« Il y a une poignée de fous, d'imbéciles ou d'habiles qui nous crient chaque matin : « Tuons les Juifs, mangeons les Juifs, massacrons, exterminons, retournons aux bûchers et aux dragonnades. […] Rien ne serait plus bête, si rien n'était plus abominable. » (Émile Zola, « Pour les Juifs [archive] », sur gallica.bnf.fr, Le Figaro, 16 mai 1896)
Paul Gosselin (14/2/2024)
Introduction
La note qui suit est un extrait d'un échange au sujet de la situation Israël-Hamas avec un antisioniste québécois, un gars doté de diplôme universitaire, un intello. Sur le plan idéologique, ce contact s'identifie à gauche, admirant des penseurs comme Noam Chomsky (juif antisioniste). À ce sujet, il m'avait demandé de lire un livre par un autre antisioniste juif américain. Ce qui fut fait, et suivi de mon compte rendu (en anglais) :
Goliath by Max Blumenthal: A Review. (Paul Gosselin - Samizdat)
De mon côté, je lui ai demandé de lire un livre par la journaliste américaine Joan Peters (From Time Immemorial) qui examine l'histoire négligée des juifs au Moyen-Orient avant la naissance d'Israël (sous les régimes islamiques) et examinant les origines de ceux qu'on appelle aujourd'hui les “ palestiniens ”.
Joan Peters' book From Time Immemorial: A Review. (Paul Gosselin - Samizdat)
Il ne semble pas que le livre de Peters ait été traduit en français. Pour ce qui est de l'échange avec l'antisioniste québécois, afin de protéger la vie privée de mon contact, je tais son identité (désormais Albert) et ses messages. Inévitablement ce qui suit ne peut que donner un aperçu partiel de l'échange. Mais puisque la perspective d'Albert est partagée par beaucoup de Québécois (et des grands médias francophones généralement), il m'a semblé utile de diffuser cette note.
En gros, mon contact a rejeté les thèses proposées par le livre de Peters comme ayant étant déjà démentis et réfutés par de nombreux experts universitaires. Mon contact a aussi discrédité Peters ainsi que son travail dans les archives coloniales britanniques (touchant la gestion britannique du Mandat palestinien, 1920-1948). Comme bien d'autres québécois éduqués, mon contact est d'avis que ceux qu'on appelle palestiniens sont les seuls habitants légitimes du territoire occupé par Israël. Ainsi, il considére que l'État d'Israël est illégitime et l'oppresseur des palestiniens...
Albert,
Plus ça change, plus c'est pareil.
J'avoue que mon premier réflexe après avoir lu ta note est de conclure que tu n'as pas lu une seule ligne de Peters, mais que tu as plutôt passé tout ton temps de lecture avec Google à dégotter des articles critiques de Peters et ériger ta réplique là-dessus. Et le fait que dans tes commentaires tu ne cites pas UNE seule fois le texte de Peters rend cette hypothèse plausible... Enfin, c'est juste toi qui sais ce qui est vrai. Mais à des fins de discussion, je vais supposer que t'as bien lu le livre de Peters d'un bout à l'autre. Il est curieux que tu t'identifies à la gauche, car après la Deuxième Guerre mondiale, la gauche appuyait ouvertement Israël (et bon nombre de dirigeants israëliens étaient de gauche), mais comme le note l'article de Tim Black, en 2024 il est manifeste que la gauche appuie plutôt les ennemis des Juifs.
Dans cet échange, il me semble nécessaire de signaler qu'à toutes les époques de tensions économiques ou politiques, les Juifs ont été les boucs émissaires commodes. Même avant l'arrivée du christianisme, dans le monde ancien, les juifs furent persécutés par les Romains, car leur refus de participer au culte de César (exigé de tous les pays soumis par Rome) était considéré antipatriotique et faisait d'eux des sujets insoumis. Au Moyen Âge, l'antisémitisme était religieux (parfois catholique, parfois protestante) et en 1930 l'antisémitisme s'est métamorphosé en “scientifique” et raciste (ou génétique), et en 2024, chez les progressistes comme toi, pour se donner “bonne conscience” leur antisémitisme a eu droit à un makeover. Il est désormais politique, caché derrière un souci de justice. C'est un bon alibi... Ainsi de leur avis ce n'est “pas pareil” à l'antisémitisme des nazis même si au bout du compte ce qui est pareil, c'est que ce sont toujours les juifs qui sont ciblés... Je suppose que tu ne pourrais jamais admettre que ta soif de “justice pour les palestiniens” n'est qu'un masque pour un antisémitisme inavoué... Mais, puisque depuis l'Holocauste, l'antisémitisme explicite n'est plus “cool” en Occident alors s'afficher “pro-palestinien” passe plus facilement. Pourquoi se soucier d'une cause politique si loin du Québec? À vrai dire ça me semble hypocrite, car de l'injustice il y en a partout. Les Arméniens opprimés et massacrés par les Turques, les chrétiens au Nigéria opprimés et massacrés par les musulmans, les Tibétains oppressés et colonisés par tes copains de gauche en Chine, et idem pour les Ouïghours musulmans en Chine. Dans tous ces cas, il y a injustice claire, mais je suppose qu'il est très commode (et naturel) pour un antisémite que lorsqu'un conflit touche des juifs d'appuyer les ennemis des juifs. Inévitable... Comme : « Après la pluie vient le beau temps »...
Ouais, je me doute que je te fais sauter au plafond. Tu dois te dire : « Comment oses-tu m'accuser d'antisémitisme ? Je n'ai jamais sorti un bat de baseball pour assommer un Juif, peinturé des swastikas sur une synagogue, cassé des vitres de commerces juives ou poussé un juif dans une chambre à gaz ! » Ouais, je suppose que si la seule image que tu as de l'antisémitisme est un agent de la Gestapo qui cogne à la porte d'une maison cherchant des juifs cachés dans l'Europe occupée pendant la Deuxième Guerre ou encore un officier SS poussant des Juifs dans une chambre à gaz, ça peut expliquer ton refus de considérer la question, mais si tu prenais la peine de lire un peu l'histoire des Juifs au cours des millénaires, tu verrais que l'antisémitisme a eu de multiples visages, certains religieux, certains politiques, d'autres séculiers et en 2024, d'autres visages encore... Dans les années 1930 il y avait vague très puissante de haine des Juifs. Lorsqu'une firme allemande proposa à JRR Tolkien une traduction allemande du Hobbit, on ajouta cette condition, c'est-à-dire préciser s'il avait des ancêtres ayriens. La question irrita Tolkien qui répliqua sèchement (1938)
"But if I am to understand that you are enquiring whether I am of Jewish origin, I can only reply that I regret that I appear to have no ancestors of that gifted people."
Un autre copain littéraire de Tolkien, soit CS Lewis, a exprimé son mépris pour l'hypocrisie et la haine d'Hitler envers les Juifs . Bien avant que l'horreur de l'Holocauste fut connu, dans une lettre à son ami Arthur Greeves (5 novembre1933), au moment où HIlter était au sommet de sa popularité, Lewis fit ces commentaires cinglantes (qui démolissent le mensonge du mème: "Hitler, bon chrétien")
...nothing can fully excuse the iniquity of Hitler's persecution of the Jews, or the absurdity of his theoretical position. Did you see that he said 'The Jews have made no contritution to human culture and in crushing them I am doing the will of the Lord.' Now as the whole idea of the 'Will of the Lord' is precisely what the world owes to the Jews, the blaspheming tyrant has just fixed his absurdity for all to see in a single sentence, and shown that he is as contemptible for his stupidity as he is detestable for his cruelty. For the German people as a whole we ought to have charity; but for dictators, 'Nordic' tyrants and so on-- well, read the chapter about Mr. Savage in the Regress and you have my views.
Si on accepte de faire le constat des multiples visages de la haine des Juifs, alors il faut se rendre compte que les écrits des racistes scientifiques universitaires au début du 20e siècle (qui sans doute n'ont jamais personnellement posé des gestes violents à l'égard d'un juif) ont ouvert la porte aux atrocités qui ont suivi pendant l'ère nazie. Ces atrocités n'auraient pas eu lieu sans l'apport de ces intellos, même si personnellement, ils n'ont jamais directement posé de geste violent à l'égard d'un juif... Ideas have consequences... D'autre part, la haine n'implique pas nécessairement des émotions fortes, des émotions d'agressivité. Il peut simplement prendre la forme du mépris et une acceptation tacite/inconsciente que la violation des droits des juifs est chose souhaitable et juste.
