquer le conseil de l’Apôtre, « Examinez toutes choses; retenez ce qui est bon ». (1Th 5: 21) À ce titre, on peut penser à l’œuvre monumentale du philosophe du Moyen Âge, Thomas d’Aquin, qui à mon avis doit largement être écartée, n’ayant pas pris une distance critique suffisante face à la pensée grecque (et que, par moments, il a mis au même niveau que la Parole de Dieu). Le grand érudit qu’était l’apôtre Paul met les points sur les is touchant la fondation de la vie intellectuelle du chrétien :

Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Evangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine. Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, Et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse: nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. (1Cor 1: 17-29)

Et dans un autre épitre, l'apôtre ajoute (assez sèchement):

    «Que nul ne s’abuse lui-même: si quelqu’un parmi vous pense être sage selon ce siècle, qu’il devienne fou, afin de devenir sage. Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. Aussi est-il écrit: Il prend les sages dans leur ruse. Et encore: Le Seigneur connaît les pensées des sages, Il sait qu’elles sont vaines. Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes;» (1Cor 3: 18-21)

Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel (Prov 9:10)

[9] - Tout comme les versets qui suivent :

« Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’oeuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’oeuvre de chacun. Si l’oeuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’oeuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. » (1Cor 3: 11-15)

Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. (Jac. 3: 1)

[10] - Ou élan d’Amérique pour les cousins hexagonaux.

[11] - Ou scie mécanique, pour les cousins…

[12] - Mais bon, trouver des gens pour partager des moments de joie, ça ne pose jamais problème il faut dire… (Prov. 17 : 17; 18 : 24)

[13] - Mais ça c’est tout de même moins pire que ces prédicateurs qui ne hésitent pas d’exploiter le peuple de Dieu (toujours en alléguant que c’est pour le « Royaume de Dieu ») et qui sont prêts à tout lorsqu’ils ont besoin d’un bâtiment plus somptueux, d’une deuxième BMW ou encore un jet privé plus récent. À mon sens ces prédicateurs s’attirent un trésor de jugement tout comme les fils d’Héli (1Sam. 2 : 13-36), ces hommes qui méprisaient les offrandes du peuple de Dieu et les détournait à leur propre usage ou intérêts.

[14] - Touchant le monde présent, les Écritures nous disent de nous mettre en mode « pèlerin» (et non pas touriste). On est de passage, on n’est pas des résidents permanents.

« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2Cor. 4: 16-18)

« Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, » (Phl 3: 20),

« Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. » (Heb 13: 14)

[15] - Ce qui n’est pas le titre véritable de ce cantique évidemment…