Pour une analyse approfondie de l'antisémitisme, je te recommande fortement la première partie (chapitres 1-4) de The Origins of Totalitarianism par Hannah Arendt (existe aussi en français), une politicologue de gauche comme toi. Mais bon, elle était juive aussi... Me permets-tu une brève parenthèse ? Ci-dessous, je crois que CS Lewis (copain de JRR Tolkien) rend assez bien compte du processus psychologique (et le langage progressiste) qui conditionne des individus éduqués à accepter une idéologie totalitaire (1982: 74-75) :
Under modern conditions any effective invitation to Hell will certainly appear in the guise of 'scientific planning'—as Hitler's regime in fact did. Every tyrant must begin by claiming to have what his victims respect and to give what they want. The majority [of people] in most modern countries respect science and want [government] to be planned. And, therefore, almost by definition, if any man or group wishes to enslave us it will of course describe itself as scientific planned democracy.
Mais revenons à ta haine des Juifs. Dans le cours de l'histoire, la haine des Juifs a toujours pris des formes diverses. En 1930 il est fort probable que tu aurais été un nazi ou sympathisant nazi, car il ne faut pas oublier que les nazis étaient les progressistes de leur époque. Pour préciser, ce concept de “ Progrès ” a ses racines dans la pensée des Lumières. Je sais TRÈS bien que tu ne t'identifies PAS comme nazi et n'aurais jamais même imaginé porter une croix gammée ou faire la promotion de Mein Kampf. Le problème n'est pas là. Mets donc de côté les émotions un instant et note que si tu te considères progressiste, tu as ce trait en commun le concept de Progrès avec les nazis, à ce détail près que chez les nazis ce concept était véhiculé sous un angle racial. Ainsi les races les plus avancées, les plus progressistes, devaient être favorisées et les autres défavorisées (sinon éliminées...). Le progressisme qui a cours maintenant (à la suite de Gramsci) est plutôt culturel. Autre détail, il ne faut pas oublier qu'au début du 20e siècle le racisme scientifique n'était PAS un truc marginal, mais le CONSENSUS de l'establishment scientifique et universitaire. C'était un truc progressiste. Et le progressisme nazi s'enracinait dans le mythe d'origines matérialiste (aussi connu comme la “Théorie de l'Évolution”).
Je suppose que tu es convaincu que ta haine des Juifs (je sais... tu préfères l'expression Pro-Palestien...) est juste et légitime, mais n'oublie pas que les nazis aussi croyaient que leur haine des Juifs était juste et légitime et allaient même jusqu'à dire que leur violence contre les Juifs était noble et pour le bien de l'humanité. D'autre part, les nazis croyaient fermement au mythe d'origines matérialiste, tout comme tu dois être croyant dans ce mythe (si tu as subi avec succès ton lavage de cerveau universitaire)... Ils étaient de la gauche comme toi, une gauche nationaliste c'est vrai, mais socialiste tout de même. [Nazisme = l'idéologie politique du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP)]. Mais la gauche actuelle préfère oublier de tels détails gênants... L'amnésie est parfois très utile et rentable. En 1943, aurais-tu applaudi les Allemands qui ont exterminé tous les habitants du ghetto juif de Varsovie?? Après tout (si on prend soin de restreindre notre attention au bon laps de temps) les Juifs ont tiré les premiers... En 2024 une stratégie (TRÈS efficace) des antisionistes pour discréditer Israël est de présenter tous ceux qui attaquent Israël comme des "victimes" (peu importe les circonstances). Ça marche à tout coup... Excellent comme marketing.
Mais non, essai toi pas de faire la passe “ Hitler était un bon chrétien ”... Je laisse le philosophe athée Albert Camus enterrer ce mème imbécile. Au sujet de l'exploitation rhétorique du concept de dieu par Hitler, Camus fit ce commentaire (1951: 228):
Quant à Hitler, sa religion avouée se juxtaposait sans une hésitation le Dieu-Providence et le Wallhall. Son dieu, en vérité, était un argument de meeting et une manière d'élever le débat à la fin de ses discours.
Par ailleurs, l'historien allemand K. D. Bracher révèle un point plutôt méconnu sur le régime nazi (1995: 516):
Jusqu'à la fin de leur règne, les dirigeants nationaux-socialistes virent un obstacle particulièrement gênant dans la résistance effective ou potentielle des Églises, dont 95% de la population allemande se reconnaissaient encore lors du recensement de 1940. Un des principaux objectifs du régime était de supprimer cet obstacle après la guerre.
Alors, si ce mème (“ Hitler, bon chrétien ”...) marche si bien c'est qu'il est très rassurant pour les progressistes de savoir que Hitler n'était PAS un des nôtres... À la fin, le mème “ Hitler était un bon chrétien ” n'est rien d'autre qu'une porte de sortie commode (un “ cop out ” comme diraient les Américains) pour les modernes et postmodernes qui refusent d'examiner les sources de la pensée de Hitler, c'est-à-dire trop près des leurs... Je sais, je te sors de ta “ zone de confort ”, mais c'est à des fins thérapeutiques...
Dans cette discussion, il faut noter que chaque système idéologico-religieux a ses particularités. Si le judaïsme et le christianisme comportent le concept de repentance, c'est-à-dire une remise en question sérieuse des attitudes et/ou comportements de l'individu (ou d'institutions sociales), les systèmes idéologico-religieux modernes ou postmodernes ne comportent PAS un tel concept. Il est vrai que la remise en question d'institutions sociales prend souvent des générations à porter des fruits. Mais c'est ainsi que dans l'Occident chrétien, l'esclavage fut aboli par des chrétiens comme William Wilberforce. J'ai d'ailleurs entendu dire que si Wilberforce n'avait pas réussi son coup à la fin du 18e siècle, plus tard lorsque l'influence chrétienne en Occident avait diminué, c'eut été impossible. Tout cela nous amène à la conclusion que si la Renaissance, avec sa grande admiration pour les Grecs et les Romains païens, avait réussi à devenir la vision du monde dominante en Europe, déplacer/supplanter le christianisme et à fournir les bases de la civilisation occidentale, l'esclavage, au lieu d'être aujourd'hui une note de bas de page du passé de l'Occident, serait encore une réalité de la vie quotidienne au 21e siècle. Nous vivrions alors dans une société où le chauffeur de bus qui passe devant chez toi serait un esclave, l'employée de la garderie/pouponnière serait une esclave, la caissière de Wallmarts, l'enseignante d'école primaire et le conducteur du camion à ordures seraient tous des esclaves... Des marchandises à acheter et à vendre. Fort probable que l'on pourrait, sans problème, faire l'achat d'esclaves sur Amazon... Et dans son Par-delà bien et mal Friedrich Nietzsche offre cette observation surprenante au sujet des répercussions politiques du christianisme APRÈS la Réforme (1886/2000:160):
§ 202 - Mais cette morale se défend de toutes ses forces contre cette possibilité, contre ce "doivent" : elle répète obstinément et inexorablement : "je suis la morale même, et rien d'autre n'est la morale !" – et avec l'aide d'une religion qui s'est montrée servile envers les désirs d'animal de troupeau les plus sublimes, et qui les a flattés, on est arrivé à trouver une expression toujours plus visible de cette morale jusque dans les institutions politiques et sociales : le mouvement démocratique constitue l'héritage du mouvement chrétien.
Mais un postmoderne cohérent refuse TOUJOURS une remise en question sérieuse ou admettre les conséquences de sa vision du monde. Ça explique un commentaire de ta part sur la Corée du Nord dans un de nos échanges. Même dans l'absence de régimes socialistes qui ont fait la démonstration de protéger la liberté individuelle tu fais carrément acte de foi qu'un socialisme à visage humain (protégeant la liberté individuelle) peut exister, même si l'histoire politique du 20e siècle le dément à chaque fois. C'est ce qu'on appelle une “ foi aveugle ”. À ce sujet, Jean-François Revel, ex-communiste français, avait des commentaires ascerbes (1976: 67)
Puisqu'il n'y a jamais eu aucun exemple de socialisme léniniste autre que totalitaire et bureaucratique, comment les doctrinaires peuvent-ils traiter avec autant de hauteur ceux qui font observer que les projets d'avenir concernant un socialisme de la liberté sont fort louables, mais ne sont que des projets d'avenir, et non pas une méthode éprouvée? La panacée du « socialisme à visage humain » a partout été pulvérisée avant même de naître. (Il est d'ailleurs navrant que l'acquisition d'un visage humain, vraiment la moindre des choses qu'on puisse attendre d'un régime qui veut libérer l'homme, ait fini par être présentée comme le problème de la quadrature du cercle du socialisme.) Si l'on est marxiste-léniniste, donc socialiste « scientifique », ne doit-on pas rechercher les causes de cet avortement périodique ? Dans les sciences, la loi n'est-elle pas ce qui est vérifié par toutes les expériences?' Ou bien les marxistes modernes entendent-ils procéder à une révolution épistémologique, une de plus, parmi toutes celles dont ils ont le secret, en introduisant ce concept neuf, cette définition innovatrice de la loi : la loi sera désormais ce qui n'est vérifié par aucune expérience ? Ne serait~il pas plus «scientifique » d'envisager, qu'on s'est trompé d'hypothèse de départ, qu'il n'existe pas de vocation démocratique inhérente au communisme ou, en d'autres termes, qu'il y a non point affinité mais incompatibilité entre les régimes communistes et ce que l'on entend, sans trop d'humour noir, par socialisme; ou, plus exactement, par projet socialiste, car si les régimes communistes sont des réalités bien tangibles, le socialisme n'est, n'a encore jamais été qu'un projet.
Et dans les cas où le socialisme n'a pas complètement bousillé les droits et la liberté, c'est seulement parce que dans ces (rares) cas, qu'on n'a pas éliminé sans merci tout vestige de convictions judéo-chrétiennes dans la société en question. Mais lorsque les socialistes procèdent à éliminer systématiquement toute compétition idéologique, alors le résultat est TRÈS prévisible et inévitable. C'est le Goulag ou le Laogai...
Ayant discuté avec d'autres du même avis que toi, je constate que ce genre d'antisémitisme est généralement transmis de génération en génération. Ton antisémitisme tu l'a bouffé en milieu familial? Ça te vient de ton père?? D'un oncle ou autre personnage significatif qui passaient des commentaires sur les “maudits juifs”? Réfléchie, quelle en est la source?? Qui te l'a inoculé? Tu n'es pas né comme ça... Ils t'ont fait quoi les Juifs personnellement pour que tu les détestes à ce point (du moins assez pour applaudir leurs ennemis)??
Tu n'es pas le premier gars de gauche m'exprimant une perspective semblable. Un autre contact de gauche m'a signalé que lorsqu'il est question du Moyen-Orient, il était inapproprié de parler d'antisémitisme, car une bonne part de ceux qu'on appelle “ palestiniens ” sont d'origine arabe et les Arabes sont sémites tout autant que les Juifs. Ce qui est juste (mais tenant compte aussi du fait que ce ne sont PAS tous les individus parlant la langue arabe qui sont Arabes sur le plan ethnique... Plusieurs “Palestiniens” sont donc d'origine syrienne, égyptienne, iranienne, etc...). Tenant compte de cette réalité, il me semble plus juste de parler simplement de “haine des Juifs” plutôt que “d'antisémitisme”. Ça offre moins d'ambigüité et ça va au coeur du problème... Et dans le contexte actuel où l'anti-sionisme est la forme dominante de haine des Juifs, puisque l'État d'Israël ne fait que regrouper/représenter les Juifs... C'est donc la cible parfaite...
D'abord, il faut noter qu'au Québec (et en France) l'antisémitisme a de profondes racines. En France, Louis de Funés a tenté d'aborder l'antisémitisme catholique via l'humour, avec son film Les Aventures de Rabbi Jacob (1973). Au Québec, le catholicisme aussi a nourri cette haine et méfiance (à ce sujet voir l'article par Gomes). Dans les années 1990 j'ai été sur un projet de recherche universitaire qui exigeait que j'épluche des revues de pédagogie québécoises des années 1930. Ce faisant j'ai découvert un article qui discutait ouvertement (et sans critique) d'un village au Saguenay qui avait pris la décision d'installer à l'entrée du village une grande pancarte affichant le message bienveillant "On ne veut pas de Juifs ici !". Pas très subtile hein? Mais il est clair que le passage au Québec séculier depuis la Révolution Tranquille (des années 1960) cette haine des Juifs n'est PAS disparue, mais s'est métamorphosée (à visage politique) et maintenue (voir amplifié).
Adrien Arcand, un fasciste antisémite bien de chez nous
C'est ce qui nous conduit au cas du fasciste québécois (et “führer canadien”) Adrien Arcand (1899-1965), un bon progressiste québécois, qui dans les années 1930 a tenté de démarrer un parti fasciste et antisémite au Canada. Et la cerise sur le Sunday, Arcand sympathisait avec le parti nazi de Hitler. Je gage que tu n'as jamais entendu parler de lui dans tes cours d'histoire? Même après avoir été interné pendant la Deuxième Guerre mondiale, Arcand n'avait pas changé d'avis et vendait toujours sa salade de la haine des juifs... Cet article du Devoir (2010) note à son sujet :
Arcand a des relations à l'extérieur du pays également. Il compte parmi ses admirateurs étrangers des hommes haut placés et influents. Nadeau, également directeur des pages culturelles du Devoir, consacre un chapitre à une visite à Montréal, jusqu'ici restée mystérieuse, de l'écrivain français Louis-Ferdinand Céline, un antisémite consommé.
Et ces gars sont tous des progressistes comme toi. À la même époque, au Canada anglais il y eut l'antisémite Goldwin Smith, autrefois l'idole de l'intelligentsia torontoise, qui fut le mentor de Mackenzie King. Plus tard, ce dernier devint le premier ministre du Canada qui rejeta en 1939 la demande d'asile des 900 réfugiés juifs allemands du navire le St Louis. Ces réfugiés furent tous retournés en Europe où la majorité mourut dans les camps de concentration nazis. On oublie facilement. Notre histoire n'est pas aussi pure qu'on pourrait vouloir le croire. Le Canada a donc fait sa contribution à l'Holocauste. En 2024 tout ce qui a changé est que la haine des Juifs dans cette génération est désormais plus subtile, un peu du moins honnête. Il s'agit plutôt d'un antisémitisme politique qui fait d'Israël, la poubelle dans laquelle on vide toutes ses frustrations. Ça c'est bien plus simple que de chercher la source véritable des problèmes dans cette partie du monde. Et une des expressions hypocrites de cet antisémitisme est, lorsqu'Israël se défends contres ses agresseurs de réclamer haut et fort un cessez-le-feu, mais lorsque les ennemies d'Israël l'attaquent, c'est le silence... Après tout, pas besoin de réclamer de cessez-le-feu quand tout va bien...
Note sur Adrien Arcand par le Musée du Montréal Juif
Le cul-de-sac de notre échange?
Je sais, on pourrait vite conclure que cet échange va nulle part et "We can agree that we don't agree", mais il est tout de même instructif et utile de savoir pourquoi on ne s'entend pas sur le conflit Hamas-Israël. Ce n'est que très superficiellement un “désaccord politique”, mais à vrai dire un désaccord plus fondamental, c'est-à-dire idéologico-religieux.
Moi je suis chrétien et toi postmoderne. En tant que chrétien je peux mettre sur la table mon texte sacré, la Bible. Je considère que c'est CE texte qui donne sens à la vie et explique la condition humaine. La majorité des systèmes de croyances idéologico-religieux ont un texte sacré. Chez les musulmans, il y a le Coran et les Hadiths, chez les Indus, le Veda et les Upanishads. Chez les bouddhistes, le Tripitaka et les Sutras. Chez les Taoists, il y a le Dao de Jing. Les idéologies modernes issues des Lumières ont maintenu cette tradition d'un texte sacré explicite. Les nazis par exemple ont Mein Kampf et les marxistes ont Le Capital et Le manifeste du parti communiste. Mais les postmodernes sont plus hypocrites et n'avouent aucun texte sacré explicite. Si tu ne peux pas me dire facilement (et sans réfléchir plus de 20 secondes) quel est ton texte sacré, c'est-à-dire le texte qui donne sens à TA vie et que tu considères VRAI et supérieur à tous les autres, alors tu es inévitablement un postmoderne. T'inquiètes, y'en a des millions d'autres occidentaux éduqués dans ce cas. Cela rappelle ces observations de la psychologue Dorothy Rowe (1982: 15)
Tony saw himself as a thinker and he wanted to share his thoughts with me, but even he found it difficult to reveal to me, and sometimes to himself, his basic beliefs, the structure which supported and surrounded him. We do not display our set of basic beliefs any more than we display our skeleton. Yet, just as our skeleton determines whether we spread our fine bones in the shape of a hand or a wing, whether we stand upright or pad along on all fours, so our beliefs determine whether we shall act upon the world with mastery, or soar freely and confidently through life, or stand upright against life's buffeting, or plod through life's weary ways. We do not state some of our beliefs, or even bring them to mind, since we regard them as totally obvious and axiomatic. We hide our beliefs from others to prevent them from laughing at our childish faiths, or belittling our deepest fears, or chiding our foolish optimism. Or simply not understanding what was being told.
Et si tous les systèmes de croyances modernes rejettent l'autorité de la Bible, ils ne rejettent tout de même pas le concept de Vérité (mais le placent dans “la Science”). Chez les postmodernes, on va plus loin et on rejette non seulement les prétentions de la vision du monde judéo-chrétienne, mais le concept même de la Vérité, même s'il s'agit d'une vérité basée sur la science... C'est ce qui fait qu'on les appelle postmodernes... Avancer une vérité basée sur la science ce serait de leur point de vue que du néo-colonialisme intellectuel, évidemment... Ainsi, si le postmodernisme est une réaction non seulement au système moderne, il est également la poursuite logique de la réaction moderne au système judéo-chrétien.
Chez les postmodernes, la seule vérité qui leur reste est l'individu, ses pulsions et ses désirs. Comme le dit le lieu commun, “ Chacun a sa vérité ”, mais sans se poser la question ce que vaut une vérité qui n'est vraie que pour un individu... Malgré leur mépris pour la science occidentale, le darwinisme reste utile aux postmodernes, car il leur est utile pour mettre à la porte le “Casseur de Party céleste”, soit le Dieu Souverain devant qui tous auront des comptes à rendre un jour au Jugement dernier. Naturellement, ce que le postmoderne DÉTESTE par-dessus tout est le concept de jugement, c'est-à-dire l'idée qu'il y a Quelqu'UN qui va me dicter, mon comportement moral, sexuel ou intellectuel. Évidemment le concept de jugement contredit violemment le fond du système de croyances postmoderne, c'est-à-dire qu'il n'y a AUCUNE autorité au-dessus de l'individu ni (et c'est TRÈS lourd de conséquences) au-dessus de l'État. Cela fait donc des postmodernes, les pions les plus serviles au service de l'État et de toute sa propagande. Ils n'ont AUCUN point de repère pour remettre en question ou critiquer l'État. Devant les abus de pouvoir de l'État, cela réduit le postmoderne comme toi, dans le meilleur des cas, à des réactions émotives “Je n'aime pas vos décrets”. Et l'État répliquera inévitablement: “On s'en fout complètement”. Et les universités produisent des masses de postmodernes. Pense aux vers de terre que tu as rencontrés dans le système de l'État québécois, ces vers de terre dont la conscience est dicté par leur chèque de paie et rien d'autre... Ce sont des postmodernes cohérents, serviles est manipulables. Tu n'a rien pour critiquer l'État, car sans VÉRITÉ, sans point de repère absolu, tu n'as que des émotions aléatoires...
Universités – institutions idéologiquement neutres?
J'avoue que ça me semble extraordinairement naïf que tu évoques les universités comme des “bastions de savoir neutre et objectif” (sur la question Israël/Hamas, ou tout autre...). Je pense qu'il faut voir les universités comme des institutions intrinsèquement idéologiques. Mais bon, si ton lavage de cerveau universitaire a été subi avec succès, sans doute qu'une telle affirmation te semblera incompréhensible voir inadmissible... Au 20e siècle, les universités ont été sous la coupe de systèmes idéologico-religieux modernes (issues des Lumières) et depuis, sous la coupe du système de croyances postmoderne. Pour te situer un peu plus sur ce concept, lis mon article
Quel est le système de croyances dominant au XXIe siècle?
Pour ce qui est de l'idéologie postmoderne, on fait donc face à un système de croyances qui REJETTE catégoriquement tout concept d'une loi morale au-dessus de l'individu. C'est au coeur de ce système de croyances. Même la science est remise en question/méprisée par les postmodernes les plus cohérents (car colonialisme du savoir occidental...). Tout ça nous conduit au cœur du conflit idéologique des universités avec Juifs. Puisque les Juifs sont porteurs de l'affirmation que tous, grands et petits, ont des comptes à rendre à leur Créateur, alors cela fait naturellement des universités les ennemis idéologiques des Juifs. Ainsi, du point de vue postmoderne, les Juifs sont donc des hérétiques intolérables... C'est ça le coeur véritable du problème. Ce conflit idéologique a été admirablement résumé à sa plus simple expression par l'historien irlandais Thomas Cahill disant (1998: 152-153)
A good case can be made that medieval anti-Hebraism and its modern offspring anti-Semitism are both forms of God-hatred, masquerading as self-justifying intolerance. The hatred of Christians for Jews may have its ultimate source in hatred of God, a hatred that the hater must carefully keep himself from knowing about. Why would one hate God? To find the answer we probably need look no further that the stark, unyielding Ten [Commandments].
Et si le commentaire de Cahill s'applique aux chrétiens du passé qui ont persécuté les juifs, cela s'applique plus encore aux élites postmodernes qui DÉTESTENT de manière absolue l'idée que nous devrons tous rendre des comptes devant le Grand Législateur. Mais comme le note Cahill, pour être tolérable, cette haine se fait hypocrite, devient subliminale, inconsciente... Après tout, tout en haïssant le Juif, en général on trouve utile de maintenir au moins l'illusion de se donner pour “ une bonne personne morale ”. Il y a des considérations marketing dont on doit tenir compte ...
Au sujet de ces Juifs que les postmodernes considèrent si intolérables, voici un extrait du livre Modern Fascism par l'historien Edward Veith (pp. 45-46), qui examine l'antisémitisme du littéraire fasciste américain Ezra Pound, mais, ce faisant, expose le conflit idéologique qui rend les Juifs (orthodoxes) si intolérables aux universités.
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Robert Casillo summarizes Pound's attack on the ethical heritage of monotheism.
[For Pound] another pernicious instrument of monotheistic tyranny is ethical absolutism or "code-worship" .. .. Unlike the flexible Greeks, [the Jews] follow rigid laws and formal procedures and a categorical set of moral standards (the Ten Commandments) which now have a wide if not universal application .... As monotheism severs man from Nature, so its categorical morality alienates man from his natural impulses. This is why Pound considers Judaism the religion par excellence of punishment and repression, of the "forbidden," of "taboo." Repeatedly he emphasizes the "brute disorder" of Jewish taboos and the Jews' responsibility for the "sadistic and masochistic tendencies" of Christianity.12.
Fascists preferred a relativized ethic based upon the claims of nature, the needs of the community, and the assertion of the human will. Such an ethic could override the categorical "Thou shalt not kill" The Holocaust could thus be permitted.
Monotheism furthermore worked against the idea that truth and moral values are relative. Pound complained that whereas polytheistic cultures were pluralistic, monotheism asserted one "universal truth" for everyone. He blamed Jewish monotheism for the West's "intolerance, monopoly, and uniformity." The irony of a fascist attacking intolerance becomes most grotesque in Mein Kampf. Hitler has been arguing that opposing positions must not be tolerated; he then backpedals, remembering the notion that intolerance comes from the Jews:
The objection may very well be raised that such phenomena in world history [the necessity of intolerance] arise for the most part from specifically Jewish modes of thought, in fact, that this type of intolerance and fanaticism positively embodies the Jewish nature. This may be a thousand times true; we may deeply regret this fact and establish with justifiable loathing that its appearance in the history of mankind is something that was previously alien to history- yet this does not alter the fact that this condition is with us today.
In other words, the Jews with their absolute morality invented intolerance; therefore, they shall not be tolerated.
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Voici un truc tiré de mon champ d'études, l'anthropologie sociale (champ d'études fondé par des progressistes/dévots des Lumières). Avant la Deuxième Guerre mondiale, presque tous les anthropologues étaient racistes et eugénistes, car il y avait une abondance de chercheurs prônant le racisme scientifique. À la source de ce courant de pensée, Francis Galton, cousin de Charles Darwin, a fondé ce système de croyances raciste (enveloppé de l'aura de la science...). Ainsi le racisme scientifique était le truc progressiste de l'époque, car il était naturel de favoriser les races plus avancées ou évoluées et étouffer ou éliminer les races moins évoluées. Et après que les horreurs de l'Holocauste furent connues du grand public, alors tous ces mêmes anthropologues ont gardé leurs postes de profs universitaires et sont devenus (sans remords de conscience...) partisans de la Déclaration universelle des droits de l'homme et chantaient tous en cœur “On est tous frères!” Ouais, bandes d'hypocrites...
Les historiens se sont parfois demandé comment une culture aussi raffinée et avancée que celle de l'Allemagne sur le plan artistique, scientifique et intellectuel ait collaboré si facilement et si activement au sadisme de l'idéologie et de l'État nazi. Une éducation moderne n'est-elle pas une barrière efficace au totalitarisme ? Au sujet de l'ouverture des universités à la haine des Juifs (et au totalitarisme), le biologiste Pierre-Paul Grassé nous fait cette leçon d'histoire (1980: 44):
"Après le triomphe du national-socialisme, la science allemande apporta massivement sa caution inconditionnelle au Führer. Anthropologistes, généticiens, économistes, légistes, avec zèle, se mirent au service de leur nouveau maître. [Grassé ajoute, en note en bas de page [2] – PG]: L'appui des intellectuels allemands à leur Führer fut massif. Lors du référendum de 1933, les déclarations de professeurs appartenant à des universités (non à toutes) furent réunies en un volume. Parmi les auteurs de ces textes, on relève le nom du célèbre philosophe Martin Heidegger, ce qui est à la fois surprenant étant donné l'idéalisme qui imprègne son œuvre et révélateur de l'état d'esprit qui donna la victoire à Hitler."
Ouais, et ce même Heidegger que Grassé mentionne est toujours vu comme un intellectuel cool dans nos universités... Il est toujours étudié... Il a toujours de l'influence (en particulier chez les philosophes postmodernes). On ferme les yeux sur ses liens avec le nazisme. Tout est oublié... Interviewé en 1940 Einstein observait ce qui suit au sujet de la servilité des universités lors de la montée du nazisme en Allemagne (Anonymous 1940):
Being a lover of freedom, when the (Nazi) revolution came, I looked to the universities to defend it, knowing that they had always boasted of their devotion to the cause of truth; but no, the universities were immediately silenced. Then I looked to the great editors of the newspapers, whose flaming editorials in days gone by had proclaimed their love of freedom; but they, like the universities, were silenced in a few short weeks.... Only the Church stood squarely across the path of Hitler's campaign for suppressing truth. I never had any special interest in the Church before, but now I feel a great affection and admiration for it because the Church alone has had the courage and persistence to stand for intellectual and moral freedom. I am forced to confess that what I once despised I now praise unreservedly. (p. 38)
Au sujet de la pénétration de l'idéologie nazi chez les intellectuels allemands, le juriste et historien britannique Robert Cecil remarquait (1972: 69):
Le caractère germanique primordial [du nazisme] fut dérivé en partie d'un nationalisme allemand exagéré et en partie d'une adaptation particulièrement perverse du darwinisme social. Des hommes tels que Lagarde et Moeller V.D. Bruck, qui pouvaient se vanter encore moins que H. S. Chamberlain de leurs connaissances scientifiques, avaient appliqué aux êtres humains, de manière grossière, l'hypothèse de la lutte pour la survie. Et de là, par le biais d'analogies, on avait considéré les nations et les races comme soumises aux mêmes lois inexorables. Là où Nietzsche[1] avait rejeté cette perversion du concept darwinien original, les esprits superficiels l'avaient appliqué au-delà de toute raison en divisant, de manière arbitraire, les nations entre celles qui sont encore jeunes, vigoureuses et destinées à survivre et celles qui sont vieilles, repues et condamnées au déclin. L'écrivain géopolitique Karl Haushofter, admiré par Hess, était profondément infecté par ce virus. Inutile d'ajouter que l'Allemagne fut classée dans la première catégorie, la Grande-Bretagne et la France dans la seconde. Le statut de la Russie pouvait varier : Moeller v.d. Bruck et Haushofer la mettent entre parenthèses avec l'Allemagne ; Rosenberg considère la Russie comme en déclin, en raison des influences judéo-bolchevistes.*
Toujours au sujet des universités sous les nazis, un ouvrage du scientifique américain Jerry Bergman signale que la majorité des intervenants à la conférence de 1942 à Wannsee (qui mit en marche la Solution Finale, programme d'extermination nazi des juifs européens) étaient des diplômés universitaires...
It was not until January 20, 1942 that 15 high-ranking Nazi Party and German government officials gathered in the Berlin suburb of Wannsee at the invitation of Reinhard Heydrich to discuss, and coordinate, the implementation of what they called the “Final Solution of the Jewish Question.” [Whitman, 2017, pp. 48–49.] Of the 15 persons who attended, eight held academic doctorates. [Roseman, 2002.]
Eh oui, il faut faire face au fait que le concept de la Solution Finale a été pondu par des progressistes universitaires comme toi et non pas par des théologiens ou du clergé et que les sentiments antisémites les plus violents ont trouvé une place (confortable) dans les universités. Et en 2024, pourquoi serait-ce différent??
Dans son essai Grammaires de la création, le critique littéraire George Steiner (et Juif séculier) réfléchit sur les causes de l'Holocauste et admet à contrecoeur que le milieu progressiste/Lumières a posé aucun obstacle à la Solution Finale (2001: 12-13) :
Il y a eu dans le passé de hideux épisodes de peste, de famine et de carnage. L'effondrement de l'humanité au 20e siècle recèle cependant des énigmes spécifiques Il n'est le fait ni de cavaliers des steppes ni de barbares se pressant aux portes. Le nazisme, le fascisme, le stalinisme (même si les choses sont plus opaques dans ce dernier cas) sont nés de l'intérieur, du contexte, du théâtre et des instruments socio-administratifs des hauts lieux de la civilisation, de l'éducation, du progrès scientifique et de l'humanisme chrétien [ha ! c'est-à-dire un christianisme assujetti aux Lumières... - PG] ou de celui des Lumières. (...) Pour le libéralisme et le positivisme scientifique du XIXe siècle, il était naturel d'espérer que l'essor de la scolarisation, du savoir scientifique et technique et de ses rendements, de la libre circulation et des contacts entre les communautés se solderait par une amélioration régulière de la civilité, de la tolérance politique et des pratiques économiques tant publiques que privées. Chacun de ses axiomes de l'espoir raisonné s'est révélé faux. Non seulement l'éducation s'est avérée incapable de rendre la sensibilité et la cognition résistants à la déraison meurtrière, mais il y a bien plus dérangeant. Tout l'indique: le raffinement intellectuel, la virtuosité et l'appréciation artistiques, l'éminence scientifique collaborent volontiers et activement avec les impératifs totalitaires ou, au mieux, demeurent indifférents au sadisme environnant. Les concerts magnifiques, les expositions des grands musées, la publication de livres savants, la poursuite de recherches universitaires tant scientifiques qu'humanistes, fleurissent à proximité des camps de la mort. L'ingéniosité technocratique répondra à l'appel de l'inhumain ou restera neutre. L'icône de notre temps est la préservation d'un arbre cher à Goethe au seuil d'un camp de concentration.
Toujours au sujet du nazisme, l'historien allemand Karl Dietrich Bracher décrit le processus par lequel le racisme scientifique (incluant l'antisémitisme) a pénétré les milieux intellectuels progressistes (tant en Europe qu'en Amérique) au 19e siècle et, par ricochet, les milieux populaires au début du 20e siècle (1969/1995: 35)
L'antisémitisme moderne, qui allait devenir la principale composante du national-socialisme, s'est lui aussi développé dans le contexte de ces mutations politiques et sociales et de leurs fondements idéologiques. Presque partout en Europe, le racisme devint un constituant du nationalisme: la xénophobie sert de diversion lorsque les difficultés s'accumulent à l'intérieur ou à l'extérieur. Le pas décisif fut franchi peu après le milieu du XIX' siècle [L'Origine des espèces publié en 1859... - PG], lorsque la haine traditionnelle des Juifs, à base religieuse, commença à se transformer en un antisémitisme socio-politique et biologique. En Allemagne, ce nouvel antisémitisme se répandit rapidement grâce aux écrits du journaliste raté Wilhelm Marr et du philosophe Eugen Duhring, qui exposaient à l'aide d'arguments pseudo-scientifiques les thèses et les mobiles ainsi que les conséquences d'un antisémitisme “ biologique " moderne, en réclamant des lois d'exception contre les Juifs, voire leur déportation.
La même époque vit apparaître, sous l'influence de la théorie darwinienne de l'évolution, un " socio-darwinisme ". Se référant aux récentes découvertes sur les lois naturelles de l'évolution et de la sélection, les tenants de ce "darwinisme social " érigèrent en postulat la “ lutte pour l'existence " et le " droit du plus fort ", comme bases de la vie en société. Avec le triomphe des sciences modernes de la nature, l'histoire et le destin des peuples apparaissaient eux aussi comme des processus biologiques: la qualité et le degré d'avancement des peuples et des races décidaient, comme dans la nature, de la sélection, de la survie, de la victoire d'une population sur une autre.
La seconde moitié du XIXe siècle a pu être qualifiée d'ère darwiniste. Otto Ammon, Georges Vachet de Lapouge, Madison Grant, ainsi que, dans ses premières œuvres, l'important sociologue Ludwig Gumplowicz, tentèrent, tout en aboutissant d'ailleurs à des conclusions fort différentes d'appliquer les récentes découvertes de la biologie à la sphère socio-historique. Tandis que Gumplowicz abandonnait cette voie, un de ses disciples, Ludwig Woltmann, devait élaborer une forme extrême du socio-darwinisme, qui fut reprise par l'idéologie nationale socialiste.
Depuis l'attaque de Hamas contre des civiles israéliens le 7 octobre 2023, les grandes universités américaines ont fait non seulement la démonstration que la haine des Juifs est bien vivante sur leurs campus, mais que la direction de ces universités était bien disposé à tolérer (sans réprimande ou sanction) les appels à la mort des Juifs sur leurs campus. Dans un article publié en 2005, Dennis Prager faisait le constat d'un nouveau genre d'antisémitisme répandu dans les universités américaines. Se citant lui-même plus tard, il explique le phénomène de l'antisémitisme (métamorphosé en antisionisme) en milieu universitaire et expose le cœur du concept profondément hypocrite d'antisionisme (2024)
“Universities have become society's primary breeding ground for hatred of Israel. This hatred is often so intense that the college campus has become a haven for people who use anti-Zionism to mask their anti-Semitism. Moreover, anti-Zionism itself is a form of antisemitism, even if some Jews share it. Why? Because anti-Zionism is not simply criticism of Israel, which is as legitimate as criticism of any country. Anti-Zionism means that Israel as a Jewish state has no right to exist. And when a person argues that only one country in the world is unworthy of existence — and that happens to be the one Jewish country in the world — one is engaged in antisemitism, whether personally antisemitic or not.
Suite au commentaire de Prager, j'ajouterais que même si les deux sont détestables, je préfère la haine explicite des Juifs chez les nazis à la haine hypocrite/implicite des Juifs exprimée par les progressistes postmodernes... Le journaliste américain Douglas Anthony Cooper note (2011) que dans les années 1960 le pasteur Martin Luther King avait très bien compris la chose et lors d'un souper apostropha un invité en disant :
"When people criticize Zionists, they mean Jews. You're talking anti-Semitism."
Quelques exemples de haine des Juifs en milieu universitaire en 2023-24 (ou chez les partis de gauche traditionnel).
Genocide and Jews at Harvard The double standards and triple speak that have overrun elite academia showed their truest colors yesterday; and the firestorm that has followed may actually matter. ((Alex Berenson - Unreported Truths - 7/12/2023)
Pourquoi la gauche caviar universitaire américiane tolère les appels au génocide d'Israël. (P.-E. Ford - Contrepoints - 21/12/2023)
Jewish Students Sue Harvard For Failing to Stop Anti-Semitism While Threatening Discipline For Fatphobia. (Daily Wire)
Board Chair Penny Pritzker dodges questions on Harvard's anti-Semitism problem. (Rebel News)
Harvard Slapped With Congressional Subpoena Over "Failure To Satisfy" Antisemitism Probe. (Tyler Durden - Zero Hedge - 16/2/2024)
Starmer Faces Pressure to Investigate Five More MPs and Candidates Over Antisemitism. (Nick Gutteridge; Genevieve Holl-Allen; Dominic Penna; Amy Gibbons/The Telegraph - Will Jones/ Daily Sceptic - 14/2/2024) -> antisémitisme de la gauche (Labour Party) en Angleterre...
Berkeley Administrators Have Offered No Apology to Israeli Speaker Accosted by Anti-Semitic Mob Ran Bar-Yoshafat invited to speak to a campus Jewish group. (Susannah Luthi - The Washington Free Beacon - 1/3/2024)
Liberal Jews sit silent as fellow Jews are pogromed by the left's nasty little "POC" pets… (Revolver - 4/3/2024)
I Used to Run Columbia's Pro-Israel Group. This Anti-Semitism Is Nothing New. (Michael Shapiro - DailyWire - 22/4/2024)
It's Beginning to Look a Lot Like 1938: "The environment at Columbia University is absolutely dreadful." (Deroy Murdock - The American Spectator - 23/4/2024)
How anti-Semitism became a virtue on American campuses: The anti-Israel camps taking over elite universities are a physical manifestation of the DEI agenda. (Joanna Williams - Spiked - 25/4/2024)
After harrowing escape, survivor of Oct. 7 Hamas attacks faces death threats and doxxing in US Sanandaji said on the "Just the News, No Noise" TV show that her phone number was posted on a website, which led to threats. (Charlotte Hazard - Just the News - 28/4/2024)
La faculté de haïr: Les universités sont devenues le terrain de jeux des manipulateurs d'esprits et le champ de bataille favori des Frères musulmans qui en gagnent le contrôle à coup d'argent. (Raphaël Jerusalmy - I24News - 2/5/2024)
The myth of Saint Corbyn: Hamas' pogrom on 7 October should have shattered his phoney moral authority for good. (Tom Slater - Spiked - 27/5/2024) -> Corbyn was the leader of the UK Labour Party -> gauche
The "New" Antisemitism in America's Universities. (Guy Chet & Guy Golan - Providence Mag - 17/6/2024)
Anti-Semitism has exploded in British universities: Some of our most prestigious academic institutions have become hotbeds of Jew hate. (Helena Ivanov - Spiked - 8/7/2024)
Ex-Cornell University student sentenced to 21 months in prison for threatening to kill, rape Jews: Patrick Dai's case became an alarming symbol of rising antisemitic hatred on U.S. college campuses. (John Solomon - Just the News - 12/8/2024)
University of Maryland Will Let Anti-Israel Group Hold Oct. 7 Rally: Students For Justice In Palestine 'unequivocally states that the Zionist state of Israel has no right to exist.' (Luke Rosiak - DailyWire - 2/8/2024)
Almost 80% of recent antisemitic incidents were from the far left: Combat Antisemitism Movement. (Charlotte Hazard - Just The News - 27/9/2024)
The creepy thought experiments of Ta-Nehisi Coates: Why the hell is Coates wondering if he would have joined in Hamas's pogrom of 7 October? (Brendan O'Neill - Spiked - 11/10/2024)
The Gulag Academia. (Irina Velitskaya - Commentary - 1/11/2024)
Comme on le voit ci-dessous, le président de MIT trouve la haine des juifs un sujet rigolo...
Dans l'article suivant (en anglais), Abramson explique le développement de la pensée unique progressiste (Groupthink dans l'article) en milieu universitaire, pensée unique qui assure le conformisme et la servilité des diplômés (et assurant une place confortable à la haine des juifs).
Bruce Abramson (2024) The Root Cause of Academic Groupthink...
Most people turn to one of two heuristics. The first is personal, and few people like to admit it openly: They accept whichever theory comes closest to what they'd like to believe. The second is societal, and most people who advocate it do so with pride: They ask the experts.
Academic institutions—built by experts and for experts—have enshrined this second approach, using mechanisms that sound unassailable, like “peer review” and “faculty governance.” Success in academia flows to those who most impress the key decision-makers. Many students encountered this phenomenon in classes known for handing the highest grades to those best adept at parroting the professor's views.
What few students appreciate is how powerful that approach remains throughout the academic hierarchy. Graduate students seeking faculty positions maximize their chances by embracing and building upon the work of their faculty interviewers. Assistant professors are most likely to gain tenure and promotion if they anchor their work to that of their senior colleagues. Authors seeking publication in prestigious journals cite the previous publications of the editors and reviewers. The same is true for those seeking research grants.
In other words, the safest, surest, most common path to success in academia involves telling those already designated experts precisely what they most want to hear: That their own work had been so groundbreaking that the most interesting and exciting path forward is to build upon it.
Ainsi ça ne doit donc PAS étonner que le milieu universitaire occidental soit, à peu d'exceptions près, unanimement antisémite. Il faut s'ouvrir les yeux et voir les universités comme ils le sont, c'est-à-dire non pas des institutions neutres, mais carrément des institutions IDÉOLOGIQUES au même titre qu'une madrasa (collège islamique). Si le système de croyances moderne a encore quelque pouvoir dans ce milieu ce sont surtout les postmodernes qui dominent le milieu universitaire actuellement. Et à leurs yeux le peuple juif est un ennemi pour la simple raison qu'il est porteur d'un récit qui fait du juif (orthodoxe) un hérétique aux yeux des modernes et postmodernes, c'est-à-dire le récit qui affirme qu'il y a un Créateur de la famille humaine et que TOUS, grands et petits, auront des comptes à rendre devant Lui. C'est ÇA le cœur du conflit.
Le “ génocide à Gaza ”...
Il faut noter que parler de « génocide à Gaza » dans le contexte du conflit Hamas-Israël est sans fondement. Demandez leur avis aux peuples qui ont subi un génocide véritable. Les juifs d'abord, ensuite les Arméniens (aux mains des Turcs au début du 20e siècle)... Dans les deux cas, ces peuples ont été massacrés sans avoir fait le moindre geste agressif vis-à-vis leurs agresseurs.
Mais touchant le conflit Hamas – Israël, Hamas a clairement initié ce guerre en ciblant délibérément des civils avec des viols, tuant hommes, femmes, jeunes, vieux, et enfants, procédant à des kidnappings, des décapitations et en filmant le tout pour s'en vanter, chose que même les nazis n'ont pas pensé faire. À la fin, parler de “ génocide à Gaza ” n'est rien d'autre qu'une propagande hypocrite et un crachat de mépris au visage du peuple juif. Si Hamas a initié une guerre, ils ne doivent pas s'étonner qu'on leur fasse la guerre... Il est vrai que parler (TRÈS fort) d'un “ génocide du peuple palestinien ” est utile sur le plan propagande, car cela permet de détourner l'attention du rôle de Hamas dans cette situation. C'est une manœuvre fort adroite... Mais si tu insistes toujours de parler de “ génocide à Gaza ” alors dans cette logique alors il te serait nécessaire de considérer que dans les derniers mois de la Deuxième Guerre mondiale les Alliés (Grande-Bretagne, Canada, États-Unis, URSS) n'ont pas vaincu le régime nazi comme ils disent, mais ont été coupables d'un génocide contre l'Allemagne. Après tout à partir de 1943, les attaques des Alliés ont fait des milliers de morts et de blessés chez les civils en Allemagne. Et en France le débarquement des Alliés en Normandie en 1944 a provoqué plus de 30,000 morts chez les civils français. C'est un fait historique. Es-tu prêt à aller jusque là, c'est-à-dire affirmer que la fin de la Deuxième Guerre mondiale ne doit pas être considéré une victoire conte le nazisme, mais dans les faits un génocide perpétré contre le peuple Allemand (ou Frsançais) ? Sinon pourquoi pas ? Et si tu refuses de parler de génocide contre les Allemands pendant la Deuxième Guerre (et donc que les Allemands étaient les victimes innocentes de la violence des Alliés), alors il te faut larguer ce concept même dans le cadre du conflit Hamas-Israël... Question de logique et de cohérence...
Si autrefois cela pouvait être excusé par ignorance quand les grands médias occidentaux jouaient les vierges offensées au sujet des morts chez les civils palestiniens lorsqu'Israël contre-attaque Hamas ou Hezbollah, aujourd'hui le fait que Hamas et Hezbollah exploitent cyniquement les civils palestiniens (leur propre peuple), comme boucliers pour leurs installations militaires (dans hôpitaux, mosquées et écoles) est démontré et bien connu. On ne peut donc excuser d'ignorance les médias occidentaux à ce sujet. Ainsi lorsque les médias occidentaux radotent au sujet de morts tragiques chez les civils médias occidentaux lors de contre-attaques d'Israël (sans examiner la part de responsabilité de Hamas ou Hezbollah), il faut considérer cela comme un appui ouvert à la pratique de Hamas et Hezbollah qui exploitent cyniquement les civils Palestiniens comme boucliers dans leur guerre contre Israël. Ainsi expriment les médias occidentaux pro-palestiniens non seulement leur mépris d'Israël, mais également leur mépris du peuple palestinien...
Voici des trucs inconcevables pour toi, il s'agit d'un ex-terroriste (Fatah) qui aujourd'hui supporte Israël.
Son of Hamas Co-Founder: Anti-Semitism Is 'Anti-Success And It's Anti-Civilization. It's Pro-Chaos.' (Hank Berrien - DailyWire- Feb 14, 2024)
Anti-sionnisme et subtile haine des Juifs dans les médias québécois
Voyons quelques exemples de haine subtile des Juifs dans les médias québécois. Pour éviter les malentendus, il n'y a, dans les exemples qui suivent, aucune déclaration ouverte de haine à l'égard des juifs ou de l'État d'Israël (qui représente aujourd'hui la majorité des juifs sur terre). Nos élites postmodernes sont trop hypocrites et manipulateurs pour exprimer ouvertement leur haine...
L'article suivant du quotidien Le Devoir entretien (implicitement) le préjugé que les Juifs ont de petits privilèges et droits que n'ont pas les Québécois ordinaires...
Manifestations antisémites interdites près de bâtiments de la communauté juive de Montréal. (Patrice Bergeron - Le Devoir – 8/3/2024)
Tiens, le gouvernement limite les droits des autres Québécois de se rassembler ?? Encore un privilège des Juifs... Mais dans d'autres articles le même quotidien ne se gène d'aucune manière de jouer le rôle porte-parole de Hamas.
Le Hamas accuse Israël d'un “carnage” lors d'une distribution 'daide humanitaire à Gaza. (Guillaume Lavallée - Le Devoir – 1/3/2024)
L'“apartheid” d'Israël contre les Palestiniens pire qu'en Afrique du Sud, accuse Pretoria. (Richard Carter - Agence France-Presse et Julie Capelle - Agence France-Presse – Le Devoir – 20/2/2024)
De tels articles permettent aux éditeurs du Devoir de donner l'impression de faire du journalisme objectif, rapportant les faits, mais manifestement ils ne donneraient jamais voix à une critique sérieuse de la propagande de Hamas ou à une perspective pro-Israël... Ceci dit, cette façade de journalisme objectif, conduit toujours le lecteur naïf dans la bonne direction et le rend apte à tirer les bonnes conclusions...
Il est utile de prendre conscience du fait que la subtile tendance anti-israélienne du Devoir s'inscrit dans une tendance plus large de haine de soi (ou, plus précisément, une haine de la civilisation occidentale) chez les élites occidentales postmodernes en général (chez les anglophones, on parle de “ Western self-loathing ”). Depuis plus d'une génération, les universités enseignent aux étudiants que l'héritage culturel occidental, en particulier l'héritage judéo-chrétien, est oppresseur, détestable et méprisable. Cette attitude se manifeste chez les médias entre autres lorsqu'ils traitent de l'immigration en Occident. En raison de cette tendance à la haine de soi des élites occidentales postmodernes, les médias occidentaux sont prisonniers d'une auto-culpabilisation de l'Occident au sujet de son mythologique passé colonial (comme si c'était la seule chose qui définissent l'Occident[1a]), ce qui conduit à affirmer que même les immigrants illégaux ont le "droit" de venir ici (qu'il s'agisse ou non de criminels ou de terroristes). Il ne viendrait JAMAIS à l'esprit d'un média occidental comme Le Devoir d'examiner d'un œil critique les régimes que ces immigrants fuient et de poser des questions sérieuses sur les raisons pour lesquelles ces régimes ont oppressé leurs propres citoyens au point qu'ils ne voient d'autre solution que de partir de leur lieu de naissance. Non, les médias occidentaux en général sont tellement enfermés dans cette haine de leur propre civilisation qu'une telle pensée ne leur viendrait JAMAIS à l'esprit. Le discours ultra-culpabilisant des médias ne vise donc que l'Occident.
Si pour certains le concept de la haine de l'Occident chez les élites postmodernes peut sembler nouveau, inconcevable, voir irrationnel, le phénomène est très large et se manifeste dans une grande variété de contextes. Voyez quelques exemples.
Au Québec on peut penser à l'interdiction des symboles religieux (croix) et prières dans les institutions publiques. D'autre part, en 1997 il y a l'abolition des commissions scolaires confessionnelles et en 2008, malgré les protestations de la population, l'imposition d'un catéchisme postmoderne par l'État québécois (nouvelle religion d'État) sur l'ensemble de la population scolaire québécois, soit le cours d'Éthique et culture religieuse. Évidemment le concept d'État laïque[2] sert d'excellent prétexte/écran de fumée pour ce programme. Au Canada, le parti fédéraliste Bloc Québécois a introduit un projet de loi[3] afin d'éliminer tout recours à la liberté d'expression religieuse lors d'une poursuite pour discours haineux. Aux États-Unis, la haine de la culture occidentale chez les élites a pris diverses formes dont l'abolition des prières dans les écoles publiques (1962) et, plus récemment, la forme de gestes de vandalisme ciblant des statues représentant des héros militaires ou culturels. Le prétexte pour ces attaques est souvent des allégations que les personnages visés ont été propriétaires d'esclaves. En Angleterre, on est même allé jusqu'à mettre en état d'arrestation une dame faisant une prière silencieuse devant une clinique d'avortement et des prédicateurs de rue sont également menacés d'arrestation[4]... L'État postmoderne n'est pas allergique à l'Inquisition et met même en place son Thought Police... Et sur Internet Big Tech est volontaire pour jouer ce rôle[5]. Un peu partout en Occident, les universités sont les promoteurs et évangélistes de la haine de la culture occidentale et s'évertuent à abolir l'étude des auteurs classiques (chrétiens et même païens grecs ou romains). L'héritage culturel occidental est soit banni ou méprisé. Cela trouve aussi son expression dans des actes de vandalisme ciblant des icônes de la culture artistique occidentale comme en 2022 les vandales lançant de la soupe sur des tableaux de Van Gogh[6] ou en Angleterre l'organisme paragouvernemental Prevent, se lance dans la censure contre des auteurs renommés comme George Orwell, JRR Tolkien et CS Lewis[7].
Et cela se répercute sur l'opinion des médias occidentaux à l'égard d'Israël, car là encore, la haine de soi des élites occidentales postmodernes les conduisent inévitablement à considérer Israël comme faisant partie du "colonialisme occidental". Ce n'est donc pas un hasard que le Devoir se plait à répéter l'accusation d'Apartheid en Israël. L'Apartheid c'est justement le summum de l'oppression impérialiste. Puisqu'aux yeux des élites postmodernes Israël est identifié comme une partie de l'Occident et plus particulièrement véhicule de l'héritage judéo[chrétien] cela explique pourquoi Israël a aussi droit à la haine des médias postmodernes. Il en résulte que ces mêmes médias ne poseront JAMAIS de questions sérieuses sur le comportement politique ou administratif d'Hamas ou de ses abus des droits de ses propres citoyens, les utilisant comme boucliers humains lorsque cela lui est utile à des fins de propagande (et renforcer son statut de victime)...
Voici une question ultérieure posée à mon contact qui se réclame une vision du monde agnostique, sinon progressiste et sur le plan politique, à gauche...
Mais si tu te dis “agnostique” ceci n’exprime que le fait que tu n’est pas chrétien. On le savait tous les deux. C’est une affirmation vide de sens... Ça n'indique seulement ce que tu n'est pas...
Peux-tu exprimer POSITIVEMENT ce en quoi tu crois? Ce n’est pas essentiel que tu me cites un “texte sacré”, mais tu dois pouvoir exprimer au moins quelques dogmes ou croyances auxquels tu adhère. TOUS on un système de croyances, donc des dogmes (explicites ou implicites) qui donnent sens à la vie. Par exemple l’affirmation “La Science est la Vérité” est une croyance.
C’est un exercice utile. Je suis sûr que t’es capable d’y arriver.
En lien avec le conflit Hamas – Israel, et aussi avec ma question sur ton système de croyances personnel, d’où tires-tu ton soucie de justice? Tu te base sur quoi pour réclamer ”la justice” à l’égard des palestiniens (ou pour tout autre groupe)? Comment définis-tu justement ce concept de justice et de quelle manière ton système de croyances permet de fonder ce concept ? Est-ce cohérent ?
Ou, posée d’une autre manière, comment ta vision du monde/idéologie supporte le concept de justice?
Eh non, ne me sors pas une réponse du genre “Tout le monde sait que...” car cela revient à admettre que t’as pas sérieusement réfléchi à la question... Mais pour répondre, il va sans dire qu’il faut avoir réfléchi sérieusement à ce que toi, Albert X, croit vraiment.
Dans les dernières lignes de son essai Le hasard et la nécessité, Jacques Monod (biochimiste français renommé) a exploré la logique morale où abouti le mythe d'origines matérialiste auquel tu adhères (Monod 1970: 194-195):
L'ancienne alliance est rompue; l'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. À lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres.
Et si, comme le dit Monod que le devoir de l'homme n'est écrit nul part, alors la justice ne l'est pas non plus. Ce qui pose la question, "D'où sors-tu ton concept de justice ?" Lors d'une réunion du Parti Commnuiste en novembre 1938 Mao Zedong exprimait cette logique un peu plus brutalement: « Le pouvoir est au bout du fusil. » Enfin, et la moralité et la justice aussi... En somme, le plus fort établi la justice qui LUI convient...
Jusqu'ici je n'ai pas eu de réponse à ces questions. Questions qui ressemblent d'ailleurs à celles que je posait à l'athée britannique Paul Baird dans un long échange. Le tout commença en lui demandant ce qu'il pensait d'une citation du marquis de Sade...
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[1] - Ah oui, « Nietzsche avait rejeté cette perversion du concept darwinien original »! AInsi les Nazis auraient abusé de Darwin... Vraiment? Ouais, bien des progressistes comme Cecil s'évertuent à purifier Darwin (et Nietzsche) de toute contamination nazie, mais celui qui se donne la peine de lire Nietzsche lui-même aura vite constaté que le concept Nietzschien d'Übermensch/Surhomme n'est qu'une application radicale et cohérente de la logique darwinienne de la lutte pour la survie à une moralité individuelle et, pourquoi pas?, à des stratégies politiques d'État. À la fin, si Nietzsche a critiqué Darwin, c'est pour ne pas avoir été assez loin… Entre autres, Nietzsche se moquait des Anglais qui se vantaient de Darwin, mais refusant d'accepter les répercussions du darwinisme (1899/1970: 78-79)
Ils se sont débarrassés du Dieu chrétien et ils croient maintenant, avec plus de raison encore devoir retenir la morale chrétienne. C'est là une déduction anglaise, nous ne voulons pas en blâmer les femelles morales à la Eliot. En Angleterre, pour la moindre petite émancipation de la théologie, il faut se remettre en honneur, jusqu'à inspirer l'épouvante, comme fanatique de la morale. C'est là-bas une façon de faire pénitence. Pour nous autres, il en est autrement. Si l'on renonce à la foi chrétienne, on s'enlève du même coup le droit à la morale chrétienne. (…) Si les Anglais croient en effet savoir par eux-mêmes, « intuitivement » ce qui est bien et mal, s'ils se figurent, par conséquent, ne pas avoir besoin du christianisme comme garantie de la morale, cela n'est en soi-même que la conséquence de la souveraineté de l'évolution chrétienne et une expression de la force et de la profondeur de cette souveraineté: en sorte que l'origine de la morale anglaise a été oubliée, en sorte que l'extrême dépendance de son droit à exister n'est plus ressentie. Pour l'Anglais, la Morale n'est pas encore un problème.
[1a] - Par exemple, combien d'autres civilisations peuvent se vanter d'avoir aboli une institution économique aussi rentable que l'esclavage ??
[2] - Concept éminnement hypocrite, car servant d'obstacle à toute réflexion sur le fait que toute civilisation et système juridique s'enracinent et se développent en fonction d'un système de croyances, idéologie ou religion. Ainsi, le concept d'État laïque entretient l'illusion qu'un système politique (ou juridique) peut être neutre sur le plan idéologico-religieux...
[3] - Bloc Québécois bill seeks to eliminate religious belief as a defense against 'hate speech' 'This Bloc Quebecois bill is just a Trojan Horse to enable future pogroms against Christians and any religious believer from other faiths who publicly disagree with LGBT ideology,' reacted Campaign Life Coalition's Jack Fonseca. (Clare Marie Merkowsky - LifeSite - 30/11/2023)
[4] - British pro-life advocate again arrested for 'thoughtcrime' of silent prayer near abortion clinic. (Mark A. Kellner - The Washington Times - 6/3/2023)
FBI Arrests 87-Year-Old Pro-Life Concentration Camp Survivor for Peacefully Protesting Abortion. (Steven Ertelt - LifeNews - 12/10/2022)
Police Threaten to Arrest Street Preachers Over 'Hate Crime' of Preaching Gospel. (Protestia - 17/2/2024)
[5] - Big Tech and the Erasure of History: The censorship of the tech thought police is a huge problem. (Bill Muehlenberg - CultureWatch - 12/9/2022)
[6] - Soupe jetée sur les “Tournesols” de Van Gogh à Londres: les militantes écologistes devant la justice. (Le Figaro – 15/10/2022)
[7] - CS Lewis, Tolkien, Orwell among works tagged as triggers for 'far-right' extremism by anti-terrorism group: Author Douglas Murray said 'dogmatic' attitude of UK elites has also infected US. (Jon Brown - Fox News - 28/3/2023) -> all of which raises the question: Which ideologico-religious system is this UK anti-terrorism unit (Prevent) using as a basis to determine what is "extremism" ???